samedi 5 novembre 2016

Présidentielle USA 2016. Quand CNN rend un mauvais service à la démocratie

Aux Etats-Unis, il y a trois chaînes d’information en continu.
Il y a Fox news, la chaîne située à la droite radicale, voire à l’extrême-droite, fondée par le magnat australien de la presse, Rupert Murdoch, et qui a pris fait et cause pour la droite du Parti républicain depuis sa création.
Il y a MSNBC, la chaîne située au centre-gauche, voire à gauche, émanation d’un des grands réseaux nationaux, NBC, et qui est un soutient du Parti démocrate.
Et puis, il y a CNN, la doyenne mondiale des chaînes d’information, propriété de Time Warner (et peut-être bientôt d’AT&T), fondée par Ted Turner et basée à Atlanta (Géorgie), que l’on pouvait qualifier de chaîne centriste et modérée, en tout cas, voulant demeurer équilibrée entre les démocrates et les républicains.
Après avoir dominé pendant longtemps l’information télévisée, CNN a connu une baisse de régime qui a permis à Fox news de passer devant elle en termes d’audience avant qu’elle ne récupère sa première place récemment grâce à une ligne éditoriale plus agressive.
Mais c’est justement cette nouvelle manière de traiter l’information, où le mélange de «breaking news» (prime à l’évènement important et immédiat) à tout va et sans réel motif valable avec une dose de dramatisation style entertainement qui permet de tenir en haleine le téléspectateur pour qu’il ne zappe pas, qui la met au centre aujourd’hui d’une polémique sur sa manière de couvrir cette élection présidentielle où elle est constamment tenue en otage par la stratégie médiatique de Donald Trump mais aussi où elle profite de ce dernier pour se vendre au public comme une vulgaire entreprise de mauvais spectacle de cirque.
Ainsi, son refus obstiné de voir une quelconque différence entre une candidate «traditionnelle» d’un grand parti et un candidat populiste démagogue qui utilise le mensonge et les insultes comme armes politiques, l’ont amené à mettre sur le même plan la réalité et les multiples théories du complot de Trump, donnant du crédit à ces dernières, les mensonges de ce dernier et les réponses d’Hillary Clinton, comme si des réactions à des mensonges avaient la même valeur que ces derniers.
C’est comme si proférer le mensonge que le soleil est noir avait la même valeur que la réponse à cette contrevérité manifeste.
De même, en relançant systématiquement la course à la présidence en montant en épingle les problèmes d’Hillary Clinton et en évitant souvent de revenir sur ceux de Donald Trump, bien plus graves, CNN a remis les deux candidats dans une égalité totalement inacceptable.
D’autant qu’il y a, d’un côté, une femme qui, tout au long se son parcours politique, a toujours respecté les règles de la démocratie républicaine et, de l’autre, un homme qui s’en va répétant depuis des mois que l’élection est truquée sans en apporter la moindre preuve et qu’il ne reconnaîtra le vainqueur que si celui-ci est lui-même!
En refusant la dissociation d’une démocrate et d’un antidémocrate – ce que la presse écrite a finalement fait – CNN dit aux Américains que l’un et l’autre candidat sont aussi légitimes à occuper le bureau ovale de la Maison blanche en janvier prochain.
Or ce n’est évidemment pas le cas.
Si, lors des victoires de Barack Obama en 2008 et 2012, ses rivaux républicains, John McCain et Mitt Romney avaient la même légitimité que lui, de même pour George W Bush, lors de ses victoires en 2000 et 2004, et ses opposants démocrates, Al Gore et John Kerry, pour ne remonter qu’aux dernières élections, le parallèle est impossible entre Hillary Clinton et Donald Trump pour tout journaliste et tout média avec une déontologie minimum.
Et lorsque CNN le prétend implicitement ou explicitement, elle rend un mauvais service à la démocratie républicaine américaine.
De ce point de vue, la déclaration du directeur de la rédaction du New York Times, Dean Baquet, accusant la chaîne d’information en continu d’avoir «ridiculisé» la campagne électorale n’est que trop vrai.
Espérons seulement qu’elle ne ridiculisera pas la démocratie américaine alors que Vladimir Poutine et Xi Jinping utilisent déjà cette couverture médiatique honteuse pour leur propagande antidémocratique.

Sondages des sondages au 5 novembre 2016
Clinton en baisse
mais en tête partout à 3 jours de l’élection

Clinton
Trump
Ecart
BBC
46,0%
45,0%
Clinton 1,0
Election projection
46,9%
44,7%
Clinton 2,2
Five Thirty Eight (1)
45,0 %
42,3%
Clinton 2,7
Huffington Post
47,8%
42,3%
Clinton 5,5
New York Times
45,4%
42,8%
Clinton 2,6
Polltracker TPM
45,4%
43,5%
Clinton 5,8
Real Clear Politics
46,4%
44,8%
Clinton 1,9
270 to win (1) (2)
47,8%
42,0%
Clinton 5,8
(1) Prend en compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours de sondages


Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC



Présidentielle USA 2016

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Présidentielle 2017. L’union des centristes contre Nicolas Sarkozy

Bayrou, Lagarde & Morin
Nicolas Sarkozy est en passe de devenir le meilleur agent de la prochaine (r)éunion des centristes.
En mettant de côté les quelques opportunistes tels les Leroy, Sauvadet, Mercier et autres Salles, l’ensemble des déclarations venues du Centre se sont faites en réaction aux propos insultants du camp Sarkozy contre le centristes.
Si l’on excepte François Bayrou qui, cela ne lui ressemble guère, est étrangement silencieux depuis une semaine, juste après écrit sa violente diatribe contre Nicolas Sarkozy, de Laurent Hénart, à Hervé Morin, de Jean-Christophe Lagarde à Chantal Jouanno, tous les leaders qui comptent au Centre sont montés au créneau pour dénoncer la chasse aux sorcières des sarkozystes.
Ainsi, Laurent Hénart, le président du Parti radical (formation de l’UDI) dénonce la «chasse au Bayrou».
De con côté, Hervé Morin, le président du Nouveau centre (formation de l’UDI) explique, «Bayrou a commis une erreur majeure en soutenant François Hollande en 2012. Mais s'il fallait rappeler à chaque homme politique quels ont été les tourments de sa vie politique, on risquerait d'avoir des développements qui sont extrêmement longs».
Il ajoute que, selon lui, l'expression «alternance molle», utilisée par Sarkozy pour caractériser l’axe Alain Juppé-François Bayrou, «n'a pas de sens».
Quant à Jean-Christophe Lagarde qui ressent les «insultes» du camp Sarkozy «comme visant les centristes», il estime que l’ancien président de la république doit «se poser la question: pourquoi des électeurs centristes qui avaient voté pour lui en 2007 n’ont pas voté pour lui en 2012 et ne voteront pas pour lui en 2017».
En outre, pour le président de l’UDI, «On ne peut pas, en même temps rechercher les voix du Centre et de l’extrême-droite».
Mais, le plus important, pour Lagarde, c’est que «Nicolas Sarkozy est dangereux pour l’alternance».
«Si d'aventure, explique-t-il, Nicolas Sarkozy, avec son comportement, (...) avec cette division qu'il apporte dans la primaire, venait à l'emporter, nous risquons de perdre. D'abord parce que la gauche pourrait se rassembler beaucoup plus facilement contre lui que contre Alain Juppé. Et deuxièmement, parce qu'à force de rejeter des électeurs, nous risquerions d'être éliminés au premier tour. Nicolas Sarkozy est un candidat dangereux pour l'alternance parce qu'à force de diviser la Droite et le Centre, de mettre cette brutalité dans cette campagne, il aurait bien du mal à recoller les morceaux».
Enfin, revenant sur les soi-disant accords secrets entre Alain Juppé et les formations centristes dénoncés par le camp sarkozyste, il s’étonne des «propos hallucinants» d’Eric Ciotti, député des Alpes-maritimes et principal lieutenant de Sarkozy, qui «prétend qu’il y aurait des promesses de monsieur Juppé à Bayrou et à moi».
Car, il est clair: «Il n’existe pas d’accord électoraux».
Et «Essayer de faire croire qu'avec quatre parlementaires sur neuf-cent-vingt qui composent le parlement, François Bayrou va prendre en otage, va mettre sous influence Alain Juppé, c'est une vaste blague, c'est une tartufferie».

Alexandre Vatimbella



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