mardi 22 décembre 2020

Actualités du Centre. Bayrou fait le forcing sur la proportionnelle

François Bayrou
François Bayrou n’en démord pas, il veut la proportionnelle pour les prochaines élections législatives qui suivront la présidentielle de 2022.

Comme les choses n’ont pas bougé depuis l’élection d’Emmanuel Macron voici trois ans et demi malgré les promesses de ce dernier d’instiller une dose plus ou moins grande de proportionnelle dans la loi électorale, le leader du MoDem a décidé de tenter de lui forcer la main avec une campagne qu’il orchestre en sous-main et menée frontalement par son parti.

Lors de plusieurs entretiens récents dans les médias, il est revenu sur cette question de manière récurrente et la dernière fois dans les colonnes du Monde de ce jour (lire ses propos ci-dessous).

Le centriste plaide désormais –parce qu’il n’est plus possible de changer le découpage des circonscriptions à un an et demi du scrutin – d’appliquer le système retenu par François Mitterrand en 1986, c’est-à-dire la proportionnelle par département avec un seuil de 5% pour avoir des élus.

Le problème est que personne ne sait si Macron souhaite rouvrir le débat sur la proportionnelle dans le contexte de crise sanitaire et économique actuelle et après le mouvement de foule des gilets jaunes, surtout s’il est favorable à l’initiative de Bayrou qui semble avoir choisi de monter au combat pour forcer la main du pouvoir exécutif et rallier le plus de députés possibles pour réussir à faire voter un texte le plus rapidement possible alors que cette question ne semble pas à l’ordre du jour du gouvernement.

S’il faut reconnaitre que le président du Mouvement démocrate se bat depuis toujours pour l’instauration d’une dose de proportionnelle pour les législatives, il faut rappeler que ses propositions sur le système et la dose exactes à adopter, ont varié dans le temps en fonction des résultats que pouvaient obtenir son parti qui, rappelons-le, a une force électorale autour de 9%-10%.

Et il semble évident qu’il veut, pour 2022, être en position de juge de paix de la majorité présidentielle si celle-ci gagne et leader de l’opposition si elle perd – et être un des animateurs de la campagne électorale – ce que le scrutin proportionnel peut lui permettre, notamment en gagnant en autonomie alors même que tous les députés du groupe MoDem à l’Assemblée nationale doivent leur siège à Emmanuel Macron.

Au-delà de ses troupes, il pourra compter sur celles du RN et de LFI ainsi que sur un nombre indéterminé de députés LaREM pour que son initiative se concrétise.

Mais le dernier mot reviendra, de toute façon à Emmanuel Macron.

 

Voici les propos de François Bayrou dans Le Monde:

- Est-il encore temps, à vos yeux, de réformer le mode de scrutin législatif à moins d’un an et demi de l’élection présidentielle?
Cette crise est, de très loin, la plus grave depuis la guerre. L’urgence absolue, c’est évidemment la solidarité et la reconstruction de notre économie. Mais pour sortir de ce drame, il faut aussi retrouver la confiance du pays. Or, l’explosion de l’abstention, les « gilets jaunes », les manifestations parfois violentes, c’est une terrible perte de confiance à laquelle il faut répondre.

- Quelles sont pour vous les causes d’une telle crise ?
Le déséquilibre qui donne tous les pouvoirs aux uns et aucun aux autres. Le président de la République élu au suffrage universel est le pivot de nos institutions. Il détient d’immenses pouvoirs. Et c’est juste. Mais des élections législatives dans la foulée de l’élection présidentielle, organisées, elles aussi, en 577 scrutins majoritaires, cela aggrave le déséquilibre. Les vainqueurs ont tout, les minoritaires presque rien. Marine Le Pen, dont tout le monde sait que je ne partage pas les idées, a recueilli 34 % des voix au second tour de l’élection présidentielle et revient à l’Assemblée avec six sièges, 1 % de la Chambre ! En 2007, j’avais obtenu quelque 19 % des voix au premier tour et nous avons eu trois députés. En termes de justice, cela a un effet désastreux. Pour les électeurs non représentés, les élus ne sont plus légitimes. Et c’est tellement brutal que toute vie politique pacifiée devient impossible. Les oppositions sont amenées à ne jouer qu’en contre. La majorité croit qu’elle peut passer en force. Dès qu’elle le fait, comme le débat est disqualifié, c’est dans le pays que se lève la révolte. Et donc tout est bloqué.

- Dans un pays confronté à une crise sanitaire, économique, sociale et psychologique, cette question est-elle un sujet de préoccupation pour les citoyens ?
Pour affronter une crise aussi grave, la première condition est de réunir les forces du pays. Or, ce système politique rend toute réunion impossible. Il faut donc le changer.

- Il paraît impossible, compte tenu des délais, d’opérer un redécoupage des circonscriptions électorales. Dès lors, comment procéder ?
Il n’y a qu’une possibilité réaliste, c’est la loi qu’avait fait voter François Mitterrand : un scrutin départemental, à la proportionnelle, avec un seuil à 5 % des suffrages exprimés. L’enracinement des élus est assuré par le lien avec le département. Et je rappelle qu’en 1986, avec ce scrutin, il y a eu une majorité. Les critiques crient à la IVe République. Ils réfléchissent toujours comme si c’était à l’Assemblée que se formaient les gouvernements. Or, de Gaulle, dans son discours fondateur, à Bayeux, en 1946, résout cette question : dans les institutions nouvelles, dit-il, le pouvoir ne proviendra pas du Parlement et des jeux partisans, il sera détenu par le président de la République. C’est lui qui formera le gouvernement « en tenant compte des nuances de l’Assemblée nationale ». Et il a toutes les armes pour empêcher les blocages ultérieurs.

- Quelles armes ?
Il forme et dirige le gouvernement dont aucune décision ne peut être prise sans son accord, le gouvernement est protégé par le 49-3, le président a le pouvoir d’organiser un référendum et il peut dissoudre l’Assemblée. L’instabilité est devenue impossible.

- Où en est l’état des réflexions au sein de la majorité présidentielle sur ce sujet ?
Cette ouverture à une loi électorale juste est dans le programme présidentiel. Sans doute y a-t-il des gens moins convaincus. Mais ceux qui pensent comme moi que c’est un sujet vital pour la nation, pour qu’elle retrouve une démocratie de confiance, ceux-là doivent prendre les choses en main.

- Qu’envisage le président de la République ?
Je sais que c’est une réflexion importante pour lui. Mais on ne peut pas attendre du seul président de la République qu’il impose une loi électorale. Au début du quinquennat peut-être. Mais, aujourd’hui, il serait accusé de manœuvre. Pour que les Français soient assurés de l’honnêteté de la démarche, il faut donc que l’initiative vienne de la base, des forces politiques du pays, y compris les minoritaires. Je suis pour une initiative commune des forces politiques intéressées, majorité ou opposition, sans exclusive. C’est l’assurance que personne ne pourra mal interpréter cette décision.

- Ce changement sera-t-il porteur d’une recomposition politique ?
C’est en tout cas le seul moyen de former les larges rassemblements dont le pays a besoin pour vaincre cette crise.

 

 

Actualités du Centre. La France selon Macron: un être hybride

Emmanuel Macron
Lors d’un long entretien qu’il a donné à l’Express et dont l’hebdomadaire a publié aujourd’hui la première partie, Emmanuel Macron parle de sa conception de la France et donne son opinion sur les Français.

Le moins que l’on puisse dire est que sa formule préférée, «en même temps», est à l’honneur quand il évoque son pays et ses habitants!

Si la nécessité de faire société tout en valorisant l’autonomie de l’individu qui, pour profiter de sa liberté, vivre en égalité et profiter de la solidarité, doit se montrer responsable est un crédo humaniste et libéral défendu par les centristes, le Président de la République n’hésite à ajouter de multiples strates dont certaines semblent se contredire ou, en tout cas, provoquer une certaine tension entre elles.

Ainsi, son idée de l’Etat – qui se confond presque avec la Nation (car seul l’Etat peut réaliser les promesses de la Nation) – vient très largement en opposition avec sa conception libérale de l’individu, et ses références venant de Nicolas Sarkozy et de Jean-Pierre Chevènement ne clarifient pas ses propos...

Quant à sa volonté de reconnaissance de toutes les cultures instituées qui se côtoient, se mélangent mais parfois s’entrechoquent, s’opposent jusqu’à la violence, tout en refusant le communautarisme, cela semble être oxymorique alors qu’il aurait été préférable de parler d’un mélange beaucoup plus démocratique et inclusif de cultures personnelles qui peuvent coexister pacifiquement et dialoguer plus aisément que des blocs souvent intolérants comme on le constate actuellement dans toutes les démocraties du monde.

De même, Emmanuel Macron semble hésiter entre une France dont l’existence serait bien celle d’une communauté nationale ancrée dans une Histoire plus que millénaire et une France qui serait une idée et une pratique démocratique comme le posait la Révolution.

Quand il parle des Français, c’est pour les dire «réfractaires», adjectifs qu’il avait utilisé voici quelques mois et qu’on lui avait reproché mais qu’il affirme utiliser en s’y incluant.

Néanmoins, il ajoute également qu’ils ont été les Européens les plus disciplinés face aux mesures de confinement dû à la covid19, adjectif, ce qui est bien contradictoire avec le côté rebelle à toute autorité ou décision venue d’en-haut.

D’autant que les deux adjectifs semblent un peu trop affirmatifs pour un peuple attiré par le populisme et non l’individualisme – le vrai celui qui met au centre de son discours la responsabilité de chacun – et qui a souvent peu respecté les mesures sanitaires malgré les satisfécits que beaucoup de politiques lui ont décernés de manière un peu trop démagogique…

Heureusement qu’il ajoute à bon escient que «nous sommes un peuple de paradoxe», ce qui signifie, alors, que l’une ou l’autre proposition qu’il a énoncé est fausse parce que l’on ne peut être réfractaire et discipliné en même temps!

Emmanuel Macron est plus crédible et juste quand il dénonce le relativisme, le complotiste, les attaques injustifiées contre la science qui sont autant d’attaques contre la démocratie républicaine.

 

► Voici les propos tenus par Emmanuel Macron

- Vous êtes président de la République depuis trois ans et demi, qu'avez-vous appris des Français ?
Ces trois dernières années ont conforté ma conviction: nous sommes un peuple de paradoxes. Cela avait été très mal compris quand j'avais dit que nous étions un peuple de Gaulois réfractaires, mais je m'incluais dans les Gaulois réfractaires ! Nous sommes un pays qui peut produire la crise des gilets jaunes, être extrêmement dur, vocal et, en même temps, nous sommes l'un des pays d'Europe où le confinement a été le plus respecté. Nous ne sommes pas un pays qui se réforme comme les pays anglo-saxons, scandinaves, ou l'Allemagne, nous sommes un pays qui se transforme. Un pays très politique, perclus de passions contraires. C'est ce que j'aime profondément en nous. Cette tension créatrice. Avec un rapport à l'Etat et à la responsabilité très singulier, on l'a vu pendant les crises récentes.  Le traumatisme, c'est effectivement le rapport à l'Etat. La France naît de la langue et de l'Etat, les deux piliers de notre Nation. L'Etat est ainsi perçu comme un socle d'unité qu'on aime mais il est aussi vécu comme une contrainte, toujours. Nous sommes dans cet entre-deux permanent, c'est notre belle névrose. Dès que quelque chose ne va pas, on le reproche à l'Etat: voilà ce qui explique que depuis des décennies, la confiance en nos responsables politiques, en nos structures, est beaucoup plus faible qu'ailleurs.  L'Etat est tenu responsable de nos malheurs. Quand un problème surgit, les élus locaux dénoncent les manques ou les faiblesses de l'Etat, mais chacun se tourne vers l'Etat quand l'urgence ou la gravité sont là. Car seul l'Etat protège in fine et seul l'Etat réconcilie liberté et égalité. Cette espèce d'amour-haine fait de nous un peuple à part. 

- Les crises successives ont-elles modifié votre perception des Français ? 
Nous avons renoué avec nos doutes ancestraux. La crise sociale de l'automne 2018, les conflits sociaux de l'hiver 2019 et maintenant la pandémie l'ont montré. Cela ne me rend pas pessimiste pour autant ! Car je suis certain que ces doutes sont une énergie politique très rare. Une question se pose: de quel côté va tomber cette énergie, comment allons-nous métaboliser cette crise que nous vivons ? Beaucoup de choses très profondes se passent, des choses intimes, morales, psychiques, profondes, à l'échelle individuelle comme à l'échelle du peuple. La peur est revenue, le prix de la vie ne sera plus le même. Mais nous sommes un pays qui a su montrer sa force de résistance, qui a su inventer, innover, de façon extraordinaire. Ce que je sens très profondément c'est que, ces derniers mois, ces dernières années, les Français ont réaffirmé leur volonté de prendre leur destin en main, de reprendre possession de leur existence, de leur Nation. Il s'agit là d'un processus lent, l'élection de 2017 a été un jalon sur le plan politique. Mais cela remonte à plus loin. Le jour où on a dit à la France qu'elle était une puissance moyenne, quelque chose de grave a commencé. Ce n'était pas vrai, et les Français ne pouvaient pas se vivre comme cela. Ces dernières décennies, le modèle de l'intégration permanente des classes moyennes par le progrès s'est cassé. Puis, il a fallu faire face aux délocalisations, c'est-à-dire au fait que la mondialisation devenait un processus qui se réalisait aux dépens des Françaises et des Français, en particulier dans certains territoires. Certains appellent cela "la France périphérique", personnellement je n'adore pas ce terme. C'est pour moi la France des villes moyennes, des villes qui ont vécu le départ d'entreprises, les reculs, la fin d'une histoire de progrès éducatif, culturel, économique, et la fin de ce qui était notre socle. Ce doute existentiel en nous, nous avons tenté de le dépasser par le rêve européen et ce fut la grande intuition de François Mitterrand. Mais le référendum de 2005 et les divisions lors de la crise de 2007 sont passés par là et chacun s'interroge : l'Europe nous rend-elle plus grands ou est-ce une machine qui nous oppresse ? Nous sommes, je suis, l'héritier de tout cela. Et nous sommes à présent pris par notre volonté farouche, absolue, de reprendre le contrôle de notre vie, de notre vie intime et de la France comme nation. C'est cela que nous devons accompagner. Cela, le chemin que nous devons tracer. Y compris en nous battant pour l'Europe qui est à la fois un idéal et un formidable outil de reprise de contrôle de notre destin économique, technologique, militaire, culturel. Non plus une Europe-marché mais une Europe géopolitique, une Europe de projet. Au fond, retrouver la force et le sens d'une souveraineté qui ne soit ni repli ni conflictualité mais qui puisse s'appuyer sur une autonomie stratégique européenne indispensable aux côtés des Etats-Unis et de la Chine, et pour nouer un nouveau partenariat avec l'Afrique. 

- La crise sanitaire a semblé faire émerger nos instincts enfouis, à commencer par le premier d'entre eux : le doute permanent. Etes-vous inquiet de constater qu'un peuple historiquement rationnel croie soudain aux complots petits ou grands ? 
Ce n'est pas tant le doute qui m'inquiète car le doute peut être moteur de progrès et de connaissance. Mais le relativisme, je dirais même l'obscurantisme. Au fond, il y a, dans ce que l'on vit en ce moment, quelque chose d'un destin prométhéen. Notre société, qui s'était habituée à la fin des guerres, au confort permanent et croissant, a redécouvert avec les crises climatique et terroriste la vulnérabilité. Et la crise sanitaire a ceci de particulier qu'elle a fait revenir la vulnérabilité dans le quotidien, l'intime même. Chacun a compris que tout le monde pouvait être touché, sans exception. Et c'est assez inédit dans notre Histoire récente. Face à ce grand défi, il y a la science. Et je regarde pour ma part avec beaucoup d'admiration ce que les scientifiques ont accompli - jamais dans l'histoire de l'humanité nous n'avions assisté à l'apparition d'un virus et, moins d'un an plus tard, à la découverte d'un vaccin, Mais la science n'est plus exempte du doute. Car lorsqu'on voit sa vie bousculée, son quotidien chamboulé et qu'à côté les controverses scientifiques se déploient sur les chaînes d'information et les réseaux sociaux, alors l'inquiétude gagne. Le problème clef pour moi, c'est l'écrasement des hiérarchies induit par la société du commentaire permanent : le sentiment que tout se vaut, que toutes les paroles sont égales, celle de quelqu'un qui n'est pas spécialiste mais a un avis sur le virus vaut la voix d'un scientifique. C'est ce poison qui nous menace. Nous l'avons vu dans le champ politique depuis des années - avec une grande intensité au moment de la crise des gilets jaunes où être élu, c'était finalement être frappé du sceau de l'illégitimité, ce qui est un renversement singulier. Ce phénomène gagne désormais le champ scientifique. 

- Nous payons les conséquences de cet écrasement des hiérarchies, selon vous ?
Oui, cette société qui s'horizontalise, ce nivellement complet, crée une crise de l'autorité. Et quand cette crise d'autorité touche la science, au moment où l'on attend de cette dernière des vérités définitives auxquelles se raccrocher, même si elles sont provisoires, même si elles sont imparfaites. Les conséquences psychologiques et sociales sont terribles car on finit par ne plus croire en rien. Voici le cercle vicieux: un nivellement, qui crée du scepticisme, engendre de l'obscurantisme et qui, au contraire du doute cartésien fondement de la construction rationnelle et de la vérité, conduit au complotisme. Ce n'est plus "je doute donc je suis". C'est je doute donc je me raccroche à une narration collective qui, même si elle est fausse, infondée, a le mérite de sembler robuste. Toutes les sociétés contemporaines vivent cette espèce d'horizontalisation de la société, de la contestation de toute forme d'autorité, y compris de l'autorité académique et scientifique. 

- Vous mentionnez les réseaux sociaux, mais il existe aussi une responsabilité médiatique. 
C'est vous qui le dites. Mais, effectivement, on observe aujourd'hui un processus de déconstruction de tous les discours, qu'il s'agisse d'un discours politique, d'organisation ou de vérité.  Je ne vais pas me faire le commentateur de ce phénomène car je fais partie des protagonistes, mais c'est une réalité ! Vous voyez bien que le moindre discours, la moindre annonce, est suivi de plusieurs heures de commentaires. Cela, c'est précisément un processus de déconstruction accélérée. A la fin de la soirée, ceux qui sont restés devant leur télévision se demandent : "Finalement, qu'est-ce qu'il a dit ?" Vous voyez combien cette déconstruction, qui peut être légitime, complexifie les choses. Une société, pour avancer, a besoin de commun, que des principes d'autorité politique, académique, scientifique existent. Et ce commun, parce qu'aussi l'espace public est de plus en plus fragmenté, est de plus en plus difficile à produire. Parce qu'il fait toujours l'objet de critiques, de controverses. Mais le commentaire ne peut être permanent, il faut revenir aux faits, à qui parle, sur quoi, avec quelle légitimité et quelle responsabilité.  C'est crucial. Car le relativisme délitant tout, il nourrit la défiance et affaiblit, à la fin, la démocratie. Chacun doit donc prendre ses responsabilités pour changer cela. 

- Comment répond-on politiquement, culturellement, à cette défiance à l'heure de "la société du commentaire permanent"? 
Je ne me fais aucune illusion, on continuera à déconstruire mes discours. Pour répondre à la défiance, il faut, me semble-t-il, pour ce qui concerne les responsables, mêler l'action, la cohérence et l'explication. Voilà, en tout cas, la ligne que je me fixe. Concrètement, quand une crise survient, nous devons savoir y répondre et agir. Expliquer ensuite la cohérence de l'action que l'on mène. Je suis convaincu que cette cohérence est un agrégateur de confiance. Même si, sur le coup, certains expriment leur insatisfaction, même s'ils ne veulent pas forcément vivre la contrainte et rechignent, la cohérence d'une décision la renforce dans le temps. Et permet de retrouver l'efficacité de l'action publique. 

- Pensez-vous que nous vivions une crise de la démocratie ?
Si crise de la démocratie il y a, c'est une crise de l'efficacité. Nous passons trop de temps à expliquer ce qui est impossible plutôt qu'à régler les problèmes concrets. Surtout, en quelque sorte, l'Etat "légal" l'a emporté. Ce qui compterait au fond serait de changer les textes, les lois, plus que de changer la vie des Français. Pour recréer de la confiance, je crois au contraire qu'il faut une action qui ait véritablement une efficacité, un effet des mots aux choses. A ce titre, le deuxième confinement est un exemple d'efficacité car nous avons pris la décision au bon moment. Nous l'avons expliqué, les Françaises et les Français ont agi et, par leur action, ont réussi à casser le cycle du virus. Je suis très prudent et il faut toujours rester humble, mais nous sommes l'un des pays européens qui se porte le mieux face à cette épidémie à ce stade. Et cela grâce à l'action, la cohérence, et à un travail d'explication qui refuse l'espèce d'hyper simplification à la mode. Mais pour revenir à la crise de la démocratie, il y a d'une part un besoin de mieux associer à la décision par la délibération (c'est ce que nous avons fait avec le grand débat puis la convention citoyenne). Il y a plus encore le besoin d'avoir des démocraties qui protègent et retrouvent de l'efficacité collective par l'engagement et le consensus. J'ai toujours fait ce pari, parce que le peuple français est un peuple extraordinairement politique qui cherche constamment à comprendre, le cours du monde et ce qu'il affecte. 

- Ce peuple français "extraordinairement politique" n'est-il pas aussi en train de sombrer dans un manichéisme inquiétant dont la conséquence principale serait une forme de censure ? En 2018, vous en avez déclenché une polémique en qualifiant Pétain de "grand soldat" pendant la Première Guerre mondiale. Mitterrand avait fait fleurir jusqu'en 1992 sa tombe, Chirac lui avait rendu hommage pour le 90e anniversaire de la bataille de Verdun, sans parler évidemment de De Gaulle. Pourquoi, selon vous, même notre histoire ne semble-t-elle plus avoir le droit d'être ambivalente, d'avoir des zones grises ?
Parce que nous sommes entrés dans une société de l'émotion permanente et donc de l'abolition de toute acceptation de la complexité. Nous sommes devenus une société victimaire et émotionnelle. La victime a raison sur tout. Bien sûr, il est très important de reconnaître les victimes, de leur donner la parole, nous le faisons. Mais dans la plupart des sociétés occidentales, nous assistons à une forme de primat de la victime. Son discours l'emporte sur tout et écrase tout, y compris celui de la raison. Par conséquent, celui qui a tenu un discours antisémite ou a collaboré tombe forcément dans le camp du mal radical. Je combats avec la plus grande force l'antisémitisme et le racisme, je combats toutes les idées antisémites de Maurras mais je trouve absurde de dire que Maurras ne doit plus exister. Je me suis construit dans la haine, dans le rejet de l'esprit de défaite et de l'antisémitisme de Pétain mais je ne peux pas nier qu'il fut le héros de 1917 et un grand militaire. On doit pouvoir le dire. A cause de la société de l'indignation, qui est bien souvent de posture, on ne regarde plus les plis de l'Histoire et on simplifie tout. C'est très dangereux, tout le monde parle en permanence mais personne ne débat vraiment. Ça s'entrechoque, c'est émotion contre émotion. Il faut accepter les complexités des vies, des destins, des hommes. 

- Vous avez fait campagne sur votre conscience de la diversité sociale, religieuse, scolaire, ces "mille odyssées françaises", avez-vous écrit. A présent, on a le sentiment que le tronc commun qu'est la République l'emporte, c'est ce que suggère en tout cas le projet de loi "confortant le respect des principes de la République". C'est un changement de paradigme du macronisme ?
Non. Ce que vous rappelez de la campagne de 2017 a souvent été mal compris ou caricaturé: on a dit que j'étais un multiculturaliste, ce que je n'ai jamais été. Ma matrice intellectuelle et mon parcours doivent beaucoup à Jean-Pierre Chevènement et à une pensée républicaine. Il n'y a pas "mille odyssées" s'il n'y a pas d'aventure commune à laquelle se raccrocher. C'est l'aventure française. Au fond, l'intuition de Nicolas Sarkozy il y a dix ans était bonne même s'il me semble que la formule "d'identité nationale" était sujette à trop de polémiques. L'interrogation à laquelle nous devons répondre est à la fois simple et difficile: qu'est-ce qu'être français ? Elle taraude notre peuple car le doute dont nous parlions s'est installé. Et parce que ce doute s'est nourri de phénomènes qui, comme les migrations, ont créé une forme "d'insécurité culturelle" et qui conduit à se demander ce que signifie être français. Il me semble qu'être français, c'est d'abord habiter une langue et une histoire, c'est-à-dire s'inscrire dans un destin collectif. C'est pour cette raison que nous renforcerons les cours de français et nos exigences en histoire, en particulier pour accéder à la nationalité. Etre français, c'est aussi une citoyenneté définie par des valeurs "liberté, égalité, fraternité, laïcité" qui reconnaissent l'individu rationnel libre comme étant au-dessus de tout. Cette citoyenneté est ce qui a permis à Garibaldi de devenir député français de la IIIe République. Nous n'avons jamais eu cette approche par le sang et la République s'est ainsi structurée. Vous avez besoin de cette matrice commune pour que toutes les autres odyssées se conjuguent. Comment accueillir en effet si je ne sais pas ce qu'est ma maison ? Quand certains attaquent notre socle, le remettent en cause, nient nos valeurs, l'égalité entre les femmes et les hommes, la laïcité, ils rendent impossible le fait d'être français. Car ils viennent contester ce qu'il y a de plus fondamental. Le projet porté par la loi confortant les principes républicains, notamment la lutte contre cette idéologie qu'est l'islamisme radical, consiste à nous battre pour préserver la solidité du socle commun menacé par des coups de boutoir à l'école, dans certains quartiers, parce que nous avons été trop hésitants à le défendre. Nous avons trop tardé collectivement à le faire : sans doute la classe politique n'avait-elle pas compris qu'il fallait une politique volontariste. Pour autant, cette citoyenneté ne doit pas être la revendication d'une singularité univoque qui nierait les différences. Dans notre texte constitutionnel, il est écrit, on l'oublie trop souvent, que la République est plurielle. L'erreur commise par ceux-là même qui défendent l'universalisme républicain ou les valeurs de la République est de refuser de voir cette pluralité, de la craindre, de déformer la laïcité pour en faire une sorte de religion qui s'opposerait aux autres, d'affirmer qu'"au fond, vous n'aimez pas la France si vous choisissez des prénoms qui ne sont pas vraiment français".  

- Mais comment apaiser concrètement cette tension permanente entre l'universel et le particulier ?
Je crois à une politique de la reconnaissance. Dans notre Code civil figure encore cette notion très problématique d'assimilation. Elle ne correspond plus à ce que nous voulons faire. Nous devons miser sur l'intégration, permettre à chacun de rejoindre le cœur de ce modèle républicain mais en reconnaissant sa part d'altérité. Quand vous parlez l'arabe à la maison, que votre famille vient des rives du fleuve Congo, que vous possédez une histoire qui ne se noue pas entre l'Indre et la Bretagne, vous avez une singularité qui importe et il faut pouvoir la reconnaître. Chacun doit pouvoir vivre entre plusieurs horizons culturels. Je suis frappé de voir que notre République a laissé son socle se faire attaquer sans jamais reconnaître la richesse de nos diasporas pour nous-mêmes. C'est la double peine : on est tombé, en quelque sorte, dans le pire des schémas, celui du rétrécissement et de l'affaiblissement. Nous devons pouvoir être pleinement français et cultiver une autre appartenance. C'est un enrichissement et pas une soustraction. Et c'est aussi ce qui permettra à chaque Français, quelle que soit son origine, d'aimer la France, de voir la part qu'il peut y prendre et par sa différence ce qu'il peut lui apporter. C'est aussi pour cela que dans le discours des Mureaux j'ai voulu insister sur la reconnaissance par la mémoire, par les diplômes, par une visibilité médiatique, par l'accès aux postes à responsabilité.  

- Donc vous assumez une part de discrimination positive ?
Je ne parlerais pas de discrimination positive, mais force est de constater que notre histoire n'a pas embrassé toutes les histoires. Nous avons des mémoires fracturées, c'est "l'histoire en miettes", il y a trop de mémoires, ce que Benjamin Stora dit très bien sur la guerre d'Algérie. Les historiens travaillent, bien sûr, et c'est légitime. Mais il y a aussi la place que la Nation donne à l'histoire, dans nos livres, par nos statues, nos noms de rues... les traces de ces mémoires, de cette histoire. Et sur ce sujet, il faut bien admettre que si le fleuve principal est là, bien présent, les affluents ne sont pas tous présents. Cela ne veut pas dire qu'il faut effacer, déboulonner, cela n'apporte rien. Mais savoir regarder en face notre Histoire. Dans sa pluralité, et ses parts d'ombre. Prenons Colbert. Colbert est un formidable organisateur de l'Etat, il a aussi contribué avec d'autres à la rédaction du Code noir et je comprends totalement qu'il apparaisse avec les lunettes de notre époque comme une figure ayant nié la dignité humaine de tant de nos semblables. Mais il fait partie de cette histoire française. Il faut enseigner le Code noir. Raconter à quel moment et pourquoi cela s'est passé, replacer cette histoire dans sa plénitude. Je suis pour qu'on reconnaisse les histoires qui pétrissent notre pays, pour que les enfants ultramarins apprennent toute l'histoire de l'esclavagisme que la France a fait vivre à leurs aïeux. Qu'on leur enseigne les bégaiements même après Schoelcher que certains territoires ont pu vivre, les libérations que leurs propres héros leur ont fait connaître. Je suis pour aussi qu'on reconnaisse chaque affluent qui alimente le fleuve France. Toussaint Louverture et plusieurs autres n'ont certainement pas leur juste place dans notre Panthéon national et ne sont pas suffisamment connus et reconnus. De la même manière, des enfants de la République ont une histoire prise entre l'Afrique et la France, il faut le reconnaître et le rendre tangible. La France a cette capacité d'hospitalité, il ne faut pas en avoir peur. Au contraire, c'est une richesse inouïe, mais on a trop souvent voulu la dissimuler à nos concitoyens. Nous avons occulté ces histoires : en ne faisant pas défiler les troupes africaines sur les Champs-Elysées le premier jour de la libération à Paris, en oubliant la part d'Afrique dans le débarquement de Provence, ce que j'ai tenu à corriger le 15 août 2019. Tout cela est vrai. Tous ces plis de notre histoire collective se retrouvent dans des histoires individuelles qui par conséquent sont mal à l'aise avec l'histoire officielle. Elles ont le sentiment qu'elles n'ont pas leur place. Et cela crée du malheur, les jeunes et les moins jeunes ont le sentiment d'aider à faire tourner le pays mais de ne pas se retrouver dans les médias, dans la haute fonction publique, ils ont l'impression d'être effacés. Voilà pourquoi nous devons faire un travail historique et mémoriel qui ne consiste pas à effacer ce que nous sommes mais à compléter notre histoire, avec de nouvelles statues, de nouvelles appellations de rue. C'est le travail de la commission que nous avons confiée à l'historien Pascal Blanchard et dont l'objectif est d'élaborer un carnet de noms qui sera ensuite mis à la disposition des maires et des associations. Sans oublier le travail que je souhaite accélérer sur les stages et les diplômes. Nous allons mettre en place des circuits d'accès plus rapides aux grandes écoles car on ne peut pas se satisfaire de la situation actuelle.  

- Vous pensez qu'être un homme blanc de moins de 50 ans est un privilège ? 
C'est un fait. On ne le choisit pas, je ne l'ai pas choisi. Mais je constate que, dans notre société, être un homme blanc crée des conditions objectives plus faciles pour accéder à la fonction qui est la mienne, pour avoir un logement, pour trouver un emploi, qu'être un homme asiatique, noir ou maghrébin, ou une femme asiatique, noire ou maghrébine. Donc, à cet égard, être un homme blanc peut être vécu comme un privilège même si, évidemment, quand on regarde les trajectoires individuelles, chacun a sa part de travail, de mérite. Le problème commence quand cette donnée de base devient un facteur principal d'explication. 

 

Propos centristes. France – Lutte contre la covid19, vaccin et mutation du virus; patriotisme de consommation; lutte contre le trafic de drogue; lutte contre l’abandon et la maltraitance des animaux de compagnie; lutte contre le racisme et l’antisémitisme…

Voici une sélection, ce 22 décembre 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France.

► Emmanuel Macron (Président de la République)

Ces trois dernières années ont conforté ma conviction: nous sommes un peuple de paradoxes. Cela avait été très mal compris quand j'avais dit que nous étions un peuple de Gaulois réfractaires, mais je m'incluais dans les Gaulois réfractaires ! Nous sommes un pays qui peut produire la crise des gilets jaunes, être extrêmement dur, vocal et, en même temps, nous sommes l'un des pays d'Europe où le confinement a été le plus respecté. Nous ne sommes pas un pays qui se réforme comme les pays anglo-saxons, scandinaves, ou l'Allemagne, nous sommes un pays qui se transforme. Un pays très politique, perclus de passions contraires. C'est ce que j'aime profondément en nous. Cette tension créatrice.

 

Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Jean Castex (Premier ministre)

La vaccination débutera dans les 27 pays de l'UE les 27, 28 et 29 décembre. À tous les sceptiques, à tous ceux qui en doutaient, l'Europe a montré qu'elle était bien plus qu'un grand marché : une communauté de destin. C'est sa singularité, et c'est notre force face à la crise.

 

Jean-Yves Le Drian (ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)

[Adhésion de la France à l’Association des États riverains de l’océan indien] Notre adhésion est un signe fort de l'action que nous comptons mener avec nos partenaires dans l'espace indopacifique.

 

Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur)

- Le Beauvau de la sécurité qui se déroulera au premier semestre 2021 concernera aussi la gendarmerie nationale.

- [Cartographie des points de deal en France] On ne peut pas savoir quels médicaments prendre si l'on ne connaît pas sa maladie. En tant que maire, je connais les ravages de la drogue et l'argent sale que génère cette économie souterraine. Mais je souhaitais que les services du ministère de l'Intérieur puissent quantifier l'ampleur de ce fléau. 3 952 points de deals ont été recensés et je souhaite que la police et la gendarmerie s'attaquent à chacun d'entre eux. Je communiquerai tous les mois le nombre de points de deal démantelés sur le territoire.

- Notre politique, c'est celle de la transparence et des résultats concrets. C'est celle que je mène par exemple en rendant compte du nombre d'islamistes radicaux étrangers en situation irrégulière qui sont expulsés chaque mois. Il en est de même sur la lutte contre la drogue lorsque je donne mensuellement les chiffres des saisies de stupéfiants ou le nombre de trafiquants interpellés. Publier les chiffres des lieux de deal, ça n'a pas de précédent, c'est faire œuvre de transparence. Et l'objectif derrière est de rendre compte du nombre que nous démantelons. Quand on parle de l'économie, on donne les chiffres de la croissance, quand on lutte contre la drogue, c'est pareil et cela doit nous pousser à obtenir des résultats.

- Un point de deal, c'est une occupation illégale d'un espace. On doit réaffirmer que ce territoire appartient à la République et pas aux dealers. Les Français qui ont ces lieux de trafic près de chez eux, près de l'école de leurs enfants, doivent savoir que nous ne laisserons pas s'installer ces gens qui veulent dicter leur loi. Bien sûr, la vente de produits stupéfiants évolue, avec notamment des services de livraison à domicile, mais le point de deal reste très important pour cette économie. Ils produisent d'importantes nuisances pour les gens qui vivent à proximité et doivent être combattus.

- L'administration travaille à une plate-forme, notamment grâce au site Moncommissariat.fr qui, dès l'année prochaine, va permettre aux habitants de signaler les nouveaux points de deal ou les déménagements des dealers, fréquents après une opération de police. Les citoyens doivent être actifs dans ce combat contre la drogue, mais nous devons leur donner les moyens de nous aider.

- [Trafic de drogue] Notre originalité, c'est de nous attaquer aux deux côtés de la chaîne. Sur les trafics d'abord, en luttant contre l'arrivée de produits par les ports de Marseille ou du Havre, par les autoroutes depuis l'Espagne ou les Pays-Bas, mais aussi par Internet ou voie postale. Malgré le confinement, les saisies de cannabis ont encore augmenté de près de 50 % le mois dernier. J'assume de harceler ces vendeurs de drogue. De l'autre côté, nous nous attaquons au consommateur, avec la mise en place des amendes forfaitaires délictuelles, qui permettent de ne pas banaliser la consommation de drogue. Cette amende permet de verbaliser systématiquement les consommateurs qui échappaient trop souvent aux poursuites. Il est important de rappeler que sans acheteur, il n'y a pas de vendeur.

 

Eric Dupond-Moretti (Garde des Sceaux, ministre de la Justice)

[Propos antisémites contre Miss Provence sur tweeter] Avec la mesure prévue dans le projet de loi séparatisme, c’est exactement ce genre de haineux que je compte stopper en autorisant leur comparution immédiate. Leurs propos orduriers tenus depuis un canapé doivent les conduire le lendemain devant le juge.

 

Roselyne Bachelot (ministre de la Culture)

À la suite des propos abjects prononcés à l’encontre de madame Rokhaya Diallo sur l’antenne de Sud Radio, j’ai alerté ce soir le  CSA. L’examen de cette séquence est indispensable. Les propos racistes n’ont pas leur place sur nos antennes.

 

Olivier Véran (ministre des Solidarités et de la Santé)

- La France a fait le choix d’une vaccination progressive, privilégiant en premier lieu les personnes les plus à risques de faire des formes graves, et fondée sur leur consentement. Nous ne confondons pas vitesse et précipitation.

- La vaccination contre la covid19 en France repose sur une chaîne logistique rigoureuse, depuis le site de production jusqu’à la chambre d’Ehpad. Je me suis rendu ce matin à l’occasion d’un exercice de préparation sur l’un des sites dépositaires qui stockeront les vaccins.

- L'agence européenne du médicament vient d'autoriser le vaccin Pfizer. Cette semaine devraient intervenir l'avis de la Commission européenne, de la Haute Autorité de Santé, et les premières livraisons. Début de la campagne de vaccination française et européenne dimanche!

- Dimanche, nous commencerons à vacciner en France. Les plus vulnérables d'entre nous d'abord, après examen médical, information et recueil du consentement. Un démarrage en douceur, soucieux de la sécurité de tous et respectueux de nos engagement éthiques.

- Plusieurs pays voisins ont dû reconfiner très vite avant Noël. En France, le confinement précoce et efficace nous permet de respirer en cette fin d'année. Mais soyons très vigilants les uns avec les autres, les uns pour les autres.

- La situation épidémique en France demeure fragile parce que le virus circule encore trop et que ça ne baisse plus. La pression sanitaire reste élevée. La 2ème vague n'est pas encore derrière nous.

- La covid19 peut muter, comme tout virus. En Grande Bretagne, un variant circule beaucoup. Les scientifiques pensent que les tests et le vaccin restent efficaces, et que la maladie reste la même. Mais il pourrait être plus contagieux. Par précaution, nous fermons donc les frontières.

 

Julien Denormandie (ministre de l'Agriculture et de l'alimentation)

- Deux écologies s'opposent en ce moment, celle de l'injonction, et celle de la raison. Celle de l'injonction, je la combat.

- L'agriculture française est l'une des plus durables au monde. Le monde agricole est l'un de ceux qui se sont le plus transformé depuis l'après-guerre. 30% de leurs comportements vont encore changer dans les 5 prochaines années.

- On essaie d’apporter les bonnes aides aux bons endroits mais (...) consommons 'local'.

- [Patriotisme économique] C'est nécessaire, mais ce ne sera pas forcément suffisant. J'en appelle à ce patriotisme de consommation.

- Plus de 100 000 animaux de compagnie abandonnés par an. Contre cette situation inacceptable, nous présentons un plan d’actions inédit pour sensibiliser les futurs propriétaires, accompagner les structures engagées et sanctionner la maltraitance animale.

- La France détient en effet en la matière un triste record. Chaque année, on compte plus de 100 000 abandons d'animaux de compagnie, notamment des chiens et des chats. Ma priorité est de lutter contre ce phénomène. Car quand on possède un chien ou un chat, on en est responsable. Un animal n'est ni un produit consommable ni un jouet.

- 750 000 chiens et chats sont officiellement vendus ou adoptés chaque année en France et l'on assiste malheureusement souvent à ce qu'on appelle des adoptions ou des achats impulsifs. Vous passez devant une vitrine où se trouve un chiot ou un chaton : vous ou vos enfants les trouvez mignons, et il arrive que vous finissiez par en acheter sans nécessairement prendre conscience des devoirs que cela implique. Pour lutter contre ces comportements qui mènent trop souvent aux abandons, nous allons introduire un certificat de sensibilisation obligatoire pour tout adoptant ou acheteur. (…) Il faudra signer un document qui vous informe de tout cela qu'implique, en termes d'obligations de soins, de vaccination, de nécessité de sortir son animal et du coût financier. Il s'agit de prendre conscience des responsabilités liées à l'adoption d'un animal de compagnie. Une proposition de loi comprenant cette mesure sera discutée le 26 janvier à l'Assemblée. L'objectif est qu'elle soit mise en œuvre courant 2021. On va par ailleurs interdire la vente de chiens et de chats dans des véhicules ambulants.

- Nous avons tous en tête l'image du camion qui s'arrête au bord d'une route, qui dispose une caisse avec des chiots et des chatons à vendre. Il faut y mettre un terme.

Les ventes ou adoptions d'animaux continueront de se faire dans des refuges spécialisés, des animaleries ou des foires dédiées à la vente d'animaux. Dans tous ces établissements, vous avez des professionnels capables de vous informer. On ne restreint pas la capacité d'adopter un animal mais on lutte contre les dérives qui conduisent à une adoption ou un achat impulsif d'animal.

- [Chiot classé comme un jouet sur internet] J'ai été le premier choqué par cette annonce. C'est justement pour cela que nous signons ce lundi une charte d'encadrement avec la principale plateforme de vente en ligne française, Le bon coin, afin d'empêcher de telles dérives. Par ailleurs, les acheteurs seront sensibilisés à tous les devoirs qui leur incombent vis-à-vis de cet animal. Cela permettra là encore de limiter les comportements impulsifs. C'est très important à mes yeux et un gros travail a été fait avec cette plateforme.

- Dans le plan de relance, j'ai souhaité mettre 20 millions d'euros pour les associations et refuges, notamment de proximité, qui sont essentiels pour accueillir les animaux abandonnés. Ils font un très gros travail avec trop peu de soutiens financiers. Ils bénéficieront désormais d'un soutien de l'État pour améliorer leurs locaux, augmenter leur capacité d'accueil. Ces investissements permettront de soutenir ces structures et d'améliorer les conditions de vie des animaux recueillis. C'est essentiel. Nous allons par ailleurs créer un observatoire dédié à la lutte contre les abandons d'animaux de compagnie. Car si l'on dispose d'un chiffre de 100 000 abandons par an, on le sait : la réalité est sans doute bien plus terrible.

- L'abandon est qualifié par la loi comme un acte de maltraitance et donc pénalement répréhensible. Je suis favorable à l'augmentation des sanctions liées à l'abandon. C'est un des points de la proposition de loi portée par les députés de la majorité, très engagés sur le sujet, que nous avons travaillé avec la Chancellerie pour aller jusqu'à trois ans de prison. Les peines d'interdiction de détention d'un animal seront également élargies.

- [Les associations regrettent que les juges ne prennent pas ces affaires d’abandons au sérieux] Nous avons travaillé avec la Chancellerie qui est sensibilisée sur le sujet. Par ailleurs, nous renforçons les contrôles. Les animaux domestiques doivent être identifiés (par tatouage ou par puce). Nous proposons de donner aussi le pouvoir de contrôle aux gardes champêtres et aux policiers municipaux.

- Le ministère réalise des milliers de contrôles chaque année dans les abattoirs comme les élevages. En l'occurrence l'abattoir [dénoncé par l’association L214] avait été inspecté très récemment, avant même la diffusion de la vidéo. Cette inspection a donné lieu à des décisions en cours de mise en œuvre. De manière générale, à chaque fois qu'on constate des non-respects, ma main ne tremble pas. D'abord pour ne pas jeter l'opprobre sur toute une profession. Mais plus globalement, il faut moderniser nos abattoirs. Or, ils gagnent peu d'argent. Arrêtons d'être dans l'injonction et donnons-leur des capacités d'action. C'est pourquoi le gouvernement a affecté 130 millions d'euros pour la modernisation les abattoirs dans le plan de relance. Ce qui est inédit. Et c'est en cours de déploiement. (…) Mais la politique ce n'est certainement pas celle de l'émotion d'une vidéo. C'est la politique de la raison, c'est-à-dire, donner la capacité à ces entreprises de se moderniser et de responsabiliser les professionnels, premiers responsables du bien-être animal dans leurs entreprises. Il faut prendre le sujet par le bon bout : la priorité, c'est d'investir dans la modernisation.

 

Amélie de Montchalin (ministre de la Transformation et de la fonction publique)

- Emmanuel Macron est combatif contre le virus et pour le pays. Nous fixerons lors du séminaire du gouvernement du 13 janvier les priorités de l'année 2021. J’y présenterai les résultats de notre action depuis 2017 en transparence avec les Français.

- À l'initiative de l'APHP, la plateforme COVIDOM suit les patients atteints par la covid19. En 10 mois, 800 000 personnes ont été prises en charge grâce à la mobilisation de bénévoles et professionnels de santé. Une innovation mondiale dont le service public peut être fier.

 

Marc Fesneau (ministre chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne)

[Propos antisémites contre Miss Provence] Cachés derrière l’anonymat des réseaux sociaux ils déversent leur haine antisémite et menacent une jeune femme. La justice fera son œuvre. Et nous tous combattons sans relâche le poison de l’intolérance et de la haine de l’autre.

 

Elisabeth Moreno (ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances)

- Je me réjouis que la justice ait ouvert une enquête suite au déferlement de propos antisémites dont April Benayoum a été la cible. Le gouvernement est déterminé à lutter contre tous les discours de haine.

- Les propos tenus par une auditrice de Sud Radio à l’encontre de Rokhaya Diallo sont intolérables. Le racisme est un délit puni par la loi. Il n’a pas sa place dans notre République, forte de sa diversité.

 

Franck Riester (ministre chargé du commerce extérieur et de l'attractivité)

Réunion avec les fédérations professionnelles sur le Brexit. Encore beaucoup d'incertitudes, mais notre mot d'ordre reste le même : l’État répond présent au plus près du terrain pour préparer nos entreprises au 1er janvier 2021.

 

Olivier Dussopt (ministre chargé des Comptes publics)

Brexit: le Gouvernement est mobilisé et échange avec les fédérations professionnelles. Nous sommes prêts à tous les scénarios : accord ou non accord.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre chargée de l'Industrie)

- Ce gouvernement depuis trois ans est reparti à la reconquête industrielle après 40 ans d'abandon

- Il n'y a pas de grande économie sans grande industrie. Avec le plan France relance, nous avons l'opportunité de transformer notre économie, pour produire différemment et pour construire les marchés et les emplois de demain !

- La circulation du virus en France est moindre que dans d'autres pays européens. C'est parce que nous avons pris des décisions difficiles de reconfinement il y a quelques semaines que nous pouvons aujourd'hui préserver ces moments importants pour tous que sont les fêtes de Noël.

- Une partie des vaccins commandés par l'UE sera fabriquée en France. C'est le cas pour les vaccins de Moderna, Pfizer-BioNtech et Sanofi.

- Aujourd'hui, un projet sur deux déposés dans le cadre du plan France relance pour les Territoires d’industrie est un projet de (re)localisation. Nos industriels sont prêts à se battre, à investir, à prendre des risques, et nous allons les y accompagner.

 

Marlène Schiappa (ministre chargée de la Citoyenneté)

Suite à ma consigne aux Préfets de naturaliser les étrangers qui ont travaillé en 1ère ligne pendant le confinement, 2890 demandes ont été reçues par le ministère.

 

Brigitte Klinkert (ministre chargée de l'Insertion)

L'insertion peut soutenir l'action sociale. C'est pourquoi nous voulons développer la production et la distribution de denrées alimentaires par les structures de l'insertion.

 

Nadia Hai (ministre chargée de la Ville)

L’antisémitisme est intolérable. La République se doit de protéger celles et ceux qui en sont victimes. Avec le gouvernement, nous menons une action résolue pour le combattre. Ne jamais le laisser passer. Jamais.

 

Clément Beaune (secrétaire d’Etat chargé des Affaires européennes)

- L’Europe de la santé ce sont les vaccins, mais aussi des équipements achetés en commun, pour être solidaires et efficaces face à la crise de la covid19.

- [Brexit] Le Gouvernement se mobilise : nouvel échange avec les fédérations professionnelles. Nous nous préparons à tous les scénarios. Accord ou non accord, les choses changent, avec des contrôles douaniers et sanitaires. Préparons-nous.

- Dire [comme Marine Le Pen] que le remède magique contre la covid19, c’est de fermer toutes les frontières internes à l’Europe, où passent 350 000 travailleurs frontaliers chaque jour, c’est se moquer du monde. Comme d’habitude. Et vous critiquiez les contrôles aux frontières avec la Suisse pour les sports d’hiver : où sont vos priorités ? Elles sont moins claires que vos mensonges.

- [Vaccin contre la covid19] La France a demandé la transparence. La Commission européenne a autorisé les parlementaires européens à regarder les contrats. Je souhaite une évaluation indépendante, qui puisse nous dire si c’est un prix juste. Ne fantasmons pas.

- [Covid19] En France, nous avons pris très tôt des mesures très strictes. Grâce aux efforts de tous, la situation est relativement mieux maîtrisée que chez nos voisins. Pas de hasard, pas de mystère.

 

Bérangère Abba (secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité)

Le 11 janvier prochain, un One Planet Summit dédié à la préservation de la biodiversité se tiendra à Paris, un moment clé de la mobilisation pour réévaluer nos ambitions et coordonner nos réponses à l’échelle planétaire pour la protection du vivant dans le contexte pandémique.

 

Olivia Grégoire (secrétaire d’Etat chargée de l’Economie sociale, solidaire et responsable)

- L’Europe démontre dans la crise qu’elle peut agir d’une seule voix, que ce soit en matière d’engagements financiers comme de politique vaccinale. Elle vit, elle avance, elle se consolide.

- Cette crise est le moyen de rappeler les entreprises à la mission sociale qui fut la leur à l'origine... et l'Europe à sa mission de puissance normative pour réorienter l'épargne vers une transition écologique juste.

 

Laurent Pietraszewski (secrétaire d’Etat chargé des Retraites et de la Santé au travail)

La circulaire précisant les conditions d'accès aux tests antigéniques en entreprise est parue. Via la médecine du travail, les salariés volontaires auront la possibilité, en cas de doute ou de symptômes, d'accéder facilement et rapidement à un test.

 

Assemblée nationale

Richard Ferrand (président)

Avec cet avis favorable de l'Agence européenne des médicaments, les vaccinations contre la covid19 peuvent commencer dès la fin de la semaine, en sécurité et en transparence pour la France! Une avancée majeure pour lutter contre la pandémie et ses conséquences socio-économiques.

 

► Partis politiques

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Aurore Bergé (présidente déléguée du groupe à l’Assemblée nationale)

- La crise sanitaire ne doit pas occulter la crise démocratique que nous vivons. Nous devons y remédier par nos actions et sans doute aussi par une réforme du mode de scrutin que nous avions portée dès la campagne présidentielle.

- L'antisémitisme n'est pas une opinion mais un délit. Face à ce déferlement de haine sur les réseaux sociaux, nous adaptons notre droit. Et nous renforcerons les moyens d'action dans le projet de loi sur nos principes républicains.

- On n'en a pas fini avec le fléau de l'antisémitisme. On voit combien l'antisionisme est une sorte de paravent pour mieux cacher l'antisémitisme.

- [Proportionnelle] tous les députés LREM ont porté cette réforme, il faut adapter le mode de scrutin pour le rendre plus juste et plus représentatif.

- Nous ne voulons pas interdire l’implantation de nouvelles installations industrielles mais mettre en place des conditions pour que ces implantations respectent l’Accord de Paris.

 

● UDI
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ne sont pas retranscrits]

Jean-Christophe Lagarde (président)

Je me réjouis que le Parquet ouvre une enquête afin de poursuivre les auteurs des propos antisémites honteux contre Miss Provence. Décidément les réseaux sociaux sont le plus souvent le défoulement de la bêtise et de la haine anonymisées. C’est à l’anonymat qu’il faut mettre fin.

 

● Mouvement radical

Bertrand Pancher (député)

Les Tweet antisémites visant Miss Provence sont honteux . Nous devons condamner fermement ses auteurs. Tout cela n’est pas digne de notre pays. J'apporte tout mon soutien à April Benayoum.

 

► Autres

● Organisations centristes
♦ Renaissance 
(Députés français du groupe centriste Renew Europe au Parlement européen)

 

Nathalie Loiseau

- L’antisémitisme est un cancer et un délit. En ligne comme hors ligne. Non seulement les insultes proférées contre miss Provence sont révoltantes, mais qu’elles soient encore en ligne est inadmissible. Les plateformes nous montrent qu’elles sont incapables de s’autoréguler.

- On ferme les frontières avec le Royaume-Uni pour en savoir davantage, notamment sur la capacité des tests PCR à repérer cette variante-là du virus. La coordination européenne a commencé hier après-midi, elle se continue ce matin.

- C'est l'ensemble des comportements individuels qui donnent une réponse collective. On a vu hier ces images d'apéro de rue, est-ce que c'est un droit de l’homme ? Est-ce que c'est indispensable ?

- [Brexit] Il y aura de fait un no deal, technique ou pas, mais le 1er janvier il va y avoir un gros décrochage, il faut s’y préparer.

- Je suis en désaccord avec Rokhaya Diallo sur beaucoup de sujets. Cela ne m’empêche pas de considérer que les propos tenus à son sujet sur Sud radiosont innommables. Rien, ni la controverse politique, ni la recherche du buzz, ne justifie ce vomi raciste et ces attaques grossières.