lundi 7 septembre 2009

L'éditorial d’Alexandre Vatimbella - La politique, le Centre et la fidélité à ses valeurs

Faire de la politique procède de deux ambitions. Une ambition pour faire triompher ses idées et une ambition personnelle de parvenir aux plus hautes fonctions. Si les deux se combinent habilement, on peut garder alors une grande partie de son intégrité tout en ayant fait les concessions habituelles afin de parvenir dans les allées du pouvoir. Si l’ambition de faire triompher ses idées est trop prégnante, elle devient malheureusement un handicap car alors on n’est pas assez flexible dans un univers où cette dernière caractéristique est une des qualités requises pour réussir. Si l’ambition personnelle de parvenir aux plus hautes fonctions l’emporte, on devient alors cynique et uniquement mu par un intérêt d’avoir le pouvoir puis de le garder coûte que coûte tout en flattant son égo.

Quand on parle d’idées, il est bien entendu que l’on peut évoluer et que l’on peut même changer de camp si ce transfert s’effectue en toute clarté et si l’on demeure fidèle à ses valeurs. Mais l’évolution n’est pas un retournement de veste si bien chanté voici quelques décennies par un Jacques Dutronc. Ce n’est pas, non plus, la pêche aux voix. Bien sûr, à la lumière de ce que l’on vient de dire, peu d’hommes et de femmes politiques peuvent entrer dans le portrait robot du politique intègre et fidèle à ses valeurs exerçant le pouvoir pour promouvoir avant tout ses idées et flatter son égo ensuite.

Bien sûr, à Droite comme à Gauche, on connait de nombreux politiciens qui ont renié leurs camps. Néanmoins, ce sont souvent ceux du Centre qui sont accusés de ne faire que la chasse aux postes, des accusations pas toujours mensongères… Même s’il faut ajouter immédiatement que le positionnement du vrai Centriste, un juste équilibre consensuel, rend plus facile ce type d’accusations dès que celui-ci partage une vision politique avec la Droite ou la Gauche.

Pour autant, les récents déchirements et divisions du Centre montrent que la tentation du pouvoir à tout prix en marchant sur les convictions et les valeurs que l’on a défendu jusque là semblent animer le comportement d’un certain nombre de têtes d’affiche du Centre. Non pas que les alliances que ceux-ci veulent réaliser soit à droite, soit à gauche les rendent suspects a priori puisque celles-ci sont évidemment nécessaires puisque le Centre n’est pas majoritaire politiquement dans le pays et que le splendide isolement n’est guère très efficace pour peser sur le devenir du pays. Ce sont plutôt les raisons de ces alliances et rapprochements qui doivent nous interroger. Et l’analyse de celles-ci montrent que l’aiguille penche souvent plus du côté de l’ambition personnelle que de la défense et la promotion des idées. C’est bien dommage parce qu’un Centre indépendant et réuni aurait la capacité de pouvoir peser sur la vie politique de la France de manière très efficace en orientant celle-ci vers un consensus qui fait très largement défaut actuellement. L’unité du Centre par la réunion des partis qui s’en réclament est la seule voie possible pour faire triompher les idées centristes. Le morcellement qui peut avoir ses atouts en modérant la vie politique de la nation face aux tentations de radicalisation a actuellement atteint ses limites. En effet, au lieu de maintenir la Droite et la Gauche sur des positionnements modérés, elle leur a permis, pour des raisons de tactiques politiciennes d’adopter un discours plus extrémistes et de démarrer des processus de rapprochement avec leurs extrêmes. Dès lors, le Centre qui s’est allié avec la Droite et celui qui veut s’allier avec la Gauche sont en train de devenir des alibis alors qu’une forte polarisation se met en place. Bien sûr, certains politiciens du Centre y trouveront une récompense mais cela se fera au détriment du Centre et du Centrisme…

Actualités – France – Avant son dernier virage à gauche, François Bayrou restait un centriste pour la majorité des Français

Réalisé avant ses dernières prises de position de ce week-end sur une offre d’alliance avec le Parti socialiste, un sondage de CSA pour Le Parisien indiquait que 55% pour des Français considéraient François Bayrou comme un centriste, terme, rappelons-le, qui a toujours été rejeté par le leader du Mouvement démocrate qui situe sa démarche dans une nébuleuse «troisième voie» dont il doit détailler enfin les contours à la fin de l’année lors d’un congrès programmatique de son parti. Toujours selon le même sondage, 13% des personnes interrogées le situent à gauche alors que 20% ne savent pas où le situer.

Pour les électeurs de la droite, 24 % considèrent qu’il est désormais de gauche (8% à droite) alors que 15% des électeurs de gauche le considèrent à droite (64% au centre et 11% à gauche). A noter que 1% des électeurs du Mouvement démocrate estiment qu’il est à droite.