lundi 21 janvier 2019

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Les partis centristes gâchent-ils un moment historique pour le Centre?

L’UDI dans une opposition de moins en moins constructive, le MoDem dans un soutien parfois au-delà de la critique, LC (Les centristes) ayant changé de camp sans changer de nom (une véritable escroquerie, par ailleurs) pour devenir un appendice de la droite radicale, le Mouvement radical sans âme et sans parole, incapable de déterminer où il est exactement, les partis centristes sont-ils en train de gâcher ce moment historique où le pouvoir, s’il n’est pas toujours centriste, est éminemment central, c'est-à-dire qu’il partage avec eux les grandes orientations pour le pays, les réformes à mettre en œuvre, les valeurs et les principes qui les fondent?
Oui, on peut se poser la question quand on voit François Bayrou se délecter de ses multiples invitations médiatiques pour en profiter de se mettre en avant en critiquant à peu de frais le Président de la république et le Gouvernement, quand on voit Jean-Christophe Lagarde essayer d’exister en s’en prenant frontalement à Emmanuel Macron avec des arguments qui n’ont pas peur d’être en contradiction avec ceux de la veille, quand on voit la tête bicéphale Hénart-Pinel se contredire systématiquement sur le jugement de la politique menée.
Parce que ce moment centriste ne reviendra peut-être pas de sitôt si l’on pense que le précédent (qui était moins centriste et central que celui-ci) fut le septennat de Valéry Giscard d’Estaing entre 1974 et 1981!
Parce que ce moment, qui leur permet d’exister et de montrer que le Centrisme est la seule politique humaniste, responsable et de progrès qui peut donner à la France et à l’Union européenne un avenir solide est fragile, d’autant plus si on l’attaque de l’intérieur.
Parce que ce moment, dans ce début de XXI° siècle troublé, est une chance pour défendre offensivement cette démocratie républicaine attaquée de partout par les extrémistes et les populistes démagogues, une responsabilité historique que n’ont pas l’air de comprendre les leaders de ces partis centristes.
Au lieu d’être en phase avec le pouvoir en place, ils exécutent la seule partition qu’ils savent jouer depuis des lustres, celle de la division (eux qui prônent l’union autour du consensus), de l’ambition personnelle (eux qui critiquent le pouvoir sans partage du président de la V° République) et de l’opportunisme (eux qui mettent en avant sans cesse leurs valeurs).
J’ai déjà critiqué les centristes sur ce comportement irresponsable, bien avant l’arrivée à l’Elysée d’Emmanuel Macron que je ne peux être suspecté de ruer dans les brancards par simple soutien à ce dernier.
Les centristes doivent comprendre qu’ils sont enfin au pouvoir et que cela, non seulement, se mérite, mais leur impose de se battre pour leur projet politique.
Tout se passe comme s’ils n’avaient pas intégré le fait, rare pour eux, où ils ne sont plus des supplétifs d’un gouvernement de droite ou de gauche, mais bien le cœur même de ce gouvernement, même si ce n’est pas un des leurs, venu de leur sérail, qui est le chef de l’Etat.
Mais, rappelons-leur, c’était la même chose pour Giscard d’Estaing et des hommes comme Jean Lecanuet ou Jean-Jacques Servan-Schreiber, entre autres, avaient bien compris que c’était une chance pour le Centre de faire progresser ses idées et d’en mettre en place un certain nombre.
Avec leur comportement actuel, on a l’impression que les centristes n’attendent qu’une chose, de retourner dans le cocon de l’opposition où l’on peut à loisir critiquer le pouvoir en place tout en attendant de lui quelques strapontins gouvernementaux et des largesses lors des élections législatives.
C’est vrai que dans les moments historiques, beaucoup de protagonistes n’ont pas conscience que ceux-ci en sont et qu’ils en font partie.
Cependant, que les centristes ne comprennent pas cela actuellement à plus à voir avec une complète irresponsabilité politique qu’une absence de cette conscience.
Une attitude que le Centre risque de payer fort cher.