2005-2025: 20 ANS D'INFORMATION SUR LE CENTRE ET LE CENTRISME

jeudi 18 décembre 2025

La Quotidienne centriste du 18 décembre 2025. Fausse vidéo sur un coup d’Etat en France, les réseaux sociaux jouent contre la démocratie


«Dimanche, là, on m'envoie depuis l'étranger, un de mes collègues africains, pour tout vous dire, un message Facebook. Et il me dit, ‘cher Président, qu'est-ce qui se passe chez vous ? Je suis très inquiet’. Il m'envoie un message Facebook ; crise agricole, etc., on voit une journaliste qui est à côté de l'Élysée, etc., qui dit, il y a eu un coup d'État en France, un colonel a pris le pouvoir. Alors, nous, ça nous fait marrer. 12 millions de vues. Moi, président de la République, comme auraient dit certains, je demande à mon équipe, quand même ce truc-là, ce n'est pas possible, en plus dans cette période, demandez tout de suite à la plateforme de le retirer. La plateforme Pharos appelle Facebook. Elle dit, il faut retirer ce truc. Regardez, de manière évidente, ça crée le chaos. C'est exactement ce que vous dites, c'est inquiétant. Et votre client qui vient vous voir ce jour il se dit qu'il y a un coup d'État à l'Élysée avec un colonel qui a pris le pouvoir, etc., peut être inquiet. Réponse de Facebook : ‘Ça ne contrevient pas à nos règles d'utilisation’. Refus de retrait. J'ai tendance à penser que j'ai plus de moyens de pression que qui que ce soit, en tout cas, c'est peut-être plus simple pour leur dire que c'est grave si c'est moi qui appelle, mais ça ne marche pas.»

Cette histoire racontée par Emmanuel Macron est emblématique de la dangerosité de réseaux sociaux pour la démocratie républicaine libérale.

Facebook qui refuse de supprimer une vidéo générée par l’AI où une fausse journaliste annonce un coup d’Etat en France par un «colonel», même après l’intervention d’Emmanuel Macron, voilà une nouvelle preuve que les réseaux sociaux américains et chinois jouent désormais ouvertement contre l’ordre démocratique européen.

On n’en doutait pas de X d’Elon Musk ou de Tik Tok contrôlé par le Parti communiste chinois.

On est juste un peu plus surpris de Facebook, non pas d’avoir diffusé cette vidéo mais du refus de la supprimer.

Le fait que ce soit un jeune de 17 ans du Burkina-Faso qui soit à l’origine de celle-ci a fait se gausser certains sur la dramatisation donnée à cette manipulation par le Président de la République.

Or, c’est aussi parce qu’un jeune de cet âge puisse produire de telles vidéos que la situation est plus que problématique.

Si tout le monde peut le faire aussi facilement, demain nous serons constamment inondés de ce genre de fake news.

Par ailleurs, que cela vienne du Burkina-Faso est une preuve supplémentaire d’une volonté de nuire à la France sachant que la junte au pouvoir s’en prend sans cesse à Emmanuel Macron et qu’elle est alliée de la Russie et travaille avec ses milices.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 

 


Propos centristes. France – L’efficacité de la démocratie / Combat national pour la liberté de la presse / Pas de signature du Mercosur en l’état / Utilisation des avoirs russes pour aider l’Ukraine / Crise agricole…


Voici une sélection, ce 18 décembre 2025, des propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France à propos de la nomination du gouvernement puis de la démission du premier ministre.

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Conseil européen] Ce Conseil européen est extrêmement important parce qu’il vient à un moment-clé pour montrer que notre Europe peut continuer de protéger son territoire, ses citoyens, sa sécurité, son économie, son agriculture. Et sur chacun de ces sujets, c'est la capacité de l'Europe à protéger d'abord.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine / Conseil européen] Concernant la guerre en Ukraine, nous allons recevoir le président Zelensky après la réunion qui s'est tenue à Berlin en début de semaine. Et sur ce sujet, je vais ici redire à l'importance d'abord d'immobiliser les actifs russes. La décision a été prise. Les Européens l'ont prise, on s'est donné de la visibilité. Ensuite, nous avons maintenant besoin de donner de la visibilité aux Ukrainiens pour financer leur défense. C'est la décision que nous devons prendre. Il y a plusieurs options qui ont été mises sur la table par la Commission européenne et des discussions importantes qui ont été engagées pour utiliser ces actifs. Je veux ici dire qu'on doit rassembler tout le monde. On trouvera une position qui permettra de décider et c'est pour moi l'objectif de ce Conseil qu'on doit donner de la visibilité à l'Ukraine. On doit permettre de continuer et de mener l'effort de résistance et nous devons être là en soutien pour construire une paix juste et durable et donc en même temps qu'on soutient. On finance qu'on donne cette visibilité, on continue les discussions si elles sont sérieusement menées par la Russie, ce dont nous pouvons légitimement douter après les derniers propos du président Poutine et de ses équipes.

> [Mercosur / Conseil européen] La clarté, de la position de la France depuis le début sur le Mercosur. Nous considérons que le compte n'y est pas et que cet accord ne peut pas être signé en l’état. C'est la cohérence de l'Europe et c'est une Europe qui protège son agriculture et ses producteurs. La France est une grande puissance agricole et agroalimentaire qui échangent à travers le monde, qui exporte, mais nous ne pouvons pas accepter de sacrifier la cohérence de notre agriculture, de notre alimentation, de la sécurité alimentaire de nos compatriotes sur des accords qui ne sont pas encore finalisés. Nous avons un peu plus le début été très clair. Nous voulons des clauses de sauvegarde ce qui veut dire un frein d'urgence, si on a des marchés qui sont déstabilisés, il faut pouvoir stopper les choses. Le Parlement les a améliorées. Les discussions se sont encore tenues hier, mais elles ne sont pas terminées. Il n’y a même pas de vote, donc ça n'est pas encore prêt. Et je veux avoir la vérité des prix et nos agriculteurs avec moi. La deuxième chose, on veut la réciprocité et c'est très simple à comprendre. Et je ne comprends même pas qu'il y ait de débat sur ce sujet. Quand on a interdit des substances à nos agriculteurs, ce qui leur a demandé des efforts, quand on leur a dit il faut plus utiliser tel pesticide, quand on leur a dit il faut plus utiliser telle molécule pour produire parce qu’il en va de la sécurité alimentaire de nos compatriotes, ils ont fait cet effort. Ça leur a souvent coûté de l'argent, ça a rendu leur vie plus dure. Et aujourd'hui, on voudrait ouvrir notre marché à des gens qui ne respectent pas ces mêmes règles? C'est absurde, Personne ne peut comprendre ça. Donc on veut ces mesures de réciprocité, ce qu'on appelle ces clauses miroirs. La Commission a commencé à faire des propositions. Il y a des comités qui se réunissent en janvier. Il faut des contrôles parce qu'une fois qu'on a mis toutes ces règles, si on ne les contrôle pas dans nos ports, aéroports, quand ça arrive, on n'est même pas sûr que c'est respecté. Il y a des engagements qui ont été pris pour le premier janvier, on va les augmenter. Au moment où nous nous parlons, nous ne sommes pas prêts. Le compte n'y est pas pour signer cet accord parce que je veux qu'on traite comme il se doit notre agriculture. On doit être respecté et nos agriculteurs qui ont déjà énormément de défis et on le voit en France, mais c'est vrai dans d'autres pays pour qui c'est si difficile et qui ont à se battre contre des épisodes comme la dermatose nodulaire en France qui touche beaucoup de nos éleveurs pour qui j'ai une une immense pensée de ce matin. Beaucoup de nos secteurs qui ont déjà des difficultés. On ne peut pas aujourd'hui les sacrifier sur cet accord, ce n'est pas sérieux. Donc je le dis très clairement, le compte n'y est pas parce que je veux une Europe qui protège et qui protège aussi sa capacité à produire une alimentation de qualité et sa capacité à ne pas se faire attaquer de manière injuste par des produits qui viennent de l'extérieur, > [Budget européen / Conseil européen] On va défendre la protection de l’Europe quand on parlera de notre budget. On va parler de notre politique agricole commune, de notre capacité à investir sur les technologies d'avenir, c'est-à-dire avoir une Europe forte, indépendante en matière technologique et industrielle. Et puis, on parlera de géoéconomie. J'attendrai aussi les positions que j'ai pu exprimer dans la relation entre l'Europe et la Chine en disant, nous, nous avons un triple agenda. On doit avoir une Europe qui simplifie, qui est plus compétitive, une Europe qui innove beaucoup plus. Ça fera partie d'ailleurs des choix budgétaires, investir davantage dans les grandes innovations. Mais il faut aussi une Europe qui se protège mieux. Regardez la situation aujourd'hui de l'Europe. Dans la Machine-Outil, dans la voiture, dans la chimie, nous avons aujourd'hui des attaques à dumping, d'une part, par aussi des coûts de l'énergie qui sont totalement décorrélés du reste du monde, qui font que notre base industrielle est en train d'être menacée parce qu'on a une Europe qui est trop ouverte à tous les vents. On commence à réagir avec des clauses de sauvegarde sur l'acier, ce qui est fait là sur l'automobile qui est un vrai succès et une vraie avancée. Je salue les décisions de la Commission et les propositions de la Commission sur l'automobile parce qu'elles mettent pour la première fois dans notre histoire de la préférence européenne et donc ça c'est une vraie avancée. C'est quelque chose que la France a poussé. On veut consolider, mais c'est exactement ce qu'on veut aussi faire avec la Chine. C'est-à-dire pousser la Chine à faire des investissements directs en Europe si elle veut participer à notre base et protéger davantage notre industrie

> [Conseil européen] Notre Europe doit être puissance pour être une puissance, elle doit être plus indépendante, plus souveraine et elle doit mieux se protéger sur le plan de la sécurité et de la défense en Ukraine, sur le plan de son économie, l'industrie comme l'agriculture et sur le plan de son avenir.

> Quand la République s'est faite, elle a dit : je cherche des hussards noirs, les enseignants, pour aller chercher les enfants dans toutes les campagnes et m'assurer qu'ils orthographieront, parleront et écriront la même langue, connaîtront les mêmes auteurs et connaîtront les mêmes poèmes. Les uns les aimeront, les autres non. Mais ils appartiendront à la même histoire pour pouvoir faire des choses ensemble. C'est exactement le combat qu'on est en train de retrouver. Ces mêmes combattants du début de la Troisième République ont dit je ne veux plus d'un espace public, d'une démocratie de faux semblants où l'information peut être accaparée par quelques-uns, manipulée. Je veux des gens qui puissent organiser la controverse de manière libre, vous donner des faits, des opinions, et vous les échangerez. Ce sont ces grandes lois de la presse.
C'est exactement ce qu'on doit retrouver. Le combat de la République, ça a été de préserver, de toutes les interventions étrangères, de tous les risques, de toutes les lois du plus fort, la loi de tous qui est la nôtre. C'est exactement ce qu'on doit recréer. La seule chose qui affaiblit nos démocraties, ce n'est pas d'oser des débats difficiles, ce n'est pas de mettre en place des choses. La seule chose, et c'est vrai dans tous les domaines, c'est l'inefficacité et la lenteur. Et croyez-moi, il m'est arrivé très souvent de faire des erreurs. Mais mes pires erreurs, ça a été le « à quoi bon ». C'est quand on m'a dit, n'allons pas trop vite, ne faites pas ceci ou cela. Quand on a identifié qu'il y avait un problème, il faut foncer. La seule chose qui crée de la défiance et qui fait qu'il y a beaucoup de gens qui se disent : « ah, finalement, un régime autoritaire serait mieux qu'en démocratie », parce que les mêmes fadas qui nous disent qu'on est totalitaire dès qu'on veut réguler quelque chose pour les jeunes sont ceux qui vous disent qu'il faudrait un bon régime autoritaire quand la loi, elle, ne les arrange plus. Non !
La démocratie est exigeante pour tout le monde. Elle suppose la délibération, la transparence, mais elle doit retrouver le sens de l'efficacité. Donc, oui, on doit retrouver une démocratie qui, quand elle se saisit d'un problème, prend les bonnes décisions et agit. Vous l'avez compris, de nos enfants jusqu'au fonctionnement démocratique, on a encore plein de choses à faire, mais on va y arriver.

> Il va y avoir un combat national qui va se faire sur la presse. Il y a eu les États généraux de l'information. Il y a très clairement un modèle économique qui est en crise et qui a suscité des travaux, et donc il y aura un travail pour se dire comment on arrive à ce que le modèle économique d'une information libre soit préservé.

> Le harcèlement, que ce soit harcèlement scolaire ou cyberharcèlement, c'est un continuum. C'est-à-dire qu'on a vu ce continuum émerger ces dernières années, on a collectivement réagi, et je veux vraiment remercier l'ensemble des communautés pédagogiques, les enseignants, mais tous ceux qui les accompagnent, nos enfants et nos adolescents en tant qu'élèves, et maintenant les familles qu'on a besoin d'engager et toutes les associations qui aident. C'est un continuum parce qu'au fond, c'est la chose la plus grégaire et la plus cruelle qu'il y a dans le comportement humain. On voit quelqu'un qui est un peu en situation de faiblesse ou on isole quelqu'un parce que c'est des logiques de groupe et on le fait souffrir. Donc, le harcèlement mène au pire, évidemment, à la déscolarisation, à la grande souffrance, et parfois jusqu'au suicide.
Alors, ces dernières années, on s'était équipé, si je puis dire, c'est-à-dire qu'on s'est levé, puis on a formé les profs, le programme Phare, on a alerté, on a mis en place des plateformes pour le harcèlement et le cyberharcèlement. On a formé les élèves. Maintenant, on forme les familles, ce qui est très important. On éloigne les enfants qui harcèlent. Avant, on disait plutôt aux familles : « pensez à ce que votre enfant quitte l'établissement. » Et puis, on s'est équipés aussi sur le cyberharcèlement en disant : « si vous vous harcelez, on peut vous priver de réseaux sociaux et vous éloigner. » Donc, la société a réagi, mais c'est un combat de tous les jours parce qu'il y a encore des signaux faibles qu'on ne voit pas, des choses qui se passent qui sont inacceptables. Et je le redis ici, on ne doit rien lâcher de ce combat.
Maintenant, derrière ça, le cyberharcèlement, il le continue sous d'autres formes. Vous l'avez dit, il y a en fait deux façons de faire avec les plateformes, soit elles coopèrent, soit on s'aperçoit que ça ne les intéresse pas. Je vais être très direct avec vous. Ma réponse est simple et je parle d'expérience, ça ne les intéresse pas. Depuis 2018, j'ai réuni au moins deux fois par an les plateformes en prenant parfois les patrons mondiaux. On a créé, on a fait des initiatives en européen, en international. Après le terrible attentat de Christchurch, on avait fait cet appel de Christchurch qui nous a permis au moins d'obtenir des choses sur les contenus terroristes. On a essayé de le faire sur les enfants. On a mis ce laboratoire pour protéger les enfants en place. On avait commencé à avoir des engagements de modération, en disant : «oui, oui, on va vous aider sur le cyberharcèlement ou sur les contenus dont il est identifié que ça déstabilise vos jeunes. » Ils ont mis quasiment zéro effectif, ils ne retirent quasiment jamais spontanément des contenus, et s'il n'y a pas recours sur recours, ils ne le font pas, et on a énormément de mal à aller chercher leur responsabilité.
C'est pour ça que je vous le dis, en responsabilité, pour moi, la réponse, c'est que pour les moins de 15 ou 16 ans, il faut interdire les réseaux sociaux. C'est le seul moyen de les protéger. Le seul moyen. Parce qu'aujourd'hui, les gens qui produisent les contenus qu'il y a sur ces réseaux ne sont pas intéressés par la santé affective, mentale de nos enfants et de nos adolescents. Ils ont juste décidé que c'était une matière pour eux. C'est une matière pour vendre quelque chose, pour le monétiser. Donc, on ne peut pas déléguer la santé mentale et affective de nos enfants et nos adolescents à des gens qui ont simplement décidé d'en faire le moyen de faire des revenus. C'est pour ça que je suis arrivé à la conclusion qu'on ne pouvait pas modérer, qu'il fallait couper.

> Quand un jeune passe en moyenne 4h20 par jour sur un écran, il a des problèmes de solitude, de désocialisation, souvent de sommeil, parce que ces 4h20, ça l'amène très tard dans la nuit. Ce sont des jeunes qui ont beaucoup de mal à fixer leur attention, ce que vous retrouvez un peu plus tard. Ce sont des jeunes qui ont de plus en plus de mal à lire, on voit une chute du taux de lecture, chez les jeunes d'ailleurs comme chez les moins jeunes. Ce sont des jeunes qui font de moins en moins de sport parce qu'ils restent sur leur écran. Et donc la bonne réponse, ce n'est pas de chercher des contenus sur les réseaux qui poussent à la lecture et au sport, c'est de s'assurer dans la vie de nos ados et de nos enfants qu'il y a du temps de lecture, qu'il y a du temps de sport, qu'il y a du temps de vie ensemble. Et ça, c'est tout le boulot à l'école, avec les familles, avec le périscolaire, de remettre tout le monde à la lecture, et de le dire d'ailleurs aux jeunes comme aux moins jeunes, la lecture est un formidable levier d'émancipation, quelque chose qui permet de comprendre le monde, de se comprendre soi-même, et aussi d'apprendre à construire du raisonnement, de remettre nos jeunes au sport plutôt que de le chercher par les réseaux.
Voilà l'approche qui est la nôtre. Alors pendant ce temps-là, on forme, et c'est un peu le lien entre vos trois questions, et l'idée n'est pas d'avoir que de l'interdiction. En même temps, c'est de protéger nos jeunes, maintenant qu'on sait un peu plus avec le recul, les impacts que ça a. Parce qu'il faut se dire qu'on a, au fond, 10 ans de recul. Les réseaux sociaux arrivent à l'échelle très large en 2015. Il y a quand même une petite révolution autour de 2020 avec le Covid, où le temps d'écran augmente pour tout le monde. On a vu l'impact. Et là, maintenant, on commence tous à le mesurer. Donc, il faut protéger, mais en même temps, il faut préparer.
Ce qu'on est en train de faire à l'école, c'est d'améliorer la formation des maîtres, c'est de mettre maintenant des cours de bienveillance qui n'existaient pas, en prenant un peu l'exemple sur les modèles scandinaves, qui sont plus en avance que nous sur ce point-là, et c'est de préparer, et donc préparer en transmettant des savoirs à nos enfants, puis de l'esprit critique, et en même temps, les bons comportements, et en même temps favoriser les contenus positifs comme le vôtre, qui permettent ensuite, quand des jeunes qui, quand même, à 16 ans restent jeunes, arrivent sur les réseaux, ils soient aussi accompagnés à cet égard. C'est pour ça que ce que propose CMA France, et merci président, va tout à fait dans la bonne direction, parce que l'idée, c'est de protéger pendant un temps, c'est de préparer à l'école avec les familles, mais ensuite, c'est de pouvoir accompagner nos jeunes quand ils vont arriver sur ces réseaux, avec des contenus qui sont tout à fait positifs et qui créent des synergies avec leur activité professionnelle. Je suis convaincu, en particulier pour des métiers comme ceux auxquels vous formez, et on le mesure, vous le mesurez, les maîtres d'apprentissage me le disent très souvent, quand on a des jeunes qui ont passé des heures et des heures par jour pendant des années sur les réseaux, ils ont beaucoup de mal à les garder en attention derrière qui un établi, qui dans une boulangerie, qui... parce que juste ça dérègle l'organisme. Ça vous met dans une situation où vous êtes constamment habitués à être sur-stimulés. On a même des jeunes qui disent qu'ils ne sont plus capables de regarder un film assis pendant une heure et demie. Et c'est la réalité. Ils sont habitués à avoir des contenus de quelques secondes qui déroulent. Donc les initiatives que vous portez sont très bonnes et on les accompagnera.

> On voit bien que depuis 10 ans, parce qu'on a maintenant un recul de 10 ans sur ces réseaux sociaux, ils sont rentrés dans nos vies. Vous l'avez dit en reprenant un terme bien connu de la philosophie antique, en parlant de ce qui est à la fois le médicament, le remède et le poison, le Pharmakon, il y a des très bonnes choses qui sont apportées par nos réseaux sociaux comme par l'intelligence artificielle, qui nous permettent de communiquer, de savoir ce qui se passe au bout du monde, d'alerter, d'échanger du savoir, etc.
Et il y a aussi des choses sur lesquelles il faut reprendre du contrôle. Et pour les plus jeunes, nos enfants, nos adolescents, mais également pour le fonctionnement de nos démocraties, le bon fonctionnement de l'information, d'une presse libre, le bon fonctionnement de nos démocraties dans des temps électoraux, on voit bien qu'il nous faut bouger quelques éléments et prendre pleinement conscience de ce qui, en fait, s'est joué ces dernières années. Quelque chose s'est transformé et ça nous rend aussi plus fragiles, ça a créé des problèmes dans la société, et donc c'est à nous aujourd'hui de nous en saisir. Je crois que c'est pour des démocraties comme les nôtres extrêmement importantes, parce qu'au fond, on est plongé dans une mondialisation où d'un côté, si je puis dire, il y a un modèle chinois qui est le tout contrôle par l'État, et de l'autre côté, il y a un modèle qui est de tout donner au secteur privé, y compris les choix démocratiques. C'est un peu le modèle américain. Nous, on a envie en tant que citoyens de choisir pour nous-mêmes. C'est ça une démocratie. Donc, il faut essayer de comprendre ce qui se joue.

> La clé pour moi, c'est, d’abord d'envoyer aujourd'hui un message clair : avant un certain âge, ce n'est pas bon. Ça, c'est pour les jeunes. En même temps, on envoie un message aux familles. Jusqu'à présent, on n'était pas clair avec les familles. On ne savait pas si c'était bon ou pas bon, les réseaux sociaux, s'il fallait y aller ou ne pas y aller. Il faut bien dire les choses. Là, on envoie un message clair. Et enfin de responsabiliser les familles pour dire, laissez vos enfants grandir et prendre le temps de grandir. Au fond, c'est dans le dialogue avec les maîtres, les éducateurs, que vous allez comprendre si vous avez affaire à Mbappé et Mozart ou pas. Et d'ailleurs, je le dis aussi pour beaucoup de familles, ce n'est pas forcément comme ça que votre enfant sera le plus heureux. Mais il faut lui faire faire tout le parcours. Mbappé est un bon exemple, c'est aussi un jeune qui a un talent fou pour le foot, mais qui a été très accompagné par sa famille, par ses premiers clubs, qui a gardé la tête froide et qui a aussi continué ses études très longtemps. Merci d'avoir ce mot pour beaucoup de jeunes, parfois les parents ou l'entourage voudraient les sortir. Voilà. Il faut prendre le temps de grandir et de faire un adulte.

> D'abord, c'est tout à fait normal que dans les réseaux sociaux, il y ait des informations, des faits, des opinions, ce sont des choses différentes. Mais il y a une grande confusion dans le statut. Je pense qu'il faut qu'on s'accorde sur le fait de dire qu'une information et le fonctionnement d'une démocratie supposent comme sous-jacent d'avoir une circulation libre d'une information forgée librement et de manière indépendante. C'est un métier, c'est un travail. Moi, je ne produis pas de l'information. Je vais produire des positions, je vais pouvoir me référer à de la science. Certains me diront que je fais de la communication, je vais donner des avis.
Mais je crois que l'information, c'est le métier de gens qui sont journalistes. Et ça, c'est le premier point qui est important, qu'il faut bien recadrer, parce qu'au fond, c'est quelque chose qu'on a appris avec la démocratie. On revient un peu comme au XIXe siècle en ce moment. On a mis tout le XIXe siècle à bâtir notre système de presse. Ce sont les lois des années 1880 qui ont créé la presse. Pourquoi ? Parce que tout le long du XIXe, on a des journaux qui se sont créés. Mais ces journaux, souvent, ils informaient, ils donnaient des opinions, ils pouvaient être manipulés, c'était la loi du plus fort ou du plus riche. Mais il n'y avait pas tellement de déontologie. Les lois de la Troisième République dans notre pays, qui d'ailleurs sont celles qui ont permis de créer vos titres dans La Provence et qui ont structuré notre presse quotidienne régionale et nationale, ce sont des lois qui ont garanti l'indépendance des journalistes, mais qui ont créé aussi un système de responsabilité. Ce qui fait que si La Provence dit quelque chose qui est faux, je peux demander un droit de réponse, mais je peux aussi aller chercher sa responsabilité. Il va y avoir un rédacteur en chef, quelqu'un qui a une responsabilité d'éditeur de presse, qui va, devant les tribunaux, pouvoir être mis en cause par moi-même si je considère qu'il a dit quelque chose qui me nuit, il a dit une contre-vérité ou il m'a porté tort. Ça, c'est très important parce qu'il n'y a pas de liberté d'informer sans responsabilité qui va avec et sans déontologie journalistique qui va avec. Je le redis, ça n'est pas l'affaire de l'État. Ce n'est pas l'État qui bâtit cette information, mais c'est ce cadre de la presse libre et indépendante.
Ça, aujourd'hui, ce ne sont pas les réseaux sociaux. Si demain, quelque plateforme que ce soit dit quelque chose qui est totalement faux sur vous, vous crée du tort et autre, elle n'a pas vraiment de responsabilité. Vous ne pouvez pas la mettre au tribunal. Et elle ne produit pas d'informations. Et comme j'ai dit tout à l'heure, d'ailleurs, ce n'est pas son point. Donc ça, c'est le premier élément distinctif qu'il faut faire. Il est fondamental. Et donc si vous voulez vous informer, vous pouvez aller sur les réseaux, mais allez chercher les sites de titres d'informations, c'est-à-dire de journaux connus, parce que c'est comme ça que vous aurez la certitude d'avoir de l'information. Sinon, vous aurez des avis, et je ne sais pas vous dire s'ils sont vrais ou s'ils sont faux.
Ensuite, face à cette complexité, vous l'avez dit tout à l'heure, cette surabondance, des journalistes, de manière indépendante, libre, ont dit qu'il faut mieux distinguer nos titres des autres, et ils ont voulu créer des labels. Et je le redis, et je l'ai déjà dit plusieurs fois, ce ne sont pas des labels d'État, ça ne doit surtout pas être des labels d'État. C'est une initiative qui a été prise par Reporters sans frontières, avec des certificateurs, mais un peu comme, d'ailleurs, il y a des bureaux Veritas ou autres, ils ont dit : on crée une initiative entre journalistes pour dire là, on a vraiment des règles très déontologiques sérieuses. C'est par exemple ce qu'on a appelé le JTI, qui est Journalism Trust Initiative, donc l'initiative pour la confiance dans le journalisme. Et c'est des journalistes qui s'évaluent entre eux pour dire là, c'est vraiment des titres.
Pourquoi ? Parce que vous avez des tas de faux journaux qui se créent. Vous avez des tas de gens qui vous mettent des rossignols en ligne ou qui écrivent une feuille de chou qui n'ont rien à voir avec des journaux, qui n'ont pas déposé, qui n'ont pas le statut et qui font croire qu'ils sont des journaux. Mais ça, si je puis dire, c'est quelque chose qui est géré par les journalistes, c'est pas du tout l'État qui doit le faire.
Ensuite, vous avez la question de la fausse information, qu'on appelle la fake news. C'est un statut très particulier. Vous allez lire quelque chose, ce n'est pas un journal qui l'écrit, ce n'est pas un titre de presse, sur vous, sur quelque chose que vous savez qui est faux. Ça, c'est très difficile à réguler, le vrai du faux. C'est par le débat, la controverse, c'est par la preuve apportée que vous allez pouvoir le démêler. Mais c'est très difficile, y compris pour le juge, d'identifier ce qui est faux. C'est par définition une zone beaucoup plus grise et elle existe dans la vie. Ça peut être la rumeur qu'on colporte, la fausse information. Elle prend une ampleur beaucoup plus grande dans les réseaux sociaux. Mais là, je ne vais pas vous mentir, il n'y a pas de remède miracle face à ça. Il y aura toujours des vraies et des fausses nouvelles comme il y en a dans la vie. Simplement, elles prennent une proportion plus grande. Ce qu'il faut pouvoir établir, c'est simplement quand ces nouvelles prennent une volumétrie, qu'elles sont identifiées et qu'elles créent du tort pour quelqu'un. À ce moment-là, il faut pouvoir identifier quand même une responsabilité des plateformes. Ça, c'est ce qu'on a mis en place au niveau européen avec la directive sur les services numériques. On leur a dit, à partir d'un certain niveau, vous avez quand même une forme de responsabilité sur ce que vous publiez. Et si c'est de manière évidente faux, et si de manière évidente, ça crée du tort à quelqu'un, je peux aller chercher votre responsabilité. Ça, c'est le tout début. L'Europe, c'est le seul endroit où on l'a fait et on doit continuer. Et nous, ce qu'on veut faire là-dessus, c'est renforcer les choses, aller beaucoup plus loin.
Troisième élément, c'est dans les temps électoraux, parce que vous avez parlé des ingérences. On y reviendra peut-être pour les ingérences étrangères, mais pendant les périodes d'élections, vous êtes candidat à la mairie de Marseille, si je dis quelque chose de faux sur vous, ça va vous créer du tort. Je dois pouvoir le freiner. On a mis en place ce qu'on appelle un référé électoral. Simplement, on ne l'utilise pas assez. Et donc là, on va faire ce qu'on appelle une circulaire pénale. Et ça, c'est un frein d'urgence. Je dis un truc qui est totalement faux. Vous le savez, mais pénalement, je ne peux pas tout de suite le faire retirer. Référé électoral, ça va troubler l'élection. Je dois pouvoir le retirer. Sinon, ça vous porte un tort et ça va fausser l'élection. Parce que les réseaux sociaux, par ce fonctionnement, faussent nos élections de manière claire. Et donc là, c'est le référé électoral.
Le dernier point, c'est le contenu manifestement illicite. Un contenu raciste, antisémite ou qui pousse à la haine, celui-ci, on doit pouvoir le retirer. Aujourd'hui, on a une organisation, on a ce qui s'appelle Pharos, qui est une plateforme qu'on a mise en place, qui va chercher justement ces raisons. On a créé des dispositifs d'État. Donc, ce n'est pas une fausse information, c'est une information qui va mettre votre vie en danger ou qui, comme la loi l'interdit depuis des années, a un contenu très clairement ou raciste ou antisémite, etc. À ce moment-là, on doit le retirer, on doit mettre en cause la responsabilité de la plateforme. Est-ce que ça marche ? En théorie, oui. Mais le Président que je suis doit, en toute honnêteté, vous dire, en pratique, moyen. Parce qu'on le fait à la main, ce n'est pas satisfaisant. Le seul moyen de le rendre satisfaisant, c'est d'aller au bout d'une responsabilité pleine et entière de ces plateformes. Parce qu'aujourd'hui, c'est cette plateforme Pharos qui va aller regarder à chaque fois avec des moyens limités, elle va essayer de les faire retirer. Généralement, ça marche. Alors moi, j'ai un mauvais échantillon parce que c'est souvent ce auquel je m'intéresse. On y reviendra peut-être pour les ingérences. Mais il faut que ce soit systématique.
En fait, ce qu'il faut pouvoir dire, c'est tel réseau social, vous ne l'avez pas fait, si vous ne l'avez pas fait, on vous met tant de millions d'euros d'amende. Il n'y a que comme ça que ça peut marcher. Donc, ce qu'on veut maintenant passer au niveau européen, c'est des amendes beaucoup plus immédiates et fortes sur ces réseaux sociaux qui ne coopèrent pas et qui ne retirent pas tout cela. Voilà. Pardon, c'était un peu long, mais parce qu'il faut bien différencier les statuts entre les informations ou ce qu'on lit sur les réseaux.

 

► Sébastien Lecornu (Premier ministre)
[Nota: Nous faisons figurer Sébastien Lecornu dans cette liste alors qu’il n’est pas centriste mais appartient à l’aile droite de Renaissance, parti centriste/central et qu’il s’est toujours défini comme un homme de droite; c’est à ce titre que ses propos sont retranscrits ici et du fait qu’il a composé un gouvernement d’axe central.]
> [Crise agricole / Intervention au Sénat]
Sous l'effet du réchauffement climatique, de nouvelles pathologies se feront jour, pour les humains comme pour les animaux, d'élevage et de compagnie. La place centrale de la science devra être réaffirmée.
Dans le Sud-Ouest, nous agissons tant dans les zones touchées par l'épidémie que dans les zones indemnes, pour protéger notre bétail et nos éleveurs.
La priorité, c'est la vaccination. Les doses sont là, et je remercie les armées pour leur concours décisif en matière logistique.
Il faut aussi des bras. Puisque M. le président du Sénat nous a rappelé qu'il était derrière nous, j'appelle à ce que nous soyons tous derrière nos vétérinaires, victimes de menaces inacceptables. Vétérinaires retraités, élèves vétérinaires, vétérinaires des armées : la profession se mobilise de façon admirable, au service de politiques départementales de vaccination menées par les préfets, en liaison avec les chambres d'agriculture, les groupements de défense sanitaire et les syndicats. L'objectif est de faire du sur-mesure. En Ariège, la vaccination des troupeaux des 1 000 exploitations avant le 31 décembre est cruciale ; un préfet coordinateur a été nommé à cette fin.
Il faut aussi veiller au respect des interdictions de transport de bétail. Si le virus se propage, c'est que, hélas, elles ont été parfois contournées. Nous appelons à la responsabilité. Il n'est pas possible de subir des drames parce qu'une infime minorité ne respecte pas les règles.
Cette vaccination aura des effets économiques, notamment à l'exportation. Il est essentiel de discuter avec Rome et Madrid, mais aussi Bruxelles, pour assurer une visibilité sur le statut à l'export des animaux vaccinés. En plus de la ministre de l'agriculture, les ministres de l'Europe et du commerce extérieur se mobilisent dans cet objectif.
Quant aux mesures d'accompagnement, les aides exonérées d'impôt et de charges ne suffisant pas, nous avons débloqué un premier fonds d'urgence, de 10 millions d'euros. Je souhaite qu'il soit le plus territorialisé possible et bénéficie notamment aux petits élevages. La réactivité de l'aide sera décisive pour la pérennité des exploitations, le moral des éleveurs et la qualité de leur relation avec l'État.
D'autres mesures sont à venir, en particulier pour la reconstitution des cheptels - je pense aux mesures qui concernent les génisses.

> [Crise agricole / Intervention au Sénat] Les négociations sur la future PAC commencent maintenant. Dans toute négociation, réussir les débuts est un atout précieux. En l'occurrence, la France annonce deux principes qui ne varieront pas.
D'abord, la politique agricole doit rester commune. Il ne peut donc pas y avoir de différenciation par pays. L'éventualité d'adaptations nationales peut paraître sympathique, mais nous en connaissons les effets : concurrence déloyale et confusion entre soutien à la production agricole et accompagnement des ruralités.
Ensuite, nous avons aussi indiqué à la Commission européenne que pas un centime ne devrait manquer pour la future PAC. Cette politique est au cœur de la relation entre la France et les institutions européennes. La construction européenne se fonde sur des grands marqueurs, comme Ariane ou l'euro, mais aussi la PAC.

 

► Gouvernement
● Ministres centristes/centraux
Laurent Nunez (ministre de l’Intérieur)

> [Mécanisme de relocalisation des migrants / Intervention à l’Assemblée]  Je tiens tout d’abord à rappeler qu’un conseil justice et affaires intérieures, dit JAI, s’est tenu le 8 décembre, réunissant les ministres européens concernés. Cette réunion très importante a traité des thématiques que vous évoquez. Il faut se féliciter que la position de la France ait été retenue, grâce au soutien de l’Italie et de l’Allemagne, dans le cadre du règlement « retour » –
 appelé à remplacer la directive « retour » – ; la discussion va se poursuivre dans le cadre du trilogue.
Nous avons d
éjà obtenu d’inverser le principe : le départ volontaire deviendra l’exception et le départ contraint, la règle. Nous avons également obtenu la possibilité, s’agissant des étrangers en situation irrégulière les plus récalcitrants, d’utiliser des techniques intrusives, notamment sur leur téléphone, ce qui permettra de mieux lutter contre les filières.
Le mécanisme que vous évoquez est issu du pacte sur la migration et l’asile. En effet, un certain nombre d’États subissent une pression migratoire extrêmement forte, et des mécanismes de solidarité se mettent en place. Il existe trois types de mécanismes de solidarité : les relocalisations, les compensations, qui peuvent être à caractère financier, le renvoi des dublinés –
 les demandeurs d’asile sont tenus, en vertu du règlement « Dublin », de retourner dans le pays où ils ont fait leur demande initiale. Tout cela forme un équilibre qui s’appelle la solidarité entre les États de l’Union européenne et je puis vous assurer que comme ministre de l’Intérieur, je veille à protéger les intérêts de la France.
Quant au volume des relocalisations, nous en discutons avec l’Italie et avec l’Allemagne pour qu’il soit le moins pénalisant pour notre pays, tout en contribuant dans le même temps, par souci d’équilibre, aux mécanismes de solidarité.

> [Intrusion dans le système informatique du ministère de l’Intérieur / Intervention à l’Assemblée] L’intrusion dont nos systèmes d’information ont fait l’objet est très grave. Je ne le nie pas. C’est bien pour cela que je souhaite faire toute la lumière sur cette attaque.
Nous avons subi une intrusion, très probablement de la part d’un hacker, puisque l’action a ensuite été revendiquée sur les réseaux sociaux. Celui-ci a utilisé notre système de messagerie : après s’y être introduit, il a pu collecter des mots de passe, l’hygiène numérique qui consiste à ne pas en échanger sur des messageries non cryptées n’ayant pas toujours été observée. L’assaillant a pu consulter ainsi plusieurs fichiers et procéder à l’extraction de certaines fiches, ce qui est évidemment très grave. Comme je l’ai indiqué ce matin au micro de France Info, quelques dizaines de fiches seraient, à cette heure, concernées. Je reste très prudent –
 nous poursuivons linventaire.
Nous avons pris imm
édiatement des mesures de remédiation : systématisation de la double authentification, fermeture de plusieurs comptes, gestion plus stricte des messageries. Le cadre de travail des agents sera forcément plus contraint.
Plus généralement, le ministère de l’intérieur a engagé, comme tous les autres ministères, une action visant à renforcer ses systèmes d’information, notamment grâce à l’Anssi. Cette agence a été saisie et une enquête judiciaire a été ouverte, au terme de laquelle il ne fait aucun doute que l’assaillant sera retrouvé. J’ai également diligenté une enquête administrative, dont je tirerai toutes les conséquences pour l’organisation de nos services, tout comme je tirerai toutes les conséquences des résultats de l’enquête judiciaire.
Ce qui s’est produit est très grave –
 jassume ce mot.

> Je vous confirme qu'on a fait l'objet d'une intrusion [de notre système informatique] malveillante il y a quelques jours maintenant. Donc, une intrusion malveillante qui a eu lieu par un individu ou un groupe d'individus qui s'est introduit dans nos systèmes d'information, en utilisant nos messageries. En réalité, il a d'abord piraté nos messageries mails. Et puis il y a 300 000 agents au ministère de l'Intérieur. Et donc, à partir de certaines boîtes professionnelles, il a pu récupérer des codes, des codes d'accès qui sont échangé, en clair, en dépit de toutes les règles de prudence pourtant que l'on diffuse très régulièrement. Il suffit de quelques individus qui ne respectent pas ces règles et quelqu'un de malveillant peut récupérer un certain nombre de mots de passe qui ont permis.

> [Narcotrafic] Non, on ne perd pas la guerre du tout. On gagne de nombreuses batailles. On démantèle énormément de réseaux. Depuis 10 ans, on a complètement réorganisé l'appareil de lutte contre le trafic des stupéfiants. Chaque période a amené ces dispositifs nouveaux. Vous savez, en 2015, François Hollande a expérimenté ce qu'on appelle les CROSS. Aujourd'hui, les cellules dans chaque département ou les services échangent toutes les informations. Et puis en 2017, 2018, le président de la République a créé l'OFAS. On a poursuivi le décloisonnement. On démantèle énormément de réseaux. Récemment, il y a eu la période de Gérald Darmanin où on a eu les opérations Place Net qui continuent. On continue à démanteler les réseaux. Avec Bruno Retailleau, on a eu la loi narcotrafic. Et moi, j'applique tous ces dispositifs. Non, on gagne énormément de batailles. On démantèle énormément de réseaux. Vous dites qu'effectivement, les saisies de cocaïne augmentent. C'est vrai. On a déjà dépassé le seuil de saisie de cocaïne de l'année dernière. C'était 53-54 tonnes. On est déjà à plus de 70 tonnes. Mais pour autant, il y a moins de points de villes et on démantèle de plus en plus de réseaux. Donc, on gagne des batailles. Mais la guerre, vous avez raison, est loin d'être gagnée. Mais on la poursuit. Demandez aux habitants du quartier de la Paternelle à Marseille, au Tonkin, à Villeurbanne ou dans la plupart des quartiers de Saint-Ouen où, avec le maire de Saint-Ouen, on fait un travail formidable en matière de démantèlement de réseaux. Demandez à ces habitants si on ne les a pas libérés des trafiquants. On gagne des batailles. Il faut savoir positiver sur ce sujet. Moi, je veux voir le côté positif. Mais je ne suis pas naïf. Il y a encore beaucoup de choses à faire. Et la loi narcotrafic, la dernière loi, nous a encore donné des moyens supplémentaires. (…)
Oui, nous sommes suffisamment armés. On a un débat d'ailleurs aujourd'hui, au Sénat et à l'Assemblée Nationale autour du Premier ministre sur ce sujet. Oui, on a des dispositifs juridiques qui n'ont cessé de monter en puissance avec un dernier aboutissement avec la loi narco qui donne au service d'enquête des techniques spéciales d'enquête supplémentaire qui sont plus intrusives qui créent un parquet national contre la criminalité organisée, un peu comme en matière de terrorisme. On peut faire très clairement le parallèle. Et puis, on a aussi un état-major qui réunit tous les services où on échange en permanence des informations pour mieux identifier ce qu'est cet hydre que créent les trafiquants de stups sur l'ensemble du territoire. Et puis on a renforcé notre coopération judiciaire. (…)
On attaque la pieuvre et on essaie de l'attaquer à la tête. On aura, avec la loi narco, la possibilité de geler administrativement des avoirs. C'est-à-dire que les préfets pourront prendre des décisions de gel d'avoir contre les narcotrafiquants. Donc on s'attaque évidemment à la pieuvre. (…) Les consommateurs, oui, c'est un problème. S'il n'y avait pas de consommateurs, il n'y aurait pas de trafic. C'est juste ce qui est dit. Pas plus. (…)
Il faut dissuader les consommateurs de consommer de la drogue. Je vous assure que l'amende est dissuasive. Par le passé, on n'avait pas l'amende forfaitaire délictuelle. On avait une amende douanière qu'on appliquait de la même façon. On l'a appliquée sur certains quartiers. Je vous parle avec ma longue expérience. Dans certains quartiers, je pense à Saint-Ouen par exemple, l'application de cette amende a été dissuasive. Si vous frappez les consommateurs au portefeuille, ils n'y reviennent plus. Encore une fois, c'est un délit. Vous avez commis un délit qui est constaté.

> [Crise agricole] La situation sur le terrain, c'est qu'actuellement, on a des mouvements qui sont organisés. Ils se concentrent beaucoup dans le sud-ouest, mais pas que… Un peu partout sur le territoire national. On a des rassemblements d'éleveurs, d'agriculteurs, souvent avec des tracteurs, qui se rassemblent devant des bâtiments publics, qui manifestent, et qui, devant les bâtiments publics en général, déchargent, débarquent des déchets, ou arrosent, comme on l'a vu hier devant la préfecture de Loches, du lisier. Ce matin, c'était à 5h du matin à Bourges, où c'est du fumier et du lisier qui a été répandu. On a ce type d'action qui se déroule depuis maintenant une grosse semaine. On a des blocages d'autoroutes aussi, des blocages de voies ferrées également, qui se déroulent sur l'ensemble du territoire national. La doctrine est très simple, les forces de l'ordre, pour l'instant, accompagnent le mouvement, on l'encadre et on évite qu'il y ait des dégradations et des violences. (…)
J'ai suffisamment d'expérience maintenant, comme je suis ministre de l'Intérieur, certes depuis deux mois, mais j'ai été haut fonctionnaire, j'ai été secrétaire d'Etat auprès du ministère de l'Intérieur. On a toujours géré les mouvements agricoles comme ça, tel que je viens de vous le dire, avec souplesse, avec tact. Et ça a toujours été notre ligne. Et à un moment, évidemment, quand il y a des dégradations, des débordements, on intervient. Évidemment, quand vous commencez à casser les grilles d'une préfecture, on intervient. Quand il y a des violences contre les personnes, on intervient. Ça s'est passé sur certains barrages, je ne dis pas qu'il y a eu quelques violences, il y a eu des interventions des forces de l'ordre. Maintenant, à bord de ce qui s'est passé dans l'Ariège, c'étaient des équipes de vétérinaires qui devaient intervenir sur une opération d'abattage et qui en ont été empêchées par plusieurs centaines de personnes. Il y a eu beaucoup de fakes, de mauvaises informations qui ont circulé sur cette affaire. Attention, il n'y avait pas que des éleveurs et des agriculteurs. On a identifié plusieurs dizaines de militants d'ultra-gauche qui avaient des cocktails Molotov. On en a récupéré, on a des photos. Donc, il y a eu des prises à partie extrêmement violentes des forces de l'ordre qui ont entraîné l'action à laquelle nous avons assisté. Ou, contrairement à ce qui a pu être dit, y compris par un député de la République, président de groupe, il n'y a pas eu de jet de grenade lacrymogène depuis un hélicoptère. Il n'y a pas eu de gendarmes qui se sont dit : « Non, on n'y va pas, ce n'est pas bien ». Donc voilà, il y a eu beaucoup de fausses informations qui ont circulé. Mais il y a eu ces images, évidemment. Ça a été une action d'ordre public qui a été dure. Et ces images ont tourné ensuite en boucle. Et évidemment, ont été portées à notre passif.

> Oui, il y a une montée de l'antisémitisme. Ils sont clairement ciblés dans la propagande des terroristes de l'État islamique, d'Al-Qaïda, comme les forces de sécurité intérieure, comme d'autres cibles, les lieux de grands rassemblements. Oui, ils sont ciblés. Il y a une montée de l'antisémitisme qui peut conduire à un certain nombre d'individus plus fragiles psychologiquement, ou à passer à l'action. On a vu ce qui s'est passé à Sydney, ce qui est terrible, le premier jour d'Hanouka. (…)
Mais tout peut arriver en France. Tout peut arriver. C'est pour ça qu'on est vigilant. C'est pour ça que moi je demande aux préfets, comme l'ont fait chacun de mes prédécesseurs, ça a toujours été pour tous les ministres de l'Intérieur une priorité, de protéger les lieux de culte, de protéger les fêtes religieuses. Ça veut dire des contacts avec les organisateurs, une présence physique de forces de sécurité intérieure, deux militaires du dispositif Sentinelle, que je n'oublie pas, et donc nous protégeons évidemment la communauté. Et donc oui, il y a une menace, mais oui, ils sont en sécurité. Et en tout cas, c'est l'honneur du Gouvernement de la France d'assurer à tous nos compatriotes, quelles que soient leurs confessions, de pouvoir exercer leur culte, de pouvoir s'afficher librement.

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> [Mercosur / Intervention au Sénat]
la France considère que les conditions ne sont en aucun cas réunies pour qu'un vote puisse intervenir sur l'accord du Mercosur, et si toutefois la Commission devait passer en force, la France voterait non et s'y opposerait avec beaucoup de fermeté. Cela, nous le disons parce que nous sommes convaincus que c'est une question de justice, de considération vis-à-vis du monde agricole qui traverse une crise sans précédent. Mais c'est aussi une question qui touche à notre souveraineté alimentaire. On parle beaucoup de la souveraineté industrielle, les terres rares, la défense. Mais la souveraineté alimentaire est une composante essentielle de la souveraineté européenne.
Alors c'est vrai, le ministre délégué l'a dit hier, la saisine de la Cour de justice n'est pas l'option que nous avons retenue jusqu'à présent, parce qu'elle n'est pas suspensive de la procédure en cours. Et l'opposition que nous avons marquée à la signature éventuelle d'un accord dans les prochains jours, elle se double d'une mobilisation du Président de la République, du Gouvernement sous l'autorité du Premier ministre, pour obtenir, Mercosur ou pas Mercosur, des concessions de la part de la Commission européenne au service de nos agriculteurs. Certaines de ces concessions ont été obtenues. Nous avons enregistré des succès. C'est le cas notamment de la clause de sauvegarde, qui a été adoptée de manière transpartisane au Parlement européen hier et qui nous permettra de protéger les agricultrices et les agriculteurs européens.
D'autres avancées sont en train d'être obtenues, même s'il faut qu'elles puissent se concrétiser. C'est le cas des mesures miroirs, des limites maximales de résidus sur lesquelles nous attendons que la Commission présente des engagements fermes, dans le cadre des réglementations alimentaires. C'est le cas également des contrôles sur lesquels le commissaire que vous avez cité a annoncé des mesures, une augmentation des dispositifs de contrôle dans l'Union européenne et dans les pays tiers. Nous attendons d'en voir le résultat concret.
Et puis il y a des conquêtes que nous irons chercher avec les dents. C'est le cas de la politique agricole commune, dont nous souhaitons qu'elle reste commune et sanctuarisée dans ses moyens. Et dans ces combats, dans tous ces combats, la France n'est pas seule, puisque vous avez entendu la Hongrie, la Pologne, l'Autriche et même la présidente du Conseil des ministres italien se rallier à la France pour défendre aujourd'hui nos agricultrices et nos agriculteurs.

 

Stéphanie Rist (ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées)
> [Proposition de loi visant à protéger les jeunes de l'exposition excessive et précoce aux écrans et des méfaits des réseaux sociaux / Intervention au Sénat] Je me réjouis de cette proposition de loi, qui soulève des enjeux bien documentés. Les retours de terrain et les données scientifiques sont unanimes : l'exposition précoce et excessive des enfants et adolescents aux écrans fragilise le lien social, altère leur santé mentale et peut peser durablement sur leur développement. Dans cette mobilisation collective, je salue le rôle du Parlement, et particulièrement du Sénat, dès 2018.
Le Gouvernement agit clairement, pour mieux accompagner les professionnels et les familles, à trois niveaux : information et prévention, environnement des enfants et capacité à agir.
La prévention passe par des repères simples et partagés : le carnet de santé recommande aucun écran avant 3 ans, un usage occasionnel et encadré avant 6 ans, et une attention particulière au sommeil, aux interactions sociales et à l'activité physique. Des fiches pratiques et des messages pédagogiques sont envoyés aux enfants et aux parents.
Les CAF, avec le label « Parents, parlons numérique », agissent sur le terrain. Avec Santé publique France, nous préparons une campagne pour les 6-12 ans.
Second axe, l'environnement direct des enfants. L'exposition des moins de 3 ans aux écrans est interdite. Le téléphone portable est interdit au collège depuis la rentrée 2025. Des travaux scientifiques sont menés sur la question de la majorité
numérique. En témoignent le rapport Écrans et enfants de Servane Mouton et Amine Benyamina de 2024 et les réflexions engagées par nos voisins européens et internationaux.
Troisième axe, la capacité d'agir des professionnels : nous lancerons une formation structurée des professionnels de santé non médicaux. Cette prévention des addictions permet de repérer les situations à risque et d'orienter les publics notamment jeunes. Ces actions sont menées en lien étroit avec le ministère de l'éducation nationale, central pour l'éducation aux médias.
Cette proposition de loi mérite d'être saluée, dès lors qu'elle vise à consolider, structurer et rendre lisibles des actions déjà engagées. Elle affirme une idée simple : l'exposition aux écrans est un déterminant de santé à part entière. C'est dans cet esprit que ce texte a toute sa place dans notre arsenal de prévention en santé publique.

> [Enfant rasé dans un foyer / Intervention à l’Assemblée] Monsieur le député, vous avez rappelé l’inacceptable incident survenu en février dans un foyer parisien de l’aide sociale à l’enfance et révélé la semaine dernière. J’ai bien évidemment, dès que j’en ai eu connaissance, saisi la procureure de la République à ce sujet. Nous travaillons avec l’Inspection générale des affaires sociales en vue de répondre à votre question, c’est-à-dire de prendre des mesures très concrètes en matière de contrôle des établissements par les départements, ainsi que d’améliorer la formation des professionnels encadrants.
Qu’ils soient placés ou non, la République doit à tous les enfants une certaine stabilité, une certaine dignité, une certaine sécurité ; je profite de l’occasion pour rappeler l’existence du 119, numéro téléphonique que peuvent composer tous nos concitoyens en cas de suspicion de violences envers un enfant. Il y va de notre responsabilité à tous.
En outre, depuis le mois d’octobre, tous les professionnels de la petite enfance et de la protection de l’enfance font l’objet d’un contrôle de leurs antécédents, de leur honorabilité. Au cours du premier trimestre de 2026, le garde des sceaux et moi présenterons un projet de loi consacré à la protection de l’enfance, lequel visera entre autres à étendre ce contrôle des antécédents à l’ensemble des tiers de confiance et accueillants durables bénévoles, car ces modes d’accueil stable, que nous voulons d’ailleurs favoriser, sont importants pour ces enfants. Il y a là, je le répète, une responsabilité que, face à eux, nous avons tous.

> [Eau potable / Intervention à l’Assemblée] Pour le TFA, dans l’attente des travaux européens, nous avons retenu transitoirement la valeur sanitaire indicative allemande de 60 microgrammes par litre, avec un objectif plus protecteur à 10 microgrammes par litre. Le TFA a été détecté dans plus de 90 % des échantillons de la campagne exploratoire de l’Anses. Aucune eau traitée ne dépasse toutefois la valeur des 60 microgrammes par litre et seuls deux sites dépassent la cible de 10 microgrammes par litre.
Le TFA fait actuellement l’objet d’une expertise européenne, menée par l’EFSA, dont les conclusions sont attendues pour le 31 juillet 2026. La France s’alignera sur les standards les plus exigeants et s’engage pleinement dans les travaux susceptibles de faire évoluer la directive sur l’eau potable.
Au regard des résultats de l’Anses, j’ai décidé d’ajouter le TFA et le 6 : 2 FTS au décret qui mettra à jour la liste des Pfas dont la présence dans l’eau potable doit être contrôlée par les ARS.
Pleinement consciente des coûts liés à la dépollution de l’eau, je voudrais rappeler que le PLF prévoit une hausse de plus de 175 millions d’euros du plafond des redevances perçues par les agences de l’eau. Celles-ci apportent leur soutien aux collectivités pour gérer l’approvisionnement ou pour forer d’autres puits, comme dans la commune de Saint-Louis. Encore faut-il que le budget soit adopté pour que cette hausse puisse entrer en vigueur.
Enfin, je suis avec attention les travaux de la mission interinspections chargée d’identifier des leviers de financement, dont les conclusions sont attendues pour le premier trimestre 2026. Monsieur le député, vous pouvez compter sur mon engagement.

> [Démographie / Intervention à l’Assemblée] Cette année marque, comme vous l’avez dit, un tournant majeur : le nombre des décès est supérieur à celui des naissances, en baisse de 20 % par rapport à 2010. Cette évolution, au terme de laquelle notre pays rejoint la moyenne européenne, ne traduit pas nécessairement un fléchissement du désir d’enfant.
L’action publique n’a pas vocation à faire peser des injonctions, mais à lever les obstacles. En l’occurrence, ceux-ci tiennent à plusieurs facteurs, dont le premier est l’infertilité. Cette épreuve que traverse un couple sur huit, femmes et hommes confondus, constitue aussi un thème de prévention et de recherche, et pose un problème d’accès aux soins. C’est pourquoi nous en étudions tous les aspects.
À cela s’ajoutent souvent des conditions de vie plus difficiles, notamment en matière d’accès au logement, qui rendent instables certains parcours résidentiels, et l’évolution des normes sociales, marquée par la montée du discours «  no kids », qui contribuent à perturber la projection dans la parentalité.
Comme vous l’avez souligné, il existe enfin un problème de conciliation, d’équilibre entre vie professionnelle et vie familiale. C’est pour y répondre que le PLFSS adopté hier crée un nouveau congé de naissance. Mieux indemnisé et susceptible d’être partagé au sein du couple, il permettra de rester auprès de son enfant jusqu’à la fin des six premiers mois de sa vie. Ce congé s’ajoute au congé parental existant, qui ne doit plus représenter un choix contraint. C’est pourquoi nous avons décidé d’orienter le financement public, à hauteur de 600 millions d’euros, vers la réforme du complément du libre choix du mode de garde, qui vise à réduire le reste à charge pour les familles. Notre choix politique est clair : refuser les injonctions, tout en créant les conditions concrètes permettant aux familles de choisir librement leur avenir.

 

Amélie de Montchalin (ministre de l’Action et des Comptes publics)
> [Budget / Intervention à l’Assemblée] Nous arrivons au terme de l’examen parlementaire de ce texte, entamé le 14 octobre, qui a animé le Parlement pendant près de 180 heures de débats. Au bout de ce chemin exigeant, un élément essentiel s’est imposé : les parlementaires ont su se rassembler autour de l’essentiel pour les Français, à savoir la sécurité sociale, la santé, la protection de chacun. Quatre-vingts ans après sa création, l’esprit de 1945 est toujours vivant : celui d’une avancée transpartisane, soutenue hier comme aujourd’hui par des parlementaires centristes, de gauche et gaullistes, unis pour protéger notre modèle social.
Le gouvernement avait pris ses responsabilités en soumettant au Parlement un texte exigeant qui engageait une trajectoire de redressement pour nos comptes sociaux. Le budget soumis à votre vote définitif est désormais le fruit d’un travail collectif, marqué par des compromis difficiles mais nécessaires. Beaucoup ici ont exprimé leur préoccupation face au niveau de déficit et à la trajectoire de nos comptes sociaux. Je partage cette préoccupation et même cette inquiétude : il n’a jamais été imaginé que la sécurité sociale puisse se financer par une dette léguée aux générations futures. Ce texte est néanmoins nécessaire pour permettre le bon fonctionnement de notre système de protection sociale en 2026 puisqu’en l’absence de loi de financement, le déficit des comptes sociaux se dégraderait à un niveau inédit en l’absence de crise économique, c’est-à-dire au-delà de 30 milliards d’euros. Alors que depuis plusieurs mois, notre pays traverse une période d’incertitude qui pèse sur la confiance de nos concitoyens, les Français attendent de nous que l’année 2026 ne devienne pas pour eux un saut dans l’inconnu.
Le PLFSS pour 2026 ne renverse pas notre système. Au contraire, il porte en lui des choix pour le préserver. Il prépare le terrain pour que les forces politiques puissent débattre sereinement devant les Français, en 2027, des évolutions structurelles qu’elles souhaitent ou non pour notre modèle social, pour son fonctionnement et pour son financement.

 

Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)
> [Homosexualité / Intervention à l’Assemblée] L’histoire qui nous rassemble aujourd’hui est une histoire de silences, de noms effacés, de voix qui se sont tues trop tôt, parfois sans jamais avoir été entendues. C’est une histoire étouffée par la peur, enfouie sous la honte, portée par celles et ceux qui ont intégré très tôt que, pour rester en vie, il fallait se taire, se cacher, disparaître un peu.
Et puis il y a eu ces années sombres, ces années de fièvre et de plomb où les absences se sont multipliées. Des générations entières ont alors manqué à l’appel. Les carnets se vidaient et, presque chaque semaine, on rayait des prénoms des répertoires. La mort circulait sans dire son nom –
 sinon quatre lettres –, fauchant des vies avant quelles aient pu être dites, aimées et transmises. De cette hécatombe sont restés des destins interrompus, des œuvres inachevées, des amours fauchées et une histoire encore trop souvent laissée dans lombre.
M
ême de nos jours, malgré les travaux essentiels menés depuis les années 1990, lhistoire de la répression de lhomosexualité en France demeure largement méconnue, comme si le silence continuait, autrement.
C’est d’autant plus le cas que l’histoire qui nous rassemble aujourd’hui est aussi celle d’un mythe : le mythe d’une France pionnière, patrie des Lumières et modèle de tolérance, qui, en 1791, supprime le crime de sodomie qui pouvait conduire les condamnés au bûcher. Ce geste fondateur existe, il est réel et souvent invoqué, mais il masque une autre réalité : celle d’un pays où l’homosexualité demeure longtemps marginalisée, stigmatisée, poursuivie.
Pendant un siècle et demi, la répression se déguise. On ne nomme pas l’homosexualité, on ne la combat pas frontalement, on ne légifère pas spécifiquement contre elle ; on la poursuit à travers d’autres infractions. On a recours à des termes génériques, à une légalité de façade, pour un ciblage systématique. L’outrage public à la pudeur devient l’un des principaux outils de répression. Dans la plupart des cas, l’outrage n’a rien de public, et la pudeur offensée est celle d’un ordre moral inquiet de tout ce qui remet en cause la norme qu’il prétend protéger. Souvent, c’est la police elle-même qui provoque, attire, met en scène. Des filatures sont organisées ; des descentes, planifiées.
Assez vite, on réclame une législation plus spécifique, plus explicite, plus assumée. Ces demandes finissent par être entendues. En 1942, un cap est franchi : un projet amorcé sous la IIIe République est finalisé par le régime de Vichy. La loi du 6 août 1942 introduit pour la première fois dans le code pénal des dispositions explicitement discriminatoires envers les homosexuels. Elle institue en effet une majorité sexuelle différenciée selon l’orientation sexuelle, fixée à 13 ans pour les hétérosexuels et à 21 ans pour les homosexuels. L’objectif est clair : faciliter les condamnations et, dans le contexte de Vichy, obtenir les internements, les déportations et l’extermination.
Mais les changements politiques ne mettent pas fin à la répression. À la Libération, la loi n’est pas abrogée. Au contraire, elle est confirmée par l’ordonnance du 8 février 1945, dont l’exposé des motifs assume que « cette réforme, inspirée par le souci de prévenir la corruption des mineurs, ne saurait, en son principe, appeler aucune critique ». Cette continuité s’enracine dans une société d’après-guerre saturée d’obsessions, qui valorise la virilité et redoute le désordre. C’est dans une atmosphère de croisade morale contre la « démocratisation de l’homosexualité » que le député Paul Mirguet obtient, en 1960, le classement de l’homosexualité dans la liste des « fléaux sociaux » à combattre. Ainsi, l’ordonnance du 25 novembre 1960 crée une circonstance aggravante pour l’outrage à la pudeur lorsqu’il est commis entre personnes de même sexe.
Au-delà de cette architecture de la répression, l’histoire qui nous rassemble aujourd’hui est l’histoire de ceux dont le seul délit était d’aimer. Ceux que le régime de Vichy a traqués ; ceux qui ont été pourchassés, arrêtés ; ceux qui ont été internés, exterminés ; ceux dont la mémoire a longtemps été ignorée ; ceux que la République, une fois la guerre terminée, a continué de poursuivre.
Je pense à certaines de ces voix qui ont accepté de nous parler, souvent pour la première fois, lors des travaux préparatoires à l’examen du texte. Ceux qui étaient ouvriers du bâtiment, manœuvres agricoles, soudeurs, manutentionnaires, cuisiniers, saisonniers d’hôtel-restaurant, garçons de salle, coiffeurs, mécaniciens, étudiants, vendeurs, chefs de pub, maîtres-nageurs, porteurs de valises, et tous les autres. Ceux qui aimaient en cachette, dans des lieux de fortune, parce que c’était ça ou rien. Ceux qui faisaient « toujours gaffe » pour ne pas « se faire choper ». Ceux qu’on guettait, suivait, piégeait, provoquait. Ceux à qui on « cassait la gueule ».
Ceux qu’on arrêtait par descente et qu’on embarquait dans les paniers à salade. Ceux qui entendaient au commissariat : « Écoutez, vous êtes pédé, vous l’avez bien cherché. » Ceux à qui on demandait au tribunal : « Monsieur, êtes-vous un inverti ? » Ceux dont l’employeur était informé avant même l’avocat. Ceux dont le nom paraissait dans le journal local, comme une deuxième sentence.
Ceux qu’on contrôlait chaque semaine et dans les mêmes rues, qu’on tutoyait et insultait. Ceux dont la vie a été détruite sans jugement. Ceux qui ont connu les interpellations sans suite, les gardes à vue humiliantes. Ceux qui étaient écroués, enfermés, livrés aux gestes qui marquent. Ceux qui passaient six mois en préventive, ceux qui écopaient de trois ans de mise à l’épreuve avec « interdiction absolue de rencontrer des hommes ». Ceux que la police surveillait à distance, ceux qu’on fichait. Ceux qu’on faisait chanter, ceux qu’on faisait vivre sous la menace permanente.
Ceux qui ont perdu leur emploi parce qu’un supérieur avait « découvert ». Ceux que le propriétaire a mis à la porte sur une rumeur. Ceux avec qui la famille a rompu tout lien après une dénonciation. Ceux qui ne voyaient d’autre issue que le suicide. Ceux qui ont grandi dans la honte, dans la peur, dans le silence. Ceux que la société « tenait pour des malades, des délinquants, des gens à soigner, des gens à chasser ».
Ceux qui ont appris à ne pas parler, à ne pas montrer, finalement à ne pas exister. Ceux qui rasaient les murs et baissaient les yeux. Ceux qui ont aimé sans jamais le dire, ceux qui ont désiré sans jamais le montrer. Ceux qui ont construit leur vie contre eux-mêmes. Ceux qui ont entendu mille fois que leur vie était une déviance, un scandale et une faute, et qui ont fini par croire que c’était peut-être vrai. Celles qu’on n’a pas accusées parce que, pour le patriarcat, « une femme sans homme, ça n’existe pas ». Ce sont toutes ces vies et toutes celles que nous n’avons jamais connues qu’il nous faut aujourd’hui reconnaître.
Dans cette nuit épaisse, quand tout appelait au silence et à la peur, certains ont dit non ; non à la honte imposée, à l’effacement, à l’idée même qu’aimer puisse être un crime. C’est grâce à eux que l’histoire bascule.
Car l’histoire qui nous rassemble aujourd’hui est également celle de la dépénalisation. Dans le sillage de Mai 68 et des émeutes de Stonewall, à New York, en juin 1969, une génération s’éveille, des groupes se créent, des idées circulent. On exige l’égalité et on réclame la justice. Le 25 juin 1977, à Paris, 400 personnes marchent de la place de la République à la place des Fêtes. La rue devient le théâtre de la visibilité et la contestation s’invite même dans les tribunaux. Les mouvements s’affirment, les voix se multiplient, les résistances s’organisent.
Pendant ce temps, au Parlement –
 au Sénat comme à lAssemblée nationale –, quelques voix tentent de briser le mur. Le 19 novembre 1980, un premier pas est franchi : lAssemblée nationale vote labrogation des dispositions créées par lordonnance de 1960. Lhéritage de Vichy résiste encore jusquau printemps 1981. Le 4 avril, 10 000 manifestants marchent à Paris pour « les droits et libertés des homosexuels et lesbiennes ».
Après le 10 mai, un nouveau chapitre commence. Sous l’autorité de Gaston Defferre, alors ministre de l’intérieur, Maurice Grimaud ordonne à la police de cesser toute discrimination. Edmond Hervé, ministre de la santé, annonce le retrait officiel de la France de la classification de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui assimilait l’homosexualité à un trouble mental. En août, Robert Badinter, garde des sceaux, fait adopter une loi d’amnistie et adresse une circulaire claire aux parquets : les poursuites doivent cesser.
En novembre, Raymond Forni, alors jeune président de la commission des lois de l’Assemblée nationale, dépose une proposition de loi visant à abroger le délit d’homosexualité. Au cours des débats parlementaires qui se sont tenus ici le 20 décembre 1981, Robert Badinter déclare : « Cette discrimination et cette répression sont incompatibles avec les principes d’un grand pays de liberté comme le nôtre. » Gisèle Halimi, rapporteure de cette grande loi de notre République, ajoute : « La norme sexuelle ne se définit pas […], à condition de ne blesser, de n’agresser ou de ne violenter personne. » Le 4 août 1982, le deuxième alinéa de l’article 331 du code pénal, qui pénalisait certaines relations homosexuelles, est enfin abrogé.
L’histoire qui nous rassemble aujourd’hui est enfin l’histoire d’une responsabilité, qui est d’abord la responsabilité historique de l’État. C’est lui qui, par ses lois, ses tribunaux, sa police, sa médecine, a organisé la répression pendant des décennies. L’homophobie n’a pas seulement été tolérée, mais légitimée, institutionnalisée, orchestrée. L’État n’a pas seulement laissé faire, mais a condamné et persécuté. Il a infligé la honte, provoqué la peur, brisé des trajectoires, arraché des destins, au nom d’une certaine idée de la morale publique ou de l’ordre social. L’homophobie a été une politique.
Cette responsabilité ne peut être ni esquivée ni diluée ; elle doit être dite pleinement. Assumer cette responsabilité, c’est refuser l’oubli, c’est dire à celles et ceux qui ont été condamnés, à celles et ceux qui ont souffert, que la République regarde son passé sans détourner les yeux. Oui, aujourd’hui, la nation vous demande pardon.
À cet instant précis, j’ai une pensée particulière pour un homme qui suit ces débats avec la gravité et l’attention de ceux qui ont longtemps attendu que justice et mémoire se rencontrent. Je tiens aussi à rendre hommage à celles et ceux –
 historiens, chercheurs, artistes, militants de la mémoire, témoins et victimes – qui, avec exigence, rigueur et courage, font émerger des vérités longtemps tues.
Cette histoire n’appelle pas seulement un regard vers hier ; elle nous oblige aujourd’hui et engage notre responsabilité collective. Nous avons malheureusement appris que l’histoire ne progressait pas toujours en ligne droite, qu’il suffisait d’un souffle, d’un silence, de laisser prospérer l’indifférence, pour que l’égalité vacille à nouveau. Or nous voyons ce souffle se lever. Nous voyons la violence se réarmer, le soupçon se reformuler, la haine se redéployer. Les discours et les attaques dirigés contre les personnes LGBT, les campagnes contre les programmes d’éducation à la vie affective et à la sexualité, recyclent les rhétoriques d’hier. Elles agitent le spectre de la menace, de la subversion, du désordre social : c’est le même poison. Partout dans le monde –
 y compris en Europe, très près de nous –, les droits LGBT sont attaqués, les LGBTphobies tuent et continuent de tuer.
C
est pourquoi la reconnaissance de la responsabilité de l’État dans la répression des homosexuels n’est pas simplement un acte de mémoire, mais aussi un engagement. C’est d’abord un engagement à poursuivre et à amplifier, au niveau international, le combat en faveur de la dépénalisation universelle de l’homosexualité. Si 130 pays, soit près des deux tiers des États de la planète, ont dépénalisé l’homosexualité, la dynamique s’est ralentie et, dans certains pays, les droits reculent. Face à cette offensive, nous continuerons de porter la voix de la France dans toutes les enceintes multilatérales ; le respect des libertés et des droits humains ne souffre aucune exception.
C’est aussi un engagement au niveau européen et national : il s’agit de faire de l’Europe un espace de protection et de progrès, et de la France, un rempart face aux reculs et aux discriminations. Nous devons protéger ce qui a été arraché de haute lutte, consolider chaque avancée, refuser toute remise en cause des droits existants et créer les conditions de nouveaux progrès. Je veux ici saluer celles et ceux qui, chaque jour, dans l’Hexagone et outre-mer, incarnent cet engagement avec courage et constance : les associations, les militants, les centres LGBT. Ce sont eux qui accueillent, accompagnent, protègent et alertent.
Face à l’indifférence, la République ne reculera pas. Face à la haine, la France ne cédera pas. Face à l’oubli, nous resterons debout. Car ce que nous défendons, c’est l’universalité de l’émancipation ; c’est le droit, pour chaque être humain, d’aimer sans peur, de vivre sans honte, d’exister sans masque. Et cela, ce n’est pas négociable.

> [Avortement / Intervention à l’Assemblée] Aujourd’hui, nous regardons en face notre propre histoire : une histoire de souffrances, d’injustices, mais aussi de courage et de détermination. Une histoire de combats et de conquêtes. Une histoire où, génération après génération, une chaîne ininterrompue de femmes a lutté sans relâche pour arracher à la morale et à la loi ce qui n’aurait jamais dû leur être confisqué : leur liberté. La liberté de maîtriser leur corps. La liberté de choisir leur destin.
Oui, la République doit reconnaître. Oui, la France doit se souvenir. Elle doit se souvenir que, jusqu’en 1975, avorter était un crime, un crime puni par la loi et jugé par l’État ; que, de 1870 et 1975, plus de 11 660 personnes ont été condamnées pour avoir avorté ou pour avoir aidé celles qui voulaient avorter. Elle doit se souvenir que, sous le régime de Vichy, cette violence franchit un seuil supplémentaire : l’avortement devient un crime contre la sûreté de l’État, passible de la peine capitale. Il faut se souvenir des vies brisées, des corps contraints, des existences passées enfermées dans la honte et le silence ; se souvenir de ces grossesses non désirées, imposées, menées à terme dans la peur et la culpabilité.
Il faut se souvenir de celles qui n’avaient pas le droit de choisir, seulement celui de se taire, comme de celles qui ont tout risqué pour avorter dans la clandestinité.
Il y avait celles qui arrivaient à prendre un car pour les Pays-Bas, un bateau pour l’Angleterre, mais à quel prix ? Il y avait celles qui, à voix basse, se transmettaient un nom, une adresse, un espoir –
 un médecin, un geste interdit, un secret à protéger à tout prix.
Et puis il y avait toutes les autres
 : celles qui navaient ni réseau, ni argent, ni refuge ; celles qui ont connu les chambres sordides, les tables de cuisine, les draps sales, les cataplasmes brûlants, les aiguilles à tricoter, les cintres tordus, les fils de fer, les sondes de fortune.
Il y avait celles qui mouraient et celles qui survivaient. Ces derni
ères finissaient à lhôpital où elles subissaient les interrogatoires et les regards pleins de suspicion et de haine. Ma mère fut l’une de ces jeunes filles, sur laquelle on a fait peser le péché, la faute, la honte, la peur, et même la terreur. L’histoire de son avortement n’est pas singulière : c’est celle de milliers d’autres avortements clandestins qui tournent mal, qui obligent à franchir en urgence les portes de l’hôpital avec le seul espoir d’être accueillie et traitée avec humanité.
Mais ces avortements clandestins, on vous les faisait payer. Il fallait vous faire souffrir ; il fallait punir les jeunes filles qui avaient désobéi à l’ordre imposé. L’avortement de ma mère s’est achevé par un curetage sans anesthésie, des gestes violents et une douleur qui n’est jamais passée.
Il y avait celles qui ne pouvaient plus jamais devenir mères. Il fallait bien qu’il y ait des conséquences pour expier la faute ! Enfin, il y avait celles qui étaient condamnées : des ménagères, des secrétaires dactylos, des vendeuses, des institutrices, des laborantines, des ouvrières, des étudiantes, toutes les femmes que Gisèle Halimi décrit dans sa plaidoirie de 1972. Selon elle, « c’est toujours la même classe, celle des femmes pauvres, vulnérables économiquement et socialement, cette classe des sans-argent et des sans-relations qui est frappée ».
Face à cette loi injuste, il y eut aussi le courage de celles et ceux qui ont aidé –
 les médecins clandestins, les infirmières, les militantes, les mères, les sœurs, les filles, les amies et parfois les hommes. Celles et ceux qui ont choisi de désobéir ont tendu la main quand l’État sanctionnait ; ils ont opposé la solidarité à la peur et l’humanité à la répression. Ainsi, cette proposition de loi est un acte de justice tourné vers ces milliers de vies brisées par des lois injustes et trop souvent effacées de notre mémoire collective. C’est un hommage à celles et ceux dont le courage a pavé notre chemin.
L’histoire de l’avortement est l’histoire de nos mères, de nos grands-mères et de toutes ces femmes anonymes qui ont refusé de plier. C’est l’histoire de générations de combattantes et de combattants, de militantes féministes, de citoyennes et de citoyens qui ont battu le pavé, défilé dans nos rues et affronté les menaces et la répression pour exiger que les femmes puissent enfin décider pour elles-mêmes.
C’est l’histoire du « Manifeste des 343 », ce coup de tonnerre du 5 avril 1971, par lequel des femmes, emmenées par Simone de Beauvoir, ont provoqué un débat inédit et forcé la société française à regarder en face sa propre hypocrisie. Celle de Gisèle Halimi, qui, en juillet 1971, fondait le mouvement Choisir la cause des femmes et offrait aux femmes traquées par la justice –
 pour avoir avorté et repris le contrôle de leur corps – de les défendre. Cest lhistoire du procès de Bobigny qui sest tenu à lautomne 1972 pour juger Marie-Claire Chevalier  une adolescente de 16 ans violée, dénoncée pour avoir avorté et livrée aux tribunaux par son agresseur – ainsi que sa mère et trois autres femmes, poursuivies pour lavoir aidée.
En r
éalité, lhistoire de l’avortement est l’histoire du corps des femmes, qui, depuis toujours, est un corps politique, scruté, réglé, rangé, examiné par la loi et la médecine des hommes sous toutes ses coutures et auquel on n’a cessé de prescrire des façons d’être, de se tenir, de se vêtir. Un corps auquel des hommes réunis en assemblée ont donné ou refusé le droit de recourir à la contraception, de vivre ou non une grossesse, d’entrer ou non dans la maternité.
Mais il y eut ce jour du 17 janvier 1975. La France a alors tourné une page de honte et de silence : la loi Veil est entrée en vigueur, consacrant la dépénalisation de l’avortement. Cette victoire, si elle nous paraît évidente aujourd’hui, fut arrachée de haute lutte. Quelques semaines plus tôt, le 26 novembre 1974, Simone Veil montait à cette tribune. Elle connaissait d’avance les mots de haine qui allaient pleuvoir. Elle affronta le mépris, les insultes, les tentatives d’humiliation, les attaques ouvertement antisémites ; on chercha à l’écraser, à la salir, à la faire plier ; elle resta debout. Debout pour toutes celles qui n’étaient plus là ; pour toutes celles dont la clandestinité avait marqué le corps ; pour toutes celles qui, sans cette loi, allaient encore risquer leur vie. Ce jour-là, à cette tribune, Simone Veil ne s’adressait pas seulement à l’Assemblée nationale. Elle s’adressait à la conscience de notre nation et disait à voix forte, à la société tout entière, que le temps des jugements, des peurs et des hypocrisies était révolu.
Cette année, nous avons célébré le cinquantième anniversaire de la loi Veil, mais aussi le premier anniversaire de l’inscription dans la Constitution de la liberté garantie des femmes de recourir à l’avortement. Cet acte était fort et inédit, mais ce n’est certainement pas le point final de nos combats. C’est une déclaration, une affirmation nette et une ligne de principe que notre République trace pour elle-même et pour le monde : la France ne transige pas. Elle ne transige pas avec les droits des femmes et elle ne transigera jamais avec leur liberté.
J’appartiens à une génération à qui l’on a appris que la marche de l’histoire était une marche vers davantage de progrès, de droits et d’égalité. Nous avons grandi en pensant, sans doute naïvement, que certaines conquêtes étaient irréversibles. Nous avions tort. En 1974, Simone de Beauvoir nous avait pourtant alertés : « Il suffira d’une crise politique, économique et religieuse, pour que les droits des femmes, nos droits, soient remis en question. Votre vie durant, vous devrez demeurer vigilante. » Ce moment, nous y sommes.
Les droits des femmes ne sont pas contestés à la marge, mais attaqués comme un front politique à part entière. Partout dans le monde et en Europe, parfois très près de nous, se déploient des offensives coordonnées. Elles visent le même objectif : réassigner les femmes à ce qu’on pense être leur place, restaurer des hiérarchies, réinstaller la domination comme norme.
Ces attaques ont mille visages. Ce sont des discours réactionnaires, des discours religieux, des discours masculinistes assumés qui invoquent l’ordre naturel, la tradition ou l’identité pour masquer des projets de régression et d’anti-choix. Ce sont des entreprises méthodiques de délégitimation de la voix des femmes, présentée comme une menace ou une dérive. Ce sont des stratégies politiques plus sournoises encore, qui prétendent que l’égalité est déjà réalisée, que le problème est réglé et qu’il faut désormais apaiser, réconcilier, tourner la page. Dire que l’égalité est atteinte est la manière la plus efficace de ne plus agir. L’objectif de ces attaques est toujours le même : reprendre le contrôle des corps et des consciences. Ce ne sont pas des menaces lointaines ; ce sont des alertes.
Avant-hier, l’extrême droite proposait de rouvrir les maisons closes en proclamant que la prostitution était « le plus vieux métier du monde ». Non, elle est le plus vieux système de domination du monde ! Pour nous, en France, le corps des femmes n’est pas à vendre. Hier, le Parlement européen votait une résolution garantissant l’accès à l’IVG pour les femmes qui en sont privées dans leur pays. L’extrême droite a refusé de voter ce texte. Oui, il nous faudra demeurer vigilants toute notre vie durant.
Mesdames et messieurs les députés, nous avons aujourd’hui la responsabilité de réparer et, surtout, le devoir d’alerter. Je vous appelle donc à voter cette proposition de loi déposée par la sénatrice Laurence Rossignol, à laquelle je rends hommage pour sa constance, sa combativité et son universalisme. Nous rendrons ainsi justice à celles qui ont combattu dans l’ombre et à celles qui ont payé de leur liberté et parfois de leur vie le simple droit de disposer d’elles-mêmes et nous affirmerons une nouvelle fois haut et fort que la liberté des femmes n’a jamais été une concession. Elle a été, elle est et elle restera une conquête.
L’égalité entre les femmes et les hommes n’est ni acquise, ni négociable. Elle n’est pas un luxe des démocraties tranquilles, mais une condition de la démocratie elle-même. Elle exige, hier, aujourd’hui et demain, une vigilance collective, permanente et intransigeante –
 pour nos mères, pour nos sœurs et pour nos filles, pour celles qui nous ont précédés et pour celles qui viendront après nous.

 

Eléonore Caroit (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères chargée de la Francophonie, des Partenariats internationaux et des Français de l’étranger)
> [Agression de Poutine contre l’Ukraine / Intervention à l’Assemblée] Alors que la guerre d’agression menée par la Russie s’intensifie et que les besoins de l’Ukraine restent très importants, nous devons continuer à soutenir ce pays. Nous sommes d’ailleurs engagés dans cette voie. Vous avez également raison de parler des avoirs souverains. Comme vous l’avez rappelé, les plus de 200 milliards d’euros immobilisés dans les juridictions de l’Union européenne constituent un atout. Vendredi dernier, une décision majeure a été prise : sans devoir être reconduite tous les six mois, cette immobilisation durera jusqu’à la fin de l’agression russe en Ukraine. C’est une avancée cruciale qui nous permet de disposer d’un levier contre la Russie.
Cette décision en nécessite d’autres pour l’accompagner, et ce sera le but des discussions de jeudi. La France est engagée dans un soutien civil et militaire à l’Ukraine et souhaite qu’un accord puisse être trouvé au Conseil européen. Il faut continuer à exercer une pression accrue sur la Russie dans les négociations de paix –
 les discussions de Berlin constituent une avancée. C’est à la Russie de faire le choix de la paix car c’est elle qui l’empêche d’advenir. Nous poursuivrons nos efforts pour la paix.

 

David Amiel (ministre délégué auprès de la ministre de l’action et des comptes publics chargé de la Fonction publique et de la Réforme de l’État)
> Oui, l'antisémitisme se répand. Il se répand dans le monde entier. Et cet antisémitisme tue. On l'a vu hier, dimanche, en Australie. Et on pense évidemment aux familles des blessés, des victimes, à leurs proches, à tous les juifs qui fêtent en ce moment même les fêtes de Hanouka. Mais c'est aussi le cas en France : l'antisémitisme a tué et tue en France. Et c'est la raison pour laquelle il faut le combattre pied à pied. Non seulement combattre le terrorisme, mais aussi combattre tous les discours qui pavent la voie à ces actes. (…)
Il est évident que depuis le 7 octobre, certaines déclarations politiques du côté de l'extrême gauche alimentent l'antisémitisme. Du côté de la France insoumise, c'est évident aussi qu'il y a un antisémitisme d'extrême droite qui n'a pas disparu. On le voit aussi jour après jour. Donc, oui, il faut pouvoir tenir une ligne intransigeante face à toutes ces manifestations d'antisémitisme. C'est la ligne du
Gouvernement. (…)
On a aujourd'hui beaucoup de juifs, en France, qui rentrent chez eux la boule au ventre, qui changent leur nom sur leur adresse, qui changent leur nom quand ils commandent un taxi, qui enlèvent leurs enfants de l'école publique. Et tout ça, c'est inacceptable.

> Les commandes publiques, c'est très important. C'est 230 milliards d'euros. L'État et les collectivités locales. Évidemment, c'est nécessaire pour faire fonctionner les hôpitaux, les mairies, l'État. Mais oui, on peut, on doit mieux faire. Il faut faire le ménage dans les achats publics pour s'assurer que chaque euro est dépensé utilement, parce que c'est l'argent des Français. (…)
On a eu beaucoup trop d'exemples, où on voit effectivement que des mairies, des ministères, achètent une cafetière, des dizaines d'euros supplémentaires, du prix auquel vous, moi, nous irions les acheter au supermarché. Une cafetière qui est vendue à 60 euros, elle peut être achetée par une mairie à une centaine d'euros. C'est inacceptable. C'est inacceptable. Et donc, j'y mettrai fin. Et j'y mettrai fin avec un dispositif très simple. Quand une mairie, une collectivité, passe par une centrale d'achats publics, parce que souvent, elles n'achètent pas directement, elles passent par des centrales d'achats publics dont c'est le métier, et qu'il y a un écart entre le prix qu'elle observe au supermarché du coin, sur internet, et le prix qui est sur le catalogue de cette centrale d'achats, eh bien, quand il s'agit de l'UGAP, la centrale d'achats qui dépend de l'État, elle pourra le signaler immédiatement, et le catalogue s'ajustera pour une très large gamme de produits. (…)
C'est le rôle de l'État, de la politique, de s'assurer que les achats publics sont sous contrôle. C'est-à-dire que chaque
euro est dépensé. Et c'est bien ce que je m'emploie à faire. J'ai parlé du juste prix. C'est celui-là, mais il s'agit aussi de pouvoir faire des économies. Car sur cette masse considérable, on peut et on doit mieux faire. On vise 850 millions d'euros d'économies l'année prochaine, en 2026. On a déjà réalisé des économies les années précédentes, et on continuera à aller plus loin. On peut le faire en faisant la transparence sur le fonctionnement des centrales d'achats publics, j'en parlais. On doit le faire aussi en simplifiant la vie des acheteurs. Vous savez, il y a aujourd'hui beaucoup de gens qui passent des heures et des heures à éplucher des appels offres. Tout ça coûte très cher. Avec l'intelligence artificielle, on peut gagner 60 % de temps. Ce sont aussi des outils qu'on va généraliser. (…)
Ça fait plusieurs années qu'on réalise des économies sur les achats publics, plusieurs centaines de millions d'euros tous les ans. Ce qu'on veut avec ce plan, c'est pouvoir aller plus loin, parce qu'effectivement, quand on demande des efforts à l'ensemble des Français, il faut commencer par s'assurer que l'argent public est aujourd'hui bien dépensé. Il faut aussi s'assurer que cet argent public, ça va soutenir notre économie, nos PME, nos entreprises, nos industries, et qu'ils ne servent pas à biberonner des entreprises américaines ou chinoises. C'est aussi une des priorités de ce plan.

> Le non-placement d'un fonctionnaire sur deux, on l'a déjà essayé dans le passé. Et le problème de ces règles aveugles, c'est que ça nous avait conduit, à l'époque, notamment à des coupes claires. Dans la police, on a mis des dizaines, enfin, des années à pouvoir rattraper cela. Ce que nous proposons avec ce budget, c'est des choix ciblés. On recrute dans la police, on recrute dans la justice, on recrute dans les armées, on recrute des accompagnants d'élèves en situation de handicap. On fait des économies considérables, par ailleurs. Et au total, le nombre d'emplois publics de l'État baissera de 3 000 dans la copie qui est proposée par le Gouvernement. Je crois que c'est cette étape ciblée, mission par mission, service public par service public, qui est utile. (…)
Le budget qui est proposé prévoit une réduction du nombre de postes, je viens de le dire, de 3 000. Mais je crois que si on regarde la question des finances publiques dans leur ensemble, c'est beaucoup les dépenses sociales qui ont alimenté la dette ces dernières années. Et si on se projette à l'avenir, évidemment, en 2027, la question d'une réforme structurelle, notamment des retraites, se pose. C'est ce que propose mon parti Renaissance. Et je crois que c'est une clé essentielle pour l'avenir. (…)
Il y a beaucoup de recrutements de fonctionnaires que vous évoquez qui ont été faits par les collectivités locales. Là-dessus, ce n'est pas l'État qui décide. Ensuite, effectivement, le choix qui a été fait par le Président de la République, ça a été de réformer les dépenses sociales. C'était le cas de la réforme des retraites, c'était le cas de la réforme de l'assurance-chômage, des différentes réformes de l'assurance-chômage, de réduire le déficit en dessous de 3%. C'était le cas jusqu'en 2019. Ensuite, il y a eu la crise. Et d'investir dans les services publics. Je crois que cet équilibre-là, c'est celui qu'il faut continuer à chercher.

> On a un enjeu clé sur la formation d'un certain nombre de fonctionnaires. On a ce qu'on appelle des instituts régionaux d'administration. Aujourd'hui, il y en a 5 qui sont indépendants. Eh bien, moi, ce que je suis en train de réaliser, c'est de les regrouper en un seul établissement public pour assurer à la fois une meilleure formation, et évidemment être beaucoup plus efficace. C'est ce que je fais dans mon périmètre. Et chacun des ministres doit, dans son périmètre, pouvoir réorganiser ainsi les choses.

 

● Autres ministres
Gérald Darmanin (garde des sceaux, ministre de la Justice)

> [Règlement des litiges à l’amiable / Intervention à l’Assemblée] Je suis très heureux que nous ayons l’occasion de parler de justice civile dans l’hémicycle. Comme ces questions relèvent essentiellement de mesures réglementaires, le Parlement s’en saisit rarement. Elles représentent pourtant 60 % de l’activité des tribunaux et du travail des magistrats, la majeure partie de celui des avocats et le lien le plus évident entre les Français et leur justice.
Cet été, j’ai déjà publié deux décrets sur les modes amiables de règlement des différents, qui doivent permettre de passer d’un système fondé sur la confrontation à un système reposant davantage sur la concertation, plus proche de ce qui existe dans nombre de pays voisins. Les avocats ont accompagné ces mesures –
 je les remercie –, qui accélèrent les procédures et améliorent notre justice, car un accord entre les parties homologué par un juge vaut mieux quune décision qui leur est imposée.
J
ai également élaboré un projet de décret dit Rivage, que jai soumis à la concertation. Sur plusieurs centaines de milliers de procédures – sans doute même plusieurs millions – par an, ce décret concernerait chaque année 12 500 dossiers. En effet, ce projet na évidemment pas pour objet de réformer lensemble de la justice civile. Sans doute convient-il dailleurs dexclure de son champ dapplication une juridiction comme les prudhommes, conformément à la suggestion des avocats  jy suis tout à fait disposé.
Comme vous l
avez remarqué vous-même, les mesures envisagées visent avant tout à écarter des dossiers présentant une irrégularité manifeste, par exemple parce que les justiciables les ont déposés après la date butoir. Autrement dit, il s’agit de ne pas bercer de faux espoirs des personnes dont la démarche a 90 % de chances de déboucher sur une réponse négative en appel ; il s’agit de leur éviter d’engager des frais d’avocat ou de solliciter l’aide juridictionnelle, alors qu’ils essuieront manifestement un non définitif à cause de la forme, non du fond.
J’ai cependant entendu les objections des avocats, ceux du barreau de Moulins et d’ailleurs. J’ai donc suspendu le décret dit Rivage et je prendrai les six mois nécessaires à la concertation, à l’issue de laquelle je ne le publierai pas si l’avis de la profession des avocats demeure défavorable.

 

Annie Genevard (ministre de l'Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Souveraineté alimentaire)
> [Agriculture / Intervention au Sénat] Parlons d’abord de la PAC, le sujet important du moment. La proposition de la Commission européenne nous paraît très insuffisante. La France ne peut pas accepter la baisse de 20 % du montant garanti dédié à la PAC. Ce projet fait d’ailleurs l’objet d’un fort rejet, puisque dix-sept pays sur vingt-sept l’ont repoussé et demandent une PAC autonome et un budget garanti. Le Parlement européen menace de le rejeter, tandis que les organisations professionnelles agricoles se montrent extrêmement critiques.
Très ferme dans ses échanges avec la Commission, la France demande un budget qui assure aux agriculteurs français au moins le maintien –
 en euros courants – de ce quils perçoivent aujourdhui. Elle demande une clarification et un traitement explicite des mesures du Posei, la PAC de loutre-mer. Elle demande le rapatriement des dispositions réglementaires dans la PAC, car on ne peut pas imaginer que chaque pays définisse lui-même ses actifs agricoles. Enfin, elle demande une recommunautarisation de la PAC  cest le « C » de commun qui donne sa force à cette politique.
Vous m’interrogez plus spécifiquement sur le soutien de l’État aux agriculteurs des zones intermédiaires. Cela soulève la question de l’extension de l’ICHN. La déclinaison de la PAC prévoit deux ensembles de mesures agroenvironnementales et climatiques adaptées à ces zones, qui, comme vous l’avez souligné avec raison, sont en souffrance. Les montants d’aides prévus sont de 92 euros par hectare pour les grandes cultures et de 57 euros par hectare pour la polyculture élevage. Nous suivons cela de très près. Enfin, vous avez évoqué le MACF. C’est un sujet de première importance qui risque de déséquilibrer un peu plus les grandes cultures et sur lequel, parce que nous sommes très vigilants, nous aurons très prochainement des propositions à faire.

> [Dermatose nodulaire] La vaccination a commencé, j'ai commandé 1.000.000 de doses il y a une semaine, ces doses arriveront en temps voulu et permettront de vacciner tout le monde. Donc, il n'y a pas du tout de problème au niveau de l'accès au vaccin, c'est en effet capital. C'est une énorme opération logistique, on va avoir besoin de nos vétérinaires, et je demande à tous les éleveurs de cette région de prendre soin de leurs vétérinaires, parce qu'ils sont quelquefois malmenés, et les vétérinaires sont absolument essentiels dans la gestion sanitaire de notre élevage. (…)
L'épidémie est apparue dans les Pyrénées-Orientales, il y a mi-octobre, et nous avons eu des cas qui ont été traités, et la vaccination est quasiment achevée dans les Pyrénées-Orientales. Mais sans doute y a-t-il eu des mouvements depuis les Pyrénées-Orientales sur le reste des départements, le long de la barrière pyrénéenne, ce qui oblige évidemment à élargir une zone de protection et de vaccination. (…)
A ce jour aujourd'hui, il n'y a plus de foyer actif de dermatose en France. Donc, sur le plan de la gestion du virus, les choses sont parfaitement gérées. La situation est sous contrôle. Il y aura d'autres cas, évidemment, puisque c'est une maladie extrêmement contagieuse. Et ce qui blesse profondément les éleveurs, ce qui les tourmente, c'est la peur de perdre leur bête et l'abattage auquel conduit l'arrivée de la maladie dans les cheptels. Ça, c'est quelque chose qui les fait terriblement, qui les angoisse. Et ils proposent un protocole alternatif, et c'est de ça aussi que nous avons parlé hier, lors d'une réunion qui a duré quand même près de deux heures. Donc, vous voyez, on a dialogué. (…)
Etre ouverte au dialogue, ça ne veut pas dire exiger la réponse que l'on attend, ça veut dire être capable d'en parler. Et nous en avons parlé pendant près de deux heures hier soir. Donc le canal de discussion, il est constant avec eux et il doit le demeurer. Donc moi, je vois que cette question, évidemment, concentre la difficulté dans laquelle nous sommes et conduit à pas mal de violences que je regrette. Moi, je pense qu'il faut pouvoir aborder les choses avec sang-froid.

> (Mercosur] Il faut qu'Ursula Von der Leyen comprenne que - et pas seulement en France - ce projet d'accord suscite beaucoup d'interrogations voire de rejets. C'est le cas de la Pologne, de la Hongrie, de l'Autriche. L'Italie elle-même a des réticences. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'ai toujours dit, moi, chacun connaît mon opinion. Je me suis suffisamment exprimée sur le sujet. C'est un accord d'un autre âge qui n'est pas suffisamment protecteur, qui expose des filières sensibles, qui intervient à un moment où les agriculteurs se sentent accablés de normes dont on exonérerait les producteurs de ces importations de bœuf. Le bœuf, en plus, en ce moment. Le bœuf, la volaille, le sucre, l'éthanol. Tout ça est vécu comme quelque chose d'insupportable. (…)
Nous avons travaillé avec mes collègues des Affaires européennes pendant des mois à la constitution d'une minorité de blocage, ce qui nous a permis d'ailleurs de voir que la France n'était pas seule dans son combat. Mais il y a 27 pays membres de l'Union européenne. On ne peut pas préjuger de ce qu'il sera, in fine, le vote des États. En tout cas, ce que la France dit, c'est que ce qui a été signé par Ursula Von der Leyen il y a un an, ça n'est pas bon. Ça n'est pas bon pour trois raisons.
D'abord, trop de volumes vont déstabiliser les marchés. Comment on l'a fait avec l'Ukraine ? Avec l'Ukraine, on a fait des freins d'urgence parce que la levée des droits de douane déséquilibrait complètement, par exemple, le marché de la volaille, le marché des œufs, le marché des céréales. Donc une clause de sauvegarde qui s'enclenche dès lors qu'il y a une problématique, un déséquilibre du marché. Plus important encore, les mesures-miroirs, la réciprocité des normes de production. Comment les agriculteurs, à qui on demande tant d'efforts pour respecter l'environnement, la santé et à juste titre, qui ont fait des efforts considérables .Et on leur interdit des choses à juste titre. On les interdit depuis 20 ans dans l'Union européenne. Et on les admettrait dans les importations du Mercosur. C'est in> [Dermatose nodulaire] L'essentiel du territoire national est indemne aujourd'hui. Il faut quand même raison garder. On n'est pas dans une épidémie généralisée. Aujourd'hui, on a eu 4 cas en Occitanie, en dehors des Pyrénées-Orientales. D'ailleurs, qui sont probablement venus des Pyrénées-Orientales par des mouvements non contrôlés. Et je veux dire, d'ailleurs, à votre micro, combien il est important de ne pas bouger les animaux en zone réglementée. Parce que c'est comme ça qu'on peut diffuser la maladie. Donc, l'immense majorité du territoire national est indemne de cette maladie aujourd'hui. Il faut le dire quand même.

 

Edouard Geffray (ministre de l’Education nationale)
> [Proposition de loi visant à protéger les jeunes de l'exposition excessive et précoce aux écrans et des méfaits des réseaux sociaux / Intervention au Sénat]
Cette proposition de loi prolonge des réflexions déjà engagées. Nous partageons pleinement votre diagnostic : l'exposition excessive aux écrans peut affecter durablement la santé des enfants et leurs apprentissages. Un temps d'écran supérieur à quatre heures à 3 ans détériore de 56 % le taux d'attention des enfants. S'y ajoutent les risques de comportement, notamment le cyberharcèlement et l'exposition aux contenus non adaptés.
Nous avons donc souhaité inscrire notre action dans une vision claire et cohérente. L'école ne peut tout faire toute seule. Il faut aider les familles, démunies, mobiliser les acteurs numériques, qui ne le sont pas suffisamment... et accompagner les professionnels de santé et les collectivités territoriales. L'Arcom et la Cnil jouent un rôle essentiel.
Il faut limiter l'exposition, éduquer aux bons usages et proposer des solutions alternatives aux écrans.
Pour limiter l'exposition, notre doctrine doit être claire : proscription de tout écran individuel à l'école maternelle, hors situation particulière d'enfant en situation de handicap. À l'école et au collège, les usages sont encadrés. L'interdiction du téléphone portable a été généralisée. Nous souhaitons engager un travail sur la limitation des usages des téléphones au lycée pour protéger les jeunes. C'est le souhait du Président de la République.
Il faut ensuite éduquer aux écrans, pour apprendre à ne pas les subir. Ne pensons pas que le numérique soit par nature nocif. Le cœur du sujet est moins technologique qu'éducatif. Il faut pousser nos élèves à faire usage de leur esprit critique, à lire, comprendre, interroger les contenus, développer leur capacité de doute, de manière technologiquement neutre. Car nous ne savons pas ce que seront les écrans demain. Préparons nos jeunes à faire face à cette déferlante et aux nouveaux outils affectant leur vie future.
Enfin, il faut créer des alternatives aux écrans en recréant des espaces de sociabilité normaux, physiques. Voyez une sortie de collège : les élèves passent plus de temps sur les écrans qu'à discuter entre eux. Avec Ma classe au cinéma, nous voulons par exemple transformer l'égoïsme du petit écran en expérience sociale et esthétique du grand écran. Le dispositif Pix, avec un parcours progressif, dès le primaire, permet d'obtenir une certification en troisième et terminale. Le contrôle parental a été renforcé en 2022 pour lutter contre l'exposition aux contenus inappropriés.
L'enjeu, au-delà de cette proposition de loi, est de s'assurer que sa mise en œuvre trouve le degré de normativité approprié dans les projets éducatifs territoriaux et les projets d'établissement.
Nous partageons les objectifs et ambitions de cette proposition de loi.

 

Anne Le Henanff (ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique)
> [Jeux vidéo / Intervention à l’Assemblée] La France dispose en effet d’une excellence reconnue en animation, en jeux vidéo et plus largement dans les industries créatives et culturelles. Vous l’avez rappelé avec des exemples très
parlants : le film d’animation d’Intermarché Le Mal-Aimé et le jeu Clair-Obscur : Expedition 33. J’ai d’ailleurs eu la chance de rencontrer les responsables du studio Sandfall Interactive à l’occasion de la Paris Games Week.
Ces succès s’inscrivent dans le cadre d’une filière solide, d’une filière d’excellence. Les chiffres du secteur du jeu vidéo en France sont impressionnants : 5,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 600 studios répartis sur tout le territoire, plus de 12 000 emplois et des structures très diversifiées allant des TPE, fort nombreuses, aux géants tels qu’Ubisoft. C’est aussi une filière d’excellence en matière de formation : il existe plus de 550 formations dédiées et quatre écoles françaises font partie du top ten mondial.
Vous m’interrogez sur les priorités du gouvernement. Il s’agit d’abord d’accompagner la compétitivité de la filière, notamment à travers le crédit d’impôt jeux vidéo, dont 400 jeux et 200 studios ont déjà bénéficié. Ensuite, il faut soutenir l’innovation : la filière, qui a été la première à intégrer l’IA, joue un rôle crucial pour le développement de l’intelligence artificielle. Enfin, nous comptons former et accompagner la filière à l’export via France 2030, dans le cadre du programme Cultur’Export de BPI France. Ma collègue Rachida Dati et moi-même assumons une ambition politique claire : faire de l’exception culturelle française un facteur d’influence et de souveraineté.

 

Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé de l’Europe)
> L’antisémitisme tue. C’est une horreur absolue ce qu’il s’est passé à Sydney. Des familles qui venaient célébrer la fête de Hanouka, qui est une fête de lumière, de joie. Et on a vu une fois de plus la barbarie antisémite qui a frappé et qui frappe dans beaucoup de nos démocraties avec une explosion notamment depuis le 7 octobre. Et il faut le dénoncer, mais les mots ne suffisent pas. Il faut le combattre et être d’une vigilance absolue de tous les instants contre l’antisémitisme, contre les actes, contre ce qui lui sert aussi de prétexte, je pense notamment à l’antisionisme. Vous savez que le gouvernement français l’est, avec le renforcement des mesures de sécurité, avec les forces de l’ordre, les forces de police devant tous les sites de la communauté juive en France, que l’on lutte à tous les niveaux, que ce soit l’idéologie, que ce soit sur les réseaux sociaux. Moi, c’est un combat que je porte en permanence en tant que ministre des affaires européennes, je me suis battu, par exemple, pour faire toute la transparence sur les financements qui viennent de la Commission européenne, s’assurer que cela n’aille pas vers des ONG, par exemple, qui pourraient contribuer aussi à propager de l’idéologie antisémite ou antisioniste. Donc je me bats, on se bat. Je voudrais quand même aussi rappeler, vous l’avez dit, qu’il y avait un Français, Dan Elkayam, de 27 ans, parmi les victimes, et adresser vraiment toute ma solidarité et mes pensées à sa famille et à ses parents. (…)
Quand on touche à un Juif de France, on touche à la République, on touche à la France toute entière. Vous avez vu la mobilisation du Gouvernement. Je parlais du rôle des forces de l’ordre, je parle du travail qui est fait pour lutter, par exemple, contre les financements étrangers, pour lutter contre la propagation de la haine sur les réseaux sociaux. C’est un combat aussi que l’on porte ailleurs, au niveau européen, où les plateformes ne peuvent pas être des zones de non-droit pour proposer la pensée antisémite. Vous avez vu l’engagement personnel du Président de la République, de tous les gouvernements. C’est un combat permanent. Tout le Gouvernement était présent. C’est un combat permanent contre un fléau qui existe et qui s’est renforcé, malheureusement, depuis le 7 octobre. Et on sera, je peux vous le dire, présents, vigilants, à tous les niveaux, pour lutter contre l’antisémitisme.

> [Agression de Poutine contre l’Ukraine] Notre ligne a toujours été la même. On veut un cessez-le-feu et on veut une paix. Mais une paix juste et durable qui ne soit pas une capitulation. C’est pour ça que cette négociation avec les Américains, les Européens, les Ukrainiens et les Russes est si capitale parce que fondamentalement, ce que veut la Russie, c’est utiliser un cessez-le-feu comme une trêve qui pourrait être utilisée après pour se réarmer, réattaquer l’Ukraine. On voit aujourd’hui que l’escalade continue sur le terrain avec des bombardements quotidiens. On voit que la Russie continue à avoir des demandes maximalistes. Et donc, c’est pour cela que ce travail est si important. (…)
Quand on voit les Russes demander une neutralité forcée, demander de changer les frontières par la force, demander à l’Ukraine de démilitariser, c’est pour cela, que la France s’est battue en premier lieu avec ses partenaires européens pour faire monter la pression sur la Russie par la voie des sanctions. Le 19e paquet de sanctions, encore récemment, qui a ciblé notamment le secteur énergétique de la Russie, qui continue à être une ressource pour l’effort de guerre, par les livraisons d’armes. C’est pour cela que nous travaillons avec la Coalition des volontaires aux garanties de sécurité. C’est extrêmement important. Parce que si demain vous avez un arrêt des combats, mais encore une fois que c’est utilisé comme une parenthèse pour la Russie pour réattaquer dans quelques années, comme cela a été le cas historiquement, là, vous n’avez pas une paix durable. (…)
C’est un objectif que la France a porté depuis le début avec la Coalition des volontaires, c’est soutenir une armée ukrainienne forte, robuste pour se défendre, avec le rapprochement de nos industries de défense, et puis le travail avec la Coalition des volontaires sur le rôle que les Européens devront jouer. C’est pour cela que le rôle des Européens d’ailleurs est si capital dans cette histoire. Et je voudrais rajouter quand même un autre élément dont on parle beaucoup, c’est la question des avoirs gelés. Nous avons pris une décision très importante cette semaine au niveau européen qui est d’immobiliser les avoirs gelés. Vous savez qu’avant, ils étaient soumis à des renouvellements tous les six mois comme le reste des sanctions. Là, on a dit que ces avoirs restent tant que la Russie ne paie pas les réparations. Et après nous allons avoir un débat. (…)
La ligne de la France là-dessus est très claire. On doit pouvoir utiliser ces avoirs gelés pour pouvoir financer un prêt de réparation à l’Ukraine pour lui donner de la visibilité sur les prochaines années. (…)
Nous, on espère toujours qu’on pourra parvenir à un accord. Il faut trouver les moyens de financer le soutien à l’Ukraine pour les prochaines années. C’est aussi ce qui donne les leviers aux Ukrainiens dans la négociation. C’est aussi ce qui leur permet d’imposer un rapport de force et donc une dissuasion de la menace de la Russie. C’est aussi ce qui met les Européens autour de la table dans cette négociation. (…)
Et la priorité, effectivement, c’est de financer les besoins de défense de l’Ukraine et de faire en sorte que ces besoins de défense permettent de rapprocher l’industrie de défense européenne de l’industrie de défense ukrainienne. C’était d’ailleurs tout le sens des visites récentes du président Zelensky à Paris, vous le savez, avec cet accord qui a été signé pour les Rafale, pour les défenses anti-aériennes…

> L’état de conflictualité dans lequel est aujourd’hui notre continent, c’est quelque chose de durable. De penser que tout ça va partir d’un trait de stylo demain, ce n’est pas vrai. On va devoir continuer à réarmer, on va devoir continuer à soutenir l’Ukraine, on va devoir continuer à dissuader, en étant forts, à dissuader la menace que la Russie fait peser toutes nos démocraties européennes. On va devoir aussi prendre notre destin et notre sécurité en main, sans compter sur les autres, en réduisant nos dépendances sur les autres, parce que l’on est aujourd’hui dans un monde qui, durablement, est plus dangereux, même si demain, nous obtenions un cessez-le-feu ou un accord de paix.

> Lors du premier mandat de Donald Trump, il y a eu parfois une forme de déni des Européens qui se disaient « il suffit d’attendre quelques années et puis tout va revenir à la normale et on aura la relation transatlantique à laquelle nous étions habitués ». Ce qu’on voit fondamentalement, c’est que l’on a une accélération brutale du temps et que la question qui se pose à nous aujourd’hui, c’est : « Est-ce que l’on est capable d’investir dans notre outil de défense ? Est-ce que l’on est capable de réduire nos dépendances sur le plan énergétique, sur le plan technologique, en investissant dans l’innovation, en étant, au fond, en assumant d’être une puissance qui défend ses propres intérêts ? » Et ces intérêts de sécurité, cela commence par le soutien à l’Ukraine, sinon, nous serons balayés. (…)
> Je crois à la force de notre modèle européen. Vous savez, souvent, on s’autoflagelle, on exagère nos faiblesses, mais quand on regarde la façon dont le reste du monde nous voit, on voit au contraire que le modèle européen, il continue à être attractif, il continue à être puissant. Ayons confiance en nous, 450 millions d’individus, nous avons un potentiel extraordinaire. Mais maintenant, c’est le logiciel intellectuel qu’il faut changer et se comporter comme une puissance.

 

Charlotte Parmentier-Lecocq (ministre délégué de la ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées chargée de l’Autonomie et des Personnes handicapées)
> [Protection de l’enfance / Intervention au Sénat]
Je remercie les 130 000 professionnels qui oeuvrent pour les enfants confiés à la protection de l'enfance.
Nous ne sommes pas encore à la hauteur des enjeux : 400 000 enfants subissent des délais d'attente trop importants avant d'être placés, ainsi que des retards et des difficultés de scolarisation. Nous devons faire face à de nombreux défis pour répondre aux problématiques de santé, notamment mentale, de proxénétisme...

Je redis l'engagement total de la ministre Rist et du Gouvernement pour avancer avec détermination sur la protection de l'enfance.
Dès 2026, le parcours coordonné de soins pour les enfants sera mis en place, notamment en santé mentale. L'objectif est bien d'en garantir la qualité.

Pour autant, il faut aussi des efforts plus structurels : l'ensemble de la politique de protection de l'enfance doit être retravaillé. Les ministres Rist et Darmanin ont annoncé un projet de loi de refondation visant à replacer le parcours de vie de l'enfant au coeur du système. Mme Rist réunira début 2026 un comité de pilotage qui associera les parlementaires

 

► Assemblée nationale 
Yaël Braun-Pivet (présidente) 

> Entretien avec Anġlu Farrugia, Président du Parlement maltais. Riverains de la Méditerranée, nos pays partagent des défis communs en matière d' immigration et d'environnement. Notre coopération parlementaire doit se poursuivre au profit d'une Europe forte et aborder tous les sujets, comme la question du droit à l'avortement.

> Les commissions d’enquête sont un outil constitutionnel majeur du contrôle parlementaire. Leur crédibilité suppose rigueur, impartialité et respect des règles, loin de toute mise en scène ou instrumentalisation médiatique. J’y veillerai toujours, quel que soit l'objet de la commission.

> Des femmes ont été poursuivies, jugées et condamnées pour avoir avorté. Aujourd’hui, l’Assemblée nationale adopte à l’unanimité une loi de réhabilitation de ces femmes et de tous ceux qui les ont aidées courageusement. Ce texte rappelle une exigence : les droits des femmes doivent être protégés, partout et toujours.

> Le narcotrafic gangrène nos territoires, fragilise l’État de droit et alimente une violence quotidienne insupportable. Aujourd'hui, l’Assemblée nationale a largement approuvé la déclaration du Gouvernement visant à renforcer encore notre cadre juridique, nos dispositifs de prévention et les moyens mobilisés face à cette menace. Une nouvelle fois, l’Assemblée a su dépasser les clivages. Cette responsabilité collective doit désormais se concrétiser dans la discussion budgétaire.

> J’ai vu le compromis entre parlementaires se construire sous mes yeux à l’Assemblée nationale. Nous pouvons être fiers de ce qui vient de se passer. Nous avons réussi pour le PLFSS, continuons pour le budget de l'État.

> Sur le budget de l’État, ce qui m’importe avant tout, c’est que le Parlement puisse débattre et voter. Je suis très opposée à l’utilisation du 49.3 sur ce texte.

> Sur le Mercosur, nous continuerons à nous battre. Parce que nous devons une concurrence loyale et équitable à nos agriculteurs. Parce que l’agriculture française mérite d’être défendue. Nous ne renoncerons pas.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
> La transition écologique doit être le moteur de notre industrie automobile. Avec son plan automobile, présenté par Stéphane Séjourné, la Commission européenne fait aujourd’hui le choix du pragmatisme : maintenir le cap vers une mobilité sans émissions, sans étouffer nos constructeurs. Objectif 2035 de neutralité carbone maintenu, mais avec les flexibilités nécessaires pour accompagner la filière automobile. Préférence européenne : les aides publiques seront réservées à une production en Europe. Financement de notre autonomie : 1,8 milliard d'euros pour soutenir la production de batteries électriques en Europe. C'est une décision de bon sens, stratégique et protectrice pour les Européens.

 

Pieyre-Alexandre Anglade (député) 
> Trop facile Jordan Bardella de « condamner » l’agression russe et en même temps de ne jamais voter le soutien à la résistance ukrainienne. La vérité c’est que depuis le début de la guerre, les élus du RN ont toujours cherché à protéger la Russie par leurs votes !

 

Paul Midy (député)
> Protégeons notre démocratie à l’ère des réseaux sociaux ! La défiance est massive : 81 % des Français ne font plus confiance aux réseaux sociaux. Désinformation, manipulation des opinions, ingérences étrangères, dépendance à des acteurs extra-européens : ce qui se joue aujourd’hui dans le numérique, c’est notre capacité à décider librement, à protéger le débat public et à faire respecter nos règles démocratiques. Avec l’essor de l’IA générative et à l’approche d’échéances électorales majeures, il faut agir ! Nous devons :
- bâtir une souveraineté numérique européenne,
- défendre la liberté d’expression sans laisser prospérer la haine et la manipulation,
- soutenir nos entreprises et nos talents pour développer des solutions européennes crédibles.

C’est tout le sens du lancement du Conseil de l’intelligence artificielle et du numérique (CIAN) dont je suis membre. Le numérique façonne déjà nos démocraties. À nous de faire en sorte qu’il les renforce, plutôt qu’il ne les fragilise.

 

Céline Calvez (députée)
> [Jeux vidéo / Intervention à l’Assemblée] Il y a des motifs de fierté qui méritent d’être évoqués dans cet hémicycle. Le prix du meilleur jeu vidéo au monde vient d’être décerné à Clair Obscur : Expedition 33. C’est le tout premier jeu vidéo du studio français Sandfall Interactive, bravo à eux. (Applaudissements sur de nombreux bancs.) En moins de six mois, ce jeu  a conquis cinq millions de joueurs à travers le monde. Au-delà du nombre, ce prix récompense une direction artistique affirmée, une narration pleine de sensibilité mais aussi une création musicale originale qui cartonne sur les plateformes et remplit déjà les salles.
On note aussi le succès tout récent du film d’animation Le Mal-Aimé ; le loup d’Intermarché aura bientôt été vu plus d’un milliard de fois sur internet. Encore une production d’un studio français, lui aussi basé à Montpellier, qui dépasse les frontières –⁠ peut-être parce que le film a été réalisé sans aucune IA, peut-être parce qu’il tient un propos intéressant sur le vivre-ensemble, dont nous avons profondément besoin.
Ces deux succès révèlent ce que la France sait faire de mieux : transformer les créations en émotion, et l’art en langage universel. Ils sont loin d’être une exception, plutôt l’éclatant signal d’une réussite et d’un potentiel immense, celui des industries créatives et culturelles.
Les ICC représentent plus de 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an et un million d’emplois directs et indirects dans notre pays. Elles s’exportent, mais pourraient le faire encore davantage, si on pense aux succès commerciaux des contenus culturels de la Corée, par exemple. Les ICC, c’est non seulement de l’investissement stratégique mais aussi des relais de croissance durable, de l’innovation et une manière d’influencer le monde.

 

● MoDem 
Marc Fesneau (député, président du groupe MoDem à l’Assemblée nationale)

>Le budget de la Sécurité sociale vient d'être définitivement voté. Maintenant, cap sur celui de l'État.
Fidèles à notre ADN, les Démocrates défendront : le déficit sous la barre des -5%, réduire les dépenses et le compromis.

 

► Autres 
● Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie industrielle)

> L’automobile européenne était en danger de mort. Aujourd’hui, nous changeons le cours de l’histoire. Avec de nouvelles flexibilités pour atteindre notre trajectoire de décarbonation à 2035 & la grande entrée du made-in-EU dans notre politique industrielle.

 

● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Je dénonce les postures idéologiques de la droite européenne contre nos politiques climatiques. Dernier exemple en date : cibler uniquement la date de 2035 pour l’automobile ne répondra pas aux problèmes du secteur.

> Très fière que le Parlement européen ait adopté une résolution pour garantir à toutes les Européennes un accès sûr à l’IVG ! Aujourd’hui encore, 20 millions d’entre elles rencontrent des obstacles majeurs pour recourir à l’interruption volontaire de grossesse, voire une interdiction totale. Grâce à l’initiative citoyenne #MyVoiceMyChoice, l’UE va permettre un accès sécurisé à l’IVG dans un autre État membre, avec un soutien financier européen.

> En 1776, les Etats-Unis ont rompu avec la puissance coloniale britannique et ont déclaré leur indépendance. Aujourd’hui, je n’appelle pas à rompre les relations transatlantiques, cela n’aurait aucun sens. Mais j’appelle à refuser la vassalisation. Et ce que le prochain Sommet européen doit consacrer, c’est notre indépendance européenne.

> Le sommet européen à venir sera déterminant pour l’Ukraine et la crédibilité de l’Union européenne. Nos leaders ont l’obligation d’aider Kyiv sur la question centrale des avoirs russes gelés.   Je le dis à la Belgique : il faut que le prêt vienne avec toutes les garanties nécessaires pour une approche européenne.   Et je le dis à nos dirigeants : n’ayez pas la main qui tremble, mobilisez ces 210 milliards d’euros d’actifs pour garantir un prêt de réparation.

> Je mets en garde contre tout rapprochement entre la droite et l’extrême droite au Parlement européen. Leur objectif ? Imposer un trumpisme à la sauce européenne en s’attaquant au Pacte vert, aux droits des femmes et en durcissant à outrance nos politiques migratoires. J’appelle également à répondre à l’internationale réactionnaire par une alliance des démocrates partout dans le monde. Nous y travaillons avec Renew Europe.

 

● Personnalités centristes
Sarah El Hairy (haut-commissaire à l’Enfance)

> Protéger l’enfance, c’est d’abord protéger les mères. Des solutions existent pour prévenir l’abandon et redonner des perspectives de dignité et d’avenir.

> Le lien social est un pilier essentiel de la protection de l’enfance.