mardi 28 août 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Existe-t-il un «vrai» Mitt Romney?


Les médias américains se posent cette question depuis que le candidat républicain qui vient d’être investi par son parti lors de la Convention de Tampa (Floride) a changé la plupart de ses opinions, parfois prenant le contrepied exact de ce qu’il disait auparavant, notamment sur les sujets de société, de l’avortement à l’assurance santé en passant par le changement climatique.
Autrefois, il défendait toutes ces positions contre lesquelles il est désormais.
Autrefois, il était considéré comme un modéré, voire un centriste.
Comme l’explique un conseiller de Mitt Romney sous couvert d’anonymat, interrogé par le quotidien Boston Globe, il devait obligatoirement changer s’il voulait être le candidat républicain.
Mais certains de ses anciens amis estiment qu’il s’est fourvoyé car il reste au fond de lui-même un modéré alors que d’autres pensent qu’il a toujours été un homme «façonné par le pragmatisme», c’est-à-dire favorisant les buts qu’il se fixe et adaptant à ceux-ci ses valeurs et son discours.
D’où cette impression de «flip-flop» (de volte-face mais également d’indécision) qui lui colle à la peau.
Ainsi, il fut libéral comme candidat puis gouverneur du Massachussetts (un des Etats les plus à gauche de l’Union) et il est un conservateur proche des réactionnaires en tant que candidat du Parti républicain (de plus en plus radicalisé à droite) à l’élection présidentielle.
Ses conseillers, eux, tentent de faire accréditer la thèse selon laquelle il a eu une sorte de révélation et que ses idées actuelles ne font que traduire sa nouvelle vision politique.
Romney, quant à lui, se déclare «sévèrement» conservateur.
En réalité, le problème est que Romney souhaitait se présenter comme l’anti-Obama intégral et de faire de la présidentielle un référendum contre le président sortant, à la fois, pour masquer son vide programmatique mais également pour adopter toutes les positions extrêmes du Parti républicain et donner des gages aux militants les plus à droite.
A ce sujet, d’ailleurs, une des réponses favorites du candidat républicain, lorsqu’on lui pose une question sur ses positionnements passés est d’affirmer qu’il ne se préoccupe pas d’hier mais uniquement de demain…
Sentant cela, les démocrates ont alors décidé d’accès prioritairement leur campagne sur l’homme Romney pour démontrer qu’il n’était qu’un riche financier, plaçant son argent à l’étranger pour échapper à l’impôt, déconnecté des préoccupations des gens «normaux» et sans réelle expérience du pouvoir.
Et ils ont réussi, les Américains étant plus que réservés sur Romney ainsi que le montre l’ensemble des sondages.
Ceci pourrait s’avérer comme un handicap rédhibitoire pour le républicain sachant que jamais un candidat qui, majoritairement, n’inspirait pas confiance n’a été élu à la Maison blanche.
Dès lors, l’équipe de campagne d’Obama continuera à poser des questions dérangeantes sur le «vrai» Mitt Romney.
Pour autant, rappelons aussi qu’aucun président sortant n’a jamais été réélu avec un taux de chômage aussi élevé qu’actuellement!
Faites vos jeux…
Alexandre Vatimbella