lundi 1 avril 2024

Européennes 2024. Quand quelques opportunistes tentent de créer une liste «centriste»


Le Centre a toujours été un lieu politique où se sont engouffrés nombre d’opportunistes.

La raison en est simple.

Se positionner au centre de l’échiquier politique permet de ratisser plus large, à gauche et à droite ainsi qu’au centre, que si l’on se dit de gauche ou de droite.

Bénéficier de ce spectre électoral plus large attire donc à chaque élection des politiciens qui usurpent le qualificatif de «centriste».

En général, ils sont plutôt de droite mais ce n’est pas systématique.

Et à l’occasion des élections européennes, la «tradition» est une nouvelle fois respectée avec une nébuleuse d’élus locaux qui aimeraient bien exister au plan national en profitant de la campagne pour le Parlement européen.

Ce sont ici des gens de droite qui sont à la manœuvre: Philippe Folliot, sénateur du Tarn, Jean-Christophe Fromantin, maire de Neuilly-sur-Seine et Gilles Mentré, un obscur conseiller du 16e arrondissement de Paris.

Folliot, élu député en 2007 grâce au soutien du RPF, parti de droite radicale fondée par Charles Pasqua et Philippe de Villiers, a depuis navigué aux confins de la droite plus ou moins modérée tout en prenant la présidence de la coquille déjà vide de l’Alliance centriste en 2016 pour en faire un simple outil électoral pour sa propre personne et se rallie à Emmanuel Macron en 2017 pour se faire élire une nouvelle fois député avant de devenir un opposant à la majorité présidentielle, celle-ci ne lui ayant pas offert de poste à la hauteur de ce qu’il espérait.

Fromantin est un conservateur qui prône un libéralisme économique mais un réactionnaire en matière de mœurs où ses inclinaisons religieuses l’ont amené à voter, entre autres, contre l’avortement et le mariage homosexuel (il a d’ailleurs fait partie des leaders de la Manif pour tous et a manifesté aux côtés d’élus d’extrême-droite comme Gilbert Collard, Marion Maréchal-Le Pen ou catholiques réactionnaires comme Christine Boutin).

Leur adhésion aux valeurs du Centrisme sont donc des plus ténues et leur positionnement au centre peut être analysée avant tout comme une démarche essentiellement électoraliste.

Folliot et Fromantin veulent donc se présenter aux européennes et Fromantin d’ailleurs propose déjà une liste Notre Europe qui, dans l’agrégateur du site Toute l’Europe est sous la barre des 0,5% des intentions de vote.

Leur idée pour exister et présenter une liste qui, pour avoir au moins un député et se faire rembourser ses frais de campagne, devrait atteindre les 5% de voix aux élections, est de s’allier avec les pseudo-centristes du groupe regroupant les députés de partis qui n’ont pas la possibilité d’avoir un groupe autonome à l’Assemblée, LIOT, tristement célèbre pour compter sans ses rangs des soi-disant centristes, à l’image des ambitieux contrariés Bertrand Pancher et Charles de Courson qui menèrent une lutte acharnée contre la majorité centriste à l’Assemblée lors de la réforme des retraites ce qui les amenèrent à voter des motions de censure avec l’extrême-gauche et l’extrême-droite…

A noter que ces deux derniers ont fondé une association «Utiles» qui se fixe exactement les mêmes objectifs que la majorité présidentielle sauf qu’ils en sont des farouches opposants!

Bien sûr, ces personnes ont le droit de présenter une liste aux européennes.

Elles ont même le droit de se dire centristes.

Même si elles trompent les Français.