lundi 21 septembre 2020

Propos centristes. France – Démocratie; plan de relance; la France face à trois crises; Commissariat au plan; majorité présidentielle; tenue vestimentaire et école; covid19; Europe; 5G…

Voici une sélection, ce 21 septembre 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.


Emmanuel Macron (Président de la République)

[ONU] Il y a 75 ans, nos prédécesseurs se sont unis autour d’une promesse : la paix, les droits de l’homme, l’égalité et le progrès social. C’est à notre tour maintenant d’être à la hauteur de ces engagements.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean Castex (Premier ministre)

- Nous devons faire face à trois crises en même temps : la crise sanitaire, qui se prolonge, hélas, et s'installe dans la durée ; la crise économique et sociale, avec tous ses drames ; la crise d'autorité qui mine notre pacte républicain. Le moment est grave. Il est donc propice à tous les sursauts ! Nous y parviendrons dans le sens tracé par Emmanuel Macron depuis 2017, que par la conviction, par l'offensive, par la restauration de la confiance, par l'unité et par le rassemblement.

- Je me réjouis de la recréation, pour laquelle je milite de longue date, d'un Haut-Commissariat au Plan et au fait que la charge en ait été confiée à François Bayrou. Cette fonction, voulue par le Général de Gaulle, a permis à notre pays, non seulement de se relever des désastres de la guerre, mais d'entamer l'une des plus formidables périodes de modernisation et de croissance de la France.

- François Bayrou a aujourd'hui la lourde tâche de nous aider à dessiner, pour le pays, les chemins de demain, de faire entrer dans le débat public, les questions, la conscience des risques et des chances que l'évolution des temps offre à notre société et à l'État. Les idées de votre famille politique irriguent la pensée réformatrice de ce pays depuis des décennies. En plaçant François Bayrou à la tête du Haut-Commissariat au Plan, le Président de la République, Emmanuel Macron, et moi-même, sommes convaincus qu'elles continueront à nourrir l'effort de transformation initié après la victoire de 2017, victoire à laquelle vous avez tant contribué, et qui est également au cœur du plan de relance que nous engageons. Il lui revient, en somme, de projeter la France de 2030.

- [Le Mouvement démocrate est] un parti qui est un allié essentiel du Président de la République et de la République en marche. [Il est] l'un des piliers de cette majorité, mais une famille politique qui est l'une des plus anciennes de ce pays, ce pays qui lui doit notamment des valeurs tout à fait modernes, un engagement européen sans faille, la conception même de la décentralisation, et peut-être par-dessous tout le fait d'avoir toujours mis la personne "humaine" au cœur du débat de société, à des époques où l'on pensait peut-être davantage au productivisme, où le développement était perçu comme une fin en soi, et où le coût humain, social et environnemental n'entrait pas nécessairement, en tout cas pas suffisamment, en compte dans les arbitrages et les décisions politiques.

- [Mouvement démocrate et démocratie chrétienne] Dans le contexte qui est le nôtre, nous ne pouvons pas nous adresser aux Français sans que notre discours soit construit sur un socle solide, sur un sens profond, sur une pensée politique de longue haleine. Certes, et c'est sa force, la majorité, et la majorité parlementaire notamment que je dirige, a d'autres inspirations et d'autres inspirateurs que les seuls défenseurs de la démocratie chrétienne, mais je ne l'imagine pas sans cette part de notre histoire politique commune.

 

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

J’ai évoqué avec Jens Stoltenberg l’importance de la solidarité vis-à-vis de nos partenaires européens, de la stabilité et de la sécurité en Méditerranée orientale. Je souhaite que les efforts de l’OTAN pour la déconfliction y contribuent.

 

Jean-Michel Blanquer (ministre de l'Education nationale, de la Jeunesse et des Sports)

- On vient à l'école habillé d'une façon républicaine.

- Il est important d’arriver à l’école dans une tenue correcte. L'école n'est pas un lieu comme les autres. Vous n'allez pas à l'école comme vous allez à la plage ou en boîte de nuit

- Nos enfants sont sous la pression de bien des choses, notamment des marques, de la mode, du regard de l’autre sur les chaussures et les vêtements… Je souhaite qu’il y ait une certaine sobriété en la matière parce que là aussi c’est un enjeu d’égalité sociale puis de protection des filles et des garçons.

- Je suis très sensible à la défense des jeunes filles en milieu scolaire et très ouvert à la discussion sur ce qu'on peut faire pour améliorer cette protection, a expliqué Jean-Michel Blanquer. Et pour moi ça passe par justement le fait que le vêtement ne doit pas être un facteur ni de stigmatisation ni de discrimination.

- [Covid19] Près de 2.000 classes sont fermées actuellement. Le nouveau protocole va permettre d'avoir moins de classes fermées.

 

Bruno Le Maire (ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance)

J’ai présidé par téléphone ce matin la première réunion du Comité de pilotage de France relance. Notre objectif est de veiller à ce que toutes les mesures de ce plan soient mises en œuvre le plus rapidement possible au profit de tous les Français et sur l’ensemble du territoire.

 

Florence Parly (ministre des Armées)

Le comité d’éthique de la défense, créé fin 2019, m'a remis ses premiers travaux. 18 personnalités civiles et militaires ont fourni une réflexion nourrie sur les enjeux éthiques du soldat augmenté ainsi qu'un rapport d’étape sur l’autonomie dans les systèmes d’armes létaux. Explorer les pistes d’augmentation des capacités opérationnelles de nos armées tout en respectant la dignité humaine, la santé physique et l’équilibre mental de nos soldats : c’est la mission de ce comité. La France est la première Nation et à ce jour, la seule, à disposer d’une structure permanente de réflexion sur les enjeux éthiques des nouvelles technologies dans le domaine de la défense. C’est une fierté.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)

- La volonté du gouvernement est de donner à la gendarmerie les moyens dont elle a besoin pour assurer ses missions dans de bonnes conditions. 15 millions d’euros sont notamment consacrés aux réparations urgentes dans les casernes.

- Pour les mois qui viennent, 4 priorités opérationnelles claires ont été définies pour la gendarmerie: lutter contre les trafics de stupéfiants, renforcer la visibilité sur le terrain, lutter contre les violences intrafamiliales, renforcer la sécurité dans les transports

 

Olivier Véran (ministre des Solidarités et de la Santé)

Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer: Merci aux chercheurs qui nous permettent de mieux comprendre la maladie et aux soignants pour l'amélioration de sa prise en charge. Il nous faut poursuivre les efforts pour les personnes malades, pour leur proches et aidants.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

Au Conseil européen à Bruxelles La PAC est au cœur de nos discussions. Elle doit être au service de la souveraineté de notre agriculture et accompagner l’agroécologie en nous protégeant contre ceux qui ne la respectent pas. Je le redis, en l’état, c’est non au Mercosur.

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)

- A Berlin, avec mes homologues européens au Commerce extérieur, pour un Conseil informel avec de grands enjeux pour notre politique commerciale. Nous devons nous affirmer face aux pays continents et plus que jamais défendre notre souveraineté.

- Nous investissons 7 milliards d'euro dans la jeunesse. Ne laissons pas notre jeunesse désemparée face à la crise. C'est une priorité du gouvernement

- Il ne faut pas laisser les plus fragiles sur le côté. Nous sommes engagés sur les questions de solidarité, de dépendance, nous ne pouvons échouer sur ces sujets si nous voulons assumer notre bilan en 2022.

- Nous voulons accompagner le plan de relance. Nous faisons confiance aux acteurs économiques. La confiance n'exclut pas le contrôle. Mais il faut que l'État donne les moyens aux acteurs de terrain de relever les défis puissants qui sont devant eux.

- Nous voulons participer à cette maison commune de la majorité. Pas pour se diluer, pour se fondre, car la différence est une richesse. Nous allons nous engager dans cet intergroupe majoritaire à l'assemblée et mieux travailler ensemble.

- L'obsession du gouvernement, c'est que ce Plan de Relance se déploie concrètement sur le terrain. Nous sommes tournés vers l'accompagnement des acteurs de terrain. Ce plan ne sera efficace que s'il est rapidement mis en œuvre avec un effet levier.

- Nous avons de formidables entreprises qui représentent le savoir-faire français à l'étranger. Nous devons garder notre esprit de conquête à l'international et ce plan de relance va soutenir les entrepreneurs et les jeunes qui veulent travailler à l'étranger.

- Avant cette crise sanitaire, la France était devenue le pays le plus attractif d'Europe pour les investisseurs. Avec ce plan de relance, nous voulons financer les outils pour que nos entreprises puissent se projeter à l'international.

- Ne nous trompons pas d'élection. Les Régionales ne sont pas le premier round pour la présidentielle. Il ne faut pas se tromper de combat. L'État et les collectivités locales doivent travailler ensemble, pas dans un agenda politique.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

Derrière la 5G, il y a des enjeux de compétitivité industrielle majeurs. Dans ce moment particulier où nous sommes confrontés à une crise économique, l'industrie française, parce qu'elle est une priorité pour le rebond, a besoin de la 5G.

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

- Au sein même de l’Europe, nous devons nous battre pour nos valeurs.

- Lutter contre la fraude au travail détaché et le dumping social, généraliser des salaires minimums décents dans l’UE, renforcer les droits des travailleurs des plateformes numériques... L’Europe sociale doit enfin devenir réalité.

- La refonte de nos règles migratoires et d’asile européennes est indispensable. Nous attendons les nouvelles propositions de la Commission européenne cette semaine. Cette fois, nous devons réussir, la France y est pleinement engagée.

- L’Europe ne doit pas penser qu’elle peut s’affirmer dans le monde ou apaiser les crises en étant faible ou désunie.

 

Nathalie Elimas (secrétaire d’Etat chargée de l’Education prioritaire)

La crise sanitaire a exacerbé un certain nombre de fractures, sociales, numériques, etc. En sortie de confinement, nous devons lutter pour raccrocher les décrocheurs.

 

Sarah El Hairy (secrétaire d’Etat chargée de la Jeunesse et de l’Engagement)

Oui, l'avenir des jeunes est notre priorité gouvernement. Des mesures très concrètes du plan 1jeune1solution sont mises en place pour accompagner notre jeunesse : apprentissage, compensation pour l'embauche d'un jeune, service civique, etc.

 

Cédric O (secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques)

- Lier transition écologique et numérique est indispensable pour construire le monde de demain. Nous y travaillons avec Barbara Pompili et nous présenterons prochainement une feuille de route pour faire converger écologie et numérique.

- Ça n'aurait aucun sens de dire qu'on veut réindustrialiser la France si on n'a pas la 5G à l'heure où tout le monde le déploie.

- Aujourd'hui, 60 à 70 pylônes chaque semaine s'allument dans les zones blanches. On accélère extrêmement vite. La 5G viendra sur les pylônes 4G. Il va y avoir dans les deux ans qui viennent un changement drastique dans les zones blanches.

- On s'est rendu compte pendant le Covid qu'il y avait deux réalités : ceux qui avaient la connexion et ceux qui ne l'avaient pas. Aucun pays dans le monde ne déploie la fibre aussi vite que nous mais on doit encore aller plus vite.

 

Assemblée nationale

Richard Ferrand (président)

Nous devons parvenir à une solution pérenne pour doter la zone euro d'une capacité budgétaire, et renforcer cette économie qui protège les Européens.

 

Haut Commissariat au Plan

François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)

- Il y a un enjeu absolument crucial, non pas seulement pour le Royaume-Uni et ses liens avec l'Union européenne, mais un enjeu crucial pour la nature de l'Union européenne. Si celle-ci acceptait de laisser se créer une sorte de Singapour qui serait une plate-forme pour que le commerce l'emporte sur toute autre considération et que l'on rejette ou l'on annihile les normes ou toutes précautions que nous voulons prendre, tout le soutien apporté à des pratiques en matière technologique, de santé ou de protection sociale des travailleurs qui soient des nôtres, alors cela voudrait dire que nous devons être extrêmement rigoureux dans la manière dont nous aurons à nouer des relations avec ce nouveau pays tiers qu'est le Royaume Uni.

- [Majorité présidentielle] On est dans une situation singulière, car, d'habitude, quand il y a une alliance de partis politiques, ce sont des courants doctrinaux ou idéologiques différents. Ici, ce n'est pas le cas. Nous avons notre propre histoire, notre propre philosophie, notre propre expérience. En Marche, c'est un mouvement différent, qui s'est constitué au moment de la présidentielle, autour du président de la République. Cela a fait une identité différente, mais pas antagoniste. Au fond, tout est prêt, disposé pour qu'il y ait la meilleure entente possible entre nous et c'est cette entente que nous voulons faire vivre.

- Nous vivons une période qui sera dans les livres d'histoire. Ce moment, cette épidémie, inattendue, je ne dis pas imprévisible, car je pense qu'elle était prévisible ou, en tout cas, que l'on pouvait prendre les précautions nécessaires pour adopter les bons réflexes et les bons équipements au moment où elle pourrait se déclencher, cette épidémie change tout. Nous le voyons à notre manière de militer et d'être ensemble. Elle modifie tout dans la vie quotidienne. Nous sommes, pour la première fois de notre vie, tous, dans une société où l'on ne s'embrasse plus, où l'on ne serre plus la main, où l'on ne voyage plus guère. La crise du transport aérien, des compagnies et même des constructeurs aéronautiques, est évidemment extrêmement lourde. Elle change notre manière d'être et de vivre. Cela modifiera à coup sûr le commerce international et cela nous fera prendre conscience d'un très grand nombre de difficultés et de manques que nous avons découverts.

- Cette crise nous impose de réfléchir à notre vie démocratique d'une manière différente. Nous savons bien tous qu'il n'y a pas que l'économie qui soit en crise. Il n'y a pas que la vie sociale, mais également notre manière de débattre, d'initier la transition.  Cette manière-là doit, en particulier, nous obliger à sortir de la dictature de l'urgence, des réseaux sociaux en perpétuels explosions, ébullitions, tsunamis. Lesquels ne durent pas longtemps, mais n'importe quel événement microscopique donne lieu à une explosion, un panache de fumée, comme si c'était l'éruption du Vésuve. Il faut que nous apprenions à vivre avec cela. Il faut que l'on apprenne à vivre avec les chaînes de télévision d'information continue. Il faut que l'on apprenne à vivre avec les mouvements de l'opinion et il faut que l'on apprenne à vivre, à mon sens et c'est ce que le président de la République a voulu faire en me confiant cette responsabilité, en réintroduisant le temps long, l'avenir d'horizon.  Ces mouvements que l'on ne voit pas toujours, mais dont notre vie dépend, les très grands mouvements de la planète et de l'univers, les sujets qui commanderont notre futur, y compris notre futur lointain, doivent être réintroduits dans le débat et dans la décision quotidienne. C'est ce que nous appelons « le Plan ». C'est choisir des horizons et un chemin. Évidemment, c'est d'abord la responsabilité du président de la République, d'où notre soutien actif, présent et amical, car je ne crois pas qu'il y ait un président qui, dans les années récentes, ait connu des crises aussi multiples et aussi dangereuses que celles que le quinquennat d'Emmanuel Macron a connues. Cependant, dans ce quinquennat-là, il est dans sa responsabilité et il est, selon moi, pleinement à la hauteur de cette fonction. Cela mérite évidemment du soutien.

- Autour du président de la République, en réintroduisant l'avenir lointain dans la réflexion, on pourra répondre à plusieurs questions. Je vais reprendre celles que le président de la République a fixées à la mission que j'ai acceptée. On a une série de questions qui se regroupent autour du grand sujet de l'indépendance. Cela ne sert à rien de faire de la politique. Cela ne sert à rien d'avoir des débats, d'organiser des partis, et d'avoir un parlement et un gouvernement, si nous ne sommes pas maîtres de notre destin. Or, il se trouve, comme beaucoup d'entre nous le savent, que, sur bien des sujets, la maîtrise de notre destin nous a échappé. L'épidémie nous a permis de découvrir que nous n'étions plus capables d'obtenir les médicaments indispensables à notre système de santé. Nous avons manqué dans cette épidémie, peut-être ‑ je n'insiste pas ‑ manquons-nous encore de médicaments essentiels que sont ceux contre le cancer, qu'ont été ceux qui, pendant l'épidémie, permettaient de sécuriser des anesthésies, les antibiotiques ou encore des molécules aussi élémentaires que le paracétamol. Cela car nous en avons délocalisé la production car la plupart de ces molécules ne rapportant plus assez dans leur fabrication ; on préférait se tourner vers celles absolument nouvelles rapportant davantage. Il y a cette question de l'indépendance des productions, mais il ne faut pas aller très loin, dans l'électronique, par exemple, nous sommes, de la même manière, dépendants. C'est pour moi physiquement insupportable. Nous sommes dépendants des décisions d'autres puissances sur la planète sur notre propre souveraineté.

- Une grande question est la vitalité de notre société, la capacité de notre pays à faire naître des entreprises, à produire de la recherche, à innover en matière scientifique et technique, à protéger nos inventions, à avoir, au fond, une vie locale, nationale, régionale, qui soit la plus dynamique possible. 

- Dans ce grand sujet de justice, il y a, au premier degré, la question du climat, de la planète, de l'environnement, de la biodiversité, avec la responsabilité qui est la nôtre, pas seulement en tant que citoyens français, européens, pères de famille, de notre continent ou d'autre région du monde, mais en tant que citoyens de la planète. Ce grand sujet de justice, naturellement, il faut le traiter. La justice, c'est aussi des choses que nous touchions du doigt.  Une première, ce sont les fractures territoriales. Je compte beaucoup traiter ces questions avec la responsabilité du plan. Il y a si longtemps que l'on ne s'est pas occupé de l'aménagement du territoire. Il y a si longtemps que l'on ne s'est pas occupé de cela. Il y a si longtemps que l'on croit que tout se joue à Paris et quand on dit à Paris, il ne s'agit pas naturellement de tous ses quartiers, mais de la toute petite surface rive gauche, rive droite, sur laquelle se nouent et se dénouent les débats médiatiques et politiques. Il est temps d'irriguer à nouveau la France de responsabilités. Les régions, les villes et pas seulement les métropoles de province, les régions, les villes, les bourgs, ont besoin de retrouver de la sève et de montrer que, de chez eux, de leur terre, de leur terrain, la sève peut remonter. une deuxième, ce sont les fractures de destin. Il y a eu tout un temps où l'on savait, quand on était ouvrier, paysan, minot, garde-barrière ou que l'on travaillait dans une filature, ce qu'il fallait faire pour que les enfants réussissent : seulement qu'ils travaillent bien à l'école. C'est pourquoi les instituteurs, les professeurs étaient, à ce point, valorisés par la société française. Ce n'est plus le cas aujourd'hui et on ne connaît plus le chemin ou, plus exactement, ne connaissent le parcours que les familles favorisées par le destin, ayant de bonnes situations et une bonne connaissance des chemins. Ne serait-ce que pour trouver un stage, quand on est en 3e ou que l'on suit une formation par alternance, les fractures de destin sont au cœur de la responsabilité qui est la nôtre et dans les réponses à apporter. Au fond, tout cela se résume à une question extrêmement grave et douloureuse qui est celle de la rupture dans la société française entre la base, la plus large ‑les citoyens, quelle que soit leur situation économique ‑ et, de l'autre côté, le prétendu « sommet de la société », prétendue « élite ». Je mets tous les guillemets et italiques que vous imaginez devant cette expression.

- Il y a très longtemps que la base ne se reconnaît plus dans son sommet et même quand le sommet est de valeur, le seul fait qu'il soit situé en situation de responsabilité entraîne le doute sur les privilèges, sur l'argent, sur les bénéfices supposés des fonctions, même si ce n'est pas vérifiable ou vrai. C'est la raison pour laquelle j'ai voulu exercer la fonction que le président de la République et le conseil des ministres m'ont confiée de manière bénévole, pour que cette question soit totalement écartée et que l'on comprenne que l'on peut avoir uniquement comme préoccupation l'intérêt général.

- Nous avons cette chance et cette responsabilité d'incarner un grand courant, certains diront réformiste ; moi, j'ai toujours privilégié le mot de « démocratie », des démocrates d'inspiration, des démocrates avec un idéal, des démocrates qui savent que ce n'est pas seulement de gestion dont il s'agit, mais de résoudre les problèmes et d'apporter des solutions. 

- Le responsable politique, quel que soit son grade, doit avoir l'idée qu'il tient entre les mains quelque chose de précieux. C'est la raison de vivre des personnes dont il a la charge. Il faut que celles-ci pensent, d'une certaine manière, qu'au fond, ce n'est pas pour rien qu'elles travaillent. Ce n'est pas pour rien qu'elles élèvent des enfants. Ce n'est pas pour rien qu'elles affrontent les difficultés des temps, car nous construisons quelque chose dont nous pensons qu'il doit être meilleur pour l'avenir. Voilà la responsabilité que nous visons précisément dans ce courant politique, dans le Mouvement Démocrate.

- L'État n'est pas impuissant. La société française n'est pas "à la traîne", mais, au travers des années, nous avons laissé filer un certain nombre de choses, nous n'avons pas été capables de prendre en main ce qui devrait être la richesse du pays.

- L'épidémie de Covid19 a joué un rôle très important dans la réflexion et la décision que le Président de la République a prise de recréer le Commissariat au Plan qui avait été créé par le général de Gaulle, qui avait lancé un certain nombre de programmes très importants pour le pays et qui s'est trouvé, par la suite, un peu oublié, abandonné, laissé de côté. Cette réflexion sur l'avenir, nous avions l'impression qu'elle avait assez largement disparu. L'épidémie de Covid-19 était prévue dans un certain nombre de textes, mais le cours des choses, la succession des Gouvernements et la succession des urgences ont fait que nous n'avons pas été capables de réfléchir à partir de ces prévisions. Pour cette raison, nous nous sommes trouvés dans un drame de santé, puisque les médicaments indispensables n'existaient pas.

- Les mots peuvent être trompeurs. Je ne crois pas que le protectionnisme soit une protection. Je pense que cette idée qui consisterait à dire que nous allons construire des murs autour de notre pays pour que la concurrence n'existe plus et pour que nous puissions, seuls, bâtir. Je ne crois pas beaucoup à cela. Je crois à une chose : l'égalité de traitement entre nos concurrents et nous, car, si nous regardons de très près la manière dont fonctionnent les choses, alors tout le monde a cette intuition que les entreprises et les producteurs qui sont nos concurrents ne respectent pas les mêmes règles que les nôtres. Cela, ce n'est pas du protectionnisme, c'est simplement le souci de la justice, le souci de la justesse des choix.

- Qu'est-ce qui peut justifier que nous laissions entrer en France des produits ne respectant pas les mêmes règles de production que les nôtres ? C'est vrai dans un très grand nombre de productions, notamment agricoles, par exemple, et c'est la raison pour laquelle l'Europe doit être forte. C'est tout l'enjeu du Brexit, de cette décision que les Britanniques ont prise de sortir de l'Union européenne, en réalité avec l'idée, quelque part, derrière la tête, de pouvoir faire entrer par la porte qu'ils ouvriraient, des produits qui ne respectent pas les mêmes règles que les produits européens. (…) Le grand enjeu derrière tout cela est l'égalité de traitement entre nos concurrents et nous-mêmes. (…) Nous avons construit une Union européenne pour avoir l'égalité entre nous tous et il faut qu'elle soit respectée.

- Ce n'est pas que l'État décide à la place des entreprises, car cela, c'est un autre système, qui a toujours échoué. L'État a décidé d'apporter de l'aide aux entreprises et d'apporter de l'aide aux entreprises en situation de fragilité. Vous n'allez pas, en plus, leur dire comment il faut qu'elles gèrent leurs affaires. (…) Nous devons être en soutien des entreprises et pas perpétuellement en situation de vouloir leur imposer des choix qui ne seraient pas les leurs. Il faut les laisser gérer et, au fur et à mesure, observer l'évolution de la situation.

- [Haut Commissariat au Plan] Quelle est la question ? Il y a des années et des années que les grands sujets concernant notre avenir, dont nous savons qu'ils vont être les sujets de notre vie dans dix, vingt ou trente ans, il y a des années que ces sujets ont complètement disparu du débat public et que nous ne les traitons jamais. Comme nous ne les traitons pas, alors nous prenons des décisions qui sont toujours des décisions de l'urgence. Vous venez de citer deux ou trois exemples de décisions apparaissant comme des décisions d'urgence. Tout mon but, si j'y arrive, sera, au fond de prendre tous les sujets dont nous savons que notre avenir va nous obliger à les traiter.

- Nous sommes soumis, notre pays comme les autres, sont soumis à des évolutions technologiques énormes. Le numérique, qui fonctionne pour tous les secteurs d'activité, et les datas, les données que recueillent les très grandes organisations, cela va entraîner une mutation profonde du travail. Les jeunes demandent : "Vous nous dites que nous allons devoir avoir une mutation du travail, vous nous dites même assez souvent qu'il faudra changer de travail plusieurs fois dans la vie, mais quels sont les métiers qui vont s'ouvrir ? Pouvez-vous nous le dire ? Et si oui, quelles vont être les préparations que vous allez nous offrir ?". Les métiers, les emplois, les qualifications, tous ces sujets-là ont déjà été traités dans France stratégie qui va travailler avec moi et nous allons nous saisir de ces sujets pour éclairer l'avenir des métiers et des formations.

- Il y a une donnée absolument essentielle de l'avenir, c'est la démographie. La France, comme vous le savez sans doute, est le pays d'Europe qui, jusqu'à maintenant, a le mieux maintenu sa natalité, à telle enseigne que, dans trente ans, les prévisionnistes estiment que la France aura, au fond, plus d'habitants, de jeunesse, de population que l'Allemagne elle-même. Évidemment, cela change tout, car les retraites, car la Sécurité sociale, car la main-d’œuvre pour les entreprises, cela dépend évidemment de la population du pays. C'est un sujet que nous n'avons pas traité depuis des années, j'allais presque dire depuis des décennies. Plus exactement, nous laissons se faire les choses seulement en les observant en disant : "En France, la population baisse, le seuil de renouvellement de la population, à savoir combien d'enfants on fait par rapport à ceux qui disparaissent, n'est plus atteint ou plus comme il le faudrait".

Cependant, il y a une chose que nous avons découverte pendant cette épidémie, c'est que nous n'avions plus la maîtrise de la fourniture des médicaments essentiels pour un pays comme le nôtre, que nous avions laissé partir, et notamment en Extrême-Orient, la production de ces médicaments essentiels. Les molécules pour les chimiothérapies de lutte contre le cancer : pénurie ou menaces de pénurie. Les corticoïdes : il y a eu, à cette époque, menace de pénurie. Il en est de même pour les antibiotiques et même pour cette molécule du paracétamol, vendu sous la marque Doliprane.  Nous nous sommes rendu compte que nous n'avions plus la maîtrise de la production et cette question de maîtrise de la production des médicaments essentiels, pour un pays comme la France et un ensemble comme l'Union européenne, il n'est pas acceptable que nous ne la maîtrisions pas. Je sais bien pourquoi les entreprises ont délocalisé la production.

- La question de la production des éléments essentiels pour qu'un pays comme le nôtre vive est essentielle. C'est vrai pour la pharmacie, mais, j'en suis certain, vrai également pour beaucoup d'autres éléments, comme l'électronique par exemple. Nous vivons, vous et nous, à cet instant précis, au travers d'élaborations électroniques très puissantes, mais rien de tout cela n'est produit chez nous. L'indépendance d'un pays comme la France, et je ne fais pas de différence avec l'indépendance des pays de l'Union européenne, doit être une question politique majeure et que nul ne doit pouvoir éluder. Les questions économiques sont naturellement importantes.

- Il y a une chose certaine : si tout le monde mettait le masque et si nous limitions les regroupements dans les enceintes fermées, dans les enceintes clauses, dans les appartements ou dans les salles de travail, alors l'épidémie serait très largement freinée. Tout va ensemble : tests, repérage, isolement des malades et masques. Ce sont, pour l'instant, les armes les plus efficaces que nous n'avons, puisque nous n'en avons pas d'autres, nous n'avons pas d'arme thérapeutique ou de traitement. C'est en quoi toute la question de la prévision de l'avenir joue un rôle absolument crucial et, de ce point de vue, nous ne pouvons qu'être qu'en soutien de ce que doivent faire les autorités sanitaires et que, sans doute, elles ont du mal à faire.

- Les vaccins ont sauvé des milliers de millions de vies, des milliards de vies dans l'humanité, comme celui de la poliomyélite, le tétracoq, que l'on fait aux enfants. Tous ces vaccins-là sauvent des vies tous les jours. Tous les jours des milliers et des millions de personnes vivent très bien, alors qu'elles seraient mortes si nous n'avions pas eu ces vaccins. Si l'autorité médicale estime que l'utilisation du vaccin contre la grippe est une décision permettant de mieux affronter la question de la Covid-19, alors, je soutiendrai les décisions qui seraient prises pour en rendre l'utilisation la plus fréquente possible. Je ne sais pas si nous pouvons juridiquement en faire une obligation légale, même si nous l'avons bien fait pour des vaccins pour les enfants. Quoi qu'il en soit, je suis certain que nous ne pouvons pas rester sans rien faire à regarder la propagation de l'épidémie.

- Chaque fois qu'un problème se pose dans une société comme la nôtre, chaque fois, il y a la tentation d'utilisation électoraliste ou partisane et ces débats-là n'échappent pas à cette tentation-là.

- Je pense que la question de l'identité est une question très importante, car la question de l'identité pour un peuple est une question de survie et, si on ne l'aborde pas avec des mots clairs et une pensée claire et mesurée, alors on voit surgir des passions impossibles à arrêter, impossibles à maîtriser, immaîtrisables. Oui, je pense que nous pouvons et devons en parler.  De l'immigration, nous pouvons et devons parler, de l'intégration, nous pouvons et devons parler et, en parlant de l'immigration, nous devrions parler du développement des pays dont toute la population fuit car elle ne peut pas vivre, soit car il y a la guerre, soit car il y a la pauvreté la plus terrible et la plus honteuse. Oui, ce sont des questions qu'un peuple adulte, qu'un peuple de citoyens - adulte, ne sais pas si on l'est jamais pour un peuple - quel que soit son âge, doit pouvoir aborder. Pourquoi ne pas regarder cela les yeux ouverts ? Qui pense que l'immigration va s'arrêter demain matin ? Qui pense que l'intégration est aujourd'hui en France à la hauteur de ce qu'il faudrait ? Je pense en tout cas que ce n'est pas le cas et que nous pouvons faire des propositions utiles.

- Mon idée n'est pas de décider à la place du ou des Gouvernements. Il y a des Gouvernements dont la mission est de trancher quand les problèmes se posent. La mission du Commissariat que je vais essayer de faire renaître dans la vie démocratique française est de proposer des options, peut-être des idées nouvelles qui, jusqu'alors, n'ont pas été prises ou relayées, car c'est comme cela, le débat est un débat brûlant, cela prend feu, la savane prend feu et on ne peut pas proposer des idées nouvelles facilement. Si je pouvais faire entrer dans le débat un certain nombre d'idées nouvelles qui, jusqu'à maintenant, n'ont pas été relayées, alors que je trouverais que nous faisons œuvre utile. Cela aurait un avantage immense pour nos concitoyens.

- [Majorité présidentielle] Je pense que chacun a son identité et que notre devoir moral ou l'idée que nous nous faisons de la vie publique oblige d'abord à sauvegarder et à respecter la différence des identités, mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas travailler ensemble. Je pense exactement le contraire. Je pense que, si nous avons vécu des municipales difficiles, c'est précisément car des stratégies ont été choisies qui étaient, pour moi, hélas, pas adaptées à la situation. Je pense qu'il faut que nous travaillions ensemble et, plus encore, que de travailler ensemble, il faut que nous construisions un climat de travail dans lequel nous verrons que les préoccupations partisanes passent au second plan, que l'importance, nous la donnons aux sujets essentiels et que nous sommes capables, en plus, à l'intérieur de cette majorité, d'avoir, entre les courants différents, des relations qui soient des relations respectueuses et amicales. Je vais vous dire le fond de ce que je pense : je ne crois plus que la question des appareils politiques et de l'organisation des appareils politiques soit aujourd'hui une question d'actualité et encore moins une question d'urgence. Je pense que dessiner des organigrammes en mettant des chefs et des sous-chefs n'est absolument pas ce que les Français attendent. Ce que chacun de nous, comme citoyen, attend, je pense que ce que chacun de nous comme citoyens en particulier et les Français en général attendent, ce sont des responsables politiques qui soient un peu plus compréhensifs de ce que nous les Français vivent et compréhensifs entre eux, qui ne passent pas leur temps à se faire des "chicayas", à se "tirer la bourre", comme on dit, et a essayé de gagner des voix et des parts de marché les uns contre les autres. Je pense que leur devoir est d'essayer de changer la situation, non pas les uns contre les autres, mais les uns avec les autres, contre l'adversité, contre le malheur qui vient, contre les risques incroyables que nous allons rencontrer et vous voyez la différence de point de vue.

 

Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)

- J'ai plaisir à travailler avec le MoDem et, dans la vie politique, cela compte, ces relations-là. Cela compte aussi dans les moments parfois difficiles. Bien sûr, nous avons partagé ensemble des victoires, une grande victoire fondatrice pour permettre ce quinquennat, mais nous avons vécu, ces derniers mois aussi, des moments plus difficiles où il y avait, ici ou là, des divisions, des moments où nous devions prendre entre nous des décisions difficiles et, particulièrement dans ces moments-là, je crois que cela compte d'avoir, au fond, l'envie de travailler ensemble.

- Dans cette rentrée politique, je crois qu'il y a beaucoup de contrastes, à ce titre-là, entre le visage que montrent nos oppositions aujourd'hui. Je suis frappé, dans ce moment de rentrée politique, par les profondes divisions qui reprennent. Nous, nous sommes convergents dans cette rentrée politique. Nous avons affiché l'envie de faire ensemble et l'avons dit de manière convergente. C'est très important et cela dénote d'une certaine manière.

- Si nous n'avions pas fait ce que nous avions fait depuis trois ans, je crois que notre pays aurait été beaucoup plus affaibli et moins robuste pour faire face à la crise. Nous avons été à la hauteur de la crise et nous devons aller le dire de manière très ferme. Ce gouvernement, cette majorité ont été à la hauteur de la situation. Nous avons protégé les Français, leur emploi et leur pouvoir d'achat. Nous n'avons pas à en rougir. Avec cette nouvelle phase qui s'ouvre, le plan de relance, une phase importante pour relancer, mais aussi reconstruire et transformer notre pays, je pense pouvoir dire que nous sommes à la hauteur de nos ambitions pour le pays et cela, nous devrons aussi le porter ensemble.

- Tout ce qui dans la vie politique ressemble finalement à la vie partisane, je crois profondément que cela nous abaisse, alors que, au contraire, nous devons nous élever, nous élever et nous rassembler. C'est ma conviction profonde pour une raison extrêmement simple.

- J'ai la conviction, et on l'a vu ces derniers mois, que, chaque fois que nous avons montré des divisions au sein de la majorité présidentielle ou même de nos formations politiques, nous avons alors été en incapacité de nous faire entendre par nos concitoyens. Notre capacité à nous faire entendre, rare dans la vie politique, passe, évidemment, par le rassemblement, par la construction de cette maison commune que le président de la République nous invite, au fond, à construire et à faire vivre ensemble. Cette maison commune doit incarner l'esprit de dépassement, terme qui a été fondateur de notre aventure politique commune. C'est ce qui a motivé cette aventure politique.

- L'esprit de dépassement n'est pas un esprit d'effacement. Cette maison commune que nous devons construire ensemble doit être respectueuse des sensibilités, des histoires, des spécificités de chacune des organisations qui la composeront. Je pense qu'il faut que nous puissions accepter cela et même en faire un des points fondamentaux, car, sinon, nous annihilerons ce qui fait notre force, c'est-à-dire aussi la capacité par le débat, par les nuances à porter des actions plus puissantes et à donner plus d'élan à ce que nous devons construire. Cet esprit de dépassement ne doit pas être l'esprit d'enfermement. Nous devons continuer à ouvrir notre maison commune.

- Nous devons bien sûr rassembler les formations politiques ayant envie de venir faire avec nous et qui l'ont fait, notamment, au moment des élections européennes, mais nous devons dépasser cette vision et construire de manière beaucoup plus riche, avec des think tanks, avec des intellectuels, des élus, des associations d'élus, avec les personnes de bonne volonté ayant envie de venir faire avec nous et de se mettre, là encore, au bon niveau de responsabilité.

- J'entends bien, et la presse fleurit d'articles dans ce sens-là, montrant que, les uns et les autres, au fond, envisagent l'élection régionale comme le premier tour de l'élection présidentielle, comme la primaire de leur formation politique. Je crois que ce serait une erreur profonde que de l'envisager ainsi.

- Au fond, est-ce que l'on va parvenir, dans les mois qui viennent, à faire en sorte que les 100 milliards d’euros, mis sur la table pour transformer le pays, puissent se concrétiser, devenir réalité dans la vie de nos concitoyens ? Eh bien nous aurons besoin de faire la relance économique régionale. Je pense que ce sera l'enjeu et les listes que nous devrons construire ensemble devront être ces listes de la relance et devront faire revenir l'esprit de renaissance que nous avons fait vivre au moment des élections européennes.

- Là où les autres ne pensent aujourd'hui qu'à 2022, je crois profondément que l'on doit être concentré sur les semaines qui viennent, sur ce qui sont les points d'attention de nos concitoyens. Là où les uns et les autres ne pensent, au fond, qu'à leur parti, à la manière de le faire renaître, si cela est encore possible, nous ne devons penser qu'au pays. Je suis complètement convaincu que si nous arrivons à nous concentrer et à faire vivre cette différence-là, alors, nous aurons encore la capacité d'être entendus par nos concitoyens et de continuer à transformer le pays comme nous avons commencé à le faire ensemble depuis trois ans.

 

Pierre Person (délégué général adjoint)

- Nous traversons une grave crise sanitaire, économique et sociale. Pour y faire face, Emmanuel Macron a changé la donne, en impulsant un nouveau souffle au gouvernement et au groupe LaREM de l’Assemblée nationale. Au parti, rien n’a changé. Est-il en mesure d’affronter cette nouvelle étape du quinquennat ? Pas en l’état actuel. Il ne permet ni de faire vivre nos différentes sensibilités, ni de mener le rassemblement, ni de produire des idées neuves. Cela doit le redevenir.

- En 2018, lorsque avait eu lieu l’élection pour la direction du mouvement, en pleine crise des « gilets jaunes », j’avais choisi l’unité, en retirant ma candidature face à Stanislas Guerini. J’ai travaillé dans l’intérêt de notre mouvement depuis lors. Mais je me suis heurté à une organisation trop repliée sur elle-même et qui ne tient pas assez compte de ses « marcheurs », de ses élus locaux ou de ses parlementaires. Aujourd’hui, pour donner un nouveau souffle au parti, je fais le choix de démissionner de mes fonctions à la direction de LaREM, en quittant mon poste de délégué général adjoint et en ne siégeant plus au bureau exécutif. Je redeviens un militant parmi les militants et reste évidemment membre du groupe parlementaire. (…) Le mouvement est resté dans sa logique de 2017, qui était de porter le projet présidentiel. Mais il ne produit plus d’idées nouvelles. Le travail dans ce domaine est insuffisant. Il faut enfin avoir des débats politiques dans ce parti ! En devenant comme les anciennes formations politiques, il risque tout simplement de disparaître. S’il veut s’inscrire dans le temps long, exister dans la « maison commune » en cours de création avec nos alliés, il doit mieux définir ce qu’il représente. Il doit avoir sa propre raison d’être, sans porter uniquement en « copier-coller » le message du gouvernement. Ma volonté est de créer un électrochoc. J’invite donc tous ceux qui font partie de la direction du parti à prendre eux aussi leurs responsabilités. (…) J’invite tous ceux qui veulent bâtir les succès de demain à quitter eux aussi leurs fonctions à la tête du parti pour écrire une nouvelle page. (…) Une simple réorganisation de la direction est prévue, lundi soir, lors d’une réunion du bureau exécutif. Cela montre bien que le parti n’a pas pris la mesure de la situation. Nous sommes dans une phase difficile. Le résultat des élections municipales, l’absence du mouvement dans le débat public et le désenchantement de nos militants sont autant de signes de la nécessité d’un sursaut interne plus fort. Dans ce contexte, des changements cosmétiques et d’habillage ne suffiront pas.

- Le dépassement, ce n’est pas l’effacement. La promesse originelle était de dépasser les clivages, pas d’effacer nos différences. En ce sens, notre unité ne doit pas se résumer à l’unanimité ou à une synthèse molle. Il y a besoin de remettre en ordre le processus démocratique dans notre mouvement et cela passe par l’élection visant à renouveler le bureau exécutif, qui doit avoir lieu en novembre, sans être repoussée en juin 2021 comme le voudraient certains.

- La raison de mon engagement dans ce mouvement, c’est la vision qu’Emmanuel Macron porte depuis 2017. Je serai à ses côtés pour tous ses combats. Mon départ vise justement à susciter une nouvelle dynamique. Le président a besoin d’un parti fort pour 2022.

- [Demandes de contreparties de l’Etat aux entreprises, dans le cadre du plan de relance] Il faut accroître les contreparties et nous y veillerons, notamment sur le maintien de l’emploi, en échange de la baisse des impôts de production. Il ne faut pas reproduire les mêmes erreurs que le pacte de responsabilité de François Hollande.

- Nous sommes attendus sur la lutte contre la délinquance, notamment par nos concitoyens les plus fragiles. Sur le séparatisme, nous devons assumer la complexité de ce sujet et éviter les amalgames.

 

Christophe Castaner (président du groupe à l’Assemblée nationale)

- C'est notre voie : à l’écologie de l’incantation, je préfère celle de l’action et de l’attention; une écologie du mieux pour un modèle à la fois écologique et exigeant ; un modèle qui ne confronte pas l’agriculture, l’économie, les loisirs à une logique du moins, toujours moins.

- Dès demain notre assemblée s'attaque à un sujet important : celui du soutien à la filière betterave-sucre, aujourd’hui menacée de disparition. Toutefois, il n’est pas question d’abandonner la filière betterave-sucre ni les régions concernées. Nous faisons 2 propositions : limiter la dérogation dans la loi aux seules betteraves sucrières, instituer un comité de suivi qui sera doté de réels pouvoirs de contrôles. Notre ambition est de poursuivre la transformation de notre modèle agricole, tout en soutenant les agriculteurs dans cette démarche et en veillant à ne pas laisser sur le bord de la route les quelques 25 000 agriculteurs qui composent cette filière betterave-sucre.

- 2007-2012: 12 500 postes de policiers et gendarmes supprimés, fermeture de 14 unités de CRS, de 4 écoles de formation, fin des Renseignements Généraux...halte aux Tartuffe de la sécurité, nous payons encore les pots cassés du calamiteux bilan sécuritaire de la droite.

 

Aurore Bergé (porte-parole)

- En aucune manière. Il nous reste dix-huit mois avant la fin du quinquennat. L’ambition qui nous réunit, c’est que les députés soient au cœur de l’action et de la vie politique. La création d’En marche! visait à répondre à la crise démocratique. La promesse de réconciliation des Français avec la vie politique est l’un de nos moteurs. La première marche a été réussie avec la création du mouvement, l’élection d’Emmanuel Macron et le renouvellement profond de l’Assemblée. Nous avons sans doute trop essayé de nous conformer à des méthodes, des habitudes contre lesquelles nous avons été élus. Nous ne pouvons pas être pris en permanence en étau entre l’accusation d’être des godillots ou des frondeurs. Nous pouvons opter pour une ligne médiane: une loyauté absolue au président et la capacité à voir les combats politiques que nous portons être menés jusqu’au bout.

- Nous devons réparer un pays fracturé et morcelé, où la cohésion sociale et territoriale est particulièrement fragile. Cela passe par la protection de ce que nous avons en commun. Protéger nos familles avec la loi grand âge et autonomie pour répondre aux défis du vieillissement et de la dépendance. Réaffirmer la place de nos services publics dans les territoires: regardez le désastre de La Poste pendant le confinement! Les services publics ne peuvent être défaillants ou disparaître de l’espace public. Préserver notre biodiversité et soutenir la transformation de notre agriculture. Nous appuyer sur la culture, qui reste le premier levier de cohésion et d’émancipation. Refuser tout séparatisme, qui n’est que la conséquence d’un retrait de la République.

- C’est une nouvelle phase qui s’ouvre et la reconstruction du pays qui s’engage! Nous allons investir dans les territoires avec les 100 milliards d’euros du plan de relance. Les députés devront faire partie des comités de suivi locaux pour en garantir l’efficacité. Nous avons dix-huit mois de combat devant nous. Il est hors de question de rompre avec la promesse originelle d’En marche! ou de nous arrêter au milieu du gué.

- Aujourd’hui, notre filière betteraves est en danger de mort. Voter des principes, c’est bien. Mais se donner les moyens de les appliquer, c’est mieux. Ça n’a pas été fait en 2016, et nos agriculteurs et les 46.000 emplois qui en dépendent en paient le prix fort. Aujourd’hui, nous changeons de méthode: encadrement strict des dérogations, des moyens pour la recherche et des outils de suivi et de contrôles effectifs.

- Le parti n’existera durablement que s’il a un socle idéologique puissant. C’est ce qui nous a manqué lors des élections municipales. Notre message était diffus. Nous avons des lignes rouges clairement définies et ne ferons aucune alliance avec des populistes. Cette clarté manque terriblement aux autres formations politiques. Nous devons refuser toute compromission avec des sortants qui ne partageraient pas nos valeurs. Je pense notamment à l’exemplarité et la probité. Nous devons continuer à nous élargir, accepter que LaREM n’est pas un horodateur qui décerne un certificat de bon marcheur en fonction de votre heure et de votre jour d’arrivée. Mais sans rien renier ou trahir.

- Les partis politiques sont morts de la faiblesse de leur matrice politique. Regardez encore récemment EELV: quinze jours de débat sur le sapin de Noël et le Tour de France! C’est ça, l’ambition écologique pour notre pays: attaquer des symboles sur ce qui fait aussi notre identité? Il nous reste dix-huit mois pour que notre mouvement s’affirme. Nos instances doivent se renouveler: un sursaut est nécessaire. La maison commune avec nos partenaires ne peut pas être une dissolution d’En marche! mais doit nous donner la possibilité de faire vivre toutes nos sensibilités. Pour faire élire Emmanuel Macron en 2022, nous devons tous être au combat!

 

●MoDem

Jean-Noël Barrot (secrétaire général)

- La réactivation du Commissariat général au plan était salutaire évidemment tant il était important que nous puissions réarmer notre capacité d’anticipation, reprendre notre destin en main, et inscrire la politique dans le temps long. 

- Une idée que nous défendons depuis longtemps, est celle d'une Europe plus forte, plus solidaire, plus indépendante. Il y a quelques mois encore, cette idée paraissait presque désuète dans une Europe en proie au doute, en proie aux désunions et en proie au processus du Brexit. Mais le 21 juillet dernier, à l’aube, l'Europe s'est réveillée de sa torpeur et sous l'impulsion du Président de la République, de la Chancelière allemande, une solidarité nouvelle est née entre les peuples d’Europe qui ont décidé de se doter, face à la crise, d’un plan de relance commun, d'une dette commune et de ressources propres. C'est évidemment fondamental, mais il faudra aller plus loin. Je pense notamment à la règle de l'unanimité qui, à bien des égards, est un boulet et qui limite notre capacité d'action et donc, notre indépendance.  Je pense aussi au drame qui se joue aujourd'hui en Méditerranée, il y a quelques semaines encore, en Grèce. Nous ne pouvons rester insensibles à la situation de ces demandeurs d'asile qui frappent à la porte. 

- Cette semaine, la Commission européenne présentera son pacte pour l’immigration et je compte sur nos députés européens pour contribuer à ce pacte dans la fidélité à nos valeurs

- La revitalisation de nos institutions, de notre vie démocratique ne se fera que par l'éveil de la conscience civique et par l'instauration de la proportionnelle, car nous ne pouvons nous résoudre à accepter la progression constante de l'abstention à tous les scrutins, nous ne pouvons non plus nous résoudre au discrédit qui est jeté sur le Parlement par des citoyens qui ne comprennent pas pourquoi ils n’y sont pas représentés.

- La lutte contre toutes les formes d'inégalités passe évidemment avant tout, par l'éducation mais aussi par un meilleur partage et une meilleure association des salariés à la richesse qui est créée. C'est la raison nous défendons la participation, l’intéressement et l’actionnariat salarié dans le cadre de la discussion du plan de relance. 

- Dans les temps incertains que nous sommes en train de traverser, il faut que, collectivement, nous soyons vigilants. Il faut que nous soyons en veille, car la démocratie, vous le savez, ne se décrète pas. Elle ne tombe pas du ciel. Elle n'est jamais acquise. C'est un sillon qu’il nous appartient de labourer et de semer avec de la patience, avec de la détermination et avec du cœur, avec l’envie de changer le monde, de faire évoluer le cours des choses. 

- L’essence, le rôle d’un mouvement politique, éveiller les consciences, produire des idées nouvelles, les défendre et les mettre en œuvre.

 

●UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

 

Les tensions en Méditerranée orientale sont très préoccupantes. Elles relèvent de nombreux enjeux et concernent la cohésion européenne. Les putés UDI demandent un débat à l'Assemblée sur la situation en Méditerranée orientale et nos relations avec la Turquie.

 

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le courage de la liberté

Le problème le plus profond de nos démocraties actuelles n’est-il pas que les personnes qui y naissent n’aient jamais eu à se battre pour conquérir la liberté qui leur est offerte si tant est qu’elles aient l’envie et le vouloir de l’exercer.

Or c’est bien là le point crucial: la liberté n’est pas gratuite et en l’offrant sans compensation autre qu’une promesse tacite d’en faire bon usage, on fait croire, en réalité qui n’en est qu’une fausse, que la liberté ne vaut rien.

Or la liberté a un prix qu’il faut accepter de payer pour la pratiquer.

Bien entendu, il n’est pas acceptable de supprimer la liberté de chaque humain qui nait en démocratie mais il faut que ceci s’accompagne, le plus précocement possible d’une éducation à la liberté qui passe par une sorte d’acquisition de celle-ci où chacun doit être conscient qu’il est redevable constamment de posséder ce bien si précieux.

Autrement, il ne peut que penser que la liberté est un objet de peu de valeur puisqu’on la lui donne sans aucune contrepartie et qu’il peut en faire ce qu’il veut même la jeter aux ordures, même la vendre au plus offrant, comme une sorte d’escroc, alors qu’il l’a acquise gratuitement!

Ceux qui ont du se battre pour acquérir la liberté savent très exactement son prix au cent près, notamment dans les pays qui furent des dictatures totalitaire lors de leur naissance et d’une parti de leur existence.

Mais ce n’est pas le cas de ceux qui l’on trouvé dans leur berceau à côté d’un ours en peluche et d’un hochet, bercés par la douce mélodie d’une boite à musique et des objets défilants devant ses yeux.

Dès lors, c’est par le courage d’être libre qu’ils doivent en payer le prix ou alors dire qu’ils y renoncent pour eux-mêmes mais ne pouvant évidemment jamais la rejeter pour les autres.

Parce que l’on est détenteur uniquement de sa propre liberté et rien ne nous permet de mettre en gage celle de l’autre.

Ce courage est de se mobiliser sans cesse pour, non seulement, protéger la liberté mais aussi la faire vivre dans le respect de la liberté de l’autre.

Oui, nous devons savoir que nous déboursons de nous-mêmes pour posséder cet extraordinaire mais exigeante compagne qu’est la liberté.

Si tel n’est pas le cas, elle est ramenée à une sorte d’objet publicitaire distribué par la démocratie et, comme tout objet de la sorte, on le ramasse, on le met dans un tiroir jusqu’au jour où on le jette faute de s’en être servi et de l’avoir entretenu.

En ce début de troisième millénaire où certains pensent que la liberté est une survivance néfaste du passé quand d’autres estiment qu’elle permet tout et n’importe quoi (ce qui, en l’occurrence, s’appelle la licence), qu’elle est l’absence de contraintes – ce qui soi dit en passant est ne rien comprendre à son essence – en oubliant que son autre face s’appelle responsabilité, nous devons devenir des courageux de la liberté si nous voulons, nous devons devenir des courageux de la liberté si nous voulons, nous et nos enfants et les générations futures, encore goûter à ses fruits délicieux mais qui comme presque tout ce qui est bon n’est jamais facile à attraper dans l’arbre de la vie parce qu’étant plus proche de la cime que du tronc même si elles vivent grâce aux racines profondes que d’autres courageux, avant nous, ont créées en semant les graines adéquates.

Parce qu’il vaut toujours mieux profiter de ce que l’on a que de devoir le conquérir faute d’avoir su sa valeur.