Jean-Louis Borloo est de nouveau atteint du virus de la politique.
C’est en tout cas ce qu’il a déclaré alors qu’un sondage le place en tête des personnalités politiques préférées des Français, lui, qui n’a eu aucune activité dans ce domaine depuis longtemps.
C’est d’ailleurs le pourquoi de sa popularité…
Toujours est-il qu’il a expliqué dans plusieurs interventions et interviews, ses intentions au moment où il va y avoir une place à prendre dans l’espace central avec la fin de la présidence d’Emmanuel Macron en 2027.
Comme prévu, au vu de ses relations conflictuelles avec le
Président de la république mais aussi avec l’ensemble de la majorité
présidentielle, il s’est alarmé de la situation du pays:
«On n'a pas un problème de gouvernement, on a un problème de gouvernance
globale de la France. Le sujet du gouvernement de l'instant n'est pas très
important. Pas plus, d'ailleurs, que la question du budget de l'instant. (…)
La réalité est assez simple, on fait 40% de déficit. (...) Et à côté de
ça, vous voyez l'état des écoles, des prisons, de l'université, de
l'agriculture, la chaîne judiciaire, les gamins, on a un million et demi de
gamins au pied des immeubles. Enfin, tout ça est délirant.»
Un constat qu’il a répété plusieurs fois, se désolant de «l'état de la jeunesse de France, l'état des mamans de France, l'état des prisons de France, l'état de l'hôpital de France».
Décryptage: le problème, ce n’est pas Lecornu, c’est Macron!
Mais c’est aussi l’existence d’un Etat chaotique:
«La question c'est l'organisation de notre pays. Nous sommes la seule
organisation du monde qui n'a pas d'organisation. Dans tout l'aspect public,
tout le monde fait tout. Avant c'était simple, l'État faisait tout, on
savait qui faisait quoi. (…)
Il n'y a pas une armée, un État, une organisation religieuse ou syndicale qui
est aussi émiettée, désorganisée que nous.»
Selon lui, «Il y a urgence, on ne va pas attendre cette espèce de grigri sacré qu'est la présidentielle, dans 18 mois et d'ici là, on ne fait rien. Il faut 18 mois utiles parce que sinon ça va être le meilleur à la télé qui va gagner» et le temps «qu'on prenne des dispositions, il va se passer trois-quatre ans».
Voilà quelques jalons en vue d’une candidature à la prochaine présidentielle…
Toujours est-il qu’il est disponible «comme tiers de confiance, comme animateur, comme perturbateur, comme trouble fête, peu importe», précisant, «je suis en pleine forme, je ne vais pas ménager mes efforts pour y arriver».
Et d’ajouter, «je suis quelqu'un de responsable, si un jour quelqu'un m'appelle, je répondrai de manière responsable à cette personne, point final.»
Si on lui avait demandé de prendre la place de Sébastien Lecornu, «ça aurait été sous réserve qu'il y ait un chemin immédiat pour réunir l'ensemble des Français dans les trois mois, pour rebâtir la France et sortir de cette société de la suspicion, de l'agacement, de la violence, de l'incompréhension».
Le problème avec Jean-Louis Borloo, c’est que personne ne l’a jamais nommé Premier ministre, ni Jacques Chirac, ni Nicolas Sarkozy, ni François Hollande, ni Emmanuel Macron alors qu’il était sans cesse disponible…
Reste à savoir si son retour serait une bonne chose.
L’homme est intelligent et possède de nombreuses qualités mais il a également démontré qu’il n’était pas toujours fiable et qu’il pouvait être soudainement aux abonnés absents.
Il n’a jamais digéré que Chirac nomme de Villepin à sa place à Matignon et que Macron n’ait pas plus de considération à son encontre montrant une susceptibilité pas très «responsable» ce qui lui a fait quitter abruptement l’UDI, parti qu’il avait pourtant créé pour ses ambitions personnelles mais où il était très mal entouré avec la présence de politiciens de peu d’envergure comme Jean-Christophe Lagarde ou Hervé Morin, entre autres.
Allié un temps avec François Bayrou dans une union des Centres lors d’élections européennes, la rupture fut aussi brutale que l’association avec le président du MoDem avait été une surprise, les deux hommes ne s’appréciant guère.
Quant à son positionnement politique, il est difficile à cerner, lui qui a été un pilier des gouvernements de Jacque Chirac et de Nicolas Sarkozy, ce qui le classerait plutôt à droite, mais qui a développé toute une rhétorique plutôt de gauche sur les questions urbaines et qui a enfin créé une formation qui voulait réunir le centre-droit et le Centre dans une tentative de recréer l’UDF.
C’est la raison pour laquelle, il est raisonnable de s’interroger sur ce qu’il pourrait apporter à la France.
Nicolas Levé