lundi 31 décembre 2018

Actualités du Centre. «Vérité», «dignité», «respect», «espoir en nous-mêmes», les vœux centristes de Macron

Emmanuel Macron
Pendant dix sept minutes, Emmanuel Macron a présenté ses vœux aux Français.
Ceux-ci étaient particulièrement attendus au vu de la situation politique du pays et du mouvement de foule des gilets jaunes qui parasité l’activité du pays.

Et le contenu a été à la hauteur du moment (ce que certainement nieront ses adversaires et les principaux meneurs des troubles de ces dernières semaines).

En tout cas, ils ont été la confirmation pour les centristes, que le Président de la république est, si ce n’est un des leurs, un très proche.

Il a ainsi proposé à ses concitoyens que 2019 soit consacré à «remettre l’homme au cœur du projet contemporain» qu’il porte.

Cependant, il a rappelé avec force que l’on ne peut distribuer que ce l’on produit et que l’on ne peut promettre tout et n’importe quoi en s’endettant sans cesse et en vivant dangereusement à crédit.

Il a estimé que les réformes adoptées en 2018 vont changer le pays dans les années à venir et que celles qui doivent être mises en route en 2019 (comme celle des retraites), le seront parce qu’elles sont nécessaires pour le bien du pays.

Une année 2019 qu’il estime décisive et pour laquelle il forme trois vœux principaux.

Le premier, un devoir de «vérité» car «on ne bâtit rien sur des mensonges ou des ambiguïtés».

Le pays, ses dirigeants et sa population doivent, enfin, «accepter en face les réalités», non pas pour un renoncement qui n’est pas de mise mais parce que «nous pouvons et nous devons faire mieux» face à la situation mondiale car les Français sont un grand peuple qui vivent dans un pays puissant.

Dès lors, le «débat national» qu’il a annoncé voici quelques jours doit «parler vrai» et ainsi «parler de la réalité», donc «se confronter au réel» et non aux fantasmes et aux visions totalement déconnectés de ce qui se passe et de ce qui peut être fait.

Et de rappeler que l’«on peut débattre de tout mais pas à partir du faux», paraphrasant ainsi les propos de la philosophe Hannah Arendt.

Mais s’il y a un volonté «d’écoute et de dialogue» de la part d’Emmanuel Macron, c’est bien dans le cadre républicain car chacun doit pourvoir «vivre en sécurité et tranquillité, partout».

Le second vœu est celui de dignité de l’humain et son respect.

Selon lui, «nombre de nos concitoyens ne se sentent pas respectés» et «la dignité, c’est le respect de chacun».

Concernant le rôle de l’Etat en la matière, il doit «reconnaître (…) le mérite» encore plus et les «institutions doivent évoluer dans ce sens».

Cependant, la dignité demande également que chacun soit «responsable».

Et «la liberté nécessite un ordre républicain, c'est-à-dire le respect de chacun».

Un respect qui «est indispensable à la vie en société».

Le troisième vœu du Président de la république est que nous retrouvions «l’espoir en nous-mêmes, en notre avenir commun, en notre Europe».

Et «retrouver confiance en nous-mêmes», c’est «retrouver la maîtrise de notre quotidien, de notre vie, ne plus subir».

On l’aura compris, Emmanuel Macron veut encore croire en l’être humain et en ses capacités, croyance qui est au cœur de son projet et de son programme de réformes.

Un être humain capable de prendre sa vie en main parce qu’il est responsable, digne et respectueux mais aussi parce qu’il possède, grâce à son mérite (et à une bonne formation, ainsi qu’il l’a expliqué), les opportunités de réussir sa vie, que sa dignité est reconnue et que sa personne est respectée.

Des objectifs au cœur du Centrisme.




dimanche 30 décembre 2018

L’année du Centrisme en France - Edition 2018. Le Centre se cherche, entre «ancien» et «nouveau» monde

L’année 2017 avait été particulièrement riche pour les centristes qui ont connu sinon un véritable miracle tout au moins un formidable renouveau si l’on reprend leur situation au cours des quinquennats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande.
En décembre 2016, cinq mois seulement avant la présidentielle, Emmanuel Macron, social-libéral progressiste proche du Centre (c’était son image alors) mais revendiquant son passé de gauche, était en troisième position dans les sondages pour la présidentielle derrière Alain Juppé et Marine Le Pen mais devant un François Bayrou à la peine qui ne décollait pas (comme en 2012 après son improbable troisième place de 2007) et face à une UDI qui avait fait la choix de ne pas en faire avec la majorité de ses membres qui soutenait Juppé – le maire de Bordeaux semblant être l’évident prochain président de la république, un homme de droite assumé, certes, néanmoins centro-compatible sur moult sujets, ce qui pouvait consoler les centristes de leur faiblesse.
L’après-présidentielle et législatives s’annonçait morose avec sans doute quelques députés En marche! (et encore, si Macron ne faisait pas un flop) voire une poignée de MoDem (mais rien n’était sûr à ce sujet) et un groupe un peu renforcé à l’UDI.
Rien de très extraordinaire pour les centristes et leurs partis.
Et puis tout s’est emballé.
Juppé s’est effondré lors de la primaire LR et c’est François Fillon qui l’a emporté grâce à sa radicalisation à droite toute.
Mais alors qu’il était en tête des sondages, il s’est retrouvé dans une affaire d’emplois fictifs envers sa famille et de cadeaux somptueux reçus, démontrant son évidente cupidité aux yeux de ses électeurs.
Macron a, en contrepartie de la chute de Fillon, commencé à monter inexorablement dans les sondages et a été rejoint dans son combat «ni droite, ni gauche» et «et de droite, et de gauche» par François Bayrou.
Celui venait enfin de comprendre qu’il n’avait aucune chance d’emporter la présidentielle malgré un moment centriste qui devenait évident et qu’il pourrait être, en s’obstinant dans une démarche de critiques virulentes envers Macron, celui qui empêcherait un centro-compatible voire un centriste tout court d’accéder à l’Elysée par simple jalousie et contrariété pour son ambition strictement personnelle.
De quoi détruire définitivement sa carrière politique.
Si l’on exagère souvent «l’effet Bayrou» sur la candidature d’Emmanuel Macron en termes d’intentions de vote dans les sondages, celui-ci exista néanmoins et fut certainement un boost dans les rangs du Centre et de la droite modérée en termes d’image pour le candidat d’En marche!.
Macron dépassa alors Le Pen et Fillon, s’installa en tête des sondages pour ne plus la quitter et, in fine, gagna la présidentielle et les législatives sur un programme très centriste.
Si 2018 a commencé comme avait fini 2017, elle ne s’est pas terminée du tout de la même façon avec un Président de la république dans une tourmente politico-médiatique quelque peu surréaliste et face à un mouvement de foule populiste et extrémiste attisé par une haine de plus en plus forte des journalistes et des intellectuels envers le pouvoir en place.
En cette fin décembre 2018, le paysage politique français est dans un flou artistique où le Centre semble affaibli sans pour autant qu’une alternative crédible à sa gouvernance n’existe.
Ainsi, si l’on prend les sondages (qu’il faut manier avec des pincettes de par les biais que la plupart recèlent), Emmanuel Macron est au plus profond d’un désamour avec les Français en matière de popularité ce qui ne l’empêcherait pas d’améliorer son score de 2017 si une présidentielle avait lieu demain et, sans doute, de l’emporter face à la même Marine Le Pen au second tour!
Mais 2019 sera certainement un révélateur de la capacité à gouverner de cette majorité présidentielle dont on rappelle à ceux qui la traite d’amatrice que c’est justement ce qu’elle est et ce que les Français ont voulu qu’elle soit en renvoyant les «vieux» partis (les sondages concernant le PS et LR sont toujours catastrophiques) et en faisant barrage aux extrémistes et populistes qui tentent tous les jours de déstabiliser la démocratie républicaine, l’épisode des gilets jaunes étant emblématique à ce sujet.
Reste que le «nouveau» monde ressemble souvent à l’«ancien», non pas dans les permanences positives qui font que nous sommes dans une démocratie républicaine, mais par un mimétisme des «nouveaux» vis-à-vis des «anciens» sur bien des pratiques alors que sur nombre de points une émancipation serait hautement nécessaire.

Macron en difficultés
L’année d’Emmanuel Macron a été éprouvante mais elle a aussi été un succès si l’on prend son programme de réformes ainsi qu’en matière de politique étrangère et concernant son engagement européen malgré ce que peuvent en dire ses opposants.
Plusieurs réformes importantes ont été adoptées en 2018 et même si l’agenda européen et international du Président de la république ne s’est pas concrétisé par des victoires, il a permis de prendre position sur nombre de sujets importants, de fixer les objectifs et de déterminer les adversaires.
Néanmoins, on ne peut oublier que trois des piliers sur lesquels Macron voulait s’appuyer n’ont pas répondu présent.
Au niveau national, son alliance avec François Bayrou a montré, comme de nombreux analystes le prévoyaient, ses limites avec cette impossibilité pour le leader du Mouvement démocrate de dépasser sa propre ambition pour ne penser qu’au bien du pays.
Incapable de digérer son échec à la présidentielle de 2017, où il n’a même pas pu se présenter, et la victoire de celui qu’il avait si durement critiqué avant de le rejoindre, il n’a pas cessé de critiquer son action et ses choix, ce qui en a fait une sorte d’opposant à l’intérieur même de la majorité présidentielle.
Sans doute qu’Emmanuel Macron ne se faisait pas trop d’illusions sur la fidélité de Bayrou mais il ne pensait pas qu’il jouerait à ce point là contre son camp même si les précédents auraient du lui mettre un peu plus la puce à l’oreille.
Au niveau européen, sa volonté d’un leadership européen en compagnie ou, en tout cas, avec l’appui d’Angela Merkel s’est fracassé sur l’incapacité de cette dernière de dépasser une vision où seuls les intérêts de l’Allemagne sont prioritaires mais aussi ses difficultés politiques qui l’ont amené à décider sa retraite politique une fois son passage actuel à la Chancellerie terminé.
Si elle a tout de même été dans le même camp que Macron, c’est bien ce dernier qui est monté tout seul au créneau contre les populistes et les extrémistes élus dans l’Union européenne, de la Pologne à l’Italie en passant par la Hongrie (mais étrangement pas vis-à-vis du gouvernement autrichien qui compte de véritables admirateurs des nazis…).
Dès lors, son discours a été moins fort et il a cristallisé toute la haine des personnages comme Salvini ou Orban (admirateurs de Trump et de Poutine, désormais courtisés par Erdogan!) qui n’ont pas cessé de déverser des torrents d’insultes à son encontre.
2019, avec les élections au Parlement européen, dira si le message européen de Macron peut être entendu.
Au niveau international, la stratégie d’Emmanuel Macron était de parler avec tout le monde et de tenter de nouer des relations efficaces avec tous afin de faire avancer les intérêts de la France mais aussi pour garantir la paix.
Mais celle-ci ne pouvait marcher qu’avec des personnes qui ont un comportement responsable que l’on peut analyser, comprendre et composer avec.
C’est sans doute le cas avec Poutine et Xi mais pas avec Erdogan, Assad et, surtout, Trump.
Car voilà la grande faiblesse en matière internationale de Macron en 2018, avoir cru qu’il pourrait amadouer un personnage menteur, égocentrique, limité intellectuellement, populiste, démagogue et sans doute malhonnête en devenant son «ami».
Outre que le président américain n’a aucun ami (dans ses vies privée et publique), il ne pouvait évidemment pas compter sur lui comme nous l’avons écrit à maintes reprises ici.
Et le clash a bien eu lieu avec des décisions aberrantes de Trump puis des insultes qu’il a adressées à son «ami» français…
Tout ce que l’on espère c’est qu’enfin Emmanuel Macron a compris qui était vraiment Trump, surtout, qu’il était impossible de nouer une relation sincère et constructive avec lui, tout en n’oubliant pas évidemment, que les Etats-Unis demeurent le principal allié de la France (pays avec lequel nous n’avons jamais été en guerre) et qu’il faut continuer à parler et à agir avec lui quand les circonstances le permettent en attendant que son président actuel soit renvoyé dans sa tour newyorkaise ou devant les juridictions de son pays.


L’axe central, une réalité toujours plus forte mais…
Le principal allié d’Emmanuel Macron n’est pas François Bayrou, encore moins Jean-Christophe Lagarde, mais bien… Alain Juppé!
L’ancien premier ministre de Jacques Chirac, candidat malheureux à la primaire de LR en 2017 et maire de Bordeaux, n’a cessé de se rapprocher du Président de la république au cours de l’année 2018.
Juppé a toujours eu de le bienveillance pour son action et ses réformes, il a salué son discours européen et a fait une alliance, de fait pour l’instant, avec lui pour les européennes de mai 2019.
Surtout, il est venu à sa rescousse lors de toutes les attaques politico-médiatiques dont a été victime Emmanuel Macron.
Et en plein épisode «gilets jaunes», il a défendu les mesures prises par le Gouvernement et a demandé au président de tenir bon sur les réformes passées et à venir tout en saluant son action en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique.
Quand au deuxième allié principal de Macron, il a été jusqu’à son départ pour la Catalogne, Manuel Valls, l’ancien premier ministre de François Hollande et social-libéral réformiste assumé.
Tout cela signifie en terme politique que l’existence de l’axe central (qui réunit les libéraux de droite, de gauche et du centre) est bien une réalité et que celui-ci est de plus en plus en construction devant les périls que doit affronter la démocratie républicaine libérale et représentative.
Même si François Bayrou, Jean-Christophe Lagarde et Laurent Hénart ont plutôt joué de la critique que de l’alliance avec Emmanuel Macron, il n’en demeure pas moins qu’ils ont toujours affirmé qu’ils partageaient la vision politique globale du Président de la république, se comptant dans cet axe central où l’on peut ranger Jean-Pierre Raffarin, Edouard Philippe, évidemment, mais plus Hervé Morin qui s’est rapproché du président de LR et personnage dangereux, Laurent Wauquiez.
Reste à que cet axe se solidifie et que ces différentes composantes trouvent une alliance et non que certaine d’entre elles jouent le jeu dangereux de surfer sur les difficultés du pouvoir en place pour tenter, dans la critique, d’engranger des gains électoraux aussi hypothétiques que contre-nature.


LREM et les difficulté d’existence du parti présidentiel
Il n’a jamais été facile d’être le parti majoritaire dans la V° République où la pratique des institutions plutôt que la lettre de celles-ci donnent la prééminence à l’exécutif même en matière législative ce qui fait souvent que le vote de la loi n’est qu’un simple enregistrement de ce que le Président de la république et le Gouvernement veulent.
Cela n’a guère changé avec l’élection d’Emmanuel Macron même s’il avait promis, comme ses prédécesseurs, de redonner son lustre à l’Assemblée nationale.
Ajoutons à cela que la plupart des élus de La république en marche sont des novices venus de la «société civile» et souvent sans réelle formation juridique, et vous avez toute la difficulté pour le parti du président d’exister et de s’affirmer.
D’autant que, dès le départ, les stratèges de LREM ont bien compris que le seul lien entre touts ces élus étaient Macron et son programme et non une quelconque unité idéologique tant leurs parcours et leurs positionnements politiques étaient différents.
A l’aune de ce constat on peut être épaté que l’édifice ait globalement bien tenu avec des mauvaises humeurs, des oppositions et des départs (ou des exclusions) assez peu nombreux.
Bien sûr, la révolte gronde parfois sur tel ou tel texte, telle ou telle mesure mais l’on rappelle aux récalcitrants – comme on le rappelait à ceux des autres partis majoritaires précédents – qu’ils ont été élus par rapport à un programme présidentiel (ce qui est encore plus vrai depuis la concordance de temps entre les deux élections, présidentielle et législatives) dont le peuple leur a donné mandat d’appliquer.
Mais le côté novice et celui de la diversité peuvent, tous deux, créer une situation assez nouvelle dans les mois et les années qui viennent (on ne parle pas d’une fronde comme on l’a connu au PS lors du mandat de François Hollande), où il pourrait se produire une sorte d’émancipation avec des demandes insistantes de ces députés LREM de n’être plus seulement des godillots.
A noter également que cette année a vu le changement du chef du parti présidentiel, son délégué général, avec le départ de Christophe Castaner pour le ministère de l’Intérieur et l’élection de son successeur, le député de Paris, Stanislas Guérini.
Enfin, il faut noter que si les positionnements politiques des membres de LREM peuvent être différents, c’est bien un positionnement central, voire centriste, qui est celui du parti, tant dans ses prises de position que dans ses votes, tant à l’Assemblée nationale qu’au Sénat.
Le «ni gauche, ni droite», le «et de gauche, et de droite», le progressisme, l’européanisme, ne font pas de LREM, ni de Macron, des opnis (objets politiques non-identifiés) comme ils le souhaiteraient (et qu’ils ont remis au goût du jour avec l’épisode des «gilets jaunes»), mais bien un parti politique et son leader positionnés au cœur de l’axe central.


Bayrou et le MoDem, alliés fiables de Macron?
Sans l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, il y a fort à parier que le MoDem n’existerait plus (ou serait un groupuscule sans députés mais avec quelques sénateurs et élus locaux) et que François Bayrou serait le maire de Pau un peu oublié des médias.
Mais la réalité est tout autre grâce à celle-ci avec un Mouvement démocrate qui est, enfin, devenu un vrai parti (jusque là il n’était qu’un outil pour Bayrou de conquérir l’Elysée mais n’avait quasiment aucune existence autre, choix délibéré de son chef) et un François Bayrou dont la renaissance n’était pas du tout inscrite dans son parcours depuis 2012 et ses échecs cuisants aux présidentielles et législatives.
Néanmoins, cette réalité, certes dérangeante pour la parti et le leader centristes, n’a pas empêché ce dernier d’adopter un «soutien critique» à l’action du Président de la république et à celle du Gouvernement alors que lui et sa formation font partie de la majorité présidentielle.
On a parlé maintes fois ici des raisons personnelles et psychologiques qui empêchent Bayrou d’être un vrai partenaire de tous ceux avec qui il fait un bout de chemin politique.
Ce qui se pose ici c’est de savoir s’il a été en 2018 et sera, dans l’année qui vient puis jusqu’en 2022, un allié fiable pour Emmanuel Macron.
Si l’on évité le pire dans l’année qui vient de s’écouler, rien n’est moins sûr pour le futur et cela dépendra évidemment du climat politique.
S’il tourne en défaveur du Président de la république, on peut penser que Bayrou jouera de plus en plus une partition parallèle.
Il devrait alors entraîner avec lui son parti mais cette configuration semble moins une évidence systématique qu’auparavant.
En faisant élire près de cinquante députés MoDem, Macron a fait de ce parti autre chose qu’un simple outil que Bayrou peut utiliser comme bon lui semble.
Et plus le temps va passer, plus il deviendra un parti qui peut vivre sans son leader historique même si le passé de l’UDF (où après la prise de pouvoir de Bayrou et sa transformation en outil pour son ambition présidentielle, elle a perdu la grande majorité de ses députés avant que les derniers ne s’en aillent former le Nouveau centre en 2007) ne donne pas une assurance totale dans cette affirmation.
Pour autant, François Bayrou ne peut plus donner le «la» et contrôler tous les propos de ses subalternes qui, d’ailleurs, le sont de moins en moins, comme c’est le cas de Marc Fesneau, ministre des relations avec le Parlement et ancien président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale (auparavant secrétaire général du parti), qui s’est affirmé aux côtés de Bayrou et non derrière lui.


L’UDI en bout de course?
L’UDI existe toujours et c’est sans doute le fait le plus notable pour le parti centriste dirigé par Jean-Christophe Lagarde.
Beaucoup la donnait moribonde en 2017 et supputait que son avis de décès serait publié en 2018.
Malgré de nouveaux départs (ceux des proches d’Hervé Morin et les radicaux), une exposition médiatique peu importante (sauf en cette fin  2018) et une incapacité à exister sur une ligne politique claire (qui vient de la diversité du positionnement de ses membres), la formation fondée par Jean-Louis Borloo, même si elle ressemble toujours à un simple cartel électoral, est toujours vivante et s’apprête à concourir aux élections européennes de 2019.
Mais ce sont justement ces dernières qui pourraient, in fine, avoir sa peau…
Tout autant qu’une stratégie erratique dont on ne comprend pas la ligne directrice sauf si celle-ci est du plus pur opportunisme.
Ainsi, l’UDI se targue de faire partie de l’opposition et de prétendre qu’elle est «constructive».
Ce qui ne l’empêche pas de voter quasiment contre tous les textes du Gouvernement (plus souvent au Sénat qu’à l’Assemblée nationale), de ne pas avoir voté le budget et de faire dans la critique systématique et même violente vis-à-vis du Président de la république (avec les toujours fameux débordements verbaux de Jean-Christophe Lagarde).
Mais, pour ajouter encore à la confusion, ne voilà-t-il pas que lors du dernier remaniement gouvernemental, les leaders de l’UDI sont tous montés au créneau pour regretter que l’on n’ait pas pensé à eux pour faire partie de la nouvelle équipe, justifiant, selon eux, leur opposition à la majorité!
Une stratégie d’autant plus illisible que l’UDI est donc en opposition à un pouvoir largement centriste alors qu’elle partage pratiquement toutes ses orientations car elles ressortent de tous les discours du parti ces dernières années (notamment sur les réformes).
Quant aux élections européennes, après beaucoup d’hésitations, elle a décidé de s’y lancer (alors qu’elle avait été absente de la plus importante élection nationale, les présidentielles) avec une liste autonome, pensant que cela lui permettra d’exister en cas de bon score.
Néanmoins, pour l’instant, cette décision semble pour le moins aberrante puisque la liste UDI oscille entre 2% et 3% des intentions de vote, soit avec aucun député élu (il faut 5%) et un grand risque de ne pas voir ses dépenses de campagne remboursées (il faut 3%).
Du coup, il n’est pas du tout impossible que dans un dernier retournement de veste, ses leaders décident de faire liste commune avec LREM et le MoDem, d’autant que le parti européen auquel est affiliée l’UDI, l’ALDE, a déjà conclu une alliance avec Emmanuel Macron…


Les radicaux réunifiés mais sans existence
On ne s’appesantira pas plus que cela sur le Mouvement radical social-libéral, né en 2017 et qui a tenté très difficilement de vivre en 2018.
Tout juste dira-t-on que des fédérations régionales et départementales se mettent en place alors même que les discours des deux coprésidents sont souvent divergents, voire opposés!
Ainsi, Laurent Hénart (ancien président du Pari radical, centre-droit) est beaucoup plus accommodant avec la majorité en place que ne l’est Sylvia Pinel (ancienne présidente du Parti radical de gauche, centre-gauche).
Ce qui n’est vraiment pas de bonne augure pour une vraie réunification dans la durée…
A noter que quelques députés élus sous l’étiquette radicale (Parti radical ou Parti radical de gauche) sont allés fonder avec des députés proches d’Hervé Morin et les députés autonomistes et indépendantistes corses (sic!), un nouveau groupe à l’Assemblée nationale, Libertés et Territoires, pour avoir une petite visibilité politico-médiatique.
Mais, pour l’instant, en matière d’existence, c’est bien un encéphalogramme désespéramment plat qui est de mise…


Hervé Morin et ses «centristes» définitivement à droite
On va parler ici une dernière fois d’Hervé Morin et de sa formation Les centristes pour dire que ni lui, ni elle, n’ont plus grand-chose à voir avec le Centre et le Centrisme.
Après avoir définitivement rompu avec l’UDI, Hervé Morin a utilisé la présidence toute honorifique de président de l’association des Régions de France (il est président de la région Normandie) pour se donner un statut national et surtout pour taper sans cesse sur Emmanuel Macron et son gouvernement avec une tactique éculée de celui qui commence à dire du bien de son adversaire pour mieux l’enfoncer par la suite…
Surtout, il s’est rapproché de Laurent Wauquiez, le président de droite radicale de LR, qui n’est en rien un allié quelconque pour des centristes.
Mais, tant dans les propos que dans les attitudes, Hervé Morin n’est plus un centriste, avis aux quelques vrais centristes qui le suivent encore.


Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC


samedi 29 décembre 2018

Actualités du Centre. Nouvelle édition corrigée et augmentée de l’ouvrage Métapolis d’Alexandre Vatimbella

La nouvelle édition de l’ouvrage d’Alexandre Vatimbella «Métapolis» vient de sortir avec corrections et ajouts aux Editions du CREC.
Pour se le procurer cliquez ici.
Début 2019 sortira la nouvelle édition corrigée et augmentée de son ouvrage «Sans information citoyenne, pas de démocratie».
Deux autres ouvrages du même auteur devraient paraitre en 2019: «L’individu du XXI° siècle: sauveur ou fossoyeur de la démocratie?»; «La démocratie du respect et de la dignité».

Voici les premières pages (la table des matières est consultable avec le lien ci-dessus):

Préface
La question essentielle que l’humain se pose en tant qu’être et genre, concerne ce que la vie peut lui apporter à la fois au niveau individuel et au niveau collectif. «Que vouloir pour cette existence?» Cette question simple est pourtant d’une complexité infinie d’autant qu’elle nécessite d’abord que l’humain ait pu définir un nombre important de paramètres comme par exemple la notion de collectif, le «nous».
Pour ne prendre que les êtres humains – car dans le «nous», nous pourrions aussi légitimement inclure toutes les espèces vivantes sur terre –, nous sommes tous différents et nous nous ressemblons tous. La ressemblance nous permettrait de rechercher une réponse unique alors que la différence induirait une réponse personnalisée pour chacun de nous. Dès lors que la différence interdit la réponse unique mais que la ressemblance impose des compromis, il faut un consensus sur un certain nombre d’éléments qui constituerait le socle de la réponse sur laquelle, ensuite, s’agrégerait tous les éléments ressortissant des choix individuels.
De ce point de vue, par exemple, l’organisation d’une société d’êtres humains doit s’établir sur ce socle en permettant aux choix individuels de pouvoir s’exprimer pleinement. Mais se pose alors une problématique essentielle. Nos différences induisent des inégalités au sens premier du terme, celui de l’inégalité naturelle que l’on peut aussi nommer l’ajustice de la nature. Ainsi, certains sont plus capables que d’autres dans certains domaines du simple fait de ce qu’ils sont naturellement, sans intervention aucune de la communauté où ils sont nés. On peut affirmer, nonobstant les conditions d’existence souvent primordiales dans ce domaine mais non exclusives, que certains sont plus intelligents que d’autres (nous parlons ici de l’intelligence de la raison). De cette constatation, il est clair que certains auront donc plus de capacité à vivre selon leurs choix que d’autres, c’est-à-dire à faire profiter leur individualité (inégalité ontologique) de l’inégalité naturelle dont ils sont les gagnants.
Cette situation ne serait pas négative si elle n’induisait pas une inégalité sociale qui induira elle-même une inégalité de vie au niveau matériel, non-voulue pour et par ceux qui seront moins capables de vivre selon leurs choix. C’est là, entre autres, tout le débat entre une société où la solidarité est minimum et celle où la solidarité est plus étendue. Car, si je suis plus capable qu’un autre, je pourrai produire plus d’inégalité sociale en ma faveur en profitant de cette situation et en accaparant le système social à mon profit. En revanche, si la société propage une solidarité entre ses membres, je pourrai me plaindre de ce que l’on m’empêche de mettre en place mes choix.
Dès lors, ce sont des valeurs incontestables parce que bénéficiant à tous qui doivent démontrer où est la meilleure façon de s’associer dans une société donnée. Celles-ci sont connues. Ce sont  d’abord la liberté, essentielle, puis la tolérance et la solidarité, le tout dans le respect.
Mais reste la problématique de ce que nous voulons sur cette terre. On pourrait répondre au plus simple: ce que nous voulons c’est ce que nous avons fait et mis en place tout au long de l’histoire de l’Humanité. Cependant, cela impliquerait que nous ayons toujours agit dans le cadre des valeurs précitées et dans le respect. L’Histoire nous enseigne que ce n’est pas le cas. Pourrions-nous nous contenter d’une société qui ne serait qu’un amalgame de choix individuels comme nous le propose certains? Peut-être si cet amalgame était une vraie compilation où tout le monde s’exprimait de la même manière et si la valeur reconnue de l’un était égale à la valeur de l’autre. Mais cela semble impossible.
La réponse est donc dans la mise au point d’un modèle, non pas parfait, mais pouvant fonctionner tout en optimisant ce que l’humain peut construire de meilleur sans avoir besoin de changer de nature. Ce modèle, je l’ai appelé Métapolis.

Avant Propos
Je suis un révolté et je le serai toujours. Pas un révolutionnaire car je ne crois ni au grand soir, ni au changement radical d’une société qui deviendrait quelque chose de nouveau et qui en fait ne serait que la même, souvent en pire, où seuls changeraient ceux qui en profitent.
Changer de société, non, mais changer la société, oui. C’est même un impératif pour tout révolté qui voit quotidiennement que celle-ci, imparfaite et inégale, liberticide et irrespectueuse, ne donne pas la place à l’humain comme elle le devrait, elle qui ne doit être qu’une simple organisation sensée être la plus humaine, la plus humaniste possible. Donc, il faut trouver un moyen pour l’organiser afin qu’elle fasse le moins de mal possible et le plus de bien possible à ses membres. Non pas une société parfaite mais une société meilleure.
Et pour que cela soit possible, pour que la Vie bonne dans la société existe, la volonté d’un peuple éclairé – c’est-à-dire un peuple correctement formé et informé, conscient des enjeux de l’existence et des possibilités qui lui sont offertes pour les régler du mieux possible – est indispensable.
La volonté d’un peuple éclairé, c’est aussi simple que cela… ou compliqué mais, quoi qu’il en soit, possible.
Car je ne prétends pas que cela est facile mais que cela est possible ainsi que simple, dans le sens où le système que je propose n’est pas complexe, si l’on a des individus capables de comprendre de manière basique leur intérêt et leur aspirations réelles pour faire société.
Ainsi, mon but, ici, est de montrer aux peuples du monde entier que l’on peut vivre mieux, partout sur cette planète, si l’on mettait en place une organisation de la société que j’appelle l’«Optimum de l’organisation de la société réelle», société réelle c’est-à-dire de la société réellement existante. Celle-ci n’est aucunement une utopie mais seulement la meilleure société que l’on puisse mettre en place en prenant les êtres humains comme ils sont et non comme ils pourraient être, en prenant les sociétés comme elles sont et non comme elles pourraient être.
Il ne peut y avoir d’Optimum de l’organisation de la société réelle autre que celle décrite ici sauf à changer en profondeur les êtres humains. Si tel était le cas et sans même parler de «Société parfaite», alors, on pourrait sans doute mettre en place la «Meilleure société possible» basée sur l’Amour. Mais tel n’est pas le cas au moment où j’écris ces lignes et ce moment ne surviendra peut-être jamais, cette société de l’Amour demeurant à jamais une utopie.
La différence entre l’Optimum de l’organisation de la société réelle qui peut être mise en place immédiatement et la Meilleure société possible qui pourrait être mise en place est le conditionnel. Et le conditionnel change tout. Travaillons donc à mettre d’abord en place ce qui peut l’être au présent. Nous nous occuperons du conditionnel plus tard…
Voilà pour mon objectif. Mais il entre en collision immédiatement avec la philosophie et la science politique, si cette dernière existe et est une vraie science…
Car, si nous savons depuis Machiavel, Hobbes et Spinoza, que la souveraineté qui fonde les sociétés humaines vient des êtres humains eux-mêmes et non d’un surnaturel divin, cela ne règle pas pour autant le problème du meilleur système politique qui se pose depuis l’opposition Platon-Aristote, suivie par maintes autres au cours de l’histoire de la pensée.
Cela doit-il être une démocratie réelle où ceux qui votent sont aussi ceux qui exercent le pouvoir comme à Athènes dans l’Antiquité et qui séduisait tant Rousseau qui savait pourtant sa mise en place impossible? Ou une oligarchie platonicienne où ce sont les meilleurs qui sont appelés aux magistratures? Ou encore une démocratie représentative telle que Sieyès la présente lors de la Révolution française et qui sera alors emportée par la Terreur robespierriste?
Doit-on, après avoir écarté Bodin, rallier Montesquieu et ses pouvoirs équilibrés parce que concurrents ou Rousseau et sa souveraineté absolue du peuple que celui-ci est, malgré tout, obligé de déléguer car n’ayant pas les capacités requises pour gouverner directement?
Bien entendu, il n’entre pas dans mon dessein de prendre la défense des régimes autoritaires, dictatoriaux, despotiques, oligarchiques qui, on le verra, ne sont pas à même d’être la Métapolis, de gouverner selon la Métavaleur, la Métarègle, la Métavertu et le Métaprincipe, quels que puissent être leurs avantages dans tel ou tel aspect du gouvernement des humains.
Oui, il est clair que le système le plus égal est celui de la démocratie où le pouvoir est exercé directement par le peuple. Mais ce n’est même pas le meilleur système puisqu’il ne protège pas la minorité qui doit jouir, comme l’affirme Kant, des mêmes droits de l’homme que la majorité.
C’est par cette réflexion fondamentale que les Pères fondateurs de la nation américaine qui croyaient aussi peu en la sagesse du peuple qu’en celle d’un monarque, qu’il soit royal ou républicain, ont créé leur république démocratique qui est devenue, petit à petit, une démocratie républicaine.
Il faut donc introduire des limites au pouvoir souverain du peuple tout en affirmant que c’est celui-ci qui est le fondement de pouvoir et de la souveraineté dans l’Optimum de la société réelle. Et, dans le même temps, il faut un principe de juste équilibre qui seul peut construire une société harmonieuse permettant de donner à chacun le plus possible afin de lui permettre de se réaliser et de mener une existence sûre tout en assurant la vie de la collectivité qui seule peut permettre à l’individu de s’émanciper des contraintes naturelles mais aussi de lui permettre de naitre et de grandir puisqu’aucun de nous n’est autonome lorsque nous paraissons sur terre.
L’architecture que je viens de décrire ne règle évidemment pas tous les problèmes. Quid en effet de la recherche des individus? Quid également de ce bien commun cher à Thomas d’Aquin ou de ces fins communes chères à Aristote qui sont largement contredites par les droits de l’homme et le libéralisme? Existe-t-il, en outre, une recherche commune ou seulement une société qui permet à chacun de rechercher son bien personnel?
Ici, il faut faire intervenir, entre autres, Adam Smith et sa théorie de la sympathie naturelle de l’être humain envers ses congénères et donc la capacité à rechercher ensemble un vivre bien ensemble. Une théorie largement validée empiriquement par la science au cours de ces cent dernières années.
Il faut également savoir si des individus réunis ensemble de manière spontanée ou organisée ont des intérêts communs, des fins communes, qui permettent de donner un sens à leur société.
Ils en ont au moins un: assurer leur sécurité, c’est-à-dire demeurer en vie, faire en sorte de préserver leur vie afin d’en faire, chacun de son côté, ce qu’ils en veulent dans un cadre où ils doivent se respecter les uns les autres. Et cela suffit à légitimer leur association mais pas toutes les organisations de cette association qui voudraient englober dans un bien commun pratiquement tous les aspects de l’existence.
Mais l’on comprend bien que cela engendre toute une organisation où les membres d’une telle communauté doivent être égaux et libres afin que chacun d’entre eux puisse avoir le même degré de sécurité pour assurer son existence. Prétendre que des individus n’auraient aucun intérêt à s’unir est faux. Dire qu’ils auraient un but commun fait de multiples intérêts qu’ils partageraient peut exister dans telle ou telle communauté mais n’est pas indispensable une fois que l’intérêt suprême, assurer la protection de son existence est réalisé.