vendredi 14 août 2020

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Pour Trump et ses affidés, tout ce qui n’est pas à l’extrême-droite est à l’extrême-gauche!

On se doutait bien que le choix par Joe Biden de Kamala Harris comme sa colistière pour la présidentielle provoquerait immédiatement des attaques ordurières de la part de Donald Trump (qui n’a-t-il pas insulté depuis sa naissance?!) mais aussi sur ses opinions politiques.

Et il était évident qu’elle serait dépeinte comme une gauchiste de la pire espèce tout comme l’a été, en son temps, Hillary Clinton…

Voilà qui fera bien rire l’aile gauche du Parti démocrate qui la considère comme une centriste trop mesurée et tempérée.

Centriste, c’est d’ailleurs ce qu’elle est selon l’avis des politistes, politologues et journalistes politiques sérieux.

Une aile gauche qui a déjà réagit en s’inquiétant de sa trop grande modération mais aussi de ses anciennes expériences professionnelles au sein de la justice comme celle de procureure de San Francisco.

Mais au-delà de ses mensonges électoraux, il y a une réalité bien plus profonde: pour Trump et ses affidés ainsi que toute une frange du Parti républicain, tout ce qui n’est pas à l’extrême-droite est à l’extrême-gauche dans une vision idéologique aussi primaire que dangereuse pour la démocratie.

En voulant polariser le combat jusqu’à l’extrême, les républicains ont laissé se développer, ces dernières décennies, un climat malsain où il n’y a que des bons Américains (eux-mêmes) et des mauvais (tous les autres et plus particulièrement, évidemment, les démocrates).

Cette volonté obsessionnelle a vu le jour au cours de la présidence de Ronald Reagan dans les années 1980, s’est poursuivie sous celle du démocrate Bill Clinton, a connu un renouveau sous George W Bush et a atteint des pics sous la présidence du démocrate Barack Obama et lors de la campagne électorale de 2016 où la candidate démocrate Hillary Clinton a été la victime d’attaques inadmissibles.

Du coup, ils ont instillé dans la population – d’abord chez leurs troupes et leurs électeurs puis, de plus en plus, chez tous les Américains – qu’il y aurait une guerre civile plus ou moins larvée entre les «eux» et «nous».

Ce qui a provoqué – ce qui était souhaité – une radicalisation d’une partie de la gauche américaine mais uniquement par contrecoup.

Aujourd’hui, avec le démagogue populiste aux accointances racistes et extrémistes, admirateur des autocrates du monde entier, cette stratégie politique atteint ce que l’on espère être son pic même si l’on est très inquiet que cela ne soit qu’une étape vers des sommets toujours plus haut de créer un fossé irréversible dans la population américaine au risque de provoquer de la violence récurrente et un effondrement du pays.

Rappelons que beaucoup de personnalités républicaines, dont évidemment Trump, sont de vrais adeptes de la théorie du complot du «deep state», l’état profond qui régirait soi-disant le pays dans l’ombre sous la direction des démocrates et que l’une de leur volonté affichée depuis longtemps est de détruire l’Etat fédéral et de vider toutes les lois de leur contenu dans une vision libertairienne où la dérégulation et, surtout, le chaos sont des situations bénéfiques.

La campagne électorale qui a déjà débuté montre bien que les républicains – minoritaires dorénavant dans le pays comme l’ont montré toutes les dernières élections présidentielles et législatives, seuls le système et le charcutage électoraux mais aussi les lois de certains Etats empêchant le vote des minorités et d’autres groupes proches des démocrates, ayant permis leurs victoires, comme celle de Trump en 2016 – vont s’en donner à cœur joie dans ce qu’ils veulent être une confrontation et non un rendez-vous de la démocratie, où ils tenteront une nouvelle fois, sans se préoccuper de la réalité et de la vérité, de jouer les antagonismes les plus frauduleux et les plus simplistes.

Et pourquoi se priver puisque cela marche!

En retour, c’est bien à un affaiblissement de la démocratie et de la république auquel on assiste d’autant qu’il est bien compris qu’à terme, c’est bien «nous» qui doit triompher définitivement de «eux».

Comme dans tout projet totalitaire.