samedi 6 février 2021

Propos centristes. France – Violences contre les enfants; violences faites aux femmes; étudiants; covid19; Europe; apprentissage; respect des principes républicains; excision; proportionnelle…

Voici une sélection, ce 6 février 2021, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.


► Emmanuel Macron (Président de la République)

- Depuis le tout début de mon mandat, mon objectif a été de réinventer ou de rétablir une vraie souveraineté européenne.

- La priorité absolue est de reconstruire un multilatéralisme efficace.

- Un nouveau record historique pour l’apprentissage en 2020! Pour la première fois, la France passe la barre des 500.000 apprentis recrutés. Continuons pour assurer un meilleur avenir professionnel à nos jeunes.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean Castex (Premier ministre)

- [Covid19] Si la situation reste préoccupante, elle se distingue néanmoins de celle de beaucoup de nos voisins. Le taux de mortalité par habitant lié au virus est, au cours de cette deuxième vague, l’un des plus bas d’Europe.

- [Covid19] Les variants, plus contagieux que le virus « classique » ne constituent pas une menace potentielle mais bien réelle. En quelques semaines, la part des malades atteints par ces formes du virus est passée d’environ 3,3 % le 8 janvier à 14 % aujourd’hui, selon les estimations.

- [Covid19] D’ici avril, nous atteindrons l’objectif fixé par le Président de la République d’avoir proposé la vaccination à toutes les personnes de plus de 75 ans volontaires ainsi qu’aux personnes de moins de 75 ans atteintes de comorbidités graves.

- Seconde puissance maritime mondiale, notre pays sait compter sur l’excellence et l’immense potentiel de l’Ifremer pour mieux connaître et protéger les ressources océaniques et l’écosystème marin.

 

Elisabeth Borne (ministre du Travail, de l'Emploi et de l'Insertion)

- [Télétravail] On demande à chacun de se remobiliser pour ralentir la propagation du virus.

- Je demande à chaque entreprise de se mobiliser sur 2 priorités: réduire la part des salariés qui ne télétravaillent pas du tout ; faire que les salariés qui télétravaillent 1, 2 ou 3 jours par semaine, fassent au moins un jour de télétravail de plus. Chaque jour compte!

- Je sais que nous demandons un effort considérable aux salariés et que, pour beaucoup, le télétravail est difficile à vivre. Mais nous n’avons pas le choix. Il faut nous remobiliser car le télétravail est un levier essentiel pour limiter la circulation du virus.

A tous les jeunes diplômés qui étaient boursiers dans l'année universitaire 2019-2020 et qui recherchent un emploi, vous avez droit à: une aide pendant 4 mois équivalente à 70% du montant net de votre bourse +100€ si vous ne vivez pas chez vos parents.

- Depuis 2017, l'apprentissage est au cœur de notre politique pour l'accès à l'emploi des jeunes. Face à la crise, notre mobilisation restera totale.

 

Jacqueline Gourault (ministre des Territoires et des Relations avec les collectivités territoriales)

- La transformation de notre pays passe par la rénovation des équipements publics, des lieux de cohésion sociale de notre vie quotidienne.

- Protéger les habitants les plus fragiles, favoriser le rebond de l'économie, renforcer la cohésion entre les territoires: France relance!

 

Eric Dupond-Moretti (Garde des Sceaux, ministre de la Justice)

- [Projet de loi sur le respect des principes républicains] Je suis très à l'aise avec ce texte. Rappeler les valeurs de la République, c'est plaider pour la liberté.

- Je suis très heureux du succès de la commission mixte paritaire réunie sur le code de Justice pénale des mineurs. Plus de 75 ans après l’ordonnance du général de Gaulle, la France va enfin se doter d’un nouveau texte clair consacrant l’équilibre entre l’éducatif et le répressif.

- Former un magistrat prend 31 mois et un greffier 18 or nous devons répondre dès à présent au découragement et aux attentes des Français face aux délais toujours plus longs de la Justice. Pour vite réduire les stocks d’affaires à juger, plusieurs pistes créatives sont à imaginer.

 

Olivier Véran (ministre des Solidarités et de la Santé)

- Dans la course contre la montre que nous menons contre la diffusion des variants, rien ne relève du détail. Tests spécifiques, contact tracing immédiat, accompagnement renforcé de l'isolement. Et surtout, respect des gestes barrières, partout, tout le temps.

- Tester/Alerter/Protéger, c'est un moyen puissant de lutte contre la covid19. En France, près de 4 tests sont pratiqués chaque seconde, gratuitement et rapidement, avec un résultat en moins de 24h. Tous les cas et cas contacts sont appelés et accompagnés dans leur période d'isolement.

 

Frédérique Vidal (ministre de l'Enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation)

- C’est dur d’avoir 21 ans en 2021. De nombreux étudiants se font les porte-voix des difficultés actuelles. Je veux les remercier pour le courage dont ils font preuve.

- A chacun de mes déplacements depuis le début de la crise, je vois des étudiants : je vois à quel point ils sont responsables. Ils protègent les autres. Dans leur immense majorité, ils veulent retourner étudier en respectant les protocoles sanitaires. Voir des étudiants dépendre des banques alimentaires me bouleverse, comme vous. Je veux rappeler à tous les étudiants, y compris non-boursiers, qu'ils peuvent accéder, dans les Crous, à une aide spécifique de 500 euros. Nous sommes mobilisés pour protéger la santé psychologique des étudiants. Chaque étudiant qui en exprime le besoin doit pouvoir bénéficier d'un parcours de soin, autant que nécessaire.

- [Loi recherche] Installation du comité de suivi de l'accord « rémunérations et carrières ». Cet accord historique entre le ministère et les partenaires sociaux prévoit le plus important plan de revalorisations salariales des agents qui font vivre la recherche publique.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

Il faut que la transition soit créatrice de valeur environnementale et créatrice de valeur pour nos agriculteurs.

 

Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la fonction publique)

Nos objectifs de politiques publiques sont clairs. Ils sont dans le Baromètre des résultats. Avec Jean Castex nous annonçons que nous évaluerons les préfets sur leur capacité à accélérer ces progrès dans tous les territoires. Nous remettons des moyens là où les Français en ont besoin, sur le terrain. Nous créons 2500 emplois dans les services départementaux de l’Etat en 2021.

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)

- [Journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines] Les mutilations sexuelles féminines constituent une atteinte grave à l'intégrité des filles et des femmes. Pour les éradiquer, nous avons besoin de nous mobiliser collectivement.

- Parce que nous avons l'obligation d'empêcher que la République ne se défasse, l'égalité des chances est notre priorité. C'est notre fil rouge jusqu'à la fin du quinquennat. C’est pourquoi nous devons agir. Agir vite et fort. Et c’est pourquoi le Président de la République a décidé de lancer une grande consultation citoyenne sur les discriminations qui sera portée par mon ministère très prochainement. L’objectif est de donner la parole aux Français et d’obtenir des remontées d’informations sur toutes les situations de discriminations subies par nos concitoyens et d’y apporter des réponses concrètes et efficaces à toutes ces injustices qui sont des atteintes à la dignité et brisent les rêves et les ambitions. Car les discriminations ne sont pas uniquement des statistiques. Elles affectent la vie de millions de nos concitoyens et, par effet domino, elles minent notre cohésion sociale.

- Nous souhaitons créer une plateforme avec le Défenseur des droits afin de traiter les situations de discriminations au sens large du terme, c’est-à-dire aussi bien celles qui interviennent dans l’emploi que dans le logement, l’éducation, la santé, la culture ou l’accès au financement bancaire. (…) Il ne s’agit pas de stigmatiser. Il ne s’agit pas d’assoir les uns sur le banc des victimes et les autres sur le banc des accusés, mais tout simplement de rétablir l’égalité et donner la possibilité à chacun de s’accomplir.

Parce que la diversité de notre « France plurielle » doit pouvoir se déployer pleinement dans tous les domaines et à tous les échelons de notre société, je propose de créer un Index de la diversité. Un outil de mesure qui permettra d’établir une photographie du niveau d’inclusion réel d’une organisation professionnelle, publique ou privée, afin d’y apporter des solutions. J’ai l’intime conviction que lutter contre les discriminations et promouvoir la diversité, c’est au bout du compte réconcilier l’idéal républicain avec la pluralité de notre société contemporaine. En d’autres termes, c’est permettre à chacune et à chacun de déployer ses ailes.

- Pour que l'égalité des chances devienne effective, nous allons prochainement lancer une consultation citoyenne sur les discriminations, une plateforme de lutte contre les discriminations, un index de la diversité dans les organisations.

- 73% des personnes interrogées considèrent que l’intégration des personnes d’origine étrangère dans la société française fonctionne mal. Les trois quarts estiment que l’égalité des chances n’est pas respectée dans notre pays. Et c’est la question des inégalités qui arrive en tête des enjeux les plus importants, devant l’éducation puis l’emploi. Je l’affirme haut et fort devant vous : il ne peut subsister dans notre République d’égalité à plusieurs vitesses. Il ne peut subsister de citoyennes ou de citoyens relégués à la remorque de notre société, voire « invisibilisés ». L’égalité n’est pas un mot talisman, ni un slogan. L’égalité doit être du concret, du pragmatisme.

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)

- Il y a près de 34 milliards d'euros dans le plan de relance qui sont consacrés à la compétitivité de notre pays. Avouez que 10 milliards en 2021 et 10 en milliards 2022, ça n'est pas une paille.

- L’année est marquée par un fort recul des exportations et une dégradation de notre déficit. Ce n’est pas une surprise étant donné le choc de la crise. Pour autant, l’étendue du trou d’air a été limitée par le rebond des exportations au deuxième semestre, qui retrouvent quasiment, en fin d’année, leur niveau d’avant-crise.

- Nous nous attachons, depuis le début du quinquennat et d’autant plus dans le contexte lié à la pandémie, à créer un cadre le plus favorable possible aux entreprises.

- Il y a des opportunités pour les entreprises françaises à l’international, en Europe, en Afrique, en Asie. Ce sont dans ces moments de rupture où les marchés bougent qu’il faut les saisir. C’est maintenant qu’il faut oser être audacieux.

 

Jean-Baptiste Djebbari (ministre chargé des Transports)

En décembre, tout le monde disait que les chiffres de contamination exploseraient après Noël. Ça n’est pas arrivé. Je suis convaincu que chacun fera preuve de la même responsabilité pour ces vacances.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

- La France sera en situation de vacciner tous les adultes qui le souhaitent d'ici la fin de l'été.

- On a jamais eu à vacciner une planète entière pour se sortir d'une épidémie, mais je suis confiante dans notre capacité à nous en sortir. Je me bats 18h par jour, avec le Gouvernement, avec tous les Français mobilisés sur le front, pour sortir la France de cette situation.

- On veut tous reprendre une vie normale, et tout rouvrir, moi la première. En attendant, notre responsabilité, c'est de répondre à la détresse économique, et nous sommes au rendez-vous. La solidarité dont nous faisons preuve pour soutenir nos entrepreneurs fermés n'a pas d'égal.

- La tension mondiale sur l'approvisionnement en vaccins est très forte. C'est pourquoi nous nous sommes assurés que la production des vaccins à destination des européens soit assurée sur le sol européen : nous ne dépendons pas des pays qui pourraient fermer leurs frontières.

 

Alain Griset (ministre chargé des Petites et moyennes entreprises)

Depuis le début de la crise, nous adaptons nos dispositifs de soutien pour éviter les drames humains.

 

Marlène Schiappa (ministre chargée de la Citoyenneté)

- La France est le premier pays d’asile où les victimes d’excision trouvent refuge. Près de 11 000 jeunes filles et femmes sont aujourd’hui protégées.

- [Violences faites aux femmes] Pendant très longtemps - les anthropologues montrent qu'elles existent depuis l'Antiquité - on a considéré les violences conjugales comme des faits divers. On a besoin d'une mobilisation générale de toute la société et c'est la raison pour laquelle je n'ai eu de cesse de communiquer pour que les femmes connaissent leurs droits. Si elles ne les connaissent pas, elles ne peuvent pas s'en emparer. C'est finalement comme si ces droits n'existaient pas. Par exemple : le numéro 3919 existe depuis les années 90, quand je suis arrivée il était connu par seulement 9% de la population. Après le Grenelle des violences conjugales, il était connu par 64% de la population. Il y a un réveil de la société - médias, commentateurs, justice, policiers - qui considère désormais que c'est un problème grave. De la même manière que le mot "féminicide" a émergé dans le débat public, alors qu'avant on parlait de drames conjugaux, que ça allait de soi... 

- [Hausse des violences faites aux femmes l'année dernière - pendant les confinements - et, dans le même temps, une baisse des féminicides] Les deux phénomènes sont liés. Les signalements ont augmenté. Lors du premier confinement, on a eu 40% de signalements en plus, et 60% en plus lors du second. Et par définition, plus il y a de signalements, moins il y a de féminicides puisqu'il y a des prises en charge en amont. Cette année, le bilan est provisoire, mais on arrivera probablement à une baisse historique. Jamais suffisante mais importante.  

- J'ai été très marquée par l'histoire de Julie Douib, tuée en Corse, ce qui me touche d'autant plus : elle avait déposé plainte, son père avait déposé plainte, son frère avait déposé plainte, et aucune de ces plaintes n'avait été suivie d'effet ou de condamnation. J'ai rencontré à plusieurs reprises ses parents, et cette affaire-là mettait en lumière beaucoup de dysfonctionnements. Typiquement, la saisie des armes dès la plainte, c'est une mesure qui m'a été inspirée par cette affaire. Elle m'a inspiré aussi la grille d'évaluation du danger pour les policiers, pour qu'ils puissent agir et évaluer l'imminence du danger tout de suite. On a également fait la déchéance de l'autorité parentale pour que le père, auteur de féminicide, ne puisse plus continuer à persécuter à distance, par exemple, les parents de la femme qui ont en charge les enfants.  

- Éric Dupond-Moretti a un engagement personnel fort contre les violences conjugales, illustré par le déploiement des bracelets anti rapprochements. C'est un garde des Sceaux efficace qui m'a beaucoup soutenue dans les mesures du projet de loi confortant le respect des principes de la République sur l'égalité femmes-hommes devant l'héritage. J'ai aussi reçu la ministre déléguée chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes Elisabeth Moreno pour avancer ensemble. 

- Concernant les critiques contre ce texte [de loi sur les principes républicains], j'en vois deux types. La première est assez redondante dès lors qu'on parle de violences que vivent les femmes c'est : "Ça n'existe pas". J'ai vu en commission spéciale Éric Coquerel de la France Insoumise, et d'autres, dire : "Les certificats de virginité, je n'en ai jamais vu, ça n'existe pas" - ou encore d'autres dire : "Les mariages forcés, ça n'existe pas."  Et on entendait la même chose quand on parlait de verbaliser les harcèlements de rue ! Il y a une espèce de déni, on insinue que des centaines de milliers de témoignages de femmes sont inventées... En commission, ces articles ont été débattus et votés et il y a une forme d'unification de l'arc républicain autour de ces mesures. Cette loi, le président de la République, le ministre de l'Intérieur, le gouvernement, l'ont pris pour combler les zones grises et les trous dans la raquette.  

- [Certificats de virginité] L'ordre des médecins et l'ordre des gynécologues ont tous pris position officiellement pour leur interdiction, tout comme Olivier Véran. Je comprends le rôle des gynécologues et je comprends très bien le fait qu'on puisse avoir face à soi une jeune fille qui dise "j'ai absolument besoin d'un certificat de virginité". De la même manière que je comprends qu'on puisse avoir un dilemme. Mais moi, je ne suis pas gynécologue, je suis ministre, mon rôle est de dire dans la loi ce qui est acceptable ou pas. Je pense que ça va aider ces jeunes filles. On nous demande ce qui se passe quand la jeune fille rentre chez elle sans son certificat... C'est vrai, c'est une vraie question. Mais je pose aussi la question : qu'est-ce qui se passe quand la jeune fille rentre chez elle avec son certificat ! Que va-t-il lui arriver ? Concrètement, ça veut dire derrière qu'il peut y avoir un mariage arrangé, ou non consenti, ou consenti mais dans lequel on ne respecte pas la dignité de cette jeune femme. La question que l'on doit se poser, c'est celle de l'accompagnement de ces jeunes filles après ! Faire les certificats n'est pas la solution. Cela me rappelle les gens qui disaient qu'il fallait mieux pratiquer l'excision dans un cabinet médical pour que ce soit fait proprement et non avec le couvercle d'une boîte de conserve et de manière artisanale... Ce n'est pas entendable.  

- Philosophiquement je ne comprends pas l'idéologie qui vise au voilement des petites filles. Comment considérer que voir les cheveux d'une fille de quatre ans pourrait être provocateur ? Maintenant, j'entends aussi la responsabilité de chacun et j'entends que la commission spéciale, en vertu de l'article 45, ait conclu que c'était trop éloigné du sujet du projet de loi. J'ajoute que le voile est un sujet sur lequel il est très difficile de parler posément... Ce mercredi, la question a été discutée à l'Assemblée nationale, notamment concernant le voile à l'université, et les débats étaient très intéressants, les positions argumentées, d'où qu'elles venaient.  

- Sur la Charte des Imams, il y a une ambition forte du président de la République et du ministre de l'Intérieur. Certains disaient que ce serait un texte tiède, vague, pour que tout le monde signe. Mais quand on a entendu des Imams tenir des propos homophobes, dire que les femmes qui se parfument sont des fornicatrices qui méritent les flammes de l'Enfer, que les garçons qui écoutent de la musique vont se transformer en cochon, il est important d'avoir écrit, noir sur blanc, que l'on est pour le respect des droits des femmes et conforter les principes républicains. Le texte signé par les fédérations républicaines est un texte ambitieux et fondateur.  

 

Nadia Hai (ministre chargée de la Ville)

La culture joue un rôle fondamental pour maintenir le lien social et ouvrir le champ des possibles. Les associations qui la font vivre dans nos quartiers ont mon soutien.

 

Jean-Baptiste Lemoyne (secrétaire d’Etat chargé du Tourisme, des Français de l’étranger et de la Francophonie)

Le tourisme est une priorité nationale. Notre réponse à la crise est simple et massive : réparer avec un soutien aux acteurs du tourisme qui s’élève déjà à 16Mds€, préparer la relance avec des investissements et de la formation. La Destination France a un avenir !

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

- Nous sommes à un moment où - plus que dans les 70 dernières années - les pays européens réalisent qu’il nous faut de la puissance.

- Je me bats tous les jours pour l’indépendance européenne !

- Je crois très profondément, face aux grands défis, que vous ne pouvez pas avoir une réponse sans une dimension européenne. Est-ce qu’elle est parfaite ? Non. Est-ce qu’on peut la construire ? Oui.

- Il y a une culture européenne, un modèle culturel européen. Selon l’expression de George Steiner : "vous dessinez la carte des cafés, vous avez la carte de l’Europe". Je défends l’identité européenne, on ne doit pas inventer une culture européenne qui dilue.

- Les Américains veulent faire moins pour la défense européenne, les Français veulent faire plus pour la défense européenne. Une Europe de la défense, c’est le grand projet européen des années qui viennent.

- Je ne crois pas du tout au super État européen, qui va nous écraser et nous imposer une politique commune de santé ou d’éducation. Nous avons besoin de l’échelon économique, commercial, culturel européen pour nous affirmer dans le monde.

- Ça ne se voit pas toujours, mais 40 % du financement de tous les projets ou entreprises qui bénéficient du plan de relance viennent de l'Union européenne.

- Après le Brexit et en vue de la Présidence française de l’Union européenne, nous devons agir pour renforcer la place du français en Europe.

 

Cédric O (secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques)

Le Conseil constitutionnel a validé les principes de la loi sur la sécurité des réseaux mobiles 5G. Une décision importante qui nous permettra de : mieux protéger les intérêts stratégiques de la France, renforcer la sécurité de nos réseaux.

 

Olivia Grégoire (secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale, solidaire et responsable)

- L'économie sociale et solidaire (ESS) ce n'est pas l'économie d'après-demain, c'est l'économie de demain. Parce qu'aujourd'hui les jeunes demandent certes un travail et un salaire mais ils cherchent avant tout du sens dans ce qu'ils font.

- Le Gouvernement est aux côtés des associations et de l'ESS. Nous avons mobilisé tous les services de l'Etat afin de mettre rapidement en place la cellule de crise et les aides. Nous le devons à ces acteurs de la solidarité qui font un travail exceptionnel sur le terrain.

- On a beau jeu de dénoncer les dérives du capitalisme et elles existent. Mais pourquoi ne parle-t-on jamais des entreprises qui partagent profits, pouvoir, voire patrimoine, avec leurs salariés ? Mettons la lumière sur ces acteurs qui incarnent le changement de nos modèles.

 

Adrien Taquet (secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles)

- [Ampleur de #MeTooInceste suite à la parution de « La Familia grande] Je salue d’abord le grand courage de celles et ceux qui ont témoigné. Depuis ma nomination en janvier 2019, j’ai fait de la question des violences sur enfant, notamment sexuelles, l’un des axes majeurs de mon action. Très vite, nous avons travaillé avec les associations, ce qui a abouti en novembre 2019, à un Plan de lutte contre les violences faites aux enfants, en matière de prévention, de formation, de recueil de la parole de l’enfant, de durcissement d’un certain nombre de peines, de contrôle des antécédents judiciaires des personnes exerçant auprès des enfants… Régulièrement, nous avons des témoignages d’inceste. Et puis tout le monde s’offusque. Et puis le couvercle du silence et du déni se referme. Mais ces cris d’alerte sont de plus en plus forts et de plus en plus proches. Une fois pour toutes, nous allons peut-être enfin briser le mur du silence et faire face collectivement. Le livre de Camille Kouchner est un coup de pied dans la porte du silence. S’il a eu ce retentissement, c’est parce qu’avant il y a eu Eva Thomas, Vanessa Springora, Sarah Abitbol… J’espère qu’il n’y aura plus de retour en arrière. (…) Nous avons une marge de progression et, ceci, tout au long de la chaîne, notamment en termes de prévention. Je pense à la sensibilisation des enfants eux-mêmes quant aux menaces pouvant peser sur eux. Nous avons déjà initié un travail sur ce sujet avec Jean-Michel Blanquer. Je pense aussi à la formation initiale et continue des enseignants, des magistrats, des professionnels de santé… Concernant le recueil de la parole de l’enfant, essentiel, il doit se faire de manière adaptée au sein des unités d’accueil pédiatrique des enfants en danger (UAPED). Nous visons une unité par département d’ici à 2022, contre une soixantaine en 2019, avec une équipe ressource capable d’aider à interpréter les signaux faibles et d’orienter. Chacun peut en effet avoir peur de se tromper et de basculer dans la délation. Une commission sur l’inceste est aussi mise en place autour d’Édouard Durand, juge des enfants au tribunal de Bobigny et de Nathalie Mathieu, directrice générale de l’association Docteurs Bru, spécialisée dans l’accueil des enfants victimes d’inceste.

- [Mur que représente le huis clos familial] Il pourrait y avoir une question de philosophie politique derrière, comme ce qui avait émergé lors de la loi anti-fessée il y a deux ans, où on pouvait entendre : « de quel droit l’État vient me dire comment je dois élever mon enfant ? ». Moi, je considère que s’agissant des enfants, on a affaire aux plus vulnérables des plus vulnérables et que c’est le rôle de la puissance publique de les protéger, y compris de leurs proches. C’est l’honneur de notre pays de le faire. La question des violences faites aux enfants dans notre pays est tellement profonde, car massive et puisant dans les racines de notre société empreinte de patriarcat, que ce n’est pas le gouvernement tout seul qui peut résoudre ce problème. Notre rôle est d’en faire un objet politique, de prendre des mesures, mais il faut aussi que la société s’en empare et dise stop ou alors le couvercle se refermera.

- Sur les crimes sexuels ou encore le seuil d’âge de consentement, nous menons des consultations pour nous forger une opinion. Ensuite, nous avons la volonté d’aller vite.

- [Enfants placés dans des hôtels victimes de défaillances graves] J’avais demandé à l’IGAS de mener une enquête sur la question des enfants logés en hôtels et de me formuler des recommandations. Une politique publique se construit ainsi, et non en réaction à des reportages. Il faut bien entendu être intraitable avec les dysfonctionnements, en collaboration avec les Départements qui ont la responsabilité de l’ASE, mais j’aimerais aussi des reportages sur l’engagement des 40.000 assistantes familiales qui s’occupent des enfants, des 50.000 travailleurs sociaux qui les protègent. Il y a aussi de belles histoires d’enfants que l’on sauve.

- [Crise sanitaire] Depuis le printemps, nous sommes particulièrement en alerte sur les conséquences que cela peut avoir sur les enfants au sein des familles comme des foyers de l’ASE, où de manière contre-intuitive il y a eu cependant moins d’incidents que d’ordinaire. Pendant le premier confinement, en fermant les écoles, on a perdu nos yeux car l’Éducation est le premier pourvoyeur d’informations préoccupantes. Nous avions donc beaucoup communiqué sur le 119 et la nécessité de développer une vigilance individuelle et collective. Certaines semaines, au printemps, nous avions une hausse de 80 % d’appels, émanant plus que d’habitude (+35 %) des voisins et des copains. La violence accrue sur les enfants est donc une donnée, parmi d’autres, qui entre en considération dans les décisions prises actuellement.

 

► Haut Commissariat au Plan

François Bayrou (Commissaire, président du Mouvement démocrate)

Pour répondre à la crise démocratique, il nous faut une représentation juste et pluraliste. La proportionnelle est un changement de culture politique qui encouragerait tous les courants politiques à travailler dans le dialogue et la coresponsabilité.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)

- Investir sur les jeunes pour changer des parcours de vie, c’est l’idée du capital jeune et ça fait toute la différence.

- Il faut des solutions personnalisées pour chaque jeune, aux situations diverses. C’est la proposition du plan 1 jeune 1 solution du gouv. Le RSA jeunes, à l’accessibilité et à l’accompagnement trop hétérogène n’est pas le modèle que je défends.

- Les élections régionales doivent se tenir en juin. J’avais été très clair suite aux recommandations de Jean-Louis Debré et je le maintiens. La démocratie ne sera pas mise sous cloche par le virus. Ces élections sont importantes pour la relance du pays.

- Nous savons que les impacts du confinement sont extrêmement lourds. Le Président de la République a fait un choix de confiance et de responsabilité. C’est une stratégie d’efforts collectifs, nous pouvons le faire !

- Une politique de dépistage parmi les plus développée d’Europe, des tests gratuits pour tous, une progression constante de la politique vaccinale ... Notre pays est à a hauteur de cette crise. Ensemble, nous allons y arriver !

 

Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)

Les députés ont leur liberté de conscience et leur foi relève de l'intime, exclusivement de l'intime. Nous ne légiferons pas en tant que croyants ou non croyants mais en tant que députés de la nation et d'une nation laïque.

 

● MoDem

Jean-Noël Barrot (secrétaire général)

- Sans attendre l'élection régionale, il nous faut faire face à l'urgence. Il y a des orientations que nous voudrions voir adoptées dans les prochaines semaines et les prochains mois. La première urgence est la lutte contre la solitude qui progresse à grande vitesse en raison du contexte sanitaire. Un jeune francilien sur 4 souffre d'isolement. Nous voulons en faire une priorité pour l'Ile-de-France avec un grand plan régional de lutte contre l'isolement. Il viendrait en soutien à des initiatives associatives : les colocations solidaires et intergénérationnelles, les chantiers participatifs, l'autopartage solidaire... La deuxième urgence est bien évidemment l'emploi. Avec 180.000 emplois détruits à cause du Covid, la région est l'une des plus brutalement touchées par la crise. Nous proposons que la région réduise ses délais de paiements de 30 à 15 jours pour donner un bol d'air à toutes les entreprises avec lesquelles elle travaille. Et qu'elle accompagne le déploiement de 10.000 services civiques et le recrutement de 15.000 demandeurs d'emploi supplémentaires en alternance. En soutien au secteur culturel, nous défendons aussi la mise en place d'un chèque d'éducation artistique à destination des lycéens et étudiants.

- Face à la crise que nous sommes en train de traverser, beaucoup de choses sont faites par l'Etat et les collectivités. Cela ne doit pas nous empêcher de faire un certain nombre de propositions. Il y a encore beaucoup à faire pour améliorer le quotidien des franciliens. Je ne me défilerai pas car l'heure est grave et suppose un engagement collectif pour l'avenir des Franciliens

- Avec François Bayrou, notre ambition est de défendre nos priorités en lien avec nos partenaires de la majorité présidentielle dans chaque région. Nous avons vocation à travailler ensemble. En Ile-de-France, nous avons un bilan avec des élus régionaux sortants qui ont fait la démonstration de leur sérieux, un membre du gouvernement en la personne de Nathalie Elimas, un ambassadeur à l'environnement avec Yann Wehrling, un certain nombre de parlementaires et d'élus qui sont très engagés. Nous souhaitons être en première ligne à la fois sur le plan des idées et sur l'incarnation.

- Si je peux être utile à ma région, au Président de la République, je ne me défilerai pas car l'heure est grave et suppose un engagement collectif pour l'avenir des Franciliens. Nous aurons un candidat commun avec Agir et LREM. Et le MoDem a beaucoup à apporter à cette campagne. Nous avons un savoir-faire, une expertise, une implantation. 

- [Proportionnelle pour 2022?] Bien sûr. Pour deux raisons. Ce combat que mène François Bayrou depuis longtemps est un combat juste. Ce mode de scrutin permettra de représenter la société française dans sa diversité. Deuxièmement, comme parlementaire, je vois bien que l'Assemblée nationale gagnerait en crédit à être plus représentative. Les débats qui aujourd'hui se jouent à l'extérieur du Parlement, parfois dans la rue, pourraient s'y tenir si toutes les forces politiques du pays étaient correctement représentées dans cette enceinte. Je suis convaincu que d'autres responsables politiques viendront en soutien à cette initiative et que nous trouverons les moyens de la faire aboutir. 

 

● UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

Jean-Christophe Lagarde (président)

- J’ai proposé de reconnaître le vote blanc lors des élections pour respecter la voix de ceux qui se déplacent pour délivrer un message, instaurer la proportionnelle aux législatives dès 2022.

- Il est normal de protéger nos anciens mais on doit arrêter d'ignorer nos gamins ! L'isolement social des étudiants ne peut plus durer, parce que leur détresse psychologique s'aggrave de jour en jour. Ils doivent être vaccinés pour qu'ils retournent à l'université.

 

► Autres

● Organisations centristes
Renaissance
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

 

Nathalie Loiseau

- Il y a des controverses qui ne servent à rien. Et puis il y a des combats qu’on ne mène jamais assez. En France, en Europe, dans le monde, faisons disparaître les mutilations génitales féminines, protégeons les femmes et les fillettes.

- En ces temps troublés, nous sommes appelés à limiter nos déplacements à l’étranger à des motifs impérieux. Se faire humilier par Lavrov ne fait pas partie de la liste. Josep Borrell et ceux qui l’ont incité à se rendre à Moscou auraient dû le comprendre.

- La descente aux enfers du modèle libanais de tolérance et de coexistence continue. Seule la France la dénonce, dans l’indifférence absolue du reste de la communauté internationale.

- D’abord, ce qui se passe actuellement en Russie est la preuve de la faiblesse de Vladimir Poutine. Un homme réellement fort ne réagirait pas comme il le fait. On le voit, l’arrestation et la condamnation de Navalny suscite en Russie une indignation profonde, des manifestions importantes et des arrestations en nombre: il n’y a pas d’indifférence en Russie sur le sort d’Alexeï Navalny.  Et ce que nous disons en Europe est d’abord destiné à cette société civile russe pour qu’elle sente qu’elle n’est pas isolée. Ensuite, ce qui s’est passé ne peut rester sans conséquence. Alexeï Navalny a d’abord été empoisonné. Il a du partir en Allemagne se faire soigner, je le rappelle avec l’accord du Kremlin. Ensuite, il a été arrêté et condamné pour avoir été absent pour des raisons bien connues qui avaient été validées par le Kremlin. C’est donc un déni de justice absolu.

- Quand on sanctionne le système de pouvoir en Russie, on ferait bien de s’interroger sur ce qu’on peut faire sur les biens mal acquis, des oligarques russes en Europe, au-delà de l’Union européenne d’ailleurs. Je pense notamment à Londres, où les oligarques russes sont très présents. Si des oligarques se sont enrichis sur la corruption, sur des détournements de fonds et les dépensent en Europe, c’est là qu’il faut qu’on sanctionne.

- Sur la désinformation et les ingérences russes, nous avons mis en place au Parlement Européen une commission spéciale sur les ingérences étrangères dans les démocraties européennes. Cette commission expose avec régularité les opérations menées par plusieurs pays, notamment par la Russie, qui visent l’Union Européenne et qui passent par des cyberattaques, par des actions de désinformation, par la complaisance coupable de certains partis politiques en Europe, situés à l’extrême gauche et à l’extrême droite, avec la Russie.

- En ce domaine, il faut sortir de la naïveté et exiger de la transparence. Sur le financement de certaines associations, de certaines fondations, de certains « think tanks ». On doit savoir quand un pays étranger, qui n’est pas amical envers nous, finance des personnalités publiques. Cela doit être transparent.

- l’Union Européenne a commencé à balayer devant sa porte. Au moment où on a mis en place de Budget de l’UE pour les sept années à venir, on a mis en place une conditionnalité du versement des fonds au respect de l’Etat de droit dans les Etats membres. Parce que nous avons, en Europe, des pays qui s’éloignent de l’Etat de droit. Avant donc de donner des leçons, nous avons donc pris et appliqué à nous-mêmes les règles que nous prônons pour les autres. Aux Etats-Unis, on sait que le nouveau Président Joe Biden a à combattre des assauts contre la démocratie dans son propre pays. Il en a la volonté. De ce point de vue, nous la partageons. Il a annoncé qu’il voulait organiser un Sommet des démocraties. C’est évidemment un moment et un objectif important. Pour ce qui est de l’Union Européenne, nous avons adopté le Magnitsky Act européen, qui permet de sanctionner les auteurs de répressions et d’atteintes aux Droits de l’Homme dans le monde. Nous avons adopté le mécanisme, c’est très bien. Maintenant, il faut avoir le courage de l’utiliser. C’est-à-dire enclencher des sanctions ciblées, quand on connaît les auteurs de répressions, que ce soit à Hong Kong, en Russie ou ailleurs.

 

Pascal Canfin

- Nous pouvons être fiers d’être dans le seul pays européen avec le Danemark qui rend les tests totalement gratuits pour tous.

- Seuls la France, le Danemark et la Suède ont fait la transparence sur les doses de vaccins attendues par mois jusque l’été. Une information indispensable pour suivre la montée en puissance de nos campagnes vaccinales contre la covid19.

 

Marie-Pierre Vedrenne

- Construire notre autonomie stratégique, ce n’est pas nous replier sur nous-même, c’est bien renforcer notre boite à outils pour limiter notre dépendance.

- Rénover le système multilatéral, faire que les objectifs de développement durable soient réalité, passer du libre au juste échange, succès Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’OMC, première femme africaine à diriger cette institution. Engagée à ses côtés pour bâtir des réformes ambitieuses !

 

Fabienne Keller

Le Parlement français adopte définitivement le plan de relance européen de 750 Mds€. Une étape importante dans la mise en œuvre de ce plan de relance massif, rendu ambitieux notamment grâce au travail des députés Renew Europe.

 

● Personnalités centristes
Jean-Pierre Raffarin (ancien premier ministre)

Je trouve plutôt bien que les différents leaders des Pays européens aient annoncé, au même moment, le même calendrier, pour la conclusion de cette campagne de vaccination. C’est la première fois que l’Europe s’engage de façon massive dans une opération de santé publique.

 

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Pourquoi les extrêmes reviennent toujours?

On pourrait penser qu’après tant d’échecs et de fiascos, tant de crimes et d’indignité, les mouvements extrémistes de droite comme de gauche seraient un vestige d’une époque où l’on pouvait encore croire à la fable du grand soir tout simplement parce qu’il n’était jamais arrivé jusque-là.

Le XX° siècle nous a ainsi donné une bonne leçon sur cette faribole qui a produit tant d’horreurs qui a recouvert l’Humanité d’une indignité qu’elle devra porter encore longtemps avant de pouvoir s’exonérer de ses fautes immenses.

Néanmoins, après la seconde guerre mondiale, beaucoup pensaient dans l’euphorie de la victoire en avoir fini avec l’extrême-droite et ses deux représentants les plus malfaisants, le fascisme et le nazisme.

Puis, après l’effondrement de l’Union soviétique et le réveil de la Chine dans les années 1980, beaucoup, les mêmes et d’autres, dans l’euphorie de la chute du Mur de Berlin, pensaient en avoir fini avec l’extrême-gauche et son représentant le plus malfaisant, le communisme, et ses diverses branches (léniniste, trotskyste, maoïste).

Le legs des quatre plus odieux dictateurs du XX° siècle, Hitler, Staline, Mao et Mussolini, semblaient être enfin soldé avec, à la clé, des centaines de millions de morts.

D’autant que, dans les poubelles de l’Histoire se trouvaient également Franco, Pol Pot, Pinochet, Khomeyni et quelques autres criminels de la même espèce.

Avions-nous commencé notre repentance collective?

Pas le moins du monde.

Car, en ce début de troisième décade du XXI° siècle force est de reconnaitre que ces «beaucoup», dont votre serviteur, se sont trompés et que le plus grand nombre d’entre ces «beaucoup» a vu s’évanouir l’espoir qu’une démocratie républicaine enfin dominante s’impose «naturellement» dans un monde confraternel, hanté des génocides et des massacres récents, et où l’on célèbrerait les valeurs humanistes.

Bien sûr, nous n’étions pas dupes de ce que l’Histoire n’était ni terminée, ni que son tragique ait disparu dans les limbes.

Ni même que les créatures immondes du totalitarisme avaient pourri définitivement la gueule ouverte dans quelques caniveaux aux eaux boueuses.

Nous savions qu’elles étaient encore tapies dans l’ombre prêtes à bondir sur la démocratie quand l’occasion se présenterait.

Certaines avaient d’ailleurs réussi à survivre à la grande lessive et s’affichait au grand jour comme Mobutu, Kim-Il Sung ou Saddam Hussein.

Les piqûres de rappel furent nombreuses et douloureuses.

Ce fut Tienanmen en Chine, la prise de pouvoir de Poutine en Russie, la résilience du castrisme à Cuba et de la dynastie Kim en Corée du Nord, les nouveaux habits des dictatures militaires comme en Thaïlande ou au Myanmar, les chefs de guerre en Afrique, du Libéria au Congo, du Rwanda au Zimbabwe en passant par l’Ouganda ou la Centre-Afrique, sans oublier les régimes violents dans le monde arabo-musulman, de l’Arabie Saoudite à l’Afghanistan, de la Syrie au Qatar en passant par l’Algérie ou la Libye.

Et la liste pourrait continuer en une sombre litanie.

Il faut y ajouter, bien entendu, le terrorisme avec ses deux plus ignobles figures, Al Qaida et Daesh.

Quant aux pays qui ont instauré la démocratie, ils ont vu les montées des extrémistes et des radicaux, leurs tentations et même leurs tentatives séditieuses qui sont devenues parties du paysage politique depuis maintenant une trentaine d’années avec une accélération de leur capacité à nuire depuis une dizaine d’années.

Voilà pour le constat.

Mais la question essentielle ici est de se demander pourquoi ce pire est toujours possible alors qu’il a démontré son incapacité, ses méfaits et ses atrocités?

Pourquoi l’humain est toujours prêt à accepter d’être sous le joug plutôt que de vivre en la liberté?

Sur CNN une partisane de Trump et des contributeurs du réseau élucubrationiste (complotiste) QAnon a expliqué qu’elle croyait tout ce que lui disaient celui-ci et ceux-là parce qu’elle avait toujours été élevée pour obéir et suivre…

Ce genre de comportement est malheureusement bien connu mais il n’est pas une raison satisfaisante et certainement pas unique qui ferait que des esprits faibles se laissent embobiner par des démagogues vicieux et des propagandistes malins.

Lorsque l’on voit les mouvements de foule dans les pays démocratiques, on est frappé de la haine et de la rage qu’ils exhalent de tous les pores de leurs participants.

Rage et haine sont deux des moteurs favoris des extrêmes contre les démocraties libérales.

Ce sont aussi deux carburants essentiels des totalitarismes.

De même, un monde inconnu et angoissant fait que beaucoup cherchent des réponses qui les rassurent et les idéologies fermées des extrêmes qui expliquent tout, qui pointent de manière manichéenne les bons et les méchants ainsi que les boucs émissaires du tout ce qui ne va pas bien, qui affirment où est la seule vérité possible sont, pour eux, les bienvenus.

Les mouvements terroristes sont là pour le démontrer jusqu’à l’ignominie.

Et puis il y a cette liberté dont tous ces gens ne savent pas quoi en faire et qui devient plus anxiogène qu’émancipatrice parce qu’elle requiert respect et responsabilité – deux attitudes qui nécessitent de penser à autre chose qu’à son unique intérêt – plus un objet gênant dont il faut se débarrasser qu’un outil pour vivre son projet de vie et faire épanouir son individualité.

Oui, le terreau qui permet la résilience des extrêmes malgré leurs échecs constants et les exemples vivants de leurs turpitudes, n’est pas prêt de disparaitre.

Même le fait qu’en ce XXI° siècle, il y ait un nombre de citoyens mieux formés et informés ne suffit pas qu’à ce qu’un grand nombre demeurent prêts à s’embrigader derrière les hérauts de l’autoritarisme et de l’intolérance ou à leur laisser le champs libre sans réagir.

Parce qu’il y a cette évidence que nous voulons oublier lorsque nous parlons d’extrémisme et totalitarisme: aucun parti liberticide dans une démocratie ne peut exister sans électeurs et aucun régime despotique ne peut survivre sans l’appui d’une partie significative de la population, que celui-ci soit tacite ou s’exprime (c’est un peu différent pour une organisation terroriste).

Et les indifférents sont leurs complices.

Alors, le constat est que l’extrémisme existera toujours et que, corrélativement, la démocratie sera toujours un combat et jamais une guerre définitivement gagnée.

Ce n’est pas que nous ne soyons pas capables intrinsèquement de vivre en liberté mais cela requiert des individus qui savent et qui savent utiliser ce qu’ils savent.

Surtout, il faut des individus qui acceptent le prix de la liberté.

Trop nombreux sont encore ceux qui ne veulent pas le payer.

Des sortes de radins de la dignité humaine…

 

Actualités du Centre. Macron veut protéger la démocratie, bâtir une vraie souveraineté européenne et reconstruire le multilatéralisme

Emmanuel Macron

Lors d’un long entretien donné au think tank américain Atlantic Council, le 4 février, Emmanuel Macron a fait un tour d’horizon très complet de situation internationale, parlant notamment de la relation retrouvée avec les Etats-Unis du centriste Joe Biden mais aussi de la problématique chinoise, des interrogations sur le devenir de l’OTAN, des inquiétudes qu’inspirent le régime de Poutine en Russie et celui d’Erdogan en Turquie.

Il a également abordé la question de ce que doit devenir la mondialisation à la sortie de la crise sanitaire actuelle où il souhaite que la question de la justice sociale soit au centre des échanges commerciaux et plus le seul intérêt des consommateurs.

Il a dressé un tableau de l’état de la démocratie actuelle face aux attaques violentes qu’elle subit tant de la part de ses ennemis extérieurs qu’intérieurs.

Il a adressé un message à la jeune génération qu’il a félicité pour sa compréhension des enjeux actuels face à la pandémie la covid19.

Enfin, il a déclaré vouloir construire une vraie souveraineté européenne et reconstruire avec le nouveau président des Etats-Unis un multilatéralisme foulé au pied par Donald Trump pendant les quatre dernières années.

 

Voici les propos d’Emmanuel Macron:

► Attaques contre la démocratie
La violence, la haine et la xénophobie sont de retour dans nos sociétés et que c’est une tendance récente. Certains groupes politiques les attisent et les légitiment. Il s’agit pour moi d’un changement anthropologique majeur. J’ai récemment eu l’occasion d’en parler plus en détail, mais selon moi, le contrat fondamental en démocratie est que les citoyens peuvent choisir la personne qui les dirige. Ils l’élisent. Ils élisent les personnes qui vont rédiger les lois. Ils ont la liberté d’expression et de manifestation. Mais en échange, tout le monde doit se respecter. Il faut accepter que certaines personnes ne soient pas d’accord avec vous et que la violence soit interdite. Et il semble que certains discours politiques ont redonné à la violence une légitimité dans nos sociétés, en prétendant que pour répondre à la violence, entre guillemets, des institutions économiques ou sociales, le fait de descendre dans la rue et de tuer, de blesser ou de détruire était légitime. Soudain, la violence réapparaît, alors qu’elle disparaissait progressivement. Cette tendance m’inquiète beaucoup car elle menace nos démocraties, et nombreux sont ceux qui considèrent qu’elle est inacceptable. Comment y mettre fin ? Les gens comme vous et moi, dans la rue, attendent de nous que nous mettions un terme à cette violence car ils ne pensent pas qu’elle soit acceptable, mais c’est très difficile quand beaucoup d’autres personnes estiment qu’elle est légitime. Et c’est exactement ce que vivent nombre de nos démocraties. Je suis profondément convaincu que les réseaux sociaux jouent un rôle important dans cette évolution, qui, je le répète, est anthropologique, car ils ont légitimé une certaine désinhibition dans le discours. Je veux dire qu’ils ont encouragé une culture de l’agressivité et du conflit et, selon moi, cela a modifié progressivement la nature profonde du débat démocratique. C’est la raison pour laquelle nous devons traiter ces problématiques si nous souhaitons préserver nos démocraties. Nous avons fait beaucoup de progrès au cours des trois ou quatre dernières années dans la lutte contre le terrorisme sur les réseaux sociaux et les plateformes internationales. Je m’en souviens, cela a commencé ici avec la question du terrorisme. Après les attentats terroristes du mois de juillet 2017, nous avons lancé une initiative, avant de la promouvoir au sein des Nations Unies. Au tout début, de nombreuses voix se sont élevées, au nom de la liberté d’expression, qui au passage est constitutive de notre culture, contre la régulation de nos réseaux sociaux visant à lutter contre les contenus terroristes. Quelques mois plus tard, un attentat a eu lieu à Christchurch et, encore et toujours ici, nous avons lancé l’Appel de Christchurch avec la Première ministre de la Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern, et d’autres dirigeants. Nous avons obtenu des principaux réseaux sociaux et plateformes américains un engagement déterminant, celui de supprimer dans un délai d’une heure tout contenu terroriste identifié par la plateforme, les réseaux sociaux et nos services. Et, je peux vous l’assurer, ils l’ont fait. Ils sont très efficaces et nous ont beaucoup aidés, et nous avons fait adopter il y a quelques semaines une législation à l’échelle européenne poursuivant le même objectif. Ce que nous avons fait pour lutter contre les attaques terroristes, nous devons le faire également pour lutter contre les discours de haine, la xénophobie et bien d’autres problèmes sur les réseaux sociaux. Le seul moyen de préserver nos démocraties est de rétablir un ordre public et démocratique dans ce nouvel espace de réflexion et de vie, qui abrite de plus en plus d’activités en raison de la pandémie. Cette nouvelle réglementation, je pourrais même dire cette nouvelle gouvernance, doit être démocratique et faire l’objet d’échanges entre nos responsables politiques. Je pense que c’est très important, qu’il s’agit même de l’un des enjeux clés de notre époque. J’ai évoqué ces initiatives que nous avons lancées avec succès, mais nous devons renforcer nos efforts. Les images très violentes filmées au Congrès ont extrêmement choqué à Paris. Et j’ai exprimé mon amitié, ma solidarité et la confiance que j’ai dans la force de votre démocratie. Mais en même temps, nous avons également été très perturbés parce que quelques heures plus tard, toutes les plateformes - et permettez-moi d’être très politiquement incorrect - mais ces mêmes plateformes qui avaient parfois aidé le Président Trump à encourager ces mêmes manifestations de manière si efficace quelques heures auparavant, à la seconde même où elles ont été sûres qu’il n’était plus au pouvoir, ont coupé le micro de manière soudaine et ont désactivé toutes les plateformes sur lesquelles ses partisans et lui avaient la possibilité de s’exprimer. D’accord, à très court terme, c’était la seule réponse efficace, mais ce n’était pas une réponse démocratique. Je ne veux pas vivre dans une démocratie où les décisions clés, où la décision de couper le micro, pour faire en sorte que vous ne soyez plus en mesure de vous exprimer en raison de la nature de votre discours, où ces décisions sont prises par un acteur privé, par un réseau social privé. Je veux qu’elles soient prises en application d’une loi votée par nos représentants ou de réglementations, d’une gouvernance, débattues de manière démocratique et approuvées par des dirigeants démocratiques. Il s’agit d’une question décisive si nous voulons arrêter cela, parce que 2018 en France et 2021 aux États-Unis ont révélé une nouvelle violence de nos démocraties, largement liée à ces réseaux sociaux et, au fond, à notre nouveau mode de vie.

► Jeune génération
Concernant la jeune génération, je suis convaincu qu’elle comprend bien mieux que nous l’importance du changement climatique et qu’elle a pleinement conscience que la solution pour apporter des réponses claires et pertinentes à cette question se trouve dans l’élaboration d’une stratégie globale fondée sur la coopération. Ces jeunes sont ceux qui ont vingt ans en pleine pandémie. Ce sont les étudiants qui, à l’âge des premières amours, sont privés des bars et des restaurants et ne peuvent parfois même pas se rendre à l’école ou à l’université. Cette situation est profondément injuste, sachant que les confinements et autres restrictions que nous décidons visent à protéger nos aînés. Je commencerai par dire que les jeunes comprennent pleinement la nécessité d’une solidarité entre les générations. Toutefois, ce qu’ils veulent maintenant, ce dont ils ont besoin, à mon avis, ce n’est pas seulement de faire partie d’un monde très organisé et d’avoir la possibilité de gagner de l’argent et de vivre une vie normale. À mon sens, ils veulent prendre part au processus de réinvention, ils veulent pouvoir recréer un nouveau monde. Ils veulent jouer un véritable rôle dans cette recréation non pas seulement d’un nouveau gouvernement, mais de l’ensemble du système et de notre capacité à vivre ensemble. Si j’avais un message à transmettre à cette génération, ce serait d’abord celui-ci : merci, vraiment, car je sais que les efforts que nous vous demandons, que nous demandons à votre génération, sont certainement les plus lourds de tous. Parce qu’il ne s’agit pas uniquement de vous protéger et de rester à la maison, entre autres. Il s’agit de renoncer, en substance, à tout ce qui fait les plaisirs de la vie à votre âge. Et pourtant, vous consentez ces efforts justement parce que nous avons sans doute redécouvert, au cours de cette période, ce que signifient la solidarité et la fraternité, parce que toutes les générations ont accepté de s’arrêter pour protéger une partie de la population. Parce que nous avons décidé de faire passer la vie humaine avant les intérêts économiques et avant toute autre chose. Pourtant, ce que nous devons à votre génération, ce n’est pas un retour à la normale le jour d’après. Tout d’abord, nous devons vous fournir la possibilité d’étudier pendant cette période, pour que vous ayez clairement et pleinement conscience du rôle actif et important que vous jouez dans notre lutte contre le virus et pour vous aider à mettre en œuvre de nouvelles initiatives, au cours de cette période et à l’avenir, à transformer le monde et à construire ce que j’ai appelé, au début de cette discussion, un nouveau consensus. Pour vous aider à innover et à proposer de nouvelles solutions. Soyons clairs, je suis sûr que notre monde, après cette crise, sera d’abord un monde au sein duquel la vie humaine, la dignité humaine, aura bien plus de valeur qu’auparavant. Un monde au sein duquel la lutte contre les inégalités pour parvenir à un système de santé ambitieux et équitable sera beaucoup plus intense. Un monde au sein duquel nous devrons relancer la croissance de manière à ce qu’elle profite beaucoup plus à tous. Vous avez un rôle à jouer, car vous êtes la génération qui innove. Quand je parle d’innovation, je parle d’innovation technologique, mais également d’innovation sociologique et structurelle. Ce monde est un monde au sein duquel nous pouvons mettre au point et concevoir de nouvelles solutions. Je voudrais ajouter qu’au cours de cette période, l’impensable a été fait pour lutter contre le virus. Désormais, au fil des jours, l’impensable doit être fait et mis en place afin d’apporter de nouvelles solutions aux changements climatiques, de lutter contre les inégalités et de favoriser une nouvelle croissance qui profite à tous. Je pense que notre rôle et notre devoir, en tant que personnalités politiques, sont de donner aux jeunes la possibilité de faire cela, en veillant à ce qu’ils puissent aller à l’école ou à l’université, en leur assurant la meilleure situation d’après-crise possible et, sans doute, en leur donnant le maximum de possibilités et de chances de contribuer à la solution et à ces innovations.

► Union européenne
Je crois au fait national, bien sûr. Nos démocraties sont fondées sur l’expression de nos populations au niveau national. Mais si l’on considère le contexte actuel, face à tous ces changements et aux tensions croissantes, il est évident que l’Union européenne est un acteur crédible et qu’elle agit à l’échelle appropriée. Depuis le tout début de mon mandat, mon objectif a été de réinventer ou de rétablir une vraie souveraineté européenne. Au cours des dernières décennies, nous avons laissé de l’espace à une approche nationaliste réclamant davantage de souveraineté au niveau national. Mais la véritable souveraineté, la capacité à décider pour nous-mêmes, à élaborer nos propres règles et réglementations et à faire nos propres choix, est pertinente à l’échelle européenne. C’est la raison pour laquelle nous avons décidé d’avoir un programme d’action commun en matière de technologie, de défense, de monnaie, de réponse économique et budgétaire à la crise et dans bien d’autres domaines. Et c’est ainsi que nous avons progressivement forgé ce concept d’autonomie stratégique. Il signifie tout simplement que l’Union européenne doit pouvoir se considérer comme une entité commune adaptée, capable de prendre des décisions seule et d’investir beaucoup plus dans des secteurs clés de sa souveraineté, comme la défense. Cette décision n’est pas seulement compatible avec l’OTAN, mais elle est totalement cohérente. C’est pourquoi je suis fermement convaincu que cette dynamique et cette décision de coopérer davantage à l’échelle européenne correspond complètement, totalement aux intérêts des États-Unis.  Pourquoi en suis-je convaincu ? Parce qu’au cours des dernières décennies, au sein de l’OTAN, les États-Unis étaient d’une certaine manière les seuls responsables de notre sécurité. Et comme certains de nos dirigeants d’aujourd’hui et d’hier l’ont exprimé, les efforts n’étaient pas justement répartis. C’est vrai. Et petit à petit, la relation s’est pervertie car, d’une certaine façon, faire partie de l’OTAN signifiait bénéficier de la protection de l’armée américaine et, en contrepartie, avoir accès aux contrats, fournir des contrats et acheter du matériel américain, et je pense qu’il s’agissait d’une approche perdant-perdant tant pour les pays européens que pour les États-Unis. Pourquoi ? Tout d’abord, la présence des soldats américains en Europe et dans notre voisinage, déployés à cette échelle sans que cela ne corresponde à la défense d’intérêts clairs et directs, n’est pas une approche durable. Il arrive un moment où nous devons assumer bien plus de responsabilités concernant notre voisinage. Le caractère durable de la prise de décision dans les sociétés démocratiques était donc en jeu.  Ensuite, la décision de l’Europe de ne pas assurer sa propre défense était selon moi implicite et progressive. Et je ne connais aucune entité politique existante qui n’assure pas la protection de sa population. Si l’on souhaite porter, promouvoir et préserver l’idée et la réalité de l’Union européenne, celle-ci doit être en mesure de protéger sa population. C’est pourquoi l’autonomie stratégique signifie en premier lieu que les acteurs européens doivent investir beaucoup plus pour eux-mêmes. En ce qui me concerne, j’ai décidé d’accroître le budget consacré à notre défense. Ensuite, œuvrer activement ensemble pour des projets communs, harmoniser notre organisation et mettre au point de nouvelles technologies et de nouveaux équipements communs. C’est ce que nous avons fait avec l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, et ce que nous avons aussi lancé au niveau européen. Troisièmement, mettre en place des programmes d’investissements massifs tout en développant bien plus les interventions conjointes avec une culture commune en matière d’intervention. C’est ce que nous avons mis en avant. Je l’ai proposé le 17 septembre à la Sorbonne. Et à présent, une dizaine de pays rejoignent cette initiative européenne d’intervention, qui est un concept inédit. Elle se traduit par des exemples concrets, je veux dire par une nouvelle approche, par exemple dans le Sahel, où nous coopérons avec beaucoup plus de pays européens dans le cadre de la Task Force Takuba, afin de mieux protéger les pays du Sahel. Et je pense que cette approche est tout à fait dans l’intérêt des États-Unis car elle permet davantage de concertation et de solidarité au niveau européen et un engagement renforcé des forces armées européennes dans des situations différentes, ce qui diminue la pression sur les autres membres de l’OTAN, et donc sur les États-Unis.  Bien sûr, je souhaite préserver la coordination politique intense qui existe avec les États-Unis pour définir et élaborer le concept politique de l’OTAN. Je veux également préserver l’interopérabilité de nos forcées armées car l’efficacité de nos interventions partout dans le monde en est renforcée. Avec les États-Unis et le Royaume-Uni, nous avons décidé au printemps 2018 de mettre en place une coopération unique afin de lutter contre l’utilisation des armes chimiques en Syrie. L’OTAN a permis notre interopérabilité. Dans les semaines et les mois à venir, nous vivrons des moments cruciaux car je pense que, sur la base des rapports demandés après les mots durs que j’ai eus fin 2019, l’OTAN se trouve dans une phase de clarification. Les nouveaux concepts doivent être clarifiés et nous devons exprimer clairement ce que nous voulons. Qui est l’ennemi ? Au départ, l’OTAN a été créée pour lutter contre l’URSS. Et maintenant, qui est l’ennemi ? Qui sont les terroristes et les principaux ennemis de nos sociétés ? Comment aborder les nouvelles problématiques liées au Pacifique, à la Chine : la question se pose. C’est un sujet que personne n’ose aborder. Nous devons pourtant en parler très ouvertement. Mon souhait est d’adopter à ce sujet une approche politique car je veux vivre dans un monde stable et en paix. Mais cela veut dire que nous devons parvenir ensemble à nous parler franchement et ouvertement, parfois exprimer des avis divergents. Toutefois, je pense que nous devons affronter ce problème. Troisièmement, respecter un code de conduite clair entre les États membres. Comment peut-on parler de partenariat, en tant que membres de l’OTAN, lorsqu’un partenaire comme la Turquie se comporte comme elle l’a fait en 2019 et en 2020. Il me semble constater des changements, j’en suis heureux, et je voudrais saluer la récente déclaration du Président Erdogan, mais les États-Unis comme l’Europe se sont heurtés à une agressivité incroyable sur différents théâtres d’opérations au cours des deux années écoulées. Et j’estime qu’il est absolument essentiel de clarifier ce que doit être une attitude solidaire et un bon comportement dans ce cadre. Tout cela est possible parce que l’Europe est bien organisée, plus efficacement, et justement parce que nous avançons sur ce concept de souveraineté et d’autonomie stratégique.

► Etats-Unis
La priorité absolue dans la relation à la nouvelle Administration américaine et dans le travail entre les États-Unis et l’Europe, est de parvenir à un multilatéralisme fondé sur des résultats. Ces dernières années, nous avons travaillé dur pour préserver le cadre multilatéral. Toutes les questions (la pandémie, la crise économique et sociale, les nouvelles inégalités, les changements climatiques, les enjeux pour la démocratie, etc.), requièrent une plus grande coordination de nos actions. Or, au cours des dernières années, nous avons assisté à une forme de délitement des cadres et enceintes multilatéraux existants. C’est la raison pour laquelle la priorité absolue est de reconstruire ce multilatéralisme, évidemment en prônant un multilatéralisme solidaire pour être sûrs d’être efficaces et précisément solidaires, mais aussi pour parvenir à un multilatéralisme axé sur des résultats, ce qui signifie parvenir à des résultats concrets pour apporter des solutions aux principales difficultés, ou à tout le moins pour commencer à y apporter des solutions. Je considère que les tout premiers jours de cette nouvelle Administration sont cruciaux pour s’orienter dans cette voie : la décision du Président Biden de revenir à l’OMS, en tant que contributeur mais aussi en participant à une enceinte multilatérale œuvrant pour la santé mondiale; en rejoignant également l’initiative « Un monde, une santé » ; en participant à notre initiative ACT-A en faveur non seulement du continent africain mais aussi de tous les pays pauvres et émergents dans le contexte de la pandémie. Il faut y ajouter l’engagement pris d’investir au moins 4 milliards dans cette initiative. Il y a évidemment aussi la décision de réintégrer l’Accord de Paris et de rejoindre le cercle des pays en mesure d’atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050. Il y aura probablement aussi des décisions au sujet de l’Organisation mondiale du commerce et ainsi de suite. C’est une question prioritaire parce que si le principal acteur, celui chargé de garantir le système en dernier ressort, quitte le navire, c’est évidemment un coup dur porté au multilatéralisme. Et ceux qui viennent à profiter de cette situation sont précisément les éléments perturbateurs ou ceux qui sont en mesure de proposer ou de promouvoir une autre forme de multilatéralisme, qui ne repose pas sur nos valeurs communes et ne constitue pas un multilatéralisme véritable ni équitable. La deuxième question clé, qui est en lien avec la précédente, est la suivante : comment pouvons-nous, tous ensemble, être inventifs ? Car il est évident qu’il va nous falloir innover afin de trouver des solutions aux nouvelles problématiques. Comment pouvons-nous construire de nouveaux partenariats et bâtir le « nouveau consensus » de notre planète mondialisée, comme nous l’avons baptisé ici à Paris il y a quelques semaines? Nous sommes face à un monde où la lutte contre les inégalités doit être une priorité. Les inégalités étaient déjà un problème majeur avant la pandémie et elles le seront d’autant plus dans la période post-covid19. Nous sommes également confrontés à une réglementation affaiblie en matière de maîtrise des armements, du fait des décisions qui ont été prises. Nous devrons probablement inventer de nouvelles formes de coopération et de nouveaux partenariats pour traiter des questions liées au climat et à la biodiversité ; c’est ce que nous avons fait ces dernières années avec le « One Planet Summit » afin de préserver l’Accord de Paris et de lancer de nouvelles initiatives en faveur de la biodiversité. Nous devons nous montrer très innovants car ce nouveau type de partenariat implique de mettre en place de nouvelles formes de coopération entre les États, mais aussi avec les acteurs privés, les ONG et certaines entités régionales. Et bien sûr, face aux enjeux numériques et aux crises que vivent nos démocraties, nous devrons nouer une série de nouveaux partenariats afin de donner véritablement corps à ce nouveau consensus. Il s’agit pour moi du deuxième pilier de cette relation essentielle. Et c’est dans ce domaine que, selon moi, l’Union européenne et les États-Unis sont deux acteurs majeurs, qui doivent bien sûr construire ensemble mais également faire preuve d’une grande ouverture vis-à-vis des autres acteurs qui partagent nos valeurs, et plus précisément, ces nouvelles solutions dans le contexte actuel. Et troisièmement, je crois que nous devons jouer un rôle bien plus important dans les crises régionales et adopter une approche cohérente de ces crises. Le Président Biden et moi-même avons évoqué certaines de ces crises régionales. Mais lorsque nous parlons du Moyen-Orient, de l’Afrique, de la région indopacifique, concept que nous avons essayé de mettre en avant ces dernières années, nous ne pouvons pas laisser de côté le sujet de la relation entre les États-Unis et l’Europe, de notre aptitude à agir ensemble et à préserver ou à rétablir la paix et la stabilité dans certaines de ces régions. Certaines d’entre elles font partie du voisinage européen. D’autres se trouvent dans des zones clés dans le contexte actuel. Certaines peuvent justement contribuer à redéfinir la relation entre l’Union européenne et la Chine, et entre les États-Unis et la Chine, dans les années à venir. Et le traitement de ces crises régionales met en lumière la façon dont l’Administration américaine souhaite s’y impliquer de nouveau, ainsi que ses priorités. Pour moi, la lutte contre le terrorisme est une priorité absolue, et la paix et la stabilité de cette région du monde sont de la plus haute importance. Cela pose la question de la clarification du rôle de l’OTAN, nous y reviendrons sans doute, et des partenariats existants dans ce cadre. Ces trois piliers sont, selon moi, les fondations sur lesquelles nous devons bâtir la relation avec la nouvelle Administration américaine.

► OTAN
Plus l’Europe s’investit pour défendre, soutenir et participer à la protection de son voisinage, plus les États-Unis en bénéficieront car cela contribue à une meilleure répartition des efforts. Reste à déterminer la nature de la coordination au sein de l’OTAN et à clarifier notre projet politique et nos objectifs communs. Bien sûr, la nouvelle administration ouvrira la voie à une approche plus coopérative. C’est une certitude. Regardons la réalité telle qu’elle est. Le Moyen-Orient et l’Afrique sont nos voisins. Pas ceux des États-Unis. C’est un fait. Je ne parle là que de géographie. Je me souviens de ce que nous disions sur la Syrie il y a quelques années : la décision juste et démocratique de l’administration des États-Unis a finalement consisté à ne pas répondre à l’usage d’armes chimiques par une opération militaire et une attaque. Or, cette décision a privé les Européens de leur capacité à agir d’eux-mêmes. Je pense que la crédibilité de l’OTAN en a souffert et que les Européens eux-mêmes s’en sont trouvés affaiblis, car les enjeux ne portaient pas sur une région très lointaine. En 2013, on parlait de la Syrie pour désigner l’endroit où se sont préparés les attentats terroristes menés à Paris en novembre 2015. Je parle donc de ma propre sécurité. C’est pour cette raison que les Européens doivent comprendre la nécessité d’une coopération, d’une interopérabilité et d’une collaboration très étroite avec les États-Unis. Mais il ne s’agit absolument pas de nous mettre dans une situation de dépendance vis-à-vis des décisions des États-Unis. En effet, toute décision démocratique prise par ce pays pourrait être motivée par des considérations nationales, par une politique intérieure et, bien entendu, dans une certaine mesure, par les intérêts du pays lui-même, et pourrait donc différer de celle privilégiée par l’Europe, notamment en ce qui concerne nos pays voisins. C’est ainsi que je veux expliquer notre autonomie stratégique. Et je dirais que pour un côté comme pour l’autre, cette approche est la bonne et qu’elle permet de préserver nos intérêts respectifs. Il s’agit de se défaire d’une mentalité prégnante en Europe, qui découle du concept d’absence de défense européenne, construit sur des décennies. Dans de nombreux pays, après la Seconde Guerre mondiale, nous avons créé un système, une mentalité, presque un ADN, où il était indispensable de ne pas se démarquer nettement et de ne pas avoir à prendre soi-même des décisions. Nous entrons aujourd’hui dans une nouvelle période où nous devons être en mesure de préparer et de soutenir notre défense européenne. Toutefois, je tiens à insister sur la nécessité d’une étroite coopération avec les États-Unis. En ce qui concerne la Turquie, la situation dans laquelle elle a placé l’Europe et les États-Unis est aberrante. Je dirais que l’absence de régulation par l’OTAN, d’intervention permettant de mettre fin à l’escalade, nous a nui à tous. Je voudrais rappeler qu’il y a deux ans, la Turquie a lancé une opération dans le Nord-Est de la Syrie sans aucune coordination ni avec l’OTAN, ni avec les États-Unis, ni avec la France. À ce moment-là, nos troupes étaient déployées sur le terrain, car la coalition, menée par les États-Unis, avec le concours de l’OTAN, se trouvait en Syrie.  Cette opération lancée par la Turquie était motivée par des considérations nationales, qui revenaient à dire : « Les Forces démocratiques syriennes représentent une menace terroriste pour moi, car elles sont liées au PKK. » Pour certaines d’entre elles, c’est exact. Mais la Turquie a de facto lancé des opérations militaires dans une région où se trouvait la coalition et contre nos intermédiaires. Les soldats des États-Unis, les soldats de la France et tous nos autres soldats ont combattu Daech sur le terrain à leurs côtés. Soudain, l’un de nos membres a décrété qu’ils étaient terroristes et qu’il fallait les tuer. C’est exactement ce qu’il s’est produit. L’OTAN, les États-Unis et la France ont perdu toute crédibilité dans la région. Comment peut-on vous faire confiance si vous agissez de la sorte, sans aucune coordination ? Or, les opérations menées par la Turquie ont été rendues possibles par la décision des États-Unis, implicite puis explicite, de se retirer de Syrie. Après la Libye, au Haut-Karabagh, en Méditerranée orientale, la Turquie a systématiquement adopté un comportement hostile vis-à-vis de ses différents partenaires, l’Europe ou les membres de l’OTAN, avec la volonté de cadrer la situation avec la Russie. C’est pour cette raison que j’ai déclaré que l’OTAN était en état de mort cérébrale. En effet, quel en est le concept ? Qui en est l’ennemi ? Quelles sont les règles du jeu dans une organisation où vous êtes censés être alliés, mais où de tels comportements sont tolérés ? En 2020, nous avons accentué la pression et avons obtenu des résultats. Les mois à venir seront décisifs. Je salue avec enthousiasme les récentes déclarations du Président Erdogan : je pense qu’elles sont en grande partie dues à nos accomplissements à l’échelle européenne et au réengagement de la nouvelle administration des États-Unis, bien plus en accord avec l’approche traditionnelle de l’OTAN, c’est-à-dire avec une approche normale et exigeante. Je m’en réjouis sincèrement. J’espère que nous obtiendrons des résultats, qui seront alors la preuve concrète de notre efficacité. Ainsi, il conviendrait de régler la situation en Libye, de faire partir les troupes turques de Libye, d’obtenir le départ des milliers de djihadistes envoyés depuis la Syrie vers la Libye par la Turquie elle-même (en violation totale avec la conférence de Berlin), de régler la question syrienne avec le reste de la coalition et, je l’espère, de résoudre la situation au Haut-Karabagh et de diminuer la pression en Méditerranée orientale, lorsque la situation semblera plus favorable. Ainsi, je pense qu’il est essentiel que dans les prochains mois, les États-Unis, l’Europe et quelques autres membres étudient avec rigueur les rapports qui nous ont été récemment fournis par les experts mandatés il y a un an pour clarifier les nouveaux concepts. Comme je le disais, qui est l’ennemi ? Mon ennemi est-il Daech, par exemple ? Pas nécessairement, ces petits groupes, et ainsi de suite ? Comment réglementer la situation ? Comment identifier l’ennemi pour légitimer toute intervention extérieure ? Quel code, quelles règles faut-il instaurer entre les États membres ? Nous disposons de règles bien définies concernant la solidarité dont peut bénéficier un État attaqué. Toutefois, nous ne disposons pas d’une autorité réglementant les interventions dans certains pays, où de nouveaux intérêts peuvent entrer en jeu et où une opération lancée par un autre État membre s’avère contre-productive. Lorsque nous parlons de la mer Méditerranée ou du Moyen-Orient, nous parlons de nos voisins. L’intervention de la Turquie a de réelles conséquences pour nous. Ainsi, je suis convaincu que l’autonomie stratégique revêt toujours une grande importance et que le réalignement et le réengagement des États-Unis dans l’OTAN est nécessaire à ces clarifications et à la réaffirmation de l’OTAN non pas comme une superstructure coordonnant nos forces armées, mais comme un organisme politique nous permettant d’harmoniser nos choix et de coordonner nos politiques.

► Mondialisation
Je pense que la libéralisation des échanges a permis une hausse de la croissance et a ouvert de nombreuses perspectives. C’était une stratégie extrêmement efficace pour réduire la pauvreté dans de nombreuses régions. Cependant, nous nous trouvons aujourd’hui dans une situation assez différente et nous nous devons d’élaborer un programme d’action plus vaste. D’abord, bien évidemment, nous devons, et devrons une fois que la COVID19 sera derrière nous, reprendre certains échanges, qui ont perdu en rapidité et en stabilité. Et je pense que la priorité est de préserver et d’améliorer l’accès au marché ainsi que notre capacité à fournir des débouchés et à organiser efficacement notre commerce et nos industries. Nous devons prendre en compte le changement climatique, comme je le disais, et trouver des solutions pour réduire notre empreinte carbone, ce qui implique de repenser notre logistique et de rapprocher la production du marché final. C’est un point très important. Le second aspect est la question des inégalités, sur laquelle je souhaite insister. La libéralisation de nos échanges était principalement axée sur le consommateur et visait à réduire le prix des différents produits et biens. Or, elle a provoqué la disparition de nombreux emplois dans notre société, c’est une réalité. Nous avons réduit la pauvreté dans les pays pauvres et émergents, mais creusé les inégalités dans nos sociétés, ce qui s’inscrit dans la crise démocratique que nous vivons. A propos de la crise démocratique. J’ai centré ma réponse sur la violence et la haine, mais les inégalités jouent aussi un rôle crucial dans ce processus, car elles légitiment la montée de la violence. Ainsi, toute stratégie commerciale doit prendre en compte la question des inégalités dans notre société. Pour être très franc, je crois aujourd’hui à un commerce multipartite, qui implique les consommateurs, les travailleurs, les parties prenantes et les citoyens afin de concilier les enjeux liés à l’économie, au climat et aux inégalités. Ceci explique aussi pourquoi je souhaite qu’aucun accord commercial régional ne soit signé avec un pays ou une région qui ne respecte pas l’Accord de Paris. Toutefois, nous devons également évaluer les avantages et les inconvénients d’une telle stratégie. Tout ceci doit faire l’objet d’une grande réflexion. Mais bien plus encore, dans les mois et les années à venir, nous devons travailler activement tous ensemble à l’élaboration d’une stratégie commune à l’OMC, à l’OIT et au FMI, qui soit conforme à notre réglementation multilatérale en matière de changement climatique et de biodiversité. Seule l’harmonisation de nos différentes stratégies permettra de construire la stratégie d’ouverture et de commerce durable de demain.

► Chine
Nous considérons la Chine à la fois comme un partenaire, un concurrent et un rival systémique. Cela signifie qu’elle est un partenaire pour traiter de certains sujets mondiaux. Par exemple, sur la question des changements climatiques, la Chine est un partenaire. Elle a pris des engagements, elle change le système, elle s’efforce de réduire ses émissions de CO2. Et je dois dire qu’elle a mis en place ces dernières années un marché carbone performant. Elle a pris des engagements clairs et a obtenu des résultats. Mais pour les questions commerciales et industrielles, la Chine est un concurrent. Et elle est un rival systémique, compte tenu de ses ambitions dans la région indopacifique et de ses valeurs, de la question des droits de l’Homme. La question est donc de savoir comment concilier ces différentes priorités. Pour moi, il y a deux scénarios différents, qui doivent être exclus. Le premier serait de nous mettre en position de nous allier tous contre la Chine. Ce scénario est le plus conflictuel qui soit. Pour moi, il est contre-productif, car il inciterait la Chine à renforcer sa stratégie régionale et à réduire sa coopération sur les différentes priorités. Et je crois que cela serait dommageable pour nous tous. Un deuxième scénario pour l’Union européenne, irrecevable, consisterait à nous affirmer en tant que partenaire clair de la Chine, ce qui nous placerait à égale distance de la Chine et des États-Unis. Cela serait absurde puisque nous ne représentons en aucun cas un concurrent systémique pour les États-Unis. En effet, nous partageons des valeurs et une histoire communes, et devons également relever les défis de nos démocraties et ce qui vient d’être évoqué. La question qui se pose pour nous est celle de comment parvenir à coopérer au sujet de certaines problématiques et de devenir l’acteur clé qui incitera la Chine à respecter ses engagements. Impossible de savoir ce que l’avenir nous réserve. À dire vrai, les prochains semestres seront sans doute décisifs pour la Chine et ses dirigeants, le pays et son gouvernement. La Chine a décidé d’intégrer le cadre multilatéral, à savoir l’OMS et l’Organisation mondiale du commerce, entre autres. Alors que les États-Unis se réengagent, quelle sera la réaction de la Chine ?  Je pense que nous devons nous efforcer de travailler ensemble en toute bonne foi. C’est pourquoi je demanderai à ce qu’un sommet au format P5 soit organisé dans les prochains mois afin de rétablir une certaine convergence de vues entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité et de restaurer l’efficacité de cette enceinte, en chute libre ces dernières années. Deuxièmement, je pense que nous devons amener la Chine à s’engager dans un programme climatique audacieux et efficace. En outre, il me semble que le réengagement des États-Unis offre une bonne occasion d’entamer une discussion proactive à ce sujet. La Conférence de Glasgow en fin d’année permettra bien évidemment d’aborder la question. De plus, elle se déroulera presque en même temps que la COP chinoise sur la biodiversité. Troisièmement, il nous faut désormais instaurer une initiative mondiale relative au commerce, à l’industrie et à la propriété intellectuelle. À cet égard, je pense que la divergence des États-Unis et de l’Union européenne au cours de ces dernières années a été totalement contre-productive. Il me semble que nous devrions relancer la discussion, au niveau de l’OMC bien entendu, mais aussi de l’OCDE, puisqu’en tant que membres, nous dialoguons avec la Chine. Nous pourrions également introduire de nouvelles formes de discussion afin de régler la question de la propriété intellectuelle, essentielle au même titre que celle de l’accès au marché, dans le but d’instaurer une nouvelle ère de normalisation et de transparence. Enfin, quatrièmement, se pose la question des droits de l’Homme. Sur ce point, il me semble nécessaire de faire pression, d’être très clairs et de trouver le moyen de renouveler notre engagement sur certains points fondamentaux. À cet égard, je considère l’accord d’investissements signé à la fin de l’année dernière entre l’Union européenne et la Chine comme une occasion favorable. Soyons honnêtes, cet accord n’est ni particulièrement étendu ni facteur de changement, ni pour la Chine ni pour l’Union européenne. Il présente certes des éléments positifs et significatifs, répond à certaines problématiques relatives à l’investissement et à l’accès aux marchés, mais, restons lucides, il n’aborde pas la question de la propriété intellectuelle. Cependant, pour la toute première fois, la Chine accepte de s’engager dans le cadre des normes de l’OIT, notamment sur des questions relatives au travail qui touchent aux droits de l’Homme. Je trouve cette attitude très intéressante, car elle permet d’évaluer la pertinence d’une telle discussion. J’ai essayé de distinguer ces différentes dimensions. Selon moi, notre dialogue avec la Chine nous permet d’établir une stratégie efficace ; il est dans l’intérêt collectif de concrétiser celle-ci, car nous abordons des questions globales en évitant les approches que je qualifierais de controversées. Si nos objectifs sont évidemment très ambitieux, surtout en matière d’économie, je pense qu’il est dans l’intérêt de tous de réduire les conflits, mais je n’ai pas la solution définitive. En ce qui concerne les droits de l’Homme, question très complexe, il convient d’augmenter la pression, de mener des discussions franches et de renouer le dialogue sur certaines questions spécifiques. Pour y parvenir dans les mois, les années à venir et à long terme, nous devons bien évidemment préserver notre autonomie stratégique et notre capacité à négocier de bonne foi, pour les États-Unis, mais aussi pour l’Union européenne elle-même. Concernant la technologie, l’intelligence artificielle et les initiatives dans ce domaine (la question de l’espace sera également cruciale), nous devons être en mesure de coopérer si nous le souhaitons. Il nous faut cependant à tout prix éviter de dépendre entièrement de la Chine, mais également des États-Unis, non pas pour des raisons de distance équivalente, mais parce que je ne souhaite pas dépendre entièrement des décisions américaines. À défaut, je ne pourrai plus prendre de décisions dans l’intérêt du continent européen lui-même. C’est pourquoi j’ai lancé, il y a un an et demi, une initiative pour la 5G afin de disposer d’une solution 100 % européenne. Dans cette optique, nous avons également restreint les solutions françaises. De plus, j’ai décidé de défendre cette initiative lors des discussions bilatérales avec la Chine. Je suis très heureux de constater qu’en mars 2020, la Commission européenne a introduit ses propres normes pour la 5G, pour l’encadrement de nos plateformes et pour la réglementation relative à l’intelligence artificielle. En outre, je pense qu’il nous est possible de coopérer bien davantage grâce au partenariat mondial pour l’intelligence artificielle, lancé il y a quelques semestres, lors du G7. J’espère que les États-Unis rejoindront cette initiative. Élaborée de concert avec le Canada, elle nous permet de travailler collectivement en évitant toute dépendance en ce qui concerne les décisions techniques et d’instaurer ainsi une gouvernance démocratique commune sur la question de l’intelligence artificielle. La préservation des solutions européennes et de notre capacité décisionnelle est la condition sine qua non de toute discussion avec la Chine à ce sujet.

► Afrique
La COVID19 est en effet un sujet très intéressant pour réfléchir au moyen de parvenir à des résultats grâce au multilatéralisme. Et volontairement, je ne réfléchis pas seulement en termes de vaccins, car je crois que la question est celle de la crise de la COVID19 et de ses conséquences. Je pense d’abord, au niveau du G20, au lancement en mars 2020 de l’initiative ACT-A, alors pilotée par les dirigeants européens, mais dans une construction et un travail communs avec les dirigeants africains ; c’est exactement la façon dont je vois ce nouveau type de partenariats. Nous avons élaboré une stratégie dans laquelle la gestion de la crise de la COVID19 passait par une aide aux pays africains pour préserver leur système de santé primaire, soigner leur population et faire face aux conséquences économiques et sociales de la pandémie. Parce que pour l’instant, l’Afrique est confrontée à des conséquences économiques et sociales, bien plus qu’à des conséquences sanitaires, en raison de la structure de sa population, et probablement d’autres caractéristiques importantes des sociétés africaines. Nous avons lancé cette stratégie et nous sommes parvenus à de premiers résultats. Nous avons mis en place une organisation commune, l’initiative ACT-A, une gestion commune avec des dirigeants africains et l’Union africaine, ainsi que l’initiative COVAX pour le vaccin. Si on regarde les derniers mois, la Chine a probablement réussi à convaincre certains pays avec sa diplomatie du vaccin. Les Chinois sont parvenus à des résultats de manière très efficace, en réaction à cette première initiative solidaire du G20 et de l’Union africaine, tout simplement parce qu’ils étaient en position de produire un vaccin. Récemment, la Chine a été moins affectée par la pandémie que les États-Unis ou l’Union européenne, et elle a fait en sorte d’être en mesure de livrer de nombreuses doses à certains pays, dans les Balkans occidentaux, dans le Golfe, et en Afrique, dans des volumes que nous ne connaissons pas totalement, mais cela représente clairement un succès diplomatique. Et cela pourrait donner l’idée que l’action de la Chine est plus efficace que la stratégie multilatérale que nous avons menée il y a quelques mois. Mais je crois qu’à long terme, si nous avons une approche globale et coordonnée, nous pouvons être plus efficaces. Et c’est l’idée que je veux défendre. Parce que c’est vrai, à très court terme, nous pouvons être impressionnés par l’efficacité chinoise. C’est un peu humiliant pour les dirigeants que nous sommes, peut-être également pour nos pays. J’ai reçu il y a quelques jours une note intitulée : « Inutile d’aller vers les pays africains ou pauvres ». Le président serbe était là. Pour être très honnête avec vous, il a eu accès à des vaccins grâce à sa coopération avec la Chine. « Les Chinois sont plus efficaces que vos équipes communes de l’Union européenne pour élaborer des vaccins, mes amis », a-t-il fait remarquer de manière directe et sincère. Mais ce que nous observons est, je crois, beaucoup plus compliqué. La réponse à apporter, en particulier pour les pays pauvres et émergents, est plus complexe qu’il n’y paraît. Tout d’abord, traiter le virus avec un vaccin exige d’être sûr d’avoir le vaccin adapté, un vaccin qui est pertinent pour faire face aux différents variants, et de disposer d’informations partagées et transparentes. Et je pense que c’est précisément à ce moment-là de la crise que l’OMS doit jouer un rôle crucial. J’aurai l’occasion la semaine prochaine de m’entretenir avec le Dr. Tedros. Mais le rôle de l’OMS, c’est d’être en mesure d’évaluer, en coopérant avec les différents organismes nationaux et régionaux, l’efficacité et la toxicité éventuelle des différents vaccins contre la souche initiale de COVID19 et contre ses variants. À l’heure actuelle, nous ne disposons de données que sur des vaccins américains, des vaccins européens, et des partenariats entre différents acteurs. Il semble que nous pourrons avoir plus d’informations sur les vaccins russes grâce au numéro de The Lancet, et sur les initiatives à recenser au niveau européen. Je n’ai absolument aucune information au sujet du vaccin chinois. Je ne ferai pas de commentaires, mais c’est la réalité. Cela signifie qu’à moyen et long termes, si ce vaccin n’est pas adapté, il est presque sûr qu’il facilitera l’émergence de nouveaux variants et ne résoudra absolument pas la situation dans ces pays. Le Brésil est d’ailleurs sans doute un bon exemple de ce qui peut arriver, avec la situation à Manaus, où des personnes déjà infectées et d’autres vaccinées ont contracté une nouvelle forme de COVID19. Je pense donc que nous pouvons apporter les meilleures données scientifiques possibles, selon nos critères. Je veux dire par là des données scientifiques transparentes, pertinentes et contrôlées par les meilleurs chercheurs au monde. À ce stade, ce n’est pas le cas pour le vaccin chinois. Et je serais très heureux que la Chine puisse proposer un dispositif similaire. Donc pour moi, dans la situation actuelle, une efficacité à court terme pourrait nuire à l’efficacité à moyen terme. 

► Russie
Sur M. Navalny, j’ai affirmé mon désaccord total vis-à-vis de cette décision russe consistant à condamner quelqu’un pour la simple raison qu’il n’a pas respecté son contrôle judiciaire en Russie parce qu’il était soigné à Berlin. Je pense que cette décision constitue l’expression la plus évidente d’une forme d’ironie et d’irrespect à l’égard de M. Navalny et du monde entier. Selon moi, c’est une immense erreur, notamment pour la stabilité du pays. Le cas de M. Navalny est très grave. Nous avons décidé de certaines sanctions. Je regrette et condamne fermement ces décisions. Cela dit, se pose en outre la question de la situation en Ukraine, pour laquelle des sanctions justifiées et un processus ont été conçus à Minsk en format Normandie. En décembre 2019, nous avons légèrement progressé sur cette question. Nous travaillons dur pour continuer dans cette voie. Mais dans un tel contexte, pourquoi ai-je décidé de reprendre une partie des discussions avec la Russie ? Je suis en faveur d’un dialogue permanent. Je pense qu’il faut prendre en compte les dimensions historique et géographique. La Russie fait partie de l’Europe à ces deux égards. Il me semble essentiel, quoi qu’il arrive, d’inclure la Russie dans cet horizon, dans cette grande partie du monde. Premièrement, de toute évidence, l’histoire du Président Poutine et de nombreux dirigeants s’inscrit pleinement dans l’histoire européenne. Ils ont des valeurs, une histoire, une littérature, une culture, une mentalité communes. Et nous devons le prendre en compte. Deuxièmement, il y a la dimension géographique. La paix et la stabilité en Europe, en particulier à nos frontières aujourd’hui, dépendent de notre capacité à négocier avec la Russie. Pour différentes raisons, en particulier l’agressivité de la Russie et l’extension de l’OTAN, nous avons repoussé nos frontières au maximum du côté est, mais n’avons pas réussi à y réduire les conflits et les menaces. Je crois que notre objectif pour les années et les décennies à venir consiste précisément à trouver un moyen commun de débattre et de construire la paix et la sécurité à l’échelle du continent entier. Cela passe par un dialogue sur les cyberattaques, et bien entendu sur tous les types d’attaques, et sur notre manière d’aborder les pays vulnérables dans la zone très sensible où se trouvent notamment l’Ukraine et la Biélorussie. Nous devons engager une discussion politique avec la Russie à ce sujet. Autrement, il y aura notre volonté de protéger d’un côté et une volonté de conquérir et de dominer de l’autre. Or, si l’on se penche sur les stratégies mises en œuvre avec l’Ukraine dans le passé, avec la Biélorussie aujourd’hui et avec de nombreux pays, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Nous devons donc recréer un cadre de discussion pour les pays situés dans cette partie de notre continent. Deuxièmement, en ce qui concerne la maîtrise des armements, nous devons impérativement discuter avec la Russie du retrait unilatéral des États-Unis du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. Aujourd’hui, l’Europe n’est plus protégée contre ces missiles russes. Compte tenu du cadre juridique du traité FNI, nous n’étions pas parfaitement protégés, notamment en Pologne, mais nos débats et notre organisation en matière de maîtrise des armements étaient encadrés d’une manière qui n’était pas sans rappeler la guerre froide, par l’intermédiaire d’un dialogue entre les États-Unis et la Russie. En tant qu’Européen, je souhaite ouvrir une discussion entre l’Union européenne et la Russie. Je suis conscient et convaincu que nous avons besoin des États-Unis, et certainement de la Chine, qui est essentielle pour la stratégie des États-Unis, mais nous devons avant tout engager un dialogue plus large sur les accords et les traités en matière de maîtrise des armements pour aborder, surveiller et réduire les conflits dans le monde. Or, la sécurité du continent européen passe indéniablement par un dialogue entre la Russie et l’UE à ce sujet. Cet objectif ne saurait être atteint sans l’instauration des conditions adéquates et l’ouverture d’un dialogue. Au Moyen-Orient, que ce soit au niveau de l’OTAN ou de l’ONU, nous avons constaté une perte de crédibilité collective ces dernières années, parce que nous avions décidé de ne pas intervenir, tandis qu’eux intervenaient ou envoyaient des groupes agissant par procuration, et s’accommodaient très bien de cette zone grise. C’est d’ailleurs précisément ce nouveau type de guerres qui leur a permis de gagner en efficacité. Or, Européens comme Américains, nous avons aujourd’hui presque disparu et ne sommes donc pas en mesure de définir un cadre international ou multilatéral dans ce domaine. Si nous souhaitons nous réengager, nous devons rétablir le dialogue avec la Russie. Vous me demandiez des exemples de situations critiques dues à une interruption du dialogue, comme celles de l’Ukraine ou de M. Navalny, qui sont extrêmement importantes et où nous devons faire preuve de fermeté avec une grande solidarité. Mais au-delà de ces considérations, nous avons besoin d’un dialogue global. Cela dit, je reste extrêmement lucide. À très court terme, nos chances d’obtenir des résultats concrets sont très réduites. Je suis lucide. Mais notre devoir est de préserver ou de rétablir ces voies de dialogue, de ne pas prendre la responsabilité de cesser le dialogue de notre côté et de constamment renouer la discussion. D’après mon expérience, y compris avec les dirigeants actuels de la Russie, plus vous renouez le dialogue, mieux vous parvenez à exercer la pression adéquate pour éviter toute dérive. Au contraire, si vous restez fermé et ne discutez pas de certaines questions, vous laissez une porte ouverte pour agir. Ainsi, en posant des limites, vous établissez votre crédibilité, comme nous l’avons par exemple fait avec notre opération militaire en Syrie, en 2018. Certes, le fait de réengager sans cesse le dialogue ne donne que des résultats limités, mais il permet au moins d’éviter de plus grandes divergences d’opinion. Cela prendra plusieurs années, peut-être même plusieurs décennies, mais nous devons bâtir un tel dialogue pour assurer la paix et la stabilité en Europe.

►Iran
Je me réjouis de la volonté de renouer le dialogue avec l’Iran. Il s’agit d’un enjeu commun pour la paix et la sécurité au Moyen-Orient. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour soutenir toute action entreprise par les États-Unis afin de rétablir un dialogue exigeant. Je serai présent et disponible, comme je l’ai été il y a deux ans et un an et demi, pour tâcher d’être un médiateur dévoué et sans parti pris dans ce dialogue. Toutefois, je crois fermement que nous devons en effet achever de nouvelles négociations avec l’Iran. Le président Biden a un rôle essentiel à jouer en la matière. Tout d’abord, parce que le pays est désormais bien plus proche de la bombe nucléaire qu’il ne l’était avant la signature de l’accord sur le nucléaire iranien en juillet 2015. Ensuite, parce que nous devons également aborder les questions des missiles balistiques et de la stabilité de la région. Ce programme global doit être négocié maintenant, car le moment est opportun. Nous devons en outre trouver un moyen de faire participer l’Arabie saoudite et Israël à ces discussions, car ils font partie des partenaires régionaux de premier plan, directement concernés par les décisions prises, tout comme nos autres amis de la région, évidemment. Toutefois, il est impossible de régler la situation sans être sûr que tous ces pays sont satisfaits de ce nouveau programme. Je soutiendrai et je soutiens toute reprise des négociations.