samedi 29 septembre 2018

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Oui, il y a des idéologies que la démocratie doit combattre

Ni Wei ou Lin, ni Mohamed ou Yasmine, ni Jacob ou Tal, ni Jean ou Marie, ni Mamadou ou Amina, ni Aarav ou Priya, ni Hiroki ou Yuka, ni tel ou tel être humain, ne sont ontologiquement anti-démocrates.
Que ceux-ci soient blancs, noirs, jaunes, rouges, marrons ou mélangés ne les prédispose pas à porter en eux les gènes du totalitarisme.
Qu’ils habitent l’Europe, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique ou l’Australie n’implique aucunement qu’ils naissent admirateurs de chefs autocrates ou qu’ils nourrissent des pensées totalitaires.
Aucun(e) n’est un(e) ennemi(e) de la démocratie a priori.
Mais les idéologies auxquelles ils ou elles peuvent être exposés puis souscrire, qu’ils ou elles peuvent soutenir, qu’ils ou elles peuvent faire leur, elles, peuvent l’être.
Pire, ces idéologies (présentées comme des certitudes évidentes dans la société, à l’école, dans la famille, dans des lieux de culte, etc.) peuvent leur être inculquées de force dès leur plus jeune âge, les amenant à les croire «naturelles» et les considérer comme des «vérités».
Ainsi de certaines religions, de certaines doctrines politiques, de certaines philosophies de vie.
Avant d’aller plus loin, définissons ce qu’est une idéologie.
Une idéologie est un système d'idées plus ou moins générales et un ensemble de représentations qui constituent un corps de doctrine philosophique, politique ou métaphysique qui propose une grille comportementale pour un individu ou un collectif sur tous les plans de l’existence ou certains d’entre eux (culturel, sociétal, politique, économique, religieux, etc.).
Ce système d’idées est plus ou moins fermé et l’ensemble de représentations qu’il véhicule plus ou moins prédéfini.
Ici, je veux donc parler des idéologies totalitaires, de celles qui prétendent enfermer les individus dans un carcan contraignant où sont niées les libertés de chacun au nom d’un idéal qui doit dépasser l’humain (un dieu, un chef, une idée, un collectif).
En ce sens, Mao, Mussolini, Hitler, Mahomet, Lénine, Hobbes, Rousseau, Marx, Schmitt, Gobineau, Farrakhan et quelques autres (dont certains théologiens chrétiens qui détournèrent et pervertirent le message de Jésus comme le firent également certains bouddhistes à propos des paroles de Siddhartha Gautama) sont les inventeurs et les propagateurs d’idéologies totalitaires et anti-démocratiques qui, pour certains, leur ont permis d’asservir à leurs intérêts ceux qui les ont suivis de gré ou de force et de combattre ceux qui refusaient de croire et d’obéir (sans oublier leurs rejetons indignes qui ont parfois surpassés leurs maîtres comme Staline, Pol Pot, Khomeiny, Franco, el-Banna, Kim Jong-Il et la liste est vraiment longue…).
Et ces idéologies qui affirment pour toute sorte de raisons fallacieuses que les humains (ou de certains d’entre eux) n’ont pas le droit d’exercer leur libre-arbitre, doivent être combattues sans faiblesse et sans relâche par la démocratie et ceux qui la soutiennent.
Plus, ces idéologies ne peuvent être acceptées par un régime démocratique au nom d’une liberté et d’une égalité qu’elles nient et dont elles se proposent de faire un sort.
«Pas de liberté pour les ennemis de la liberté» disait l’exalté Saint-Just.
Et s’il ne faut évidemment pas couper la tête à ceux qui combattent la démocratie, il ne faut pas leur permettre d’utiliser les outils de celle-ci pour l’abattre ainsi que leur interdire de pouvoir faire du prosélytisme grâce à leur propagande.
Certains estiment que la démocratie montre sa faiblesse quand elle interdit le débat avec les ennemis de la liberté alors que c’est tout le contraire.
Une démocratie forte est celle qui empêche les ennemis de la liberté de se servir de celle-ci pour la détruire.
Prétendre que le nazisme et ses idées peuvent être promues par leurs admirateurs au nom d’une liberté qu’ils veulent détruire est un non-sens car la démocratie et ses valeurs ne sont pas négociables en tant qu’elles offrent le meilleur (ou moins mauvais) système de gouvernement des humains par les humains pour les humains en respectant tous les humains et chaque humain dans sa dignité de personne libre et égale.
A ce propos, je n’oublie jamais cette histoire véridique venue des Etats-Unis, première et plus longue démocratie de l’Histoire.
Des nazis qui avaient prononcés des paroles antisémites ignobles et vantés Adolf Hitler, furent traduits devant la justice.
Au nom de la liberté de parole contenue dans le premier amendement de la Constitution américaine, des avocats juifs se proposèrent de les défendre.
Lorsqu’ils furent acquittés, ces mêmes avocats, interrogés par une chaine de télévision, déclarèrent sur les marches du tribunal que, bien entendu, ils ne soutenaient pas ces personnages mais que la démocratie avait gagné.
Puis sortirent les nazis en question qui, hilares, devant les mêmes caméras dirent, à propos de ces avocats: «on les a bien eus ces connards!».
Tout est dit.