mercredi 15 mai 2013

Actualités du Centre – Bayrou: ses incohérences expliquent sa défaite en 2012 selon le Cevipof


La campagne présidentielle de François Bayrou en 2012 qui a divisé par deux son score par rapport à 2007, l’a fait perdre ensuite aux législatives puis l’a fragilisé politiquement, a été mauvaise, tout le monde s’accorde sur ce point. Le Cevipof (Centre de recherche politique de Sciences Po Paris), lors d’une journée consacrée à l’élection présidentielle, un après, a argumenté sur ce constat.
Alors que les sondages en sa faveur montrent un frémissement de très courte durée lors de sa déclaration de candidature pour ensuite se caler à moins de 10% d’intentions de vote tout au long de 2012, rapidement, quatre fragilités se font jour selon Sylvie Strudel, professeur de Sciences politique à l’université de Paris II.
La première est l’absence de reconquête de son électorat de 2007. Ensuite, ses électeurs potentiels sont dans une indétermination prolongée quant à leur vote. Ceci est sans doute due au fait que ceux-ci estiment largement qu’il est dans une indécision chronique sur son positionnement et son programme. Enfin, il n’arrivera jamais à imposer, même parmi ceux qui voteront pour lui, une vraie image présidentielle.
Mais il y a également les incohérences sur le programme, sur le positionnement et, surtout, sur la vision de la situation politique en 2012.
Ainsi, son électorat est beaucoup plus à droite (il ne bénéficie pas des électeurs de la gauche modérée ou du centre-gauche horrifiés en 2007 par la candidature Ségolène Royal) et il fait, in fine, une deuxième partie de campagne nettement plus à gauche qui se terminera par son appel à voter pour le candidat du PS, François Hollande.
Son positionnement va fluctuer dans un premier temps.
D’abord, François Bayrou fait l’analyse que le maillon faible est François Hollande et qu’il peut être son remplaçant dans la bataille contre Sarkozy. Son positionnement est donc à gauche principalement.
Ensuite, sondages aidant, il s’aperçoit que le maillon faible sera Nicolas Sarkozy et qu’il peut peut-être lui disputer la place de finaliste face à Hollande. A ce moment-là, son discours se droitise.
Puis, dans un deuxième temps, il comprend qu’il ne peut ni remplacer le premier, ni le second. Il rejoue alors la carte au centre du Centre mais avec une inflexion du discours plutôt à gauche couplée avec cette haine tenace du président sortant qui la lui rend bien…
Le tout avec des propositions fort éloignées souvent du corpus centriste comme ses appels à un nationalisme productiviste (produire et acheter français) alors qu’il montre peu son attachement à l’Europe, au libéralisme solidaire ou à la décentralisation.
Le parti-pris nationaliste et productiviste sera d’ailleurs une épée dans l’eau car rejeté par son électorat. Ainsi, les classes populaires, dont les ouvriers, à qui cela s’adressait principalement en vue de les séduire, seront particulièrement sous-représentées dans son électorat de 2012.