lundi 22 octobre 2018

Actualités du Centre. L’identité de LREM? Le projet de Macron évidemment!



Colloque et Conseil national, La république en marche a rappelé ce week-end son identité macroniste qui est un progressisme libéral et social européen.
Néanmoins, par la bouche même de ses responsables, le mouvement central au tropisme centriste, sait qu’il doit travailler pour essayer de définir une ligne politique plus autonome vis-à-vis de l’exécutif.
Pour autant, ceux qui ne voient dans LREM qu’un rassemblement hétéroclite de gens dont le seul lien est de soutenir le Président de la république, il ne doivent jamais oublier que le dilemme de toute formation majoritaire (comme ce fut le cas, en son temps, pour le PS ou l’UMP, l’UDF ou le RPR) est d’exister autrement que comme soutien de l’exécutif et que cela ne va pas de soi, loin de là.
On a d’ailleurs bien vu tout ce que cela pouvait avoir de mortifère pour un parti majoritaire d’avoir une opposition frontale à son chef naturel lorsque l’on est au pouvoir avec les frondeurs du PS au temps de la présidence Hollande et qui a abouti, non seulement, à la non-candidature de ce dernier à la présidentielle de 2017, mais qu’aujourd’hui les socialistes soient des morts-vivants de la politique avec une forte possibilité que le parti disparaisse.
Si la proximité d’évidence entre l’exécutif et le parti majoritaire sera toujours une constante en démocratie (voir ce qui se passe dans toutes celles de la planète) et plus encore dans le régime de la V° République en France, ce qu’il faut tenter d’éviter c’est d’être ces simples godillots, terme que chaque opposition accole aux députés de la majorité, et tenter d’être une force de réflexion et de proposition.
Car, in fine, c’est bien parce qu’ils sont des soutiens de Macron que les députés LREM sont à l’Assemblée nationale, ils ont été élus pour cela.
On rappellera également que les concepteurs de notre Constitution actuelle ont donné la prééminence aux projets de loi (présentés par le Gouvernement) sur les propositions de loi (venues des parlementaires).
Quoi qu’il en soit, la formation créée par Emmanuel Macron va élire son nouveau délégué général le 1er décembre prochain après la nomination de Christophe Castaner au ministère de l’Intérieur.
Elle doit également et surtout préparer les prochaines échéances électorales après une année 2018 blanche en cette matière avec, en particulier, les élections au Parlement européen de mai 2019.
Et malgré la formule de Christophe Castaner à l’adresse des adhérents de LREM, «ce n’est pas la politique qui changera notre mouvement, c’est notre mouvement qui doit changer la politique», c’est bien de politique «traditionnelle» dont devra s’occuper le prochain délégué général comme l’a d’ailleurs rappelé Philippe Grangeon qui assure l’intérim, dans une étonnante tirade à propos de la campagne électorale interne:
«(…) Nous devons être vigilants à ce que cette campagne éclair ne vienne pas, par des comportements, des initiatives, des propos à l’emporte-pièce, abimer l’image et la réputation de La République En Marche - bref affaiblir son efficacité, et au final sa force. Je le répète, je serai très vigilant sur cette question.
Parce que cette élection, là aussi que les choses soient claires, ce n’est pas un changement de cap, ce n’est pas un changement d’équipe, c’est juste un moment certes important où nous devons trouver collectivement, la meilleure ou le meilleur d’entre nous pour nous incarner, celle ou celui qui mettra toute son énergie, toute sa passion, au service, et au service je ne veux pas dire exclusivement mais principalement, de notre mouvement. D’ailleurs mes amis, si tel ne devait pas être le cas, l’immense majorité des marcheurs et les Français qui nous regardent ne tolèreraient pas que le premier parti de France se détourne de son rôle historique de la transformation du pays pour étaler ses divisions ou ses états d’âme. Dans cette campagne, ne l’oublions jamais, nous avons un devoir d’exemplarité.»
Voilà qui est dit, sans doute à l’attention de quelques dissidents possibles et, sans doute également, afin de ne pas vivre ce que le PS a vécu avec les frondeurs ou LR entre Wauquiez et ses opposants.
Mais Grangeon a également rappelé les objectifs de LREM au nombre que quatre:
«La première d'entre elle : accompagner le Gouvernement et le Parlement dans la transformation du pays, en soutenant la majorité présidentielle, pour expliquer inlassablement le sens des réformes mais aussi, et c’est notre rôle, quand c’est nécessaire, inspirer, influencer voire challenger quelques-unes des politiques publiques.
La deuxième priorité, c’est aussi le rôle d'un mouvement et je crois qu'à partir de l'année prochaine, vient le temps des rendez-vous électoraux, il nous faut les préparer, c'est très important puisque les Français auront, ou pas, à nous témoigner ainsi leur confiance. Je pense en particulier au premier rendez-vous électoral: les élections européennes. (…)
La troisième priorité et c’est notre raison d’être: continuer à inventer des nouvelles formes d’engagement, faire de la politique autrement. C’est là une de nos promesses, une des promesses fondatrices de La République En Marche: nous avons en cours une foison de projets citoyens, avec au fond une idée, une seule idée en tête qui nous guide: être les vigies du réel.
Enfin bien sûr, dernière priorité: affirmer notre corpus idéologique et programmatique, notamment autour de l’idée du progrès. C’est un travail de longue haleine, nous avons fait un pas important hier avec notre colloque, mais cette colonne vertébrale se construira tout au long du quinquennat et, c'est cela notre originalité, elle s'articulera avec les transformations que nous mettons en œuvre. C’est d’autant plus nécessaire que nous sommes aux responsabilités.»
Cette «dernière priorité» par rapport à tout ce que nous avons dit d’un parti majoritaire dans la V° République a de quoi étonné (d’autant que les discours, les interviews, le programme et le livre de Macron livrent déjà toutes les clés du «corpus idéologique et programmatique») à moins qu’il ne s’agisse que d’entretenir une dynamique militante qui n’est jamais allée de soi quel que soit la majorité en place.
Mais ce que les «marcheurs» doivent toujours avoir en tête c’est que leur mouvement a été créé de toute pièce pour soutenir le projet d’un homme, Emmanuel Macron, tout comme les «gaullistes» savaient que le RPF puis l’UNR et enfin l’UDR, brièvement, avaient comme seul ligne politique, le projet de Charles de Gaulle.