vendredi 2 décembre 2011

Une Semaine en Centrisme. Quand les centristes reparlent d’Union nationale


Bis repetita. Une fois de plus, les leaders centristes, notamment François Bayrou et Hervé Morin, parlent à mots plus ou moins couverts, voire tout à fait clairement, d’union nationale à mettre en place pour faire face aux problèmes de la France.
On se rappelle que ce fut déjà un des thèmes prioritaires du président du Mouvement démocrate en 2007 (quand il présidait encore l’UDF…). Il semble que cela doive devenir un thème récurrent des partis centristes.
Il faut dire que le consensus est dans les gènes des centristes. Ils sont pour une démocratie apaisée et capable de s’unir sur les grandes questions politiques, économiques, sociales et sociétales.
Mais, plus prosaïquement et dans la cadre de la politique politicienne, c’est aussi leur intérêt actuel. Car le Centre ne semble pas en 2012, tout comme en 2007, pouvoir remporter l’élection présidentielle, ni avoir une majorité de sièges lors des élections législatives. Dès lors, l’union nationale est un moyen de peser politiquement plus que l’on ne vaut électoralement et de se retrouver aux affaires.
Pour autant, comme à chaque fois, cette thématique recèle en elle-même l’affaiblissement d’un message réellement centriste et fait croire que le Centre n’est qu’un point à équidistance de la Droite et de la Gauche, donc que sa vocation est de gouverner avec une moitié des idées de la Droite et une moitié des idées de la Gauche, donc de n’être qu’un avatar d’une union nationale.
Or ceci n’est pas vrai. Le Centrisme est une vraie politique alternative à celles de la Droite et de la Gauche. Et consensus n’est pas union nationale.
D’autant que l’union nationale est un concept un peu flou pour ceux qui la demande. Par exemple, est-on dans la configuration d’une union nationale de tous les partis politiques? Et quand François Bayrou et Hervé Morin parlent de cette union quels sont les partis qu’ils veulent voir dedans? Tous, du Front national à Lutte ouvrière?!
Le problème pour les centristes qui appellent à un gouvernement d’union nationale, c’est, comme nous l’avons dit, qu’ils ne sont pas en mesure de gagner l’élection. Dès lors, cet appel ressemble plutôt à un constat d’échec avant même d’aller devant les électeurs, un appel du pied aux autres formations politiques pour gouverner avec les vainqueurs, quels qu’ils soient.
Une démarche qui risque de ne pas être comprise par les Français, notamment ceux qui préfèrent le vote utile et rejettent l’opportunisme. A quoi bon voter, se disent-ils, pour des candidats qui se dilueront dans une union nationale dont ils ne seront pas les dirigeants? Autant voter pour ceux qui la dirigeront vraiment…
Enfin, l’unanimisme qui est derrière l’idée d’union nationale, quand elle est invoquée à tout bout de champ, n’est pas une vision démocratique. Dans une démocratie républicaine, il y a des visions et des opinions différentes qui se confrontent et s’affrontent pacifiquement dans des arènes publiques et sont adoubées ou rejetées lors des élections des représentants du peuple. Vouloir, à chaque élection gommer les différences sous couvert d’union nationale n’est pas un service à rendre au débat démocratique.
Pour autant, est-on, au jour d’aujourd’hui, dans la configuration d’un appel à l’union nationale? Oui et non.
Oui, si l’on estime que la situation va empirer dans les semaines et les mois à venir et que, la seule manière de prendre des décisions difficiles politiquement, c’est-à-dire hautement impopulaires, pour sauver le pays, est d’ya associer tous les partis politiques.
Non si l’on analyse la situation actuelle, difficile mais pas catastrophique où des décisions doivent être prises rapidement mais sans pour autant brider le débat politique ou, pire, laisser aux seuls extrêmes le rôle d’opposition. Car, demain, si l’UMP, le PS et les partis centristes forment une union nationale, gageons que l’extrême-droite et l’extrême-gauche en tireront rapidement profit.
Ce qui n’empêche pas, dans ce dernier cas de figure, que certaines mesures importantes soient votées par la Droite, la Gauche et le Centre. Cela s’appelle la responsabilité politique, non l’union nationale.
L’union nationale est utile et se justifie dans la cadre d’une crise d’une extrême gravité comme une guerre ou une dépression économique profonde. Nous n’en sommes pas encore là, fort heureusement. Sinon, elle n’est qu’une manière de brider le débat démocratique.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

Actualités du Centre – Etats-Unis – Barack Obama au plus bas dans les sondages et donné battu aux élections de 2012


Sale temps pour Barack Obama. Sa cote de popularité est au plus bas à 43% d’opinions positives et les observateurs font, à nouveau, la comparaison entre son parcours et celui de Jimmy Carter qui fut battu lors de sa campagne pour un deuxième mandat en 1980 par Ronald Reagan. La comparaison va même, maintenant, jusqu’à Lyndon Johnson qui, en 1968, refusa de se représenter tellement sa cote de popularité (par rapport à la guerre du Vietnam) était mauvaise.
Une comparaison pas aussi incongrue qu’on peut le penser puisque Johnson et Obama sont les deux présidents centristes qui, depuis Franklin Roosevelt, ont accompli le travail législatif le plus important, notamment pour les classes moyennes et les plus pauvres.
Au jour d’aujourd’hui, selon les sondages, il serait battu par le candidat républicain. Ce qui est nouveau est, qu’auparavant, il était donné gagnant face aux prétendants républicains et battu par le candidat républicain «idéal» et sans nom. Dorénavant, il est battu par les prétendants à l’investiture du Parti républicain comme, par exemple, Newt Gingrich qui est désormais en tête dans les sondages en tant que candidat préféré des électeurs républicains (avec un score de 50%).
Evidemment, la crise économique et le fort taux de chômage sont les raisons principales des difficultés de Barack Obama. Ce qui est inquiétant pour lui c’est que les prévisions sont mauvaises quant à la croissance et à l’emploi dans les prochains mois alors que l’élection est dans moins d’un an.
Mais il ne faut pas oublier, non plus, que le centrisme de Barack Obama est aussi critiqué par une partie de la population qui n’y voit qu’une faiblesse de leadership et une incapacité à se faire respecter par une Chambre des représentants à majorité républicaine et dont le seul projet politique est de le faire perdre en 2012.
Ainsi, sa volonté constante de trouver un consensus et de ne pas polariser la vie politique a été utilisée par les extrémistes du Parti républicain pour l’empêcher de gouverner. Ce dont les Américains sont conscients. D’ailleurs, le taux de popularité des représentants et des sénateurs est de 9%! Mais cela ne les empêche pas de ne pas vouloir, actuellement, de Barack Obama pour quatre ans de plus…