jeudi 11 mai 2017

Législatives 2017. Bayrou accuse Macron de ne pas avoir respecté leur accord

François Bayrou & Emmanuel Macron
La difficile et laborieuse annonce des 428 premières candidatures de La République en marche s’est déroulée dans une sorte de présentation administrative sans saveur où les chiffres et les règles d’investitures ont pris nettement le pas sur qui sont les candidats et quels sont leurs tendances politiques.
Etait-ce fait exprès?

On peut se le demander puisqu’à une question d’un journaliste, Richard Ferrand, le secrétaire général du mouvement a refusé de donner le nombre d’investitures accordées à des candidats du Mouvement démocrate, se bornant à répondre qu’entre ceux présentés par La République en marche et ceux de son seul allié, le choix avait été fait sur les plus compétents et ceux qui avaient le plus de chance de l’emporter lors des législatives.

Une non-réponse qui trouve peut-être sa raison d’être dans le fait que la République en marche a particulièrement mal servie le MoDem.

Car François Bayrou est monté au créneau immédiatement et dans une déclaration à l’AFP, il a déclaré que «la liste des investitures publiées cet après-midi est celle du mouvement politique En Marche!, elle n'est en aucun cas celle à laquelle le MoDem a donné son assentiment».

Une mise au point du centriste très nette qui a ajouté «je convoque le bureau politique du MoDem demain (vendredi) soir en souhaitant que dans les heures qui viennent, un mouvement de raison permette des investitures communes dans toutes les circonscriptions comme Emmanuel Macron et moi en sommes convenus depuis le premier jour de notre entente».

On sent le président du Mouvement démocrate très remonté et énervé, surtout qui semble penser qu’il s’est fait avoir.

D’ailleurs, un de ses proches a prononcé cette phrase lourde de menace rapportée par l’AFP: «C'est une mise au point sèche, Bayrou tend la main de la dernière chance».

Richard Ferrand a tenté de calmer le jeu en expliquant qu’il restait 150 circonscriptions à doter d’un candidat et que le MoDem serait bien servi.

Mais il n’a appuyé ses dires sur aucune explication claire ou exemple concret, ce qui n’a certainement pas apaisé François Bayrou dont des journalistes n’ont compté que moins de dix candidats proches de lui ou de son parti.

Va-t-on vers un clash entre lui et Emmanuel Macron?

Ce serait désastreux pour les deux hommes et les chances d’une coalition centriste et centrale de remporter la majorité à l’Assemblée nationale.

Une solution acceptable devrait donc être trouvée pour le bien de chaque partie, l’enjeu étant trop important.

Reste que l’on ressent un sentiment de malaise avec cette affaire qui est d’ailleurs aggravé par les multiples couacs de l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron depuis la victoire du 7 mai.

Sans doute que le nouveau président doit mettre de l’ordre dans tout cela au plus vite s’il ne veut pas mettre en péril la crédibilité de son mouvement mais aussi la sienne.



Alexandre Vatimbella






A lire aussi:







Législatives 2017. Macron et le cas Valls: mauvaise gestion médiatique mais politiquement logique

Manuel Valls
Le cas Manuel Valls a été une erreur dans sa gestion humaine et médiatique de l’équipe d’Emmanuel Macron.
En revanche, sa logique politique est incontestable même si elle peut se retourner contre le nouveau président de la république.
D’abord l’erreur.
Après la déclaration de l’ancien premier ministre qui voulait inscrire sa candidature aux législatives dans le cadre de la nouvelle majorité présidentielle, sans pour autant demander à être membre de La République en marche (nouveau nom d’En marche!), ni même dans une investiture formelle, la réaction d’hostilité du camp du nouveau président, notamment de ses proches a été désastreuse en terme d’image.
Il n’y avait aucune raison particulière aux yeux du grand public de répondre de manière aussi négative et aussi agressive à cette offre de service.
De même, les arguments administratifs utilisés par Jean-Paul Delevoye qui dirige la cellule des investitures étaient pout le moins déplacés.
Il suffisait de prendre acte et même de se réjouir d’un ralliement tout en expliquant que des règles existaient pour se présenter sous la bannière de La République en marche mais que Valls pouvait, en socialiste ou en indépendant, aller devant le suffrage universel comme pro-Macron pour avoir une attitude digne et positive sans pour autant adouber l’ancien premier ministre.
Or, malheureusement, ce n’est pas ce qui s’est passé et Emmanuel Macron ou, en tout cas, son équipe, sont apparus comme des gens avec un hubris démesuré et une certaine mesquinerie.
Ce qui est totalement désastreux en terme d’image pour ceux qui prétendent faire de la politique autrement et qui sont, affirment-ils, dans la réconciliation et la réunion de tous les Français.
Ensuite, il y a la logique politique.
Et là, on peut estimer que la fin de non-recevoir de La République en marche vis-à-vis de la candidature de Manuel Valls possède des arguments solides.
D’abord, même si Macron a piqué l’espace politique de Valls, il a existé une agressivité de ce dernier à l’encontre du nouveau président lorsque celui-ci a fondé son mouvement puis a décidé de se présenter.
Cette agressivité venait d’un dépit de voir partir Macron du gouvernement et de ne plus pouvoir le contrôler (même si ses déclarations pouvaient mettre souvent Valls en porte-à-faux) mais aussi de ne pas accepter de voir celui-ci lui fermer la porte de la rénovation de la vie politique qu’il voulait incarner dans des alliances avec les centristes et les droitistes modérés ainsi que de le changement de nom du Parti socialiste.
Du coup, Emmanuel Macron n’a aucun devoir quelconque envers Manuel Valls et il peut estimer que son ralliement contient une dose d’opportunisme.
Ensuite, il est vrai que la règle pour se présenter sous l’appellation «majorité présidentielle» a été réservée aux membres d’En marche!
Tout simplement afin de pouvoir mieux contrôler les futurs élus mais aussi parce que seuls les élus encartés auprès de Macron financeront, selon la loi, La République en marche.
Enfin, non seulement Manuel Valls vient de la Gauche alors qu’Emmanuel Macron a besoin de personnalités de premier plan de droite en ce moment mais, pour nombre de Français, il fait partie de l’ancienne classe politique, celle que le nouveau président veut renvoyer définitivement du pouvoir.
Néanmoins, il y a un élément fondamental qu’Emmanuel Macron ou ses lieutenants ont oublié dans leur gestion du cas Valls et qui risque de leur poser des problèmes.
Pour gouverner et faire passer des réformes fortes et difficiles, le nouveau président aura besoin de ratisser le plus large possible.
En l’occurrence, il faudra qu’il s’allie le plus possible – même s’il a la majorité absolue à l’Assemblée nationale – sur les députés de l’axe central (Droite, Centre, Gauche réformistes et progressistes).
De ce point de vue, la mésaventure Valls peut, à la fois, détourner certains de ces élus d’une volonté de travailler avec Macron et rendre la tâche de ce dernier nettement plus compliquée, notamment s’il n’obtient pas cette majorité absolue en juin prochain.

Alexandre Vatimbella


A lire aussi:


Législatives 2017. 52% des Français veulent une majorité pour Macron

Emmanuel Macron
Alors même que les premières enquêtes d’opinion donnent entre 22% et 26% de voix au premier tour pour les candidats de La République en marche, un sondage Elabe pour BFMTV indique que 52% des Français souhaitent qu’Emmanuel Macron dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale pour mener sa politique (47% étant d’un avis contraire).
Ce pourcentage majoritaire est à comparer à celui d’un sondage Kantar Sofres pour RTL, LCI et Le Figaro réalisé avant le deuxième tour de la présidentielle qui indiquait alors que seuls 34% des Français voulaient une majorité pour Macron s’il était élu à l’Elysée (49% étant d’un avis contraire).
Il y a donc une évolution positive pour le nouveau chef de l’Etat alors même que l’on ne connaissait pas encore les candidats de son mouvement lors de la réalisation du sondage.
Reste que ce dernier montre également que l’élection d’Emmanuel Macron n’a pas fait disparaitre, loin de là, les divisions du pays et que le rassemblement ainsi que la réconciliation ne pourront venir, évidemment, que de la pratique du pouvoir du président et de sa possible majorité, l’éventualité d’une cohabitation rebattant les cartes à ce propos.
Parmi ceux qui veulent qu’Emmanuel Macron puisse avoir une majorité pour gouverner le pays, on trouve les électeurs de l’axe central (gauche, centre, droite réformistes et progressistes) alors qu’en sens contraire on trouve les électeurs des extrêmes et des populistes.
A noter que ceux qui se sont abstenus ou ont voté blanc et nul sont 59% à souhaiter une majorité pour Macron.
Par ailleurs, les attentes multiples que son élection a suscité sont bien mises en perspective par la réponse que font les sondés sur la priorité de l’action du nouveau président.
50% des personnes interrogées attendent ainsi qu'il «rassemble les Français et apaise la société, même si cela signifie reporter à plus tard certaines mesures ou réformes qui ne font pas consensus» alors que 48% veulent qu’il «réforme le pays en profondeur même si cela divise les Français et provoque des mouvements sociaux importants».
Voilà un beau challenge en perspective pour Emmanuel Macron d’autant que 55% (contre 44%) ne pensent pas que son élection «permettra d’améliorer les choses en France»…
(Sondage Elabe réalisé du 9 au 10 mai 2017 par internet auprès d’un échantillon de 1000 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

Alexandre Vatimbella


A lire aussi: