mercredi 19 novembre 2014

Refondation du Centre. Où en est-on en cette fin 2014?

On avait prédit que 2014 serait une année test pour cette fameuse refondation du Centre qui est loin d’être terminée encore aujourd’hui.
Après la création en deux temps de l’UDI en 2012, celle de l’Alternative en 2013, 2014 était une année d’élections (municipales, européennes, sénatoriales) qui allait voir les partis centristes se confronter aux électeurs pour la première fois après leurs terribles résultats de l’année 2012 et leur permettre de jauger leur solidité et leur potentiel dans la perspective de 2017.
On n’avait évidemment pas prévu que cette année 2014 serait aussi celle du passage de témoin entre Jean-Louis Borloo et son successeur, après que le président fondateur de l’UDI ait décidé de jeter l’éponge suite à un grave problème de santé mais aussi par une grande lassitude de ne pouvoir structurer la confédération de centre-droit en un parti unifié dédié à son projet politique et à ses ambitions personnelles.
Quel bilan tirer à propos du Centre alors que viennent de se terminer les élections à la présidence de l’UDI qui ont vu la victoire de Jean-Christophe Lagarde sur Hervé Morin et que l’avenir de la formation n’est pas encore totalement assurée même si Morin a accepté le résultat tout en pointant des irrégularités et en se déclarant le vainqueur moral?
- Refondation de l’espace centriste
En ce qui concerne l’espace centriste, le constat est mitigé.
L’UDI, qui a passé le cap des deux ans d’existence, a assez bien tenu le choc des élections externes et surtout internes mais demeure encore un parti en structuration avec des forces qui ne sont loin d’être soudées et des leaders qui sont plus en mode confrontation qu’en celui de collaboration.
Tout le travail du nouveau président, Jean-Christophe Lagarde, sera d’insuffler une dynamique permettant, dans les mois qui viennent, de surmonter ce manque de cohésion autour de l’écriture d’un projet et d’une identité politiques afin de transcender les ambitions personnelles en une aventure collective.
Néanmoins, la tâche s’annonce rude et le succès n’est pas assuré, loin de là.
Le Mouvement démocrate, lui, a continué à devenir une petite formation totalement dédiée à son chef, François Bayrou.
Il a pu se refaire une petite santé lors des municipales (avec l’élection de Bayrou à la mairie de Pau) et a limité les dégâts lors des européennes grâce à sa nouvelle alliance avec l’UDI et l’UMP, tournant ainsi le dos au fameux «ni, ni» de son président qui avait eu comme conséquence sa quasi-disparition de l’Assemblée nationale en 2012 (un siège de député).
Si, à l’inverse de l’UDI, le leader du Mouvement démocrate est connu et se trouve parmi les personnalités les plus appréciées des Français, cela ne se traduit pas pour le parti par des succès électoraux et une place dans les grandes formations politiques.
Ce serait d’ailleurs plutôt le contraire avec un paradoxe qui s’explique peut-être par l’extrême identification du MoDem à son seul chef, n’en faisant qu’un outil à ses ambitions et non un parti traditionnel aux yeux des électeurs.
En outre, une partie de la gauche du MoDem a claqué la porte après le rapprochement de François Bayrou avec l’UMP et avec Alain Juppé et s’en est allée créer un nouveau parti, le Front démocrate, qui peine à exister.
Quant à l’Alternative, cette «organisation coopérative» entre l’UDI et le MoDem, créée par François Bayrou et Jean-Louis Borloo, elle n’a été, jusqu’à présent – et définitivement? – qu’un cartel électoral qui, s’il a été très peu utilisé lors des municipales, a été l’étiquette sous laquelle se sont présentées les deux formations centristes aux européennes au grand profit du Mouvement démocrate et au grand dam de l’UDI.
Mais aucune avancée n’a été faite sur un quelconque projet commun (ni même sur un projet de chacun d’entre eux), les partis centristes se contentant de montrer une opposition peu constructive face à François Hollande et au gouvernement de Manuel Valls, pariant sur la victoire assez évidente de la Droite en 2017 et, donc, dans le cadre d’une alliance «naturelle» avec celle-ci, à leur retour au pouvoir.
- Puissance politique et électorale du Centre
En matière politique et électorale, le Centre a enregistré des avancées timides.
Le Centre demeure une force politique de second plan et ne parvient pas à se hisser au niveau du PS et de l’UMP, ce que le FN est parvenu à faire de son côté.
Si l’UDI et le Mouvement démocrate clament qu’en nombre d’élus les partis centristes sont la troisième force du pays, les sondages en font la quatrième force derrière l’UMP, le PS et le FN, et plus proche des scores des écologistes et du Front de gauche que des trois premiers.
Les élections municipales et sénatoriales, si elles ont vu effectivement des gains, ceux-ci n’ont pas été conséquents et, dans la plupart des cas, obtenus au sein d’une coalition avec l’UMP et non pas sur le simple nom de l’UDI ou du MoDem.
Surtout, les élections européennes, les seules où le Centre est allé au combat uniquement sous sa propre bannière, ont été un échec cuisant avec moins de 10% (9,93%) des voix alors que, dans le même temps, le Front national devenait le premier parti de France avec près de 25% (24,85%) des voix sur un programme totalement anti-européen.
Pourtant, l’espace centriste demeure malgré tout un lieu convoité par la Gauche et la Droite en prévision des élections présidentielles et législatives de 2017 qui ne se gagneront pas sans les électeurs centristes pour l’un ou l’autre camp.
Ainsi, tant à gauche avec Manuel Valls qu’à droite avec Alain Juppé, les centristes sont très courtisés et un axe central est en train d’émerger sans que l’on sache, pour l’instant, s’il sera une solide alternative à la Gauche et à la Droite ainsi qu’à l’extrême-droite dans les années qui viennent.
La bonne nouvelle pour la refondation du Centre est donc que les partis centristes n’ont pas disparu et ont été capables de gains lors des élections municipales et sénatoriales.
Mais on est loin encore d’une robustesse qui permet de regarder l’avenir avec sérénité.
C’est même plutôt le contraire avec un risque non-négligeable d’implosion de l’espace centriste qui ne signifierait pas la mort du Centre mais son incapacité à être une force politique crédible pour les Français.
Pour autant, les potentialités existent.
Reste aux centristes de ne pas les gâcher.
Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

L’Humeur du Centriste. Le centriste antisémite, antichrétien et «Barjot»?!

Selon le site francophone pro-israélien JSSNews, commentant un sondage réalisé par le think tank Fondapol sur «L’antisémitisme dans l’opinion française», «Sur certains thèmes, les répondants qui se disent proches de l’UDI ou du MoDem partagent des préjugés contre les Juifs dans des proportions plus importantes que la moyenne».
Bigre.
Dans le même temps, le site d’extrême-droite antisémite Bibliothèque de combat, lui, explique que «L’UDI et le MoDem sont deux partis d’inspiration juive trotskyste».
Re-bigre…
En croisant les deux affirmations, voilà donc le centriste, un antisémite d’inspiration juive trotskyste!
Reprenons.
Ce que reproche le site JSSNews aux sympathisants de l’UDI ayant répondu au sondage de l’IFOP pour la Fondapol, c’est qu’ils sont plus importants que la moyenne des personnes interrogées à ne pas vouloir travailler sous l’autorité d’un patron juif et à estimer que les juifs ont trop de pouvoir économique.
Ce serait évidemment bien désolant de voir ce nombre de sympathisants avoir de tels préjugés.
Pourtant, si l’on va regarder le sondage de près, on trouve cet avertissement de l’IFOP concernant les réponses des sympathisants UDI: «Effectifs inférieurs à 40 individus: ces résultats sont à interpréter avec prudence en raison de la faiblesse des effectifs».
On ne peut donc en tirer de conclusion définitive ce qui n’a pas eu l’air de gêner le moins du monde le site JSSNews qui a mis la prudence à la poubelle.
Quant aux sympathisants du Mouvement démocrate interrogés, ils ont parfois des opinions critiques face au sionisme qui est, comme nous le rappelle Wikipedia «Une idéologie politique fondée sur un sentiment national juif, décrite comme nationaliste par les uns et comme émancipatrice par les autres, prônant l'existence d'un centre territorial ou étatique peuplé par les Juifs en Terre d’Israël (Eretz Israel)».
Ainsi, ils considèrent plus que la moyenne des sondés le sionisme comme «une organisation internationale qui vise à influencer le monde et la société au profit des Juifs» et comme «une idéologie raciste».
Cela ne fait pas d’eux des antisémites – antisémitisme et antisionisme n’étant pas des synonymes – même si l’on peut discuter la pertinence de ces dernières affirmations.
De plus, et dans le cas de l’UDI, et dans le cas du Mouvement démocrate, se sont une minorité de sympathisants sondés qui épouse ces affirmations mentionnées par JJSNews.
Fermons le premier ban.
Quant au site Bibliothèque de combat, il estime que l’UDI et le MoDem sont antichrétiens parce qu’ils sont sur la même longueur d’onde que le grand européen Altiero Spinelli, c’est-à-dire pour une Europe fédérale et libérale qui, selon le site d’extrême-droite sera dirigée par le «messie juif», c’est-à-dire «l’antéchrist»!
Et de conclure: «Ainsi donc, l’UDI, le MODEM et même une partie de l’UMP défendent fièrement au Parlement Européen un idéal politique développé par des communistes et des juifs dans les années 1940 sur une île-prison italienne. On comprend mieux pourquoi le pseudo-chrétien François Bayrou est allé présenter son programme politique au Grand Orient de France en 2012…».
Fermons le deuxième ban, nettement plus nauséabond que le premier qui reste malgré tout dans une regrettable désinformation.
Mais toutes ces attaques ne viendraient-elles pas de ce que les centristes vont peut-être devenir «Barjot»?!
Car, oui, l’égérie éphémère de la Manif pour tous et nightclubbeuse nettement plus assidue, Frigide Barjot   – tout juste remise de son déménagement –, veut adhérer à l’UDI ou à Debout la France, le parti proche du FN de Nicolas Dupont-Aignan, ce qui semble assez incohérent sauf si l’on sait d’où ça vient…
Et cela, en plus, après avoir adhéré «par mégarde» à l’UMP (via l’association «Sens commun» qui regroupe la droite de la droite de l’UMP)!
Nous n’avons bien sûr rien contre la personne de madame Virginie Tellenne.
Mais au moment où les partis centristes veulent apparaître comme responsables et préparant l’avenir, ce serait bien dommage qu’ils soient «Barjot» avec le risque de devenir «Frigide» politiquement…

Centristement votre.

Le Centriste