vendredi 7 décembre 2018

Actualités du Centre. Bluff de Lagarde pour tenter de créer une dynamique autour de l’UDI

Jean-Christophe Lagarde
Particulièrement critique envers l’exécutif et la majorité présidentielle et prêt à présenter sa liste autonome lors des élections européennes, Jean-Christophe Lagarde tente de donner une visibilité médiatique à l’UDI… à peu de frais.
Ainsi, ses critiques vis-à-vis du pouvoir n’ont que peu d’incidence tant celui-ci l’ignore, lui et ses amis, depuis le début du quinquennat parce qu’ils ont tenté le «soutien critique», c'est-à-dire le beurre et l’argent du beurre, ce qui permet d’être à la fois dans la majorité et dans l’opposition et de choisir son camp au grès des sondages d’opinion et des mouvements de foule.
On n’est donc guère étonné que l’UDI soit aujourd’hui fermement dans l’opposition!
La présentation d’une liste autonome pour les européennes qui sera actée lors d’un «congrès extraordinaire» qui se tiendra le 15 décembre prochain procède de la même cause et de la même intention.
Mais, comme pour les critiques, cette liste peut être amenée à disparaître si l’UDI est mieux considérée par la majorité présidentielle (ou si les sondages sont aussi catastrophiques qu’ils le sont actuellement).
Pour autant, cela demeure hypothétique puisque l’UDI, elle, n’est pas prête à renoncer à jouer sur tous les tableaux…
Concernant ces européennes, Lagarde, après avoir à nouveau sonné la charge contre le Président de la république et le Gouvernement par rapport à la situation actuelle, a indiqué sur Europe 1: «Je proposerai à ce congrès que nous présentions une liste, que je conduirais, aux élections européennes.»
Liste qui sera «de rassemblement» et qui, espère-t-il, ira «bien au-delà de l’UDI».
Le but clairement affiché, récupérer les déçus d’Emmanuel Macron:
«Il y a beaucoup de gens dans notre pays qui ne veulent pas que l'on mélange les enjeux. Il y a beaucoup de gens qui voudraient que l'on construise l'Europe. En clair, ils veulent voter pour l'Europe mais ils ne veulent pas forcément voter pour Emmanuel Macron».
Et d’ajouter:
«Ce n'est pas de savoir si on fait un référendum pour ou contre Monsieur Macron» il s’agit de «l'avenir de l'Europe.»
Tout en précisant à l’adresse de ceux qui voudront bien le croire que «les élections européennes, ce n'est pas de la tactique politicienne»…
D’autant qu’il explique, dans la foulée, que «depuis 18 mois, Emmanuel Macron est en échec sur l'Europe»  avec une «vision ultralibérale (sic!) de l'Europe qui protège les marchés et pas les salariés».
Petite œillade aux gilets jaunes?...


Une Semaine en Centrisme. Mais de quel «peuple» parlent les séditieux?

Assemblée nationale
Tous les séditieux du moment en appellent au peuple pour déclencher la révolution qui destituera le pouvoir en place et instituera un nouvel ordre social (qui n’est pas le même pour tous…), sur fond de violences et de menaces de mort à tout va (président de la république, ministres, députés, policiers et gendarmes, personnalités diverses dont les gilets jaunes qui veulent négocier).
Mais, au fait, de quel peuple parlent-ils?
De cette multitude qui n’est capable que de mouvements de foule qui créent souvent le chaos et la désolation ou de cette entité idéale sensée représenter l’ensemble du pays et de la nation?
Mais si la première a bien une existence dans les moments de trouble comme c’est le cas actuellement, la deuxième n’existe pas.
Quand on parle de peuple dans la démocratie d’aujourd’hui (voire dans tous les systèmes politiques), on parle en réalité des individus qui, collectivement, sont assujettis aux lois de l’Etat.
Mais ces individus ne sont en aucun cas membres d’une quelconque fraternité que l’on pourrait appeler «peuple» et qui aurait le début du commencement d’une existence collective, même si on l’appelle «nation».
Ils sont avant tout des personnes qui défendent leurs intérêts individuels et qui ont toutes leurs différences ontologiques et existentielles.
Et si elles ont conscience de faire partie d’un collectif, c’est d’abord parce qu’elles sont née sur un territoire donné avec d’indéniables éléments culturels qui les rapprochent (le «mode de vie»), le tout pouvant, dans certains moments de crise aigue les amener à les défendre de menaces venues essentiellement de l’extérieur.
Comme l’explique le philosophe Hans Kelsen, «En vérité, le peuple n’apparait un, en un sens quelque peu précis, que du seul point de vue juridique: la soumission de tous ses membres au même ordre étatique.»
Et de poursuivre:
«Le ‘peuple’ n’est donc point – contrairement à la conception naïve que l’on s’en fait – un ensemble, un conglomérat d’individus, mais uniquement un système d’actes individuels déterminés et régis par l’ordre étatique.»
C’est pourquoi les centristes sont toujours plus enclins à parler aux individus réels plutôt qu’à un «peuple» imaginaire.
Or donc, de quel peuple parlent ceux qui appellent à descendre dans la rue pour renverser la démocratie républicaine libérale?
D’un troisième type qui n’est nullement l’ensemble des citoyens (même si leur fantasme leur fait espérer que cela soit le cas) mais uniquement leurs militants et leurs sympathisants ainsi que tous ceux qui peuvent trouver un intérêt au chaos, que ce soit pour la défense d’un intérêt particulier, un sentiment de haine pour la société ou une vulgaire envie d’en profiter matériellement par le pillage.
Ce n’est donc jamais le «peuple» qui descend dans la rue, même s’il y avait une majorité de la population à arpenter le pavé, mais des individus ou des groupes d’individus.
En revanche, on se rapproche plus d’une notion collective du peuple au moment des élections dans le sens où tous ceux qui possèdent le droit de voter peuvent alors s’exprimer et dire «la volonté du peuple» qui se déclinent évidemment en plusieurs volontés idéologiques et partisanes dont une ressort majoritaire.
Dès lors, ceux qui les remportent avec la majorité des voix reçoivent la légitimité nécessaire pour administrer le pays jusqu’au prochain scrutin.
Cependant, cette légitimité ne leur donne jamais le droit de faire ce qu’ils veulent mais de gouverner les individus en mettant en place la volonté de la majorité tout en respectant les droits de la minorité.
Les séditieux qui en appellent aux armes bafouent donc allègrement les règles de la démocratie républicaine et c’est celle-ci, in fine, qui est leur cible.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC