samedi 5 janvier 2019

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Oui, le progrès est non seulement positif mais humaniste

Vilipendé par tous les conservateurs et réactionnaires (tant à droite qu’à gauche) ainsi que par les obscurantistes, le progrès serait une notion malfaisante qui ferait courir le monde à sa perte.
Mais de quoi parle-t-on exactement?
Car le progrès n’est pas cette définition donnée par tous les économistes productivistes qui l’associe à une accumulation matérialiste sensée nous apporter le bonheur par l’argent et les objets.
Le progrès de l’Humanité, c’est avant tout le mieux avant le plus.
Et, le «plus» doit toujours être assujetti au «mieux» et jamais aller contre lui alors que le «mieux» doit toujours primer sur le «plus».
Car le progrès est bien autre chose qu’un concept matériel où avoir plus nous apporterait le mieux mais bien un concept de vie bonne où être mieux nous apporte le plus.
Nous devons ainsi construire un monde de «mieux-value» et non de «plus-value».
Les adversaires du progrès, soit par intention malveillante, soit par totale bêtise, le confondent avec une simple élévation du bien-être matériel et donc, mécaniquement, avec la croissance économique qui conduirait par sa recherche stakhanoviste à la destruction totale de la planète (et, par conséquent, du genre humain).
S’il serait faux de prétendre que cette élévation du niveau de vie économique n’est pas un progrès si elle est maîtrisée, elle n’est pas le seul, surtout pas le principal, ingrédient du progrès.
La paix, l’élévation de la sécurité, les découvertes scientifiques et médicales, la diffusion de la culture, l’augmentation des loisirs, la capacité à vivre libre, tout cela ne se quantifie pas économiquement (même si certains s’y emploient de manière totalement stupide) mais s’évalue en termes qualitatifs.
Une meilleure vie et non une existence plus riche.
Quand, familièrement, nous disons «il y a du progrès», nous signifions que «cela va mieux» et non qu’«il y en a plus».
Bien entendu, le progrès doit sortir tout le monde de la pauvreté et de la précarité ainsi qu’offrir à chacun de pouvoir réaliser sa vie avec une activité qui lui permette de subvenir à ses besoins.
Mais c’est au mieux et pas au plus qu’il s’agit d’aller sans pour autant fixer un idéal unique à atteindre puisque chacun poursuit le sien grâce à sa liberté dans la différence.
Cependant cet idéal personnel ne peut évidemment aller contre la société, c'est-à-dire viser à s’enrichir sur le dos de celle-ci, mais, au contraire, à être mieux en l’améliorant du même coup.
Comme le disait avec conviction (même s’il n’a pas toujours agi en rapport avec ses propos), l’homme le plus riche du monde de la fin du XIX° siècle et plus grand philanthrope de son époque, l’Américain d’origine écossaise, Andrew Carnegie, «l’argent ne peut avoir plus de valeur que la vie humaine».
Et il ajoutait: «celui qui meurt riche, meurt dans le déshonneur», car il n’a pas utilisé son argent pour faire le bien.
Quand, par exemple, les écologistes dogmatiques (souvent une tautologie!) anti-progrès demandent que la lutte contre les pollutions et le réchauffement climatique soit une priorité, ils demandent en réalité un progrès, c'est-à-dire une amélioration de la vie sur Terre par rapport à ce qu’elle est actuellement!
Et ceux qui ont pollué jusqu’à plus soif et détruit entièrement des écosystèmes pour s’enrichir et permettre une croissance économique plus forte au nom soi-disant du progrès, ont été des falsificateurs de ce dernier.
En revanche, toute activité humaine (comme toute activité de toute espèce vivant sur la planète) a des conséquences qui peuvent être négatives.
Ce qu’il faut, c’est que grâce au progrès (le mieux), cette activité pour la vie et pour une amélioration matérielle nécessaire pour que les plus pauvres sortent de leur condition matérielle précaire (le plus), soit la moins néfaste pour la communauté humaine.
C’est pourquoi, les progressistes, les vrais, sont des humanistes.
Ils considèrent que l’on peut améliorer sans cesse la condition humaine et que cette amélioration n’est pas uniquement matérielle, voire ne l’est pas du tout dans bien des domaines qui font que l’existence des individus soit digne et respectée, intéressante et accomplie.
De même, ils adhèrent à une croissance économique responsable (ce qui est loin d’être le cas actuellement), c'est-à-dire celle qui, grâce aux progrès technologiques, peut améliorer la condition matérielle des populations sans être dans le gaspillage et la destruction mortifères.
Et, s’ils abondent dans le sens de Victor Hugo qui estimait que «le progrès, c'est le pas même de Dieu», ils font leur cette sentence lucide d’Albert Einstein, «le mot progrès n’aura aucun sens tant qu’il y aura des enfants malheureux.»
Oui, le progrès doit continuer au XXI° siècle parce qu’il est la gloire du genre humain et une nécessité pour que l’on améliore le monde et qu’il soit meilleur pour tous.
Et c’est parce qu’il est foncièrement une notion humaniste qu’il est adoubé par les centristes et le Centrisme.