lundi 25 novembre 2019

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Acheter la paix sociale ou procéder aux réformes indispensables?

Un gouvernement quel qu’il soit doit-il en priorité et peut-il «acheter» la «paix sociale» ou procéder aux réformes indispensables?
Cette problématique implique deux niveaux de réponses: la première est la finalité de sa légitimité, c'est-à-dire d’agir pour la raison même qu’il existe; la deuxième est dans le réel de savoir s’il est capable d’aboutir à l’une des deux alternatives, à l’une et l’autre ou à aucune d’entre elles.
Mais, avant de donner des éléments de réponses, il me faut préciser les termes employés.
D’abord ce qu’est la «paix sociale» ensuite ce qu’est «acheter la paix sociale» puis ce que sont les «réformes indispensables».
Selon le CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales), la paix est avant tout la situation qui fait que l’on «n’est pas en guerre».
Quant à la paix intérieure, il indique que ce sont les «conditions de vie fondées sur l'entente entre citoyens et groupes sociaux».
Ajoutons que cette paix intérieure a comme conséquence une absence de troubles.
Dès lors, la paix sociale, en général, est une situation sans conflits où l’on recherche les solutions aux problèmes dans un consensus et dans des compromis acceptables.
Le contraire de la paix sociale est bien entendu le conflit social (émanant souvent de luttes sociales faites de revendications non-satisfaites) où un groupe d’individus, un ou des syndicats, une ou des associations, une ou des corporations, une collectivité, une communauté, une population entreprennent des actions pour obtenir des avantages.
Souvent, quand on parle de paix sociale on fait référence, de manière restrictive, à ce qui touche l’économique et social stricto sensu.
Dès lors, «acheter la paix sociale» (ce que peut réaliser toute entité détentrice d’un pouvoir sur plusieurs individus et, avant tout, le gouvernement d’un pays), c’est pour le Wiktionnaire, se concilier ces groupes d’individus, syndicats, corporations, populations, etc., «par l’octroi d’avantages particuliers financiers, statutaires, catégoriels ou autres, ou par la distribution de subventions, prébendes et aides sociales ou matérielles diverses afin d’éviter ou mettre fin à tout mouvement d’humeur, manifestation, grève, détériorations et violences urbaines.»
On comprend que cet «achat» vise pour l’autorité qui y procède de se prémunir d’un conflit pour les mandants qu’elle représente mais aussi pour ses propres intérêts.
Ainsi, l’on peut estimer qu’un gouvernement peut acheter la paix sociale afin de garantir une absence de troubles à toute la population d’un pays mais il peut aussi (ou en même temps) le faire pour assurer son existence.
Quant aux réformes indispensables, elles sont de trois types: il y a celles qui doivent être prises pour mettre le pays en concordance avec la réalité du moment; il y a celles qui doivent rattraper une erreur du passé; il y a celles qui doivent permettre d’envisage l’avenir avec sérénité.
Précisons que réformer n’est pas une option car le monde évolue constamment et toute communauté est obligée de se confronter à cette évolution (même le refus est un acte qui prend en compte celle-ci).
La mise à niveau constante est ainsi une réforme généralement douce et devrait être privilégiée ce qui est rarement le cas.
Dès lors, face au refus de prendre ses responsabilités, une société se retrouve souvent face à des réformes qu’elle ne peut évacuer et qui comportent des conséquences qui peuvent être douloureuses pour certains.
Autre précision d’importance: toute société est conflictuelle parce qu’elle oppose les intérêts de l’un face à ceux de l’autre, les intérêts d’un groupe face à ceux d’un autre.
Chacun de nous lutte pour ses propres intérêts, ceux de sa famille et de ses proches avant tout.
Cela a toujours été le cas et rien ne prouve que ce ne le soit plus un jour, bien au contraire.
Dès lors, même si certains soufflent exprès sur les braises pour provoquer un conflit quelconque à propos d’un domaine quelconque, ce conflit est souvent latent et a été réglé par des décisions consensuelles ou légitimes (prise par un pouvoir élu démocratiquement, par exemple), soit de manière «permanente», soit conjoncturelle.
Evidemment, pour un pays et un gouvernement en place, il vaut mieux «en même temps» avoir la paix sociale et mettre en œuvre les réformes nécessaires et indispensables.
Cela s’appelle le consensus fait de convergences d’intérêts, de compromis et de comportements responsables, tout ce que le Centrisme veut mettre en place dans une société par le biais du juste équilibre.
Cependant, force est de reconnaître que tel n’est pas le cas puisque ceux qui provoquent un conflit privilégient plutôt l’opposition frontale, voire la violence pour extorquer des avantages sociaux plutôt que la discussion et l’accord consensuel.
C’est en quelque sorte la vision dogmatique de Sartre face au pragmatisme de Camus.
Maintenant, il nous faut voir pourquoi ce en même temps centriste, déjà compliqué à mettre en œuvre, est depuis quelques années de plus en plus difficile voire impossible à atteindre?
D’abord, une paix sociale peut-elle encore exister alors que nous sommes dans la vingtième année du XXI° siècle?
Face à toutes les demandes qui, dans une liste sans fin sans et cesse mise à jour de doléances, de revendications, de réclamations, d’exigences voire de diktats, un gouvernement contemporain (et celui en place actuellement) doit-il et peut-il acheter une paix sociale.
A l’heure du délitement du consensus démocratique, du lien social, des solidarités et face à la montée d’une autonomisation de l’individu qui n’a rien de responsable, au contraire, où l’insatisfaction chronique, l’égoïsme, l’irrespect de l’autre dans une demande consumériste du tout, tout de suite, cette même paix sociale est-elle encore atteignable?
Non pas que les masses ou les groupes sociaux ou des regroupements d’intérêts communs aient jamais été dans la sagesse et la responsabilité par le passé.
L’humain étant ce qu’il est, il n’a jamais renoncé à accroître coûte que coûte ses intérêts en demandant toujours plus comme je viens de l’expliquer.
La limite première à certains de ses intérêts, c’est lorsqu’ils entrent en collision avec d’autres qui lui semblent plus importants voire existentiels.
Que ce soit un milliardaire ou un SDF.
Bien entendu, par ignorance, aveuglement, manque d’intelligence ou d’autres comportements similaires, face à la réalité de la vie et de la situation présente, il peut jouer contre ses intérêts sans s’en rendre compte mais ce qu’il défend alors, ce sont bien ce qu’il estime être ses intérêts.
La deuxième limite est cette même confrontation au réel qui lui dit que tout n’est pas possible, qu’il ne peut pas demander tout et avoir tout ce qu’il veut.
Cette frustration est un élément-clé dans la structuration de sa personne.
Dans le cadre de cette limite, il est bien obligé de reconnaître qu’il vit en société, qu’il ne peut faire autrement et que, dans ce cadre, il est confronté aux intérêts de tous les autres habitants de la planète et qu’il doit donc trouver un accord avec eux pour que chacun puisse obtenir ce qu’il peut avoir de mieux et de plus sans léser l’autre, les autres qui peuvent, en réaction, s’il ne jour pas le jeu, se retourner contre lui et, cas extrême, l’éliminer.
Si les deux limites ne sont pas de même nature, force est de reconnaître que la première est toujours allègrement franchie tandis que la seconde semble de plus en plus ignorer.
Du coup, l’individu est dans cette course au tout, tout de suite quel qu’en soit les conséquences et dans une absence de considération de l’autre.
Autant dire que «paix sociale» ne veut plus rien dire parce qu’il y a trop d’intérêts divergents mais qu’en plus ceux-ci ne se confrontent pratiquement plus jamais au réel et à la responsabilité dans le cadre d’une vie en commun qui nécessite un consensus autour d’un vivre ensemble, c’est à dire l’existence d’un lien social évident.
Plus, ces intérêts de multiplient dans un comportement consumériste des individus et non plus politique.
Cette constatation d’une quasi-impossibilité à avoir la paix sociale, donc à l’acheter, revient à dire que les périodes sans conflits sociaux sont désormais des entredeux où toute étincelle peut en provoquer sans que l’on sache très bien pourquoi à ce moment là et dans cette forme là.
En conséquence, un gouvernement doit tout faire pour avoir une politique équilibrée afin d’éliminer le plus possible des conflits mais il ne doit pas acheter la paix sociale parce que celle-ci est devenu un leurre.
Mais, plus profondément, même si elle était atteignable, il ne doit pas non plus l’acheter à n’importe quel prix, c'est-à-dire en édulcorant complètement les réformes nécessaires et indispensables, car, non seulement, ce renoncement prépare les conflits futurs (à la fois parce que les problèmes n’ont pas été résolus mais aussi parce que cela incite tous ceux qui ont des intérêts particuliers à s’opposer par tous les moyens à toute réforme qui pourrait les mettre en jeu jusqu’à obtenir gain de cause) mais, en plus, met en jeu la santé économique et sociale du pays par le renoncement à prendre les bonnes mesures.
On comprend bien par ce qui précède que je considère qu’un gouvernement doit prendre les réformes utiles pour le pays.
En revanche, le peut-il?
En étudiant le bilan du présent gouvernement depuis 2017, on peut considérer qu’il a réussi à mettre en œuvre un certain nombre de réformes économiques et sociales importantes (en matière de droit du travail, de fiscalité ou du statut des salariés de la SNCF, par exemple).
Bien sûr, à chaque fois, il a lâché un peu de lest, ce qui est le commun de toute négociation avec des groupes d’intérêts (qui sont légitimes à intervenir pour faire valoir leur point de vue et demander des aménagements dans la réforme), mais le sens même de ces réformes a été conservé en général.
Est-ce que ce sera le cas pour la réforme des retraites, la question se pose et la réponse n’est pas claire, loin de là.
Ces constations doivent  nous amener à considérer que la réforme est désormais vouée à être accompagnée systématiquement par le conflit, les rares exceptions confirmant la règle.
Car, comme nous l’avons vu, une réforme laisse toujours des mécontents.
Donc, des gouvernants responsables, c'est-à-dire qui doivent prendre une série de réformes nécessaires et indispensables ne doivent pas rechercher à acheter une paix sociale qu’ils ne trouveront pas de toute manière.
Leur rôle est de réformer au risque de l’impopularité, de la confrontation et de la remise en cause de leur légitimité par tous ceux qui ont un intérêt au conflit (et non à trouver un compromis).
Cette réalité est bien évidemment anxiogène pour ces gouvernants mais la seule alternative est de ne pas réformer, donc de ne pas gouverner, de ne pas prendre ses responsabilités et de n’avoir plus aucune légitimité et de plonger petit à petit le pays dans le marasme.
Ce qui peut faire perdre les élections (ou pas) mais qui fera de toute façon perdre le pays.
Voilà qui nous promet une situation pour le moins compliquée à court et moyen terme…


L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Acheter la paix sociale ou procéder aux réformes indispensables?

Un gouvernement quel qu’il soit doit-il en priorité et peut-il «acheter» la «paix sociale» ou procéder aux réformes indispensables?
Cette problématique implique deux niveaux de réponses: la première est la finalité de sa légitimité, c'est-à-dire d’agir pour la raison même qu’il existe; la deuxième est dans le réel de savoir s’il est capable d’aboutir à l’une des deux alternatives, à l’une et l’autre ou à aucune d’entre elles.

Mais, avant de donner des éléments de réponses, il me faut préciser les termes employés.

D’abord ce qu’est la «paix sociale» ensuite ce qu’est «acheter la paix sociale» puis ce que sont les «réformes indispensables».

Selon le CNRTL (Centre national de ressources textuelles et lexicales), la paix est avant tout la situation qui fait que l’on «n’est pas en guerre».

Quant à la paix intérieure, il indique que ce sont les «conditions de vie fondées sur l'entente entre citoyens et groupes sociaux».

Ajoutons que cette paix intérieure a comme conséquence une absence de troubles.

Dès lors, la paix sociale, en général, est une situation sans conflits où l’on recherche les solutions aux problèmes dans un consensus et dans des compromis acceptables.

Le contraire de la paix sociale est bien entendu le conflit social (émanant souvent de luttes sociales faites de revendications non-satisfaites) où un groupe d’individus, un ou des syndicats, une ou des associations, une ou des corporations, une collectivité, une communauté, une population entreprennent des actions pour obtenir des avantages.

Souvent, quand on parle de paix sociale on fait référence, de manière restrictive, à ce qui touche l’économique et social stricto sensu.

Dès lors, «acheter la paix sociale» (ce que peut réaliser toute entité détentrice d’un pouvoir sur plusieurs individus et, avant tout, le gouvernement d’un pays), c’est pour le Wiktionnaire, se concilier ces groupes d’individus, syndicats, corporations, populations, etc., «par l’octroi d’avantages particuliers financiers, statutaires, catégoriels ou autres, ou par la distribution de subventions, prébendes et aides sociales ou matérielles diverses afin d’éviter ou mettre fin à tout mouvement d’humeur, manifestation, grève, détériorations et violences urbaines.»

On comprend que cet «achat» vise pour l’autorité qui y procède de se prémunir d’un conflit pour les mandants qu’elle représente mais aussi pour ses propres intérêts.

Ainsi, l’on peut estimer qu’un gouvernement peut acheter la paix sociale afin de garantir une absence de troubles à toute la population d’un pays mais il peut aussi (ou en même temps) le faire pour assurer son existence.

Quant aux réformes indispensables, elles sont de trois types: il y a celles qui doivent être prises pour mettre le pays en concordance avec la réalité du moment; il y a celles qui doivent rattraper une erreur du passé; il y a celles qui doivent permettre d’envisage l’avenir avec sérénité.

Précisons que réformer n’est pas une option car le monde évolue constamment et toute communauté est obligée de se confronter à cette évolution (même le refus est un acte qui prend en compte celle-ci).

La mise à niveau constante est ainsi une réforme généralement douce et devrait être privilégiée ce qui est rarement le cas.

Dès lors, face au refus de prendre ses responsabilités, une société se retrouve souvent face à des réformes qu’elle ne peut évacuer et qui comportent des conséquences qui peuvent être douloureuses pour certains.

Autre précision d’importance: toute société est conflictuelle parce qu’elle oppose les intérêts de l’un face à ceux de l’autre, les intérêts d’un groupe face à ceux d’un autre.

Chacun de nous lutte pour ses propres intérêts, ceux de sa famille et de ses proches avant tout.

Cela a toujours été le cas et rien ne prouve que ce ne le soit plus un jour, bien au contraire.

Dès lors, même si certains soufflent exprès sur les braises pour provoquer un conflit quelconque à propos d’un domaine quelconque, ce conflit est souvent latent et a été réglé par des décisions consensuelles ou légitimes (prise par un pouvoir élu démocratiquement, par exemple), soit de manière «permanente», soit conjoncturelle.

Evidemment, pour un pays et un gouvernement en place, il vaut mieux «en même temps» avoir la paix sociale et mettre en œuvre les réformes nécessaires et indispensables.

Cela s’appelle le consensus fait de convergences d’intérêts, de compromis et de comportements responsables, tout ce que le Centrisme veut mettre en place dans une société par le biais du juste équilibre.

Cependant, force est de reconnaître que tel n’est pas le cas puisque ceux qui provoquent un conflit privilégient plutôt l’opposition frontale, voire la violence pour extorquer des avantages sociaux plutôt que la discussion et l’accord consensuel.

C’est en quelque sorte la vision dogmatique de Sartre face au pragmatisme de Camus.

Maintenant, il nous faut voir pourquoi ce en même temps centriste, déjà compliqué à mettre en œuvre, est depuis quelques années de plus en plus difficile voire impossible à atteindre?

D’abord, une paix sociale peut-elle encore exister alors que nous sommes dans la vingtième année du XXI° siècle?

Face à toutes les demandes qui, dans une liste sans fin sans et cesse mise à jour de doléances, de revendications, de réclamations, d’exigences voire de diktats, un gouvernement contemporain (et celui en place actuellement) doit-il et peut-il acheter une paix sociale.

A l’heure du délitement du consensus démocratique, du lien social, des solidarités et face à la montée d’une autonomisation de l’individu qui n’a rien de responsable, au contraire, où l’insatisfaction chronique, l’égoïsme, l’irrespect de l’autre dans une demande consumériste du tout, tout de suite, cette même paix sociale est-elle encore atteignable?

Non pas que les masses ou les groupes sociaux ou des regroupements d’intérêts communs aient jamais été dans la sagesse et la responsabilité par le passé.

L’humain étant ce qu’il est, il n’a jamais renoncé à accroître coûte que coûte ses intérêts en demandant toujours plus comme je viens de l’expliquer.

La limite première à certains de ses intérêts, c’est lorsqu’ils entrent en collision avec d’autres qui lui semblent plus importants voire existentiels.

Que ce soit un milliardaire ou un SDF.

Bien entendu, par ignorance, aveuglement, manque d’intelligence ou d’autres comportements similaires, face à la réalité de la vie et de la situation présente, il peut jouer contre ses intérêts sans s’en rendre compte mais ce qu’il défend alors, ce sont bien ce qu’il estime être ses intérêts.

La deuxième limite est cette même confrontation au réel qui lui dit que tout n’est pas possible, qu’il ne peut pas demander tout et avoir tout ce qu’il veut.

Cette frustration est un élément-clé dans la structuration de sa personne.

Dans le cadre de cette limite, il est bien obligé de reconnaître qu’il vit en société, qu’il ne peut faire autrement et que, dans ce cadre, il est confronté aux intérêts de tous les autres habitants de la planète et qu’il doit donc trouver un accord avec eux pour que chacun puisse obtenir ce qu’il peut avoir de mieux et de plus sans léser l’autre, les autres qui peuvent, en réaction, s’il ne jour pas le jeu, se retourner contre lui et, cas extrême, l’éliminer.

Si les deux limites ne sont pas de même nature, force est de reconnaître que la première est toujours allègrement franchie tandis que la seconde semble de plus en plus ignorer.

Du coup, l’individu est dans cette course au tout, tout de suite quel qu’en soit les conséquences et dans une absence de considération de l’autre.

Autant dire que «paix sociale» ne veut plus rien dire parce qu’il y a trop d’intérêts divergents mais qu’en plus ceux-ci ne se confrontent pratiquement plus jamais au réel et à la responsabilité dans le cadre d’une vie en commun qui nécessite un consensus autour d’un vivre ensemble, c’est à dire l’existence d’un lien social évident.

Plus, ces intérêts de multiplient dans un comportement consumériste des individus et non plus politique.

Cette constatation d’une quasi-impossibilité à avoir la paix sociale, donc à l’acheter, revient à dire que les périodes sans conflits sociaux sont désormais des entredeux où toute étincelle peut en provoquer sans que l’on sache très bien pourquoi à ce moment là et dans cette forme là.

En conséquence, un gouvernement doit tout faire pour avoir une politique équilibrée afin d’éliminer le plus possible des conflits mais il ne doit pas acheter la paix sociale parce que celle-ci est devenu un leurre.

Mais, plus profondément, même si elle était atteignable, il ne doit pas non plus l’acheter à n’importe quel prix, c'est-à-dire en édulcorant complètement les réformes nécessaires et indispensables, car, non seulement, ce renoncement prépare les conflits futurs (à la fois parce que les problèmes n’ont pas été résolus mais aussi parce que cela incite tous ceux qui ont des intérêts particuliers à s’opposer par tous les moyens à toute réforme qui pourrait les mettre en jeu jusqu’à obtenir gain de cause) mais, en plus, met en jeu la santé économique et sociale du pays par le renoncement à prendre les bonnes mesures.

On comprend bien par ce qui précède que je considère qu’un gouvernement doit prendre les réformes utiles pour le pays.

En revanche, le peut-il?

En étudiant le bilan du présent gouvernement depuis 2017, on peut considérer qu’il a réussi à mettre en œuvre un certain nombre de réformes économiques et sociales importantes (en matière de droit du travail, de fiscalité ou du statut des salariés de la SNCF, par exemple).

Bien sûr, à chaque fois, il a lâché un peu de lest, ce qui est le commun de toute négociation avec des groupes d’intérêts (qui sont légitimes à intervenir pour faire valoir leur point de vue et demander des aménagements dans la réforme), mais le sens même de ces réformes a été conservé en général.

Est-ce que ce sera le cas pour la réforme des retraites, la question se pose et la réponse n’est pas claire, loin de là.

Ces constations doivent  nous amener à considérer que la réforme est désormais vouée à être accompagnée systématiquement par le conflit, les rares exceptions confirmant la règle.

Car, comme nous l’avons vu, une réforme laisse toujours des mécontents.

Donc, des gouvernants responsables, c'est-à-dire qui doivent prendre une série de réformes nécessaires et indispensables ne doivent pas rechercher à acheter une paix sociale qu’ils ne trouveront pas de toute manière.

Leur rôle est de réformer au risque de l’impopularité, de la confrontation et de la remise en cause de leur légitimité par tous ceux qui ont un intérêt au conflit (et non à trouver un compromis).

Cette réalité est bien évidemment anxiogène pour ces gouvernants mais la seule alternative est de ne pas réformer, donc de ne pas gouverner, de ne pas prendre ses responsabilités et de n’avoir plus aucune légitimité et de plonger petit à petit le pays dans le marasme.

Ce qui peut faire perdre les élections (ou pas) mais qui fera de toute façon perdre le pays.

Voilà qui nous promet une situation pour le moins compliquée à court et moyen terme…




Actualités du Centre. Roumanie – Présidentielle: facile victoire de la droite libérale et européaniste soutenu par le Centre

Klaus Iohannis, président de la Roumanie

Comme prévu après les résultats du premier tour et par la situation politique du pays, c’est le président sortant, Klaus Iohannis, membre du Parti national libéral (PNL), qui l’emporte facilement lors du second tour de la présidentielle qui a eu lieu ce dimanche 24 novembre, avec 63,87% des suffrages devant la candidate socialiste et ancienne premier ministre, Viorica Dancilà (avec 36,12% des suffrages).
Largement discrédité par des affaires de corruption, le Parti social-démocrate (PSD) avait perdu quelques semaines avant la présidentielle, le pouvoir lors d’une motion de censure qui avait permis au PNL de lui succéder avec Ludovic Orban comme premier ministre (véritable détenteur du pouvoir, la Roumanie étant une démocratie parlementaire).
Un nouveau gouvernement qui est toutefois minoritaire et aura besoin d’alliés pour faire passer des mesures alors que les législatives auront lieu l’année prochaine.
Toutefois, la victoire sans appel de Iohannis, obtenue avec le soutien de trois des quatre partis centristes, semble indiquer que la Droite et le Centre devraient remporter ce scrutin.