vendredi 11 décembre 2020

Vues du Centre. Comme prévu, dans la défaite, Trump est encore plus une infâme crapule…

Par Alexandre Vatimbella et Aris de Hesselin

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.           
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste.
Alexandre Vatimbella est le directeur du CREC.   

Donald Trump
C’est donc par plus de sept millions de voix et un écart de 4,5% que Donald Trump a été battu sans aucune contestation possible lors de la dernière présidentielle étasunienne du 3 novembre par le centriste Joe Biden.

Mais, comme prévu et comme il l’avait d’ailleurs annoncé, celui-ci non seulement conteste les résultats mais veut, par une sorte de putsch judiciaire que les tribunaux inversent les résultats alors même qu’il n’existe aucune preuve de fraude quelconque!

Et lorsque ceux-ci auront fini d’étudier ses recours, notamment devant la Cour suprême, avec l’aide de tout ce que compte comme radicaux, extrémistes et racistes le Parti républicain, sans aucun doute il demandera à ses partisans de descendre dans la rue, eux qui ne rêvent que d’en découdre avec la démocratie, chauffés à blanc depuis des années maintenant par ces même élus républicains par les mensonges (que l’on appelle désormais fake news) et les théories du complot.

Oui, Trump est bien cette infâme crapule et il l’est plus encore dans la défaite.

Il agit comme tout vulgaire autocrate qui serait chassé du pouvoir et aurait le temps avant son départ de pratiquer la politique de la terre brûlée sans se préoccuper le moins du monde du bien être de ses compatriotes.

Alors que des milliers d’Américains meurent tous les jours de la covid19, il ne parle que d’allégations de fraudes électorales et affirme qu’il a gagné haut la main, refusant dans le même temps de prendre des mesures de protection contre le virus.

Alors que des dizaines de millions d’Américains sont sans emploi et sans ressources et que des millions n’ont pas de quoi acheter à manger et se pressent dans les soupes populaires et les banques alimentaires, il refuse de leur accorder des allocations pour juste survivre.

Veut-il se venger auprès d’eux de sa défaite?

Toutes ses décisions, comme celle de passer à une application quasi-industrielle de la peine de mort tout en accordant son pardon à nombre de criminels qui sont ses amis et ses soutiens, de prendre toutes les mesures possibles et imaginables pour bloquer les premiers mois de la présidence de Joe Biden ainsi que celle d’affaiblir la défense du pays et celle de ses alliés, procèdent du même objectif, celui d’abattre la démocratie qu’il déteste, lui l’admirateur transi de tous les régimes autoritaires et dictatoriaux de la planète, celui qui se vantait de vivre une lune de miel avec le boucher de Corée du Nord, Kim Jong-un.

Et si l’on peut et doit espérer que le système démocratique et républicain américain aura la force nécessaire pour faire barrage à ses funestes entreprises et l’envoyer pour toujours dans les poubelles de l’Histoire où il sera en compagnie de tous ses héros et congénères, il est, comme nous ne cessons de le répéter ici, plus un symptôme qu’un phénomène ad hoc, plus un révélateur qu’un héraut populiste qui doit sa réussite à un quelconque charisme.

Il faut le dire et le redire sans relâche, ce sont bien ces plus de 74 millions d’électeurs qui ont voté pour lui, ce nombre important d’élus républicains qui le soutiennent, ces médias qui relayent complaisamment ses mensonges et ses insultes qui sont le danger premier pour la liberté.

Ce n’est pas lui qui a inventé les mensonges, les violences, les actes racistes, les insultes, les faits de corruption qui ont émaillés constamment sa présidence mais il a été leur catalyseur,  celui qui a désinhibé tous ceux qui les ont commis et qui n’osaient pas ou peu passer à l’action de manière aussi ostensible auparavant, sans oublier, évidemment sa participation active dans cette déferlante vomitive nauséabonde dont les Etats-Unis auront du mal à se relever avant longtemps et qui a ébranlé la démocratie mondiale.

Il y a eu tellement d’ignominies pendant ses quatre ans à la Maison blanche qu’il faudrait un annuaire téléphonique de la vieille époque pour tous les référencer et rédiger un tome supplémentaire d’une épaisseur certaines pour y ajouter ceux de cette période de transition où la tradition veut que les présidents qui vont quitter le pouvoir expédient plus les affaires courantes qu’ils ne prennent des décisions partisanes comme c’est le cas depuis plus d’un mois.

Comment un personnage d’une telle bassesse a pu parvenir à la tête de la première puissance mondiale?

Comment, en insultant et en mentant sans cesse et démontrant également son incompétence, un fils à papa qui a dilapidé la fortune familiale par incompétence et une star de la téléréalité de bas étage, a pu devenir le candidat d’un grand parti à la présidentielle en 2016, a pu être élu, a pu gouverner pendant quatre ans de manière aussi clivante (alors même qu’il n’avait même pas remporté le vote populaire) et a pu obtenir autant de voix à cette élection de 2020?

Voilà les angoissantes interrogations qui ramène sans cesse vers cette élite et cette populace qui l’ont soutenu sans faillir depuis le début.

Voilà les obsédantes questions qui vont occuper les experts ces prochaines années et interpeler les historiens dans le futur

Et qui font craindre que nous soyons en train de perdre ce pari sur l’humain qui est l’essence même de la démocratie et la condition sine qua non de son existence, celui qui affirmait qu’il était possible de transformer les individus en des citoyens responsables, possédant le savoir adéquat et respectueux de l’autre.

Peut être que, englués dans ce quotidien qui ne nous permet pas d’avoir une vision assez large et compréhensible des événements, nous soyons dans la dramatisation excessive et une noirceur aveuglante en analysant la situation actuelle.

Voilà qui serait, d’une certaine manière, heureux.

Cependant, il y a également une autre possibilité: que nous soyons lucides, voire, que nous le soyons pas assez.

 

Alexandre Vatimbella et Aris de Hesselin