samedi 13 février 2021

Propos centristes. France – Lutte contre les discriminations; loi sur le respect des principes républicains; encadrer l’instruction en famille; budget de la Justice en augmentation; proportionnelle…

Voici une sélection, ce 13 février 2021, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.


► Emmanuel Macron (Président de la République)

- [Déclaration à l’occasion du lancement de la plateforme antidiscriminations]
Chaque discrimination est une humiliation, une violence.
Le 4 décembre dernier, je prenais l’engagement de mettre en place une plateforme nationale pour que toutes les victimes de discrimination puissent les signaler, quel qu’en soit le motif - la couleur de peau, le handicap, le poids ou la taille, le sexe, etc. - ou la situation, qu’il s’agisse de l’accès à un emploi, d’une promotion, d’une demande de logement, de l’accès à un service, des contrôles. 
Aujourd’hui, nous lançons avec la Défenseure des droits le site antidiscriminations.fr et un numéro, le 3928. 
Vous pouvez y échanger gratuitement et en temps réel avec des juristes spécialisés en matière de lutte contre les discriminations. 
Ils sont là pour vous écouter, répondre à toutes les questions que vous vous posez, vous informer sur vos droits, vous orienter vers les associations près de chez vous ou les services compétents de l’État. 
Ils sont là pour vous aider à ce que justice soit faite par tous les moyens possibles : en engageant des médiations, en facilitant des recours ou des poursuites administratives ou judiciaires. 
Les discriminations nous rappellent que notre République n’est jamais achevée.
Face aux discriminations, nous répondrons par l’action.

- La Fonction publique - en particulier la Haute - doit s'ouvrir et être plus accessible. C'est le sens de notre politique. Pour favoriser l'égalité dans l'accès à la Fonction publique, nous ouvrons 1 000 places supplémentaires en classes préparatoires « Talents » aux concours administratifs, dès 2021.
Parfois la volonté ne suffit pas si l’on manque de moyens : aux jeunes qui en ont le besoin, nous proposons 4 000 euros d'allocations pour les aider à accéder aux concours de la Fonction publique. C’est deux fois plus qu'en 2019.
L'égalité des chances, c'est les mêmes chances de réussir pour tous, dès le lycée. Les cordées de la réussite sont un levier concret. Je l'ai promis en septembre : le nombre d’élèves soutenus passera de 80 000 à 200 000 d’ici 2022. Ils sont déjà 185 000 à ce jour.
La diversité est une richesse pour nos institutions, il nous faut la porter et la valoriser. Faire que le Label Diversité soit attribué à l'ensemble des ministères d'ici 2022 : c'est l'objectif de notre agenda égalité des chances.
Je veux dire à toutes celles et ceux qui pensent « ce n'est pas pour moi » : seuls les vertus et les talents comptent pour rejoindre la Fonction publique. N'ayez pas peur de vous préparer et de vous présenter aux concours. Vous avez votre place !

- Mes meilleurs vœux à Mario Draghi ! France et Italie, nous avons tant à faire ensemble, pour construire une Europe plus forte, plus solidaire et pour un nouveau multilatéralisme, qui offre à notre jeunesse un avenir meilleur.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean Castex (Premier ministre)

- La Justice doit être rendue, quels que soient les faits commis. Nous lui en donnons les moyens.
- Renforcer l'action de nos magistrats, c'est se donner les moyens de construire une société plus juste et un État plus respecté. Le budget de la Justice augmente de 8% cette année. Un effort inédit et de nouveaux recrutements.

- Chaque seconde, 4 tests de dépistage de la #COVID19 sont pratiqués en France. Plus de 2 millions par semaine. Pour autant, ces tests par prélèvement nasal que nous connaissons aujourd'hui sont difficiles à accepter pour de jeunes enfants.
Nous généraliserons les tests salivaires dans les écoles primaires au retour des vacances scolaires : 200 000 tests seront déployés par semaine pour assurer la surveillance épidémique et réaliser des dépistages ciblés.

 

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

Agir pour les biens publics mondiaux, c’est agir pour sortir du Covid19 et prévenir les crises de demain. Avec ACT-A [Access to Covid19 Tools Accelerator] et COVAX [Covid19 Vaccines Global Access], nous nous battons pour un accès universel au vaccin.  Avec la Loi développement solidaire, je veux inscrire cet engagement dans le temps long.
ACT-A, c’est 4 piliers pour une action internationale solidaire : diagnostics, traitements, vaccins, renforcement des systèmes de santé.
Grâce à la mobilisation des Européens et de leurs partenaires, la facilité
COVAX a déjà sécurisé 2 milliards de doses à destination des pays à revenu faible et intermédiaire. Nous devons aller plus loin, et faire du vaccin un nouveau bien public mondial.

 

Barbara Pompili (ministre de la Transition écologique)

- Le combat climatique et pour la biodiversité se mène au local comme à l'international.

- «Les Verts [allemands] appellent le gouvernement allemand à prendre comme exemple la politique climatique du président français Emmanuel Macron.» Nul n'est prophète en son pays.

- Nous apportons un soutien sans précédent au vélo. Nous avons créé un bonus pour les vélos électriques, dont les ventes ont triplé en 4 ans. 10000 kms de pistes cyclables ont été déployés grâce au Plan Vélo. Plus d'1 million de vélos ont été réparés grâce au Coup de pouce vélo.

- C'est du jamais-vu : près de la moitié des cours d'eau surveillés ont été en vigilance crues ces derniers jours. Dans ce contexte, l'objectif fixé par la Loi climat et résilience de diviser par 2 le rythme de bétonisation est crucial : laissons les sols jouer leur rôle d'absorption.

- Abandonner le projet de T4 à Roissy, c'est mettre en cohérence nos décisions immédiates avec la future loi climat et résilience. Nous avons une autre vision pour l’aérien : une utilisation raisonnée de ce moyen de transport et une réduction rapide de son impact écologique.

 

Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)

- [Futures règles de l'instruction en famille] Le sujet, c'est les petites filles qu'on envoie dans les hangars pour être endoctrinées dès l'âge de 3 ans !

- [Instruction en famille ] Comme toutes les libertés, cette liberté a un encadrement, plaide. Il y avait un certain vide juridique dans lequel se sont engouffrés les extrémistes.

- J'ai été surpris d'entendre sur les bancs de la gauche un véritable abandon de ce qui constituait le cœur de la doctrine de l'histoire de la gauche en matière d'école publique.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)

- La hausse des impôts de production est une des erreurs politiques et économiques qui a participé à la désindustrialisation de notre pays. Nous changeons la donne. Nous améliorons la compétitivité de notre pays. Nous développons l’attractivité de nos territoires.
Comme s’y était engagé
Emmanuel Macron, nous baissons massivement les impôts de production dans le cadre de France relance. Dès cette année, nous les baissons de 10 milliards €. Dès cette année, produire en France sera moins cher.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)

- [Loi sur le respect des principes, républicains] Ce projet de loi est un texte qui vise à renforcer la loi de 1905 qui est une grande loi de liberté !

- [Loi sur le respect des principes, républicains] La République ne reconnait aucun culte, c’est l’esprit même de la loi de 1905. Nous ne faisons pas la loi contre une personne ou contre une religion. Nous la faisons pour tout le monde.
Ce texte vise aussi à lutter contre les ingérences étrangères. Nous avons besoin de connaître les financements étrangers des cultes sur notre sol et nous avons le droit de nous y opposer!

- Pour la première fois, le droit français va permettre de connaître les financements étrangers et de pouvoir s'y opposer. C'est une avancée absolument considérable.

- Il y a 15 ans, Ilan Halimi était torturé et lâchement assassiné parce qu’il était juif. Pensées pour sa famille et ses proches. La France ne baissera jamais la garde face à l’antisémitisme.

- La haine répétée d’une petite partie de la population envers nos forces de sécurité me choque. Chaque année des milliers de policiers et de gendarmes sont blessés. L’année dernier, 11 d’entre eux sont morts en intervention. Nous leur devons respect et reconnaissance.

- Est-ce que la laïcité, telle que la République l'a inventée entre 1870 et 1905, constitue la bonne solution ? Je réponds une fois de plus oui !

- Madame Le Pen a une vision très étonnante de la laïcité... La laïcité c’est à la fois la neutralité de l’Etat et la liberté des citoyens de pouvoir vivre leur foi, y compris dans l’espace public.

- Quand je suis né, en 1982, il y avait 6,8% d’étrangers en France, aujourd’hui il y en a 7,4% dont la moitié d’européens. La théorie du grand remplacement de l’extrême-droite n’est pas très sérieuse. Leur seul objectif est d’entretenir la peur.

- Il est totalement faux de dire qu’en coupant l’immigration nous n’aurons plus de problème avec l’islamisme. Contrairement au Front National, nous jugeons les personnes pour ce qu’ils font, pas pour ce qu’ils sont.

- L’islam est parfaitement compatible avec la République mais une dérive sectaire de l’islam existe et celle-ci peut se passer dans des lieux de cultes radicalisés. C’est tout l’enjeu de l’article 44 du projet de loi confortant le respect des principes de la République.

- Les Français respectent le couvre-feu, et nous devons les remercier. Sur les 2 millions et demi de contrôles depuis le 15 décembre, il n’y a eu que 10% de verbalisations. J’ai également une pensée pour nos forces de sécurité et de secours dont la mobilisation est exemplaire.

- Didier Lemaire bénéficiait depuis plusieurs jours d’une protection des services de police des Yvelines. Je lui ai proposé cet après midi de bénéficier également d’une protection rapprochée. L’Etat est au rendez-vous de sa protection.

 

Elisabeth Borne (ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)

Avec la Garantie Jeunes Universelle, nous voulons que chaque jeune puisse bénéficier d'un accompagnement vers l'emploi et d'une rémunération jusqu'à 500€/mois si besoin. C'est mieux qu'un RSA car cela permet de répondre aux besoins des jeunes dans la durée.

 

Jacqueline Gourault (ministre des Territoires et des Relations avec les collectivités territoriales)

- Il existait des Maisons de service au public mais elles étaient de qualité inégale. L’idée du président a été d’élever le niveau, en qualité avec un panier commun de services, en quantité pour mailler l’ensemble des territoires. Après le grand débat qui a suivi les «gilets jaunes», Emmanuel Macron a souhaité développer fortement ces initiatives, monter en puissance pour reconquérir des territoires dans la France rurale mais aussi dans les quartiers prioritaires. Le partenariat avec les collectivités territoriales est une des clés de la réussite de France Services. Ces guichets uniques sont ouverts cinq jours par semaine minimum et ont vocation à simplifier la vie des Français. Ils ont déjà accueilli l’année dernière 1,5 million de personnes! Ce n’est pas rien, certains France Services reçoivent jusqu’à 500 personnes par mois, d’autres 50 mais l’engouement est là. Chaque citoyen, où qu’il vive, doit accéder en moins de trente minutes aux services publics et être sûr de bénéficier d’interlocuteurs formés pour répondre à ses interrogations. Les neuf partenaires sont La Poste, le ministère des Finances, de l’Intérieur, de la Justice, Pôle emploi, la CAF, la Cnav, la Cnam et la Mutualité sociale agricole.

- L’État contribue à hauteur de 30 000 euros de fonctionnement par an et par France Services, soit un engagement financier global de 200 millions d’euros d’ici à 2022. Il finance aussi jusqu’à 80 % de l’aménagement des locaux. Il assure aussi la formation de deux personnes à l’accueil de chacune de ces maisons, qui savent où chercher l’information demandée. La forme de ces lieux de vie peut être très différente d’un canton à l’autre. Il y a par exemple 50 bus qui se déplacent déjà dans les territoires les plus éloignés. Et, nous avons un appel à projet pour en lancer 50 autres. Les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont aussi très demandeurs. Le visage du service public près de chez soi, ce sont aussi des aidants numériques, qui apportent leur concours à celles et ceux qui se sentent éloignés de ces nouveaux outils et qui ont besoin d’être accompagnés. 15 % des visiteurs poussent la porte pour cela aussi!

- Une enquête a été réalisée sur 1 700 personnes, les résultats sont unanimes: 97 % des usagers sont satisfaits. C’est bien pour cela que malgré la pandémie, nous continuons à ouvrir des France Services, le cap des 2 000 devait être atteint début 2022 mais il sera assurément dépassé. La crise sanitaire n’a pas entamé le développement du réseau. L’État s’est engagé dans cette mission essentielle. L’idée est avant tout d’être pragmatique. Chaque maison répond aux besoins de la population qu’elle sert. Certains bus itinérants pourront par exemple être transformés en mini-centre de vaccination contre le Covid19.

 

Roselyne Bachelot (ministre de la Culture)

- [MusicToo] Je soutiens absolument ce mouvement sociétal vaste et important. Il permet aux victimes de réaliser qu'elles ne sont pas seules et qu'elles ont les moyens d'obtenir justice. Ceux qui reprochent à MusicToo des dénonciations hâtives ou exagérées ne comprennent pas que sur ces sujets le silence a trop souvent prévalu. La dénonciation des prédateurs est nécessaire. Je veux saluer mes prédécesseurs au ministère qui avaient mis en place deux cellules d'écoute interne, Allodiscrim et Allosexism, et une externe, Emprise. L'an dernier, nous avons eu 75 signalements pour toute la culture, ce qui est largement sous-évalué par rapport à la réalité. Preuve que les réseaux sociaux peuvent être utiles! (…) J'ai fait quatre signalements en six mois. Je pense que c'est une première dans l'histoire de mon ministère mais je suis absolument intransigeante. La non-dénonciation d'un crime est une infraction. A la suite de l'affaire Chloé Briot, qui m'a beaucoup interpellée, j'ai demandé au Centre national de la musique (CNM) d'élaborer un plan complet de lutte contre les violences sexuelles et le harcèlement sexiste. Lancé le 14 janvier, il conditionne, comme le fait le CNC dans le cinéma, les aides du CNM aux entreprises publiques et privées au respect de ce protocole. Et ce ne sont pas des petites sommes en jeu. Pour les aides liées à la protection contre la pandémie, il y avait 200 millions d'euros!

- [Crise que traverse le secteur de la musique] Toutes les situations de difficultés financières sont un champ d'action pour les prédateurs sexuels. A partir du moment où on craint de perdre son emploi ou d'être victime de sanction, on est fragilisé. C'est pour cela que notre protocole prévoit que les employeurs assurent la formation de leurs équipes, signalent les abus et protègent autant les victimes présumées que les témoins. Le soutien aux victimes est une priorité. Leur parole est essentielle. C'est un acte de courage énorme. Il ne faut pas qu'il y ait à la suite de signalements des licenciements ou des pressions.

- Depuis le mouvement MeToo, les choses évoluent dans le bon sens. La parole des victimes est de plus en plus entendue. Ce sera un combat de longue haleine, mais je pense qu'un certain nombre de prédateurs aujourd'hui ne se sentent plus à l'abri. La punition médiatique, judiciaire et sociale est importante. (…) Cela a été une priorité pendant toute ma carrière associative et politique. C'est un combat que menait déjà ma mère. Sa meilleure amie avait été violée par un prêtre et s'était suicidée en se jetant dans un puits lorsqu'elle avait appris qu'elle était enceinte. Les religieuses avaient rendu aux parents le corps de leur enfant suppliciée en leur disant qu'elle était une fille de mauvaise vie qui avait séduit un saint homme. Ils l'ont enterrée à la nuit tombée, sans personne. Ma mère avait 14 ans quand c'est arrivé et ce drame a contribué à la construire. Ce fut un des combats de sa vie et elle me l'a transmis. (…) Les milieux culturels et artistiques sont des milieux fragiles, où les concurrences exacerbées, l'exaltation créatrice et la proximité sont des terrains de choix pour les prédateurs sexuels. Tous ceux qui, comme moi, vivent avec des gens du monde du spectacle, savent qu'en tournée, il peut y avoir des « dérapages » : on rentre à l'hôtel, la tension de la pièce ou du concert retombe, les victimes baissent la garde… D'où le besoin de prévention et de formation de tous, de l'artiste au producteur.

- Il existe un contexte global de manque de reconnaissance des femmes dans le monde de la musique. Je n'oublie pas que des hommes sont aussi victimes d'agression sexuelle et de harcèlement sexiste bien sûr, mais les femmes sont les principales victimes de ce système d'inégalités, d'ailleurs, certaines vont jusqu'à quitter ce milieu pour fuir les violences.

 

Olivier Véran (ministre des Solidarités et de la Santé)

- Nouvel accord majoritaire avec les syndicats de la fonction publique hospitalière (FO, CFDT, UNSA) : la revalorisation du Ségur de la Santé de 183€ net/mois s’étendra en juin à 18000 professionnels du médico-social rattachés aux établissement de santé ou aux Ehpad publics.

- Faire de la France la première puissance européenne en matière de recherche et d’industrie de santé, au service des patients : c’est l’objectif fixé par le président de la République. Nous lançons le conseil stratégique des industries de santé 2021.

 

Frédérique Vidal (ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)

- J'apporte mon soutien absolu aux victimes de violences sexistes et sexuelles. Nous devons endiguer ensemble ce fléau. Libérer la parole à l'université, dans les grandes écoles comme dans le domaine de la recherche est essentiel !

- Il y a des cellules d'écoutes et des référents dans les écoles et les universités, probablement pas suffisamment connus et utilisés.

- Il est important que les personnes qui subissent ces violences sexistes et sexuelles s'expriment. Il faut les accompagner vers le dépôt de plainte.

- On a besoin d'avoir des écoles qui forment à la fonction publique. Il faut que les diplômés ressemblent aux gens qui sont dans notre pays aujourd'hui.

- Le conseil stratégique des industries de santé 2021 est un enjeu majeur pour la recherche et notre pays.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

Plus de circuits courts, ce sont plus de produits frais et locaux dans nos assiettes et un lien renforcé avec ceux qui nous nourrissent.

 

Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la fonction publique)

- Liberté. Fraternité. Égalité des chances. Le plan Talents du service public c'est la même chance pour tous de réussir les grands concours de la fonction publique.

- Nous ouvrons notre fonction publique à une nouvelle génération de talents. C'est un message pour tous nos jeunes, d'où qu'ils viennent : prenez votre place au service de l'intérêt général.

- La fonction publique avait perdu son rôle de moteur de l’ascenseur social. Nous lui rendons par des mesures fortes. Emmanuel Macron restaure la promesse républicaine à notre jeunesse.

- 1000 places supplémentaires en Prépa Talents destinées aux étudiants boursiers méritants des milieux ruraux, des quartiers prioritaires et des Outre-mer. Chaque région en comptera au moins deux.

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)

- Aujourd’hui, des femmes meurent sous les coups de leur conjoint, des personnes peuvent être agressées du fait de leur orientation sexuelle, des personnes sont touchées dans leur dignité humaine pour ce qu’elles sont.

- On ne peut pas parler d’égalité des chances si on ne parle pas de lutte contre les discriminations, qui sont au nombre de vingt-cinq légalement prohibées dans notre pays.

- [Il faut] relancer notre économie, de protéger les emplois, de donner confiance aux Français pour qu’ils investissent.

- [Augmenter les impôts] À un moment aussi difficile pour les Français, à un moment où il y a une si grande crise économique dans notre pays, ce ne serait pas la meilleure chose à faire, personne n’y gagnerait.

 

Olivia Grégoire (secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale, solidaire et responsable)

[Tribune coécrite avec Bertand Badré : «Une finance nouvelle pour construire la souveraineté européenne»]
La finance évolue. Enfin, diront certains. Les engagements des investisseurs — fonds de pension, assureurs, fonds souverains encore récemment au « One Planet Summit » — comme des gestionnaires d’actifs, se multiplient. Les initiatives prennent des noms et des angles très différents, que ce soit pour le climat, la biodiversité ou l’inclusion, mais elles tendent toutes vers un même objectif, celui de donner à la finance de nouveaux objectifs qui dépassent largement le cadre de la rentabilité financière, rappeler qu’elle est un moyen et non but.
Déjà les premiers recensements indiquent que plus de 40.500 milliards de dollars seraient gérés sur des critères ESG — pour Environnemental, Social et Gouvernance, un acronyme qui est presque rentré dans le langage courant de la finance d’aujourd’hui. Nous pouvons voir évidemment ce verre à moitié plein. Nous pouvons aussi le voir à moitié vide. Qui décide de « ce qui est ESG » ? La base est déclarative et vient des entreprises. Faut-il faire confiance et dans quelles limites ? Faut-il s’inquiéter ou se réjouir du bouillonnement actuel ? Beaucoup de questions vont se poser plusieurs années avant que le système ne se stabilise. C’est normal. C’est le temps de la norme et du marché. Mais ne soyons pas naïfs : le marché comme la norme ne sont pas uniquement « techniques », une simple modalité d’ajustement décidée au mieux et au plus juste par des experts. Nous parlons bien d’une vision du monde. Et dans un monde de divergences, voire de conflits, cette vision importe.
D’apparence technique, l’évaluation de la performance extra-financière des entreprises est profondément politique. Car par-delà le choix des indicateurs qui révèleront la performance écologique ou sociale d’une entreprise, il s’agit d’établir un référentiel que l’Europe ou les États-Unis ou la Chine imposeront de fait à toutes les entreprises qui souhaiteront opérer sur leur marché. Ce référentiel exercera une influence déterminante sur les flux financiers et d’investissements. Ne nous y trompons pas : il s’agit d’un inestimable levier de souveraineté. Un levier qu’à notre sens l’Europe, qui est souvent en avance sur ces sujets, doit saisir sans rougir et sans fausse pudeur et porter à bout de bras. Cette souveraineté n’est pas un rempart pour se protéger mais un tremplin pour se projeter. Depuis le discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne en septembre 2017, l’Union européenne a déjà beaucoup évolué sur la question : en réaction aux nouveaux monopoles, au Brexit ou au coronavirus, les États membres ont de moins en moins de mal à assumer une souveraineté européenne, qu’elle soit numérique, commerciale ou sanitaire. Mais, pour préserver son modèle et les valeurs qu’il induit, l’Europe ne peut plus se contenter de réagir, elle peut agir, proposer et engager au-delà de l’Europe. Avec la performance extra-financière, il devient possible d’envisager une souveraineté plus offensive, capable de répondre à l’urgence climatique et sociale autant qu’au défi du nouvel équilibre géopolitique en cours de constitution.
En dépit de ses lenteurs et de ses divergences, l’Union européenne a démontré sa capacité à légiférer dans des domaines aussi sensibles que les politiques environnementales et sociales ou la technologie. Elle s’est fixée des objectifs ambitieux, à commencer par celui de devenir climatiquement neutre en 2050. Surtout, elle les a accompagnés de moyens concrets, le dernier en date étant la taxonomie verte, une classification standardisée qui permet d’évaluer la durabilité de 70 activités économiques, représentant 93 % des émissions de gaz à effet de serre. Sur le plan social, outre la Charte des droits fondamentaux dont elle s’est dotée dès 2000, l’Europe a proclamé en 2017 le socle européen de droits sociaux qui confère aux citoyens des droits nouveaux et plus efficaces pour leur garantir un meilleur accès au marché du travail, avec des conditions de travail équitables et une meilleure protection sociale. Et c’est dans le cadre de la mise en œuvre concrète de ces nouveaux droits que la Commission européenne a proposé en octobre 2020 que tous les États membres adoptent un cadre assurant un salaire minimum aux travailleurs.
Toutefois, là encore, l’Europe se retrouve in fine dans une posture défensive. Elle affirme sa souveraineté en fixant un cadre, elle ne se donne pas l’ambition de diffuser ce cadre. Or, dans une économie mondiale où chaque puissance tente de forger la norme à son avantage, il n’est plus seulement question de protéger son modèle mais d’en faire un référentiel proposé au reste du monde et discuté avec lui.
L’Union européenne est depuis toujours critiquée pour sa lenteur et sa bureaucratie, pourtant inhérentes à une Union de 27 États souverains où chaque décision est pesée et négociée, se tenant là à son « monopole de la coordination légitime » tel que l’avait décrit Jean-Marc Ferry. Mais donner l’impression d’un tigre de paperasse ne fait pas de l’Europe un tigre de papier. Au contraire ! Fixer la norme des bons et mauvais comportements ne peut se décider à la légère. C’est, peut-être paradoxalement, un des avantages compétitifs du modèle européen. Il doit être inclusif. Alors que plusieurs pays émergents travaillent aussi dans cette direction, l’Europe peut jouer un rôle déterminant.
La taille et la richesse de son marché, son épargne, son industrie financière, lui confèrent, encore aujourd’hui une responsabilité particulière et lui donnent des moyens d’influence et d’action. La réglementation européenne, l’accès très réglementé à son marché, rendent toujours aussi pertinent le concept forgé par Zaki Laïdi de « La Norme sans la force » (Presses de Sciences Po, 2008), c’est-à-dire, à rebours de la puissance politico-militaire classique, la « capacité à produire et mettre en place à l’échelle du monde un dispositif de normes capables d’organiser le monde, de discipliner le jeu de ces acteurs, d’offrir à ceux qui s’engagent sur cette voie, et notamment les plus faibles, la possibilité au moins partielle de rendre ces normes opposables à tous, y compris aux plus puissants. »
La construction des indicateurs de performance extra-financière des entreprises offre une opportunité d’affermir la souveraineté européenne, en aboutissant à la mise en place d’un référentiel écologiquement et socialement aussi ambitieux que ce que l’Union européenne a démontré jusqu’à présent et reposant surtout sur des bases solides, car fixées par la négociation et le compromis entre toutes les parties prenantes.
La performance extra-financière va bien au-delà d’un simple débat comptable : l’objectif recherché autant que la méthode appliquée, c’est-à-dire la transformation écologique et sociale du capitalisme par la transparence et la responsabilité de ses acteurs, peuvent devenir les marqueurs d’une identité européenne.À un moment où elle cherche à dépasser les divergences politiques, l’Union européenne a l’occasion de réaffirmer ses valeurs écologiques et sociales, sans prescrire un modèle unique comme cela lui a été trop souvent reproché — parfois en son sein même, entre ceux qui craignent la libéralisation et ceux qui craignent l’étatisation — mais en s’attachant simplement à une logique de résultat. En dépit d’un patrimoine historique et culturel divergent, les États membres ont en effet des valeurs communes, qui les rendent capables de s’accorder sur l’essentiel quand il est question par exemple d’égalité femmes-hommes ou de protection de l’environnement.Jean Monnet considérait que « la souveraineté dépérit quand on la fige dans les formes du passé ». En inventant une souveraineté qui s’écarte résolument des modèles étatiques expérimentés jusqu’alors, l’Union européenne doit maintenant prouver la vitalité de son intuition en faisant de sa souveraineté un levier de sa puissance extérieure et non plus seulement de sa protection intérieure.Il ne faut pas avoir peur de la norme. Pour l’Union européenne plus que toute autre, la norme a même un pouvoir de réassurance. En faisant de la mesure de l’impact écologique et social des activités économiques une condition de l’accès à son marché, l’Union européenne aurait une occasion unique d’affirmer non seulement la spécificité de sa souveraineté mais aussi de sa puissance.Surtout elle pourrait contribuer à un débat qui ne peut qu’être mondial. Celui de l’évolution du capitalisme vers un modèle durable, résilient et inclusif. Celui qui n’était qu’en filigrane dans les objectifs du développement durable et les accords climat signés à New York et à Paris il y a déjà plus de cinq ans. Et dont il faut faire une réalité.

 

Joël Giraud (secrétaire d’Etat chargé de la Ruralité)

- L’intérêt du label France services est qu’il peut s’adapter aux besoins des territoires. Nous pouvons faire du sur-mesure en fonction des attentes exprimées localement. Pôle emploi propose par exemple des formations ciblées sur la filière bois dans le Morvan, tandis qu’à Sorgues la CCI s’est installée dans l’espace France Services pour accompagner les créateurs d’entreprise. France Services est aussi un dispositif qui remet de l’humain dans les territoires. Dans les Charentes, par exemple, un guichet s’est ouvert dans une supérette fermée dont nous avons financé 80 % de la transformation. L’humain est aussi très important pour les agents eux-mêmes qui se sentent moins seuls. C’est très utile pour attirer des fonctionnaires en ruralité. Chez moi, dans les Hautes-Alpes, à L’Argentière-la-Bessée, nous ne parvenions plus à recruter pour venir travailler au service des impôts. Les mentalités évoluent.

- Nous avons mis en place un comité de pilotage et nous échangeons beaucoup sur les bonnes ou les moins bonnes pratiques et. Nous rectifions le tir quand il y a défaillance. Osmose, une plateforme numérique a même été créée qui permet à tous les personnels de communiquer entre eux. Ils donnent des conseils, font part de leurs expériences. Il est fréquent qu’une question pointue ait déjà été posée dans un espace France Services à l’autre bout de la France. C’est utile, convivial et collaboratif. Ça commence à faire une communauté assez large. Les secrétaires de mairie sont en train de s’inspirer de cette plateforme pour en créer une à leur niveau. Avec Cédric O, le secrétaire d’État chargé du Numérique, nous travaillons au recrutement de 4 000 conseillers numériques qui aideront et formeront les usagers qui ont besoin d’aide pour se servir d’internet.

- Je crois que le numérique est une chance pour la ruralité. Désormais, 96 % du territoire est couvert en 4G par un opérateur, et 76 % par trois opérateurs. En trois ans, nous avons davantage progressé dans ce domaine que lors des dix dernières années. Au-delà des tuyaux, nous voulons accompagner les personnes éloignées d’internet.

- Dans les faits, France services apporte bien plus de services publics que ceux qui s’étaient retirés. L’offre est plus large et répond bien mieux aux attentes et aux besoins des populations. Cela contribue à rendre la ruralité encore plus attractive. La ruralité n’est pas un problème mais une solution.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)

Ouverture de places au concours de la haute fonction publique, création de 1000 places aux prépa service public, renforcement des bourses … L’égalité des chances c’est du concret & cela passe aussi par une fonction publique ouverte, diversifiée et représentative.

 

Christophe Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)

- L'égalité des chances est un combat que nous portons depuis 2017. Nous devons le poursuivre, mais il ne s'agit pas d'avoir un rééquilibrage à droite ou à gauche. Ce que nous sommes, c'est justement le dépassement politique. Ils sont d'autant plus dans l'erreur qu'ils écrivent cette lettre au lendemain d'un Comité interministériel des villes où le gouvernement débloque 3,3 milliards d'euros… Prenez le budget 2021 : il répond à la crise et protège les plus précaires. Jean-Luc Mélenchon, s'il n'était pas dans une opposition pavlovienne, aurait même pu le voter. Nous avons peut-être un problème d'incarnation, mais regardez l'action engagée à travers l'augmentation du minimum vieillesse et de l'allocation adulte handicapé, du 100 % santé, de la retraite des agriculteurs, des moyens pour l'école, des politiques pour l'apprentissage et l'emploi des jeunes. C'est « de gauche », « de droite », je ne sais pas, mais c'est du réel. (…) Par exemple, pour poursuivre notre lutte en faveur de l'égalité femmes-hommes, je déposerai, avec mon groupe, une proposition de loi portée par Marie-Pierre Rixain pour lutter contre les violences et les inégalités économiques, la semaine du 8 mars. Trop de femmes en sont encore victimes. Quand votre conjoint détourne vos revenus ou votre carte bancaire, qu'est-ce qu'il vous reste comme autonomie ? Nous voterons donc l'obligation de versement du salaire sur un compte bancaire au nom du salarié ou sur un compte commun, sans possibilité de le verser sur le compte d'un tiers, comme c'est le cas aujourd'hui. Autre exemple : des places en crèche seront réservées aux familles monoparentales bénéficiaires de l'allocation de soutien familial.

- [Violences sexuelles sur les mineurs] En lien avec nous, le garde des Sceaux a repris une bonne partie des propositions que nous portions depuis plusieurs mois. Maintenant, je veux que l'on aille vite. C'est pourquoi nous inscrirons dans notre semaine parlementaire du mois de mars la proposition de loi de l'Union centriste, déjà votée par le Sénat. Nous instaurerons, entre autres, un âge limite de consentement à 15 ans, et non à 13. Avant l'été, ces nouvelles mesures doivent entrer en vigueur.

- Je crois profondément à l'utilité d'instaurer un principe de proportionnelle. Mais il faut voir sous quelle forme, partielle ou intégrale, et dans quels délais. En septembre dernier, François Bayrou disait que c'était une réforme de début de quinquennat. Je le rejoins sur ce point. [Mais] Il est en effet très offensif [en ce moment]. Cela répond à une conviction profonde chez lui. Il est dans son rôle. Même si je ne partage pas les coups de pression ni les menaces. (…) Il faut ouvrir le débat, en menant une réflexion au sein des partis de la majorité. Mais en discuter, ce n'est pas se précipiter, c'est prendre le temps d'échanger. Il y a aujourd'hui trois ou quatre scénarii différents posés sur la table; aucun ne correspond à l'engagement de 2017. Et puis, je ne suis pas convaincu que les Français trouvent que la priorité absolue soit de modifier le mode d'élection des députés. Surtout en plein combat contre la Covid19.

- Rappelons tout de même que ce n'est pas nous qui avons installé le RN : on ne choisit pas nos oppositions ! Mais c'est vrai que l'on n'a pas toujours su rassurer face aux inquiétudes de la mondialisation, la crise sanitaire ne nous a par ailleurs pas aidés. Et Marine Le Pen, elle, surfe sur toutes les angoisses, quelles qu'elles soient, sans rien proposer. C'est frappant avec la crise de la Covid. Est-ce nous avons réglé toutes les peurs de ce pays ? Non. Est-ce que nous pensions que nous les réglerions toutes ? Non plus. Mais nous avons mené des combats avant la crise sanitaire, en faisant baisser le chômage, en rendant du pouvoir d'achat, par exemple par la suppression de la taxe d'habitation. (…) D'abord, elle profite de l'effacement politique des LR. Et puis, la réalité, c'est que depuis plus de trente ans dans ce pays, l'extrême droite de la famille Le Pen est là. Marine Le Pen, c'est un peu la Tanguy de la politique, elle vit dans la demeure idéologique familiale, de père en fille. Moi, mon objectif, c'est d'abord qu'elle ne soit pas première au premier tour de la présidentielle. Car je fais la différence entre mes adversaires politiques et les ennemis de la République. Les ennemis de la République sont mes ennemis. Et Marine Le Pen, par son discours de stigmatisation permanente, d'affaiblissement de nos valeurs, est une ennemie de la République.

- [Le Pen, présidente de la République?] Malheureusement, le pire est toujours possible. Eviter le pire est un combat permanent.

 

Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)

- Personne ne devrait nier ce qui se joue à Trappes. Mais personne ne devrait instrumentaliser ce qui s'y passe et ruiner ainsi les efforts de ceux, si nombreux, qui s'y battent au quotidien pour nos valeurs républicaines.

- Plus que jamais la culture nous réunit et nous unit au travers d'émotions partagées. Plus que jamais nous en avons un impérieux besoin.

Santé au travail, risques psycho sociaux, accompagnement des demandeurs d'emploi : des enjeux d'autant plus importants en période de crise sanitaire.

 

Gilles Le Gendre (député)

- [Proportionnelle] Ce débat anime notre majorité depuis longtemps. J’ai toujours défendu cette proposition, même si elle devait être la seule réforme institutionnelle que nous inscririons à notre bilan, faute d’avoir pu réussir un projet plus vaste - ce qui n’est pas de notre fait. Je n’ai pas l’impression - contrairement à ce que j’ai pu lire - que François Bayrou lance un défi au président. C’est beaucoup plus simple que cela: l’exécutif n’est pas à l’origine de cette initiative, il est donc normal qu’elle soit portée par les mouvements de la majorité, voire plus si nous sommes capables de mobiliser d’autres forces politiques. (…) Il faut être très clair sur la méthode. Le premier objectif, c’est de faire en sorte que se dégage un courant, une alliance, un accord suffisamment large au niveau de la majorité, et au-delà, pour affirmer notre volonté politique de réaliser l’introduction de la proportionnelle avant 2022. C’est le préalable à tout. C’est visiblement l’intention de François Bayrou, dont je constate qu’il ne rentre pas dans le détail d’un dispositif. Je ne veux pas le faire non plus, ce serait mettre la charrue avant les bœufs. Pour l’instant, nous n’en sommes pas là. Je le répète: il faut d’abord dégager un accord politique. (…) Je recommande que l’ensemble des dirigeants de notre majorité - la fameuse «Maison commune» - organise un débat en son sein, entre élus et militants, pour décider ce que nous faisons ou ne faisons pas. Le sujet le mérite par l’avancée que constitue une meilleure représentativité démocratique. Cette promesse, nous l’avons tous faite aux Français, elle mérite au moins d’être instruite. Ce sera aussi l’occasion de démontrer que cette «Maison commune» - dont nous voulons consolider les fondations - est capable d’organiser le débat en son sein, de prendre des décisions partagées et au grand jour. Si nous y réussissons, si des alliances extérieures à notre majorité se dessinent en faveur de cette réforme, à ce moment-là, nous aurons mobilisé suffisamment d’énergie pour arrêter un dispositif et rédiger un texte. La seule interdiction, c’est une «dose de proportionnelle» qui impliquerait un redécoupage des circonscriptions. Mais à part ça, tout est possible. Le dispositif Mignola, qui fait cohabiter scrutins majoritaire et proportionnel selon la taille des départements, est une option. Il y en a d’autres.

- Pour élire leurs députés, il me semble que les Français veulent tous être soumis à la même règle. C’est un souci de lisibilité. Mais je ne céderai pas à la tentation, que je dénonce, consistant à aller trop loin dans les détails, au risque de donner mille arguments aux opposants à cette réforme pour ne pas la faire! Le sujet est d’abord politique: voulons-nous y aller? Pour éviter de nous présenter devant nos électeurs en 2022 avec un programme institutionnel inachevé. L’attachement à cette promesse revêt une intensité très différente chez les élus, mais il me semble que les militants de La République en marche sont prêts à soutenir cette réforme avec la même ardeur qu’en 2017.

- [Réticence du côté de la direction de LREM à la proportionnelle] Sûrement pas sur le fond, et c’est essentiel. Qu’il y ait une hésitation, ou même une gêne, c’est tout à fait légitime. Cette initiative vient tard, elle peut troubler. Mais je pense que beaucoup dans l’univers macronien et dans la population française seraient heureux que cette réforme ait lieu. Donnons-leur la parole et décidons!

- Ma conviction, c’est que nous devons engager - et ce sera probablement un des enjeux clés de la campagne et du second mandat d’Emmanuel Macron - une refondation démocratique profonde. Celle-ci concerne l’efficacité de l’administration, l’organisation des pouvoirs entre l’État et les territoires et les institutions. Elle est urgente. Il ne suffit plus de conduire des bonnes politiques, il faut faire évoluer la règle du jeu qui encadre l’action publique. La proportionnelle ne résoudra pas tous les problèmes, mais elle permettra de tirer un fil avant de dévider toute la pelote. Par ailleurs, si la majorité se rassemble autour de cette réforme, elle réalisera un saut qualitatif dans ses fonctionnements, dans l’élaboration d’un socle politique commun, dans sa gouvernance et dans sa relation avec les Français. Précieux dans la perspective des échéances électorales de 2022! Sur tous ces plans, notre majorité peut faire beaucoup mieux!

- [Proportionnelle facteur d’instabilité] Je le récuse! Qui peut soutenir que le scrutin majoritaire assure depuis des années le fonctionnement harmonieux et efficace de l’action publique? La stabilité de nos institutions est garantie par une multitude de mécanismes, notamment ceux qui assurent la primauté du président de la République.

- Notre gouvernement gère très bien la crise sanitaire, mais notre majorité ouvre d’autres sujets et nous en sommes très heureux. Séparatisme et principes républicains, climat et résilience, violences sexuelles contre les enfants, maltraitance animale… La question démocratique n’est pas d’une importance moindre. Une immense partie des difficultés de notre pays est liée à des règles du jeu qui empêchent la confiance et entravent l’efficacité. J’entends parfois que ce sujet n’intéresserait pas les Français. C’est à nous de les y intéresser! Sans parler à leur place. Ce qu’ils nous disent aujourd’hui est assez clair: 50 % d’abstention!

 

Anne Brugnera (députée)

- [Instruction en famille (IEF)] Le problème est que l’IEF n’est pas encadrée et donc nous n’avons pas assez de données pour chiffrer avec exactitude le nombre d’enfants concernés par des dérives séparatistes. On a le nombre d’enfants déclarés et le nombre de contrôles effectués par an, mais nous n’avons pas, en revanche, le recensement des motivations des parents qui choisissent l’IEF. Les 2 000 à 3 000 enfants que l’on estime en situation de séparatisme sont une extrapolation de la situation actuelle. Mais justement, avec le système d’autorisation, on va avoir un dispositif plus encadré, plus transparent. La situation des 62 000 enfants instruits à domicile sera mieux connue et, surtout, on va pouvoir vérifier la capacité des parents ou des personnes qui instruisent les enfants.

- Notre objectif n’est pas de restreindre l’IEF pour les familles qui en bénéficient déjà. Si cela se trouve, les 62 000 enfants en IEF aujourd’hui sont en conformité avec les mesures du projet de loi. Pour l’application, tout relèvera du domaine réglementaire. Sous deux mois, les familles recevront soit l’autorisation soit le refus de l’autorisation, et elles auront la possibilité de faire des recours. Nous proposons de décaler l’instauration du régime d’autorisation à la rentrée 2024-2025 pour les familles qui sont habituées au mode déclaratif et qui ont déjà été contrôlées. Ça leur permettra une transition plus douce. On continue d’adapter la loi pour répondre à leurs inquiétudes à juste titre du changement de dispositif. Notre objectif, c’est de trouver un dispositif qui nous permette de faire preuve de discernement entre les familles qui réalisent bien l’IEF et pour lesquelles on veut que ça continue et celles pour lesquelles un risque de séparatisme se présente pour l’enfant.

- Le fait de retirer son enfant de l’école et de la société est une forme de séparatisme. Permettre l’application du droit à l’instruction et à la protection de l’enfance fait partie de notre devoir. Mais il est certain que le Conseil constitutionnel sera saisi sur cette loi, nous verrons ce qu’il en dira. Le Conseil d’Etat a déjà donné un avis que nous avons suivi. Nous avons rédigé à nouveau l’article en tenant compte de son avis. Mais les critiques qui consistent à dire que l’article serait inconstitutionnel car nous soumettons une de nos libertés à l’autorisation de l’Etat ne tient pas au vu de notre droit.

 

● MoDem

Patrick Mignola (président du groupe à l’Assemblée nationale)

- [Confinement] On sait tenir, donc il faut en rester à la décision courageuse d'Emmanuel Macron. Mais si ça ne marche pas, il faudra reconfiner.

- Ce n'est parce qu'on reconfinerait pendant 4 semaines que la vie redeviendrait normale juste après ! La vie redeviendra normale lorsqu'on aura immunisé la population générale, grâce à la vaccination.

- [Loi sur le respect des principes républicains] Pour se faire une idée, Marine Le Pen devrait venir plus souvent dans l’hémicycle ! Ça fait 3 semaines qu'on travaille dessus et on l'a assez peu vue.

- Si on ferme les remontées mécaniques, ce n'est pas parce qu'on attrape le virus dessus. C'est parce que le soir, on se réunit dans des studios mal aérés, où le virus peut se diffuser.

 

► Autres

● Organisations centristes
Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

 

Nathalie Loiseau

Je me félicite de l'accent mis sur l'amélioration et l'actualisation de notre coopération en matière de paix et de sécurité avec les pays de notre voisinage méridional. Nous sommes confrontés à des défis communs, de la radicalisation au terrorisme et à diverses sortes de trafics illégaux. Nous ne parviendrons pas à combattre ces menaces sans une coopération accrue entre les pays, mais aussi entre l'UE et nos partenaires du voisinage méridional. Cependant, il n'y a pas de sécurité sans développement durable et sans respect des valeurs fondamentales. C'est pourquoi une approche consolidée et globale de notre partenariat avec le Sud est tellement importante.

 

Pierre Karleskind

En déclarant l'UE "zone de liberté LGBTI", nous voulons montrer que le respect des valeurs de l'UE n’est pas une option. Nous voulons aussi et surtout dire aux personnes LGBTI en Europe que le Parlement européen fera tout son possible pour qu'elles aient la liberté de vivre leur orientation sexuelle et leur identité sans crainte de discrimination ou de persécution.

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Enfants: protéger, évidemment, mais sans oublier émanciper

L'enfant est une personne.

Et une personne à part entière, à laquelle, même si elle a donc des droits identiques aux adultes, la société doit protection et assistance particulières.

Parce que la société doit garantir à l’enfant, personne en construction, de pouvoir grandir et se réaliser dans la plus grande sécurité possible.

Comme le dit le préambule de la Convention des droits de l’enfant: «l’enfance a droit à une aide et une assistance spéciales» afin d’assurer son bien-être.

Mais cette protection qui ne souffre aucune discussion et qui comporte aujourd’hui encore de nombreuses failles qui ne sont pas acceptables, ne doit pas faire oublier le volet émancipation qui a été, comme la sécurité, à l’origine de cette convention qui lui garantit «le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant», des opinions qui doivent être «dûment prises en considération».

A l’aune d’affaires récentes de violences et d’agressions intolérables et insupportables, on tend à parler uniquement de sécurité et n'évoquer qu'à la marge les droits des enfants.

Il ne faut pas que la préoccupation sécuritaire qui doit prendre encore plus d’ampleur n’étouffe néanmoins l’exigence émancipatrice qui, doit, elle aussi prendre une dimension supplémentaire.

D’autant, que sur cette vague sécuritaire surfe à nouveau un discours qui tend à tout simplement nier les droits de l’enfant, faisant de lui un être complètement irresponsable, auquel on dénie tout choix autonome et lui imposer une tutelle stricte au nom d’errances réelles dont il n’est pas responsable, donc qui ne peuvent justifier le retour à un ordre antérieur où sa volonté était complètement ignorée ou bridée à l’excès.

C’est vrai que ce mouvement d’émancipation a trop souvent été instrumentalisée par des adultes, conduisant ainsi à des comportements répréhensibles de ceux-ci à l’égard des enfants et à nombre d’errements notamment dans les années 1960 et 1970 lorsque, au nom d'une liberté de la sexualité infantile, certains ont, par exemple, prôné des relations «libérées» avec des adultes comme le fit une frange du mouvement hippy ainsi que nombre de militants de la gauche radicale ou de l'anarchisme.

Une époque qui faisait encore que dans les années 1980, on pouvait inviter des pédophiles assumés sur les plateaux de télévision et, quoi qu’en disent ceux qui les recevaient alors et qui parlent aujourd’hui pour se dédouaner d’un «autre temps», suscitait chez beaucoup un dégoût absolu!

Des erreurs que l'on rappelle fort justement à tous ceux qui avaient oublié que l'émancipation des enfants n'est rien sans une véritable protection, qu’émancipation est le contraire d’exploitation.

Oui, la liberté pour vraiment exister nécessite la sécurité, même chez les enfants, surtout chez les enfants.

Cependant, cette dernière ne doit pas être un prétexte à refaire de l'enfant un être incapable auquel on nie sa personnalité, son individualité, donc sa capacité à faire des choix.

Ainsi que l’explique le pédiatre Janusz Korczak, cette grande figure de la défense des enfants assassiné avec les orphelins dont il s’occupait par les nazis à Treblinka:

«L’enfant est un être doué d’intelligence qui connait lui-même ses besoins, ses problèmes, ses difficultés. Pas besoin d’ordres despotiques, de rigueurs imposées, d’un contrôle méfiant. Ce qu’il faut, c’est du tact pour rendre l’entente possible, et une confiance en l’expérience, qui facilitera la cohabitation, la collaboration. L’enfant n’est pas un sot: chez eux les imbéciles ne sont pas plus nombreux que chez nous. Nous drapant dans notre dignité d’adultes, nous leur imposons cependant un nombre considérable de devoirs ineptes et de tâches irréalisables. Que de fois l’enfant ne s’arrête-t-il pas frappé de stupeur devant tant d’arrogance, d’agressivité, tant de bêtises âgées.»

D’autant que, dans le même temps, vis-à-vis de la délinquance juvénile, c’est un discours de répression qui est devenu majoritaire, ce qui signifie que l’on estime que les enfants et les adolescents doivent être responsables de leurs fautes à l’encontre de la société mais donc pas de leurs choix personnels!

Un paradoxe incompréhensible et incohérent qui fait de l’enfant un être à deux têtes, ce qui arrange bien les adultes.

On ne peut pas protéger l’enfant de lui-même quand il veut faire des choix de vie et le réprimer lorsqu’il fait des infractions et des transgressions!

Il ne faudrait pas que la protection, indispensable et incontournable, ne rime avec régression et retour à un temps où l'enfant était considéré comme un inapte à décider en tout, notamment tout ce qui concernait sa vie, où ses parents choisissaient pour lui de ses vêtements à ses lectures, de ses loisirs à ses études, de ce qu'il devait penser, dire et aimer.

Comme l’écrit fort justement le sociologue François de Singly:

«La reconnaissance de l’enfant comme personne, comme individu, ne signifie pas que l’enfant est un adulte. Elle indique que le processus central des sociétés contemporaines occidentales – l’individualisation – touche désormais aussi les enfants. La nature sociale de l’enfant dans nos sociétés est d’être double: être ‘petit’ – c’est incontestable – mais aussi d’être un individu comme les autres méritant d’être traité avec le respect propre à toute personne. (…) L’enfant est à la fois fragile comme un enfant et respectable comme tout être humain. (…) Cette tension permanente entre ‘protection’ et ‘libération’ caractérise la spécificité de l’individualisation pour l’enfant.»

Ici, il n'y a aucunement l'idée de prétendre que les prédateurs et les criminels n'existent pas et qu'il ne convient pas de les empêcher de nuire et de mettre entre eux et les enfants une barrière infranchissable.

Et, cela va de soi, toute violence contre un enfant doit être sanctionnée le plus durement possible alors que ce n'est toujours pas le cas malheureusement comme vient d'en témoigner le verdict de 20 ans de prison seulement pour le tortionnaire du petit Tony, trois ans, torturé et frappé jusqu’à l’ignominie, jusqu’à sa mort.

Reste que l'on ne peut pas dire à un pré-adolescent et à un adolescent qu'il ne peut rien décider de sa vie et qu'il n'a aucun discernement.

Tout cela est une question d'équilibre et n'est pas toujours aisé à réaliser mais on ne peut réduire l'enfant à un être, voire un objet, à protéger non seulement, contre les autres mais également contre lui-même quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, quoi qu’il veuille accomplir.

En revanche, cette protection renforcée pourrait être le point de départ d'une amélioration de la condition des enfants dans la société où, malgré les inepties de quelques «spécialistes», ils ne sont pas des rois et n'ont même pas la place que nous croyons leur avoir fait – la réalité et les statistiques le montrent clairement – même s'il est évident que nous les considérons plus et sans doute mieux qu'il y a un siècle ou deux.

Mais cette amélioration ne peut être réelle que si cette meilleure protection s'accompagne d'une plus grande émancipation ce qui implique que les adultes s'attèlent à bâtir un monde où le respect de l'enfant sera un impératif catégorique qui se traduira concrètement par une planète qui ne sera pas uniquement celle des adultes où les enfants ont comme injonction de devoir s'adapter quoi qu'il leur en coûte et de se taire mais un monde que ces adultes auront rendu également à la hauteur de leurs enfants, ce qui, au-delà de la taille des corps, nécessite une élévation qui est bien plus forte que ce qui a été fait jusqu’à maintenant.

Entendre la parole de l’enfant et de l’adolescent, ce n’est pas seulement l’entendre quand il parle des agressions et des violences qu’il a subies mais aussi quand il parle de sa condition et de ses souhaits.

Les écouter, c’est leur permettre de se réaliser tout en les protégeant.

En les comprenant, nous ferons d’eux de vraies personnes.

Et comme le dit le poète:

«Vos enfants ne sont pas vos enfants, ce sont les fils et les filles de l’appel de la Vie. Ils viennent à travers vous et non pas de vous, et bien qu’ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas» (Khalil Gibran)