samedi 4 avril 2020

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Face au covid19, faut-il une union nationale et laquelle?

Macron la demande, Bayrou la réclame, Lagarde l’estime nécessaire tout comme Stanislas Guerini ou Gilles le Gendre.
Toute la sphère centriste et centrale veut une union nationale afin de mener la «guerre» contre le covid19.
S’il est difficile de définir ce que doit être une telle union alors même que l’expression semble d’une clarté cristalline, on peut dire qu’il s’agit d’une grande coalition de toutes les forces politiques du pays qui possède, en outre, le soutien de la population.
Cependant, cette coalition doit-elle regrouper tous les partis politiques et toutes les sensibilités idéologiques ou simplement ceux et celles qui soutiennent le système de la démocratie républicaine?
De même, sur quoi doit-elle porter, sur l’épidémie stricto sensu et la manière de la combattre ou sur tout le spectre de la politique de la période concernée?
Quelle peut être la latitude de critique de l’action gouvernementale dans le cadre de cette union et faut-il que toutes les forces politiques soient associés au pouvoir, pas simplement au Parlement, mais aussi dans un gouvernement d’union nationale?
Et quelles peuvent être les décisions prises collectivement au cours de la période d’union?
Est-ce que cette union doit également se manifester dans les médias et s’exprimer dans de grands rassemblements populaires.
En l’occurrence, pour ce qui est d’une crise épidémique comme celle du covid19, le confinement exclut cette dernière éventualité mais des initiatives, notamment, sur internet et les réseaux sociaux sont-ils souhaitables?
In fine, l’union nationale peut-elle réellement exister?
Lors des deux conflits mondiaux du XX° siècle, celle-ci a souvent eu bien du mal à être une réalité sur la durée.
Pendant la Grande guerre, nombre de fissures ont existé entre les gouvernants, en particulier sur la continuation du conflit et la recherche de la paix avec des confrontations célèbres telles celles qui ont opposé, par exemple, Aristide Briand et George Clémenceau.
Si l’on doit parler d’union nationale et la souhaiter, il ne faut pas se faire d’illusion mais simplement espérer que l’ensemble de la sphère politique ainsi que l’entière population soit d’accord sur l’objectif qui la nécessite ainsi que sur quelques grandes lignes pour y parvenir.
Si c’est le cas, alors c’est déjà une victoire pour la cohésion nationale.
Demander plus est une chimère qui peut même tuer dans l’œuf toute possibilité d’union.
Un mot encore.
Souvent, on croit que le Centre et le Centrisme, de par leur volonté de trouver systématiquement un consensus dans le gouvernement du pays, seraient les grands défenseurs de l’union nationale.
Une idée qu’a propagée François Bayrou qui n’a cessé de la réclamer depuis des années.
C’est une grossière erreur car les centristes ne recherchent pas un unanimisme de toute façon introuvable mais bien un débat politique où s’affrontent les idées et où ils défendent les leurs avec une grande conviction et sans compromission.
Reste que dans les moments difficiles que nous vivons actuellement, l’union nationale, comme je l’ai définit ad minima, leur semble le meilleur moyen pour les affronter avec le plus d’atouts dans la manche.