lundi 2 mai 2016

Présidentielle 2017. Bayrou «veut faire bouger Juppé»

Alain Juppé & François Bayrou
Plus l’élection présidentielle se rapproche, plus François Bayrou se sent à l’étroit dans son rôle de premier fan de son «ami» Alain Juppé.
Alors de petites phrases en mesures programmatiques, le président du Mouvement démocrate n’arrête plus depuis plusieurs semaines de marquer sa différence avec le maire de Bordeaux et, plus encore, avec tous les candidats LR qu’il trouve trop à droite.
Lors du Grand jury de RTL-Le Monde-LCI, Bayrou a affirmé «Je soutiens Alain Juppé d’abord parce que j’ai confiance en lui. Je ne dis pas que j’ai absolument les mêmes idées qu’Alain Juppé sur tous les sujets, ça ne serait pas vrai».
Dès lors, la mission qu’il s’est assigné si Juppé est le candidat de la Droite est de le «faire bouger» en l’amenant à évoluer vers ses propres positions.
Savoir si cela sera possible est une autre histoire quand on entend ce que dit la garde rapprochée d’Alain Juppé.
Comme les propos tenus à de multiples reprises par Hervé Gaymard, le directeur de la campagne du maire de Bordeaux exliquant que ce dernier n’était pas centriste (mais «central») et que Bayrou n’avait aucune influence sur son programme présidentiel.
De son côté, François Bayrou distille ces derniers temps nombre de propositions qui ressemblent à une ébauche de programme ainsi que des positionnements qui ne sont pas toujours en phase avec ses nouveaux amis de droite.
On se rappelle de ses «cinq priorités» énumérée dans une interview aux Echos (réforme du système scolaire, de l’administration, équilibre des dépenses publiques, réforme du droit du travail, dialogue entre partis et nouvelles alliances politiques).
Lors du Grand jury RTL, il a, par ailleurs, déploré le virage à droite que les candidats à la primaire de LR prenaient – «On assiste à une course à la surenchère» –, notamment Bruno Le Maire qu’il a fustigé pour s’attaquer aux bénéficiaires du RSA prenant la défense de ces derniers avec un discours aux accents sociaux de la démocratie-chrétienne mais aux intonations parfois populistes voire démagogiques qui ont caractérisé, par exemple, ses récentes attaques contre la «partitocratie».
Toujours sur RTL, il s’est fait un défenseur de la lutte des classes: «Oui, la lutte des classes est une réalité. J’ai les yeux ouverts sur le monde et je vois exactement ce qu’il en est dans une société qui se durcit, dans laquelle il y a des recherches de privilèges, des défenses de privilèges et une volonté de faire que les pouvoirs et ‘l’avoir’ soient concentrés dans les mêmes mains».
Ce qui rappelle une déclaration étonnante faite quelques jours plus tôt sur France info dans laquelle il expliquait qu’il écoutait avec attention tout ce que Jean-Luc Mélenchon disait…
Sans oublier que s’il estime que la mouvement «Nuit debout» n’a pas «un grand écho dans l’opinion» et qu’il n’a pas de «cap» ou de «débouché politique», il s’est bine gardé de le critiquer ou de le condamner comme un repère de gauchistes.
En outre, il s’est prononcé pour une «rupture franche» pour enlever le pouvoir aux «groupes d’intérêts qui pèsent dans l’ombre pour diriger le pays».
Pas sûr que toutes ces déclarations soient très en phase avec la ligne politique d’Alain Juppé.
Il a également repris son antienne catastrophiste sur l’état de la France en affirmant que «le pays est au bord de l’effondrement sur lui-même».
Par ailleurs, iIl a redit qu’il ne soutiendrait qu’Alain Juppé et que si ce dernier n’était pas le candidat de LR, il reprendrait sa liberté tout en refusant d’annoncer qu’il serait alors lui-même candidat pour éviter que «la presse en fasse ses gros titres»…
D’autant qu’il estime avoir un socle d’intentions de vote prometteur qu’il évalue actuellement à 14% (alors qu’il tourne plutôt autour de 10%-11%).
C’est sans doute dans l’optique d’une éventuelle candidature qu’il a, à nouveau, fortement critiqué Emmanuel Macron qui est devenu un concurrent direct, chassant sur les mêmes terres politiques..

Alexandre Vatimbella


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