samedi 30 mai 2015

Une Semaine en Centrisme. Vers une absence du Centre à la présidentielle de 2017?

Même s’il est trop tôt pour affirmer qu’il n’y aura pas de candidat centriste à la présidentielle de 2017, tel n’est pas le cas pour se demander s’il y en aura un, tellement la candidature au poste suprême se prépare en amont et que nous sommes désormais à moins de deux ans du premier tour.
Or, s’il n’est pas douteux que quelques uns pensent à se présenter et fourbissent leurs armes plus ou moins en secret, comme Jean-Christophe Lagarde ou François Bayrou, il y a malgré tout une probabilité certaine que le Centre soit absent de la compétition de 2017.
Les derniers développements dans la sphère centriste semblent indiquer un scénario à plusieurs entrées qui aboutirait à un ralliement des principaux partis centristes à l’UMP et de quelques confettis politiques au PS.
- Première entrée: Alain Juppé est désigné comme le candidat de l’UMP
Si tel est le cas, on voit mal comment François Bayrou ne pourra pas le soutenir puisqu’il vient de réaffirmer son ralliement au maire de Bordeaux pour la présidentielle et que celui-ci n’est désormais plus conditionnel mais ferme.
En outre, l’UDI, de son côté, a déjà indiqué plusieurs fois qu’Alain Juppé était compatible avec sa ligne politique et un accord sera sans doute plus facile avec lui qu’avec Nicolas Sarkozy au niveau du programme électoral et du projet de gouvernement.
- Deuxième entrée: Jean-Christophe Lagarde est incapable de prendre une dimension de présidentiable
L’envie du président de l’UDI de se présenter est grande d’autant plus qu’il constate que François Bayrou, en cas de candidature d’Alain Juppé, ne pourra pas se présenter, s’étant mis hors course de lui-même.
Cette donne ouvre, évidemment, un espace à l’UDI et une forte envie à Lagarde de représenter le Centre à la présidentielle.
Bien évidemment, il faut que le député de Seine-Saint-Denis ait acquis une dimension minimum pour figurer correctement lors de l’élection.
Le précédent Hervé Morin en 2012 où celui-ci ne dépassa pas les 2% d’intentions de vote et dont la candidature se termina en eau de boudin fera réfléchir à deux fois Jean-Christophe Lagarde qui n’ira pas à n’importe quel prix.
Or, pour l’instant, rien n’indique qu’il est dans une dynamique favorable pour se présenter, sa crédibilité aux yeux des Français étant encore en construction.
- Troisième entrée: L’UDI parvient à négocier un accord très avantageux pour les législatives puis pour son entrée au gouvernement contre son ralliement dès le premier tour
Si Jean-Christophe Lagarde ne décolle guère et, qu’en même temps, l’UMP propose d’importantes gratifications à l’UDI pour son ralliement dès le premier tour, en nombre de députés et de postes au gouvernement (dont des ministères importants), on peut penser que la formation de centre-droit se montrera très ouverte à un accord et renoncera à présenter un candidat.
- Quatrième entrée: Le centre-gauche préfère le ralliement dès le premier tour pour bénéficier éventuellement de retombées à l’Assemblée nationale et au gouvernement.
Cap 21 et Front démocrate, les deux groupuscules de centre-gauche issus tous deux de scissions d’avec le MoDem devraient in fine soutenir le candidat du PS dès le premier tour même si des velléités se feront sans doute jour chez certains comme Corinne Lepage (Cap 21) ou Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate) de faire une candidature témoignage afin de pouvoir mieux négocier leur ralliement d’entre les deux tours où chaque voix captée et récupérée comptera pour les finalistes.
Mais il vaut sans doute mieux pour ces deux formations être aux côtés du PS en amont pour bénéficier des meilleures chances de participer au pouvoir en cas de victoire de la Gauche.
C’est certainement dans cette optique que les dirigeants du Front démocrate rencontrent très souvent François Hollande à l’Elysée.
- Cinquième entrée: Marine Le Pen est en tête des sondages avec une très forte avance sur les candidats de l’UMP et du PS
Si tel est le cas, les pressions seront trop fortes pour que les centristes où qu’ils soient ne rejoignent pas le camp de la Droite ou de la Gauche pour ne pas être accusés d’avoir fait perdre leur allié potentiel (l’UMP ou le PS) et d’en subir les conséquences.
Evidemment, la situation économique du pays, les tensions internationales ainsi que la cohésion sociale sont pourvoyeuses d’autres données qui peuvent se surajouter à celles, politiques, que nous venons d’énoncer pour empêcher le Centre d’avoir un candidat.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


vendredi 29 mai 2015

Vues du Centre - Alexandre Vatimbella. Dont acte, monsieur Bayrou!

Dans un article pour Le Figaro-vox, je reprenais les propos de François Bayrou sur Europe 1 qui affirmait qu’il ne se rendrait pas dans un bureau de vote lors de la primaire de l’UMP pour glisser un bulletin en faveur d’Alain Juppé que, pourtant, il soutient publiquement.
J’estimai que cette déclaration que le président du Mouvement démocrate n’était pas obligé de faire, montrait l’ambiguïté d’un tel soutien et envoyait une sorte de message subliminal à ses amis de ne pas voter pour Juppé, eux non plus.
D’autant, ajoutais-je, qu’il se verrait bien se présenter lui-même à la présidentielle de 2017, comme il l’a dit à maintes reprises, déclarations qu’il n’était, là aussi, pas obligé de faire.
Or, pour cela, mécaniquement,  il lui faut tabler sur une défaite à la primaire d’Alain Juppé.
C’est de la simple logique.
François Bayrou a dit et redit qu’il ne croyait pas que Juppé pourrait battre Sarkozy lors de cette élection, autres déclarations qu’il n’était pas obligé de faire.
Enfin, j’estimai que la démarche de François Bayrou avait une légitimité puisqu’il affirmait jusqu’à maintenant qu’il fallait absolument un candidat issu du Centre en 2017 pour que ce courant de pensée politique continue à être majeur en France.
François Bayrou a estimé que le soupçon de ne pas vouloir la victoire de son ami Juppé était insupportable.
Dans une réponse au Figaro, il affirme qu’il sera fidèle jusqu’au bout à Alain Juppé, qu’il souhaite ardemment sa victoire et qu’il n’a aucune arrière-pensée ou qu’il ne délivre aucun message subliminal qui pourraient laisser croire qu’il ne souhaite pas réellement la victoire de son ami.
Dont acte.
Mais, si tel est le cas et si Alain Juppé gagne effectivement la primaire comme un sondage publié par Le Parisien en fin de semaine dernière le laisse apparaître, cela aura des conséquences évidentes qu’il nous faut pointer et  analyser maintenant.
1) François Bayrou soutiendra donc un homme qui, aussi estimable soit-il, ne vient pas d’un parti centriste, n’a jamais été centriste comme il s’est plu à l’affirmer à maintes reprises pour éviter toute controverse à l’intérieur de l’UMP et qui s’est même moqué de la mollesse du Centre pour bien marquer les esprits de son parti.
Dont acte.
2) François Bayrou avait déclaré jusqu’à maintenant que s’il prévoyait de soutenir Alain Juppé, il faudrait d’abord que son programme soit centro-compatible. Or, selon ses déclarations au Figaro, ce n’est plus un préalable. Ce sera un soutien sans condition aucune.
Dont acte.
3) François Bayrou renonce donc à ce que le Centre ait un candidat issu de ses rangs en 2017, un virage à 180° degré puisque selon lui c’était jusqu’alors une condition sine qua non pour exister politiquement en V° République autrement qu’en soutien et supplétif d’un grand parti et remet la destiné du Centre à un homme en-dehors de la mouvance centriste, comme ce fut le cas en 1995 avec Edouard Balladur (et qui reste, à ce jour, la seule présidentielle où le Centre n’ait pas eu un candidat).
Dont acte.
4) François Bayrou estime en conséquence que le Centre n’est pas ou plus un courant politique majeur de la V° République puisque, selon lui, tout courant de ce type se doit d’avoir un candidat à la reine des élections, la présidentielle et acte cette régression par son soutien indéfectible à Alain Juppé.
Don acte.
5) François Bayrou estime également – ce qui va faire plaisir à Jean-Christophe Lagarde et quelques autres – qu’il n’est donc plus l’homme providentiel ou, en tout cas, incontournable et emblématique pour représenter le Centre à la présidentielle (et donc dans toutes les autres circonstances puisque la présidentielle est l’événement politique majeur de nos institutions actuelles) et qu’il peut se ranger sans aucun problème d’identité politique derrière la bannière d’un non-centriste à la prochaine présidentielle.
Dont acte
6) François Bayrou indique qu’il est pour le rassemblement le plus large, sorte d’union nationale ou d’unité nationale dont il a parlé à maintes reprises, même si celui-ci semble plus limité qu’auparavant. Et, jusqu’alors, il s’était présenté comme celui qui était le mieux à même d’en prendre la tête. Désormais, il pense que ce rôle est dévolu à Alain Juppé.
Dont acte.
Rendons grâce, par ailleurs, à François Bayrou pour son amitié qui est plus importante que son ambition, même si l’ambition politique si elle se considère comme légitime doit être plus forte qu’un engagement amical.
Enfin, il nous faut interroger l’affirmation suivante contenue dans la réponse de monsieur Bayrou: «Dans le cas, j'espère improbable, où la primaire choisirait une candidature qui ne me paraîtrait pas en harmonie avec cette attente historique, je serais tout simplement un homme libre et j'apprécierais la situation».
Si l’on comprend bien, si les électeurs de la primaire choisissaient Bruno Le Maire ou, plus sûrement, Nicolas Sarkozy pour être le candidat de l’UMP, François Bayrou retrouverait sa liberté.
Pourquoi faire?
Soutenir le candidat du PS? Peu probable.
Celui du Front national? Je ne lui ferai pas l’injure d’argumenter sur cette interrogation.
Un candidat de l’UDI? Vu ce qu’il pense des capacités présidentielles des différents candidats potentiels de ses autres amis centristes, cela semble également peu probable.
Et sa mise en retrait pour cette élection semble encore plus improbable.
Reste sa candidature.
Mais alors, tout ce que nous avons analysé plus haut ne serait plus sa pensée tout d’un coup?!
Elle se rapprocherait de ce que j’ai écrit dans l’article qui a suscité sa réponse?
Nous serions évidemment intéressés que monsieur Bayrou nous réponde à ce sujet et nous serions heureux de le publier.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC


mercredi 27 mai 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le juste équilibre face aux périls qui menacent la planète

On parle beaucoup de terrorisme ces derniers temps et des menaces venus d’Al-Qaïda, de Daesh et de leurs affiliés respectifs.
Bien évidemment, ces criminels aveugles qui instrumentalisent une religion pour accomplir leurs basses œuvres sont un danger qu’il faut éradiquer.
Mais ils ne sont rien, pour l’instant, à côté des deux principaux périls qui risquent de s’abattre sur nos têtes d’autant plus fortement que nous n’avons pas pris réellement la dimension de leur menace – même si nous en parlons à tout bout de champ et que nous nous inquiétons – et que nous ne faisons pas les efforts nécessaires pour les prendre à bras le corps afin de mettre en place rapidement les mesures adéquates: la pauvreté couplée avec une démographie galopante dans certaines régions du monde; la pollution et la destruction de notre environnement naturel.
Deux périls qui sont parfois liés.
Face à ce type de problèmes cruciaux, l’espèce humaine s’est malheureusement toujours montrée incapable de se mobiliser réellement et a préféré s’en remettre au destin, c’est-à-dire à la chance, pour s’en sortir et si cela ne marchait pas, à la guerre et aux catastrophes naturelles pour les régler – momentanément –, ce qui n’est évidemment guère glorieux, voire totalement irresponsable.
Bien sûr, les cyniques mais aussi beaucoup de réalistes nous expliqueront que toute question capitale de ce genre est hors de portée d’une action humaine efficace et ne peut se résoudre que par la violence, soit des éléments, soit des êtres humains.
Et c’est vrai que l’Histoire fourmille de conflits armés et de déchaînement des éléments, faute d’avoir vu les humains trouver des solutions aux périls qui les menaçaient.
Ceux-ci ont appris à regarder les cataclysmes survenir, à compter les morts et à voir disparaître les civilisations dans une sorte de résignation et de fatalité alors même qu’ils en sont souvent les responsables.
Si, dans le passé, l’ignorance des  causes de ces périls pouvaient être une des raisons de l’inaction, ce n’est plus vrai aujourd’hui même si nous ne maîtrisons pas tous les savoirs et que nous sommes limités dans nos capacités vis-à-vis de certains aspects de ces menaces.
Mais l’essentiel est de savoir que nous pouvons agir.
Plus important que cela, nous devons agir quels que soient les moyens dont nous disposons.
Que nous réserve le futur à ce propos?
Est-ce que nous avons enfin assez appris du passé pour éviter cela?
A l’évidence, cela n’a pas l’air d’être le cas.
Dès lors, les problèmes de pauvreté et de surpopulation (et tout ce qui en découle ainsi tout ce qui se greffe dessus) trouveront leur exutoire peut-être par une nouvelle guerre mondiale.
Quant aux problèmes de pollution et de destruction de notre environnement naturel, ils se résoudront peut-être par une catastrophe naturelle dont l’ampleur pourra être au-delà de notre imagination la plus angoissée.
Cette guerre ou cette catastrophe naturelle «règleront» ce que les humains n’auront pas voulu ou su résoudre car on peut parler des deux à la fois, tellement à un moment donné les défis sont gigantesques et dépassent peut-être l’entendement humain mais surtout nos capacités à pouvoir s’y atteler et les résoudre réellement.
Il est vrai, par ailleurs, que la problématique générale est compliquée quand on commence à l’analyser sérieusement.
On doit prendre en compte qu’aujourd’hui notre planète est menacée par les activités humaines mais que dans le même temps des milliards de gens sont pauvres, certains dans un dénuement presque complet (l’ONU estime que plus d’un milliard de personnes vivent en deçà du seuil de subsistance avec moins de 1,25 dollar de revenu par jour même si la proportion de la population mondiale dans cette condition est passée de 47% à 22% entre 1990 et 2010), ou vivent dans la précarité et que vouloir régler l’une (la pollution) sur le dos de l’autre (la pauvreté) ou inversement ne se fera jamais parce qu’il est impossible que l’homme et la femme qui veulent vivre, parfois seulement survivre, renoncent librement à utiliser, voire détruire, la nature à leur profit quand ils en ont un besoin crucial, quand leurs vies en dépendent à court terme même s’ils savent que cette destruction à plus ou moins long terme sera fatale à leur descendance et même, peut-être, pour eux.
Et la seule façon que peuvent avoir ceux qui luttent pour l’environnement alors qu’ils ont une vie décente est d’imposer le respect de la nature par la force à ceux qui n’ont rien.
D’où, in fine, quand la situation sera paroxystique, l’augmentation d’un risque de conflit généralisé.
Pour pouvoir vraiment s’attaquer aux problèmes et trouver un large soutien mondial, il faut ainsi chercher et trouver – le plus vite sera le mieux – un juste équilibre.
Il faut trouver une voie raisonnable qui permettra de régler ensemble la pauvreté et la pollution avant que les deux, ensemble, nous plongent dans la crise ultime où une guerre et un désastre écologique se produiraient en même temps comme dans un mauvais film catastrophe dont on peut voir les prémisses dans nombre de conflits locaux et régionaux.
Il faut absolument éviter que les problèmes se règlent d’un coup par la violence extrême des humains et des éléments, dévastant la planète.
On comprend bien que la résolution de ces deux défis gigantesques ne peut se faire qu’à l’échelle mondiale.
C’est donc la construction d’une mondialisation humaniste qui sera la base d’une organisation capable de s’attaquer à la pauvreté, à la surpopulation et à la pollution.
Penser à notre planète de manière équilibrée requiert l’investissement de tous, la coopération de tous, n’en déplaise à tous ceux qui veulent se recroqueviller chez eux, pensant que dans ce monde où tout est de plus en plus interconnecté, ils pourront échapper à la violence derrière leurs frontières dérisoires, un peu comme la ligne Maginot lors de la Deuxième guerre mondiale et encore, elle, elle a tenu le choc mais a été contournée...
Pour parvenir à mobiliser la planète, le juste équilibre doit concerner les comportements (grâce à l’éducation et l’information), les activités économiques (grâce à des incitations et à l’innovation)
Il doit bien évidemment comporter également un volet répressif mais il doit être conçu avant tout comme une prise de conscience en encourageant toutes les initiatives, en promouvant la vertu de l’exemple mais aussi à permettre une réelle compréhension des enjeux d’une population souvent désorientée par les informations multiples et contradictoires, voire de propagande mensongère, qui se déversent en flots tous les jours.
Les discours doivent ainsi être réalistes. Ce n’est pas en annonçant sans arrêt une catastrophe pour le lendemain alors que rien ne se passe que l’on va crédibiliser les actions entreprises et à entreprendre.
De même, il faut cesser de glorifier un passé qui ne le mérite pas, voire un état «naturel» qui ne l’était pas plus, mais travailler à ce que le présent puisse être ce moment où l’on va vers un avenir que l’on construit sur des principes acceptables, acceptés et ayant du sens, c’est-à-dire offrant du mieux et refusant ce retour en arrière vers un éden que nous aurions quitté et qui n’a jamais existé.
Oui, il faudra, en matière d’environnement, agir nettement plus qu’aujourd’hui et que les conférences comme celle de Paris (COP21, 21° Conférence des Nations unies sur les changements climatiques) qui se tiendra en décembre prochain sur le climat accouchent de mesures concrètes et de décisions fortes autrement plus puissantes que celles qui ont été prises ces dernières années.
Mais il faudra, en même temps, cette vision réaliste qui est de rendre ces mesures et ces décisions acceptables à ceux qui luttent pour leur survie tous les jours, c’est-à-dire qu’elles puissent s’appliquer réellement tout en ne les condamnant pas à l’extrême pauvreté, voire à la mort.
Ce qui passe par une meilleure répartition des richesses, pas par générosité envers ceux qui n’ont rien ou pas grand-chose mais tout simplement et cyniquement parce que notre bien être, voire plus, dans nos pays avancés dépend de cette redistribution dans les pays émergents et en voie de développement.
Car si une balance entre lutte contre la pauvreté et la lutte contre les menaces environnementales n’est pas trouvée, alors nous ne résoudrons ni l’une, ni les autres et nous en paierons le prix à un moment ou à un autre.
Et les humains et les éléments seront alors les vecteurs, à terme, d’un bouleversement destructeur sans doute d’une ampleur gigantesque.
Un sondage que vient de réaliser Ipsos pour le magazine La Recherche et le quotidien Le Monde, montre que les Français sont désormais bien au fait de la réalité dans toute sa complexité.
Ainsi, 41% estiment que «certainement» et 52% «probablement» l’activité humaine est responsable du réchauffement climatique.
En outre, 62% pensent que c’est l’agriculture et la déforestation qui en sont les principaux responsables, 55% que l’essor industriel des pays en voie de développement en est également la cause.
En revanche, en matière de solutions, on est déçu que l’investissement en faveur des pays en voie de développement ne vienne qu’en cinquième et dernière position et ne soit considérée comme «efficace» que par 18% des sondés juste derrière le développement d’innovations scientifiques et technologiques («efficace» pour seulement 27% d’entre eux), tous deux loin derrière les mesures coercitives (34%), la modification des comportements personnels (44%) et l’investissement plus important des industriels (56%).
Or si, évidemment, toutes ces solutions sont essentielles et forment un tout indissociable dans l’optique de juste équilibre que nous avons défini plus haut, une grande partie de la résolution du couple pauvreté-menaces environnementales passe bien par l’investissement dans ces pays et par des innovations scientifiques et technologiques – et non par la négation du progrès et le retour en arrière que peuvent suggérer parfois ce que l’on met dans les autres solutions –, tout simplement parce qu’on est là dans l’agir responsable et concret au plus près de la racine profonde de la menace pour l’Humanité.
Reste que nous avons chacun une responsabilité d’agir, non pas par choix, mais par obligation.
Et, nous, habitants des pays démocratiques et républicains, nous devons montrer que notre liberté mais également notre bien-être est indissociable désormais de la fraternité qui nous unit à toute l’Humanité.
Tout cela pas demain, aujourd’hui.



Actualités du Centre. Pologne – Présidentielle: échec du président sortant de centre-droit

Les électeurs polonais ont infligé une défaite surprise à Bronislaw Komorowski, le président sortant de centre-droit, battu par son challenger, le conservateur Andrzej Duda (qui a obtenu 51,55% des suffrages) du parti Droit et justice dirigé par Jaroslaw Kaczynski.
Même si les pouvoirs du président de la république sont limités en Pologne, son élection au suffrage universel lui donne une certaine légitimité.
Mais au-delà de la défaite du président sortant qui avait été crédité dans certains sondages de 60% des intentions de vote, c’est bien le retour de la droite réactionnaire des frères Kaczynski (dont l’un, alors président de la république, est décédé en 2010 dans un accident d’avion) qui est d’actualité, les prochaines législatives devant avoir lieu en octobre prochain.
On se rappelle que Droit et justice, lors de son passage au pouvoir, a mené une politique ultraconservatrice, nationaliste, très anti-européenne.
Son remplacement par Plateforme civique de Donald Tusk, parti libéral, centriste et européen avait permis un changement dans la politique polonaise qui risque d’être annihilé puisque la formation conservatrice de Duda et Kaczynski a un programme économique très protectionniste et de politique étrangère particulièrement eurosceptique.
En ce sens, il se rapproche de celui des conservateurs britanniques.

Un étrange paradoxe puisque le programme de David Cameron est de fermer les frontières du Royaume Uni à une immigration qui a profité largement aux… Polonais.

mardi 26 mai 2015

Actualités du Centre. Espagne – Municipales & régionales: bons résultats des centristes de Cuidadados

Comme les analystes s’y attendaient, les élections régionales et municipales du 24 mai en Espagne ont bouleversé le paysage politique avec la montée en puissance de Podemos (gauche radicale et extrême) et de Cuidadados (centre-droit libéral).
Même s’ils sont encore loin derrière les deux grands partis, le Parti populaire (droite) et le Parti socialiste et que Podemos les précède (mais était une coalition qui soutenait plusieurs organisations et partis), les centristes espagnols sont devenus la troisième force politique du pays aux municipales avec 6,55% des voix devant le parti d’extrême-gauche, Gauche unie, qui faisait partie de la coalition Podemos.
Un score pas encore de grande ampleur mais qui prouve que le parti fondé en 2006 à Barcelone par Albert Rivera, son leader actuel, n’était pas qu’un simple feu de paille avec, en outre, une progression notable (Cuidadados         avait obtenu 3% des voix lors des élections européennes de 2014 avec l’élection de deux députés).
C’est également une réémergence du Centre puisque celui-ci n’avaient pratiquement plus d’existence depuis la dissolution de l’Union du centre démocratique dirigée par Adolfo Suarez dans les années 1980, formation qui avait été la première à occuper le pouvoir après la chute du franquisme.
En revanche, Cuidadados arrive derrière Podemos aux élections régionales, cette dernière s’étant présentée directement et sous son nom lors de cette élection.

Dans nombre de municipalités et de régions on ne connaît pas encore qui va gouverner, des alliances étant nécessaires pour dégager des majorités.

dimanche 24 mai 2015

L’Humeur du Centriste. La chasse au siège et au poste, sport préféré de l’UDI?

On est un peu mal à l’aise avec les négociations qui se déroulent en ce moment entre l’UDI et l’UMP sur les investitures pour les prochaines élections régionales de décembre prochain sur des listes communes entre la formation de centre-droit et son homologue de droite, négociations dont la presse fait ses choux gras avec moqueries peu amènes pour les centristes.
Ce sentiment de malaise provient de ce que ces discussions ressemblent plutôt à un marchandage où ces derniers font monter les enchères en réclamant beaucoup mais en étant prêt à vendre leur âme en retour.
On a bien compris que les voix centristes sont fort convoitées par l’UMP et que l’UDI l’a parfaitement intégré dans son logiciel relationnel avec le parti dirigé par Nicolas Sarkozy.
Justement, ce dernier veut embrigader les centristes – tous les centristes sauf un seul, François Bayrou! – dans sa reconquête de l’Elysée.
Dès lors, il est prêt à moult concessions (ainsi qu’à autant de menaces…) et à offrir de beaux cadeaux aux centristes, notamment en leur cédant des têtes de liste aux régionales en surévaluant leur puissance électorale.
C’est de bonne guerre, direz-vous, que l’UDI profite de cette situation où son poids politique dépasse nettement son poids électoral.
Car, pour Nicolas Sarkozy et l’UMP, avoir les centristes de leur côté dès à présent représente, selon lui, une assurance tout risque pour le premier tour de 2017.
Néanmoins, l’image que renvoi ces négociations-marchandages peut avoir un impact négatif sur la puissance politique des centristes de l’UDI.
De même, rien ne dit que de s’acoquiner avec les centristes soient une stratégie gagnante pour Nicolas Sarkozy lorsque l’on voit le dernier sondage paru dans Le Parisien qui le donne battu lors de la primaire UMP par Alain Juppé grâce aux voix venues des partis du Centre.
Cependant, le trouble que l’on ressent vis-à-vis de tout cela est que les centristes ne se battent pas pour leurs idées mais bien pour des sièges et des postes.
Cette impression désagréable est renforcée par les déclarations contradictoires des uns et des autres ainsi que des reculades sur des candidatures indépendantes de l’UDI en Ile-de-France ou en Rhône-Alpes, par exemple.
Sans oublier l’opportuniste François Sauvadet qui est prêt à prendre sa carte à l’UMP (ou, plutôt, aux futurs Républicains) pour être tête de liste en Bourgogne-Franche Comté.
Que voilà une belle fidélité au Centrisme!
Bien sûr, ce manque de clarté est alimenté par l’UMP qui tente de déstabiliser l’UDI.
Mais l’on aimerait entendre des mises au point plus nettes et plus fermes des dirigeants du parti de centre-droit.
Ce ne sera sans doute pas le cas.
Encore une fois.
Et, pourtant, nombre de leurs militants les attendent.

Centristement votre.

Le Centriste



samedi 23 mai 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. L’émergence d’une gauche moderne, bonne nouvelle pour le Centre?

Quand on voit la réaction des archéo-gauchistes qui parlent de succès de la «révolution néolibérale-conservatrice» (sic!) à propos des 60% obtenus par la motion A en vue du prochain congrès du Parti socialiste, du 5 au 7 juin prochain à Poitiers, on ne peut s’empêcher de penser que cette victoire des sociaux-démocrates et des sociaux-libéraux défendant la politique de François Hollande et de Manuel Valls est une bonne nouvelle pour la politique française mais, peut-être aussi, pour les centristes.
Depuis des années, sans doute depuis l’opposition des archaïques et des modernes dans les années 1970, cristallisée dans l’opposition entre François Mitterrand et Michel Rocard, le Parti socialiste a été incapable de s’adapter à la société dans sa réflexion et dans sa phraséologie.
Du coup, à chaque fois qu’il parvenait au pouvoir, il faisait en grande partie le contraire de ce qu’il prônait quand il était dans l’opposition.
Non pas par machiavélisme ou par incompétence, pas plus que par trahison programmée de son électorat mais, avant tout, parce que la réalité s’imposait tout simplement à une idéologie qui refusait avec entêtement de la prendre en compte.
Par petites touches, l’évolution vers la responsabilité – mot qui apparaît désormais dans les textes du parti –, les socialistes ont commencé par infléchir leur discours pour qu’il corresponde à cette réalité tant refoulée mais aussi à une pratique du pouvoir.
On en a vu les prémisses avec Lionel Jospin en 1995 puis avec Ségolène Royal en 2007.
On l’a perçu dans certains propos de François Hollande pendant la campagne de 2012 et on a enfin entendue une parole, surtout une action politique libérée qui commencent à être dépoussiérées d’une vision antilibérale d’un autre âge depuis l’arrivée à l’Elysée du même Hollande puis de celle de Manuel Valls à Matignon.
Ce tournant idéologique largement accepté par l’électorat socialiste qui n’en veut pas au Président de la république et au Premier ministre de l’avoir pris, à l’opposé de ce que croient les archéo-gauchistes, mais de ne pas parvenir à faire baisser le chômage, à relancer la croissance et à répartir plus équitablement la richesse, comme le montent les sondages.
Cependant, il restait la question de savoir si les militants socialistes étaient d’accord avec ce nouveau parti et ce discours raisonnable.
Les opposants de l’intérieur et de l’extérieur à ce «recentrage» espéraient que non et les élus «frondeurs» du PS l’affirmaient même, attendant avec impatience qu’ils se prononcent à l’occasion du prochain congrès du parti.
C’est chose faite.
Or, le résultat du vote des motions vient de les contredire totalement.
Il y a désormais une identité de vue entre la majorité de l’électorat socialiste, une majorité des militants socialistes et la direction du parti et du gouvernement socialistes.
Et cette identité est un mix de social-démocratie et de social-libéralisme.
Bien sûr, quand on lit la motion A défendue par le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, apparaît encore des phrases et des mots d’un passéisme affligeant avec une attaque contre le libéralisme économique (et même contre le social-libéralisme!).
Néanmoins, l’essentiel n’est pas là.
Si la tonalité générale de la motion est encore encombrée d’idéologie, le texte est moins important que ce qu’il défend concrètement, c’est-à-dire le gouvernement en place et sa politique, un gouvernement qui a entamé une réelle inflexion vers une vision responsable débarrassée de théories pesantes et paralysantes pour accomplir des réformes dont le pays a besoin urgemment afin de construire un avenir progressiste.
Les centristes peuvent s’en féliciter, eux qui sont des chauds partisans d’une démocratie républicaine apaisée où un large consensus permet de gouverner le pays avec efficacité et humanisme en s’attaquant aux vrais problèmes grâce à un pragmatisme responsable qui prend cette réalité en compte pour mieux l’améliorer.
Pour autant, cette lente évolution du PS doit être confirmée dans les années à venir.
Notamment si les socialistes se retrouvent dans l’opposition en 2017.
Ne vont-ils pas, alors, succomber une nouvelle fois à leurs vieux démons en revenant à une rhétorique crypto-marxiste et à un positionnement idéologique éculé?
C’est tout à fait possible (l’UMP devient également plus conservatrice quand elle est dans l’opposition).
Cette victoire en appelle donc d’autres.
En attendant, les rapprochements entre cette gauche moderne et le Centre sont réels comme on a pu le voir dans nombre d’initiatives du gouvernement Valls dont la loi Macron, par exemple.
Cela ne veut pas dire qu’une coalition Gauche-Centre soit à l’ordre du jour dès à présent.
En revanche, cela signifie clairement que l’option d’une alliance Droite-Centre ne peut plus être considérée comme exclusive sans discussion et négociation des centristes à droite et à gauche.
En cela, la victoire des sociaux-démocrates et des sociaux-libéraux est une bonne nouvelle pour le Centre avant, peut-être, d’être à la base d’une option crédible pour les partis  centristes dans leurs recherches d’alliés.
Et oui, cela est une bonne nouvelle pour le Centre.



dimanche 17 mai 2015

Une Semaine en Centrisme. L’avenir politique d’Hervé Morin est-il à l’UDI?

De semaines en semaines, d’interviews en interviews, Hervé Morin continue à jouer contre l’UDI. Ce qui était au départ une petite musique est devenu avec le temps une véritable musique militaire avec cymbales et grosse caisse.
Les divers commentateurs ne s’y trompent pas qui parlent de propos qui sentent le renoncement et la défaite programmée en 2017.
Tout le monde sait que le député de l’Eure et ancien ministre de la Défense de Nicolas Sarkozy espérait se voir en haut de l’affiche de l’UDI en succédant à Jean-Louis Borloo à la tête de la confédération de centre-droit.
Malheureusement pour lui, il a été battu par Jean-Christophe Lagarde, son ennemi intime et, pire pour lui, plutôt à la loyale.
Dès lors, le gros challenge pour lui est de continuer à exister, ce que nous avions déjà pointé dès sa défaite.
Il a choisi – en demeurant un pied dans l’UDI, un pied en dehors – de mener sa bataille de l’intérieur du parti en tentant d’organiser l’opposition à la direction mais aussi de l’extérieur en se réfugiant au Nouveau centre, formation dont il est le président et qui fait partie de la confédération qu’est l’UDI.
Sa stratégie est de s’opposer à tout ce qui dit ou fait Jean-Christophe Lagarde sans se poser la question de la cohérence globale de sa démarche et, plus grave, de l’image que cette dernière renvoie de l’UDI.
Ainsi, il s’est proposé, en tant que président du Nouveau centre d’aller négocier directement avec Nicolas Sarkozy pour organiser ensemble la primaire de la Droite et du Centre avant que Jean-Christophe Lagarde ne lui rappelle que le Nouveau centre faisait partie de l’UDI et que c’était à lui, le président de celle-ci, de mener les discussions avec l’UMP…
Cela n’a pas découragé Hervé Morin dans sa fronde.
Dès qu’un micro se tend vers lui, il explique que l’UDI n’a aucune chance à la prochaine présidentielle, qu’elle ne doit pas avoir de candidat issu de son sein, qu’elle doit participer à la primaire de l’UMP et qu’elle doit soutenir une personnalité de droite.
Le problème n’est pas qu’il ait raison ou tort mais bien qu’il joue contre l’UDI alors même qu’il en est membre.
Combien de temps pourra-t-il continuer ce numéro d’équilibriste? Jusqu’à un faux pas de Jean-Christophe Lagarde? Jusqu’à une rébellion organisée des opposants de ce dernier à l’UDI dont il pourrait prendre la tête pour conquérir la présidence ou pour aller fonder autre chose, ailleurs?
Il espère sans doute quelque chose comme ça.
Mais, en attendant, de déclarations en déclarations, il déconsidère l’UDI qui apparaît comme un rassemblement peu rassembleur, comme un parti pas très crédible où on se tire dans les pattes plutôt que de construire un projet et un programme politique mais surtout où certains ne croient même pas en son avenir indépendant alors même que le terme «indépendants» fait partie de son appellation!
Surtout, pour son devenir personnel, sa démarche commence à interpeller et son entreprise de démolition pourrait se retourner, in fine, contre lui.
En tout cas, s’il continue ainsi, il lui faudra, à un moment ou à un autre, pas si éloigné que cela, procéder à une réelle clarification et un réel choix.
C’est peut-être cela qu’il craint le plus pour avenir politique.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


samedi 16 mai 2015

L’Humeur du Centriste. Juppé, le prochain Balladur?...

Comme en 1995, les centristes s’apprêtent-ils à choisir le mauvais cheval pour la présidentielle en 2017?
En 1995, ils avaient choisi majoritairement de soutenir la candidature d’Edouard Balladur, membre du RPR et homme de droite, en ne présentant aucun candidat, une première en V° République.
Jusque là, il y a avait toujours eu un candidat du Centre (avec Jean Lecanuet en 1965, Alain Poher en 1969, Valéry Giscard d’Estaing en 1974 et 1981, Raymond Barre en 1988).
Et cela demeure encore une exception puisqu’en 2002, 2007 et 2012, il y a eu les trois candidatures de François Bayrou.
Pour 2017, beaucoup se verraient bien derrière Alain Juppé, membre de l’UMP (et des futurs «Républicains»?) ainsi qu’homme de droite.
Et ce dernier aussi, d’ailleurs!
Mais, au-delà du fait que la famille centriste ne serait pas représentée à la grande élection, les centristes pourraient encore se tromper en soutenant le maire de Bordeaux.
Comme en 1995 et pour Jacques Chirac, peu de centristes souhaitent faire campagne pour Nicolas Sarkozy dont le discours est très à droite et qui n’a jamais manifesté une grande sympathie pour le Centre (sauf aujourd’hui, primaire et présidentielle obligent…).
Mais le précédent Balladur, qui s’écroula face à Chirac alors qu’il était le grand favori des sondages pour la présidentielle (tout comme l’est Alain Juppé actuellement), devraient les inciter à la prudence.
Car, tout comme l’était Jacques Chirac alors, Nicolas Sarkozy est le chef légitime de la Droite et de l’UMP dont il est redevenu le président.
Il part donc avec un avantage certain face à Alain Juppé.
Bien sûr, 2017 est encore loin – en fait pas autant que cela! – mais il serait peut-être plus prudent de développer une candidature centriste.
D’autant qu’à part 2002, les scores des prétendants centristes à l’Elysée ne furent jamais ridicule, loin de là.

Centristement votre.

Le Centriste


jeudi 14 mai 2015

Une Semaine en Centrisme. Revenir au rêve européen

Avant qu’il ne soit réellement trop tard, il n’est jamais trop tard pour parler Europe et parler de l’Union européenne.
Ni de vouloir reconstruire le rêve européen qui se délite dans l’inaction des soi-disant pro-européens et sous les coups de boutoirs des anti-européens qui n’ont manifestement pas la même stupide prévention – pour ne pas dire frousse – que les premiers nommés.
Car, au train où vont les choses, l’Union européenne deviendra, au mieux une zone de libre-échange dans la paix, au pire, un machin bureaucratique qui se détruira tout seul.
Donc, soit ce que voulaient les Britanniques depuis toujours et qui a fait que la France, avec raison, s’est longtemps opposée à l’entrée du Royaume Uni dans une Europe dont celui-ci voulait faire un simple marché économique, soit ce que dénonçait en son temps le Général de Gaulle qui pensait avant tout grandeur française.
Où est donc le rêve européen voulut par Jean Monnet mais aussi par tous ses glorieux devanciers d’Emmanuel Kant à Aristide Briand, de Victor Hugo à Robert Schuman?
Où est donc ce rêve que les peuples ont cru pouvoir réaliser après la Deuxième guerre mondiale avant de se retrancher derrière les vieux égoïsmes nationalistes qui ont été les causes des deux conflits mondiaux qui ravagèrent l’Europe et qui avaient permis la création d’une union entre des hommes et des femmes qui souhaitaient partager un présent et un avenir commun?
Les centristes, partout en Europe, même au Royaume Uni, tentent, vaille que vaille, que ce rêve européen constitutif de l’Union européenne et qui, seul, peut soutenir l’édifice politique, économique et juridique dans le temps et le renforcer, ne disparaisse pas.
Vaste tâche qui semble perdue d’avance aux sceptiques d’aujourd’hui au vu des échecs à répétition de l’Europe, et de l’incapacité de mettre en place des politiques efficaces, d’une politique d’immigration intelligente (voir la Méditerranée et Calais) à une politique extérieure et sécuritaire consistante (voir l’Ukraine et la lutte contre le terrorisme) en passant par des convergences dans les politiques fiscales et sociales.
Elle n’est même plus capable de maîtriser ses trublions, de Tsipras en Grèce à Viktor Orban en Hongrie.
Aujourd’hui, l’Europe n’est plus crédible dans bien des domaines – il suffit de voir comment la traite Vladimir Poutine – et totalement inefficace, parce que divisée, dans nombre d’autres – il suffit de voir comment se gère la crise en Grèce.
Et demain, elle risque de sombrer suite au son triomphe électoral de David Cameron qui va permettre à ce dernier d’organiser un référendum pour demander aux Britanniques s’ils veulent demeurer dans l’Union européenne.
Un tel vote est déjà une défaite pour l’Europe quel que soit son résultat.
Dès lors, il faut que les pro-européens montent au créneau et réaffirment constamment leur attachement à la construction d’une Union européenne fédérale pour poursuivre ce rêve européen de tous les humanistes qui ont concouru à le créer.
On peut ainsi se féliciter de l’initiative de l’UDI qui a envoyé, les 11 et 12 mai derniers, une délégation à Bruxelles sous la direction de son président, Jean-Christophe Lagarde et qui a publié un communiqué pour dire que «Contre les faux-semblants agités par les partis populistes, ils (les membres de la délégation) rappellent que l’Europe est l’échelon indispensable pour la mise en œuvre des politiques publiques demandées par nos concitoyens et imposées par les circonstances: immigration clandestine en Méditerranée, lutte contre le terrorisme mais aussi action en faveur de l’apprentissage, de l’investissement et de la croissance économique».
Ce n’est pas grand-chose mais c’est déjà ça car la bataille pour l’Europe dans laquelle nous sommes, il ne faut pas se leurrer, doit aussi se nourrir de toutes les initiatives et déclarations, gestes et décisions qui défendent cette si importante union des Européens qui se sont si souvent battus et détruits les uns, les autres quand il étaient séparés.
Mais il faudra bien aussi discuter sérieusement un jour pour revenir au rêve européen.
Car la voie que prend l’Union européenne est celle d’une réunion d’Etats ad minima.
Si c’est bien son avenir, alors ce rêve a un absolument besoin d’être refondé sur une autre initiative, une vraie construction d’une fédération réunissant des peuples qui ont envie de s’unir réellement parce qu’ils savent, d’abord, qu’ils sont bien un même peuple européen, ensuite, que c’est la seule manière qu’ils ont de préserver et d’augmenter leurs acquis dans un futur mondialisé.
Pour cela, il faut des leaders qui ne soient pas tétanisés par les enjeux et qui ne tremblent pas chaque fois qu’un populiste quelconque menace de détruire l’Europe et qui n’ait pas peur d’affronter les difficultés.
Où que l’on regarde sur le vieux continent, on n’en voit pas émerger.
Voilà qui est bien inquiétant.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC



mardi 12 mai 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Pourquoi le Centre défend une méritocratie solidaire

Non, les tenants d’un égalitarisme à tout crin, ce n’est pas vrai qu’il y a sept milliards de Thomas Edison, de Steve Jobs ou de Louis Pasteur dans le monde et que la société ne doit pas récompenser ceux qui inventent et prennent des risques.
Non, les défenseurs d’un laisser-faire sans états d’âme, il n’est pas acceptable de laisser un être humain mourir dans le caniveau au titre qu’il l’aurait mérité ou que cela est dans l’ordre des choses.
C’est la raison pour laquelle les centristes défendent une véritable méritocratie solidaire qui ne rougit pas de récompenser ceux qui réussissent et ne se cachent pas la tête dans le sable afin d’éviter d’aider ceux qui souffrent.
Car le but de la société est de permettre à chacun d’avoir la possibilité d’être qui il veut et d’apporter ses capacités à la communauté.
Mais la raison pour laquelle les hommes et les femmes font société est aussi que la communauté n’abandonne pas ceux de ses enfants qui sont dans la détresse.
Oui, chacun de nous possède son individualité dont Max Stirner estimait qu’elle était plus importante que la liberté parce qu’elle fait de nous ce que nous sommes.
Cette différence irréductible dès la naissance, se complexifie chaque jour que nous vivons et des expériences auxquelles nous sommes confrontés.
C’est cette individualité qui produit des inventeurs, des innovateurs, des entrepreneurs.
Et l’on doit donner leur véritable chance à tous ceux qui ont ces capacités pour qu’ils puissent réussir.
Pour eux et leur accomplissement personnel, bien entendu, mais aussi pour tout ce qu’ils apportent à la société et à son bien-être économique, social et sociétal.
Cette individualité produit également tout sorte de personnalités chacun ayant sa différence irréductible mais sans en faire, quoi qu’il arrive, des parias de la société.
Ainsi, ceux qui n’ont pas pu saisir cette chance de réussir leur existence pour des raisons qui sont souvent en dehors de leur volonté, parfois parce qu’ils ont manqué à leurs responsabilités ou de discernement, ceux-là doivent être aidés pour redevenir capables de prendre leur destin en main (et non pour demeurer a priori des assistés à vie).
La méritocratie solidaire – permettre à chacun de réaliser effectivement toutes ses potentialités et protéger celui qui se retrouve à un moment donné dans la difficulté – est le meilleur système qui a permis les avancées technologiques, la croissance économique mais aussi le développement d’une protection sociale largement efficace.
Non pas qu’il soit moral mais il est vertueux au sens où il est celui qui permet la plus grande efficacité possible dans un régime démocratique et républicain.
Cette efficacité se décline évidemment en un progrès de la société qui rejaillit sur tous ses membres.
On comprend aisément pourquoi il en est ainsi de la méritocratie.
D’une part, cela permet à la collectivité de bénéficier des qualités des meilleurs.
D’autre part, cela permet une insertion de ces meilleurs dans la société alors que, de par leur naissance ou les circonstances de leur existence, ils auraient pu s’en retrouver exclus avec tout ce que cela peut comporter de dangers de déstabilisation pour la communauté.
Mais il en est de même de la solidarité parce que celle-ci, au-delà même de son aspect moral, assure une cohésion et une paix sociales, permettant souvent de réintégrer dans la communauté ceux qui pourraient, à un moment donné, en sortir et dont, les potentialités peuvent être grandes pour la société tout entière si on les laisse exprimer leur mérite.
Car ni la méritocratie, ni la solidarité ne sont essentielles moralement pour la société – ce qui peut être le cas pour l’ensemble des individus qui la compose – mais bien parce qu’elles sont efficaces en terme d’organisation sociale.
Dans une société humaniste, gérée par le principe du juste équilibre, cette société dont les centristes sont les ardents défenseurs, l’harmonie ne se fera que si personne ne se retrouve bridé de ses capacités et que si personne ne se retrouve oublié en chemin.



vendredi 8 mai 2015

Actualités du Centre. Législatives britanniques: la stratégie des centristes lourdement sanctionnée

Ils partirent 56 et n’en revinrent que 8… Voilà, en condensé le Waterloo des Libéraux-démocrates, les centristes britanniques à l’issue des législatives qui se sont déroulées le 7 mai.
Et même si leur chef, Nick Clegg, a sauvé son siège, il a démissionné de son poste de président devant le désaveu subi.
Car, non seulement, les Lib-Dems ne sont plus que 8 à la Chambre des communes mais, en plus, comme les Conservateurs de David Cameron ont remporté la majorité des sièges, ils n’ont plus besoin de leur allié encombrant pour gouverner.
C’est bien la stratégie des centristes britanniques qui est sanctionnée par les électeurs.
Parti qui avait le vent en poupe en 2010, il avait réussi à faire entrer une cinquantaine de députés au Parlement et avait conclu une alliance avec les Tories en se voyant attribuer de nombreux postes dont celui, plus honorifique qu’autre chose mais qui consacrait leur puissance d’alors, de vice-premier ministre.
Néanmoins, élus sur un programme de centre-gauche, voire parfois de gauche tout court, les Lib-Dems ont trahi leurs électeurs dès les premiers mois du gouvernement Cameron en tournant le dos à la plupart de leurs promesses électorales.
En chute libre dans les sondages et dans toutes les élections intermédiaires, ils se raccrochaient à l’idée qu’ils ne subiraient pas un tel revers et que, surtout, même nettement moins nombreux, ils seraient les faiseurs de roi puisque l’on donnait les Conservateurs et les Travaillistes dos à dos et que leurs voix seraient sans doute nécessaires pour former une nouvelle coalition gouvernementale.
Ils avaient d’ailleurs faits des offres de service tant à droite (préférentiellement) qu’à gauche, donnant l’image d’un parti prêt à tout pour demeurer au pouvoir.
Mais le Parti travailliste a, en fait, subi une défaite cuisante et les centristes n’auront aucune prise sur le futur gouvernement et son orientation qu’ils y participent ou non.
S’en remettant au jugement de l’histoire pour apprécier le rôle que les Iibéraux-démocrates ont tenu au gouvernement pendant cinq ans, Nick Clegg a envoyé une lettre à ses militants dans laquelle il écrit:

«J’ai toujours pensé que cette élection serait exceptionnellement difficile pour les Libéraux-démocrates, étant donné les lourdes responsabilités que nous avons prises dans le gouvernement dans des circonstances pleines de challenges. Mais clairement les résultats ont été incommensurablement plus terribles et durs que je ne pouvais le craindre. Pour cela, évidemment, j’en prends la totale responsabilité et donc j’annonce que je vais démissionner de mon poste de leader des libéraux-démocrates».

lundi 4 mai 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Non, monsieur Sarkozy, l'alternative n'est pas entre république et démocratie

Le récent débat initié par les propos de Nicolas Sarkozy se posant en seul défenseur crédible d’une république menacée par une démocratie qui ne promeut que les intérêts particuliers d'individus et de groupes ainsi que sa volonté de rebaptiser l’UMP, Les Républicains, a posé la question cruciale de ce qu’est aujourd’hui le régime politique de la France et de ce qu’il doit être.
Comme l’ont écrit beaucoup de commentateurs de gauche et de droite, le discours de Nicolas Sarkozy du 7 novembre 2014 sur la glorification de la république et la critique de la démocratie, est, non seulement, un faux débat mais une erreur historique dangereuse.
Ainsi, selon l’ancien président, la république serait le vrai régime politique de la France, celui issu de 1789 et de la tradition française où le bien commun et le partage d’une destinée commune seraient les ciments de la communauté nationale alors que la démocratie libérale, venue d’ailleurs, serait porteuse de la déliquescence de la société en exaltant l’individualisme débridé et le communautarisme.
D’une certaine manière, on pourrait rapprocher cette thèse de celle défendue par le Parti communiste chinois qui exalte la république, régime de l’ordre, pour condamner la démocratie, agent du désordre.
Cette présentation est évidemment partielle et partiale, surtout, elle méconnaît ce qu’est aujourd’hui le libéralisme notamment sa version française forgée au cours de la III° République par des hommes comme Léon Bourgeois, Charles Renouvier et même Emile Durkheim.
Même s’il est individualiste et décentralisateur, le libéralisme français s’est toujours inscrit dans le républicanisme, reconnaissant la nécessité d’un lien social fédérateur et d’une solidarité entre les personnes, sans oublier la dimension sécuritaire.
En outre, la présentation sarkoziste caricature la démocratie la montrant de manière totalement négative alors même que celle-ci permet la responsabilité individuelle et la libération des potentialités de l’individu.
En réalité, sauf à vouloir revenir sur les règles de fonctionnement de la démocratie libérale et représentative issue directement des révolutions américaines et françaises, elles-mêmes ayant puisé leur inspiration dans l’évolution démocratique de la monarchie britannique, l’opposition entre les deux notions est anachronique car les valeurs démocratiques et républicaines sont liées dans ce qu’est aujourd’hui le régime politique des sociétés occidentales.
Car c’est bien là le point fondamental: la démocratie et la république, loin de s’opposer, sont complémentaires.
Les deux piliers de base du régime politique français c’est la démocratie et la république.
Sans démocratie, pas de république humaniste. Sans république, pas de démocratie sécuritaire.
C’est ce que dit le Centrisme.
Mais il va plus loin en affirmant que le meilleur régime est une démocratie républicaine.
La démocratie vient avant la république car elle libère l’individu mais elle ne va jamais ans celle-ci car cette dernière permet de rendre viable la première dans des sociétés où les intérêts individuels sont si divergents qu’ils ont besoin d’un lien social qui organise la liberté.
Mais la république sans la démocratie est souvent une infamie car elle nie les valeurs de liberté, de respect et de tolérance au nom d’un groupe qui a toutes les primautés face à l’individu, ce qui permet, in fine, de nier les droits individuels.
Nombre de dictateurs ont été amoureux de la république, aucun d’eux de la démocratie.
C’est la raison pour laquelle le Centrisme est le défenseur intransigeant d’une démocratie républicaine.
Pour en revenir aux propos de Nicolas Sarkozy, il faut ajouter qu’il a également opposé le régime démocratique des Etats-Unis (avec son individualisme et son communautarisme) et le régime républicain de la France (avec son peuple uni).
Voilà qui est méconnaître totalement l’histoire – mais Sarkozy n’en est pas à sa première inculture dans ce domaine – car les Pères fondateurs américains n’avaient qu’une idée en tête, créer une république selon les préceptes de Montesquieu…
Pourquoi la république qui avait tous les soutiens possibles lors des révolutions américaine et française, s’est-elle transformée en démocratie aux XX° et XXI° siècles dans le sens où l’idée que le collectif devait primer sur l’individuel s’est trouvée dépassée par la primauté de l’individu sur la collectivité?
Tout simplement parce que l’approfondissement démocratique prédit par Alexis de Tocqueville était une évolution naturelle de la république démocratique dès qu’elle entendait garantir les droits de l’homme.
Mais cela ne signifie pas que la démocratie doit donner le champ libre aux désidératas de l’individu, encore une fois qui ne proviennent pas de l’individualisme mais de l’autonomie acquise dans un régime de liberté et dont l’usage égoïste et égocentrique dans une vision égalitariste, détraque petit à petit le système.
C’est pourquoi il faut continuer à approfondir la régime démocratique tout en rappelant qu’il ne peut être que républicain s’il veut perdurer en un ordre qui permet la réalisation effective de la liberté pour tous dans une égalité des chances et des opportunités.
In fine, les propos de Nicolas Sarkozy sur la république sont un coup de communication et sa volonté de nommer l’UMP, Les Républicains, un coup électoraliste avec toutes les arrière-pensées politiciennes qui vont avec.
Il s’agit de montrer, d’une part, que l’on se bat pour une république à la française, un régime fort, débarrassée de ses pollutions étrangères, notamment anglo-saxonnes, et, d’autre part, de préempter le terme de république en vue des élections présidentielles de 2017, au premier tour face aux socialistes accusés de brader les valeurs républicaines et au second face au Front national, baptisé parti non-républicain (ah! Cette bataille entre Les Républicains et le parti non-républicain dont rêve Sarkozy…).
Le tout dans la volonté de redonner une pensée à la Droite française qui en manque cruellement ces derniers temps.
Bien évidemment, les centristes ne doivent pas tomber dans ce jeu dont on vient de montrer la totale superficialité mais aussi la dangerosité potentielle pour les libertés.



dimanche 3 mai 2015

Une Semaine en Centrisme. La stratégie électorale dérangeante des centristes britanniques

Peut-on dire que l’on va travailler avec le vainqueur d’une élection quel qu’il soit?
C’est, en tout cas, l’affirmation que les «LibDems» (Libéraux-démocrates), les centristes britanniques, réitèrent sans fin depuis le début de la campagne pour les législatives qui auront lieu le 7 mai prochain, déclarant qu’ils seront dans le prochain gouvernement, soit du côté des Conservateurs, soit de celui des Travaillistes.
Que cela se produise ou non, interpelle les centristes de tous pays qui sont souvent accusés de simple opportunisme et de n’être qu’une moitié de gauche et une moitié de droite, capables de gouverner avec tout le monde et personne car sans projet politique bien défini et programme électoral clair, penchant souvent du côté du plus fort et monnayant leur soutien au nombre de sièges ministériels qu’on leur propose.
Et c’est vrai qu’on a la désagréable impression que les Libéraux-démocrates et leur leader, Nick Clegg – vice-premier ministre dans le gouvernement sortant du conservateur David Cameron – font tout pour ne pas perdre le pouvoir, eux qui ont déjà divisé par trois leurs intentions de vote par rapport à leur résultat de 2010 et qui devraient perdre la moitié de leurs députés à la Chambre des communes.
Et cet effondrement auprès des électeurs vient d’un effondrement auprès de la population qui voyait avec une grande sympathie les centristes lors des précédentes élections, ce qui faisait d’eux les outsiders du scrutin.
Même s’ils avaient terminé troisièmes, ils avaient pu réaliser un bon accord de gouvernement avec les Tories (conservateurs) où une partie de leurs propositions avaient été reprises tandis qu’ils avaient hérité de nombreux portefeuilles ministériels et du poste de vice-premier ministre en sus.
Mais tout allait dérailler presqu’aussitôt puisque les Conservateurs allaient faire peu de cas des positions des Libéraux-démocrates, notamment sur les points qui avaient rendu ces derniers si populaires, comme la promesse de supprimer les frais d’inscription à l’université qui devaient, en réalité… tripler!
Devant tant de renoncements, la cote des centristes britanniques allait chuter et ne s’en est jamais remise depuis.
Il faut dire que l’alliance entre Conservateurs et Libéraux-démocrates en avait étonné plus d’un.
En effet, pendant le gouvernement précédent de Gordon Brown (Travailliste), les Libéraux-démocrates avaient été souvent des opposants de gauche au «New labour» (le «Nouveau parti travailliste créé par Tony Blair, social-libéral et plus proche sur bien des points du Centre que les LibDems).
Du coup, le rapprochement entre la Droite et le Centre avait été vu comme anachronique voire une trahison pour de nombreux jeunes électeurs des Libéraux-démocrates.
Cependant, la réussite des Conservateurs en matière économique avec une reprise de la croissance, une baisse du chômage et la baisse des dépenses publiques est une des raisons pour lesquelles les centristes sont de nouveau prêts à s’allier avec eux.
Mais le programme des Travaillistes, s’il est parfois un peu trop à gauche pour les Libéraux-démocrates d’aujourd’hui, contient nombre de mesures qui sont soutenues par ces derniers.
Surtout, le Parti travailliste est pro-européen alors que le Parti conservateur est, globalement, anti avec ce fameux référendum que David Cameron organisera s’il est réélu dans le courant 2017 pour demander au peuple britannique s’il veut rester dans l’Union européenne.
Pour autant, peut-on attendre la fin d’une élection pour dire avec qui on va s’allier?
Evidemment, au Royaume Uni, les élections législatives, qui sont un scrutin uninominal à un tour où celui qui arrive en tête est élu quel que soit son pourcentage de voix, ne nécessitent pas d’alliances.
Un parti se présente donc seul et peut, ensuite, à son gré, nouer une coalition gouvernementale avec qui il veut.
De même, la différence idéologique entre les Conservateurs et les Travaillistes est bien moindre qu’il y a trente ans notamment du temps de Margaret Thatcher.
Du coup, les Libéraux-démocrates peuvent se retrouver parfois à gauche du Parti travaillistes dans certaines circonstances et à droite du Parti conservateur dans d’autres et souvent sur une ligne centrale adoptée par tous les partis de gouvernement.
Par ailleurs, la philosophie pratique des Libéraux-démocrates n’est pas nouvelle: gouverner avec ceux qui ont la meilleure offre, non seulement en reprenant la plus grosse partie possible de leur programme mais en offrant le plus grand nombre de postes ministériels intéressants.
Sachant qu’ils ne peuvent être majoritaires, les centristes britanniques choisissent donc de s’allier avec ceux qui leur permettent d’exister au mieux politiquement.
Et un de leurs arguments recevables est d’expliquer que, par leur présence, ils empêchent les ultras, conservateurs cette fois-ci peut-être travaillistes au sortir des élections, de dicter leur loi au gouvernement.
Sans oublier que si les Libéraux-démocrates peuvent adopter cette posture, c’est que l’on n’est plus dans un système où deux partis dominent de manière hégémonique, l’un à droite, l’autre à gauche, la vie politique du Royaume Uni.
Aujourd’hui, aux côtés des Conservateurs et des Travaillistes, il existe plusieurs partis qui peuvent jouer un rôle important dans la constitution d’un gouvernement.
Outre les Libéraux-démocrates, on trouve, par exemple, les nationalistes écossais pro-européens du SNP et les nationalistes anti-européens de l’Ukip
Néanmoins, l’impression désagréable d’un comportement de marchand de tapis persiste malgré toutes ces bonnes raisons que l’on vient d’énoncer.
Sans doute parce que les Libéraux-démocrates n’ont pas de ligne politique très claire et qu’ils ont montré qu’ils étaient capables de reniements sans aucun scrupule.
Si l’on se réfère aux cinq ans qu’ils viennent de passer en compagnie des Conservateurs au gouvernement, ils auraient du quitter celui-ci à maintes reprises s’ils avaient été fidèles à nombre de leurs positionnements passés.
Cela n’a pas été le cas, en grande partie pour ne pas provoquer des élections législatives anticipées au cours desquelles il y avait de grandes chances qu’ils soient laminés.
Peut-on espérer que le comportement des centristes britanniques soit moins flou lors de la prochaine législature?
On voudrait le croire et, certainement, les négociations en vue de la formation d’un nouveau gouvernement le démontreront rapidement puisque les LibDems ont mis plusieurs «lignes rouges» qu’ils ne franchiront pas.
L’une d’elles, par exemple, est qu’ils ne s’allieront pas avec un parti qui ne déciderait pas la revalorisation salariale des employés du secteur public.
Quant à savoir si, in fine, leur présence dans le gouvernement actuel a été bénéfique pour le Royaume Uni, c’est, en tout cas, l’opinion du quotidien conservateur mais pro-européen, The Financial Times, qui, dans un éditorial, écrit que «le parti de monsieur Clegg a prouvé qu’il avait été un partenaire responsable au gouvernement. Les électeurs doivent décider pas seulement quel parti mais aussi quelle coalition aura la meilleure chance de former un gouvernement stable et orienté vers les réformes. Le pays bénéficierait de la force compensatrice de la modération des LibDems à Westminster (le Parlement). Pour les sièges où les LibDems sont le sortant ou le principal challenger, nous voterions tactiquement pour eux».
Ce que Nick Clegg a ramassé en une formule citée par Le Figaro: «les Libéraux-démocrates apporteront un cœur à un gouvernement conservateur et un cerveau à un gouvernement travailliste»…

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC