lundi 10 décembre 2018

Actualités du Centre. Macron: ordre et dialogue face à la violence et l’indignation

Affiches électorales d'Emmanuel Macron
Lors d’une intervention télévisée d’une grande solennité, le 10 décembre, Emmanuel Macron a répondu aux attentes des Français qui soutiennent le mouvement des gilets jaunes ou participent à ses manifestations en décrétant «l’état d’urgence économique et sociale».
Il a parlé de «colère» juste qu’il comprenait.
Et face aux revendications, il a prôné le dialogue.
Mais face à la violence des manifestations, il a promis l’ordre.
En outre, il a déjà annoncé plusieurs mesures comme l’augmentation du salaire minimum ainsi que des baisses et des suppressions d’impôt.
En revanche, il a indiqué que, pour l’efficacité économique et l’investissement financier qui créent des emplois, il ne rétablirait pas l’impôt sur la fortune mais qu’il s’attaquerait de manière ferme à l’évasion fiscale.
Il a redit que c’est par le travail que le mérite serait récompensé.
Quant à la réforme des institutions, elle sera mise en place et une réforme de l’Etat sera plus juste.
Il a terminé ses propos en déclarant que «nous sommes à un moment historique pour notre pays: par le dialogue, le respect, l’engagement, nous réussirons».

Voici le texte du discours:
«Françaises, Français, nous voilà ensemble au rendez-vous de notre pays et de notre avenir. Les événements de ces dernières semaines dans l'Hexagone et outremer ont profondément troublé la Nation. Ils ont mêlé des revendications légitimes et un enchaînement de violences inadmissibles et je veux vous le dire d'emblée : ces violences ne bénéficieront d'aucune indulgence.
Nous avons tous vu le jeu des opportunistes qui ont essayé de profiter des colères sincères pour les dévoyer. Nous avons tous vu les irresponsables politiques dont le seul projet était de bousculer la République, cherchant le désordre et l'anarchie. Aucune colère ne justifie qu'on s'attaque à un policier, à un gendarme, qu'on dégrade un commerce ou des bâtiments publics. Notre liberté n'existe que parce que chacun peut exprimer ses opinions, que d'autres peuvent ne pas les partager sans que personne n'ait à avoir peur de ces désaccords.
Quand la violence se déchaîne, la liberté cesse. C'est donc désormais le calme et l'ordre républicain qui doivent régner. Nous y mettrons tous les moyens car rien ne se construira de durable tant qu'on aura des craintes pour la paix civile. J'ai donné en ce sens au gouvernement les instructions les plus rigoureuses.
Mais au début de tout cela, je n'oublie pas qu'il y a une colère, une indignation et cette indignation, beaucoup d'entre nous, beaucoup de Français peuvent la partager et celle-là, je ne veux pas la réduire aux comportements inacceptables que je viens de dénoncer. 
Ce fut d'abord la colère contre une taxe et le Premier ministre a apporté une réponse en annulant et en supprimant toutes les augmentations prévues pour le début d'année prochaine mais cette colère est plus profonde, je la ressens comme juste à bien des égards. Elle peut être notre chance. 
C'est celle du couple de salariés qui ne finit pas le mois et se lève chaque jour tôt et revient tard pour aller travailler loin. 
C’est celle de la mère de famille célibataire, veuve ou divorcée, qui ne vit même plus, qui n'a pas les moyens de faire garder les enfants et d'améliorer ses fins de mois et n'a plus d'espoir. Je les ai vues, ces femmes de courage pour la première fois disant cette détresse sur tant de ronds-points !
C’est celle des retraités modestes qui ont contribué toute leur vie et souvent aident à la fois parents et enfants et ne s'en sortent pas.
C’est celle des plus fragiles, des personnes en situation de handicap dont la place dans la société n'est pas encore assez reconnue. Leur détresse ne date pas d'hier mais nous avions fini lâchement par nous y habituer et au fond, tout se passait comme s'ils étaient oubliés, effacés. 
Ce sont quarante années de malaise qui ressurgissent : malaise des travailleurs qui ne s'y retrouvent plus ; malaise des territoires, villages comme quartiers où on voit les services publics se réduire et le cadre de vie disparaître ; malaise démocratique où se développe le sentiment de ne pas être entendu ; malaise face aux changements de notre société, à une laïcité bousculée et devant des modes de vie qui créent des barrières, de la distance.
Cela vient de très loin mais c'est là maintenant. 
Sans doute n'avons-nous pas su depuis un an et demi y apporter une réponse suffisamment rapide et forte. Je prends ma part de cette responsabilité. Il a pu m'arriver de vous donner le sentiment que ce n'était pas mon souci, que j'avais d'autres priorités. Je sais aussi qu'il m'est arrivé de blesser certains d'entre vous par mes propos. Je veux ce soir être très clair avec vous. Si je me suis battu pour bousculer le système politique en place, les habitudes, les hypocrisies, c'est précisément parce que je crois plus que tout dans notre pays et que je l'aime et ma légitimité, je ne la tire d'aucun titre, d'aucun parti, d'aucune coterie ; je ne la tire que de vous, de nul autre.
Nombre d'autres pays traversent ce mal vivre qui est le nôtre mais je crois profondément que nous pouvons trouver une voie pour en sortir tous ensemble. Je le veux pour la France parce que c'est notre vocation au travers de l'Histoire d'ouvrir ainsi des chemins jamais explorés pour nous-mêmes et pour le monde.
Je le veux pour nous tous Français parce qu'un peuple qui se divise à ce point, qui ne respecte plus ses lois et l'amitié qui doit l’unir est un peuple qui court à sa perte.
Je le veux aussi parce que c'est en pressentant cette crise que je me suis présenté à votre suffrage pour réconcilier et entraîner et que je n'ai pas oublié cet engagement et cette nécessité.
C’est d'abord l'état d'urgence économique et sociale que je veux décréter aujourd'hui. Nous voulons bâtir une France du mérite, du travail, une France où nos enfants vivront mieux que nous. Cela ne peut se faire que par une meilleure école, des universités, de l'apprentissage et des formations qui apprennent aux plus jeunes et aux moins jeunes ce qu'il faut pour vivre libre et travailler. 
L’investissement dans la Nation, dans l'école et la formation est inédit et je le confirme.
Nous voulons une France où l'on peut vivre dignement de son travail ? Sur ce point, nous sommes allés trop lentement. Je veux intervenir vite et concrètement sur ce sujet. Je demande au gouvernement et au Parlement de faire le nécessaire afin qu'on puisse vivre mieux de son travail dès le début de l'année prochaine. Le salaire d'un travailleur au SMIC augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu'il en coûte un euros de plus pour l'employeur.
Je veux renouer avec une idée juste : que le surcroît de travail accepté constitue un surcroît de revenu ;  les heures supplémentaires seront versées sans impôts ni charges dès 2019. Et je veux qu'une vraie amélioration soit tout de suite perceptible ; c'est pourquoi je demanderai à tous les employeurs qui le peuvent, de verser une prime de fin d'année à leurs employés et cette prime n'aura à acquitter ni impôt ni charge.
Les retraités constituent une partie précieuse de notre Nation. Pour ceux qui touchent moins de 2.000 euros par mois, nous annulerons en 2019 la hausse de CSG subie cette année ; l'effort qui leur a été demandé, était trop important et il n'était pas juste. Dès demain, le Premier ministre présentera l'ensemble de ces décisions aux parlementaires.
Mais nous ne devons pas nous arrêter là. J'ai besoin que nos grandes entreprises, nos concitoyens les plus fortunés, aident la Nation à réussir ; je les réunirai et prendrai des décisions en ce sens dès cette semaine. Je sais que certains voudraient dans ce contexte que je revienne sur la réforme de l'impôt sur la fortune mais pendant près de 40 ans, il a existé ; vivions-nous mieux durant cette période ? Les plus riches partaient et notre pays s'affaiblissait. Conformément aux engagements pris devant vous, cet impôt a été supprimé pour ceux qui investissent dans notre économie et donc aident à créer des emplois ; et il a été maintenu au contraire pour ceux qui ont une fortune immobilière.
Revenir en arrière nous affaiblirait alors même que nous sommes en train de recréer des emplois dans tous les secteurs. Cependant, le gouvernement et le Parlement devront aller plus loin pour mettre fin aux avantages indus et aux évasions fiscales. Le dirigeant d'une entreprise française doit payer ses impôts en France et les grandes entreprises qui y font des profits doivent y payer l'impôt, c'est la simple justice.
Vous le voyez, nous répondrons à l'urgence économique et sociale par des mesures fortes, par des baisses d'impôts plus rapides, par une meilleure maîtrise des dépenses plutôt que par des reculs. 
J’entends que le gouvernement poursuive l'ambition des transformations de notre pays que le peuple a choisie il y a maintenant 18 mois ; nous avons devant nous à conduire une réforme profonde de l'Etat, de l'indemnisation du chômage et des retraites. Elles sont indispensables. Nous voulons des règles plus justes, plus simples, plus claires et qui récompensent ceux qui travaillent.
Mais aujourd'hui, c'est aussi avec notre projet collectif que nous devons renouer. Pour la France et pour l'Europe. C'est pourquoi le débat national annoncé doit être beaucoup plus large. Pour cela, nous devons avant toute chose, assumer tous ensemble tous nos devoirs. Le devoir de produire pour pouvoir redistribuer, le devoir d'apprendre pour être un citoyen libre, le devoir de changer pour tenir compte de l'urgence de notre dette climatique et budgétaire.
Pour réussir, nous devons nous rassembler et aborder ensemble toutes les questions essentielles à la Nation. Je veux que soient posées les questions qui touchent à la représentation ; la possibilité de voir les courants d'opinion mieux entendus dans leur diversité, une loi électorale plus juste, la prise en compte du vote blanc et même que soient admis à participer au débat des citoyens n'appartenant pas à des partis. Je veux que soit posée la question de l'équilibre de notre fiscalité pour qu'elle permette à la fois la justice et l'efficacité du pays. Je veux que soit posée la question de notre quotidien pour faire face aux changements climatiques : se loger, se déplacer, se chauffer. Et les bonnes solutions émergeront aussi du terrain. 
Je veux que soit posée la question de l'organisation de l'Etat, de la manière dont il est gouverné et administré depuis Paris, sans doute trop centralisé depuis des décennies. Et la question du service public dans tous nos territoires. 
Je veux aussi que nous mettions d'accord la Nation avec elle-même sur ce qu'est son identité profonde, que nous abordions la question de l'immigration. Il nous faut l'affronter.
Ces changements de fond qui demandent une réflexion profonde et partagée, imposent un débat sans précédent. Il devra se dérouler au niveau national dans nos institutions, chacun y aura sa part : gouvernement, assemblées, partenaires sociaux et associatifs ; vous y aurez votre part. Je veux en assurer moi-même la coordination, en recevoir les avis, prendre ainsi le pouls vivant de notre pays.
Mais un tel débat n'est pas seulement affaire de représentants institutionnels ; il doit se dérouler aussi partout sur le terrain et il est des interlocuteurs naturels, des citoyens qui doivent en recevoir les demandes et s’en faire les relais : ce sont les maires ; ils portent la République sur le terrain. C'est pourquoi je rencontrerai moi-même les maires de France, région par région, pour bâtir le socle de notre nouveau contrat pour la Nation.
Nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies, comme trop souvent par le passé dans des crises semblables, sans que rien n'ait été vraiment compris et sans que rien n’ait changé. Nous sommes à un moment historique pour notre pays : par le dialogue, le respect, l’engagement, nous réussirons.
Nous sommes à la tâche et je reviendrai m'exprimer devant vous pour vous rendre compte.
Mon seul souci, c’est vous ; mon seul combat, c'est pour vous. 
Notre seule bataille, c'est pour la France.
Vive la République, vive la France.»


L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie, c’est d’abord le respect de mes droits d’humain, non l’élection

Alors que l’on fête ce 10 décembre, le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, adoptée en 1948 par les Nations Unies, il est fondamental dans un monde où le relativisme prend le pas et où les communautarismes et autres nationalismes s’en prennent à cette déclaration au nom de la soi-disant spécificité de leur communauté ou de leur culture que la défense des droits de l’humain est la première priorité des humanistes et que ceux-ci doivent s’appliquer, sans exception aucune, à tous les membres de l’Humanité.
Aucune excuse ne peut être donnée pour refuser à un individu d’être libre et égal aux autres.

D’autant plus que, dans une démocratie, ce n’est pas l’élection qui me garantit la liberté, l’égalité et la fraternité parce que je ne crois pas en la sagesse des masses qui éliraient les meilleurs qui auraient le meilleur programme et qui seraient ceux qui me protègeraient contre tous les abus à ma liberté et mon individualité ainsi qu’au lien social démocratique.

Non, ce sont le respect (du pouvoir et des autres membres de la communauté à laquelle j’appartiens) dû à ma dignité d’humain et qui se matérialise concrètement en partie dans mes droits d’humain (l’autre partie du respect étant celle qui est due à mes choix de vie soutenus par ces droits d’humain), ceux qui me garantissent que je sois libre, que sois l’égal des autres et que je puisse réclamer de la fraternité (sous forme de tolérance et de solidarité) et non le «pouvoir du peuple».

Et ce respect est le fondement même de la démocratie et, par conséquent, ces droits ne peuvent être changés sous peine d’éliminer la démocratie.

Ils n’entrent donc pas dans le pouvoir du peuple ou de ses représentants de les changer et de les abroger même si, cas improbable, 100% de la population serait pour (on ne peut supprimer ces droits naturels des générations à venir).

Ce n’est d’ailleurs que de cette manière que je puis accepter que l’élection mette au pouvoir des gens qui ne partagent pas mes opinions parce que je sais que je garderai l’essentiel, mes droits d’humain, imprescriptibles et garantis par la société.

Mais je ne suis pas naïf ou stupide comme ceux qui croient qu’il suffit d’énoncer des droits et d’établir des règles démocratiques pour affirmer que tout va bien dans le meilleur des mondes.

La démocratie et les droits de l’humain sont des joyaux fragiles qui font la grandeur de l’Humanité mais qui se protègent contre les mauvais penchants de cette dernière.

On peut voir, en ce début de deuxième millénaire, le verre à moitié rempli ou à moitié vide.

D’un côté, jamais autant de gens n’ont vécu dans un régime démocratique plus ou moins parfait.

De l’autre, la montée en puissance de régimes autocratiques et totalitaires, de la Chine à la Turquie, de la Russie au Congo, du Venezuela au Cambodge, montrent que rien n’est gagné dans le combat pour la liberté et l’égalité.

Non seulement cette Déclaration universelle ne doit pas être oubliée comme une sorte de momie que l’on vénère sans la pratiquer mais elle doit être remise au cœur de la gouvernance mondiale et défendue, sans faiblesse, par tous ceux qui savent la valeur des droits de l’humain quand on les a et le prix exorbitant à payer quand ils nous ont été enlevés.

Un combat qui est éminemment centriste.