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vendredi 15 avril 2022

Vues du Centre. L’appel de Le Pen aux militants de gauche à voter pour elle est une insulte à leurs convictions

Par Aris de Hesselin

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.

Tel père, telle fille

Il m’est arrivé de voter pour la Gauche et même d’être membre d’un parti la représentant.

Si un membre de la famille Le Pen était venu faire de la retape pour que je vote pour lui, j’aurai pris cela comme une véritable insulte tant mon militantisme à gauche était également un combat contre l’extrême-droite.

Voter pour l’extrême-droite quel que soit son représentant et quel que soit le candidat face à lui, cela aurait été la négation de tout mon engagement politique, une éventualité qui n’a jamais en était une, pas une seule seconde.

Cet engagement pour la liberté aujourd’hui que je suis proche du Centre est demeuré une évidence.

Qui, en se disant réellement de gauche, peut voter pour Marine Le Pen, la fille de l’autre et la nièce de celle qu’elle a formée à la politique et qui a adoubé Zemmour?!

Quelle personne se disant de gauche peut voter pour les idées réactionnaires et le programme autocratique et démagogique de la famille Le Pen?!

Qui peut à gauche peut avoir oublié d’où vient la fille Le Pen et des «blagues» racistes et antisémites de son père, plusieurs fois condamné pour cela, lui, le vendeur de disques de chants hitlériens?!

Une fille, amie de Poutine et admiratrice de Trump, qui n’a pas hésité il n’y a pas dix ans, pas cinq ans mais en 2021, il y a huit- mois, de poser devant une bibliothèque où l’on distinguait nettement le journal de l’idéologue en chez du nazisme, Joseph Goebbels, celui qui se suicida dans le bunker de Hitler en assassinant d’abord tous ses enfants et un ouvrage sur le monstre lui-même, le tout chez des amis de la leader du FN/RN!

Et un électeur de gauche pourrait glisser un bulletin à son nom dans l’urne le 24 avril?

Je dirai même, un électeur de gauche peut-il vraiment s’abstenir devant la menace qu’elle représente?

En 2002, j’était plus à gauche que la plupart des trublions qui éructent «ni Le Pen, ni Macron» – dans un délire fantasmagorique et une irresponsabilité que n’excuse pas leur jeune âge où on peut associer un opposant politique démocrate et une amie de Poutine qui rêve de faire de la France une nouvelle Russie –, mais je n’ai pas hésité une seule seconde à voter Jacques Chirac, chose que je n’avais jamais envisagé de ma vie auparavant.

Mais je savais qu’avec Chirac, il y aurait de prochaines élections et que je pourrais continuer à m’exprimer librement.

Aris de Hesselin

 

mercredi 7 novembre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. La victoire historique de Barack Obama


Il y avait tant de raisons pour que Barack Obama perde le 6 novembre: un taux de chômage à près de 8% qui n’avait jamais permis la réélection d’un sortant; une croissance plus que modérée qui continue à peser sur le bien être et le moral des Américains; un président trop noir et trop cérébral parfois trop brillant; des déçus tant à gauche (pas assez de réformes) qu’à droite (trop de réformes) qui, tous, lui reprochaient son positionnement indubitablement centriste; des républicains souvent franchissant les limites de la décence à son encontre et bénéficiant d’une manne financière quasiment illimitée pour un seul but, faire du président tant honni, un «one term president» (le président d’un seul mandat), comme le clamait sans vergogne leur leader au Sénat, Mitch McConnell, qui n’a d’ailleurs pas hésité à en rajouter une couche hier, comme tout mauvais perdant dévoilant son irrespect du vote démocratique.
Sans oublier des signes négatifs en pagaille comme…la dernière défaite, juste avant le scrutin, de l’équipe de football américain des Redskins (l’équipe de la capitale, Washington) qui va généralement de pair avec celle d’un président sortant.
Et pourtant, Barack Obama a gagné.
Et c’est véritablement une victoire historique, un adjectif qui n’est pas trop fort, tout autant que celle de 2008 mais pour d’autres raisons.
D’abord et surtout parce qu’il est le seul des dirigeants des grand pays développés à retrouver son siège dans cette crise plus ou moins larvée selon les pays. Ainsi, les Zapatero (Espagne), Berlusconi (Italie), Brown (Royaume Uni) et Sarkozy (France), parmi d’autres, sont passés à la trappe du suffrage populaire, victimes d’une situation économique et sociale difficile.
Ensuite, parce qu’il a démontré qu’il était réellement le président de cette nouvelle Amérique qui se construit, celle de l’avenir qui est désormais un melting-pot, non plus d’Européens blancs, mais de blancs, de latinos, de noirs et d’asiatiques.
Enfin parce qu’il a démontré que son élection de 2008 n’était pas un accident ou une simple rédemption d’une nation où l’esclavage des noirs puis leur marginalisation les a cantonnés pendant longtemps en simple spectateur impuissants et déshérités de la réussite du pays dont ils étaient des citoyens de seconde zone quand on voulait bien les considérer comme des citoyens.
A l’opposé de 2008, il a gagné la présidentielle sur un bilan, certes parfois contesté mais réel (il a été un des plus importants présidents législateurs de l’histoire du pays), et non sur une image, démontant l’inanité des attaques et des menaces haineuses et racistes de ses opposants les plus virulents comme ceux du Tea Party qui le montraient en Hitler, Staline ou le Joker de Batman venues d’arrière-pensées que l’on pensait révolues.
Oui, pour ces raisons, la victoire de Barack Obama est historique.
Reste à savoir, maintenant, si ses huit ans de présidence seront, eux aussi, historiques car il y a encore beaucoup de boulot comme il l'a reconnu lui même hier lors de son intervention devant les militants démocrates réunis à Chicago après les résultats faisant de lui un «two term president».
Rendez-vous en 2016.
Alexandre Vatimbella

lundi 5 novembre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Les Américains prédisent une victoire d’Obama


Les sondages sur le nom du prochain président des Etats-Unis indiquent que les Américains prédisent majoritairement la victoire de Barack Obama.
Les dernières études donnent entre 53% et 56% d’Américains qui estiment que c’est le président sortant qui sera réélu demain alors qu’ils ne sont qu’entre 29% et 32% à voir Romney à la Maison blanche.
Lors des cinq dernières élections, les sondés ont toujours prédit correctement le nom du vainqueur du scrutin en nombre de voix: Bill Clinton, Al Gore, George W Bush, Barack Obama (rappelons qu’en 2000, George W Bush fut élu avec moins de voix qu’Al Gore mais plus de grands électeurs après un recomptage et une décision controversée de la Cour suprême).
En ce qui concerne les sondages sur les intentions de vote, ceux-ci continuent à donner des chiffres contradictoires même si, généralement, Barack Obama est, soit à égalité avec Mitt Romney, soit possède une petite avance comme dans la dernière étude du Pew research center qui le donne gagnant avec 50% des voix contre 47% à son adversaire républicain.
En outre, selon plusieurs spécialistes des études d’opinion comme Nate Silver (fivethirtyeight.blogs.nytimes.com) ou Drew Linzer (votamatic.org), l’analyse de l’ensemble de celles-ci indiquerait une victoire plus que probable de Barack Obama.
Des analyses pointues qui permettent de porter un regard critique sur les médias pour leur gestion des résultats des sondages qui les choisissent en fonction de ce qu’ils veulent démontrer ou de leur positionnement politique.
Sans oublier, bien sûr, que pour maintenir un suspens propre à faire monter les taux d’audience ou de vente, il vaut mieux que l’incertitude dure le plus longtemps possible…
Alexandre Vatimbella

mercredi 31 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. L’élection dans une semaine… si tout va bien


Mardi 6 novembre se déroulera l’élection présidentielle américaine… si tout va bien.
La tempête Sandy qui a déferlé avec une rare violence sur la côte Est du pays, peut-elle remettre en cause le scrutin dans les Etats touchés, notamment le New Jersey, le plus sinistré?
Ce serait une première tant le respect des dates a été une constante dans l’organisation des élections aux Etats-Unis.
Même pendant les périodes de guerre – que ce soit pendant la Guerre de sécession ou la Deuxième guerre mondiale – tous les rendez-vous électoraux se sont déroulés en temps et en heure.
Pour autant, s’il n’est pas possible de faire voter les Américains qui résident dans des endroits où les routes, les transports et l’électricité ne seront pas rétablis, certains Etats pourraient allonger le délai de l’élection, voire le reporter de quelques jours.
On n’en est pas encore là même si dans certaines zones on ne peut plus voter par anticipation sans que l’on sache très bien qui cela va désavantager puisque les deux camps, républicain et démocrate, affirment qu’ils sont chacun les premiers bénéficiaires de cette possibilité…
Pour l’instant, les commentateurs se demandent si Sandy va changer la donne politique de la présidentielle. Ses conséquences politiques pourraient venir de la gestion de la crise par Obama et des réactions de Romney.
Jusqu’à présent, aucun des deux candidats n’a fait de faux pas mais il est évident que Barack Obama est plus présent dans les médias, notamment à la télévision, en  tant que président des Etats-Unis, donc plus exposé pour le meilleur ou le pire.
Reste que les élus républicains des Etats sinistrés ne peuvent vraiement critiquer son action sans apparaître partisans, ce qui serait mal vu par les populations locales.
Cris Christie, le gouverneur républicain du New Jersey, a d’ailleurs félicité Obama pour sa gestion de la crise, ce qui a étonné de nombreux journalistes alors qu’il expliquait que cela semblait normal de ne pas faire de la politique politicienne quand les vies de vos administrés sont en danger.
De son côté, Mitt Romney, qui avait interrompu sa campagne, l’a reprise ce mercredi en Floride, un Etat disputé par les deux camps. Reste à savoir si les électeurs estimeront que c’était trop tôt ou non pour refaire de la politique «as usual» alors que Barack Obama se déplacera dans le New Jersey (Etat qui votera majoritairement démocrate et donc sans enjeu électoral) pour se rendre compte de l’étendue des dégâts de Sandy en compagnie de Cris Christie...
Alexandre Vatimbella

mardi 30 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Les «likely voters» détiennent-ils la clé de la présidentielle?


Les sondages de la présidentielle américaine de cette année présentent systématiquement deux versions de leurs enquêtes.
D’abord, les préférences des «register voters», les électeurs inscrits (ceux qui peuvent voter): Barack Obama y est toujours en tête.
Ensuite, les préférences des «likely voters», ces électeurs inscrits qui iront effectivement voter (ceux qui veulent voter): Barack Obama et Mitt Romney s’y disputent la première place avec, souvent, un petit avantage au républicain.
C’est la première fois que cette distinction, mise en œuvre pour la première fois dans les années 1950, est autant mise en avant par les instituts de sondage et reprise par les médias.
Est-ce une distinction pertinente?
D’abord, il faut savoir que les instituts de sondage estiment la proportion de «likely voters» et que, comme le rappelle l’institut Gallup, chacun à sa manière de faire…
Le célèbre institut de sondage affirme que l’intention d’aller voter est toujours surestimée par les sondés. Beaucoup de ceux qui déclarent qu’ils voteront ne le font pas. L’institut a donc mis en place sept questions pour déterminer la réalité ou non de ces affirmations.
Scott Keeter, le directeur des études du Pew research center, estime lui, qu’«identifier les ‘likely voters’ est un des aspects les plus difficiles quand on a en charge les sondages électoraux. Plus de sondés que ceux qui mettront un bulletin de vote dans l’urne répondent qu’ils ont l’intention de voter. En conséquence de quoi, la plupart des sondeurs ne se basent pas seulement sur l’intention d’aller voter pour déterminer s’il s’agit d’un ‘likely voters’ ou non. La plupart des sondeurs utilisent une combinaison de questions qui mesurent l’intention d’aller voter, l’intérêt pour la campagne électorale et le comportement passé d’électeur. Les différents sondeurs n’utilisent pas les mêmes questions pour identifier les ‘likely voters’».
Mais, ce qui est intéressant, c’est que Scott Keeter estime que l’utilisation des «likely voters» aux mois de septembre et d’octobre n’est pas forcément pertinente: «au cours des trois dernières élections présidentielles, les études menées par le Pew research center en septembre et en octobre on trouvé peu de différences entre les électeurs inscrits et ceux qui avaient l’intention d’aller voter. A la veille de l’élection, les études ont trouvé une beaucoup plus grande différence. Cette constatation suggère que savoir qui va aller ou non voter devient plus facile au fur et à mesure que le jour de l’élection approche».
Une opinion partagée par l’institut IPSOS qui estime que les électeurs sont mauvais à prédire s’ils voteront ou non et qu’utiliser la catégorie des «likely voters» ne devient pertinent qu’à partir du mois d’octobre et après avoir bien étudié d’autres paramètres comme l’enthousiasme pour l’élection.
Comme l’explique Nate Silver dans le New York Times, les sondages sur les «likely voters» avantagent généralement les candidats républicains, dont Mitt Romney.
Mais si l’utilisation de la distinction entre «register» et «likely» peut être justifiée dans des élections locales ou législatives, elles semblent moins évidentes pour des présidentielles selon lui: «pourquoi les républicains ont cet avantage? Parce que, depuis de nombreuses années, les groupes qui tendent à voter républicain sont aussi ceux qui tendent à avoir les caractéristiques – par exemple, être plus âgé, être blanc et être plus riche – corrélées à une plus grande propension à voter. En même temps, ce n’est probablement pas réaliste de s’attendre à une grande différence dans les pourcentages lors des années d’élections présidentielles. Dans ces années, 83% des Américains qui disent qu’ils sont inscrits affirment qu’ils ont vraiment voté. Ces pourcentages peuvent être un peu trop importants car les électeurs peuvent exagérer leur propension à voter, de même que leur propension à être inscrits. Mais leur nombre réel est probablement autour de 80%. Avec ses taux de participation relativement élevés, les instituts de sondage ne devraient pas supprimer autant d’électeurs inscrits de leurs panels lorsqu’ils confectionnent leurs échantillons de ‘likely voters’, ce qui fait que l’avantage partisan pour l’un ou l’autre des candidats ne sera pas vraiment différent».
Mais si les instituts donnent souvent des estimations assez proches de la réalité des «likely voters», ce n’est pas le cas de ceux qui ont affirmé qu’ils n’iraient pas voter.
Ainsi, les professeurs Rogers et Aida ont fait une étude sur les électeurs déclarant qu’ils n’iraient pas voter. Les deux universitaires ont ainsi mis en lumière que ceux-ci mentaient et, en plus, avec un pourcentage plus élevé que les électeurs déclarant qu’ils iraient voter! Selon leurs résultats, 55% de ceux qui avaient affirmé qu’ils ne se déplaceraient pas pour mettre un bulletin dans l’urne le jour de l’élection sont ainsi allés dans un bureau de vote.
Pour finir, il faut savoir que les équipes de sondeurs des candidats ont leurs propres grilles pour estimer les «likely voters» qui sont beaucoup plus pertinentes que celles des instituts de sondage, car basées sur des données collectées sur le terrain au fil des élections. Et leurs chiffres ne correspondent pas à celles des instituts de sondage grand public…
Alexandre Vatimbella

samedi 27 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Lors d’un choix de société, on choisit autant que l’on élimine


On a beaucoup dit que le choix de Mitt Romney par les républicains était surtout une volonté de se débarrasser de Barack Obama et de tout ce qu’il représente, sachant que l’ex-gouverneur du Massachussetts était le candidat conservateur plus à même de réunir une majorité d’Américains sur son nom lors de l’élection du 6 novembre, plus que les hérauts de la droite extrême ou du Tea Party comme Rick Santorum ou Newt Gingrich, par exemple.
Si cette équation est un peu moins vrai pour Barack Obama, il est évident que nombre d’électeurs de gauche vont voter pour lui - alors qu’ils le considèrent avant tout comme un centriste voire un homme de centre-droit - afin de surtout éviter le retour au pouvoir des républicains.
D’où l’affirmation de certains qu’il s’agit d’un choix par élimination, voire de second choix, ce qui ne serait guère enthousiasmant pour la démocratie (on a dit la même chose pour François Hollande face à Nicolas Sarkozy en France).
Mais, quand il s’agit de choisir entre deux candidats représentant chacun un projet de société spécifique, on choisit autant que l’on élimine.
Et ceci n’est pas infâmant pour la démocratie.
Car même si beaucoup de républicains savent déjà qu’ils seront déçus par un président Romney, de même, nombre de démocrates le sont déjà par la perspective d’une nouvelle présidence Obama.
Sans parler des «independents» de droite et de gauche qui sont souvent très critiques pour les candidats de leurs camps respectifs, sans parler, évidemment, des centristes.
Pour autant, leur décision de se rendre aux urnes et de se déterminer pour l’un ou l’autre des candidats démontrent leur intérêt pour cette élection et pour l’avenir de leur pays.
On a dit, avec raison, qu’en 2008 l’élection d’un démocrate à la Maison blanche était une quasi certitude, non pas parce que leur programme était extraordinaire mais parce que les Américains n’en pouvaient plus de la présidence de George W Bush.
La victoire de Ronald Reagan en 1980 fut, d’abord, un rejet de Jimmy Carter qui, lui-même, arriva au pouvoir en 1976 sur fond d’affaire Watergate et de démission de Richard Nixon en 1974 qui avaient discrédité les républicains aux yeux de l’opinion.
Celui qui l’emportera le 6 novembre prochain ne sera donc pas un président par défaut.
En revanche, il ne lui faudra pas oublier qu’il a été élu dans des Etats-Unis polarisés et avec une marge très réduite.
S’il veut être le président de tous, il devra, quel qu’il soit, agir avec prudence et modération pour ne pas élargir le fossé entre l’Amérique rouge (républicaine) et l’Amérique bleue (démocrate), dans un pays encore fragile et doutant sur ce que sera son avenir.
Il s’agira certainement d’un challenge encore plus difficile que d’avoir gagné l’élection et démontrera sa capacité à être ou non un grand président.
Alexandre Vatimbella

mercredi 24 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Quatre petits candidats condamnés à l’obscurité


Malgré ce que l’on croit - même aux Etats-Unis -, il n’y a jamais eu, lors des élections présidentielles que deux candidats.
On ramène cette élection à l’affrontement entre les représentants des deux grands partis (aujourd’hui le Parti démocrate et le Parti républicain).
Parfois, il y a un troisième larron qui est capable de troubler le jeu (comme en 1912, Theodore Roosevelt qui, ancien président républicain, se représentait sous l’étiquette «progressiste» ou en 1992, Ross Perot, milliardaire et indépendant de droite).
Mais, à chaque élection, on trouve également plusieurs petits candidats (et une liste encore plus longue de ceux qui auraient voulu l’être).
Cette année, on en trouve quatre, une représentante de Green (écologiste), Jill Stein, un représentant du parti libertarien, Gary Johnson, un représentant du Parti de la Justice (gauche), Rocky Anderson, et un représentant du parti de la Constitution (droite), Virgil Goode.
Tous les autres candidats n’ont pas pu être présents dans suffisamment d’Etats afin d’avoir la possibilité d’être élus et n’ont donc pas été autorisés à concourir.
Hier, dans une salle de San Francisco pas entièrement remplie, les quatre précités ont eu droit à leur débat animé par une star de la télévision, l’ancienne vedette du talk show de CNN, Larry King.
Un débat a été beaucoup plus policé et courtois que ceux ayant opposé Barack Obama à Mitt Romney.
Pourtant, de nombreuses questions importantes y ont été traitées comme les lois qui permettent d’emprisonner toute personne qui serait susceptible de porter atteinte à la sécurité nationale et cela sans procès et sans passer devant un juge ou comme la bataille contre les trafiquants de drogue et la légalisation de la marijuana.
Ces petits candidats ne sont pas seulement des originaux ou des rigolos. Ils portent souvent un vrai message politique.
Et s’ils ne recueillent que quelques voix, ils ont pourtant une capacité de nuisance face aux ténors. Ainsi, lors de la présidentielle de 2000, le refus de se retirer de la course du candidat écologiste et figure de la défense des consommateurs, Ralph Nader, avait coûté la victoire au démocrate Al Gore face à George W Bush avec toutes les conséquences que l’on connait.
Alexandre Vatimbella

mardi 23 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Barack Obama: bon président, mauvais candidat?


Personne ne nie les grandes qualités de Barack Obama et même ses compétences qui en font un bon président. Mais, malgré sa victoire dans deux des trois débats télévisés (la dernière, hier soir, lors de celui consacré à la politique étrangère), est-il un bon candidat?
La question avait déjà été posée en 2008 lorsqu’il fut à un moment donné à égalité dans les sondages avec John McCain alors qu’il aurait du être dix à vingt points devant, bénéficiant du ressentiment et parfois de la haine d’une grande majorité d’Américains à l’encontre de George W Bush et à la campagne peu engageante de son rival républicain.
Elle peut l’être à nouveau en 2012 alors qu’il est également au coude à coude avec Mitt Romney qui est considéré comme un médiocre candidat et dont les gaffes, les revirements et les mensonges ont été légions.
Et s’il est réélu le 6 novembre prochain, il le devra à ses prestations de président et non à celles de candidat.
Les qualités de Barack Obama ne sont pas celles d’un candidat qui doit se vendre à coups de promesses démagogiques, d’attaques virulentes contre ses adversaires et apparaître proche des gens et elles ne l’ont jamais été.
Il doit principalement sa victoire de 2008 à ses slogans accrocheurs, comme «Yes we can» ou «Change we believe in», ainsi qu’à l’organisation de sa campagne.
Rappelons, en outre, que selon nombre de politologues, il a été mal élu. Remportant 53% des voix, il était très en-dessous des projections qui donnaient gagnant n’importe quel candidat démocrate avec un pourcentage de 58%-60%.
Bien sûr, une partie du manque à gagner provenait du fait qu’il était afro-américain mais ceci n’explique pas tout.
Sas capacités sont avant tout celles de porter des messages, des idées et des propositions, ainsi que de les exprimer clairement et pédagogiquement dans des discours souvent remarquables.
Et s’il peut se battre pour ses idées et ses propositions, il n’est pas le candidat populiste qui fait du rentre-dedans.
Ainsi, les coups bas à l’encontre d’Hillary Clinton lors de la primaire démocrate en 2007-2008 venaient plus de son équipe de campagne dirigée par les deux David, Plouffe et Axelrod, que de Barack Obama lui-même. D’ailleurs, il en avait condamné plusieurs, ce qu’il a fait.
De même, sa «défaite cuisante» lors du premier débat face à Mitt Romney venait de ce qu’il a privilégié le fond sur la forme, permettant à la prestation du républicain, principalement basée sur la forme, d’apparaître comme brillante.
Du coup, les deux hommes sont à égalité dans la plupart des derniers sondages alors qu’Obama, malgré la crise économique, devrait logiquement être en tête.
Ce qu’il a été à l’issu de la Convention démocrate qui l’a désigné comme son candidat. Surtout grâce à la prestation hors pair de Bill Clinton!
Alexandre Vatimbella

mercredi 17 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Deuxième débat: Obama donné gagnant mais le fond demeure au second plan


Barack Obama a remporté le second débat qui l’’a opposé à Mitt Romney dans la ville de Hempstead (Etat de New York), en tout cas pour ce qui est de la grande majorité des commentateurs ainsi que pour les sondés (deux sondages réalisés dès la fin du débat pour CNN et CBS donne le président sortant vainqueur avec sept points d’avance sur son adversaire républicain).
Pour le site Politico, «Barack Obama a été bon dans le deuxième débat assez pour qu’il soit assuré d’une chose: s’il perd la course pour un deuxième mandat, ce ne sera pas parce qu’il est mauvais dans les débats. Si Mitt Romney perd la présidence, d’un autre côté, ce ne sera pas parce que dans les dernières semaines de la campagne il a révélé de nouvelles dimensions excitantes de sa personnalité et de son parcours qui étaient inconnues ces deux dernières années».
Le président sortant a une stratégie, disqualifier son adversaire en montrant qu’il n’a pas la stature d’un président, qu’il ment au peuple américain sur son programme et qu’il est le candidat des riches alors que celle du républicain est de pointer les échecs de l’hôte de la Maison blanche et d’indiquer qu’il fera beaucoup mieux sans entrer dans les détails qui seraient pénalisants pour lui (ou qu’il ne possède tout simplement pas!).
Voici donc les deux hommes à égalité, un partout… Mais est-ce vraiment l’essentiel que de remporter un débat sur la forme et en attaquant constamment l’autre?
Car, lors d’une telle élection, celle du président de la première puissance mondiale, c’est bien le fond qui devrait primer et c’est son projet de société qui devrait donner l’avantage à l’un ou l’autre.
Ici, force est de constater que l’on demeure sur sa faim.
Est-ce parce que les deux candidats n’ont pas grand-chose à proposer et que, dès lors, toute leur stratégie est de critiquer l’autre qui ne serait pas digne d’occuper le fauteuil de président pour les quatre prochaines années?
En réalité, on s’aperçoit que Barack Obama tente bien de déplacer la discussion sur les différences politiques en parlant de choc entre deux projets de société complètement différents pendant que Mitt Romney, lui, doit jouer sur deux registres, être un opposant résolu à tout ce qu’Obama représente (pour contenter la droite extrême du Parti républicain) et rassurer sur le fait qu’il ne changera pas grand-chose (pour rassurer les électeurs modérés dont il a besoin pour gagner).
Cela a donné, lors du premier débat, des échanges assez surréalistes où Romney semblait d’accord avec nombre de propositions d’Obama, désarçonnant ce dernier qui déclara ensuite qu’il avait eu affaire face à lui à une personne qui disait s’appelait Mitt Romney…
Le deuxième débat a été plus vigoureux sur les positions politiques mais est demeuré, malgré tout, focalisé sur des attaques personnelles (on pourrait, malgré tout, dire que chacun personnalise un programme politique).
Heureusement pour la démocratie américaine, ces débats télévisuels ne sont qu’une partie de la campagne électorale.
Et même si celle-ci est composée en partie de publicités audiovisuelles négatives et parfois à la limite de la décence, les questions essentielles ont bien été posées.
C’est pourquoi il fut espérer que les trois débats ne seront pas les seules références sur lesquelles s’appuieront les électeurs…
Alexandre Vatimbella

lundi 15 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Rêve américain: l’opposition entre démocrates et républicains


L’élection présidentielle de cette année aux Etats-Unis est aussi une opposition entre deux visions du rêve américain (voir à ce sujet, mon article «Le choc des deux rêves américains» dans le dernier numéro de la nouvelle revue Géopolitique*).
Le premier débat entre Barack Obama et Mitt Romney, en a été une preuve même si les médias se sont plus focalisés sur la forme que sur le fond, ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de le dire ici.
Comme l’a très bien expliqué Peter Baker du New York Times, un des rares journalistes à avoir vraiment écouté les propos de chacun des candidats, il s’agit bien d’un «choix philosophique fondamental à propos du futur de l’Amérique».
Le rêve américain, a contrario de ce que pensent beaucoup, est un terme inventé récemment. Il vient d’un livre publié en 1931, en pleine Grande dépression, «The Epic of America» de l’historien James William Truslow dans lequel ce dernier évoque ce rêve américain qui est, selon lui, «ce rêve d’une terre dans laquelle l’existence serait meilleure, plus riche et remplie pour tout le monde, avec l’opportunité pour chacun d’y parvenir grâce à ses capacités ou ce qu’il a accompli. (…) Il ne s’agit pas simplement d’un rêve d’automobiles ou de hauts salaires, mais c’est un rêve d’un ordre social qui permettra à chaque homme et à chaque femme de parvenir à ce qu’ils sont capables d’atteindre naturellement et à être reconnus par les autres pour ce qu’ils sont, indépendamment des circonstances fortuites de leur naissance ou de leur statut».
Depuis, il a été invoqué à tout va et est devenu depuis le début du XXI° siècle, un enjeu idéologique récurrent entre les deux grands partis.
Pour les démocrates, le Rêve américain est celui qui permet à chacun de vivre une vie décente, de pouvoir faire vivre sa famille sans l’angoisse du lendemain et d’espérer que ses enfants, grâce à son travail et à l’éducation qu’ils reçoivent, pourront s’élever socialement et avoir un meilleur avenir que celui de leurs parents et que les enfants de leurs enfants aient, à leur tour également la même opportunité. Dans ce cadre, le gouvernement a un rôle actif à jouer pour offrir cette opportunité à tous.
Pour les républicains, le Rêve américain est celui qui offre l’opportunité, à celui qui en a les capacités et l’envie, de s’élever socialement sans entrave, sans rien devoir à personne, surtout pas au gouvernement qui ne doit pas intervenir en la matière, et qui a le droit, une fois fortune faite, de jouir de tout ce qu’il a récolté grâce à son travail.
Ces deux versions peuvent très bien cohabiter en période d’abondance et de forte croissance comme ce fut le cas, par exemple, de la fin de la Deuxième guerre mondiale jusqu’au début dans années 1970. Le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, ardent défenseur du keynésianisme et éditorialiste à succès au New York Times, s’en rappelle avec nostalgie dans son ouvrage, paru en 2007, l’«Amérique que nous voulons» («The Conscience of a Liberal»).
En revanche, lorsque le pays se trouve dans une situation économique plus délicate, comme aujourd’hui, les deux rêves ne sont plus complémentaires, ils se confrontent. C’est, soit l’un, soit l’autre. Ou, en tout cas, c’est ce que prétendent les démocrates et les républicains.
L’antagonisme sur le Rêve américain entre les deux grands partis est une des expressions les plus vives de leurs oppositions idéologiques de plus en plus exacerbées.
Chacun des deux dénoncent dans le rêve de l’autre une perversion du «vrai» rêve qui est, bien évidemment, celui qu’il promeut.
Le Rêve américain ne serait donc plus cette vision collective qui guiderait la nation mais un enjeu idéologique et politique.
Barack Obama, dans son dernier discours sur l’état de l’Union, le 24 janvier dernier, a bien résumé la vision démocrate: «Nous pouvons, soit nous contenter d’un pays où un nombre de plus en plus faible de gens s’en sortent bien, pendant qu’une part croissante des Américains s’en sortent tout juste ou bien nous pouvons restaurer une économie où tout le monde a une chance, où tout le monde fait sa part, et tout le monde joue selon les mêmes règles».
Ce à quoi les républicains lui répondent que c’est grâce aux riches que l’économie repartira et que donc permettre à des gens de devenir riches et de garder leur argent pour le dépenser est le meilleur moyen d’aider les autres.
Ainsi, le gouverneur du New Jersey et étoile montante du Parti républicain, Cris Christie, peut critiquer le fait d’«insister que nous devons taxer et prendre et diaboliser ceux qui ont déjà réussi leur Rêve américain. Cela peut être une bonne stratégie pour Obama en vue de sa réélection mais c’est un message démoralisant pour l’Amérique».
Plus fondamentalement, les républicains croient en la réussite personnelle et que celle-ci ne doit jamais être entravée par quiconque. Comme le dit Mitt Romney, «nous croyons en l’initiative individuelle, la responsabilité personnelle, l’opportunité, la liberté, un gouvernement limité, la Constitution».
Pour Newt Gingrich, l’ancien Speaker (président) républicain de la Chambre des représentants sous l’ère Clinton et qui fut un adversaire malheureux de Romney lors des primaires républicaines, le «Rêve américain est d’abord de reconnaître que nous vivons grâce à notre Créateur avec des droits inaliénables» et qu’«aucun président, juge ou bureaucrate ne peut nous ôter nos droits».
Une fondation conservatrice, «Americans for prosperity» a d’ailleurs créé un rendez-vous annuel «Defending the American Dream Summit» au cours duquel les pointures du Parti républicain interviennent pour promouvoir un «marché libre» et «les principes d’un gouvernement limité».
Quant au milliardaire Steve Forbes, il estime que «notre gouvernement fédéral a trop grossi et a trop de pouvoirs, la vraie perte a été celle de la liberté des gens à gouverner leurs propres vies et à participer pleinement au Rêve américain».
Avec la polarisation entre démocrates et républicains, en est-on arrivé à ce fameux débat entre l’égalité des conditions et l’égalité des chances? Certes pas, les deux camps privilégient toujours la méritocratie et une égalité des chances.
Pour autant, c’est la vision même de la fonction de la communauté américaine qui est en jeu. Pour les démocrates, ceux qui ont doivent aider ceux qui n’ont pas. Pour les républicains, ceux qui ont n’ont aucune obligation en la matière autre que morale et, en ce qui concerne ceux qui n’ont pas, ils les voient plutôt, ainsi que Romney l’a déclaré, comme «ceux qui n’ont pas encore»…
Du coup, ce n’est pas en leur donnant des aides, ces fameux «entitlements» («droit à») qu’ils s’en sortiront mais en leur donnant la même chance d’y parvenir («equality of opportunity») que les autres, rien de plus.
Le 6 novembre, une des deux visions l’emportera. Bien entendu, le candidat qui sera élu mettra de l’eau dans son vin, comme d’habitude. Il n’en reste pas moins vrai qu’une direction sera donnée qui devrait modeler la politique américaine pour les prochaines années, voire les prochaines décennies.
Alexandre Vatimbella

vendredi 12 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Joe Biden recadre le débat sur un choix politique


Joe Biden a sans doute «remporté» le débat des vice-présidents de Danville (Kentucky) qui l’opposait à son adversaire républicain, Paul Ryan comme l’indique la plupart des commentaires journalistiques.
Sans doute, également, cela aura moins d’impact que la «victoire» attribuée à Mitt Romney lors de son face-à-face avec Barack Obama par les médias américains.
Reste que l’intérêt de cet affrontement télévisuel a été loin d’être nul, au contraire.
Il a résidé dans ce recadrage hautement nécessaire sur le choix politique important du 6 novembre prochain et non sur la capacité d’un candidat (Romney) à ne pas sombrer face à un autre (Obama), voire à être le meilleur.
Car nous étions bien, hier soir, dans cet affrontement entre deux visions, non pas de l’Amérique car ce serait trop emphatique de le prétendre, mais du gouvernement des Etats-Unis dans les prochaines années à la lumière de ce qui se passe actuellement, notamment entre un président démocrate consensuel et une Chambre des représentants républicaine radicalisée.
Ainsi, l’alternative est bien, dans ses grandes lignes, entre s’appuyer sur les riches pour faire repartir l’économie (vision républicaine) ou sur la classe moyenne (vision démocrate).
De même, entre le rôle de l’Etat, le moins interventionniste possible en matière sociale (vision républicaine) et d’une puissance publique soutient des plus faibles (vision démocrate).
Sans oublier l’opposition entre un libéralisme économique dur (vision républicaine) et un libéralisme culturel affirmé (vision démocrate).
Dans cette opposition, le problème est que Barack Obama dit largement ce qu’il est et ce qu’il va faire alors que Mitt Romney avance largement masqué.
C’est ce qu’a voulu dire Joe Biden et que Paul Ryan a eu du mal à réfuter à chaque fois que la modératrice du débat, la journaliste Martha Raddatz, lui demandait de préciser ses positions par des exemples sur la manière dont elles seraient effectivement appliquées concrètement.
C’est là que le bas blesse vis-à-vis du ticket républicain. Son projet politique demeure dans le flou le plus artistique possible afin de ratisser large.
De même, Paul Ryan, que l’on ne peut définir comme un modéré – ce que ce proche du Tea Party prendrait lui-même comme une insulte! – s’est évertué à apparaître comme une sorte de centriste, tout comme son leader, Mitt Romney, s’est présenté comme tel lors du débat de Denver.
La question étant de savoir ce que serait exactement leur politique s’ils étaient élus, tant ils ont dit tout et son contraire.
Espérons que les deux prochains débats entre Barack Obama et Mitt Romney permettront d’éclairer les électeurs américains et leur permettre de savoir pour qui et pour quoi ils vont voter.
C’est le moins que la plus grande démocratie du monde peut faire…
Alexandre Vatimbella

mardi 9 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. La dernière ligne droite au centre


Il reste un peu moins d‘un mois avant l’élection présidentielle américaine qui se déroulera le mardi 6 novembre et les dernières grandes manœuvres pour la victoire finale se mettent en place.
Et, ce que l’on savait depuis longtemps, c’est, qu’une nouvelle fois, ce sont les voix des électeurs modérés et centristes qui feront la différence.
Les deux candidats le savent bien.
Du coup, l’on assiste depuis peu à la multiplication des engagements centristes de Barack Obama et, surtout, au recentrage fulgurant de Mitt Romney qui tente un retournement à 360 degrés sur nombre de ses positions et de ses déclarations.
Le fait que les observateurs politiques l’ait déclaré vainqueur du premier débat qui l’a opposé au président sortant, a boosté sa campagne qui était en véritable déliquescence il y a encore une dizaine de jours.
Peu importe qu’il ait menti tout au long du débat (Obama a aussi dit quelques mensonges…), peu importe qu’il est retourné une nouvelle fois sa veste et que l’on ne sache toujours pas, dans le détail, ce qu’il fera une fois à la Maison blanche, sa stratégie a l’air de donner des résultats.
Les sondages récents sont là pour le démontrer. Le voilà au coude à coude avec Obama, parfois même devant.
L’effet «débat» est réel alors que celui de la convention républicaine n’avait pas eu lieu. Durera-t-il? C’est toute la question et pas un politologue ne se risque désormais à donner une réponse définitive.
Pour autant, même si l’on croit la nouvelle conversion centriste de Romney (ou, pour certains, si son retour au centre de l’échiquier politique, son positionnement d’origine, est réel), le problème est que, s’il est élu, il se retrouvera face à un Parti républicain très à droite qui l’empêchera, sans doute, d’agir comme un modéré, si tenté qu’il en ait l’envie.
Du côté de Barack Obama, l’incompréhension et le doute sont de mise.
Pour ce qui est de l’incompréhension, elle est double.
Comment les médias ont-ils pu faire l’éloge de la performance de Mitt Romney lors du débat alors qu’il a menti sur bien des questions et qu’il a retourné sa veste sur d’autres? Mais, comment se fait-il aussi, que Barack Obama l’ait laissé faire sans réagir et sans reprendre la main, ce qui paraissait, sinon facile, tout au moins faisable?
Le doute est qu’il y ait, désormais, un «momentum» Romney, c’est-à-dire une dynamique que personne ne pourra arrêter.
Bien évidemment, il reste deux débats présidentiels (plus un débat entre les deux candidats à la vice-présidence). Le match reste donc ouvert.
Et il va se dérouler essentiellement au centre pour deux raisons.
Le première est que Mitt Romney tout comme Barack Obama se sont assurés du soutien des franges plus clivées, à droite pour le candidat républicain et à gauche pour le démocrate, de leur électorat.
Peu importe que Mitt Romney soit considéré comme un faux ultraconservateur par les républicains de la droite-extrême, notamment ceux du Tea Party, l’essentiel pour eux est de battre celui qui représente le diable (et pas seulement au figuré!), Barack Obama.
Même chose pour ce dernier avec les électeurs de gauche qui sont terrifiés à l’idée de voir revenir les républicains devenus encore plus à droite et belliqueux depuis l’ère George W Bush et qui ne critiquent plus les «dérives droitières» de l’hôte de la Maison blanche.
La deuxième est que l’électorat qui est encore capable de changer d’avis pour un côté ou l’autre est celui composé des modérés et des centristes.
La pêche aux voix ne peut donc se faire qu’en le ciblant, d’où le recentrage de Romney, d’où la focalisation d’Obama pour ses attentes.
On ne devrait donc plus entendre – à moins de quelques gaffes toujours possibles – de discours ultras, diviseurs et idéologiques jusqu’au 6 novembre.
En revanche, les spots politiques attaquant durement l’autre camp ne sont pas prêts d’être rangés au placard.
Alexandre Vatimbella

jeudi 4 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Romney se recentre à nouveau lors du premier débat avec Obama

Pour nombre de commentateurs, Mitt Romney a remporté le premier débat qui l’a opposé à Barack Obama.
Pour autant, s’il a été bon sur la forme, il a été, comme d’habitude, faible sur le fond, détournant la conversation à chaque fois que le président sortant ou le modérateur, le journaliste Jim Lehrer, lui demandaient de préciser ses plans et ses mesures.
Sans doute que le brio de Romney est d’autant plus loué qu’Obama a été peu offensif, adoptant une position de pédagogue sur ses quatre ans de présidence et les réformes qu’il a mis en place tout en expliquant qu’il se battrait de la même manière s’il était réélu, notamment en faveur des classes moyennes.
Du coup, comme cela était prévisible et se produit souvent dans ce type de débat, le challenger qui n’a rien à perdre adopte une position plus offensive et sa «nouveauté» parait plus rafraîchissante aux yeux du public que la défense d’un bilan.
En outre, Mitt Romney a tenté cet exercice difficile où il s’est cassé maintes fois les dents au cours des derniers mois, d’apparaître comme un modéré tout en gardant nombre de ses positions très clivantes.
Il a ainsi redit qu’il annulerait la loi sur l’assurance-santé de Barack Obama dès son arrivée à la Maison blanche, tout en précisant immédiatement qu’il en garderait certaines mesures et en louant sa propre réforme dans le Massachussetts (détestée par la droite républicaine) qui est quasiment identique à celle mise en place par Obama…
De même, alors qu’il continue dans ses meetings à promettre des allégements fiscaux pour les plus riches, il s’est fait le chante de la baisse des impôts pour la classe moyenne tout en reconnaissant que les plus riches devraient payer plus…
Reste à savoir si, au-delà d’une victoire dans un débat, aussi important fut-il, va déplacer du camp démocrate au camp républicain, le nombre d’électeurs dont il a besoin pour inverser la tendance actuelle qui le donne perdant face à Barack Obama.
Rappelons que deux nouveaux débats vont avoir lieu au cours de ce mois entre les deux hommes (plus un débat entre les deux candidats à la vice-présidence, Joe Biden, le démocrate, et Paul Ryan, le républicain).
Dans les jours qui viennent les sondages montreront si les électeurs ont été sensibles à la prestation modérée de Mitt Romney ou s’ils pensent toujours qu’il n’est pas proche d’eux et préfèrent toujours Barack Obama.
A noter, mais ce n’est pas une surprise, que le débat a été l’événement politique ayant suscité le plus de tweets (twitter, créé en 2006, n’avait pas encore l’importance qu’il a acquise il y a quatre ans lors de la dernière campagne présidentielle).
Alexandre Vatimbella

mercredi 3 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Selon les électeurs, les efforts des candidats pour s’assurer de leurs votes ne sont guère exceptionnels…


Les électeurs américains n’ont été convaincus ni par Barack Obama, ni par Mitt Romney – qui vont débattre ce soir à Denver pour leur premier rendez-vous télévisuel - par la qualité de leurs efforts afin de s’assurer de leurs votes.
Toutefois, le président sortant s’en sort mieux que son rival républicain.
Ainsi, selon un sondage réalisé par le Pew Research Center, 46% des électeurs mettent un A ou un B à la campagne d’Obama en la matière alors qu’ils ne sont que 31% à faire de même pour Mitt Romney.
Si l’on compare à d’autres campagnes électorales démocrates, Barack Obama fait aussi bien que John Kerry en 2004 et un peu moins bien que Bill Clinton en 1996 (50%) mais nettement mieux qu’Al Gore en 2000 (35%).
Toutefois, il est bien en deçà du score de Bill Clinton en 1992 (58%) et, surtout, de son propre score de 2008: 65%!
Du côté républicain, Mitt Romney fait mieux que Bob Dole en 1996 (29%) mais moins bien que tous les autres candidats de son parti depuis 1992, même George W Bush en 2004 et 2008 (42% et 38%).
A noter, que si l’on croise les résultats des deux partis, Barack Obama fait mieux que tous les candidats républicains depuis 1992 alors que Mitt Romney demeure en-dessous de n’importe lequel des candidats démocrates.
Si l’on compare les résultats selon les préférences politiques, Obama est noté A et B par 78% des démocrates, 14% des républicains et 42% des «independents» (ceux qui déclarent n’être affiliés à aucun des deux grands partis).
De son côté, Mitt Romney a du mal à convaincre les démocrates (11% lui donnent un A ou un B)) mais également les républicains (62%) et, surtout, les «independents» (26%) qui seront cruciaux pour faire la différence le 6 novembre prochain.
Le débat de ce soir changera peut-être ces appréciations, c’est en tout cas l’espoir de Mitt Romney qui s’y prépare de longue date.
Pour autant, ce genre de grande messe média           tique n’a vraiment joué un rôle que deux fois, pour Kennedy en 1960 et pour Reagan en 1980, et encore, certains analystes estimant que la petite différence qui a permis à Kennedy de battre Nixon ne vient pas essentiellement de leur affrontement télévisuel.
Alexandre Vatimbella

dimanche 30 septembre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Les priorités des électeurs


Dans trois jours aura lieu dans le Colorado, le premier des trois débats télévisés qui vont opposer Barack Obama, le président sortant, à son challenger, Mitt Romney.
Alors que les principaux médias publient les questions qu’ils aimeraient poser aux deux candidats mais, surtout, auxquelles ils voudraient que ceux-ci répondent, le Pew Reseach center, lui, a mené une enquête sur les priorités des électeurs.
Sans surprise, les deux premières «très importantes pour leur vote» sont l’économie (87%) et l’emploi (83%)… tout comme lors de l’élection de 2008 (87% et 80% respectivement).
Viennent ensuite, la santé (74%), l’éducation (69%), le déficit budgétaire (68%), les impôts (66%), Medicare (l’assurance-santé pour les personnes âgées, 65%), puis, dans l’ordre, le terrorisme, la politique étrangère, l’énergie, l’avortement et l’immigration.
Si l’on prend maintenant les questions prioritaires pour chaque camp (les électeurs démocrates, les républicains mais aussi ceux encore indécis), elles en sont pas exactement les mêmes hiérarchiquement.
Pour les électeurs d’Obama, viennent en tête l’éducation (84%), l’économie (83%), les soins médicaux (82%), l’emploi (81%) et Medicare (74%).
Ceux de Romney placent dans les cinq premiers l’économie (93%), les emplois (87%), le déficit budgétaire (82%), les impôts (70%) et le terrorisme (68%).
Concernant les priorités des électeurs encore hésitants, vient en tête l’économie (85%), suivie de l’éducation et l’emploi à égalité (74%) puis les soins médicaux (65%) et le déficit budgétaire (65%).
Par ailleurs, il est intéressant de noter que 69% des Américains estiment que le meilleur moyen de résorber le déficit budgétaire est une combinaison d’augmentation des impôts et de réduction des plus grosses dépenses alors qu’ils ne sont que 16% à déclarer que c’est avant tout la réduction de ces dépenses et 6% que c’est surtout l’augmentation des impôts (on comprend que celle-ci n’est pas la préférence…).
Si l’on voit là une vision assez bipartisane du problème du déficit de la part de la population qui est assez proche de la position de Barack Obama, en revanche, l’opinion demeure de plus en plus divisée sur l’aide aux plus pauvres.
Ainsi, trente-cinq points séparent dorénavant les républicains et les démocrates sur la nécessité de mettre en place un filet social de sécurité pour ceux-ci.
Seuls 40% des républicains estiment que «c’est de la responsabilité du gouvernement de prendre soin des personnes qui ne sont pas capables de prendre soin d’eux-mêmes» (18% de moins qu’en 2007) alors que 75% des démocrates sont de cet avis (79% en 2007).
Si l’on rajoute les «independents» (ceux qui ne se disent affiliés à aucun parti), le pourcentage total est de 59% (contre 69% en 2007).
Alexandre Vatimbella