vendredi 4 septembre 2009

Une Semaine en Centrisme - L’occasion manquée de l’Alliance Centriste

Créer un nouveau parti, c’est avoir un message et une politique à proposer aux citoyens. Dans cette optique, la création de l’Alliance Centriste par le sénateur Jean Arthuis répondait à la volonté d’unir tous les Centristes dans une structure (parti ou confédération) indépendante de la droite et de la gauche afin de proposer un vrai programme centriste aux électeurs. Les événements de cet été politique auraient du permettre à cette nouvelle formation politique de pouvoir affirmer son identité et de récolter les fruits des positionnements délicats du Nouveau Centre et du Mouvement démocrate.

Quand Marielle de Sarnez, la plus proche collaboratrice de François Bayrou déclare que ce qui rassemble le Mouvement démocrate, le Parti socialiste et le Parti communiste est plus important que ce qui les divise, voilà du pain béni pour l’Alliance Centriste pour affirmer qu’elle est la seule à être réellement du Centre. Mais aucune voix de ce nouveau parti ne s’est fait entendre à cette occasion. Quand la majorité présidentielle dans laquelle se trouve le Nouveau Centre accueille en son sein un Philippe de Villiers proche de l’extrême droite et anti-européen ainsi que le populiste Frédéric Nihous et son parti Chasse Pêche et Tradition, voilà encore une aubaine pour l’Alliance Centriste de dire qu’elle est le seul vrai parti du Centre. Mais, là-aussi, aucune voix ne s’est élevée dans ce parti à cette occasion.

Pire, c’est le Nouveau Centre qui a récupéré la mise lors de son université d’été en se positionnant comme l’héritier naturel de l’UDF et proposant la réunion de tous les Centristes dans un même parti, voire dans une confédération! Du coup, la prise de parole de Jean Arthuis lors de cette manifestation demandant que cette réunion se fasse dans un cadre d’indépendance vis-à-vis de la droite et de la gauche est passé presque inaperçue, voire comme un acquiescement aux propos des responsables du Nouveau Centre …

Si l’Alliance Centriste voulait démontrer qu’elle n’est pas grand-chose, l’opération est réussie! Mais gageons que ce n’est pas l’ambition de ses responsables. Il faut donc qu’ils soient conscients qu’ils ont créé un parti et qu’ils portent une volonté politique et que celle-ci passe par la communication. Il ne suffit pas de s’être positionné en rassembleur, encore faut-il le faire savoir et le faire savoir à chaque fois que cela est nécessaire, à chaque fois que l’occasion est bonne pour rappeler ce que l’on est et ce que l’on veut faire.

De son côté, le Nouveau Centre a bien joué le coup et a montré une maturité politique bien plus grande que l’Alliance Centriste à cette occasion. Toujours est-il que la question fondamentale de la réunion de tous les Centristes dans une formation politique indépendante demeure pendante puisqu’Hervé Morin, le président du Nouveau Centre, ne veut pas en entendre parler, préférant sans doute ses ambitions politiques personnelles à celle d’un Centre indépendant. Car la proximité de ses nouveaux alliés de la droite extrême dans la majorité présidentielle où le Nouveau Centre a toujours autant de mal à faire entendre sa voix malgré les prises de position de François Sauvadet ou de Jean-Christophe Lagarde demeure un handicap pour prétendre réunir tous ceux qui sont du Centre. En outre, ce n’est pas l’alliance politique avec l’UMP qui pose problème mais plutôt que celle-ci semble plutôt être une inféodation du Nouveau Centre avec le parti de Nicolas Sarkozy.


Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC