mardi 24 avril 2012

2012 -Carnet de campagne centriste. Bayrou, échec d’un engagement politique au service d’une ambition personnelle

Quand les langues se délient, les «amis» et les «proches» de François Bayrou disent tous la même chose de lui: il agit comme un chef omnipotent, qui croit dur comme fer à la justesse de sa vision, incapable de déléguer, qui se sent investi d’un destin présidentiel auquel il a tout sacrifié, même ses convictions et ses amis politiques ainsi que l’UDF hier et peut-être le Mouvement démocrate aujourd’hui.
Mais ils évitaient jusqu’à présent de faire le bilan de sa carrière politique. Eux aussi croyaient dur comme fer au destin présidentiel de leur leader…
Si on estime ce bilan, d’un point de vue uniquement personnel, à ce que François Bayrou est devenu, on peut dire qu’il l’a réussie puisqu’il a été député, ministre, chef de parti et candidat à l’élection présidentielle trois fois. Ce n’est pas rien.
Si on l’estime à son ambition, le constat est nettement moins positif. Ses 9,13% au premier tour de cette présidentielle le mettent très loin, vraiment très loin, de l’Elysée dont il n’a jamais été aussi éloigné qu’en ce mois d’avril 2012.
Si on l’estime aux idées et aux valeurs qu’il était sensé défendre et au Centrisme dont il s’est revendiqué parfois, le constat est alors plutôt négatif puisqu’il n’a jamais hésité à faire fi de certaines de celles-ci pour glaner des voix à droite et à gauche.
Son positionnement «gaullien», ses envolées nationalistes ont été bien décevantes pour beaucoup de centristes lors de la campagne qui s’achève.
Peu importe que François Bayrou soit un intellectuel, un rhétoricien hors pair, un homme maniant facilement la plume, un chef qui a réussi à susciter une admiration confinant à l’aveuglement de ses proches, il a échoué à mettre en avant les idées centristes.
Il n’a pas fait progresser le Centre qui, lui aussi, n’a jamais été aussi éloigné de faire prévaloir ses idées.
Pire, son obsession présidentielle l’a fait régressé jusqu’à le morceler et à le rendre inaudible.
Aujourd’hui, le Centre pèse 9,13% soit un petit peu plus que ce qu’il pouvait peser au plus bas de son histoire au cours de la V° République: 6,84%, lors de la présidentielle 2002. Et les deux fois, c’était François Bayrou qui le représentait.
Quand François Bayrou a pris la tête de l’UDF en 1998, la formation comptait 107 députés. En 2012, le Mouvement démocrate en compte deux.
Pas une grande ville n’est administrée par un maire appartenant au Mouvement démocrate, pas un département, pas une région.
Enfin, rappelons que François Bayrou a déjà déclaré que, quoiqu’il arriverait, il ne serait pas le premier ministre, ni de Nicolas Sarkozy, ni de François Hollande.
C’est cela aussi le bilan de François Bayrou.
Et ce n’est pas terminé quand on voit, dès la fin du premier tour, que ses amis n’attendent même pas son opinion pour aller rallier à droite et à gauche les deux candidats du deuxième tour, démontrant ainsi une absence totale de vraie positionnement politique du Mouvement démocrate ainsi que de la petite coalition qu’il avait réussi péniblement à mettre en place pour porter sa candidature.
Le Centre et le Centrisme dans le paysage politique français en cette fin avril 2012 sont sinistrés.
Une bien triste campagne présidentielle.
La prochaine campagne législative pourra-t-elle changer la donne? Heureusement qu’en politique les bonnes surprises existent aussi…
Alexandre Vatimbella
Jean-Louis Pommery

Actualités du Centre. Hervé Morin appelle à voter Sarkozy sans condition

Alors même que le trouble a saisi de nombreux électeurs et sympathisants centristes devant le nouveau coup de barre à l’extrême-droite de Nicolas Sarkozy, Hervé Morin, le président contesté du Nouveau Centre et qui n’avait pas porté sa candidature à la présidentielle jusqu’au bout, a appelé à voter sans condition pour le président de la république sortant au second tour.
Dans un communiqué de presse, il demande aux « élus et responsables du Nouveau Centre» de «rassembler tous les centristes, qu'ils aient voté pour Nicolas Sarkozy ou pour François Bayrou, qu'ils soient issus de l'Alliance Centriste, du MoDem, du Nouveau Centre ou de l'UMP, pour faire gagner Nicolas Sarkozy le 6 mai prochain».

Actualités du Centre. Le Mouvement démocrate va-t-il éclater?

On sait que le Mouvement démocrate est fait de bric et de broc, regroupant des tendances politiques très disparates allant du centre-droit à la gauche en passant par l’écologisme.
En son sein, on trouve aussi bien des anciens UDF de centre-droit, certains très proches de la Droite, et du Centre, dont la plupart sont des admirateurs du chef, que des écologistes attirés par le message «terrien» de Bayrou ou des personnes de centre-gauche et même de Gauche, séduits par la proximité alors à peine voilée entre les idées de Ségolène Royal et de François Bayrou en 2007.
Seul le splendide isolement - même s’il a créé des tensions à l’intérieur du parti - mis en place par François Bayrou a permis de ne pas le faire imploser depuis sa création, après les présidentielles de 2007.
Mais le fait que François Bayrou ait indiqué qu’il prendrait partie pour un des deux candidats après le premier tour de la présidentielle a fait ressortir ces positionnements idéologiques très divers qui risquent de faire éclater une formation déjà fragile.
Même si, comme le précise Stéphane Zumsteeg, directeur du département Opinions d'Ipsos, dans 20 Minutes.fr, en se basant sur le «caractère hétéroclite de l'électorat Bayrou qui vient à la fois du centre gauche, du centre droit ou qui, habituellement, s'abstient» - un «public pour lequel les consignes de vote sont moins importantes qu'ailleurs» -, «si François Bayrou prend position pour l'un des deux finalistes, sa voix sera peu suivie».
En attendant, certains des soutiens du leader du Mouvement démocrate lors du premier tour ont déjà annoncé leurs intentions sans se préoccuper des consignes du chef.
Jean-Luc Bennahmias - un des proches de Bayrou - a indiqué comme d’autres qu’il voterait François Hollande. Les sénateurs de l’Alliance centriste comme François Zocchetto et Jean Arthuis, eux, ont appelé à voter pour Nicolas Sarkozy
Cela préfigure-t-il ce qui va se passer à l’intérieur du MoDem?
Quoiqu’il en soit ces ralliements à Droite et à Gauche risquent de fragiliser l’intention de François Bayrou de se positionner comme le leader «naturel» du Centre. Comment pourrait-il réunifier un courant politique alors même qu’il ne peut empêcher son camp de s’éparpiller?