mardi 23 juillet 2019

Propos centristes. France – CETA; de Rugy; Greta Thunberg; migrants; Ursula von der Leyen…

Voici une sélection, ce 23 juillet 2019, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

● Emmanuel Macron (Président de la République)
- On ne peut pas rester sans rien faire quand des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont tout quitté, tombent dans les mains de trafiquants d'êtres humains. On ne peut pas les laisser sans autre choix que les bombardements en Libye ou le naufrage en Méditerranée.
- Nous allons reprendre le programme lancé en 2017: permettre que des femmes et des hommes qui ont droit à l'asile puissent être mis sous protection sans prendre tous les risques et traverser la Méditerranée; la France a tenu ses engagements et en prend de nouveaux.
- Accélérer et amplifier notre politique de retour pour ceux qui n'ont pas droit à l'asile en Europe. Nous devons poursuivre une politique humaine, efficace, qui corresponde à nos principes, sans pour autant suivre une politique de laxisme.
- Assurer que lorsqu'un bateau sauve des migrants en Méditerranée, un débarquement rapide dans un port proche, sûr, mais aussi une solidarité européenne dans la prise en charge des personnes sauvées soient organisés. Les pays de débarquement ne doivent pas assumer seuls cet effort.
- Nous devons poursuivre le programme de retour volontaire et accompagné des personnes qui sont aujourd’hui en Libye vers leur pays d’origine.
- Une ambition climatique forte, une Europe du progrès social, une Europe qui protège : la France se retrouve pleinement dans votre projet Ursula von der Leyen. Nous serons à vos côtés et commençons dès maintenant à œuvrer ensemble.
- J'ai aussi un sens des responsabilités. Quand on s'est battu pour améliorer un texte dans une condition, on ne peut pas dire, quelques mois plus tard, le contraire, ou alors il fallait le dire quand on était en responsabilité. Je crois que le véritable idéalisme consiste toujours à regarder le réel.

● Gouvernement
Edouard Philippe (Premier ministre)
L’exemplarité est le fondement de la confiance que vous nous accordez. J’ai signé une nouvelle circulaire pour renforcer la procédure de contrôle des travaux sur les logements de fonction et rappeler chaque ministre au devoir d’exemplarité et de sobriété.

Christophe Castaner (ministre de l’Intérieur)
- Dès mon arrivée Place_Beauvau, j'ai fait de la lutte contre les violences faites aux femmes une priorité. Nous devons accentuer nos efforts en travaillant avec les associations ou les proches et familles des victimes de féminicides que j'ai reçus ce matin.
- On recense chaque jour 3 agressions de sapeurs-pompiers. Face à ces actes intolérables, nous agissons à tous les niveaux : protocoles départementaux associant SDIS, forces de l'ordre & acteurs locaux ; plaintes systématiques ; décret permettant le port de « caméras piéton ».
- La République est partout chez elle. À Limeil-Brévannes, comme dans chacun de nos quartiers. +10 000 policiers et gendarmes seront recrutés d'ici 2022. À la rentrée, nos forces seront confortées par un plan de lutte contre les stupéfiants. C'est la mère des batailles.

Marc Fesneau (ministre des Relations avec le Parlement)
- Je ne partage pas le point de vue de Nicolas Hulot. Il me semble qu'il y a le courage de dire et le courage de faire aussi. Au fond, il prolonge ce qu'il avait dit il y a quelques semaines, qui était de dénoncer l'ensemble des traités internationaux de commerce en disant que finalement, l'ensemble de ces traités portaient atteinte à l'objectif que nous partageons tous, qui est celui de lutter contre le dérèglement climatique. Je préfère qu'on essaie de faire évoluer les modèles au travers du commerce plutôt que de regarder les choses et dire «on ne commerce pas». Les Allemands ne respectent pas non plus les accords de Paris aujourd'hui parce qu'ils sont au charbon, qu'est-ce qu'on fait ? On arrête de commercer avec les Allemands ? Il faut aussi entendre raison. Ce n'est pas qu'une question de raison, c'est une question pragmatique et pratique et le gouvernement est à l'œuvre là-dessus.
- J'ai été parlementaire, je sais quel peut être le poids des lobbys, mais en même temps la capacité qu'ont les politiques de s'en abstraire. Je pense qu'il ne faut pas nourrir, à chaque fois qu'on n'est pas d'accord avec quelque chose, une espèce de sentiment que tout serait sous la contrainte ou sous la force des lobbys. On a décidé en France de sortir plus rapidement que la plupart des pays européens du glyphosate. C'était contre la contrainte éventuelle des lobbys.
- Ce que je regrette, c'est qu'on ne soit jamais capable en France de regarder ce que sont les avancées que nous avons portées. Ce que je regrette, c'est que Nicolas Hulot ait renoncé à agir, nous avons porté la sortie du glyphosate en trois ans, la fin des centrales à charbon, la fin des hydrocarbures. Ce sont des faits concrets et pour moi ce qui compte, ce sont les faits concrets et pas ce qu'on peut raconter dans des tribunes.

Jean-Baptiste Lemoine (secrétaire d’Etat au Commerce et au Tourisme)
Le gouvernement ne transigera jamais avec la santé des Français. Jamais. Les produits interdits à l'entrée de l’UE le resteront et le CETA n’y change rien. Contrôles et audits sanitaires ont été faits et seront poursuivis pour faire respecter nos exigences.

● LaREM
Richard Ferrand (président de l’Assemblée nationale)
Nous sommes tous de passage ici à Assemblée National comme sur notre terre. L’engagement de toutes les générations pour protéger notre planète est essentiel face à l’urgence climatique. Merci à GretaThunberg et à nos jeunes compatriotes de Youth4Climatefr de porter aussi ce message.

Stanislas Guerini (délégué général)
Merci à Greta Thunberg pour son engagement revigorant et son discours arrimé à des vérités scientifiques, rappelées de façon implacable par le  GIEC. La science est là pour nous aider à servir la cause environnementale et rien ne doit opposer l'une à l'autre.

Aurore Bergé (porte-parole)
- La liberté de la presse n'est pas un accessoire : c'est un droit constitutionnel, essentiel! Elle donne aux citoyens toutes les clés pour forger leur opinion. Quand la distribution de la presse est fragilisée, c'est le pluralisme des opinions qui est menacé
- Liberté de diffusion, impartialité de la distribution, modernisation, plus grande liberté dans le choix des publications commercialisées par les marchands de journaux: la réforme de la loi Bichet permet de redonner du souffle et de pérenniser la distribution de la presse.
- Aujourd'hui, ce sont 4 400 titres qui sont distribués en France, contre 2 500 au Royaume-Uni ou 1 600 en Allemagne. Nous pouvons être fiers de notre presse libre! Avec la réforme de la loi Bichet nous modernisons et garantissons l'avenir de la distribution de la presse.

Jean Baptiste Moreau (député)
Un accord comme le CETA contient des clauses qui permettent une meilleure protection de l'environnement et une meilleure prise en compte des normes, des labels, des AOC, des IGP. C'est un mieux-disant par rapport aux accords de l'OMC!

●MoDem
Sylvain Waserman (député)
- Je suis favorable au CETA à plusieurs titres, et le fait que cet accord soit juste, équilibré et équitable en fait partie. Le CETA est le premier d’une nouvelle génération d’accords commerciaux qui présente des innovations majeures et particulièrement favorables à la France: Il garantit la protection de l’agriculture locale avec 172 indications géographiques européennes protégées, dont 42 dénominations françaises. Il s’agit d’une avancée majeure dans un pays qui consacrait jusqu’alors le droit des marques et ne reconnaissait pas nos terroirs ; Il met en place un système juridictionnel public des investissements qui se substitue aux tribunaux d’arbitrage traditionnels privés avec une garantie d’indépendance, d’impartialité et de transparence (exemple : les juges qui y siègeront seront désignés par les autorités politiques et soumis à des règles de déontologie précises) ; Il s’accompagne d’un engagement strict des Gouvernements canadiens et français pour le respect de l’Accord de Paris sur le climat ; Il s’inscrit dans une stratégie de suivi précis des effets des accords commerciaux sur les secteurs sensibles avec des leviers d’action effectifs en cas de déstabilisation des filières grâce à un Plan d’action volontariste du Gouvernement ; Pour la première fois, enfin, dans le cadre de l’examen d’une loi de ratification d’un accord commercial, le Parlement, grâce au travail de la Présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, Marielle de Sarnez, a obtenu l’élaboration dune étude d’impact de l’accord fiable et rigoureuse, spécifique à la France et multisectorielle avec l’engagement du Gouvernement de faire de cette nouvelle méthode la norme pour les futurs accords de commerce.
- Nous ne devons pas oublier que nous avons conclu cet accord [CETA] avec un pays ami, avec lequel nous partageons des liens historiques, culturels et économiques privilégiés et dont les normes et valeurs sont très proches des nôtres. Dans le contexte de crise du multilatéralisme et de repli américain que nous connaissons, il est indispensable de renforcer notre partenariat avec le Canada pour que ces normes et valeurs soient préservées et diffusées. Pour rappel aussi, 270 filiales d’entreprises canadiennes sont implantées sur le territoire français représentant plus de 21 000 emplois dans de nombreux secteurs et 550 entreprises françaises employant plus de 80 000 personnes sont implantées au Canada, dont 70 % au Québec. Cet accord est donc très important pour le développement économique de la France. Et si nous refusons un accord aussi novateur et équilibré avec un pays aussi proche que le Canada, alors avec qui accepterons-nous de commercer ? 
- L’étude d’impact réalisée par le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) – organe indépendant – établit un bilan positif sur l’économie depuis l’entrée en vigueur provisoire de l’accord en septembre 2017. Notre balance commerciale avec le Canada a progressé de 400 millions d’euros en 2018. Nos exportateurs, notamment agricoles et agroalimentaires, en ont profité dans de nombreux secteurs : les vins, les parfums, l’automobile, la chimie ou encore les produits laitiers. A plus long terme, l’étude du CEPII anticipe des bénéfices tangibles pour notre économie et nos emplois avec : Un accroissement des échanges de biens et services de 30% entre le Canada et la France d’ici 2035 ; L’impact suivant sur le solde bilatéral à horizon 2035 : Une hausse des exportations françaises de 16% ; Une hausse des importations françaises découplée comme suit : Une hausse de 14% des importations de produits de consommation finale ; Une hausse de 28%des importations de produits intermédiaires pour réexportation, faisant gagner en compétitivité la France vis-à-vis des marchés tiers. Par ailleurs, depuis sa mise en œuvre provisoire, le groupe de travail interministériel chargé du suivi de l’application de l’accord relève qu’aucun territoire ou filière n’a subi de conséquences négatives liées au CETA. Le marché européen n’a pas été déstabilisé et nos règles sanitaires ont été pleinement préservées (par exemple : 52 lots de viande bovine ont été contrôlés et aucune irrégularité n’a été constatée). Enfin, l’étude du CEPII anticipe un impact très limité de l’accord sur les émissions de gaz polluants, à moins de 0,01% de surplus d’émissions de CO2.

Bruno Millienne (député)
- Je dénonce à la fois la condamnation populaire et les enquêtes non abouties de Mediapart. Ont-ils parlé du budget de représentation de la présidence de l’Assemblée Nationale qui a baissé sous François deRugy? On a jeté aux orties l’honneur d’un homme.
- La question n’est pas celle de l’homme mais celle du règlement intérieur de l’hôtel de Lassay. Il y’a sans doute des choses, des habitudes, à changer. Aujourd’hui une photo suffit à faire démissionner un ministre d’État. Je le déplore.

●UDI
Jean-Christophe Lagarde (président)
Écouter les Verts qui nous promettent la fin du monde en 2050 serait une catastrophe pour le progrès humain et la lutte contre le réchauffement climatique qui en dépend. Mais quelle drôle d'idée d'attaquer une adolescente [Greta Thunberg] venant assister à une séance à l'Assemblée...

Une Semaine en Centrisme. Présidentielle USA 2020: le centriste Joe Biden peut-il tenir la distance?

Joe Biden
En tant que «frontrunner» (celui qui fait la course en tête) qui domine largement pour l’instant la concurrence dans les sondages – tant dans ceux qui concernent l’élection générale face à Trump que ceux des primaires démocrates –, Joe Biden est l’objet évidemment des attaques les plus violentes des républicains mais, tout aussi évidemment, de l’ensemble de ses concurrents pour la nomination comme candidat du Parti démocrate à la présidentielle de 2020.
Et sa longue carrière (plus que son âge) fait de lui un candidat solide mais aussi très fragile!
Car il a traversé de nombreuses périodes politiques qui ne sont plus «politically correct» dans les critères d’aujourd’hui et a pris des positions au cours de son parcours qui sont devenues quasi-indéfendables notamment au Parti démocrate souvent gangrené par les revendications communautaristes les plus extrêmes, voire les plus inacceptables ou entretenus des relations il y a plusieurs années qui désormais peuvent être un lourd handicap.
Ainsi, il a déjà été attaqué pour avoir eu des gestes affectifs trop appuyés à l’encontre de femmes, pour avoir travaillé avec des opposants lors de compromis voire avec des membres de son propre parti qui ne sont plus historiquement fréquentables maintenant, comme les dixies democrats, ces démocrates qui régnèrent sur le Sud du pays de la fin de la Guerre de Sécession à la fin des années 1960, où, pour la plupart de leurs électeurs, il n’était alors pas question de voter pour un candidat du parti de Lincoln (le Parti républicain en l’occurrence) et de l’abolition de l’esclavage, ce qui faisait que les candidats d’extrême-droite, racistes et ségrégationnistes, réactionnaires et violents se présentaient sous l’étiquette démocrate.
Mais, en vouloir à Biden d’avoir travaillé avec eux au début de sa carrière politique, c’est en vouloir alors à tous les présidents démocrates qui se sont succédés à la Maison blanche depuis 150 ans (dont Franklin Roosevelt ou John Kennedy) sauf les deux derniers, Bill Clinton et Barack Obama, tout simplement parce que ces candidats extrémistes ont tous, depuis la révolution nixonienne du début des années 1970, rejoints les rangs du Parti républicain dont ils sont désormais des élus quasiment inamovibles dans certains Etats comme l’Alabama, la Louisiane, le Mississipi ou la Géorgie, par exemple.
Mais il s’agit également de son programme centriste, qui ressemble à celui d’Obama en 2008 et à celui d’Hillary Clinton en 2016.
Si celui-ci est à même de séduire les électeurs modérés du Parti démocrate mais aussi du Parti républicain et de ramener du côté démocrate beaucoup de cols bleus qui sont allés voter Trump en 2016 (par haine d’Hillary Clinton et du fait qu’elle était une femme…), il va se heurter à tout ce que le Parti démocrate compte d’activistes de gauche, de genre ou ethnique qui ont réussi à phagocyter une partie de celui-ci ces dernières décennies et, surtout, la dernière.
D’autant qu’il faut rappeler qu’en 2008, lors de la présidentielle qui a vu l’élection de Barack Obama, cette frange gauche du Parti démocrate avait mené une violente campagne contre le programme centriste de celui-ci (et avait continué une guérilla pendant toute la durée de ses huit années de présidence) et avait récidivé en 2016 à l’encontre du programme d’Hillary Clinton (ce qui lui a peut-être coûté sa victoire dans les Etats où elle n’a perdu que par quelques milliers de voix).
On l’a bien vu lors du premier débat entre les candidats à la primaire démocrate où il a été la cible plus ou moins directe des autres prétendants à l’investiture du parti pour la présidentielle de 2020 avec des accusations qui faisaient fi des réalités politiques et sociologiques de l’époque.
Pourtant, Biden tient toujours avec une avance de neuf points du Donald Trump pour la présidentielle et une avance de quinze points sur son poursuivant direct pour la primaire démocrate selon les deux derniers sondages en date (NBC-Wall Street Journal pour la présidentielle, Politico-Morning consult pour la primaire).
On y verra sans doute un peu plus clair après le deuxième débat entre démocrates qui a lieu fin juillet à Detroit (Michigan).
Mais il est sûr que l’ancien vice-président de Barack Obama sera encore la cible des autres candidats et qu’il va devoir jouer serré pour ne pas se faire déborder par des attaques déstabilisatrices, à défaut d’avoir du contenu, comme notre époque en est désormais remplie en politique et qui peuvent briser net un parcours.
Sans oublier que Biden est considéré comme un gaffeur, ce qui lui a déjà joué de multiples tours dans sa carrière.
Et puis, s’il demeure en tête, au fur et à mesure que les primaires approcheront puis se dérouleront (leur début est programmée pour le 3 février 2020 avec la première, celle du New Hampshire) jusqu’à la Convention démocrate qui choisira le candidat du parti (qui se tiendra du 13 au 16 juillet 2020 dans la ville de Milwaukee dans le Wisconsin), il sera la cible, à la fois, à droite et à l’extrême-droite, du Parti républicain et de Donald Trump en personne, et à gauche et à la gauche radicale, d’au moins la moitié des prétendants démocrates avec en tête de liste Bernie Sanders et Elizabeth Warren soutenus pas les activistes radicaux telle Alexandria Ocasio-Cortez.
Dès lors, on peut prédire des moments très difficiles à Joe Biden.
Néanmoins, s’il se sort de toutes les chausse-trappes qui vont jalonner son parcours avec succès, il sera alors un candidat particulièrement sérieux, capable de débarrasser les Etats-Unis de l’indécent et scandaleux Donald Trump.
Mais, prédire aujourd’hui sa victoire lors des primaires ne peut se faire avec assurance.

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC