dimanche 10 mai 2020

Propos centristes. France – Déconfinement; «reprise» de l’école; état d’urgence sanitaire; relance économique; transition écologique; Europe; esclavage; deuxième guerre mondiale…



Voici une sélection, ce 10 mai 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

● Emmanuel Macron (Président de la République)
- [Déclaration Souvenons-nous des héros de la liberté qui se sont dressés contre l’esclavage]
Depuis quinze ans, le 10 mai marque dans notre calendrier républicain la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.
Cette journée existe pour que jamais nous n’oubliions ces pages de notre histoire.
Elle nous rappelle la barbarie de la traite négrière et de l’esclavage colonial, ce crime contre l’humanité qui fut perpétré durant des siècles.
Mais elle nous rappelle aussi que c’est en dénonçant et en détruisant ce système que nous sommes véritablement devenus ce que nous sommes : le pays des droits de l’homme, et une République une et indivisible qui puise dans sa diversité la force de l’universel.
C’est l’honneur de la France républicaine — de la Convention de 1794 et du gouvernement provisoire de 1848 — que d’avoir aboli l’esclavage ; que d’avoir lié le destin même de la République française à l’abolition de l’esclavage.
Le 10 mai nous rappelle encore que la géographie de la France, qui plonge son territoire dans toutes les mers, a été modelée par cette histoire.
Le 10 mai nous rappelle enfin que la République française est avant tout une idée, qu’elle offre un imaginaire qui s’enracine dans un désir farouche et inextinguible de liberté.
C’est cette histoire et cette aspiration communes qui font de nous tous des Français, de part et d’autre des océans.
C’est pourquoi chaque année, nous célébrons le 10 mai tous les héros de la liberté, ceux qui nous ont décillé les yeux et ceux qui ont secoué leurs chaines : intellectuels engagés, philanthropes décidés et esclaves révoltés ; Montesquieu et l’abbé Grégoire, Victor Schœlcher mais aussi Olympe de Gouges, Toussaint Louverture mais aussi Solitude, et tous ces anonymes dont l’histoire a effacé le nom mais retenu les combats.
Leur exemple, toujours, nous inspire, nous oblige. A plus de liberté, ici et dans le monde. A plus d’égalité, indissociable de la liberté, des chances et des droits. A plus de fraternité enfin, car ces combats ne sont pas ceux d’un groupe ou d’une communauté — ils sont universels.
Nous aimerions tant célébrer ces héros comme ils le méritent aujourd’hui. Nous aimerions tant pouvoir nous rassembler dans la solennité fraternelle des cérémonies civiques qui font la Nation française. Ce n’est hélas pas le cas cette année et je veux avoir une pensée particulière pour ces milliers de familles qui se trouvent aujourd’hui séparées par les océans, et qui vivent d’autant plus durement les contraintes du confinement et les incertitudes du déconfinement.
Mais nous nous retrouverons. Nous nous retrouverons d’abord dans le Jardin du Luxembourg et bientôt autour du mémorial du Jardin des Tuileries. Nous nous retrouverons parce que l’épreuve que nous traversons aujourd’hui ne nous a pas éloignés, elle nous a faits plus proches, plus unis.
C’est ainsi que nous pourrons nous redresser, en nous rassemblant. Et notamment autour de nos rites communs, de notre mémoire, en regardant notre histoire en face et ensemble, pour qu’elle soit non pas un frein mais un élan.
Je suis confiant. Je suis confiant parce que la solidarité qui nous lie, par-delà nos origines, nos conditions ou nos âges, par-delà les mers et par-delà les murs que dresse entre nous l’épidémie, est plus forte que tout. Et parce que l’histoire nous l’enseigne : la France unie surmonte toutes les épreuves.
Voilà le message que je voulais partager avec vous en ce 10 mai. Un message de confiance et d’espoir, inspiré par notre histoire.
- Surmonter les crises, oser, réinventer, nous unir, penser et agir pour l’avenir, c’est cela l'esprit européen.
- Figure féminine de la Résistance française et de la Libération de Paris, Cécile Rol-Tanguy s’est éteinte 75 ans jour pour jour après la Victoire des forces alliées sur le nazisme. Respect et reconnaissance à cette combattante de la liberté.
- 8 mai 1945, la Victoire. La flamme du Soldat inconnu brûle toujours pour les héros qui nous ont apporté la Paix. 75 ans après, des femmes et des hommes se battent pour que vive cette Paix. Pour eux, hissons haut nos couleurs.

● Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Christophe Castaner (ministre de l’Intérieur)
- La levée progressive du confinement sera encadrée par des règles, accompagnée par des dispositifs gouvernementaux, et le ministère de l’intérieur y prendra toute sa part. Mais la clef de voûte du déconfinement sera le civisme des Français.
- Démantèlement de réseaux de revente de matériel médical, saisie de masques contrefaits ou volés, lutte contre les escroqueries en ligne : la police et la gendarmerie sont aussi mobilisés contre ceux qui veulent tirer profit de la crainte et de la maladie.

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
- [Déclaration commune avec Amélie de Montchalin: «L’Europe, la force des solidarités de fait°
Le 9 mai 1950, par la voix de Robert Schuman, la France et l’Allemagne posaient ensemble la première pierre à l’édifice de la construction européenne, en décidant de « placer leur production de charbon et d’acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d’Europe ».
Soixante-dix ans plus tard, jour pour jour, rappelons-nous ce qu’il fallait alors de courage pour tendre la main à l’ennemi d’hier ; d’audace, pour placer au cœur d’un projet de paix et de réconciliation « les régions longtemps vouées à la fabrication des armes de guerre dont elles étaient les plus constantes victimes » ; de perspicacité, pour saisir que, face aux nouveaux équilibres géopolitiques qui se profilaient, la force de nos nations tiendrait bientôt à l’étroitesse de leurs liens.
Mesurons ensemble le chemin parcouru, comme un sursaut face au tragique de l’Histoire – des ruines de l’année zéro à la prospérité retrouvée, puis du déchirement aux promesses tenues de l’unité reconquise autour des valeurs humanistes que nous avons en partage sur notre continent et des principes démocratiques que nous avons choisi de nous donner.
Renouons pleinement avec l’esprit de la déclaration Schuman, pas seulement par fidélité à notre mémoire commune, mais aussi pour trouver des réponses aux inquiétudes et aux questions de notre présent. Face à la crise qui bouleverse aujourd’hui chacune de nos existences et certaines de nos évidences, revenons aux fondamentaux de la construction européenne : la coopération des Etats au service des peuples, le souci des réalisations concrètes et la force de la solidarité au service avant tout de l’humain. Nous en avons besoin.
Car ce qui nous a donné la force de tenir au fil des dernières semaines, ce sont bien ces « solidarités de fait » que la déclaration Schuman appelait à placer au fondement de la construction européenne : ces solidarités qui ont aujourd’hui le visage des soignants allemands, roumains ou luxembourgeois occupés à sauver la vie de patients italiens ou français, s’expriment dans chacun des gestes que nous faisons pour nous aider les uns les autres, garantissent l’avenir de nos économies et de nos emplois.
Demain, pour tirer toutes les leçons de la crise, il nous faudra poursuivre, sur le terrain de la santé publique, l’affirmation de l’Europe qui protège, conformément à l’appel lancé par le Président de la République dès septembre 2017. Comment ? Là encore, en multipliant les solidarités de fait, au service d’une Europe de la santé plus réactive, plus souveraine et plus solidaire. Nous devrons nous assurer que l’Agence européenne de contrôle des maladies puisse davantage donner l’alarme au premier signe de danger, constituer des stocks stratégiques d’approvisionnement en produits et équipements sanitaires, mutualiser nos efforts en matière de recherche, renforcer les liens entre nos services hospitaliers. Nous devrons aussi tirer toutes les leçons de cette crise pour mieux organiser notre espace commun, Schengen, par exemple en instaurant un mécanisme de gestion plus intégrée de nos frontières.
L’Europe de la déclaration Schuman, c’est aussi une Europe capable « d’efforts créateurs » pour faire face aux périls qui menacent, avec les Européens, mais aussi avec toutes les femmes et tous les hommes du monde. C’est une Europe engagée pour la défense du multilatéralisme et des biens publics mondiaux que sont la paix et la stabilité internationale, mais aussi l’environnement, la biodiversité et la santé humaine, qui sont intimement liées.
Plus que jamais sans doute, notre monde a besoin d’une Europe déterminée à porter cette vision.
Aujourd’hui, l’Europe est très clairement au rendez-vous. Elle a permis de mobiliser le monde entier pour rassembler d’ores et déjà 7,4 milliards d’euros de promesses de dons pour soutenir la riposte mondiale face au Covid-19. Elle appuie les efforts des pays les plus vulnérables, notamment ceux du continent africain, là encore en pleine fidélité à la déclaration Schuman qui, dès 1950, soulignait la force des liens entre l’Afrique et l’Europe.
Le moment venu, l’Europe sera encore là, aux côtés de ses partenaires, pour renforcer la gouvernance sanitaire mondiale. Nous plaiderons pour une réforme ambitieuse de la seule organisation de santé publique universelle qui soit : l’OMS, qui doit avoir les moyens de jouer pleinement le rôle indispensable qui est le sien. Nous plaiderons pour une meilleure coordination des acteurs de la santé à l’échelle internationale. Nous plaiderons pour mettre la transparence au centre du jeu, car c’est la meilleure manière de nous préparer à affronter les pandémies qui pourraient nous frapper demain. Pour alerter les gouvernements et informer le public, un Haut conseil mondial de la santé humaine et animale pourrait voir le jour, sur le modèle du GIEC.
Agir « sur un point limité mais décisif », apporter au monde « la contribution d’une Europe organisée et vivante » : voilà ce que nous proposions aux Européens, il y a soixante-dix ans. Les temps ont changé ; les défis d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’hier. Mais notre continent n’en est pas moins revenu à l’heure des choix. Nous croyons, nous savons que l’esprit de la déclaration Schuman peut encore nous guider. N’oublions jamais d’où nous venons, n’oublions jamais d’où notre continent tire sa force – et nous continuerons à écrire ensemble notre histoire, la grande histoire des solidarités qui ont fait l’Europe.
- [Intervention lors la réunion du Conseil de Sécurité des Nations unies pour les 75 ans de la fin de la Seconde guerre mondiale sur le sol européen]
J’appartiens à une génération née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dans une Europe en ruines, encore hagarde de la tragédie qu’elle n’avait su conjurer. Une génération pour qui le dialogue et la coopération des nations étaient, à l’évidence, le seul chemin possible. Une génération qui, depuis soixante-quinze ans, a vu le monde changer – plusieurs fois. Et qui s’est toujours efforcée d’agir en apprenant du passé. Une génération d’Européens qui a aussi vu la douleur d’une Europe divisée pendant près de 50 ans et qui a su in fine se réunifier dans le droit et la liberté collective retrouvée.
En ce 8 mai, je voudrais vous dire ce que ces soixante-quinze années signifient pour moi, aujourd’hui, du point de vue de la stabilité et de la sécurité internationale et pourquoi nous souhaitons refonder l’ordre mondial issu de la Seconde Guerre mondiale – en nous inspirant de l’esprit de la Conférence de San Francisco, plutôt que de celui de Yalta.
Mais sans, pour autant, prétendre dire l’histoire. Je suis un responsable politique, pas un historien. Et je sais que confondre les registres, c’est risquer de verser dans l’instrumentalisation, voire la réécriture du passé, qui ne servent qu’à s’exonérer de ses responsabilités ou à semer la discorde – ce qui, d’ailleurs, va souvent de pair. Or il n’y a que dans le respect de l’objectivité des faits, qui n’interdit pas la diversité des mémoires, que nous pourrons tirer ensemble des leçons de notre histoire commune.
Depuis 1945, nous avons d’abord appris que le meilleur garant d’un ordre international stable, c’est un multilatéralisme fort, c’est-à-dire un multilatéralisme vivant.
Si les institutions, les règles et les outils du multilatéralisme viennent à se figer, si elles ne sont plus en prise avec la réalité et ses urgences, alors elles sont contestées. La force du système des Nations unies, c’est d’avoir toujours su se transformer pour épouser la marche du monde. Depuis 1945, les réformes ont été nombreuses. Je pense au lancement des opérations de maintien de la paix, au développement de l’outil des sanctions ou encore à l’établissement de juridictions pénales internationales.
Défendre l’ordre multilatéral aujourd’hui, comme le fait la France, comme le fait l’Europe, ce n’est donc pas défendre le statu quo. C’est au contraire, réinventer constamment nos méthodes de travail et nos leviers d’action, pour que jamais le multilatéralisme ne soit faible, comme il l’a été dans l’entre-deux guerres.
C’est d’autant plus important que nous assistons aujourd’hui à une brutalisation de la vie internationale qui doit nous alerter. Il est donc urgent de revenir aux règles édictées, en 1945, par la Charte fondatrice de notre organisation : l’encadrement par le droit de tout recours à la force, dans la seule perspective de la sécurité collective, qui lie la sécurité de chacun à la sécurité de tous.
C’est le sens de nos efforts, en Europe, pour rétablir sur notre continent une architecture collective de sécurité et de confiance. Afin de régler les conflits dits gelés. Afin de limiter le risque d’escalade accidentelle. Afin de rendre opérationnels les dix principes clés adoptés à Helsinki et réaffirmés à Paris, il y a bientôt trente ans et qui n’ont rien perdu de leur pertinence.
Et c’est la préoccupation qui doit guider notre Conseil, pour répondre aux défis d’aujourd’hui : le défi du terrorisme, le défi des violences faites aux civils, les défis de la prolifération. C’est la préoccupation qui doit guider notre Conseil pour lutter contre l’impunité, pour combattre les inégalités, qui fragilisent les sociétés et les exposent à la violence. Et, parce que la crise du Coronavirus amplifie les menaces pour la sécurité collective, pour que nous puissions sans plus attendre apporter un soutien clair à l’appel du Secrétaire général à une trêve humanitaire dans l’ensemble des conflits armés.
Ce que je retiens du tournant de 1945, c’est enfin que les Alliés n’ont pas attendu la victoire du 8 mai 1945 pour dessiner les contours d’un nouvel ordre multilatéral : la déclaration des Nations unies date de 1942 ; la conférence de Bretton Woods a lieu en 1944. Car les sorties de crise réussies sont les sorties de crise préparées – et préparées en commun.
Tout en continuant à nous battre pour faire reculer la pandémie, nous devons donc commencer, dès aujourd’hui, à construire le « monde d’après », en commençant, bien sûr, par le renforcement du multilatéralisme de santé, en lien aussi avec les autres biens publics mondiaux comme la biodiversité et le climat.
Comme le dit Timothy Snyder, dont je salue l’intervention, « l’histoire ne se répète pas, mais elle nous instruit ». Sachons, collectivement, tirer parti de ses leçons.

Florence Parly (ministre des Armées)
- Il y a 70 ans, la déclaration Schumann marquait le début de la construction européenne. Aujourd'hui, l'Europe affronte une crise d'une ampleur inédite. Par notre unité, par notre solidarité, nous relèverons les défis qui nous attendent et nous en sortirons plus forts.
- Brigadier-chef Dmytro Martynyouk, Brigadier Kévin Clément. Vous êtes, tous deux, nés sous des cieux différents. Aujourd’hui, c’est du même drapeau tricolore que vous êtes enveloppés. Vous êtes morts pour la France. Pour la France, vous avez tout donné. Pour vous, nous ferons face. Car la mort n’a rien gagné. La mort peut frapper, elle est déjà vaincue. Jamais aucune culture de mort ne pourra triompher tant que des femmes et des hommes choisiront de risquer leur vie pour ce qui est plus grand qu’elle. Et lorsque votre nom sera évoqué par ceux qui ne vous auront pas connus mais s’efforceront de servir à leur tour dignement, on murmurera avec respect et admiration : « ils ont servi, honnêtes et fidèles, au Premier étranger de cavalerie. »
- 8 mai 2020, 75e anniversaire de la paix en Europe. Souvenons-nous des femmes et des hommes qui se sont battus pour la liberté. De leur combat, rien ne doit être oublié. Honorer leur engagement est notre devoir, rien n’entamera la gratitude et l’admiration que leur porte la Nation. Se souvenir pour former ensemble une France forte et audacieuse, une France solidaire et unie.

Bruno Le Maire (ministre de l’Economie et des Finances)
Accord à l’Eurogroupe sur une ligne de trésorerie de 240 milliards d’euros pour les États qui le souhaitent, pour faire face aux besoins de financement liés au Covid. La ligne de crédit du mécanisme européen de stabilité sera donc opérationnelle le 1er juin.

Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire)
- Pour relancer l’économie et transformer la société, les bases sont déjà là. Avec 16 ministres européens de l’écologie, nous appelons la Commission européenne à mettre en œuvre le Green deal européen sans délai. La transition écologique est la meilleure stratégie de sortie de crise.
- Le 8 mai 1945 les Alliés triomphaient de la barbarie nazie et ouvraient une ère de paix et de reconstruction. N’oublions jamais ceux qui sont tombés pour notre liberté.

Jean-Michel Blanquer (ministre de l’Education)
- Près de 86 % [d'écoles ouvriront en France à partir de lundi]. Ce qui correspond à 89 % des communes ayant au moins une école. Cela représente plus de 1,5  million d'enfants. Les chiffres ont progressé : les écoles accueilleront davantage d'élèves qu'annoncé jeudi, dans la limite de 15 élèves maximum par classe en élémentaire. Une grande partie des 14 % d'écoles restantes devraient rouvrir d'ici à la fin du mois.  
- Au mot " rentrée ", je préfère celui de " reprise". Il s'agit d'amorcer un processus avec progressivité et pragmatisme. En mai, l'objectif est que 100 % des élèves soient en lien avec l'école! Ceux qui ne seront pas en classe continueront l'enseignement à distance. Et nous mettrons tout en œuvre pour ramener les 4 % de  décrocheurs. 
- Cela varie beaucoup d'un endroit à l'autre. Dans certains sondages, c'est deux tiers des parents [qui préfèrent garder leurs enfants à la maison]. Certains parce qu'ils ont une vulnérabilité ou qu'ils vivent avec une personne vulnérable, d'autres parce qu'ils ont peur - et c'est malheureusement dans les familles les plus défavorisées que la crainte est la plus forte. Mais je pense que cette proportion va décroître. Notre protocole sanitaire, très exigeant, limite les risques. Le respect des consignes pour les 30.000 enfants de soignants accueillis pendant le confinement a montré sa pertinence. Dans l'école de Poissy [Yvelines] où j'étais mardi avec le président de la République, aucun cas de contagion n'a été détecté.
- On a un peu moins de deux mois pour inverser la tendance. A nous de faire preuve d'un grand volontarisme. Tout le monde est mobilisé - enseignants, conseillers principaux d'éducation, personnel médico-social, associations, élus locaux…  Les 300.000 élèves de CP et CE1 du réseau d'éducation prioritaire, qui sont déjà par groupe de 12, sont en position favorable pour reprendre la classe. Tout comme les 60.000 élèves des écoles rurales. 
- Même si nous laissons beaucoup de souplesse à chaque école, la circulaire de reprise fixe des grands principes. La logique est d'accueillir dans un premier temps les niveaux stratégiques : grande section de maternelle, CP et CM2, puis d'alterner avec les autres niveaux. L'école en  mai ne sera pas une garderie car nous conservons la charpente des niveaux. Et nous complétons avec des publics prioritaires : enfants en situation de handicap, enfants des personnels indispensables à la vie de la nation et décrocheurs.
- Je souhaite que tous les enfants aient pu retrouver physiquement leur école au moins une fois d'ici à la fin du mois. Dans certaines villes, où les locaux sont exigus, il faudra s'adapter. J'ai proposé aux communes de mettre en place des activités de sport, santé, culture et civisme en dehors de l'école. Les élèves pourront aller, en petit groupe, au musée, dans des parcs, pratiquer des activités physiques, suivre des formations santé… C'est l'occasion de renforcer la coopération avec les collectivités.
- Les inégalités ne sont pas seulement sociales, mais territoriales. Une commune rurale peut être mieux lotie que Paris pour des raisons d'espace. Pour lutter contre ces inégalités, l'Etat débloquera 250  millions d'euros pour financer les nouvelles activités de sport, santé, culture et civisme.
- Chaque école a sa vision. Mais beaucoup ont choisi d'accueillir, par demi-groupes, des élèves de grande section, CP et CM2, complétés par des groupes multiniveaux pour les publics prioritaires. Pour l'alternance, c'est souvent une semaine sur deux. De nombreuses communes semblent opter pour des repas à la cantine plutôt qu'en classe, en modifiant les horaires et en multipliant les services.
- [Priorités] La première est psychologique : accueillir les élèves, les écouter, voir comment ils vont. Les 12.000  ­personnels médico-sociaux de l'Education nationale sont en première ligne. Puis il y aura une dimension pédagogique. Après deux mois de confinement, il faut savoir où en sont les élèves. Nous avons mis à la disposition des enseignants des fiches rappelant les objectifs, niveau par niveau. Le mot-clé, c'est " personnalisation". Le but n'est pas de boucler les programmes coûte que coûte ; nous devons raisonner à cheval sur l'année prochaine.
- D'après nos dernières remontées, ils sont près de 50 % [d’enseignants à reprendre lundi]. Cette proportion n'a rien de gênant : le nombre de présents permet de bien accueillir les élèves qui reviennent. Il faut réamorcer les choses tranquillement, sans que personne ne se sente un " ­malgré-nous" de la présence physique. Les professeurs non présents en classe peuvent avoir des vulnérabilités ou vivre avec des  personnes vulnérables. Ils s'occuperont de l'enseignement à distance pour les élèves à la maison. Sous différentes modalités, tout le monde sera donc au travail.
- Notre système d'enseignement à  distance s'est largement amélioré. La plateforme du Cned Ma classe à la maison a recueilli 2,6  millions d'inscriptions de familles, et 454. 000  professeurs l'ont utilisée. Dans un sondage Ifop, 75 % des parents se déclarent satisfaits du système, qui a marché grâce à  l'engagement des professeurs. Les ressources ont été mises à jour : des semaines de travail sont disponibles pour mai et juin. La nouvelle étape que nous franchissons impose toute­fois des adaptations. Par exemple, certains élèves auront affaire à un professeur qui n'est pas le leur.
- A partir du 11  mai, les professeurs peuvent de nouveau évaluer, même en cas d'enseignement à distance. Pour les classes à examen (troisième, première et terminale), ces notes ne comptent pas pour le contrôle continu mais elles donnent lieu à  une appréciation des professeurs pour éclairer les jurys d'harmonisation sur la motivation et l'assiduité des élèves.
- [Oral de français du bac] D'ici à la fin mai, je dirai si on le maintient ou s'il devient du contrôle continu. L'oral de français est compatible avec le respect des règles sanitaires. Donc, si les lycées rouvrent, il pourrait avoir lieu. J'aurais été plus populaire en le supprimant, mais les élèves me remercieront dans dix ans, en se souvenant de leur lecture de Phèdre pendant le confinement. Cela dit, j'ai conscience que la période crée des inégalités de situation et complique la préparation de l'examen. Je conseille en tout cas de travailler les textes. Nous sommes une nation apprenante.
- Nous préparons tous les scénarios. L'hypothèse la plus vraisemblable, c'est que le virus sera encore présent en septembre. Dans ce cas, la rentrée ne ressemblera sans doute pas aux précédentes. Cette reprise de mai-juin nous permet d'expérimenter des modalités de fonctionnement, nécessairement mixtes, entre présence à l'école et enseignement à distance. Un groupe de travail va réfléchir aux usages numériques, au travail en petit groupe, à la place du sport et de la culture, que je souhaite développer… Les professeurs qui pratiquaient la classe inversée –  on  envoie une leçon par vidéo à  la classe puis on travaille à partir de cela – ont eu une très bonne adaptation à l'enseignement à distance pendant le confinement. C'est un exemple de ce qui pourrait être développé à la rentrée. Nous devons aussi travailler avec les collectivités locales sur la réorganisation de l'espace, l'articulation scolaire et péri­scolaire. C'est l'occasion de moderniser le système éducatif, de faire de notre école une réelle source de transmission du savoir et d'épanouissement.
- Toutes les écoles vont pouvoir rouvrir : c'est conforme à ce qu'a annoncé le Président, et c'est la responsabilité de l'Etat. Pour ne pas rouvrir, il faut qu'une impossibilité locale réelle soit constatée par le maire et l'Education nationale. Dans certaines communes rurales, on peut manquer de personnel pour nettoyer les classes ; l'Etat est là pour aider à résoudre les problèmes. Les quatre cinquièmes des écoles qui n'ouvrent pas tout de suite le feront un peu plus tard. En revanche, certains, par exemple à  l'est de Paris, sont dans une posture politique. C'est le  contraire de mon idée de la République. Nous devons tous travailler, sans clivage, au droit à l'éducation de tous les enfants.
- Les discours qui occupent le devant de la scène médiatique ne doivent pas faire oublier la grande implication des enseignants ni leur désir majoritaire de retrouver les élèves. Que certains responsables politiques ou syndicaux prennent l'école pour un terrain de jeu politicien, c'est un  fait. Ils sont minoritaires. Dans ces circonstances exceptionnelles, il faut rechercher l'unité nationale.
- Des parents peuvent se sentir lésés car leur enfant ne retournera pas dès cette semaine à l'école. J'en suis évidemment désolé, mais nous faisons le maximum pour que cela évolue positivement. Il faut accepter que la réalité soit imparfaite. Je ne prétends pas que tout sera parfait le premier jour, mais j'atteste qu'il y a une grande volonté de bien faire. Ce qui compte, c'est l'amorce.
- Comme l'a rappelé la circulaire du Premier ministre, la responsabilité de décider de l'ouverture d'une école incombe à l'État : cela n'engage donc pas la responsabilité juridique du maire, sauf en cas de violation délibérée d'une obligation particulière de prudence ou de faute caractérisée. Evitons la juridicisation de la vie publique. Je regrette que certains soient déjà dans cette logique alors que nous sommes au cœur de la crise. Pour ma part j'assume, politiquement, de dire que le droit à l'éducation est prioritaire. Les pédiatres alertent d'ailleurs sur le danger bien plus grand que court un enfant à rester six mois à la maison plutôt que d'aller à l'école avec un protocole sanitaire très strict.
- Pour arriver aux décisions prises, j'ai consulté les fédérations de parents d'élèves, les organisations syndicales, les directeurs d'établissement… Le travail avec le Président, le Premier ministre et Jean Castex [coordinateur national chargé du déconfinement] s'est poursuivi jusqu'à la veille de la présentation du plan de déconfinement  par Édouard Philippe. Nous avons choisi de commencer par les plus jeunes, pour qui un décrochage scolaire serait le plus dangereux. Je souhaite ardemment le retour en classe des collégiens et lycéens dès que possible.

Franck Riester (ministre de Culture)
- Je suis convaincu qu'on n'arrivera à rebondir qu'en s'appuyant sur les arts, la culture et le patrimoine. Il nous faut réinventer de nouvelles formes de réponses à l'envie d'art et de culture de nos compatriotes.
- Je veux saluer la solidarité, le talent et l’énergie de tous les artistes et créateurs européens. Partout en Europe, ils nous accompagnent quotidiennement pour traverser la crise sanitaire. Nous avons besoin d’eux pour préparer demain. Avec la Commission Européenne, nous sommes mobilisés pour soutenir tous les acteurs de la Culture durant cette période de résilience et après. Le modèle culturel européen est précieux mais menacé. C’est un élément de notre souveraineté. Nous devons le défendre. Les grandes plateformes auront demain l’obligation de financer la création française et européenne, dans le respect des droits d’auteurs.

Muriel Pénicaud (ministre du Travail)
- Pour réussir le déconfinement, les entreprises doivent recourir au maximum au télétravail. Après avis des partenaires sociaux, nous publions ce jour un guide pour aider les entreprises et les salariés dans cette organisation du travail.
- Déclaration Schuman du 9 mai 1950. 70 ans plus tard, notre solidarité européenne de fait porte sur la santé, l’écologie, le numérique, la capacité productive, et la souveraineté internationale. Ensemble, rebâtissons une Europe plus concrète et proche des citoyens.

Julien Denormandie (ministre de la Ville et du Logement)
L’Assemblée Nationale a adopté un amendement de LaREM reportant la fin de la trêve hivernale au 10 juillet pour éviter toutes expulsions locatives dans le contexte actuel. Ensemble, nous agissons pour qu’à la crise sanitaire et économique ne s’ajoute pas une crise sociale.

Marc Fesneau (ministre des Relations avec le Parlement)
«Un jour viendra (...) où vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes (…) vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne.» Victor Hugo. Un jour qu’il nous appartient de défendre et réinventer.

Adrien Taquet (secrétaire d’Etat à la Protection de l’enfance)
- L'état d'urgence sanitaire sera donc prolongé et ce jusqu'au 10 juillet et c'est une nécessité. (...) Le texte qui proroge l'état d'urgence sanitaire n'est évidemment pas un blanc-seing et le gouvernement en a conscience. (…) Le gouvernement se réjouit qu'après des débats exigeants l'Assemblée et le Sénat soient parvenus à un accord sur un texte équilibré qui assure autant l'efficacité de la lutte que le respect des principes auxquels nous sommes toutes et tous attachés.
- Le confinement a été un succès grâce aux Français. La réussite du déconfinement du 11 mai reposera elle aussi sur notre responsabilité collective : gestes barrières, distanciation physique, télétravail, port du masque et vigilance dans les transports en commun. Dès lundi, de nouvelles règles entreront en vigueur. Comme pour le confinement, les forces de l'ordre privilégieront la pédagogie et les sanctions s'appliqueront progressivement. Le taux de verbalisation (6%) montre que les Français respectent les règles.

Amélie de Montchalin (secrétaire d’Etat aux Affaires européennes)
- 70 ans après la Déclaration Schuman, construisons une Europe plus réactive, plus solidaire, et plus souveraine pour protéger la santé des Français et des Européens.
- Il y a un an jour pour jour le Président rassemblait 9 États membres pour une Europe neutre en carbone en 2050. Depuis, cet objectif est partagé par tous. Nous pesons aujourd’hui pour que la relance soit réellement verte.
- Nous Européens devons affirmer plus fortement notre autonomie stratégique, notre souveraineté industrielle, technologique, sanitaire. Aucune autre puissance ne doit écrire l’histoire de l’Europe à sa place.
- Le Président Emmanuel Macron a été a l’initiative d’une stratégie commune de l’Europe pour combattre le Covid19. Aujourd’hui la France est volontaire pour accueillir une partie de la réserve sanitaire européenne destinée à anticiper les crises.

Cédric O (secrétaire d’Etat chargé du numérique)
La question du numérique et des startup doit être au cœur du plan de relance, auquel nous réfléchissons.

Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances)
- J'annonce que nous allons signer quatre contrats dans les prochains jours pour relancer une production de masques chirurgicaux et FFP2 en France avec quatre nouveaux acteurs.
- Avant la crise, la France fabriquait 3,5 millions de masques FFP2 et chirurgicaux par semaine. Fin mai nous aurons une production hebdomadaire de 20 millions de masques FFP2 et chirurgicaux par semaine.
- Le sujet des masques a mis en évidence notre dépendance industrielle par rapport à un autre pays. Nous avions commencé à poser les fondements d’une reconquête industrielle, nous devons accélérer et développer en France des capacités de production.
- A partir du 11 mai, ce sont plus de 200 millions de masques par semaine qui approvisionneront la France. Ils permettront de couvrir l’équivalent de 900 millions d’usages uniques.

Olivier Dussopt (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des Comptes publics)
Entrée en vigueur du forfait «mobilité durable» dès le 11 mai au lieu du 1er juillet (décret et arrêté). Soutenir le recours par les agents publics à des modes de transports alternatifs dès la sortie de confinement.

Sibeth Ndiaye (porte-parole)
- Nous célébrons aujourd'hui la Journée de l’Europe. La crise inédite que nous traversons nous rappelle l'importance d'agir ensemble. Seule une réponse commune nous permettra d'être à la hauteur des enjeux. Plus que jamais, nous avons besoin d'une Europe souveraine et solidaire !
- Nous mettons à disposition des préfets un stock de 5M de masques par semaine qui seront distribués gratuitement aux personnes en situation de grande fragilité économique, et rembourserons à hauteur de 50% les collectivités locales qui effectuent des distributions de masques.
- Il est important d’écouter les scientifiques. Nous prenons toutes nos décisions en nous appuyant sur un rationnel scientifique et sanitaire. C’est le cas par exemple en matière d’usage de masques et de tests.

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Richard Ferrand (président de l’Assemblée nationale)
- [Point du vue avec Meritxell Batet, présidente du Congrès des députés, Espagne ; Roberto Fico, président de la Chambre des députés, Italie ; Wolfgang Schäuble, Président du Bundestag, Allemagne: «La fin de la guerre et la Journée de l’Europe»]
La victoire de la liberté et de la démocratie sur le totalitarisme, il y a 75 ans, a marqué une rupture et un nouveau commencement pour l’Europe. Aujourd’hui, même si chacun la commémore d’une manière qui lui est propre, cette victoire témoigne de la volonté de réconciliation entre les nations européennes. Celle-ci a tracé un chemin de coopération qui n’a pas d’équivalent dans notre histoire.
En célébrant aujourd’hui la « Journée de l’Europe », nous réaffirmons notre confiance dans cette capacité à surmonter les crises qui sont les nôtres. Nous rappelons ainsi le plan visionnaire de Robert Schuman, présenté cinq ans seulement après la fin de la guerre, dans une situation bien plus sombre encore que celle que nous connaissons aujourd’hui. Après la crise la plus dévastatrice qui ait jamais frappé notre continent, l’intégration européenne a permis la reconstruction et la plus longue période de paix et de prospérité. Avec la chute du Rideau de fer, il y a trente ans, elle s’est muée en un projet pour l’Europe entière. Ce qui décidera de son avenir, et de celui de la zone euro, ce sera de savoir si, et avec quel succès nous réussirons à relever ensemble les défis du présent – et surtout, si nous trouverons une voie européenne pour arrêter la propagation du Coronavirus de manière rapide et responsable, pour lutter contre ses conséquences et veiller à ce que les ressources nécessaires soient mobilisées afin de permettre à tous les États membres de suivre la voie de la relance économique commune.
Pour cette nouvelle mission de reconstruction et de réforme, nous avons besoin, maintenant, d’une initiative de l’Union européenne afin de faire face, solidairement et en concertation étroite, aux conséquences massives de la pandémie sur l’économie et la société. Afin de déployer, par des idées créatives dans la lutte contre cette crise, une nouvelle dynamique qui permette à l’Europe de s’affirmer dans la concurrence internationale.
L’Union européenne avance en temps de crise. Chaque crise dans le passé a donné lieu à des accords sur une coopération plus intense et des mesures communes plus fortes. De même, chaque plan de reconstruction est aussi un plan de réforme. Nous ne voulons pas revenir au point de départ, mais nous voulons progresser vers les objectifs que nous nous sommes fixés ensemble. Il nous faut pour cela un accord sur l’orientation commune et un plan de réforme pour pouvoir mieux répondre aux défis de notre temps – ceux que nous connaissons déjà et ceux que la crise actuelle fait naître. La pandémie de Coronavirus que nous continuons de subir montre la nécessité de lutter contre les carences et les dysfonctionnements qui sont la conséquence d’une mondialisation débridée. Celle-ci appelle à des changements structurels, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux ou écologiques : des changements que l’on ne pourra atteindre qu’en unissant nos forces pour garantir les droits et les services aux citoyennes et aux citoyens. La réponse à la crise sanitaire a mis clairement en avant la multitude des possibilités qu’offre la numérisation croissante de notre quotidien, mais aussi les risques qu’elle comporte ; elle montre que l’État doit en prévenir les conséquences possibles que sont l’exclusion et la discrimination et qu’il doit garantir les libertés individuelles, qui sont d’une importance fondamentale dans notre communauté politique.
Dans la reconstruction de nos systèmes économiques, nous devrons mettre particulièrement l’accent sur leur durabilité sociale et environnementale. Nous ne saurions nous soustraire une nouvelle fois à notre responsabilité dans la lutte contre le changement climatique et pour la préservation de la biodiversité, ni ne pouvons minimiser le discours scientifique. De surcroît, nous avons, en tant qu’Européens, une responsabilité commune en ce qui concerne la stabilité et le développement de nos voisins immédiats, en particulier des États africains – notamment en raison des problèmes non résolus engendrés par la migration dans le monde.
La solidarité qui fut à l’origine de la fondation de l’Union européenne n’a pas fait de distinction selon l’histoire, le parcours ou la responsabilité de tel ou tel pays. Elle a simplement demandé en contrepartie de la légitimité démocratique, de la volonté et de l’engagement, ainsi que la reconnaissance de valeurs communes et le respect des règles convenues. Elle n’était pas tournée vers le passé, mais vers l’avenir et reflète davantage la conscience qu’ensemble nous pouvons mieux relever les défis de notre temps. Elle manifeste la conviction qu’une réponse concertée entre tous aux problèmes rencontrés par chaque membre en particulier est toujours, compte tenu des liens et des intérêts qui nous unissent, la meilleure réponse pour toute l’Europe et pour chaque État membre.
Pourtant, dans de nombreux États membres, ceux qui mettent en doute le sens du processus d’intégration européenne font de plus en plus entendre leur voix. Ils exploitent la crise du Coronavirus pour attiser la confrontation entre les populations et pour amplifier les tendances à la division. Ils traitent avec mépris les efforts difficiles et les lourdeurs inévitables pour parvenir au consensus et à la coopération, et ils en profitent pour remettre en question la légitimation des institutions elles-mêmes. Cependant, au cœur de la crise, l’Union européenne et ses États membres agissent depuis longtemps dans un esprit de solidarité, tant au niveau logistique que financier.
Si nous nous fixons aujourd’hui de nouveaux objectifs communs, il ne s’agit plus tant de répondre d’abord à la question fondamentale de savoir si nous voulons plus ou moins d’Europe mais, pragmatiquement, comment nous allons, le plus rapidement possible, améliorer et renforcer l’Union des 27 États membres, et accroître sa capacité d’action. En effet, même dans un monde globalisé que la crise du Coronavirus aura complètement changé, aucune nation européenne n’existera par elle-même. L’Europe reste notre meilleur instrument pour nous affirmer efficacement en rassemblant nos capacités, et pour pouvoir ainsi façonner la réalité selon notre propre échelle de valeurs.
La réalité change, et les identités changent avec elle. L’Union européenne ne veut ni remplacer les États ni gommer les différences nationales. Les citoyennes et citoyens d’Europe ont depuis longtemps le sentiment d’avoir beaucoup plus de choses en commun que de choses qui les divisent. C’est sans aucun doute le cas pour les défis communs, mais aussi pour les valeurs communes de liberté, d’État de droit et de démocratie, ainsi que pour l’aspiration au progrès et à la solidarité. Nous faisons nôtre l’héritage philosophique, social et culturel de chaque pays, et nous nous reconnaissons à de multiples égards dans les créations et dans les rêves de nos concitoyens européens, quelle que soit leur nationalité. De cela peut jaillir une identité européenne propre, qui sera le fondement d’une démocratisation accrue du projet européen.
Le pluralisme de la société se reflète dans les parlements nationaux, où nous avons l’habitude d’aplanir nos différences d’intérêts et de prendre des décisions, à travers le compromis ou à la majorité. La diversité, c’est aussi ce qui caractérise l’Europe. Le processus d’intégration requiert dès lors que nous soyons toujours capables de nous mettre à la place de l’autre, d’intégrer sa perspective. Que nous soyons du Nord ou du Sud, de l’Ouest ou de l’Est, c’est de cette manière seulement que nous pouvons prendre en compte tous les points de vue et parvenir finalement à une action commune. En cette « Journée de l’Europe », 75 ans après la fin de la guerre, et face au plus grand défi de ces dernières décennies, les parlements nationaux réaffirment la responsabilité commune qui est la leur pour œuvrer en tant que charnière entre la population et les institutions européennes afin de renforcer encore l’idée européenne et de raviver une Europe proche du citoyen, consciente de sa responsabilité dans le monde et pour le monde. Une Europe solidaire et démocratique, qui peut discuter en son sein, mais qui plus jamais ne se laissera diviser.»
- Commémoration du 10 mai, journée nationale des mémoires de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions. N'oublions jamais.
- Après l’accord élaboré en commission mixte paritaire, le projet de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire est adopté par les députés. Plus que jamais, le travail parlementaire s’effectue en responsabilité face à la crise.
- Le 8 mai 1945 la France et ses alliés obtenaient la capitulation de l’Allemagne nazie. A l’Assemblée, avec les députés présents, cérémonie d’hommage aux combattants de la liberté et aux victimes de la guerre. En leur mémoire, la représentation nationale se souvient.

Stanislas Guerini (délégué général)
[Tribune coécrite avec le député européen Stéphane Séjourné: «L'Europe a besoin d'un nouvel acte hardi et constructif»]
Jean Monnet savait de quoi il parlait quand il disait que 'l'Europe se fera dans les crises et elle sera la somme des solutions apportées à ces crises'. Depuis 70 ans et la déclaration Schuman, on ne compte plus les improvisations, les frayeurs, les catastrophes annoncées
Du rejet français de la CED qui aboutit à la Communauté européenne en 1957 aux conseils interminables des années 2010 qui sauvèrent l'Euro de justesse, l'Europe semble être fait sienne la maxime de Rostand : 'C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière'. La crise du Covid ne fera pas exception, ainsi espèrent tous ceux qui croient en l'Europe.
Pourtant, à notre insu, un doute s'est installé. Alors que la France a les yeux rivés sur son confinement qui finit et son déconfinement qui commence, la Cour constitutionnelle allemande a rendu une décision dans laquelle elle déclare 'ne pas être liée par la décision de la CJUE'.
Deux piliers de la construction européenne risquent ainsi d'être remis en cause : la primauté du droit européen et l'intégration par l'économie. Déjà les gouvernements européens les moins scrupuleux se frottent les mains : si certains négligent le droit européen pour des motifs économiques, pourquoi ne pas le faire quand il s'agit de petites entorses à l'Etat de droit?
Depuis trois ans et sous l'impulsion du président Macron, l'Europe avance. La défense européenne, le 'Green New Deal', les jalons d'une vraie politique industrielle commune sont autant de succès inédits à mettre au crédit de la France. A l'étranger, parmi les Européens convaincus et les observateurs, on le sait souvent mieux que chez nous.
La France ne doit plus être seule quand elle demande, sommet après sommet, un budget européen
Mais les vents sont contraires : les dirigeants populistes font pression, l'Europe peine à se faire entendre même quand elle livre des masques, les égoïsmes nationaux jouent à plein, la Chine déverse sa propagande et les Etats-Unis se claquemurent. Aujourd'hui encore, au faîte d'une crise qui dévaste les économies de plusieurs pays, il est encore des gouvernements qui refusent la solidarité et la mutualisation.
Il y a 70 ans jour pour jour, Robert Schuman ouvrait sa déclaration par ces mots : 'Il n'est plus question de vaines paroles, mais d'un acte, d'un acte hardi, d'un acte constructif.' Pour faire face à la crise que nous vivons, nous avons de nouveau besoin d'un acte hardi et constructif pour concrétiser une Europe qui protège. La France ne doit plus être seule quand elle demande, sommet après sommet, un budget européen, des investissements massifs dans la santé et l'environnement, bref, une Europe politique. Cet acte ne sera pas moins important que celui de l'après-guerre. A l'époque, les pays européens avaient répondu présents. Pourra-t-on en dire autant aujourd'hui?"

Gilles Le Gendre (président du groupe à l’Assemblée nationale)
- Alors que nous célébrions hier le 70e anniversaire de la déclaration Schuman, les présidents des trois principales institutions de l’UE appellent à une Union plus transparente, plus audacieuse, plus solide.
- L’économiste et le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus appelle à repenser le monde de l’après. Pour lui, la reconstruction doit être sociale et écologique.

Aurore Bergé (porte-parole)
- C'est ensemble, avec un déconfinement progressif et responsable que nous réussirons. Un déconfinement qui permet de retrouver nos proches, nos lieux de travail, nos commerces, nos forêts.
- Aux côtés de 56 organisations de protection animale,de nombreux scientifiques et personnalités, je cosigne une tribune [pour que] la relance économique intègre la protection des animaux et de l'environnement.
- Pendant le confinement, la culture aura été un refuge quotidien. Merci à tous les artistes pour ce que vous avez partagé et offert. Il nous appartient de nous en souvenir alors que nous commençons demain le déconfinement et que le secteur culturel est si durement frappé.

Olivia Grégoire (députée)
- La loi Pacte a permis la création des entreprises à mission, a fait avancer le partage de la valeur au sein de l’entreprise avec la suppression du forfait social sur l’intéressement et la participation. Nos intuitions ont été les bonnes et la crise ne fait que les renforcer. Il faut maintenant aller plus loin, se diriger vers plus de pratiques vertueuses. Dans le cadre de son opération "Reconstruire ensemble" menée sur la base d'une grande consultation des Marcheurs, La République en marche a donc chargé un groupe d’experts et d’élus de travailler autour d’un triptyque de proposition fondé sur le « faire » (production), « l’être » (raison sociale de l’entreprise) et « l’avoir » (répartition de la valeur).
- L’importance des principes environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance (ESG) dans la performance de l’entreprise est une évidence, mais la conditionnalité des aides d’Etat n’est encore qu’une piste de travail. Je crois sincèrement que la performance extra-financière est un actif pour la compétitivité de l’entreprise aujourd’hui et on voit bien que l’opinion publique ne comprend pas que de très grandes entreprises ayant bénéficié du soutien public augmentent leurs dividendes. Au vu des moyens engagés depuis deux mois par l’Etat – on parle ici de l’argent du contribuable –, on ne peut plus continuer à soutenir aveuglément les entreprises non vertueuses.
Je soumettrai au groupe de travail une modulation de l’impôt sur les sociétés (IS) en fonction de critères écologiques ou sociaux, comme sur le partage de la valeur dans l’entreprise. En cas de versements disproportionnés de dividendes, la baisse de l’IS, comme l’octroi d’aides publiques, pourrait être remise en cause. Je mets de côté les TPE et PME pour qui la situation est différente. Mais sur les grandes entreprises, je pense que nous devons mieux encourager un certain nombre de pratiques vertueuses comme l’a fait le président de la République en réponse à la crise des Gilets jaunes. Ce sujet avance bien dans la majorité mais ce sera tout l’enjeu des prochaines semaines que de trouver des solutions efficaces, puis de convaincre le Gouvernement de les adopter.
- Comme Bruno Le Maire, je privilégie toujours la liberté et l’incitation. Mais vu l’état de l’économie et vue l’urgence de la crise que nous traversons, j’estime pour ma part qu’il ne faut pas se priver de réfléchir à sanctionner les non vertueux. Prenons l’exemple de l’allègement des impôts de production, pour l’essentiel des impôts locaux. Il serait logique de conditionner ces allègements à des objectifs clairs en matière de recyclage, de sobriété énergétique ou d’emplois.
- [Nationalisations transitoires autorisant la participation partielle et temporaire de l’État au capital d’entreprises engagées dans un changement de modèle vertueux ] C’est une idée qui a émergé de nos premiers échanges au sein du groupe. Elle consisterait à appliquer à de plus petites entreprises ce qui a été commencé avec Air France KLM. L’Etat pourrait s’engager au capital de PME ou d’ETI éloignés des bonnes pratiques ESG, comme le transport routier ou d’autres industries polluantes. La puissance publique pourrait les accompagner pour les inciter à basculer vers un modèle plus performant. (…) Il s’agit simplement de voir comment on peut encourager les comportements vertueux, soit par une participation de l’Etat, soit par une aide supplémentaire, soit par une modulation de l’IS. On pourrait aussi imaginer des fonds communs de placements dédiés aux PME engagées dans la transition écologique. Beaucoup d’épargnants sont prêts à se positionner sur des entreprises durables.
- Je m’intéresse de très près à la taxe Zucman [Gabriel Zucman, économiste français]. L’idée globale, c’est de mettre une taxe sur le chiffre d’affaires mondial des géants du numérique, dont une fraction serait payée dans chaque pays au prorata de l’activité que l’entreprise y réalise. Si Apple fait 10 % de ses ventes en France, Apple paye 10 % de la base taxable en France. Evidemment, ce serait une solution radicale, mais nous pensons qu’il peut être intéressant de la prendre comme base de réflexion pour avancer sur ce sujet qui paralyse l’Union européenne, au besoin en encourageant la France à montrer l’exemple.
- Il est devenu insupportable pour les gens, les TPE, les PME, d’être toute la journée sur leur Mac, de dépendre Google et d’Amazon, et de constater que ces géants paient si peu d’impôts en France. D’autres membres du groupe de travail suggèrent de s’intéresser à une redevance pour l’accès aux infrastructures numériques… Débattons ! Il n’est pas temps de s’interdire à réfléchir.

●MoDem
Sarah El Hairy (porte-parole)
- Souvenons nous des victimes d'hier et d'aujourd'hui en cette journée des mémoires de la traite, de l'esclavage, mais aussi de son abolition.
- Une reconnaissance infinie pour les pères de l'Europe, car l'Europe pour moi c'est avant tout d'avoir connu que la Paix.

●UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

La première assise d'une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix: voilà ce qu'est le discours de Robert Schuman. 70 ans après, l'Europe est redevenue notre meilleure chance pour préserver notre mode de vie et organiser notre puissance.

●Mouvement radical
Laurent Hénart (président)
Elle est aussi fragile et imparfaite qu'indispensable. Sans Europe, pas de réponse efficace aux urgences sanitaires, économiques, écologiques et sociales.

● Autres
(Personnalités ou organisations centristes)
Jean-Pierre Raffarin (ancien premier ministre)
L’Europe, c’est nous.