jeudi 12 juillet 2018

L’Humeur du Centriste. Pour un député MoDem, la France est une «démocratie illibérale»!

François Bayrou & Patrick Mignola
Mais quelle mouche a piqué ce monsieur Patrick Mignola?
Député MoDem de Savoie et vice-président du parti de François Bayrou, le bonhomme est l’allié zélé du triste sire Laurent Wauquiez dans sa région Auvergne-Rhônes-Alpes, c’est dire si sa ligne politique est un déjà peu embrouillée…
Mais il n’est pas à une contradiction près.
Celui qui, dans moult déclarations, se veut le champion d’une inflexion sociale de la politique du Gouvernement et du Président de la république vient de sonner une charge contre la «dépense publique» (celle qui permet la redistribution qu’il prône…) en intitulant un article qu’il a pondu pour Le Figaro – vous savez, le quotidien qui aime tellement la majorité présidentielle dont monsieur Mignola affirme faire partie –, «La France, démocratie illibérale»!
Oui, vous avez bien lu, un député centriste, membre d’un parti qui soutient le pouvoir en place et sa politique, estime que nous ne sommes plus en démocratie.
Rappelons, en effet, que l’oxymore «démocratie illibérale» utilisé par les populistes démagogues au pouvoir dans certains pays, voudrait faire croire que l’on peut être dans une démocratie sans en respecter la plupart des principes et les valeurs, notamment les droits de l’homme et les droits de l’opposition.
Une démocratie «illibérale» n’est pas plus une démocratie qu’elle n’est libérale.
C’est vrai que monsieur Mignola précise immédiatement  qu’il ne parle pas de la France comme faisant partie du club des démocraties illibérales qui comprennent plusieurs pays de l’Est de l’Union européenne.
Néanmoins, il a beau écrire «nous inventons une autre forme de démocratie illibérale, qui ne rogne pas, comme à notre Orient européen, sur les libertés publiques mais sur les libertés économiques», cette qualification demeure totalement inacceptable et scandaleux.
Car cela voudrait donc dire que la France ne respecte pas une des bases même de la liberté qui est la liberté d’entreprendre, celle qui permet à chacun de pouvoir prendre son destin en main en créant sa propre activité et ne pas dépendre d’un autre.
Où monsieur Mignola a vu que quelqu’un ne peut se lancer comme entrepreneur, ne peut créer sa propre entreprise?!
Il n’y a donc pas d’empêchement aux «libertés économiques» et les prélèvements publics qui sont la cause du courroux et de l’ire du député (et qui représentent bien un pourcentage du PIB trop élevé) n’ont rien à voir avec celles-ci.
Faire un parallèle entre la France de Macron, Hollande et Sarkozy (puisqu’il met tous ces président dans le même sac) avec la Hongrie d’Orban ou la Pologne de Kaczynski est éhonté, indécent et indigne d’un représentant de la nation et se disant centriste de surcroît.
Je conseillerai donc à ce proche de François Bayrou, de méditer cette phrase d’Albert Camus, «mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde» et de travailler, à l’instar de Confucius à «rendre à chaque chose son vrai nom».
Avant se vouloir faire des formules chocs, monsieur Mignola, ayez d’abord la pudeur nécessaire et la responsabilité inhérente à votre fonction de représentant de la nation et à votre soi-disant engagement politique au centre.

Centristement votre.

Le Centriste