mercredi 9 mai 2012

Editorial d’Alexandre Vatimbella. Ni union nationale, ni cohabitation, la situation nécessite un Centre fort et indépendant

Union nationale pour François Bayrou, cohabitation pour «équilibrer les pouvoirs» pour une Droite vaincue, majorité républicaine avec tous ceux qui soutiennent le programme de François Hollande pour le Parti socialiste, chacun y va de sa formule alors que les élections législatives approchent et donneront ou non une majorité à l’Assemblée nationale au nouveau Président de la république.
Bien sûr, la logique voudrait que les Français lui donnent cette majorité afin qu’il puisse appliquer son programme puisqu’ils viennent de l’élire à la tête du pays.
Pour autant, cela ne tombe pas sous le sens de manière aussi évidente.
Pourquoi?
Parce que l’on sait que François Hollande a autant été élu sur sa personnalité et ce qu’il propose que sur le rejet de la personne de Nicolas Sarkozy mais pas forcément du programme de ce dernier (certains disant même que c’est principalement la personnalité du président sortant qui a causé sa défaite).
Dès lors, on se trouve dans un cas de figure particulier (même si on a pu dire la même chose de la victoire de François Mitterrand face à Valéry Giscard d’Estaing en 1981).
Car si les Français veulent évidemment que l’économie redémarre et que le chômage baisse, ils savent néanmoins que la situation du pays est délicate, qu’il faut continuer à faire des efforts et que l’Etat doit faire des économies.
On sait que l’assainissement des finances publiques et la maîtrise de la dette de la France sont incontournables mais que cela ne suffira pas s’il n’y a pas de croissance de l’économie, à la fois pour donner du travail au Français mais aussi pour ne pas perdre trop de terrain vis-à-vis des autres pays avancés et, surtout, des grands pays émergents qui, eux, continuent à se développer et n’ont aucun intérêt à nous attendre.
Il y a donc urgence à trouver une formule gagnante entre ces deux nécessités qui semblent s’affronter plutôt que de se compléter.
François Hollande assure qu’il l’a. Sera-t-elle magique? On le verra assez vite…
Quoiqu’il en soit, dans cette situation très délicate, il convient de mettre en place un juste équilibre, celui qui permettra de faire autant de croissance que possible tout en gérant l’Etat avec la nécessaire et indispensable rigueur pour le faire sortir de la zone de très fortes turbulences dans laquelle il se trouve.
Une partie de la réponse se trouve d’ailleurs au niveau européen. D’où l’importance d’approfondir au plus vite les liens avec nos partenaires de l’Union européenne.
Politiquement parlant et afin d’éviter les dérapages clientélistes, les Français seraient bien inspirés de donner une majorité relative au Parti socialiste.
Celui-ci ne pourrait donc pas agir à sa guise en creusant les déficits publics sous la pression de ses alliés encombrants du Front de gauche et devrait trouver des majorités au cas par cas.
Et c’est là que le Centre pourrait alors retrouver, bien plus vite qu’on ne le pense, un rôle de premier plan.
Au jour d’aujourd’hui, cette vision semble être un peu surréaliste au vu de l’état lamentable des partis centristes et du sauve-qui-peut qui va se mettre en place pour les prochaines législatives.
Pour se faire élire, beaucoup de centristes auront besoin des voix de la Droite (Nouveau centre) ou de la Gauche (Mouvement démocrate).
Mais, une fois l’élection passée, la recomposition du paysage politique sera possible si aucun des deux grands partis ne domine l’Assemblée nationale.
Dès lors, les Radicaux de gauche et le Parti radical pourraient se rapprocher et, avec le Nouveau centre et le Mouvement démocrate, former une confédération des centres informelle qui serait l’élément d’équilibre dont nous avons tant besoin.
Si l’on aboutit à cette configuration, alors le Centre retrouverait cette capacité d’indépendance et de se déterminer par rapport à ses propres valeurs et ses propres principes.
Horreur! diront certains, revoilà la IV° République.
Qu’ils se rappellent seulement que c’est grâce à elle que nous avons eu les Trente glorieuses, cette période où la croissance économique n’a jamais été aussi forte et où la France a retrouvé sa place dans le concert mondial des nations.
On objectera, plus sérieusement, que ce scénario a très peu de chance de se réaliser. C’est vrai.
Mais n’est-ce pas une configuration qui serait plébiscitée par une large majorité de Français à un moment crucial pour l’avenir du pays?
En tout cas, aux centristes de faire tout leur possible pour s’en rapprocher.