lundi 5 décembre 2022

La quotidienne centriste du 5 décembre 2022. Science et politique ne font pas assez bon ménage

La politique dans sa dimension d’affichage, que ce soit par les promesses des programmes partisans et les postures médiatiques s’adresse bien trop souvent à nos émotions alors que les problèmes qu’elle traite relève de la raison et qu’elle doit donc s’appuyer le plus possible sur la science et sur la réalité que celle-ci décrit ou explique, ce qu’elle ne fait pas assez souvent.

Le débat politique est ainsi constamment parasité par de simples oppositions qui ne sont même pas idéologiques pour une part d’entre elles mais uniquement une manière de se poser, par principe et/ou par intérêt personnel, contre ce qu’est et ce que dit l’autre par principe.

On aurait pu espérer que la démocratie et son projet émancipateur forment des citoyens éveillés, au courant et capables de faire la part des choses entre l’émotionnel et le rationnel.

Or les fake news, les théories élucubrationistes (complotistes), les affirmations péremptoires sans base scientifique pullulent, connaissant une accélération grâce à la technique qui permet à l’information de circuler plus vite et en plus grande quantité.

Tant que nous donneront la priorité à nos émotions pour faire nos choix politiques, la science sera la grande perdante de la démocratie alors même qu’elle devrait en être la grande gagnante.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour]

 

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. De la liberté de supprimer la liberté est-elle une liberté?

En préambule, il faut être tout à fait clair: la liberté qui empiète sur celle de l’autre n’est pas liberté mais licence; la liberté d’irrespect envers l’autre n’est pas liberté mais licence; la liberté de priver l’autre de sa liberté n’est pas liberté mais licence.

Oui, lorsque celui qui utilise sa liberté contre la liberté de l’autre, il n’est plus dans la sphère de la liberté mais dans celle de la licence, donc dans sa négation.

Les agirs doivent toujours être définis avec précision et les mots ont un sens qu’il ne faut pas vicier, instrumentaliser ou utiliser sans précaution au risque de la confusion.

Ayant dit cela, avant d’être licence, les actes de celui qui attente à la liberté procède bien à la base de sa liberté d’agir, de faire et de dire, c’est un fait indiscutable.

Cependant si la liberté ne tue pas la liberté et si c’est son dévoiement en licence qui s’en charge, elle est néanmoins bien à l’origine de cette assassinat.

Etudions donc cette liberté qui permet à la licence de supprimer la liberté qui serait donnée, plus particulièrement à une communauté ou à un groupe plutôt qu’à un individu seul dans la sphère sociale.

Car nous sommes bien dans la contradiction ultime de la liberté, celle qui lui permet – indirectement il est vrai mais dont l’acte final cependant en découle – de se supprimer elle-même!

Ce suicide potentiel est constitutif de son existence et de son essence car la liberté c’est d’abord le droit d’agir à ma guise même si, pour être effective pour tout le monde, elle doit être bornée par celle des autres et de leurs droits à agir.

C’est la raison pour laquelle la liberté dans une société d’humains doit être absolument organisée et tempérée si elle doit être la référence d’un régime démocratique.

Il ne peut en être autrement.

Bien sûr, la licence qui permet de faire n’importe quoi peut être définie comme une liberté destructive, la perversion absolue de la liberté.

Néanmoins, elle prend sa source dans la liberté qu’on le veuille ou non,

Le pouvoir extravagant donné à certains ou à une entière communauté de supprimer la liberté de certains ou de tous est donc une manifestation de cette perversion, de cette capacité destructive qui est à l’origine des totalitarismes mais vient bien directement de cette possibilité qui leur a été donnée en leur accordant les bienfaits de la liberté, celle qui leur permet de concevoir cette suppression puis de l’exprimer et enfin d’agir pour la mettre en œuvre.

Or donc, une société qui ne protège pas la liberté d’elle-même est sous la constante menace que celle-ci ne s’autodétruise au nom de ses principes!

La seule solution est de «sanctuariser» la liberté, c’est-à-dire de ne pas en faire un enjeu politique mais un fondement de l’organisation et du fonctionnement des sociétés au nom du respect de la dignité de chaque individu et de son individualité, sachant qu’une communauté d’humains a d’abord comme objectif d’apporter le meilleur à chacun de ses membres dans la sécurité et la liberté en fait évidemment partie comme premier élément.

Dès lors, toute démocratie doit ériger un mur infranchissable à tous ceux qui veulent utiliser la liberté pour la supprimer.

Cela passe par une construction juridique qui, au-delà d’établir la liberté comme valeur première, doit, à la racine, combattre les tentatives liberticides en définissant la liberté comme consubstantielle au respect de la dignité humaine sachant que celle-ci ne peut exister sans la liberté et la responsabilité.

L’existence de groupes constitués comme des partis politiques ou de projets collectifs organisés qui auraient comme objectif de supprimer la liberté doivent être interdites ay  nom même de la liberté qui appartient à tous et pas à quelques-uns.

Plus difficile est le combat contre les opinions exprimées publiquement qui appellent à détruire la liberté.

Ici, nous sommes dans la liberté d’opinion et d’expression de celle-ci donc leur atteinte n’est pas concevable dans un système démocratique, donc la démocratie doit vivre avec.

On comprend la difficulté, tant que les ennemis de la liberté n’ont pas transgressé la règle juridique démocratique, de leur interdire la liberté de vouloir interdire la liberté aux autres!

Cependant si une telle mesure irait à l’encontre même du projet démocratique, tel n’est pas le cas dans la répression des organisations qui sont explicitement liberticides.

Car à ce moment-là, il ne s’agit plus de liberté mais bien d’un complot contre la liberté même si celui-ci émane de la liberté…

Parce qu’à l’inverse, ne pas protéger la liberté serait une défaillance majeure, une faute lourde de la démocratie.

C’est donc dans ce cadre que celle-ci doit empêcher sa destruction en prenant des mesures de sauvegarde et non d’être uniquement dans la réaction.

Nul ne doit être empêché de dire ce qu’il pense mais nul ne doit être autorisé à supprimer la liberté, telle doit être la règle d'une démocratie juste et forte.

En attendant que le citoyen responsable, cette autre promesse de la démocratie voit enfin le jour grâce à une formation qui n’est pas encore à la hauteur du projet d’émancipation qu’elle porte alors que, rappelons-le, une vraie démocratie n’est pas viable sur le long terme sans son existence.