mardi 31 décembre 2013

L’année du Centrisme en France. 2013, une refondation du Centre tant attendue en chantier

A l’orée de 2013, nous disions que celle-ci serait une année décisive pour le Centre et les partis centristes dans la reconstruction d’un espace centriste après la déculottée des élections présidentielles et législatives de 2012.
Une année sans élections nationales qui devaient permettre l’amorce de tentatives de rapprochement des centristes comme de celles de positionnements politiques spécifiques sans autre pression que de se préparer à 2014 et aux scrutins municipal et européen.
Tout cela a eu lieu comme prévu avec une réunion entre l’UDI de Jean-Louis Borloo et le Mouvement démocrate de François Bayrou même si les interrogations demeurent sur sa pertinence et sa durée.

- L’Alternative ou plutôt «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative» qui est la vraie dénomination de cette «organisation coopérative» a donc vue le jour le 5 novembre dernier devant un parterre de journalistes qui ont assisté à un show d’un François Bayrou très à l’aise et à une intervention bien pâle d’un Jean-Louis Borloo emprunté, se succédant à la tribune pour annoncer leur union.
Celle-ci a été pour le moins rapide à se conclure, trop rapide pour certains centristes, que ce soit du côté de l’UDI ou du Mouvement démocrate, qui craignent une alliance superficielle et sans consistance, surtout uniquement électoraliste.
Si l’on peut effectivement se demander qu’elle est la véritable assise politique et programmatique de l’Alternative, tant les discussions ont été nébuleuses et tant les discours demeurent éloignés sur certaines questions, il est évident que l’alliance des deux partis du centre de l’échiquier politique français est électoraliste, plus une question d’existence même, si ne ‘est encore existentielle, tellement les résultats des sondages concernant l’UDI et le Mouvement démocrate demeurent désespérément médiocres.
D’ailleurs, une première réponse sur les capacités de l’Alternative d’en être vraiment une face au PS et à l’UMP (l’allié «naturel») a été donné dans l’incapacité dans de très nombreuses villes de voir l’UDI et le MoDem s’alliés dans une liste commune uniquement centriste pour les prochaines municipales et devant faire alliance dès le premier tour avec l’UMP.
Paris est évidemment le cas emblématique de ces difficultés de peser politiquement et électoralement tout en étant une épine dans le pied de l’UMP qui craint que les listes de l’Alternative, que ce soit aux municipales ou aux européennes, permettent au Front national de devancer la formation de droite.
L’Alternative serait donc, pour l’instant, plus forte par son pouvoir de nuisance que par son pouvoir d’attraction.
Cette analyse sera évidemment au cœur des commentaires sur les résultats des deux échéances électorales de 2014.
Encore un mot sur cette «organisation coopérative» qui a permis à l’UDI et au Mouvement démocrate de s’unir. Jusqu’à maintenant, elle n’a pas réussi à débaucher plus que quelques personnalités éparses chez les centriste de l’UMP (comme Pierre Méhaignerie) et aucune du côté du centre-gauche.
De ce point de vue, son pouvoir d’attraction à l’intérieur même de la mouvance centriste est demeuré très limité en 2013.

- François Bayrou n’y arrive plus, Jean-Louis Borloo n’y arrive pas encore
On avait laissé, fin 2012, un François Bayrou battu et en plein doute mais pas encore résigné à abandonner son «indépendance», d’un côté, et de l’autre, un Jean-Louis Borloo plein d’espoirs, affirmant avoir conquis son «indépendance» mais toujours aussi velléitaire.
Le premier avait perdu les présidentielles et les législatives, ne parvenant pas à être le partenaire qu’il rêvait d’être de François Hollande et de la Gauche tout en continuant à perdre des troupes au centre.
Le second avait bien mis en place l’UDI en récupérant des partis centristes en plein désarroi et déliquescence mais tardait à s’imposer comme chef d’autant que son positionnement politique demeurait flou (de droite, de centre-droit, de droite modérée, du centre, radical, républicain?).
Un an après, François Bayrou a perdu le match de la prééminence au centre de l’échiquier politique et tente de gagner celui du leadership dans le nouvel ensemble de l’Alternative.
Jean-Louis Borloo a bien gagné le match de la prééminence au centre mais il a été incapable de s’imposer comme le leader «naturel» des centristes.
La bataille du leadership au centre a, néanmoins, été lancée en 2013 avec la création de l’Alternative.
Le gagnant sera, évidemment dans notre système constitutionnel de la V° République, celui qui représentera cette Alternative (si elle existe encore…) à la présidentielle de 2017.
Au vu de ce qui s’est passé en 2013 et notamment les deux derniers mois de l’année, François Bayrou a pris une petite avance médiatique sur Jean-Louis Borloo. Pas sûr, en revanche, qu’il soit encore capable de mobiliser des troupes dans quatre ans pour être un outsider crédible à la présidentielle après, rappelons-le, trois tentatives ratées où il n’a jamais pu se qualifier pour le deuxième tour malgré son bon score de 2007.

- Hervé Morin cherche une porte d’entrée, Jean-Christophe Fromantin une porte de sortie
Chez les seconds couteaux centristes qui se retrouvent dans l’Alternative, deux sont en porte-à-faux pour des raisons diamétralement différentes.
Il y a d’abord Hervé Morin, le président du Nouveau centre et vice-président de l’UDI qui ne parvient pas à exister face à Bayrou et Borloo et ce, malgré des déclarations à l’emporte-pièce et parfois surréalistes, afin d’attirer l’attention des médias.
Incapable d’exister de manière autonome lorsqu’il était à l’UDF de Bayrou, ministre de la Défense sans grands pouvoirs de Nicolas Sarkozy, chef très contesté d’un Nouveau centre incapable de se structurer en grand parti, second rôle à l’UDI face à un homme qu’il déteste, Jean-Louis Borloo, son avenir semble assez bouché.
Sans oublier ses déboires lors de la présidentielle de 2012 (1% d’intentions de vote ou moins, incapacité de réunir les 500 signatures nécessaires pour se présenter alors que Jacques Cheminade y parvint).
On le comprend, 2014 sera une année cruciale pour Morin s’il ne veut pas disparaître des écrans radars de la politique spectacle et se cantonner à être un «simple» député du département de l’Eure.
Pour Jean-Christophe Fromantin, 2014 est également l’année de tous les dangers où il va devoir s’affirmer comme un homme politique de premier plan, capable de se faire (re)connaître au-delà de sa ville de Neuilly-sur-Seine et de voler de ses propres ailes tellement sa présence à l’UDI semble incongrue.
Les prochaines municipales vont être son premier test. On se rappelle qu’il avait réussi contre toute attenter à enlever la mairie aux proches de Sarkozy, le «parrain» politique de la ville et alors fraîchement élu président de la république, lors des municipales de 2008 avec une liste indépendante de droite.
Fromantin est devenu ensuite député en 2012 tout en rejoignant l’UDI et devenant le responsable du projet politique.
Tout semblait lui sourire. Mais l’homme est un loup solitaire avec des idées bien arrêtées qui sont souvent fortement éloignées de celles de Jean-Louis Borloo, son président, et même de celles du Centre.
Il y a donc de l’eau dans le gaz, d’autant qu’il a combattu et qu’il combat toujours avec une grande énergie la mise en place de l’Alternative et le rapprochement avec Bayrou, homme pour lequel il n’a aucune sympathie, ce qui est un euphémisme.
De l’autre côté, l’UMP veut lui faire payer sa transgression de 2008.
Du coup, il pourrait être un des grands perdants de l’année qui vient.
Mais s’il gagne ses challenges alors il prendra sans doute une nouvelle dimension politique, pas forcément au centre de l’échiquier politique malgré tout.
Reste, pour autant, à ce qu’il développe un discours politique plus consistant.

- Jean-Christophe Lagarde, éternel espoir?
Le député-maire de Drancy avait réussi une année 2012 particulièrement prometteuse en créant une formation politique (FED) et en étant un des artisans principaux de la création de l’UDI aux côté de Jean-Louis Borloo.
Celui qui est vu comme un espoir du Centre depuis plusieurs années a, malgré tout, eu du mal à sortir du lot en 2013.
Evidemment, la faiblesse des partis centristes ne permet pas une exposition médiatique forte mais Jean-Christophe Lagarde est demeuré dans l’ombre de Jean-Louis Borloo même s’il a critiqué plusieurs fois le manque de consistance politique de ce dernier.
Et la création de l’Alternative, le voit maintenant derrière, non seulement, Borloo mais aussi Bayrou.
Dès lors, l’année qui vient de passer n’aura pas été celle de son éclosion sur la scène politique. Pire, elle pourrait annoncer son déclin s’il ne trouve pas l’énergie nécessaire pour exister face à ses deux rivaux.

- Quid des centristes de l’UMP
Devant le rapprochement de l’UDI et le Mouvement démocrate, plusieurs centristes de l’UMP ont marqué leur intérêt mais pas plus. Peu d’entre eux ont rejoint la nouvelle entité qui ne deviendra attrayante que si elle obtient des résultats électoraux.
Mais si Jean-Pierre Raffarin ou quelques autres se sont montrés affables avec l’Alternative, d’autres comme Jean-Philippe Daubresse, ont musclé leurs discours qui a plus à voir désormais avec celui de la droite dure que du centre-droit, rappelant que les opportunistes au centre de l’échiquier politique sont toujours d’actualités...
Pour autant, en 2013, l’UMP n’a globalement pas perdu ses centristes ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’Alternative qui doit absolument en convaincre un certain nombre en 2014 pour passer un cap politique indispensable.

- Où sont les nouvelles têtes?
Soyons clairs et succincts, il n’y a eu aucune nouvelle tête centriste qui a émergé en 2013.
Ce sont plutôt les vieux de la vieille qui ont tenu le haut du pavé, de Borloo à Bayrou en passant par Raffarin.
Dans ce registre (même si on ne voit poindre aucune tête particulière), vivement 2014!

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

mardi 24 décembre 2013

Une Semaine en Centrisme. La refondation du Centre connait son premier tournant

Personne ne pensait que la réunion de l’UDI et du Mouvement démocrate dans l’Alternative en novembre dernier serait un long fleuve tranquille une fois que leurs deux ténors se seraient serrés la main.
Les premières tensions étaient d’ailleurs apparues dès l’accord entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou avec nombre d’élus et de dirigeants, à la fois du côté de l’UDI et du MoDem, qui demeuraient dubitatifs sur un rapprochement qui se faisait sans discussions approfondies à tous les niveaux.
Mais nécessité faisant loi, l’approche des municipales et des européennes, l’Alternative devait se cimenter dans l’action disait-on dans les états-majors.
Force est de reconnaître que la constitution des listes pour les municipales montre les limites de cette stratégie.
Bien sûr, il y a Paris où l’on assiste à un psychodrame avec un Jean-Louis Borloo «ulcéré» selon Le Figaro, «en fureur» selon Le Monde, menaçant même une absence de listes communes aux municipales et aux européennes (remettant donc en cause le contrat signé avec François Bayrou) et accusant les chefs du Mouvement démocrate, notamment Marielle de Sarnez, de ne pas la jouer collectif.
Et c’est vrai que l’on voit des craquements un peu partout qui légitime ce discours un rien comminatoire dans le sens où Borloo ne pouvait pas ne pas imaginer que les choses sérieuses et difficiles commenceraient une fois l’accord signé et non avant.
Néanmoins, dans nombre de villes, les deux partis centristes travaillent dans une bonne ambiance et il ne faudrait donc pas exagérer la crise que connait actuellement l’Alternative.
Sauf que les problèmes se situent dans des endroits très emblématiques comme Paris mais aussi Marseille, Toulouse, Lille, Lyon, etc.
Et ce n’est pas parce qu’on fera liste commune (et souvent avec l’UMP dès le premier tour) dans quelques petites bourgades que cela atténuera le sentiment de malaise qui émane des mauvais rapports dans les grandes villes.
Quoi que l’on pense de l’Alternative, il serait catastrophique pour les partis centristes et l’avenir proche du Centre en France que celle-ci implose dès ses premières difficultés.
Mais si cela se produit, ne serait-ce pas la conséquence naturelle d’un contrat rédigé et signé à la va-vite?
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

lundi 23 décembre 2013

L’Humeur du Centriste. La chienlit des centristes parisiens, pas vu à la télé!

Mieux que n’importe quel reality show, les querelles de l’alliance Droite-Centre pour les municipales à Paris vont devenir le blockbuster de cette fin d’année pour le plus grand plaisir des petits et grands socialistes.
Pas besoin d’allumer sa télé pour regarder un spectacle aussi réjouissant que pathétique, tout ce que nous proposent les reality shows que nous évoquions.
Et l’on peut penser qu’Anne Hidalgo, la candidate PS à la mairie est la première fan de ce vaudeville affligeant.
Résumons les épisodes précédents (et futurs): la Droite et le Centre ne sont pas d’accord entre eux, la Droite n’est pas d’accord avec elle-même, l’UDI n’est pas d’accord avec le Mouvement démocrate et inversement, l’UDI n’est pas d’accord avec elle-même et le Mouvement démocrate s’est scindé en ceux qui supportent Nathalie Kosciusko-Morizet et ceux qui souhaitent la victoire d’Anne Hidalgo.
Mieux que Dallas pour les anciens qui n’était pourtant qu’une vulgaire série US du siècle précédent.
Mieux que Secret story pour les plus jeunes qui pourtant est près du zéro absolu (une qualité dans ce domaine).
Et l’on apprend dans le dernier épisode que Marielle de Sarnez, chef de file du MoDem à Paris et très très proche de Bayrou, a roulé dans la farine ce pauvre Christian Saint-Etienne de l’UDI qui, décidément ne fait pas le poids du tout et ce, avec l’aide de madame Kosciusko-Morizet.
Deux femmes rusées qui se mettent d’accord sur le dos d’un homme qui se la jouait macho, cela rappelle les bonnes comédies de monsieur Labiche.
Et puis voilà que le «papa» du macho, Jean-Louis Borloo rue dans les brancards fulminant que l’on se soit joué de sa famille alors que le «fiston» penaud tente d’expliquer ses bourdes.
C’est sûr, ça on l’a pas vu à la télé!
Plus sérieusement, les centristes parisiens mais aussi les centristes tout court sont en train de se ridiculiser (et de perdre, subséquemment, les prochaines élections).
Il faut désormais espérer un sursaut de la part des scénaristes de ce film de série ZZZ+ (loin d’être dégradé par une improbable agence de notation de sitcoms, au contraire) pour en faire une histoire qui se termine bien.
Mais on ne le redira jamais assez, une grande partie de cette chienlit vient du manque de courage des centristes qui n’ont pas osé présenter une liste autonome à Paris.
Comme le disait Kennedy et quelques autres, le courage est la première qualité du politique.
Mais ce Kennedy, à quel reality show participe-t-il?!
Centristement vôtre.


Le Centriste

dimanche 22 décembre 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Il y a 150 ans, Lincoln honore la démocratie

Voilà un anniversaire qui est passé presque inaperçu, même aux Etats-Unis, celui du fameux discours d’Abraham Lincoln à Gettysburg, le 19 novembre 1863, en mémoire aux soldats morts lors de cette bataille particulièrement sanglante qui se déroula entre les 1er et 3 juillet de la même année et fut un tournant dans la Guerre de Sécession, décidant largement de la victoire du Nord contre le Sud confédéré, même si le conflit fratricide dura encore deux longues années.
Ce discours n’a pas à voir directement avec l’émancipation des Afro-Américains et avec l’abolition de l’esclavage mais parle de la démocratie, ce gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple et d’une nation d’hommes libres qui comprenait déjà dans l’esprit de Lincoln tous les habitants des Etats-Unis (puisque le discours d’émancipation des esclaves est antérieur, datant de septembre de la même année).
Ce discours est d’autant plus essentiel qu’en ce milieu de XIX° siècle, les Etats-Unis sont le seul pays au monde à avoir un vrai système démocratique (à quelques iotas près évidemment).
Et, Abraham Lincoln qui fut connu pour être un tribun hors pair, dédie la victoire des troupes de l’Union à la sauvegarde et à l’approfondissement de cette démocratie en quelques mots d’une extraordinaire puissance que voici.
«Il y a huit décennies et sept ans, nos pères donnèrent naissance sur ce continent à une nouvelle nation conçue dans la liberté et vouée à la thèse selon laquelle tous les hommes sont créés égaux.
«Nous sommes maintenant engagés dans une grande guerre civile, épreuve qui vérifiera si cette nation, ou toute autre nation ainsi conçue et vouée au même idéal, peut résister au temps. Nous sommes réunis sur un grand champ de bataille de cette guerre. Nous vînmes consacrer une part de cette terre qui deviendra le dernier champ de repos de tous ceux qui moururent pour que vive notre pays. Il est à la fois juste et digne de le faire.
«Mais, dans un sens plus large, nous ne pouvons dédier, nous ne pouvons consacrer, nous ne pouvons sanctifier ce sol. Les braves, vivants et morts, qui se battirent ici le consacrèrent bien au-delà de notre faible pouvoir de magnifier ou de minimiser. Le monde ne sera guère attentif à nos paroles, il ne s'en souviendra pas longtemps, mais il ne pourra jamais oublier ce que les hommes firent. C'est à nous les vivants de nous vouer à l'œuvre inachevée que d'autres ont si noblement entreprise. C'est à nous de nous consacrer plus encore à la cause pour laquelle ils offrirent le suprême sacrifice; c'est à nous de faire en sorte que ces morts ne soient pas morts en vain; à nous de vouloir qu'avec l'aide de Dieu notre pays renaisse dans la liberté; à nous de décider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, ne disparaîtra jamais de la surface de la terre.»
Il n’est pas inutile de se rappeler lors d’anniversaires mémoriels de cette sorte que la démocratie libérale représentative défendue par le Centre et le Centrisme n’est pas une donnée intangible dans un monde où ses adversaires n’ont jamais désarmé et ne désarmeront jamais.
S’il s’agit du meilleur système (ou du moins mauvais…), il n’est pas «naturel» comme nous l’ont dit et redit tous les penseurs libéraux du XVIII° siècle à nos jours, nous enjoignant de nous battre pour le conserver.
Au moment où certains à la mémoire courte dans les démocraties penchent vers des extrêmes qui ont toujours abhorré cette démocratie libérale, ressourçons-nous dans tous les combats qui nous permettent aujourd’hui d’être des citoyens libres et égaux afin de faire en sorte que nos enfants et leurs enfants seront également de cette communauté de privilégiés que l’on espère voir un jour être composée de tous les habitants de cette planète.
Et il n'est pas anodin de penser que le discours de Gettysburg fut prononcé par un président américain considéré comme un centriste.

vendredi 20 décembre 2013

L’Humeur du Centriste. Même réuni, le Centre est désuni!

Va-t-on vers deux listes UMP-Alternative (MoDem + UDI) à Paris?!
Non, ce n’est pas une plaisanterie de mauvais goût.
Le mauvais goût, il se trouve chez les représentants de l’UMP et de l’UDI parisiens.
Ainsi, tout juste passé, l’accord entre l’UMP et l’Alternative – qui acte l’incapacité des centristes de la capitale à présenter leurs propres listes – fait beaucoup de vagues à l’intérieur des clans de la Droite et du Centre où les ressentiments, les haines et les incompréhensions tenaces n’ont jamais été aussi fortes, mettant à mal le discours lénifiant d’union de la candidate de l’UMP, Nathalie Kosciusko-Morizet, dite NKM, et le non moins lénifiant discours de réconciliation des deux B, Jean-Louis Borloo et François Bayrou.
Pour ne parler que de ce qui nous intéresse ici, les centristes parisiens, les fractures sont profondes.
Il y a bien sûr le traitement de faveur accordé par NKM, à la fidèle d’entre les fidèles de Bayrou, Marielle de Sarnez qui ne passe vraiment pas à l’UDI.
Une pilule dure à avaler pour ces centristes qui ont multiplié ces dernières années les allégeances au camp de la Droite et qui voient que les «traitres» sont mieux traités qu’eux dès qu’ils retournent leur veste.
Mais il y a aussi les oppositions frontales à l’intérieur de l’UDI qui deviennent franchement des farces même plus drôles.
On connaissait les batailles d’égos entre les seconds couteaux comme MM. Pozzo di Borgo et Saint-Etienne, tous deux retoqués pour conduire une liste autonome de l’UDI qui a fait long feu tellement les sondages étaient désastreux et la connaissance des deux personnages précités par les Parisiens proche de zéro.
C’est au tour maintenant des troisièmes couteaux qui ne sont pas sur les listes, de se mettre à ruer dans les brancards en menaçant de faire liste commune avec les dissidents de l’UMP!
Plusieurs d’entre eux ont déjà été suspendus par leur parti dont Aurélien Véron, le président du Parti Libéral Démocrate et vice-président de l’UDI Paris.
Voilà qui fait désordre.
Le tout sur fond de campagne complètement nulle de NKM (dont on se rappelle quand même la très mauvaise prestation quand elle était la porte-parole du candidat Sarkozy en 2012) qui tente, en plus, de prendre les habits d’une bobo de gauche afin d’espérer battre Anne Hidalgo, la candidate du PS.
C’est pour ça que les centristes parisiens doivent se rassurer: de toute façon, ils seront dans le camp des perdants, celui qu’ils connaissent depuis si longtemps, n’est-ce pas monsieur d’Ornano (pour les plus jeunes, cliquez ici pour wikipedia!).

Centristement vôtre.


Le Centriste

mardi 17 décembre 2013

L’Humeur du Centriste. La stratégie de respectabilité centriste du… Front national!

On se rappelle (Humeur du Centriste du 22 septembre) de la déclaration de Marine Le Pen à propos du positionnement centriste du Front national à l’attention des Américains où elle se comparait à… Barack Obama!
Et bien, ce qui semblait être une grosse plaisanterie de mauvais goût pour tout centriste qui se respecte pourrait s’avérer en réalité une des stratégies électoralistes du parti d’extrême-droite afin d’acquérir, petit à petit, la fameuse respectabilité politique que veut absolument lui conférer Marine Le Pen, laquelle a compris que c’est le seul moyen pour le FN d’occuper le pouvoir, en tout cas de s’en rapprocher.
Car, voici désormais les affirmations de la tête de liste investie par le Front national à Strasbourg pour les prochaines municipales et ancien UDF, Jean-Luc Schaffhauser, qui prétend sans ambages qu’«on peut rester centriste et être au Rassemblement Bleu Marine».
Et si l’on se promène sur le site partisansmarine.com, on peut trouver des propos comme «j'ai été centriste et pro euro. Mais je me suis rendu compte des défauts de la zone euro dès 2008 et je pense que l'Acte unique européen qui instaure la libre circulation des capitaux et l'euro doit être modifié. La circulation des capitaux doit être régulée, surtout l'entrée des capitaux comme ceux du Qatar. C'est le sujet favori de Marine».
L’alliance entre centristes et frontistes est évidemment un non-sens que seuls quelques hurluberlus peuvent croire (tout comme celle d’une alliance avec les communistes que pourtant pratique depuis  le Mouvement démocrate à Aubagne et qui siège également dans des majorités municipales aux côtés de communistes comme à Dijon, par exemple).
Et pourtant…
Les plus anciens se souviennent qu’elle a déjà eu lieu avec des personnages controversés comme Jacques Blanc en Languedoc-Roussillon, Charlie Baur en Picardie, Jean-Pierre Soissons en Bourgogne, sans oublier Hervé de Fontmichel à Grasse et Charles Million à Lyon, tous alors membres de l’UDF.
Le pire est que certains de ces élus de haut vol sont demeurés dans le parti centriste ou y ont été réadmis comme Jacques Blancs, par exemple.
Cette petite piqûre de rappel n’est donc pas sans intérêt.
Surtout elle permet d’affirmer avec force ici que l’obsession d’être élu n’est pas une excuse pour faire n’importe quoi en s’alliant avec l’extrême-droite ou l’extrême-gauche.
Pour les centristes qui se veulent des vigies responsables d’une démocratie libérale, jouer à ce jeu revient à tourner le dos à toutes leurs valeurs.
Centristement vôtre.


Le centriste

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La démocratie nécessite un vrai service public d’information

L’information – tout comme la transmission du savoir – est au cœur de la démocratie représentative que défendent le Centre et le Centrisme.
Sans information, le citoyen ne peut ni connaître ses droits, les faire valoir et les exercer, ni savoir dans quel monde il vit.
Sans un citoyen informé par de citoyen libre et égal.
Il ne peut être, non plus, considéré comme une personne responsable, cette qualité nécessitant d’être correctement informé.
Donc pas de démocratie autre que formelle.
Il faut donc garantir la liberté d’expression mais aussi le droit à l’information du citoyen.
Cela passe par une garantie d’une presse libre mais aussi par un devoir de la société d’informer ses membres.
C’est pourquoi, dans la plupart des démocraties comme la France, les Etats-Unis, la Grande Bretagne, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne et bien d’autres, il existe, à côté d’un secteur privé de l’information, un secteur public, prolongement naturel du service public de l’éducation.
Mais ce secteur public d’information a montré, au fil des ans, ses limites.
D’abord une limite politique puisqu’il est géré par l’Etat (et parfois même par le gouvernement en place) donc il est toujours plus ou moins soupçonné d’être relativement proche du pouvoir en place, tout au moins de partager la même vision, même si ces reproches sont exagérés.
Ensuite une limite déontologique puisque, se confrontant au secteur privé, il doit, pour survivre, adopter nombre des pratiques de ce dernier pour vendre son information (et ses divertissements) afin de faire de l’audience, ce qui n’est absolument pas sa finalité.
Résultat, le citoyen n’a pas à sa disposition une information de qualité, sans fioritures et sensationnalismes, parlant du fond de ce qui est essentiel pour accomplir son devoir de membre éclairé de la communauté.
Il faut donc un véritable service public d’information (ce qui suppose, par ailleurs, qu’il ne délivre que de l’information et ne s’occupe pas du divertissement).
Libre, indépendant, gratuit, déontologiquement inattaquable, voilà l’absolu nécessité de l’absolu nécessaire service public d’information pour informer le citoyen et lui permettre d’être suffisamment éclairé pour choisir ses représentants et pour contrôler leur action ainsi que pour être capable de comprendre le monde dans lequel il vit afin d’être acteur responsable de sa vie.
Or, aujourd’hui, ce n’est pas le cas. On peut même dire que cela n’a jamais été le cas malgré ce que prétendent les esprits chagrins qui regrettent l’époque flamboyante de la presse écrite, oubliant que depuis toujours la majorité des titres font du sensationnel et de la sélection d’information pour des motifs partisans, ce qui n’a rien à voir avec le devoir d’informer.
Mais la publicité et l’impératif de racoler le lecteur, deux nécessités pour faire vivre économiquement parlant, un média, ne peuvent pas aboutir à autre chose.
Reste que la liberté de la presse est une condition sine qua non de la démocratie.
Tout le monde doit pouvoir dire et écrire ce qu’il pense.
Néanmoins, le citoyen a aussi le droit de pouvoir trouver un endroit où il pourra s’informer de la manière la meilleure possible et la plus «objective» possible, le tout, évidemment, «gratuitement».
Ce service public d’information subventionné et financé par divers moyens n’aura aucunement pour objectif de phagocyter à son profit l’information mais d’être, à côté de la presse et des médias libres, un organe qui délivre une information nécessaire au citoyen libre et responsable.
Il est important de dire que l’information a toujours été prise entre, d’une part, la propagande d’organisations publiques ou privées et, d’autre part, une vision spectaculaire et commerciale permettant aux entreprises de presse d’exister et de faire des profits.
Ceux qui parlent d’un âge d’or de la presse où celle-ci aurait agi dans le seul but d’informer objectivement, ont la mémoire bien courte ou un manque criant de connaissances historiques dans ce domaine.
Bien entendu, l’accélération technologique a permis à l’information de pouvoir être plus rapide et de se démultiplier.
Cependant, réduire la problématique à l’apparition des stations de radios et des chaînes de télévision d’information en continue ainsi que du média internet est une contrevérité.
Tout au plus peut-on dire que les problèmes inhérents à son fonctionnement, à son domaine d’intervention et aux attentes de ses clients ont suivi la même courbe exponentielle que celle de la multiplication des médias et de l’information.
Il n’en demeure pas moins que ces problèmes sont constitutifs même de l’information et de sa possible manipulation.
Le médiateur, l’informateur, chargé d’être le lien entre l’information et l’informé peut avoir de multiples raisons de dire certaines choses et d’en cacher d’autres.
N’est-ce pas ce que nous faisons nous-mêmes dans notre communication avec les autres?!
Mais, dans le cas qui nous intéresse, il doit pouvoir y avoir une source d’information qui tente d’être la plus neutre et la plus objective possible.
Car l’information ne peut pas être qu’un produit commercial comme un autre que l’on peut malaxer comme l’on veut afin de pouvoir la vendre à n’importe quel prix et de n’importe quelle manière.
C’est ce qui justifie ce service public.
Celui-ci ne doit évidemment pas être ni «la voix de la France», ni même «info France» mais un organisme totalement indépendant chargé de délivrer une information citoyenne pour ceux qui la veulent, sans pressions commerciale et/ou partisane.
Ce n’est évidemment pas un service qui se substitue aux médias actuels mais qui vient en complément de ceux-ci, qui s’ajoute à eux.
Il ne sera la propriété ni de l’Etat, ni même des journalistes qui y travaillent mais de la collectivité nationale.
Il sera régi par une règle déontologique stricte à laquelle veillera un organisme de tutelle élu au suffrage universel.
On comprend que cette solution n’est pas parfaite (il n’en existe malheureusement pas) mais elle est la moins mauvaise.
Ainsi, la liberté de la presse sera conservée comme un bienfait inestimable de la démocratie.
Mais il existera aussi cette source d’information indispensable à la citoyenneté réelle et effective.
Reste à trouver la volonté politique.
N’oublions pas, à l’attention de tous les esprits chagrins, que personne ne sera obligé de lire, écouter ou regarder les informations de ce service public.
Enfin et surtout, si nous continuons dans les dérives actuelles, nous risquons d’aboutir à ce que l’information ne soit plus qu’un produit de même nature que le divertissement.
Et nous n’aurons plus que des consommateurs et plus de citoyens.

Voilà bien le rêve de tous les apprentis dictateurs.

vendredi 13 décembre 2013

Une Semaine en Centrisme. Pessimistes et déclinistes les Français demeurent démocrates

Plusieurs sondages récents donnent un panorama intéressant de l’état d’esprit actuel des Français.
On pourrait le résumer en disant que ceux-ci sont des pessimistes (66% estiment l’identité de la France menacée) déclinistes (à 73%), concernés (93% sont attachés à la France) et préoccupés (à 52%) par la situation actuelle du pays et par la leur, personnelle, mais qu’ils demeurent combatifs (à 54% contre seulement 15% résignés) et attachés à la démocratie ce qui n’est pas sans importance dans une période troublée où les populismes tentent de récupérer l’angoisse et la colère de la population à leur profit et pour leurs idéologies obscurantistes.
Ainsi, pour l’enquête CSA (1), dont sont extraits les chiffres ci-dessus, 57% des Français estiment que le «moyen d’action le plus efficace pour faire entendre leur voix ou leurs opinions» est le droit de vote.
Toujours selon cette enquête, 72% d’’entre eux estiment qu’être Français aujourd’hui c’est être attaché «aux valeurs de la République: Liberté, Egalité, Fraternité».
Une enquête de l’agence Mediaprism (2) citée par Le Figaro magazine nous apprend, par ailleurs, que 99% des sondés estiment que pour avoir confiance en l’avenir il faut «être libre de penser et d’agir», 97% qu’il faut «vivre en démocratie et avoir le droit de vote» et 92%, «vivre dans un pays laïc».
Ouf! Les Français croient encore à la démocratie et à ses valeurs.
De même, ils sont encore 67% à choisir le progrès contre seulement 33%, les traditions, montrant une certaine foi en l’avenir malgré les difficultés de leur quotidien.
En revanche, ils sont de plus en plus sceptiques sur notre capacité à vivre ensemble. Selon CSA, 57% affirment même que «ce qui divise les Français est plus fort que ce qui les rassemble».
Bien sûr, ce résultat vient aussi de cette prise de conscience positive en démocratie de la différence qui permet à chacun d’avoir ses idées, ses opinions et sa vision de l’existence sans devoir adopter un comportement normatif et uniforme des sociétés du passé.
Pour autant, il montre une difficulté à vivre ensemble qui se traduit souvent par cet irrespect au nom de son «droit» à être, non pas différent, mais «extraordinaire», c’est-à-dire, in fine, au-dessus des autres.
Et s’ils estiment à 79%, à contre-courant d’une opinion médiatique fort présente et pesante que le politique ne peut plus rien, que les gouvernants ont «vraiment les moyens d'agir et d'influer sur le cours des choses» (32%) ou ont, malgré tout «des marges de manœuvre pour agir mais ne peuvent influer qu'à la marge sur le cours des choses» (47%), les Français pensent à 88% que les gouvernants «ne se préoccupent pas des gens comme vous».
Et ils sont 49% à affirmer que c’est le gouvernement qui a le plus de pouvoir pour faire avancer la France sans pour autant se défausser sur celui-ci puisque 48% disent également que c’est «chacun d’entre nous à son niveau), tout cela loin devant les entreprises (32%), les mouvements citoyens (21%) ou l’Union européenne (19%).
Et ce qui les préoccupe le plus désormais, ce sont les inégalités. En un an, elles sont devenues la «première menace sur la capacité à bien vivre ensemble en France» comme le dévoile un sondage Ipsos (3) pour le Conseil économique social et environnemental pour illustrer sa dernière conférence sur le vivre ensemble.
En hausse de 11 points en un an, c’est le premier item cité par les Français détrônant au passage la crise économique et financière, 38% contre 34% (viennent ensuite les extrémismes religieux, l’individualisme, les extrémismes politiques, le repli communautaire et le fossé entre les générations).
Dans l’enquête CSA, 77% des Français estiment qu’«au cours des dernières années les inégalités sociales en France se sont plutôt aggravées» contre 10% «qu’elles se sont plutôt réduites» et 13% qu’elles n’ont pas changé.
Néanmoins, s’ils devaient choisir, les Français choisiraient la liberté (à 61%) plutôt que l'égalité (à 39%) selon CSA.
En ce qui concerne la mondialisation, les Français voient négativement la globalisation économique (58% contre 27%) mais apprécient la mondialisation culturelle (49% contre 35%).
Une bonne nouvelle malgré la frilosité en matière d’ouverture économique, puisque l’on nous rebattait constamment ces dernières années notre soi-disant fermeture d’esprit vis-à-vis de l’autre étranger, des autres cultures et de la culture métissée de la mondialisation.
Dans cet afflux de données, les centristes peuvent y trouver la confirmation que leur positionnement politique correspond à l’époque actuelle mais aussi qu’il y a des dangers qui peuvent devenir extrêmement préoccupants dans les années à venir.
La foi en la démocratie, l’ouverture à la culture mondiale, la volonté d’être combattif face à la situation, savoir que l’on doit compter sur soi-même (responsabilité) et que la liberté est plus importante que l’égalité sans pour autant que cette dernière ne soit oubliée (74% pensent que la société n’est pas assez égalitaire) tout en estimant que les gouvernements ne peuvent plus rien faire est une vision somme toute équilibrée.
De même, il y a un motif d’espérance dans notre société où monte l’irrespect de l’autre, les Français placent les incivilités en troisième position sur ce qui les indigne le plus aujourd’hui, juste derrière la fraude aux aides sociales et la précarité de l’emploi.
En revanche, la peur de la globalisation économique, le peu de crédibilité accordée à l’Union européenne, la défiance envers les partis politiques (75%) et les médias (49%), la vision négative de la décentralisation (41% contre 22%) montre des Français angoissés par l’ouverture économique au monde, portant une grande défiance à la politique et à l’information qui est délivrée (deux biens essentiels de la démocratie) et une appétence très limitée pour la manière dont la décision politique est organisée entre l’échelon central et les niveaux locaux.
Reste une donnée essentielle dont les gouvernants doivent se saisir: 66% des Français estiment qu’il s'agit «d'une crise sans précédent» que nous vivons actuellement et qu’il sera difficile «d’en sortir sans réformer en profondeur le pays».
Alors, au boulot, tous ensemble!
Alexandre Vatimbella
Directeur du Crec
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

(1) Enquête CSA réalisée du 14 au 21 novembre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 2004 personnes âgée de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points
 (2) Enquête Mediaprism réalisée par internet du 2 au 8 octobre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 1057 personnes âgée de 18 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points
(3) Enquête ISPOS réalisée les 8 & 9 novembre 2013 auprès d’un échantillon représentatif de 1025 personnes âgée de 15 ans et plus / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points


lundi 9 décembre 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Nous chérissons une histoire que nous ne connaissons pas!

49% des Français (pourcentage le plus élevé), interrogés en novembre dernier par l’institut de sondage CSA, considèrent que son histoire est ce qui définit le mieux la France devant sa gastronomie (46%), ses paysages et ses terroirs (40%), son modèle de protection sociale (38%) et sa devise républicaine «Liberté, égalité, fraternité» (33%). A noter que le chauvinisme arrive dans les derniers avec 7% de citations…
Tout cela serait parfait si les Français connaissaient leur histoire ce qui malheureusement est très loin d’être le cas!
Ce qu’ils célèbrent dans ce sondage, c’est plutôt le fait que l’histoire de France est glorieuse parce qu’on le leur dit (et non parce qu’ils le considèrent comme tel) et que nous avons été, grâce à Charlemagne, Richelieu, Louis XIV, Napoléon et quelques autres personnages plus ou moins controversés, une des plus grandes puissances mondiales voire la plus grande.
Tout cela a plus à voir avec de la légende nationaliste qu’avec l’histoire.
Pourtant, savoir d’où nous venons et ce qui est survenu dans le passé est d’une grande importance pour qui veut être capable de conduire sa vie en toute connaissance de cause et pour qu’une communauté puisse faire des choix collectifs responsables.
Sans discuter ce que veut dire raconter l’histoire d’un pays, d’une civilisation ou du monde avec tous les problèmes que cela pose, tant du point de vue de l’objectivité, de la véracité, de la manière dont on le raconte et d’où on se place pour le faire, la connaissance du passé nous permet de nous appuyer sur l’expérience afin d’explorer les possibles acceptables et refuser les aventures dont le passé nous montre tous les dangers.
Comment apprécier à sa juste valeur le régime démocratique et rejeter un nouvel Hitler lorsque l’on se rend compte qu’à peine près de soixante-dix ans après sa mort, beaucoup de jeunes allemands ne savent pas ce que le dictateur nazi a fait quand ils ne connaissent même pas son nom?!
Et l’on pourrait multiplier les exemples tout aussi édifiants.
Les «grandes leçons» de l’histoire ont pour but de nous faire progresser vers une plus grande humanité.

C’est la raison pour laquelle le Centre dans sa démarche humaniste estime que la réflexion historique la plus honnête doit être un outil pour construire le présent et imaginer le futur.

dimanche 8 décembre 2013

L’Humeur du Centriste. Même réuni, le Centre a peur de se compter

Taratata! Les centristes parisiens claironnent partout qu’ils viennent de gagner… Non pas les municipales mais les négociations avec la Droite et sa représentante, Nathalie Koscuisko-Morizet qui vient de leur octroyer royalement un tiers des places sur ses listes.
«On était rien, on va devenir tout» se réjouit-on à l’UDI et au Mouvement démocrate d’autant que les deux partis étaient assez mal en point à Paris avec des candidats peu charismatiques et qui se faisaient la guerre entre eux (la guerre avait même lieu à l’intérieur à l’intérieur de l’UDI entre des personnes se détestant pas vraiment cordialement).
Pour NKM (Nathalie Koscuisko-Morizet), en tout cas, c’est une vraie bonne nouvelle puisque cet accord lui redonne un certain dynamisme face à la candidate du PS, Anne Hidalgo.
Mais étrange victoire quand même.
Au milieu de ces congratulations entre le Centre et la Droite, n’est-ce pas pourtant le seul conseiller municipal MoDem de Paris qui a quitté le navire pour rejoindre les listes de gauche, qui a raison en parlant de « renoncement » des deux partis centristes à « leurs valeurs d’indépendance et de liberté ».
Car, ne nous a-t-on pas expliqué en long et en large, que la création de l’Alternative le 5 novembre dernier entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou était, entre autres, destinée à se compter lors des prochaines municipales avec des listes d’union entre les deux formations qu’ils président?
En se ralliant à l’étendard de l’UMP, l’Alternative n’en est plus vraiment une et elle envoie un drôle de message aux Parisiens mais également aux Français: même réuni, le Centre a peur de se compter.
Ce n’est certainement pas de cette façon qu’il pourra apparaître comme une alternative politique crédible…

Centristement vôtre


Le Centriste

jeudi 5 décembre 2013

Une Semaine en Centrisme. La démarche centriste de Mandela

Alors que vient de disparaître ce 5 décembre 2013 Nelson Mandela à 95 ans, vu comme une véritable icône et ce pas seulement en Afrique du Sud ou en Afrique tout court mais dans le monde entier, il n’est pas inutile de revenir, au-delà de la légende qui s’est forgée bien avant sa mort, sur la manière dont il a appréhendé la politique et son objectif de débarrasser son pays d’une des pires idéologies que l’homme ait inventé, l’apartheid, et qui ne fut pas en vigueur qu’en Afrique du Sud mais également dans d’autres pays, à une époque ou une autre (comme le Liberia où elle concernait des noirs entre eux ou même dans certains Etats des Etats-Unis entre blancs et noirs jusqu’aux votes des lois contre la ségrégation et les décisions de la Cour Suprême).
Car, au risque de surprendre certains qui le voient comme un extrémiste révolutionnaire, la démarche de Mandela a été essentiellement centriste, basée sur le bien de tous, le nécessaire équilibre et le droit des minorités à avoir ce qu’ont les majorités.
Bien évidemment, quand nous disons cela, nous n’oublions pas le radicalisme adopté par Mandela à une époque ou une autre devant, à la fois, l’impossibilité de faire bouger pacifiquement les lignes dans son pays et face aux guerres idéologiques qui régnaient après le second conflit mondial et qui ont fait que les Occidentaux se sont retrouvés – pour un temps seulement et heureusement – du côté du régime blanc de l’apartheid dans leur lutte contre le communisme au plus fort de la guerre froide alors que nombre de dictateurs, tels Fidel Castro ou Mouammar Kadhafi, se plaçaient, eux, non pas pour les noirs persécutés, mais contre ces mêmes Occidentaux en faveur du leader de l’ANC (African national congress).
De même, l’admiration de Mandela pour Che Guevara dont on connait désormais la vision idéologique bornée et son peu de cas pour l’humanisme, ne doit pas être oubliée au moment où l’on fait un bilan de son engagement politique.
Car, tout dans l’action de Nelson Mandela respire l’humanisme, le juste équilibre, la volonté de consensus.
Il a été convaincu que la démarche non-violente de Gandhi était la bonne et qu’il fallait pour le bien de son pays mais aussi de l’Afrique et du monde, qu’une grande entreprise de réconciliation ait lieu une fois que l’apartheid serait enfin vaincu.
Et à l’inverse de ce qui s’est passé dans la plupart des pays du monde lors du passage d’un régime à un autre, il n’y a pas eu de bain de sang, ni même de chasse aux sorcières.
C’est grâce à lui si l’on peut appeler aujourd’hui l’Afrique du Sud, une «nation arc-en-ciel», une sorte de miracle si l’on se souvient de la haine qui régnait entre les différentes communautés, blanche, noire, zoulou et indienne.
De même, il était considéré comme un «ubuntu» par son ami et compagnon de lutte, l’archevêque Desmond Tutu, qui définissait la notion ainsi: «Quelqu'un d'ubuntu est ouvert et disponible pour les autres, dévoué aux autres, ne se sent pas menacé parce que les autres sont capables et bons car il ou elle possède sa propre estime de soi — qui vient de la connaissance qu'il ou elle a d'appartenir à quelque chose de plus grand — et qu'il ou elle est diminué quand les autres sont diminués ou humiliés, quand les autres sont torturés ou opprimés».
Et il a mis en pratique cette maxime du même Tutu, «il n’y a pas de futur sans pardon».
Barack Obama, premier président noir des Etats-Unis, dans son hommage au premier président noir d’Afrique du Sud, a expliqué qu’il ne «pouvait imaginer sa vie sans l’exemple de Mandela».
Il a poursuivi en rappelant ce que Mandela avait dit, lors de son procès en 1964 qui devait le mettre derrière les barreaux pendant 27 ans: «Je me suis battu contre la domination blanche comme contre la domination noire. Je me suis battu pour l’idéal démocratique et pour l’harmonie entre les communautés et je suis prêt à mourir pour cela».
Oui, c’est un grand humaniste qui vient de nous quitter.
Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

Refondation du Centre. Premiers pas de l’Alternative, entre espoir et statisme

Depuis que l’UDI et le Mouvement démocrate se sont alliés dans l’Alternative, la consolidation de cette dernière est à l’ordre du jour en vue des municipales et des européennes.
Comme on pouvait le supposer, la réunion des centristes est plus facile à décréter dans les états-majors parisiens qu’à faire sur le terrain.
De même, il reste beaucoup à faire afin de convaincre les électeurs même si une majorité de Français approuvent la création de cette «organisation coopérative» selon les termes même du contrat établi entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou.
L’établissement des listes communes pour les municipales ainsi que les alliances dès le premier tour occupent largement les leaders de l’Alternative.
Au-delà de la candidature de François Bayrou à Pau, où il est probable malgré la ferme opposition de l’UMP locale ainsi que de Jean-François Copé, que le président du MoDem soit investi in fine par la Droite et le Centre (il a reçu le soutien d’Alain Juppé et de François Fillon, notamment), les cas difficiles sont nombreux.
Il y a bien sûr les grandes villes comme Paris (où le Mouvement démocrate avec Marielle de Sarnez a tenté de court-circuiter l’UDI en pleine bagarre interne en s’alliant directement avec l’UMP Nathalie Koscuisko-Morizet pour de meilleures places), Marseille (où l’UDI soutien le maire sortant, Jean-Claude Gaudin, alors que le Mouvement démocrate s’y refuse) et Lyon mais aussi toutes ces villes où les alliances de l’UDI ne sont pas les mêmes que celles du Mouvement démocrate comme à Dijon, à Chartres ou à Auxerre, entre autres.
Bien sûr, avant le dépôt des listes, il y aura des négociations et des accords mais il semble assuré que les exceptions seront encore nombreuses.
Il restera ensuite à constituer les listes communes aux européennes en servant tout le monde sans faire trop de déçus aigris…
Mais les discussions entre UDI et Mouvement démocrate pour les municipales ne sont que le premier niveau d’un plus vaste marchandage avec l’UMP.
Là aussi, l’Alternative va devoir affirmer son existence alors que les discussions concernent plus en ce moment l’UDI et l’UMP avec, d’ailleurs, de nombreuses pierres d’achoppement comme à Strasbourg, à Nîmes ou à Rouen, etc.
Outre les municipales et les européennes, l’Alternative doit exister médiatiquement.
C’est dans ce sens qu’il faut décrypter l’annonce qu’une proposition de loi sera faite chaque mois dans un domaine différent.
Sans oublier la sortie de la naphtaline du fameux contre-gouvernement mis sur pied par Jean-Louis Borloo voici plusieurs mois sur le modèle du «shadow cabinet» britannique et de l’initiative prise voici quelques années par… François Bayrou et qui avait fait un flop.
Ce contre-gouvernement a ouvert ses portes et ses places au Mouvement démocrate en tenant une réunion sur la fiscalité fin novembre où l’on a plaidé pour un «Grenelle de la dépense publique»…
Il en faudra sans doute plus pour faire exister cet organisme, d’autant que celui-ci, dans l’optique d’une alternance et de l’alliance «naturelle» UDI-UMP, devrait avoir des membres de cette dernière formation politique pour être vraiment crédible.
Reste que les partis centristes veulent affirmer leur spécificité, ce qui est une bonne chose, bien entendu, ce qui ne serait plus le cas dans le cadre d’un shadow cabinet dominé «naturellement» par l’UMP.
Car la grande difficulté de l’Alternative et qui était déjà celle de l’UDI va être d’affirmer sa personnalité et son existence même ainsi que de ne pas apparaître que comme un supplétif de l’UMP, alors même qu’elle s’est déjà rangée aux côtés de cette dernière électoralement parlant et qu’elle n’est pas la formation dominante.
C'est sûrement dans le mouvement qu'elle trouvera sa raison d'exister, mouvement qui pourrait, paradoxalement ouvrir des brèches dans cette entente pour l'instant a minima.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

vendredi 29 novembre 2013

L’Humeur du Centriste. Le bon et le mauvais vote blanc

Le vote blanc peut signifier que l’on a une conscience politique très forte ainsi qu’une connaissance très aiguisée des programmes partisans tout en ne se reconnaissant dans aucun des candidats qui se présentent aux suffrages des électeurs.
Mais il peut aussi signifier, tout simplement, une incapacité de choisir, notamment parce que l’on est totalement ignorant des affaires publiques (bien que ceci n’empêche nullement certains de voter pour un candidat plutôt qu’un autre!).
Dans le premier cas, on est bien dans un acte politique légitime.
Dans le deuxième, on est plutôt dans l’indécision coupable.
Si la reconnaissance de ce vote que viennent d’adopter les députés à l’unanimité (il n’y a même pas eu de bulletin blanc, un comble!) vient d’une initiative centriste, ce n’est sans doute pas pour rien.
Pour les centristes, il s’agit bien de montrer que se déplacer pour voter, fusse pour mettre un bulletin blanc (ou pas de bulletin du tout) dans l’enveloppe, est un acte civique qui doit être reconnu comme tel.
Pour leurs opposants, la reconnaissance d’une incapacité de choisir est bien une caractéristique centriste…
Plus sérieusement, qu’il s’agisse du bon ou mauvais vote blanc, leur reconnaissance est une excellente chose car il permet de comptabiliser ceux qui estiment que voter en démocratie est non seulement un devoir mais une chance sans pour autant qu’ils se sentent contraints par une offre politique qui ne les satisfait pas.
Il s’agit, donc, de dire à tous ceux qui participent aux élections qu’ils font bien partie des partisans de la démocratie dans un pays, la France, où, rappelons-le, le vote n’est pas obligatoire.
Reste à voir, à l’usage, si cette reconnaissance va augmenter le pourcentage du vote blanc, faisant en sorte d’empêcher le vainqueur d’une élection d’obtenir plus de 50% des voix, ce qui, pour certains, risquent de minimiser la victoire et donc la démocratie représentative.
Néanmoins, on pourra rétorquer que les partis politiques devront alors faire en sorte d’avoir une offre adéquate pour éviter le vote blanc.
Si l’unanimité a été obtenue pour cette reconnaissance du blanc, cette belle union de la représentation citoyenne a été battue en brèche dès le résultat obtenu puisque la majorité a décidé – pour des raisons techniques, selon elle – de ne pas appliquer cette décision pour les prochaines municipales.
Tollé dans l’opposition qui estime que cela valorisera le vote pour le Front national.
Car, selon elle, beaucoup d’électeurs (de droite) votent pour l’extrême-droite afin de montrer leur mécontentement au pouvoir en place et parce que le vote blanc n’est pas pris en compte.
Si cela était le cas, le FN serait à la baisse et serait moins menaçant pour les listes de droite lors du premier tour.
On attend de voir si un sondage public confirme cette thèse.

Centristement vôtre,


Le Centriste

lundi 25 novembre 2013

Une Semaine en Centrisme. Kennedy-Johnson: quand la légende éclipse le vrai réformateur centriste

Pendant la campagne des primaires démocrates de 2008, Hillary Clinton a rendu un vibrant hommage au président des Etats-Unis Lyndon Johnson (1963-1968), dit LBJ, pour avoir réformé en profondeur le pays, permettant, entre autres, la mise en place d’une assistance médicale pour les plus âgés et pour avoir fait progresser les droits civiques de manière considérable.
Elle fut alors l’objet d’attaques scandaleuses et de sarcasmes déplacés de la part des conseillers de Barack Obama pour qui le seul héros de cette époque était John Kennedy (1960-1963), dit JFK, qui avait précédé Johnson à la présidence (ce dernier lui succédant après son assassinat en sa qualité de vice-président).
L’ironie n’est pas tant dans cette erreur historique que dans le fait que si Lyndon Johnson n’avait pas eu le courage et l’intelligence politique de faire voter des lois sur les droits civiques et le vote des noirs face à un Congrès hostile, Barack Obama n’aurait jamais battu Hillary Clinton lors des primaires démocrates et n’aurait jamais remporté l’élection présidentielle dans la foulée!
Ici, la légende a totalement éclipsé le vrai réformateur.
D’autant que la présidence de Johnson a été ternie par la guerre impopulaire du Vietnam dont il faut rappeler qu’elle a vraiment pris son essor lors de la présidence Kennedy et que ce dernier a refilé la patate chaude à son successeur.
Et la haine minable (car étant, à la fois, condescendante et arrogante de personnes se croyant au-dessus des autres) du clan Kennedy pour Johnson n’a évidemment pas arrangé les choses.
Lorsqu’une famille d’Amérique aussi populaire, aidée en cela par tous les conseillers brillants recrutés par JKF, crie haro sur un homme, ce dernier n’a que peu de chances d’être célébré par l’historiographie nationale.
Et pourtant.
Alors que Kennedy a mis toute son énergie (avec son père et son frère, Robert) à bâtir sa légende de son vivant sur beaucoup de vent – un peu comme César avec sa campagne de Gaule où il ne fut vainqueur que parce qu’il avait affaire à des tribus divisées se faisant la guerre et à une alliance avec une partie de celles-ci –, Johnson, le rude et bougon sudiste, lui, n’avait pas le profil pour devenir une icône face à ce jeune et bel homme, soi-disant en pleine santé et possession de ses moyens physiques et intellectuels, ce qui se révéla largement une escroquerie.
Les révélations de l’histoire ont permis de changer quelque peu cette vision totalement erronée mais les mythes ont la vie dure comme on a pu le voir lors des commémorations de ces derniers jours du cinquantième anniversaire de l’assassinat de JFK à Dallas ainsi que dans les sondages qui font de lui le président le plus apprécié de ces dernières décennies par les Américains avec 90% d’opinions favorables!
Mais le vrai réformateur, centriste de gauche (et non «liberal», de gauche, comme on le présente souvent), était bien Johnson, lui qui a fait passer des lois essentielles pour les Etats-Unis d’aujourd’hui et qui est le plus grand législateur de l’après-guerre avec… Barack Obama.
Son projet de «Great society» (grande société) a donné peut-être plus de résultats concrets que le «New deal» (nouveau contrat) de Franklin Roosevelt – dont Johnson était un admirateur – comme le rappelle avec justesse l’historienne Doris Kearns Goodwin.
Et si le président américain actuel a mis ses pas dans un de ses anciens coreligionnaires, c’est dans ceux du Texan d’origine pauvre et ancien instituteur et non du Bostonien d’origine riche et homme du monde (sans oublier de préciser que Kennedy était un démocrate conservateur).
Le rêve américain s’incarne d’ailleurs beaucoup plus en Johnson (et en Obama) qui est arrivé à la tête du pays à force de travail (tout comme Obama) que dans Kennedy qui fut tiré de son oisiveté par son père qui voulait absolument qu’un de ses fils deviennent président.
Bien sûr, un pays vit par ses mythes, ses légendes et ses représentations. De ce point de vue, il est sûr que Kennedy (grâce aussi à son arme secrète, sa femme Jackie) présente incontestablement mieux que Johnson et qu’il donne, sans doute, plus de fierté et d’orgueil aux Américains que LBJ.
Néanmoins, oublier Johnson est, outre une injustice flagrante, une grande erreur parce que la politique ce n’est pas que du paraître, surtout pour les centristes, c’est une action concrète qui permet à la société d’avancer vers plus de liberté et de bien-être par de vraies réformes.
Ici, quoi que veuillent le faire croire les millions de fans de JFK aux Etats-Unis mais aussi à travers le monde, LBJ gagne le match à plate couture.
Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

dimanche 24 novembre 2013

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Centre, la crise et la juste mesure

Tous ceux qui, depuis Aristote, en particulier dans son «Ethique à Nicomaque», se sont penchés sur la question de la centralité, qu’elle soit politique, philosophique ou morale, l’ont érigée en lieu de vertu parce qu’ils refusent les désordres de l’extrémisme aveugle et destructeur et privilégient l’harmonie, et l’équilibre.
De même, c’est par la juste mesure, cet agir débarrassé des passions malsaines et des pulsions haineuses, que l’on doit analyser les défis qui assaillent actuellement la société et les humains, leur présent et leur futur.
Aristote explique qu’il «appelle mesure ce qui ne comporte ni exagération ni défaut» et Albert Camus affirme «la nécessité d’une mesure».
Or, aujourd’hui, en ces temps troublés où l’on ne sait plus très bien où l’on va, cette juste mesure fait souvent défaut notamment au niveau des décideurs politiques, sociaux et médiatiques que ce soit dans la pensée et dans l’agir.
La démesure, dont Camus dit encore qu’elle «ne trouvera sa règle et sa paix que dans la destruction universelle» est partout.
Ainsi, celui qui ne regarderait que les chaînes d’info en continu et leurs mises en scène anxiogènes de l’information, ne lirait que les attaques virulentes et incessantes du Figaro contre François Hollande ou les commentaires négatifs du Monde à propos du même (pour des raisons inverses, évidemment, chaque média estimant qu’il ne va pas assez loin pour sa chapelle), n’écouterait que les rugissements haineux de Jean-Luc Mélenchon et n’entendrait que les diatribes xénophobes et anti-européennes de Marine Le Pen, les deux unis dans une lutte contre la démocratie libérale, ou même seulement les discours de Jean-François Copé ou Harlem Désir, le tout en observant les jacqueries corporatistes, celui-là se dirait que tout va mal et que nous sommes proches d’une révolution, voire de l’apocalypse.
Qu’en est-il?
La France, à coup sûr, est devant des difficultés indéniables, résultant d’une crise mondiale mais aussi d’un immobilisme de plusieurs décennies.
Mais tout n’est pas perdu, loin de là, si des réformes fortes et pas toujours populaires sont prises afin de permettre au pays cette mise à niveau indispensable qui lui permettra d’être à même de lutter efficacement dans un monde mondialisé et une économie globalisée.
Cette mise à niveau demande un minimum de consensus de tous les acteurs politiques, économiques et sociaux.
Non seulement devant les mesures à prendre mais aussi la difficulté qu’il y a à les prendre.
Si chaque gouvernement, aujourd’hui celui de Jean-Marc Ayrault, hier celui de François Fillon et demain un autre, est attaqué de toute part quand il décide de réformer, alors le consensus n’existe pas et la mise en place des réformes est, non seulement, extrêmement difficile mais impossibles dans certain domaines, les plus sensibles et les plus cruciaux.
Pourtant, tous les sondages le disent, les Français savent qu’il faut faire des réformes et des efforts. Mais, ajoutent-ils, ils ne trouvent pas, face à eux, des dirigeants responsables qui leur montrent le chemin à suivre et leur insufflent cette volonté de l’effort par une vision du présent et de l’avenir positive qui lui donnerait un sens.
Dès lors, dans une atmosphère de défiance, ils préfèrent se recroqueviller sur ce qu’ils ont aujourd’hui au lieu de se projeter sur ce qu’ils pourraient avoir demain s’ils faisaient les sacrifices indispensables pour ne pas perdre, et ce qu’ils ont aujourd’hui, et ce qu’ils pourraient avoir demain.
Cette attitude s’explique, se comprend même, mais ne s’approuve pas car elle aboutira à une catastrophe si rien n’est fait pour mettre en place les réformes nécessaires.
Prenons l’exemple ô combien clivant actuellement des finances de l’Etat.
François Hollande n’a fait qu’une moitié de chemin en augmentant les impôts que tout président de la république aurait du faire, tout en ne réduisant pas assez le train de vie de l’Etat (et non les actions gouvernementales qui permettent de la croissance et qui doivent être maintenues actuellement) ce que tout président de la république doit faire.
Or, la moitié du chemin en l’occurrence n’est absolument pas la juste mesure et non plus une moitié de succès tant les deux moitiés, augmentation des impôts et réduction des dépenses vont de pair en s’équilibrant.
L’une ne vaut rien sans l’autre.
Et ceux qui, en face, hurlent à chaque taxe mise en place devraient se rappeler que ce n’est pas seulement en baissant le train de vie de l’Etat que l’on parviendra à redresser la barre mais aussi en faisant rentrer les recettes fiscales nécessaires.
Dans cette atmosphère indéfinissable où tout le monde trouve de quoi argumenter en sa faveur et à faire peur à tout le monde, les centristes doivent être cette force de courage et de mesure, capable de délivrer un discours rationnel et responsable.
Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.
Hier, les attaques de François Bayrou contre Nicolas Sarkozy pouvaient être démesurées. Aujourd’hui celles du même Bayrou et de Jean-Louis Borloo contre François Hollande peuvent l’être également (sans parler des appels à la démission du président de la république par Hervé Morin).
Le Centre n’a pas à crier au loup avec la Droite et la Gauche.
Ce qui le distingue justement, c’est la juste mesure qu’il met dans sa pensée, son positionnement et sa parole.

Les centristes devraient faire attention à ne pas perdre ce qui leur spécificité et l’intérêt que peut leur porter les Français.