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samedi 14 juin 2025

La Quotidienne centriste du 14 juin 2025. Rassemblement «No Kings», parade militaire, élue démocrates assassinés ou l’Amérique de Trump


Peut-être s’agit-il de coïncidences mais nous ne le croyons pas.

Alors que Trump va faire défiler l’armée américaine le jour de son anniversaire – en prétendant qu’il fête les 250 ans de celle-ci! –, jaloux du 14 juillet français auquel il avait été invité par Emmanuel Macron lors de son premier passage à la Maison blanche et qu’il affirma vouloir reproduire aux Etats-Unis, des milliers de manifestations auront lieu à travers le pays sous la bannière «No Kings»pas de rois (en Amérique)pour dénoncer son pouvoir personnel et de plus en plus autocratique sur fond de mobilisation de la Garde nationale et de Marines à Los Angeles pour soi-disant assurer un ordre public qui n’était absolument pas en danger.

Et triste «cerise sur le gâteau», un extrémiste de droite vient d’assassiner une élue démocrate du Minnesota ainsi que son mari et en blessant sérieusement un autre ainsi que sa femme alors que l’on a retrouvé dans sa voiture une liste de 70 personnalités du Parti démocrate pro-avortement à tuer en rappelant que Trump a déclaré de multiples fois – et dernièrement à l’encontre du gouverneur de Californie, Gavy Newsom – vouloir emprisonner voire éliminer ceux qu’ils nomment les «radicaux de gauche» et qui ne sont que les membres de ce même parti.

Non, nous ne croyons pas que ce soient des coïncidences, seulement la conséquence du climat délétère qu’a instauré l’extrémiste populiste quand il a pris ses fonctions fin janvier de cette année.

Climat délétère qu’il revendique puisqu’il veut créer le chaos dans l’ordre démocratique afin d’instaurer un ordre autocratique.

Il n’a certes pas commandité les attaques contre les élus démocrates mais tout, dans ses postures et des déclarations, encouragent des extrémistes dérangés à passer à l’acte.

C’est cela l’Amérique de Trump que nous avions, avec d’autres, prédit lors de sa première élection en 2016 et que tout concourait à être celle-ci lors de sa victoire en novembre 2024.

 

[Retrouvez quotidiennement ce billet rédigé par l’équipe du CREC concernant l'actualité du jour] 

 


Propos centristes. France – Conflit Israël-Iran / Risque d’embrasement mondial / Protection de l’enfance / Travail des enfants / IA, une priorité pour la France / Service civique…


Voici une sélection, ce 14 juin 2025, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France. 

► Emmanuel Macron (Président de la République)
> [Déclarions lors de la conférence de presse sur la situation au Proche et Moyen-Orient avec le conflit entre Israël et l’Iran, la crise de Gaza et la possibilité d’un embrasement mondial]
Israël a donc conduit, ces dernières heures, des attaques contre l'Iran, son programme nucléaire et ses missiles. La France n'a pas participé à la conduite de ces frappes. Elles ont repris cet après-midi et elles devraient probablement durer. C'est une étape nouvelle dans la guerre qui se joue dans la région. Je sais l'inquiétude légitime de nos compatriotes face à ces événements.
La France a condamné depuis longtemps et à de multiples reprises l'accélération du programme nucléaire et balistique iranien. L'Iran a continué d'enrichir de l'uranium sans aucune justification civile et à des niveaux désormais très proches de ce qui est nécessaire pour un engin nucléaire, accumulant près de 40 fois plus d'uranium enrichi que ce qui lui était autorisé. Elle s'est ainsi affranchie de toutes ses obligations vis-à-vis de la Communauté internationale, rompant ses propres promesses. Cette semaine encore, l'Agence internationale de l'énergie atomique, juge de paix en la matière, a constaté l'impossibilité d'assurer qu'il s'agissait d'un programme pacifique. Parallèlement, l'Iran développe à marche forcée un programme de missiles. Certains sont en théorie capables d'emporter un engin nucléaire et d'autres ont la portée permettant d'atteindre certaines parties de notre territoire national.
L'Iran porte une lourde responsabilité dans la déstabilisation de toute la région, a soutenu le Hamas, le Hezbollah, les Houthis, s'est félicité de l'attentat terroriste du 7 octobre, à la suite duquel 50 compatriotes ont perdu la vie, et détient toujours deux otages français, Cécile Kohler et Jacques Paris. Et je veux ici redire à leur famille notre solidarité et notre détermination à obtenir leur libération. L'Iran fournit aussi des missiles à la Russie pour l'aider dans son agression contre l'Ukraine. Et donc, je le dis avec la plus grande clarté, le risque de cette marche vers l'arme nucléaire par l'Iran menace la région, l'Europe et, plus généralement, la stabilité collective. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde où l'Iran posséderait la bombe atomique, car c'est une menace existentielle et une menace pour notre sécurité à tous. Mais nul n'est plus directement visé qu'Israël, dont l'Iran appelle sans relâche à la destruction.
Je l'ai souvent répété, Israël a le droit, comme chaque peuple, de vivre délivré de l'angoisse de l'anéantissement, du risque de l'attaque et de la menace du terrorisme. Nous restons attachés à cette exigence pour la sécurité d'Israël. Je l'ai réaffirmé ce matin au premier ministre Benyamin Netanyahou. Face au risque majeur de déstabilisation pour toute la région, la France appelle désormais toutes les parties à la plus grande retenue pour éviter l'escalade. La question du nucléaire iranien est une question grave, une question existentielle. C'est par la négociation qu'elle doit désormais être réglée. C'est pourquoi je regrette que l'Iran n'ait pas pris au sérieux les propositions avancées par les États-Unis et a refusé jusqu'alors toutes les concessions comme les gestes nécessaires. Nous appelons à la reprise du dialogue, à la conclusion d'un accord, seul chemin pour désamorcer la situation, et nous sommes prêts à mettre tous nos efforts pour atteindre cet objectif.
Depuis ce matin, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le président Trump, nos alliés européens, en particulier britanniques et allemands, ainsi que nos partenaires dans la région, jusqu'à l'instant même, les dirigeants d'Arabie saoudite, du Bahreïn, de la Jordanie, du Qatar, des Émirats arabes unis, de l'Égypte ou du Liban. Nous serons aux côtés de nos partenaires dans la région, auxquels j'ai rappelé notre solidarité et notre engagement, y compris celui de nos forces pour les protéger. Ce matin, j'ai tenu un Conseil de sécurité et de défense nationale sur la situation au Proche et Moyen-Orient et ses conséquences pour notre pays. Avec les ministres concernés, nous avons pris toutes les décisions pour faire face aux évolutions de la situation et pour assurer la sécurité des Français partout sur notre territoire. Nous avons, en particulier, décidé du renforcement de notre dispositif SENTINELLE pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national. Plusieurs mesures ont aussi été actées pour garantir la sécurité de nos ressortissants, de nos troupes et de nos ambassades dans la région. Je demande à nos compatriotes de ne pas se rendre sur place, quel que soit le prétexte. Notre dispositif militaire dans la région est quant à lui en alerte.
Ces événements de la nuit et ce que je viens de rappeler sont évidemment à remettre dans la perspective du conflit plus large qui se joue dans la région et l'histoire plus longue, et en particulier depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023 et la guerre en cours à Gaza. Et ces dernières heures ne doivent pas nous détourner de la nécessité d'établir un cessez-le-feu permanent à Gaza, assorti de la libération de tous les otages et d'une aide massive à la population palestinienne soumise à un blocus humanitaire injustifiable. Je viens ici de rappeler tout ce que nous avons à faire et la gravité de la situation depuis cette nuit, mais ceci en aucun cas ne doit nous faire oublier Gaza. Les efforts pour rétablir le cessez-le-feu, rompus depuis le 1er mars, n'ont à ce stade pas abouti. Pourquoi ? Parce que cette logique militaire, celle de l'occupation, des déplacements, du siège, ne mènent nulle part, si ce n'est à un conflit permanent. Pour arrêter la guerre, il faut redonner une perspective de paix afin de bâtir les deux États et assurer la paix et la sécurité pour tous. C'est ce que porte la France depuis le 7 octobre, fidèle en cela à son engagement historique. Et c'est aussi le rappel qu'une vie vaut une vie et que pour la France, il n'y a pas de double standard. C'est par cette exigence que seront restaurées la paix et la sécurité régionales.
Aujourd'hui, à Paris, la société civile israélienne et la société civile palestinienne étaient venues porter ce message, et je regarde leur engagement avec espérance. Elles se sont réunies au Conseil économique, social et environnemental et ont remis au ministre des Affaires étrangères un appel à l'action, l'appel de Paris, auquel je compte désormais donner suite. Ces voix soutiennent en particulier l'initiative annoncée avec le prince héritier d'Arabie saoudite pour relancer la création d'un État palestinien et la pleine intégration d'Israël au Moyen-Orient qui se traduira par une conférence internationale sous l'égide des Nations unies à New-York. Les objectifs que nous poursuivons à travers cette conférence internationale coorganisée avec l'Arabie saoudite sont les suivants. En premier lieu, sécuriser la libération des otages et permettre l'arrivée dans la bande de Gaza d'une aide humanitaire massive. Ensuite, consolider le cessez-le-feu le plus durable possible. Troisièmement, enclencher un processus politique qui se substitue aux armes et qui permette d'obtenir une réforme de l'autorité palestinienne et la mise en place d'une administration sous l'autorité palestinienne dans la bande de Gaza, excluant le Hamas, qui doit être désarmé. L'objectif, c'est donc un État palestinien démilitarisé, reconnaissant l'existence et la sécurité d'Israël, qui doit recevoir le soutien d'une mission internationale de stabilisation. C'est le préalable indispensable à l'intégration régionale d'Israël et à l'établissement de sa reconnaissance mutuelle. Si nous devons décaler la tenue de cette conférence pour des raisons logistiques et sécuritaires, dans la mesure où les dirigeants de l'autorité palestinienne ne peuvent rejoindre les Nations unies, elle aura lieu au plus vite. Et dès les prochains jours, en lien évidemment avec les dirigeants de la région et plus particulièrement avec l'Arabie saoudite, une date sera refixée. Ce report ne saurait remettre en cause notre détermination à avancer vers la mise en œuvre de la solution des deux États, quelles que soient les circonstances.
J'ai dit ma détermination à reconnaître l'État de Palestine. Elle est entière et c'est une décision souveraine. En ces heures, l'urgence d'un Moyen-Orient en paix est d'autant plus grande. Je mettrai à profit les grandes échéances des prochains jours et notamment le sommet du G7 dès la semaine prochaine pour rapprocher les points de vue de nos partenaires, nous concerter plus avant avec les États-Unis d'Amérique et avancer dans ce sens. Chaque jour, chaque heure, la France agit pour la paix et la sécurité pour tous au Moyen-Orient. Je vous remercie et je vais maintenant répondre à vos questions.

> [Etat d'avancement du programme nucléaire iranien] Les informations que nous avons et que nous partageons avec nos partenaires, ce dont nous disposons aussi des informations de nos partenaires, et je dirais plus encore les informations qui ont été partagées par l'AIEA, l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui est en charge du suivi de ce programme, sont plus que préoccupantes. Et c'est sur la base de ces informations que nous avons d'ailleurs eu un vote majoritaire qui a, comme je le disais, qualifié le programme en cours, remis de la pression sur l'Iran et demandé des précisions nouvelles. Et donc, oui, L'Iran a poursuivi son programme ces derniers mois, a continué d'enrichir, et est proche d'un stade critique, c'est-à-dire le stade qui permet, en effet, de produire des engins nucléaires, et ensuite qui déclenche la mécanique qui permet ensuite, en effet, d'avoir des armes nucléaires.
Donc, la situation est aujourd'hui très préoccupante à cet égard, et ce programme ne répond pas aujourd'hui aux engagements qui avaient été pris, naguère, l'Iran elle-même. Pour autant, la voie que la France continue avec constance de poursuivre est une voie diplomatique, c'est-à-dire celle qui consiste à redonner la légitimité à l'AIEA de poursuivre son programme, à demander de suivre l'ensemble des sites d'enrichissement et de revenir à des seuils qui correspondaient aux engagements internationaux.
Nous avons été parmi les pays les plus exigeants et les plus constants sur la question du nucléaire iranien comme du balistique iranien, mais nous avons toujours privilégié la voie de la discussion diplomatique et des exigences techniques de l’AIEA plutôt que l'intervention militaire. C'est pourquoi la France n'était pas engagée dans une discussion avec Israël sur ce sujet, et c'est pourquoi la France ne recommandait pas des attaques de la part d'Israël.
La situation que je viens de décrire a conduit Israël à prendre cette décision. Est-ce que, pour autant, nous la soutenons, nous avons voulu l'accompagner, nous l'avons planifiée avec eux ? La réponse est non.
Je rappelais simplement un contexte qui fait que, oui, la situation dans laquelle nous étions entrés était très clairement une menace pour Israël et une menace pour nous tous. Nous, nous avions privilégié une autre voie. Les choses se sont passées comme elles se sont passées ces dernières heures. Elles ont d'ailleurs conduit à la neutralisation de responsables qui avaient eux-mêmes, par leurs déclarations, parfois par leurs actes, conduit des activités qui étaient dangereuses pour notre propre pays.
Aujourd'hui, notre souhait, comme je viens de le rappeler, c'est que les discussions reprennent. Et donc, nous appelons d'une part à ce qu'il n'y ait pas d'escalade dans les représailles iraniennes, et d'autre part, à ce qu'au plus vite, Israël puisse, au contraire, aider les États-Unis d'Amérique, les Européens, à reprendre les discussions avec les Iraniens pour se remettre autour de la table et reprendre le contrôle sur ce programme.
La situation qui a été créée par ces frappes ouvre une ère nouvelle, je l'ai dit, de la guerre dans la région et doit conduire Israël à accepter enfin le cessez-le-feu, la libération des otages et une reprise des discussions politiques. Je l'ai dit tout à l'heure au premier ministre Netanyahou, parce que s'il y a une chose qui unit Israël avec tous ses voisins dans la région, c'est la menace iranienne. Puisque celle-ci est redevenue aujourd'hui la priorité, et puisqu’aujourd’hui, les heures, les jours, les semaines qui viennent seront structurées par les risques de riposte, et donc, évidemment, la sécurité d'Israël et de toute la région, plus que jamais, c'est l'intérêt même politique et sécuritaire d'Israël d'acter un cessez-le-feu, d'obtenir la libération des otages par le Hamas et de réenclencher cette dynamique.
Je pense que c'est cette fenêtre que nous devons saisir et c'est le travail que nous conduirons dans les prochains jours avec Israël, d'une part, mais aussi avec les États-Unis, le Qatar, l'Égypte et l'ensemble des négociateurs qui sont impliqués dans cette discussion.

> [Soutien de la France à Israël] Le soutien, celui que nous avons toujours apporté, j'ai toujours été clair, ce n'est pas un soutien inconditionnel et sans limites. J'ai d'ailleurs été clair lorsqu'il s'agit de lutter contre le terrorisme du Hamas, que nous avons condamné avec force le 7 octobre dernier. Nous avons soutenu toutes les opérations ciblées d'Israël, sa volonté de, très clairement, se protéger du terrorisme, mais en aucun cas, nous n'avons soutenu les opérations qui mettaient en danger la vie des civils, et c'est pourquoi nous avons appelé, dès la fin octobre 2023, à un cessez-le-feu sur le territoire.
Pour ce qui est de l'Iran, nous soutenons la sécurité d'Israël. Si Israël devait être attaqué dans le cadre d'une représaille par l'Iran, la France, compte tenu de ses emprises, et si elle était en situation de le faire, participerait aux opérations de protection et de défense d'Israël. J'ai marqué notre disponibilité en ce sens. À l'inverse, je n'envisage aucunement de participer à quelque opération offensive que ce soit. Ce n'est pas notre rôle et ce n'est pas le chemin que nous choisissons, je l'ai déjà dit. Nous sommes pour un chemin diplomatique sur la question du nucléaire et du balistique iranien.
Pour ce qui est des négociations de cessez-le-feu, comme des négociations nucléaires et balistiques, je crois à l'efficacité d'impliquer les Européens, qui sont des partenaires de confiance. Nos contacts, comme notre travail, sont permanents. J'ai passé la journée à échanger avec l'ensemble des négociateurs du cessez-le-feu, comme avec tous les acteurs de la sous-région. Oui, mon souhait, c'est que nous puissions être réinclus dans ces actions et ces opérations, qu'il s'agisse du cessez-le-feu ou de la discussion sur le nucléaire iranien.
Néanmoins, la lucidité me conduit à dire que si je vois une fenêtre rouvrir sur les négociations sur le cessez-le-feu à Gaza, les prochaines heures et les prochains jours seront difficiles pour rouvrir des négociations efficaces avec l'Iran sur la question du nucléaire. Mais nous devons y travailler, nous devons nous réengager sur ce sujet.

> [Liban] a France reste comme toujours vigilante et préoccupée par la sécurité du Liban, qui, vous avez raison, peut être menacée depuis son propre sol comme depuis l'extérieur dans ce contexte. Nous avons aussi des contacts multiples pour essayer de limiter ce risque et de tout faire pour qu'il n'y ait pas un embrasement.

La situation aujourd'hui, soyons honnêtes et lucides, est une situation à haut risque. Nul ne peut dire qu'elle est maîtrisée. Et les risques d'escalade, y compris d'escalade non contrôlée, existent. C'est pourquoi il faut la plus grande vigilance, c'est pourquoi il faut redoubler d'efforts de prise de contact et il faut garder un calme, une lucidité, un sérieux dans tout ce qui est fait. C'est ce que nous essayons de faire, mais très clairement, les heures, les jours qui viennent sont extrêmement dangereux pour toute la région et au-delà.

> [Conférence de New York sur la crise au Moyen-Orient annulée] C'est d'abord un choix de pragmatisme et de sécurité. Quel sens aurait une telle conférence, dans laquelle le prince héritier d'Arabie saoudite et moi-même devions être, que nous coprésidions, où le président de l'Autorité palestinienne devait prendre verbalement des engagements forts, au-delà même de la lettre qu'il a déjà écrite, et qui sont des engagements historiques et des déclarations historiques, si tous les dirigeants de la région, pour des raisons évidentes, sont tenus chez eux ? Aujourd'hui même, le prince héritier, comme le président de l'Autorité palestinienne, m'ont indiqué qu'il n'était pas en situation logistique, physique, sécuritaire et politique de se rendre à New-York. C'est juste des raisons pragmatiques et de la pure lucidité.

Néanmoins, la dynamique créée par cette conférence est une dynamique inarrêtable.
D'abord parce que nous avons obtenu, ces dernières semaines, des engagements historiques de plusieurs. De l'Autorité palestinienne, qui a enfin reconnu et condamné les attaques terroristes du 7 octobre, qui s'est engagée, comme elle ne l'avait jamais fait, dans un processus elle-même de reconnaissance avec Israël et dans sa volonté de créer les conditions politiques sécuritaires des deux États et d'une sécurité régionale. Dans la volonté affichée et réaffichée, obtenue il y a quelques semaines lors de mon voyage en Égypte, d'avoir une implication égyptienne dans la sécurité de Gaza le jour d'après. Mais aussi dans les engagements obtenus, eux aussi historiques, il y a quelques jours à peine, en Indonésie, du président Prabowo, affirmant pour la première fois haut et fort une fois ce processus déclenché, sa capacité à reconnaître Israël et sa sécurité.
Tout ça, c'est la dynamique de cette conférence qui l'a créée. Ce que la rencontre d'aujourd'hui entre les sociétés civiles israéliennes et palestiniennes, la convergence de vues, la même détresse, les mêmes souffrances exprimées durant toute cette journée, mais exprimées depuis des mois et parfois non entendues à travers le monde, de ces deux peuples nous obligent. Donc, je vous le dis, ce mouvement est inarrêtable. Dès que les conditions sécuritaires nous le permettront, nous le ferons.
Ensuite, pour les risques, je ne vais pas ici documenter le pire, mais nous nous préparons à tout. Il est évident que selon les ripostes qui seront décidées par l'Iran, mais aussi si Israël devait continuer des opérations en Iran, sur le sol iranien qui aille au-delà des cibles jusqu'alors indiquées, nous rentrerions dans des situations dont aujourd'hui, nul ne peut totalement se figurer les conséquences.
Ensuite, nous restons très vigilants sur les solidarités qui se sont dessinées ces derniers mois. Je note que les mêmes drones iraniens sont utilisés sur le théâtre ukrainien par les Russes. Je note les propos que la Fédération de Russie a commencé à tenir dès ce matin. Je vois des solidarités inquiétantes, mais je les ai déjà dénoncées et nous avons marqué cette vigilance depuis des mois. C'est pourquoi je pense qu'il est indispensable que les discussions reprennent, sur la question du cessez-le-feu à Gaza et de la libération des otages, et sur la question d'un cessez-le-feu en Ukraine et d'une reprise de discussion sur une paix juste et durable, et sur la question du nucléaire iranien pour lui donner un cadre négocié. C'est ce à quoi appelle la France et ce à quoi elle œuvrera. Mais vous voyez les liens entre les acteurs les plus dangereux et vous voyez le risque d'escalade lorsque certains de ces acteurs ont manifesté ces derniers mois leur incapacité à calibrer leurs gestes.

> [Risques pour la France d’une détérioration de la situation au Moyen-Orient] Il est trop tôt pour les identifier, mais il y en a de manière évidente. Il y a très clairement, de toute façon, une vigilance sécuritaire. C'est pourquoi nous décidons de ce renforcement. Parce que l'Iran, par le passé, a aussi montré sa capacité dans ses ripostes ou ses actions, à mener des actions terroristes sur des sols étrangers. Ensuite, parce que l'Iran a des capacités balistiques qui peuvent toucher le sol européen, et donc elle est aussi une menace à cet égard, même si, comme je le rappelle, la France, comme d'ailleurs tous ses autres partenaires européens et comme les États-Unis d'Amérique, n'ont en aucun cas participé ni aux opérations des dernières heures ni à leur planification. Ensuite, il est très clair qu'en fonction de l'évolution de la situation, des bombardements, des cibles qui seront prises, l'économie mondiale peut être impactée. Qu'il s'agisse des routes commerciales et des menaces sur le détroit d'Ormuz, qu'il s'agisse des capacités de production pétrolière mondiales, qu'il s'agisse de tous les autres sujets pour lesquels la région a un impact très clair.
Notre principale préoccupation est sécuritaire aujourd'hui, mais compte tenu de l'incapacité de qui que ce soit à se prononcer sur la durée, l'étendue des opérations et des ripostes, nous devons nous préparer aussi à des conséquences économiques. Il est trop tôt pour répondre à votre question de manière précise, mais il n'est pas trop tôt pour nous tenir groupés, unis, conscients, solidaires dans ce moment que nous avons à vivre. Et je sais que nous en avons la capacité. Le peuple français a su le faire lorsque nous avons été frappés par la crise énergétique qui était liée au conflit, à la guerre d'agression russe menée en Ukraine. Et nous avons aussi continué à mener l'effort de soutien. Donc, nous sommes aussi résistants. Simplement, il faut à chaque fois dire les choses telles qu'elles sont, de la manière la plus précise. Et donc, je vous dis aujourd'hui tout ce que je sais, je vous dis aussi tout ce que je ne sais pas, et je reviendrai vers vous dès que, évidemment, la situation évoluera pour vous en tenir informés et pour vous dire les conséquences pour nos compatriotes qui sont dans la région, qu'ils soient diplomates, militaires ou que ce soit nos ressortissants, mais aussi pour notre pays.

> [Frappes israéliennes contre l’Iran] Écoutez, comme je vous l'ai dit, nous n'avons pas participé à ces frappes. Nous ne partageons pas cette approche et la nécessité d'une opération militaire. Néanmoins, quand je regarde les résultats de ces frappes, elles ont permis de réduire des capacités d'enrichissement, elles ont permis de réduire des capacités balistiques. Elles ont donc des effets qui vont dans le sens recherché. Maintenant, il faut reprendre la discussion et essayer d'avancer sur un terrain, je le disais, plus diplomatique et technique. Pour ce qui est ensuite des Européens, je pense qu'ils ont, je le disais, un rôle à jouer dans la mesure où les Européens, d'abord, ont la continuité du dossier nucléaire en tête et que nous avons tenu une position constante et que nous nous sommes avérés être, je dirais, pour tous les interlocuteurs de ce dossier, au fond, les seuls à être véritablement constants. C'est-à-dire que nous avons été un moment plus exigeant que les Américains à l'égard du programme nucléaire iranien. Nous avons d'ailleurs durci la position en 2015 dans les dernières étapes de cette négociation. Qu'ensuite nous, nous sommes restés attachés au JCPOA et que nous n'avons pas quitté quand les Américains, eux, ont changé d'avis, et que nous considérons que c'est toujours le même cadre qui doit préexister et que d'ailleurs les discussions qui s'étaient tenues encore cette semaine à l'AIEA se faisaient dans ce cadre. Et donc je pense que pour toutes les parties prenantes, les Européens ont à la fois la connaissance dans la profondeur du dossier, les compétences, en particulier pour la France, qui est un État doté avec des compétences techniques nucléaires fortes, et une cohérence.
Enfin, je considère qu'au fond, notre responsabilité, notre rôle, notre position est toujours la même. Nous sommes attachés à la paix et la sécurité pour tous. Eh oui, parfois, nous avons des désaccords avec Israël, et nous les assumons. Ou plutôt, nous avons des désaccords avec le Premier ministre Netanyahou et son gouvernement, et nous les assumons. Parce que parfois, nous considérons que les décisions qu'il prend sont mauvaises pour la sécurité d'Israël elle-même. Et lorsqu'il mène une opération massive, terrestre, qui fait tant de victimes civiles à Gaza, nous considérons que c'est à la fois une trahison de ce qu'est l'histoire même et l'identité d'Israël et dangereux pour la sécurité d'Israël aujourd'hui et demain. Voilà. Et donc si je devais vous résumer les choses et la position française, elle est assez simple. Nous sommes pour la paix, la sécurité et la stabilité pour tous dans la région. Nous ne voulons pas d'un Proche et Moyen-Orient avec un Iran qui soit doté de l'arme nucléaire. Nous ne voulons pas d'un Proche et Moyen-Orient où Gaza soit durablement occupée, des civils maltraités. Et nous croyons que la solution est la stabilité, c'est un Israël vivant en paix à côté d'un État palestinien, vivant en paix et en sécurité, et ayant reconnu l'existence et les droits d’Israël à se défendre dans la région. C’est ça ce que nous poursuivons. Et je crois que c’est honnêtement une perspective honnête, cohérente, et j’espère, réaliste.

> Aujourd’hui à Paris, la société civile israélienne et la société civile palestinienne sont venues porter un message d’espérance. Ensemble. Ces voix soutiennent l’initiative annoncée par l’Arabie saoudite et la France pour relancer la création d’un État palestinien et la pleine intégration d’Israël au Moyen-Orient, qui se traduira par une conférence internationale sous l’égide des Nations unies à New York. Les objectifs que nous poursuivons à travers cette conférence internationale sont les suivants : 1. Sécuriser la libération des otages et permettre l’arrivée dans la bande de Gaza d’une aide humanitaire massive. 2. Consolider un cessez-le-feu durable. 3. Enclencher un processus politique qui se substitue aux armes et qui permette d’obtenir une réforme de l’Autorité palestinienne, ainsi que la mise en place d’une administration sous l’autorité palestinienne dans la bande de Gaza, excluant le Hamas, qui doit être désarmé. L’objectif, c’est donc un État palestinien démilitarisé, reconnaissant l’existence et la sécurité d’Israël, qui doit recevoir le soutien d’une mission internationale de stabilisation. C’est le préalable indispensable à l’intégration régionale d’Israël et à l’établissement de sa reconnaissance mutuelle. Si nous devons décaler la tenue de cette conférence pour des raisons logistiques et sécuritaires, dans la mesure où les dirigeants de l’Autorité palestinienne ne peuvent rejoindre les Nations unies, elle aura lieu au plus vite. Dès les prochains jours, en lien avec nos partenaires, une date sera refixée. Notre détermination à avancer vers la mise en œuvre de la solution des deux États, quelles que soient les circonstances, est totale.

> Ce matin, j'ai tenu un Conseil de sécurité et de défense nationale sur la situation au Proche et Moyen-Orient et ses conséquences pour notre pays. Nous avons pris toutes les décisions pour faire face aux évolutions de la situation et pour assurer la sécurité des Français. Nous avons décidé du renforcement de notre dispositif Sentinelle pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national. Plusieurs mesures ont aussi été actées pour garantir la sécurité de nos ressortissants, de nos troupes et de nos ambassades dans la région. Notre dispositif militaire dans la région est quant à lui en alerte. Je demande à nos compatriotes de ne pas se rendre sur place, quel que soit le prétexte.

> La France a plusieurs fois condamné le programme iranien en cours et a pris toutes les mesures diplomatiques en ce sens. Dans ce contexte, la France réaffirme le droit d’Israël à se protéger et à assurer sa sécurité. Pour ne pas mettre en péril la stabilité de toute la région, j’appelle les parties à la plus grande retenue et à la désescalade.   Suite aux frappes israéliennes sur l’Iran et son programme nucléaire, j’ai tenu un Conseil de défense et de sécurité nationale ce matin. Toutes les dispositions seront prises pour protéger nos ressortissants et nos emprises diplomatiques et militaires dans la région. Toutes les mesures seront mises en place pour assurer la protection du territoire national et de nos concitoyens.   La France est prête à travailler avec tous ses partenaires pour œuvrer à la désescalade au Proche et Moyen-Orient.  Aujourd’hui, je me suis entretenu avec le Prince héritier d’Arabie saoudite, le Roi de Jordanie, le Président des Émirats arabes unis, l’Émir du Qatar, le Chancelier allemand, le Premier ministre britannique et le Président américain. La paix et la sécurité de tous dans la région doivent être notre boussole.

> Il y a 40 ans à Schengen, la France, l’Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas choisissaient la libre circulation pour leurs citoyens à l’intérieur de l’Union européenne et le renforcement commun de leurs frontières extérieures. Depuis, 450 millions de destins européens bénéficient de l’espace de libre circulation intérieure. L’espace Schengen est une force de l’Union européenne, une garantie de liberté et de sécurité.

 

► Gouvernement
[Nota: Ce gouvernement est dirigé par un centriste, François Bayrou ; nous avons donc décidé de reprendre les propos de tous les ministres puisqu’ils agissent sous l’autorité d’un Président de la République et d’un Premier ministre centristes/centraux ; néanmoins nous avons fait une distinction avec d’un côté les ministres centristes-centraux et les autres puisqu’il s’agit d’un gouvernement de coalition du fait que le Président de la République et le Premier ministre ne disposent pas d’une majorité à l’Assemblée nationale]

Ministres centristes/centraux
François Bayrou (Premier ministre)
> [Discours lors des Assises des petites villes de France]
(…) Il y a très longtemps, que dans la République, plusieurs décennies en tout cas, le Premier ministre choisi de ne pas demeurer maire en même temps. 
Et ça a fait des polémiques, comme vous le savez. J'ai considéré qu'il y avait dans ce choix un message, qui est que l'exercice des responsabilités nationales ne peut pas être séparé de l'exercice des responsabilités locales. Comme vous savez, il y a un débat très important autour de ce sujet. Peut-être va-t-il rebondir dans les mois ou années qui viennent, mais j'ai trop fait l'expérience, et vous aussi, de ce que des décideurs nationaux pouvaient se trouver très vite déracinés. Et je crois exactement le contraire. Je crois au contact maintenu avec les réalités de la vie de tous les jours, avec la vie d'un territoire, avec la vie de nos concitoyens, des associations, des entreprises, le contact maintenu par force, parce que quand vous êtes maire, même en ne consacrant qu'une partie de votre temps à cette mairie, vous êtes obligé de suivre les difficultés, les enthousiasmes, mais aussi les difficultés de ceux qui vous ont confié ce mandat. 
Et donc, je vous salue mes chères collègues et mes chers collègues avec respect, considération et amitié. J'aime particulièrement cette assemblée. 

D'abord, je vais le dire parce que je considère qu'il s'agit de quelque chose comme la vie du pays, comme la trame du tissu national, avec les 26 millions d'habitants. Et puis, je pense très souvent à vous, parce que j'étais venu à Millau comme commissaire au plan il y a quelque deux ans, pour cette assemblée, et il m'est arrivé à Millau quelque chose de formidable et que je n'oublierai absolument jamais. Peut-être d'ailleurs la protagoniste est-elle encore là, je ne sais pas. Et à Millau, alors vous savez, la vie d'un responsable public qui a quelque notoriété, c'est de faire beaucoup de selfies. Et moi, je passe ma vie, depuis très longtemps, ayant parcouru les campagnes présidentielles, les vertes campagnes présidentielles, les oranges campagnes présidentielles, pour mon cas, avoir parcouru ces campagnes. Alors oui, il m'arrive très souvent de faire des selfies. Et l'histoire de ces selfies, c'est l'histoire de ma vie, parce que quand j'étais très jeune, il y avait des jeunes filles qui venaient me voir en disant : « est-ce que je peux faire un selfie parce que je vous adore ? » Et puis, le temps a passé, et un grand nombre de celles-là sont depuis venues me voir en disant : « est-ce que je peux faire un selfie parce que ma mère vous adore ? » Et puis... le temps a encore passé, et il y en a un certain nombre qui sont venus me voir en disant : « est-ce que je peux faire un selfie parce que ma grand-mère vous adore ? » Et à Millau, il y a deux ans précisément, il y a une jeune femme, peut-être est-elle là, qui est venue me voir en disant, et ça a été un moment très, très heureux de ma vie, elle m'a dit : « est-ce que je peux faire un selfie parce que ma fille vous adore ? » Et ce renversement du temps, ce tour de la roue de la vie a été, pour moi, délicieux. Alors, je suis très heureux d'être avec vous en évoquant ce souvenir-là, qui, pour moi, Millau, il y a deux ans, c'est cela. 
Je vais m'efforcer de parler en vérité. Pas m'efforcer, je m'engage à parler en vérité et pour répondre en vérité à tout ce que vous avez dit. Je suis très content que vous défendiez dans la vie du pays la place éminente et, à mes yeux, même prééminente, des petites villes qui font en effet le centre local de la vie de nos territoires, comme on dit. C'est un mot que je n'aime pas beaucoup, mais il faut bien l'utiliser, en tout cas, du terrain, des régions, des campagnes et des petites villes. Et vous avez bien raison de les défendre, parce que presque la moitié, 40 %,  des habitants du pays sont représentés dans des collectivités comme les vôtres. Et il est juste et légitime qu'elles trouvent dans le débat national toute leur place. 
Et vous êtes maire, c'est-à-dire que vous avez choisi, pour la plupart d'entre vous, d'être maire. Vous avez choisi de consacrer une partie de votre vie à la collectivité à laquelle vous appartenez. Et maire, c'est une responsabilité particulière. Vous vous souvenez de Jules César qui, passant dans une campagne, disait à ceux qui l'entouraient : « vous voyez, je préférerais être premier dans ce village que le second à Rome » Alors, je ne vous invite pas à être Jules César. 
Mais il y a une chose que je sais, c'est que quand on est maire, on est en première ligne. Très souvent, l'État, les administrations, les collectivités locales ont une puissance d'organisation. Mais il n'y a qu'un responsable, une ou un responsable, c'est celui qui porte l'écharpe. Le maire est en première ligne. 
Et ma conviction profonde, c'est que la société dans laquelle nous vivons manque de responsables. Très souvent, lorsque les problèmes se posent, on délègue. On dit, c'est tel responsable, telle administration que vous devez saisir. Et je trouve que ceci a délayé, dans la société française, non seulement le sentiment de la responsabilité, mais l'exercice de la responsabilité. Et si l’on a évoqué les normes, l'inflation de normes dans lesquelles nous vivons, je veux évoquer aussi l'inflation de déviation de responsabilité. J'ai une collaboratrice qui a un verbe très haut. Elle est béarnaise, elle est pyrénéenne. Et elle a trouvé une définition pour cela. Elle appelle ce phénomène le « ce n'est pas moi qui s'en occupe ». Vous allez saisir quelqu'un, et on vous renvoie de téléphone en téléphone quand on a la chance d'avoir quelqu'un qui répond au bout du fil. On saisit une autre administration  : « je ne manquerai pas de vous tenir informé. » Les seuls qui ne puissent pas faire ça, ce sontt les maires ou qui en tout cas se gardent de faire ça parce qu'ils savent que la dévolution de confiance qui a été faite par leurs concitoyens quand ils ont voté pour eux, cette dévolution de confiance-là, elle dit : « c'est à toi que je confie la responsabilité. » Toi, que je connais, que j'apprécie, à qui, en tout cas, je demanderai des comptes, et quand on est maire, on ne peut pas reporter sur d'autres la responsabilité. Et c'est quelque chose de tout à fait éminent pour l'évolution de la société dans laquelle nous vivons, qui est une société, je le crains, de déresponsabilisation, la plupart du temps. Et c'est vrai que c'est lourd. 
Est-ce que je puis dire quelque chose qui va détonner ? Ne me le reprochez pas. On dit : les maires démissionnent en masse. 450 dans l'année, ça veut dire 1 % des maires de France. Et il y a beaucoup de responsabilités dans la société, dans les associations, dans les entreprises dans lesquels il y a plus de 1 % de démission. Moi, je crois que les maires sont, pour la plupart... Je vais me faire très mal voir. Je crois que les maires sont, pour la plupart, heureux de remplir la responsabilité qu'est la leur. La preuve, c'est que, majoritairement, ils se représentent, et vous allez voir que, cette année encore, vous allez rencontrer des personnalités qui vont vouloir se présenter contre vous. Vous les éviteriez si vous pouviez peut-être, moi aussi. Mais, il va y avoir des vocations. Et pardon de le dire, je lis partout dans tous les articles le contraire, mais il n'est pas vrai que dans la société française, les personnalités, ceux qui ont envie de s'affirmer, ceux qui ont envie de réaliser leur destin, il n'est pas vrai qu'ils fuient les responsabilités. Ils les recherchent et celle-là est une responsabilité d'humanité si profondément affirmée que nous sommes nombreux à être fiers d'exercer ce mandat. Est-il difficile ? Oui. Est-ce que les temps que nous vivons sont particulièrement éprouvants ? Oui, moins que d'autres. 
Je suis né et j'habite toujours dans un village qui, en août 14, avait 300 habitants. Il y a 29 noms sur le monument aux morts. Et les historiens savent qu'il n'en était pas de même dans toutes les régions du pays, que le pourcentage des sacrifiés était plus grand dans les petites communes rurales qu'il ne l'était dans des unités urbaines plus exposées. Ça a d'ailleurs valu des révoltes. 29 noms sur le monument aux morts. Si vous enlevez les femmes, c'est-à-dire 160 sur 300, si vous enlevez les moins de 20 ans et les plus de 40 ans, alors vous vérifiez que le sacrifice du nombre de ceux qui ont été fauchés, équivalait presque à un sur trois des garçons. Sans compter les blessés, et plusieurs fois dans la même famille. Et je pense toujours au maire de l'époque, parce que c'est lui qui recevait le télégramme et c'est lui qui mettait sa cravate pour aller frapper à la porte ou au portail des familles. Et du plus loin qu'elles le voyaient, les mamans, les épouses, les filles comprenaient ce qu'elles allaient entendre. Ces maires-là ont été des héros exactement à l'exemple et à l'identique de ceux dont la vie était sacrifiée. Ils tenaient leur communauté, et on l'a bien vu pendant le Covid. Les maires tenaient la communauté à laquelle ils appartenaient. Ils ont résisté avec vous, Monsieur le préfet, raison pour laquelle je pense que les responsabilités des préfets doivent être augmentées, améliorées, mieux prises en compte, et c'est ce que nous allons faire dans les semaines qui viennent, en demandant aux préfets d'être les coordinateurs de toutes les actions de l'État, pour ne plus diluer la responsabilité. Les maires jouent ce rôle-là. 
Il y a eu — pardon de le dire, parce que je prends le contrepied de la plupart des discours que nous entendons — il y a eu des époques où il était plus difficile d'être maire que ça ne l'est aujourd'hui. C'est exigeant. C'est essentiel. On épanouit sa vie dans la responsabilité. Mais il y a des moments dans lesquels, même dans les difficultés du dernier mandat, qui ont été nombreuses, ces difficultés : le covid19, avant ça, les Gilets jaunes, puis le covid19, puis la guerre en Ukraine avec l'explosion de l'inflation, puis tout ce que nous avons connu ces derniers temps et que nous connaissons encore. Je n'oublie pas qu'il y a, en ce moment-même, entre Israël et l'Iran, des lieux dans le monde où se développent des risques dont nous savons tous la portée, qui vont impacter notre vie de tous les jours, comme l'Ukraine a impacté notre vie de tous les jours. Et plus largement encore, c'est un basculement du monde. On était dans un ordre du monde dans lequel c'était la loi reconnue par tous, qui organisait le présent et l'avenir. Et puis, quand l'armée de Poutine s'est jetée sur l'Ukraine, à ce moment-là, quelque chose d'autre s'est passé, ça n'était plus la force de la loi, c'était la loi de la force. Et depuis, partout dans l'univers, et hélas aussi du côté des États-Unis d'Amérique depuis la dernière élection, quelque chose s'est développé qui est d'une remise en cause des principes qui étaient les nôtres, y compris entre alliés. Alors, nous nous souviendrons de cette époque. 
Moi, je crois que c'est par les maires que la société tient. Et c'est pourquoi il est si important que nous ayons inscrit le statut de l'élu, dans toutes les dimensions que le texte a développées. Et il y en a une que je veux reprendre devant vous, c'est la validation des acquis, parce qu'on entre dans un mandat, quel qu'il soit, mais il serait catastrophique que ce mandat soit, pour l'avenir de celui ou celle qui l'exerce, un handicap. Il faut, au contraire, que ce soit un avantage, un avantage amélioré pour les indemnités, les plus petites, un avantage amélioré pour la retraite, et un avantage amélioré quand on sort du mandat par une validation des acquis. Et cela est vrai pour les parlementaires aussi, mes chers collègues parlementaires qui êtes là. Je pense que de ce point de vue-là, on n'a pas préparé l'avenir suffisamment en donnant toute sa part à la responsabilité. La responsabilité, ça veut dire aussi qu'on ne laisse pas perpétuellement se complexifier le monde, qu'on est capable d'affronter cette espèce de « marée montante de normes », d'obligations perpétuelles à laquelle nous sommes confrontés. 
On est en train d'étudier un texte sur la simplification, mais je pense qu'il faut aller encore plus loin qu'on ne le fait. Je vais demander à tous ceux qui, dans la société française, sont l'objet de la « marée montante des normes », ceux qui, à la base, doivent les affronter, je vais leur demander d'être en première ligne dans la clarification, la simplification. Et les maires aussi. Je vais demander aux foyers, je vais demander aux associations, je vais demander aux entreprises de se placer en face des administrations, et il faut bien le dire aussi, des élus, comme exigeant de comprendre pourquoi nous avons augmenté de 1 000 pages le code de l'urbanisme et pourquoi nous avons augmenté de 1 000 pages le code du travail. J'avais, dans une émission, autrefois, qui avait fait un peu de bruit, j'étais venu avec le code du travail français, qui pesait déjà un kilo, et le code du travail suisse, qui faisait 100 pages. Et en Suisse, il n'y a pas de chômage — comme vous savez, ce n'est pas la seule raison — mais en tout cas, on arrive très bien à vivre. Eh bien, depuis cette émission, qui avait fait un peu de bruit, le code du travail français a pris 1 000 pages. Il pesait 1,5 kg, il pèse maintenant 2,5 kg. Il y a quelque chose qui ne va pas dans tout ça, et il faut donc demander à ceux qui sont les victimes, j'allais dire, en tout cas, à ceux qui sont obligés d'affronter ces difficultés, de demander des explications à ceux qui multiplient ces obligations. Et je suis tout à fait d'accord pour reprendre l'idée exprimée à cette tribune à propos de l'article 40. L'article 40, ce n'est pas l'article 40 qui fait qu'on signale des délits ou des crimes, mais c'est l'article 40 qui fait que, normalement, dans une Assemblée parlementaire, si vous proposez une dépense vous devez proposer une recette et si on propose une nouvelle norme il faut proposer la capacité de répondre à cette norme, et je reprends cette idée que je trouve juste et intéressante.
Maintenant, je voudrais vous raconter non pas une anecdote de ma vie, mais ma vie comme elle est aujourd'hui, tous les jours. C'est celle-ci: depuis 20 ans, j'ai vu venir le mur de la dette. J'ai essayé, vainement, d'alerter les décideurs. J'en ai même fait un sujet de campagne électorale présidentielle, ce qui était, je l'avoue, une folie. Mais je sentais l'addiction de la société française au déficit. Ce n'est pas grave, les déficits. Un jour, ça s'arrangera. Et à la dette : pas grave, la dette ! Beaucoup de nos concitoyens pensaient qu'on ne doit jamais la rembourser, pensent encore aujourd'hui qu'on ne doit jamais la rembourser. 
Nous sommes devant un danger mortel pour la nation. Nous sommes devant un danger, demandez à vos collègues grecs ce qu'ils ont vécu. Laisser s'accroître la dette du pays, c'est placer ce pays en situation de surendettement. Et chacun d'entre vous, même rempli de doutes sur cette affirmation sur le pays, en pensant que ça s'arrangerait toujours, chacun d'entre vous sait ce que les foyers de vos concitoyens ou les entreprises de vos concitoyens vivent quand ils sont en situation de surendettement. Ça n'est pas différent de la situation que notre pays rencontre. Il faut que vous ayez un chiffre en tête, deux chiffres en tête : l'accumulation des déficits, qui se traduit par l'augmentation de la dette, représente 3 300 milliards d'euros. Et ça a une signification extrêmement simple. La charge de la dette, ce qu'il faut rembourser tous les ans pour payer les intérêts et continuer à emprunter pour qu'on puisse faire face à ces obligations, la charge de la dette, va représenter, si nous ne sommes pas capables de prendre conscience, va représenter en 2029 100 milliards d'euros. C'est-à-dire, si l'on exclut les retraites, plus que l'addition du budget de l'Éducation nationale et des Armées, pour payer les intérêts de la dette. Et ça va continuer à croître jusqu'au moment... Oh, ça ne croîtra pas longtemps, parce que les agences de notation, qui portent à intervalles réguliers, tous les trimestres ou tous les deux mois, un jugement sur la situation réelle de chaque pays au vu des finances publiques, les agences de notation interviennent. Quand elles interviennent, les taux d'intérêt augmentent. Si elles baissent la note, les taux d'intérêt augmentent. Et si les taux d'intérêt augmentent, alors, qui sont les victimes ? C'est vous et ceux qui vous ont élus. Parce que vous ne pouvez plus emprunter pour acheter une voiture, vous ne pouvez plus emprunter pour construire une maison, vous ne pouvez plus emprunter pour un appartement, et vous vous trouvez surchargé d'impôts et de taxes. Tout ça est intimement lié. Alors, on peut choisir la politique du déni ; en effet, on peut. Mais ce déni-là, je demande à être démenti si quelqu'un pense le contraire, ce déni-là, il conduit avec certitude à l'accident pour le pays. 
Ce n'est pas agréable à dire, ça fait 20 ans que j'essaie, d'allumer tous les feux orange et tous les clignotants orange pour que cette réalité-là devienne une réalité que la nation prendrait en charge. Depuis qu'on a commencé la communication, il y a deux mois, Françoise, sur ce sujet, la préoccupation des Français sur ce point a augmenté de près de 30 %. Je considère que c'est un très grand succès ou un début de succès. Mais le seul point sur lequel, pour l'instant, ça n'ait pas progressé, les Français pensent qu'il y a un problème, pensent qu'il faut agir rapidement, mais pas beaucoup d'entre eux ne pensent qu'ils doivent participer à cet effort. Or, il est inéluctable, impossible, qu'il en soit autrement. Et je commence ainsi, comme à répondre aux injonctions exprimées. Ma vie, ayant essayé de planter ce décor dans l'esprit des Français depuis 20 ans, ma vie, c'est celle-ci. Je suis assis à mon bureau — j'ai fait le sketch à Françoise récemment — je suis assis à mon bureau, une table transparente de verre, et chacun de mes interlocuteurs, les ministres du Gouvernement, les directeurs d'administration centrale, les présidents d'associations, les élus locaux, les présidents de régions qui veulent faire réaliser des autoroutes pour les Jeux olympiques, tous ceux-là viennent me voir et disent, selon le degré d'intimité qui est le nôtre, soit monsieur le Premier ministre, soit François, tu as vraiment raison de t'attaquer aux finances publiques. Franchement, nous comprenons, nous partageons. C'est très important, mais — et c'est ici que commence le moment crucial de l'histoire — mais... moi, qui je suis ministre de la Recherche, évidemment, ce n'est pas dans la recherche qu'on peut faire... Au contraire, il nous faut des moyens supplémentaires. Moi, qui je suis ministre de la Justice, tu te rends bien compte de l'état de la société dans lequel nous sommes. On ne peut pas faire des économies sur la justice. Moi, qui suis ministre au pluriel de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur, sachant qui tu es, toi, avec ton histoire, avec l'éducation, ce n'est pas sur ce sujet qu'on peut faire des économies. Moi, qui suis ministre de l'Intérieur, monsieur le préfet, bien sûr, il faut faire des économies, mais chez nous, il nous faut des postes supplémentaires et des crédits supplémentaires. Il n'est pas jusqu'aux grandes organisations de l'État chargées de veiller à l'équilibre des finances publiques, que naît le même discours et les mêmes revendications. Et les élus aussi, les collectivités aussi. L'idée est qu'il faut que tu fasses des économies partout, mais pas chez nous.
Cette idée-là, qui a été brillamment illustrée ce matin — je ne cherche pas une confrontation, je vous ai expliqué pourquoi, immensément amicale. Alors, je donne raison aux collectivités locales, aux maires, dont je suis sur un point, c'est que c'est les collectivités locales qui assument l'investissement du pays. L'État n'investit pas ou trop peu. Je serais trop heureux qu'on ait emprunté pour investir. Mais ce n'est pas ce qu'on a fait. On a emprunté pour le fonctionnement. Les élus locaux ont une immense qualité, ils ont compris qu'il y avait deux colonnes dans le budget, fonctionnement d'un côté, investissement de l'autre. Si je pouvais faire des confidences à voix basse, je dirais, je ne suis pas sûr que tous les ministres du Gouvernement aient compris qu'il y avait fonctionnement d'un côté et investissement de l'autre. Parce que depuis 50 ans qu'on a laissé le fonctionnement absorber la totalité des moyens qu'on aurait dû concentrer sur l'investissement, c'est la preuve qu'ils n'avaient pas compris que là était la question. Emprunter pour construire une université, un hôpital, une voie de chemin de fer, c'est normal, puisque ça va être utilisé par des générations dans des décennies. Emprunter, pour l'investissement destiné à diminuer les émissions de gaz à effet de serre ou à se préparer aux changements climatiques, c'est normal, ça va être utilisé. Mais ce n'est pas ce qu'on a fait. 
On a emprunté pour les dépenses courantes. On a emprunté pour les retraites. Et je me suis battu vraiment beaucoup sur ce sujet. J'ai essayé de convaincre le COR que ces analyses dans la période précédente n'étaient pas absolument, à mes yeux, fondées. Eux qui prétendaient que le système de retraite était à l'équilibre. Et je suis très heureux que le COR, cette semaine, ait changé son point de vue. Et on va avoir cette grande question des retraites devant nous. J'ai voulu que les partenaires sociaux en soient saisis. Et je crois toujours qu'il y a un chemin. On s'en est servi pour la Sécurité sociale, pour nos dépenses de Sécurité sociale, pour nos dépenses quotidiennes de santé, et c'est d'une absolue immoralité, parce que à qui va-t-on faire payer tout ça ? À deux catégories, les générations qui sont au travail et les générations qui seront au travail. Nous sommes ces irresponsables qui surchargeons le sac à dos de nos enfants pour qu'ils viennent assumer les dettes que nous avons contractées nous-mêmes pour le fonctionnement de notre vie de tous les jours. 
Si je suis Premier ministre, à la tête de ce Gouvernement, sachant, puisque je l'ai répété depuis des décennies, quelle est la situation dans laquelle on se trouve et vers quelle situation on va, vers quelle impasse on va, vers quel abandon des générations qui viennent, nous allons, tous ensemble, par insouciance. Si je ne fais rien, est-ce que je suis digne d'être un citoyen ? Est-ce que je suis digne d'être un maire ? Ma réponse est que, quelle que soit la difficulté des temps, nous sommes, comme citoyens et comme élus, en devoir de faire face à ce que nous voyons. Péguy disait : « Il y a deux sortes de courage. Il y a le courage de dire ce qu'on voit, mais il y a un courage plus grand encore. C'est le courage de voir ce qu'on voit. » Et ma conviction profonde est que l'enjeu des mois qui viennent, des semaines qui viennent, c'est que les Français, tous ensemble, comme citoyens, comme opinion publique, soient capables de dire : « voilà l'iceberg qui vient devant notre navire ». Et nous allons y faire face courageusement, en étant justes. C'est un combat qui n'est pas simple ; en étant clairvoyant sur la différence de responsabilité. Je ne dis pas que l'État et les collectivités locales aient la même responsabilité. Je n'ai jamais prétendu que les collectivités locales que vous êtes, contrairement à ce que disent un certain nombre d'autorités dans l'État, en particulier du côté de Bercy, régulièrement, généralement, qui disent que les collectivités locales sont les principaux responsables. J'ai souvent entendu cette affirmation. Moi, je ne dis pas ça, mais je dis que, mes chers collègues, tout le monde va devoir participer à cet effort, parce que si tout le monde n'y participe pas, alors nous échouerons. Et si nous échouerons, ce n'est pas nous qui le paierons, c'est ceux qui viennent. Moi, je ne laisse pas cette responsabilité sans y faire face. 
Et donc, je suis en situation de responsabilité. Et je ne dis pas : « ce n'est pas moi qui m'en occupe ». Je dis : « oui, c'est notre génération qui s'en occupe. » Elle doit s'en occuper pour le changement climatique, mais elle doit s'en occuper aussi, en question de durabilité, sur notre patrimoine commun, sur ce que nous allons construire, ce que nous allons laisser et sur le meilleur usage de l'argent public. J'ai essayé de dire aussi franchement que possible ce qu'il en était, ce qu'il en était du rôle central qu'est le vôtre, comme élus de ces pôles nécessaires, indispensables pour le tissu du pays. Heureusement que vous existez, à la fois comme petite ville et comme maires de petite ville. C'est infiniment précieux. On va tout faire pour améliorer la situation des responsables élus. On va tout faire pour que la marée montante des obligations et des interdictions qu'on vous fait ne l'emporte pas. On va tout faire pour que vous ayez des interlocuteurs responsables, que seront les préfets. On va réarmer l'État local, mais on va faire face à nos responsabilités. Et je suis persuadé qu'aucun des Français qui nous écouteront dans les semaines qui viennent, s'ils mesurent la gravité du risque et le fait que j'affirme à cette tribune que personne ne pourra éluder la question de ce risque. Personne. Ni ce Gouvernement, ni les gouvernements qui viendront après, parce qu'il y a toujours des gouvernements qui viennent après, à un rythme de plus en plus soutenu, Enfin, nous, on arrive à 6 mois, là, aujourd'hui, ce n’est déjà pas si mal. Il n'y avait pas grand monde qui le croyait. 
J'ai commencé mon discours de politique générale à l'Assemblée en disant qu'il y avait un sondage qui était sorti le matin qui disait qu'il y avait 14 % de Français qui pensaient qu'on allait passer le mois. Il y en avait donc 86 % qui ne le pensaient pas et j'ai dit ce que j'imaginais, c'est que j'aimerais bien savoir d'où ils tenaient ces 14 %-là, leur optimisme. Parce que moi, je voyais plus d'obstacles, j'avais parlé de l'Himalaya.
Ce que nous avons devant nous paraît infranchissable. Rationnellement infranchissable. Si vous prenez les sondages, la connaissance que nous avons des dynamiques d'opinion publique, le sentiment que tout le monde veut des efforts, mais c'est les efforts du voisin plutôt que les siens. Ce que les Anglais ont nommé « NIMBY », « Not in my backyard, Pas dans mon jardin ». Je veux bien des usines, mais pas chez moi. Je veux bien des routes, mais pas chez moi. Je veux bien des efforts, mais pas chez moi. Donc, rationnellement, ce n'est pas possible. Mais c'est parce que ça n'est pas possible que nous sommes là. Et c'est parce que ce n'est pas possible, je le crois, qu'encorder ensemble, encorder les uns avec les autres, les uns sécurisant les autres et les uns comprenant les autres, c'est pour ça que nous allons y arriver. En tout cas, c'est ce que je crois de toutes mes fibres. 

 

Elisabeth Borne (ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> L’intelligence artificielle ouvre de nombreuses opportunités pour l’éducation. Mais l’innovation doit aller de pair avec la responsabilité et l'éthique, en gardant l'humain au centre. C’est tout le sens du cadre d’usage de l’IA en éducation co-construit avec la communauté éducative et publié aujourd’hui pour accompagner élèves, enseignants, agents administratifs dans cette révolution.

> L’École de la République se bâtit jour après jour, dans chaque territoire. Parce que l’École est un projet collectif, j’ai signé une convention inédite pour instaurer un cadre de dialogue, de confiance et d’action commune avec les maires. Mieux anticiper la carte scolaire, garantir un climat apaisé à l’Ecole, et assurer la continuité éducative : autant de défis que nous relèverons ensemble.

 

Manuel Valls (ministre d’Etat, ministre des Outre-mer)
> L’océan est un lieu d’histoire et de transmission. On ne fore pas un ancêtre. On ne marchande pas notre héritage.
Je veux saluer le courage politique et l’exemplarité des peuples qui se dressent pour protéger notre bien commun.
En accueillant à Nice la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan, La France, avec le Costa Rica, ont fait de ce rendez-vous un tournant mondial pour la gouvernance de l’océan.
Je suis très heureux d’avoir souhaité et porté, avec la Polynésie française et l’ensemble des territoires ultramarins, le Pavillon France des Trois Océans.
Il incarne une vision partagée, une responsabilité assumée et un engagement collectif au service de notre ambition océanique.
La France est une grande puissance maritime et nous la devons à nos 11 territoires ultramarins répartis sur les trois océans - Atlantique, Indien, Pacifique - et sur cinq continents, sans oublier Clipperton et les Terres australes et antarctiques françaises.
Les Outre-mer sont en première ligne face aux effets du changement climatique, mais ils sont aussi des formidables laboratoires d’innovation écologiques et donc d’espérance.
Parce que chacun d’eux, avec sa culture, ses savoirs, ses relations à l’océan, compose le visage pluriel et puissant de la France maritime. Il était naturel que ces territoires ultramarins soient représentés lors de la plus grande conférence jamais organisée sur l’océan.
Ce fut une immense fierté de voir les Outre-mer au cœur de cette ambition, c’était là leur juste place.
C’est cela, la force de la France des Trois Océans : la diversité, l’innovation, la protection.

 

Jean-Noël Barrot (ministre de l’Europe et des Affaires étrangères)
> La France suit avec la plus grande attention l’évolution de la situation au Moyen-Orient, en étroite coordination avec ses partenaires.
Nous appelons toutes les parties à la retenue et à éviter toute escalade susceptible de compromettre la stabilité régionale.
Notre priorité est la sécurité de nos ressortissants et de nos intérêts et nous adaptons notre posture en conséquence.
Nous avons exprimé à plusieurs reprises nos vives préoccupations à plusieurs reprises concernant le programme nucléaire iranien. (…)
Nous réaffirmons le droit d’Israël à se défendre contre toute attaque.
Il est essentiel que toutes les voies diplomatiques soient mobilisées pour désamorcer les tensions. La France est pleinement engagée pour y contribuer.

> Reconnaissons l’État de Palestine.

> Même les plus critiques le reconnaissent, le sommet de Nice marquera en tout cas une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie française.

 

Agnès Pannier-Runacher (ministre de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche)
> Je n’accepte pas ce « procès en déconnexion ». Qui sont les premières victimes de la pollution de l’air ? Ce sont évidemment les plus modestes. Ce ne sont pas les plus riches qui habitent avec vue sur un périphérique. Et c’est inacceptable de les sacrifier sur l’autel d’un électoralisme crasse.

> Sur l'écologie, le Président de la République a raison. Parce qu’il pense à long terme. Parce qu’il voit que, si nous ne bougeons pas, nous allons perdre sur tous les fronts : la santé, l’environnement, l’industrie et notre souveraineté. La Chine est un bon exemple : elle a réduit de 50% le contenu carbone de sa production. Nous ne pouvons pas rester les bras ballants en pensant que nous gagnerons la guerre économique face à des pays qui investissent massivement dans les industries d’avenir.

> Le sujet du plastique, c’est d’abord celui de la production. Trier et recycler, c’est bien. Mais ça ne suffira pas. Il faut produire moins. Et pour ça, il faut consommer moins, et sortir des plastiques à usage unique. La France a été à l’avant-garde sur ce combat. C’est cette ambition que je porte aujourd’hui dans les négociations pour un traité international sur le plastique. Et j’ai réussi à rassembler autour de moi 96 pays déterminés à avancer dans ce sens.

> Après 20 ans de tergiversations, nous allons obtenir la ratification du traité de protection de la haute mer. 65% des eaux internationales, sur lesquelles il n’y avait aucune règle, vont enfin être soumises à un cadre contraignant. C’est un succès massif de la diplomatie française et de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan.

> Je vais être très claire sur la situation des orques Wiki et Keijo, à Marineland : c’est à Marineland de prendre ses responsabilités. Je trouve assez fort de café qu’un parc sous actionnariat espagnol, après un refus du gouvernement espagnol, se retourne vers la France pour lui reprocher d’avoir mal fait son travail. Je les interpelle clairement : ils doivent trouver une solution.

> La pêche illégale tue! Elle tue les écosystèmes marins, elle tue les économies locales et tue les droits humains fondamentaux en recourant au travail forcé. C’est une menace globale, organisée et criminelle. Un poisson sur cinq pêché dans le monde serait issu de la pêche illégale. Il y a urgence à agir ! Depuis la frégate Multi-missions de la Marine nationale, j’ai lancé un appel à la mobilisation mondiale contre ce fléau : la Conférence des Nations Unies sur l’océan doit être un moment de bascule dans la lutte contre la pêche illégale !

 

Aurore Bergé (ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations)
> L'excellence n'est pas une affaire de naissance mais une affaire de travail, d'audace et de courage. En saluant ce soir à Plougonvelin dans le Finistère les jeunes diplômés, nous leur disons d'être fiers d'eux. Nous leur disons que le moteur du progrès, c'est que chaque génération qui avance tire la suivante.

> Je m'y étais engagée pendant les débats budgétaires. Et l'engagement sera tenu. Les 98 CIDFF [centres d'information sur les droits des femmes et des familles] verront le soutien de l'Etat augmenter pour compenser la prime Ségur. Ils percevront ces subventions la semaine du 23 juin. A Brest, comme partout en France, leur mission pour accompagner les victimes, les soutenir, les orienter est indispensable. L'Etat sera au rendez-vous.

 

Astrid Panosyan-Bouvet (ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée du Travail et de l’Emploi)
> Les métiers techniques doivent s’ouvrir pleinement aux femmes : pour l'égalité salariale, la mixité des collectifs et la liberté de choisir. L’État est au rendez-vous, avec les branches, les CFA, les entreprises. On continue !

 

Marc Ferracci (ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique, chargé de l’Industrie et de l’Energie)
> À Vernon, l’esprit de conquête est bien vivant. Avec Éric Lombard, Sébastien Lecornu et Philippe Baptiste nous étions en Normandie pour l'annonce de la création de la future usine de MaiaSpace sur le campus de l’espace. MaiaSpace conçoit le premier lanceur européen réutilisable. Une innovation industrielle majeure, soutenue par France 2030, dans le cadre de notre stratégie spatiale.
Une ambition claire : garantir notre souveraineté d’accès à l’espace.
L’accès autonome à l’espace n’est pas un luxe. Dans l’espace comme sur Terre, qui dépend, abdique. Qui lance, décide. 

> Faire de la préférence européenne un levier de réindustrialisation : c’est tout l’enjeu de l’avis adopté par le Conseil national de l’industrie le 13 juin qui sera transmis au Premier ministre. À travers trois priorités — orienter les achats publics, élargir les dispositifs publics, mieux informer les consommateurs — le CNI propose un plan d’action concret pour défendre notre souveraineté industrielle et soutenir nos filières. Un signal fort pour une Europe qui produit, innove et protège.

> Bonne nouvelle pour l’attractivité numérique de la France À Vivatech, j’ai rencontré Hypertec, fleuron canadien sur les centres de données.
Sur le salon, le consortium Hypertec, 5C et Together AI a annoncé un investissement de 5 milliards de dollars en Europe pour déployer jusqu’à 2 GW de capacités de centres de données et plus de 100 000 GPU nouvelle génération d’ici 2028.
Je l’ai dit clairement : la France est prête. Nous offrons : • Une électricité abondante, décarbonée et compétitive, • Du foncier disponible sur tout le territoire, • Une procédure accélérée de raccordement électrique, Et des mesures de simplification ambitieuses, portées par le Gouvernement.
À l’heure où l’IA structure notre avenir, pas d’IA sans infra. Les centres de données sont la colonne vertébrale de la transformation numérique. La France veut accueillir ces investissements, pour bâtir une IA européenne et durable.
Ce partenariat avec le Canada illustre notre ambition partagée de relever ensemble les grands défis technologiques de demain.

 

Patricia Mirallès (ministre déléguée auprès du ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants)
> Bir Hakeim. Seize jours de résistance, 3 700 hommes face à une armée dix fois plus nombreuse. Un désert, une bataille, un symbole éternel. Il y a 83 ans, la France libre relevait la tête. Légionnaires, marins, tirailleurs, combattants venus de tous les continents ont tenu bon.
À La Cavalerie, aux côtés de la 13e demi-brigade de Légion étrangère, nous avons ravivé cette mémoire. Sous le regard du soldat de pierre, taillé dans la roche comme dans l’Histoire, nous avons rappelé un devoir simple : être dignes de nos anciens.

> Ils ont juré fidélité à la France. Aujourd’hui, la France les accueille comme citoyens. Ils viennent de Hongrie, de Pologne, du Brésil, du Népal, de Madagascar. Tous ont en commun d’avoir choisi de servir notre pays, parfois au péril de leur vie. Parce qu’ils incarnent cette belle phrase de Lucien Febvre « La France se nomme diversité », j’ai eu l’honneur de leur remettre leur décret de naturalisation, au cœur de la 13e DBLE. Désormais à la devise de la Légion — Honneur et Fidélité — ils peuvent désormais ajouter ce mot immense : patrie.

 

Laurent Saint-Martin (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger)
> Faire de l’export une priorité stratégique, c’est soutenir nos PME, nos talents et notre compétitivité.

 

Autres ministres
Bruno Retailleau (ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur)
> [Conseil européen Justice et Affaires intérieures] Je voudrais peut-être souligner trois points qui me semblent les plus importants et pour lesquels j’interviendrai dans quelques instants, pour lesquels j’ai déjà rencontré des homologues, notamment suédois et autres, et qui sont fondamentaux.
Le premier, c’est que la France vient d’envoyer à la Commission européenne sa déclaration pour le système qui va permettre de mieux contrôler les entrées et les sorties vis-à-vis des ressortissants des pays tiers, qu’on appelle EES. Vous savez que nous avions considéré il y a huit mois que le système n’était pas suffisamment au point, pas suffisamment robuste. Nous avions demandé à la Commission européenne une application progressive, nous considérons désormais que les choses sont en place et la France a dit oui et a adressé sa déclaration à la Commission pour qu’elle puisse participer à ce système qui nous permettra de mieux contrôler les flux migratoires.
Un des points les plus importants de cette journée, c’est la révision de la directive retour, ce qui sera demain, le règlement retour. Cela fait des mois que je me bats pour que cette directive retour, que j’appelais la directive anti-retour, puisqu’en réalité elle remettait le choix, c’est-à-dire d’un délai volontaire de départ entre les mains du clandestin. Donc ça ne pouvait pas fonctionner et depuis des mois et des mois avec mes collègues ministres de l’Intérieur nous sommes mobilisés pour que la Commission puisse mettre sur la table une proposition de législation, c’est fait. Il y aura donc non pas une directive mais un règlement retour qui va profondément changer les choses.
Je voudrais souligner trois points parce que je pense que c’est une avancée, c’est une vraie avancée pour mieux maîtriser la question migratoire et vous savez que tous les peuples européens sont unanimes, quel que soit leur gouvernement de droite ou de gauche, conservateur ou social-démocrate, tous les peuples nous demandent la même chose, c’est de reprendre le contrôle. Eh bien, nous avons là une opportunité historique avec le règlement retour de reprendre le contrôle, mais il faut que ce règlement aille dans le sens d’une plus grande fermeté. Nous insisterons pour ce qui concerne la France, sur trois points.
Le premier point, c’est de faire en sorte qu’on inverse la logique. Aujourd’hui, la logique, c’est qu’on donne au clandestin, qui est rentré donc par effraction, sur les territoires nationaux, on lui donne un délai volontaire de départ. Ils en profitent en règle générale pour s’évanouir dans la nature. La Commission a prévu qu’on garde ce principe de délai de départ volontaire mais qu’il y ait à peu près 80 % des cas qui échappent à cette règle. Nous, nous disons tout simplement qu’il faut inverser les choses. Il faut que la règle ne soit plus le délai de départ volontaire mais que ce soit l’inverse. C’est-à-dire qu’il n’y ait plus de départ volontaire quitte à ce qu’il y ait 20 % d’exception. Ça, c’est fondamental, on inverse la logique pour que la charge de la preuve repose sur le clandestin et non pas sur les États membres.
Le deuxième point, c’est le principe de reconnaissance mutuelle des décisions de retour. Nous pensons que c’est un principe qui est dangereux. Pourquoi ? Parce que lorsqu’on dissocie la prise de décision pour un retour de l’exécution de cette décision, en clair, les pays de première arrivée prendront des décisions de retour mais il y aura sûrement des effets de rebond et que ce sont d’autres pays qui devront appliquer ce que d’autres auront décidé. Ça, dans la vie, ça ne marche jamais bien. Le principe qui marche le mieux, c’est le principe de responsabilité. Celui qui prend la décision doit être celui qui fasse exécuter la décision. Ça, c’est un point sur lequel la France s’est mobilisée.
Le troisième point, qui est un point important, où je pense qu’il y aura une assez grande convergence, c’est la pénalisation du délit de séjour irrégulier. C’est une question de principe. Quand on entre par effraction dans votre maison, c’est un délit. Quand on entre par effraction sur un territoire national, ça doit être un délit. Mais c’est au-delà du symbole. C’est simplement en matière d’investigation, d’enquête, il nous faut avoir la capacité de fouiller les téléphones portables. Pourquoi ? Parce qu’on se rend compte quand on va dans les téléphones portables, il y a notamment des images qui trahissent des liens, par exemple avec le terrorisme. Ça nous est arrivé à plusieurs reprises en France. Et surtout, ça nous permet de retracer par les images, par un certain nombre de données, la trajectoire du clandestin, son pays d’origine, le pays de séjour, le pays de transit. Donc la question pour nous du délit de séjour irrégulier n’est pas seulement une question de principe ou de symbole. Ça nous permettra demain d’avoir des moyens d’investigation. C’est la raison pour laquelle on demande aussi qu’on puisse prévoir la fouille des téléphones portables si on veut être beaucoup plus efficace.
Et puis, dernière question, c’est la stratégie de sécurité intérieure. Il y a deux points sur lesquels j’insisterai parce qu’en France je me suis beaucoup mobilisé sur la question du narcotrafic. Le narcotrafic, c’est un tsunami de poudre blanche qui est en train de déferler sur les 27 pays européens. C’est la cause racine dans nos pays, dans les États membres, d’une violence qui est devenue hyperviolence, mais c’est aussi par le biais de la corruption une menace pour nos institutions, pour nos démocraties. Donc je me suis mobilisé et je pense que ces organisations criminelles ne connaissent pas les frontières. Donc il faut que nous nous organisions, notamment à travers l’alliance des ports, puisque on sait que les drogues désormais pénètrent dans nos pays à 80 % via les ports. Il y a déjà l’alliance entre nous pour les ports, mais je pense qu’on peut la rendre beaucoup plus ferme et beaucoup plus efficace. Et l’autre point, c’est le terrorisme, c’est l’islamisme. Je pense que trop souvent la Commission, en finançant des activités qui étaient liées, par exemple, aux Frères musulmans, s’est trompée de chemin. Nous avons en France publié un rapport de nos services qui montre la menace que constituent les Frères musulmans sur nos démocraties, sur nos institutions républicaines et sur notre cohésion nationale. Donc c’est un point sur lequel je pense que l’Europe et particulièrement la Commission doit se saisir pour avoir une politique beaucoup moins naïve et beaucoup plus ferme.

> [Contrôles à la frontière que l’Allemagne a renforcés] Je comprends que l’Allemagne doit donner des signes à son peuple de plus grande fermeté. Je lui ai indiqué que nous pouvions trouver des voies, par exemple avec des patrouilles mixtes qui nous permettent d’affirmer une volonté de fermeté sans pour autant bloquer notamment les déplacements pendulaires, quotidiens, transfrontaliers, pour les honnêtes gens qui vont travailler d’un pays à l’autre.

> [Schengen] Je pense qu’il faut refonder aujourd’hui un certain nombre de règles. Je pense que lorsque Schengen et d’autres règles ont été fondées, nous étions dans un autre monde. Aujourd’hui, les choses sont très simples. Nos peuples, tous nos peuples, dans tous les États membres, nous demandent de reprendre le contrôle de l’immigration. Si nous ne le faisons pas, ils nous chasseront et nous remplaceront par des partis d’extrême droite, par des partis populistes. Donc nous sommes des démocrates. Nous sommes des démocrates, nous sommes des démocraties. La démocratie, c’est d’écouter son peuple. Et précisément, puisque les choses ont changé, puisqu’on voit bien que l’immigration peut faire partie des armes de la guerre hybride. Mais j’ajoute qu’il faut aussi préserver une forme de solidarité. Le pacte asile et migration a trouvé un bon point d’équilibre entre la responsabilité et la solidarité. Mais la solidarité, ça n’est pas un menu à la carte. Je pense notamment au processus de Dublin. Cette solidarité ne pourra exister que pour les pays qui jouent, notamment le jeu avec les règles de Dublin. Ceux qui ne jouent pas le jeu ne devraient pas bénéficier de ces règles de solidarité.

 

Catherine Vautrin (ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles)
> [Débat sur les politiques publiques de protection de l’enfance / Intervention à l’Assemblée] La protection de l’enfance n’est pas un sujet parmi d’autres –⁠ chacun dentre vous la exprimé avec ses mots. Elle est incontestablement au cœur du pacte républicain. Nous sommes confrontés à une crise structurelle persistante dont les premières victimes sont les enfants. Vous lavez rappelé, près de 397 000 enfants sont suivis par laide sociale à lenfance, principalement en raison de placements judiciaires ou de mesures éducatives renforcées.
Dans le cadre dune articulation complexe mais essentielle avec l’État, les départements ont la responsabilité de l’aide sociale à l’enfance et en assurent le financement. Près de 10 milliards d’euros sont engagés chaque année par les départements, en complément des financements de l’État, notamment pour la prise en charge des mineurs non accompagnés ou dans le cadre de la contractualisation. Cependant, le déploiement de cette politique reste trop hétérogène : il présente des disparités territoriales marquées. Trop souvent, les conditions de placement ou de prise en charge ne sont pas à la hauteur des besoins des enfants.
Monsieur Woerth, je n’ai pas oublié le rapport «Décentralisation, le temps de la confiance» dans lequel vous aviez notamment présenté la notion d’établissement mixte. J’ai entendu les questions posées par plusieurs d’entre vous sur la recentralisation. Je dois vous dire, mesdames et messieurs les députés, que si d’aventure une décision de recentralisation était prise, elle ne résoudrait pas tout –⁠ vous en êtes tous conscients. Surtout, vous lavez tous dit, il est urgent dagir. En dautres termes, je ne pense pas que ma réponse puisse consister à vous annoncer une éventuelle recentralisation, en vous donnant rendez-vous dans quelques mois, alors que nous devons agir dès maintenant.
Malgré des décisions de justice, trop d’enfants restent au sein de familles dysfonctionnelles faute d’une autre solution. Certains juges renoncent même à ordonner des placements pour cette raison. Élue de terrain comme vous, je constate que de nombreux enfants échappent à des mesures de protection, mais aussi que de nombreux parents ne se rendent pas dans un service de protection maternelle et infantile (PMI) de peur que leur enfant leur soit retiré.
Nous devons aborder ce sujet avec les travailleurs sociaux car il est important pour la protection de nos enfants.
L’application de la loi demeure inégale sur le territoire, ce qui n’est pas acceptable –⁠ je le dis avec gravité. Le placement en hôtel est interdit et doit donc cesser. Cest une ligne rouge. La transition vers un accueil à caractère plus familial, que je souhaite engager dans le cadre du plan de refondation, doit apporter des réponses concrètes. Elle doit garantir des conditions de prise en charge à la hauteur de ce que la République doit à ses enfants : une protection effective, digne, humaine.
Au-delà de ce constat d’inégalités et de ruptures, nous devons mesurer l’ampleur des tensions nouvelles qui fragilisent notre système. La protection de l’enfance est confrontée à une pression sans précédent. Le nombre d’enfants confiés à l’ASE ne cesse de croître, notamment parmi les plus jeunes. Cette évolution interroge directement notre capacité à accueillir dignement les enfants, en particulier les tout-petits, alors même que les pouponnières sont saturées dans de nombreux territoires. Notons que certains départements conduisent des expérimentations nouvelles tout à fait intéressantes.
À cette tension s’ajoute l’augmentation du nombre de mineurs non accompagnés. Leur vulnérabilité est extrême et leur protection doit être assurée avec la même exigence que pour tout autre enfant confié à l’aide sociale –⁠ les mineurs non accompagnés sont en effet des enfants, comme vous lavez souligné.
Par ailleurs, un quart des enfants protégés sont en situation de handicap. Ils représentent à eux seuls près de la moitié des hospitalisations en psychiatrie infantile. Ce n’est pas qu’un chiffre, mais une réalité que nous ne pouvons ni ignorer ni relativiser.
Ces dernières semaines l’ont montré : la représentation nationale s’est pleinement saisie des enjeux de la protection de l’enfance, et de manière transpartisane. La commission d’enquête sur les manquements des politiques de protection de l’enfance, dont Laure Miller était la présidente et Isabelle Santiago la rapporteure, a rendu ses conclusions début avril, dressant un constat rigoureux et précieux pour notre action. Elle m’a bien sûr auditionnée et, depuis la publication du rapport, j’ai eu l’occasion de travailler avec Isabelle Santiago. En outre, j’ai été auditionnée la semaine dernière par la délégation aux droits des enfants présidée par Perrine Goulet. Vous le voyez, monsieur le député Bonnet, nous nous réunissons !
Madame Santiago, j’ai évoqué la question du comité national de suivi avec Départements de France, dont la participation est indispensable. Quant à la création d’un conseil scientifique, jeudi dernier, je me suis rendue à Marseille pour la remise des travaux sur Pégase, le protocole de santé standardisé appliqué aux enfants ayant bénéficié avant l’âge de 5 ans d’une mesure de protection de l’enfance. Je suis également attentive aux travaux de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), ainsi qu’à l’analyse des pratiques du Québec, que vous avez recommandée. Analysons l’ensemble des dispositions existantes et adaptons-les à notre pays.
Le gouvernement est pleinement mobilisé. Lors de mon audition devant la commission d’enquête, j’ai présenté un plan de refondation de la politique de protection de l’enfance, avec un cap clair : garantir à chaque enfant un parcours de vie sécurisé, stable et épanouissant. Nous avons commencé à déployer ce plan qui engage l’ensemble des parties prenantes. Certaines mesures nécessiteront un vecteur législatif. C’est pourquoi je déposerai d’ici à l’automne un projet de loi sur les différents champs de la protection de l’enfance, afin de faciliter l’accueil et la prise en charge des enfants et d’en améliorer la qualité. Je souhaite que ce travail soit mené avec vous dans un esprit de responsabilité partagée. Ce projet de loi associera également les collectivités locales et les associations. Je n’ai qu’un guide : l’intérêt supérieur de l’enfant.
Avant de détailler les grands axes de notre plan de refondation et de répondre à vos questions, je veux évoquer des questions que vous m’avez posées et des engagements que j’ai pris auprès de vous.
Le premier est celui de réviser le décret de 1974 encadrant les pouponnières. Cet engagement est en passe d’être tenu. Le projet de décret a été élaboré en concertation étroite avec Départements de France et les associations et, comme je vous l’ai dit la semaine dernière, il sera examiné par le Conseil national d’évaluation des normes (CNEN) le 17 juillet prochain. L’objectif est clair : faire à terme des pouponnières des lieux de placement temporaire, recentrés sur leur mission d’accueil d’urgence. Au-delà des pouponnières, l’ensemble des structures d’accueil collectif doivent faire l’objet de notre attention. Nous avons consolidé les constats, finalisé les chiffrages et des travaux vont désormais s’ouvrir pour renforcer l’encadrement, améliorer l’accompagnement et garantir un cadre plus protecteur et plus cohérent aux enfants accueillis.
La deuxième priorité que j’ai fixée est de faire appliquer pleinement la loi du 7 février 2022 relative à la protection des enfants, la loi Taquet. Vous avez été nombreux à m’interroger sur la publication des décrets d’application. Sachez que nous avons travaillé en ce sens. Cinq décrets restaient en attente et nous avons utilisé les leviers à notre disposition pour que cette loi votée par le Parlement entre pleinement en vigueur.
Le décret relatif à la délivrance d’un nouvel agrément pour l’exercice de la profession d’assistant maternel ou familial après un retrait pour faits de violences a été publié en mars. Il constitue une avancée majeure pour sécuriser les parcours des enfants confiés. S’agissant des décrets relatifs à l’organisation des activités de PMI, des concertations vont s’engager dans les prochaines semaines avec Départements de France. Une base de données nationale des agréments pour l’adoption sera prochainement créée. Le décret correspondant sera examiné ce mois-ci par le Conseil national d’évaluation des normes, puis transmis au Conseil d’État avant publication. Une base similaire sera créée pour les agréments liés aux assistants maternels et familiaux : les développements informatiques sont en cours et la publication du décret est prévue avant la fin de l’année.
J’aimerais à présent revenir sur les grands axes du plan de refondation de la politique de protection de l’enfance que j’ai évoqué devant vous il y a deux mois. Ce plan repose sur deux piliers : prévenir et éviter le placement chaque fois que cela est possible en accompagnant les familles au plus près pour leur permettre de faire face aux difficultés ; faire évoluer notre modèle vers un recours renforcé à l’accueil familial, mieux accompagné et mieux soutenu.
C’est en s’appuyant sur ces deux leviers que nous pourrons répondre durablement aux fragilités du système, garantir des parcours plus stables et remettre l’intérêt de l’enfant au centre de toutes nos décisions. Il est de la responsabilité de l’État de ne pas laisser les familles seules face aux épreuves en accompagnant les plus fragiles, en soutenant les liens et en prévenant les ruptures. Je le rappelle, la première ligne de la protection de l’enfance doit demeurer autant que possible la famille.
C’est dans cet esprit que j’ai confié à la haute-commissaire à l’enfance la mission d’élaborer un plan ambitieux de soutien à la parentalité. Ce plan, dont j’ai souhaité qu’il soit opérationnel à la rentrée 2025, repose sur trois principes : mieux prévenir les ruptures, accompagner les vulnérabilités et valoriser les compétences parentales.
En parallèle, j’ai relancé le chantier des 1 000 premiers jours. Nous savons combien cette période est déterminante pour le développement de l’enfant et la qualité des liens familiaux. La stratégie lancée en 2021 produit quotidiennement des effets sur le terrain. Une nouvelle feuille de route pour la période 2025-2027 est en cours de finalisation. Elle sera publiée début juillet, avec trois priorités : la prévention, l’accompagnement renforcé pendant la période périnatale et l’accompagnement des familles les plus vulnérables.
Transformer notre politique de protection de l’enfance passe par la reconnaissance du fait que, dans la très grande majorité des cas, c’est dans un cadre familial que les enfants se reconstruisent le mieux. Nous lançons ainsi dans deux départements volontaires, la Gironde et le Var, une expérimentation visant la transition de l’accueil collectif vers l’accueil familial. Elle permettra de tester l’ensemble des conditions de cette transition en associant les acteurs de terrain et en s’appuyant sur un plan d’attractivité des métiers d’assistants familiaux, sur des modalités d’examen et de décision de placement mieux structurées, sur la création d’une offre d’accueil à caractère familial et sur l’examen des questions de financement. La Gironde travaille déjà dans ce sens et je rencontrerai vendredi prochain les représentants du Var.
Pour que l’accueil familial devienne la solution de premier recours, nous avons besoin de soutenir et d’élargir le vivier des assistants familiaux. Au cœur du dispositif de l’aide sociale à l’enfance, ils offrent un cadre de vie, une écoute et une stabilité. Ils incarnent l’engagement au plus près de l’enfant, souvent dans l’ombre, toujours avec une force silencieuse. Pour reconnaître leur rôle et favoriser les vocations, plusieurs avancées concrètes ont été engagées. Le diplôme d’État d’assistant familial a été revalorisé au niveau 4. Par ailleurs, la capacité de formation a doublé, conformément au décret du 1er avril 2025. Le projet de loi à venir comportera également deux évolutions majeures sur le sujet. Il ouvrira d’abord la possibilité de cumuler le métier d’assistant familial avec une activité professionnelle, sous certaines conditions. La proposition de loi adoptée par le Sénat en 2024 introduit un principe clair : lorsqu’un enfant est à l’école, une activité professionnelle peut être exercée ; dès qu’il en sort, l’assistant familial prend le relais. Ensuite, il créera un droit au répit, indispensable pour prévenir l’épuisement et garantir la continuité de l’accueil.
Parmi les autres formes d’accueil, l’accueil durable et bénévole par les tiers dignes de confiance, tels que les proches, les membres de la famille élargie ou les amis de longue date, joue un rôle décisif –⁠ je connais vos réflexions sur le rôle de certains avocats. Cependant, le statut des tiers dignes de confiance reste à parfaire car lindemnisation et le dispositif dhonorabilité doivent être encadrés. Il sagit de reconnaître leur engagement et de lever les obstacles matériels qui pèsent sur des parcours pourtant protecteurs. Dans certaines situations, le retour dans la famille d’origine n’est pas possible. Nous devons alors offrir à l’enfant une perspective claire, stable et durable. Le projet de loi intégrera plusieurs mesures structurantes.
Il conviendra aussi d’examiner la question du délaissement parental et la situation particulière des enfants de moins de deux ans me semble une priorité. Lorsqu’un retour dans la famille est envisageable, il doit être accompagné et préparé. Lorsqu’il ne l’est pas, nous devons ouvrir davantage la voie à un accueil familial de long terme ou à une adoption, selon les cas. Une passerelle entre l’agrément nécessaire pour l’adoption et l’agrément délivré à l’assistant familial est également à étudier. Enfin, la haute-commissaire à l’enfance proposera des modalités d’adoption simplifiées, inspirées du modèle québécois.
Réformer la protection de l’enfance ne consiste pas seulement à transformer les modalités de placement, mais aussi à mobiliser toutes les politiques publiques autour d’un impératif commun : garantir à chaque enfant protégé une santé préservée, une scolarité continue et un avenir choisi.
La santé, d’abord. Trop d’enfants confiés à l’aide sociale à l’enfance présentent des troubles physiques ou psychiques non détectés, non traités ou mal suivis. Avec Yannick Neuder, nous engagerons dès 2026 la généralisation des enseignements tirés des expérimentations Pégase et Santé protégée. Nous déploierons systématiquement un bilan de santé à l’entrée dans l’aide sociale à l’enfance, en mobilisant les centres d’appui à l’enfance.
Avec Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’autonomie et du handicap, nous renforçons l’articulation entre les besoins spécifiques des enfants en situation de double vulnérabilité et les 50 000 solutions médico-sociales prévues dans la stratégie dédiée. Chaque enfant a droit à une scolarité protégée, adaptée à son rythme et à son histoire, d’où la nécessité de renforcer l’accompagnement scolaire dans le cadre des parcours d’aide sociale à l’enfance.
Je ne peux manquer d’évoquer les expérimentations menées avec la professeure Céline Greco, citée par Isabelle Santiago. Le premier dispositif entrera bientôt en vigueur à Paris –⁠ nous en avons posé la première pierre il y a quelques semaines. Lidée est d’étendre à dautres départements l’accompagnement complet –⁠ médical, mais aussi scolaire, culturel et dinsertion professionnelle – des enfants de 3 à 12 ans. Cest une démarche tout à fait intéressante.
En matière dinsertion, il ne suffit évidemment pas de protéger lenfant, il faut aussi lui permettre de se projeter dans une vie adulte autonome, libre et digne. Cest pourquoi, avec la ministre chargée du travail et de lemploi, Astrid Panosyan-Bouvet, nous voulons mobiliser France Travail et les missions locales, renforcer le parrainage et le mentorat, et travailler à la valorisation de toutes les initiatives associatives, entrepreneuriales et institutionnelles qui permettent aux jeunes de choisir leur avenir. Le chantier est immense.
La semaine dernière, avec la préfète déléguée pour l’égalité des chances et la représentante du recteur de l’académie d’Aix-Marseille, je me suis rendue auprès de l’association départementale d’entraide des personnes accueillies en protection de l’enfance (Adepape). J’ai rencontré des jeunes, scolarisés ou étudiants, pour certains placés dans des familles. Leurs parcours scolaires et universitaires montrent l’importance de bénéficier d’un réseau et la difficulté de se projeter quand on n’en a pas ou quand on a décroché.
De ce point de vue, l’aide que nous apportons doit être améliorée pour construire des parcours adaptés aux histoires de vie. On ne peut accepter qu’à 17 ans on soit privé d’opportunités ou d’avenir parce qu’on n’a pas été en cours de l’année en troisième ou parce que finalement on n’aime pas la restauration ou les services à la personne.
Nous avons collectivement un devoir fondamental : celui de garantir la sécurité de l’enfant là où il est placé. Certains établissements et foyers sont le théâtre de violences ou de négligences parfois graves. Cela ne concerne pas que les foyers de l’aide sociale à l’enfance, car les enfants peuvent aussi être menacés dans les familles. La prévention des abus dans les structures d’accueil est une priorité absolue du gouvernement. Une première instruction a été diffusée en juillet 2024 pour renforcer les contrôles. Nous allons maintenant plus loin : d’ici la fin de l’année, des mesures seront consolidées, en lien avec les départements, afin de renforcer la fréquence et la qualité des inspections, la traçabilité des signalements et la transparence des conditions d’accueil.
Parmi les leviers envisagés, je pense notamment à l’information systématique du président du conseil départemental en cas de placement d’un enfant hors de son département d’origine. Pour rendre cette information systématique, nous recourrons au projet de loi. Vous avez raison, madame Santiago, cette voie est indispensable : certaines mesures sont réglementaires, mais de nombreuses autres méritent d’être inscrites dans un texte de loi.
La justice est également mobilisée. Il y a quelques semaines, le garde des sceaux Gérald Darmanin a demandé aux procureurs d’assurer une coordination plus fluide et réactive des contrôles. Nous avons par ailleurs confié à la procureure générale Dominique Laurens une mission pour renforcer le maillage des unités d’accueil pédiatrique pour l’enfance en danger. Cette mesure résulte de l’initiative de femmes et d’hommes qui s’engagent pour la protection de l’enfance, en particulier de Martine Brousse, présidente de la Voix de l’enfant. J’insiste sur ce point, car les associations effectuent un travail très intéressant, qui nous fait avancer.
De manière générale, nous renforcerons les plans de lutte contre les violences faites aux enfants. L’objectif est notamment de faire mieux connaître le numéro 119, qui permet de signaler les suspicions de maltraitance –⁠ une campagne dinformation sera de nouveau lancée à lautomne. De plus, le travail de la Commission indépendante sur linceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) est prolongé jusquen octobre 2026  nombre de ses propositions ont été validées. Enfin, nous porterons une vigilance accrue à la lutte contre la prostitution infantile. La stratégie nationale de lutte contre la prostitution comporte un axe dédié et nous avons renforcé les moyens de cette action dans le budget 2025.
Je mesure l’urgence et la nécessité d’offrir des réponses concrètes à tous les enfants protégés afin de les accompagner dans toutes les dimensions de leur vie vers l’autonomie. Je souhaite que chaque enfant protégé le soit réellement, qu’il soit entouré, soigné, écouté, scolarisé et préparé à l’avenir. Je mesure parfaitement ce qui se cache derrière ces mots : la réalité, la situation de chaque enfant, la nécessité parfois de réexaminer les normes pour tenir compte des cas particuliers.
Je pense à une enfant placée de 14 ans à qui l’on a dit qu’elle devait changer de famille parce que le couple qui l’accueille depuis sa petite enfance est devenu trop vieux. Elle veut rester avec eux, mais les textes ne le permettent pas, lui dit-on. Je vous parle avec une grande sincérité : chacun d’entre nous doit être conscient que nous examinons un sujet très lourd et que rien ne pourra changer d’un coup de baguette magique. Ce que nous proposons est probablement insuffisant, mais nous pourrons réussir à faire bouger les choses si nous travaillons ensemble, convaincus que certaines actions relèvent du court terme et d’autres du moyen terme –⁠ là est toute la difficulté.
Il y a une chose que nous devons à ces enfants  je leur dis à chaque fois que je les rencontre : nous devons tenir parole, parce que cest la condition de la confiance.

> [Débat sur les politiques publiques de protection de l’enfance / Intervention à l’Assemblée] Les jeunes vulnérables sont effectivement des proies faciles pour la radicalisation comme pour la prostitution. S’agissant de la première, je ne dispose pas de données permettant d’affirmer que les foyers de protection de l’enfance seraient, à ce jour, infiltrés. Le groupe d’appui neutralité, instauré dans le cadre de la protection de l’enfance, est toutefois censé jouer un rôle de veille et de prévention face aux atteintes à la laïcité et aux risques de radicalisation au sein de structures accueillant des mineurs. Des référents laïcité et citoyenneté figurent dans les directions interrégionales et territoriales de la PJJ, ainsi que dans son école nationale ; vous en trouverez également au niveau national, rattachés à la mission nationale de veille et d’information. Ils peuvent être saisis par les professionnels de terrain et analysent les situations signalées : nous disposons donc d’un instrument en mesure de prévenir les atteintes à la laïcité, de soutenir les professionnels et de promouvoir auprès des jeunes les valeurs républicaines.
Je profite de ce que nous évoquons les jeunes vulnérables pour ajouter quelques mots au sujet de la prostitution, autre attaque très importante qui ne cible d’ailleurs pas que les jeunes de l’ASE –⁠ entre 6 000 et 10 000 mineurs seraient victimes dexploitation sexuelle dans notre pays. Concernant lASE, nous soutenons plus de quarante projets, ce qui représente, au titre du budget 2025, 6 millions deuros. Il faut former les professionnels, développer des outils en lien avec la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof), mener un travail de repérage lors de maraudes de rue et dans le monde numérique. Il faut éloigner les victimes des proxénètes en développant, dans tout le territoire, une offre d’hébergement, notamment grâce au réseau de l’association Koutcha ou encore, dans le Nord, à l’accueil Gaïa, qui propose aux victimes un accompagnement à 360 degrés, aussi bien sanitaire qu’éducatif.

> [Débat sur les politiques publiques de protection de l’enfance / Intervention à l’Assemblée] S’agissant des conditions dans lesquelles les jeunes, à 18 ans, sortent de l’ASE, la loi Taquet contient des mesures destinées à lutter contre le phénomène des sorties sèches : obligation pour les conseils départementaux de proposer une solution aux jeunes de 18 à 21 ans qui n’ont pas de ressources ou de soutien familial suffisant ; instauration d’un droit au retour ; priorisation de ce public dans l’accès au logement social ; organisation d’un entretien un an avant la majorité.
Nous avons longuement évoqué ce sujet avec Isabelle Santiago : il faut que nous intervenions bien plus tôt, car tout commence dès la sixième. Je repense au jeune Léo que j’ai mentionné tout à l’heure, qui n’allait plus en cours en troisième et qui se trouve maintenant dans une situation très compliquée. Il importe de faire le point à plusieurs reprises sur la vision qu’ont ces jeunes de leur avenir, en commençant lorsqu’ils sont encore au collège, puisque les perspectives d’orientation les aident à bâtir cet avenir. Je le répète, ce qui existe est intéressant, mais un peu tardif.
Nous étudions également la possibilité d’un entretien six mois après la sortie du jeune et la possibilité de le renouveler à la demande de celui-ci. J’en reviens à ce que je disais tout à l’heure : les associations d’anciens, les alumnis, pourraient offrir à ces jeunes un véritable réseau, leur difficulté résidant dans le sentiment de solitude et dans le fait d’avoir finalement très peu de références.
Il y a là un travail à faire, notamment parce que toutes les mesures sont appliquées de façon aléatoire selon les départements. S’agissant du projet de loi, je compte aller plus loin en matière de versement du pécule. J’ai deux idées en tête. La première, à laquelle nous sommes un certain nombre à réfléchir depuis longtemps, concerne les allocations familiales –⁠ je sais que ce sujet vous intéresse. Lautre a trait au complément du RSA pour motif familial : si le bénéficiaire du RSA ne soccupe pas de son enfant, je ne vois pas pourquoi il continuerait de percevoir ce complément.

 

Eric Lombard (ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique)
> Deux an après le lancement de « Je choisis La French Tech », les grands groupes tiennent parole : plus d’1 000 000 000 d’euros de commandes passées à nos start-up françaises. Orange, CMA CGM, Groupe BPCE, AXA, Groupe SNCF et d’autres jouent le jeu. La confiance s’amplifie, l’écosystème français s’affirme et nos pépites grandissent.

 

Sébastien Lecornu (ministre des Armées)
> L’aventure spatiale française et européenne continue de s’écrire à Vernon. Annonce de la création de la future usine de Maia Space sur le campus de l’espace. Projet soutenu par l’État et la région Normandie, ce sont 160 emplois qui seront créés. Dès 2027, sortira de cette usine le premier lanceur européen réutilisable, qui permettra plus de 20 lancements de satellites par an. Ce développement rapide n’est pas qu’une innovation industrielle, mais un changement d’état d’esprit, un retour à l’esprit pionnier. Pour nous permettre un accès souverain et réactif à l’espace, domaine de plus en plus militarisé par nos compétiteurs et essentiel à notre sécurité.

 

Marie Barsacq (ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative)
> A l'occasion de la Journée du Service civique, des centaines de volontaires ont pris la parole sur les réseaux sociaux, par l'intermédiaire de leur organisme d'accueil, pour partager avec passion leurs engagements et leurs expériences au service de l’intérêt général.
Tout au long de la semaine, j’ai eu la chance d’échanger avec plusieurs jeunes volontaires. Leurs témoignages m’ont profondément marquée : leur volonté d’agir, leur engagement concret au service des autres et leur lucidité sur les défis de notre société sont une source d’inspiration immense.
Je tiens à remercier chaleureusement chacune et chacun d'entre eux pour leur énergie exemplaire et leur implication quotidienne. Depuis 15 ans, le Service civique est devenu un véritable rite de passage républicain, avec plus de 850 000 jeunes engagés depuis sa création.
Chaque mission est une opportunité de développer des compétences essentielles, de renforcer son engagement citoyen et d’expérimenter concrètement les valeurs de solidarité et d’altérité.
Le Service civique occupe désormais une place centrale dans la construction des parcours des jeunes. Le Gouvernement est pleinement mobilisé pour en faire un outil au service des défis contemporains, en particulier ceux liés à la transition écologique. C’est tout le sens de la création du Service civique écologique, qui permet à de nombreux jeunes de s’engager concrètement pour la planète.

 

Philippe Baptiste (ministre délégué auprès de la ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche)
> L’IA est une priorité absolue pour la France et pour être leader, nous devons donner à nos chercheurs les moyens nécessaires en termes de puissance de calcul.

> L’IA révolutionne l’enseignement supérieur et la recherche et nous devons adopter et nous adapter à cette nouvelle donne. Nous devons le faire en nous appuyons sur les technologies souveraines que nous devons développer.

> L’État va renforcer son soutien à Maia Space pour permettre la création d'une future usine sur le campus de l'espace à Vernon. Parce que l’accès autonome à l’espace est une condition essentielle de notre souveraineté, nous devons être aux côtés de nos pépites qui innovent et prennent des risques. C’est de cette façon que s’est construite l’histoire du spatiale et aujourd’hui la France entend y être fidèle.

 

Yannick Neuder (ministre délégué auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargé de la Santé et de l’Accès aux soins)
> Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale du donneur de sang. Une journée particulière cette année : elle marque les 25 ans de l’Établissement français du sang. Un quart de siècle de vies sauvées. Alors à tous les bénévoles : Merci. Mais l’été approche, les dons diminuent. Les besoins eux, ne changent pas. Une heure suffit, trois vies peuvent être sauvées. Alors, allez donner votre sang !

 

Charlotte Parmentier-Lecocq (ministre déléguée auprès de la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles, chargée de l’Autonomie et du Handicap)

Clara Chappaz (ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique)
> On veut une intelligence artificielle durable qui s'entraîne en France avec de l'énergie nucléaire décarbonée.

> Très heureuse de relancer le Conseil national du numérique qui a tant apporté à mon ministère depuis sa création en 2011. Pour refléter nos priorités, il devient le Conseil de l’intelligence artificielle et du numérique !

> L’IA réinvente la robotique à toute vitesse. La France, leader en IA, est prête à être moteur de cette rupture essentielle pour notre souveraineté technologique et notre réindustrialisation.

 

Benjamin Haddad (ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé de l’Europe)
> Face à la poursuite des bombardements russes, nous avons échangé avec le ministre ukrainien des affaires étrangères sur la situation sur le terrain et les prochaines étapes diplomatiques. La France se tient aux côtés de l’Ukraine pour notre sécurité collective.

> Heureux d’avoir revu la présidente de la Géorgie, Salome Zourabichvili. Alors que les atteintes aux libertés se multiplient en Géorgie, j’ai réaffirmé la condamnation de la France de la dérive illibérale du Rêve Géorgien. La France soutient les aspirations européennes et démocratiques du peuple géorgien.

> L’Ukraine est la première ligne de défense des Européens contre l’agression russe. Ce n’est pas un conflit local : derrière Moscou, des missiles iraniens et des troupes nord-coréennes sont utilisés pour frapper l’architecture de sécurité européenne. Soutenir l’Ukraine signifie défendre nos intérêts sécuritaires.

> Il y a un pays qui continue de refuser la paix et la diplomatie, qui continue d’escalader, c’est la Russie de Poutine. Mettons un maximum de pression sur la Russie : sanctions énergétiques et soutien militaire à l’Ukraine.

> La seule façon d’obtenir ce que nous voulons, c’est-à-dire la fin de l’hostilité et un cessez-le-feu, c’est de mettre la pression maximale sur Vladimir Poutine.

 

► Partis politiques 
● Renaissance 
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent à droite ou à gauche ne sont plus retranscrits]
Joséphine Missoffe (députée)
> [Débat sur les politiques publiques de protection de l’enfance / Intervention à l’Assemblée] Les enfants de la République sont nos enfants à tous. L’action publique et les investissements en faveur de la protection de l’enfance n’obéissent pas aux mêmes règles que les autres engagements de l’État. Protéger nos enfants ne relève pas d’un calcul budgétaire, politique ou moral. Protéger nos enfants n’est pas un choix, mais une responsabilité : nous n’essayons pas de protéger nos enfants, nous le faisons à tout prix.
Derrière la République, il y a tous ceux qui se lèvent pour participer à cette grande mission collective qu’est la protection de l’enfance. Il y a les femmes et les hommes avec qui j’ai partagé ma carrière d’infirmière puéricultrice, à l’école, en crèche et en PMI. Il y a les éducatrices et les éducateurs qui incarnent auprès des enfants protégés la main que tout le pays leur tend. Sans elles, sans eux, nous projetons nos enfants dans un vide dangereux, aux perspectives écrasées et au destin refusé.
Alors que nous devons protéger, valoriser et remercier ceux qui prennent soin de nous au quotidien, nous semblons les oublier. Comme dans presque tous les secteurs du médico-social, les employés sont en difficulté et l’emploi est en berne. Nous ne pouvons accepter passivement une société dans laquelle le combat pour le lien social manque d’attractivité et enferme dans la précarité. Le secteur de la protection de l’enfance peine à recruter et le recours à l’intérim explose. Nos enfants ont besoin d’un entourage républicain stable et disponible. Nous devons le leur offrir.

 

Éric Woerth (député)
> [Débat sur les politiques publiques de protection de l’enfance / Intervention à l’Assemblée] Cette semaine, nous avons encore été les témoins d’une montée de cette ultraviolence qui frappe notre jeunesse, avec le terrible drame qui a ôté la vie à une assistante d’éducation, poignardée par un élève de 14 ans. Il n’y a pas si longtemps, le jeune Élias était poignardé par un autre mineur et Lorène, à Nantes, assassinée, frappée de cinquante-sept coups de couteau. Ces drames ne peuvent laisser personne indifférent. Ils sont insupportables dans une société aussi mature et prospère que la nôtre.
Nous débattons de ce que la République doit incarner dans ce qu’elle a de plus essentiel : sa capacité à protéger ses enfants, notamment ceux en déshérence. Aucun responsable public, aucun citoyen, ne peut tolérer une telle dérive de notre société. Sur un sujet aussi majeur, il ne peut y avoir de procès d’intention et chacun, je suppose, s’exprimera avec honnêteté et sincérité.
La protection de l’enfance vise à garantir la prise en compte des besoins fondamentaux de l’enfant –⁠ lorsque la famille ne peut y répondre –, à soutenir son développement physique, intellectuel et social, à préserver sa sécurité et à assurer son éducation, dans le respect de ses droits.
Elle comprend des actions de prévention en direction de l’enfant et de ses parents, le repérage et le traitement de situations difficiles, des décisions administratives –⁠ aide financière, aide éducative, contrat jeune majeur –, des décisions judiciaires  ordonnance de placement –, pour la protection de l’enfant.
La manière dont une société protège ses propres enfants, dans et au-delà du cadre familial, est le reflet de ce qu’elle est. Trop de drames ont été rendus publics : des enfants morts sous les coups alors qu’ils étaient connus des services, une adolescente décédée seule dans une chambre d’hôtel, loin de tout encadrement éducatif, une augmentation de la prostitution infantile –⁠ qui nest dailleurs pas toujours celle denfants mis sous la protection publique –, des lieux d’accueil qui, parfois, ressemblent davantage à des zones de relégation qu’à des refuges.
Ces récits, ces reportages bousculent nos consciences. S’arrêter au constat ne protègera cependant aucun enfant –⁠ le problème de notre pays, cest que nous sommes beaucoup plus forts pour constater que pour trouver des solutions. Sur un tel sujet, on ne peut souffrir daucune défaillance.
Près de 400 000 mesures daide sociale à lenfance (ASE) ont été prises en 2022. Ce chiffre a beaucoup augmenté ces dernières années, ce qui contribue probablement à la dégradation des prises en charge. Derrière les placements, il y a de grandes tensions, mais l’autre problème, –⁠ tous les acteurs du système nous le disent – cest limpossibilité de prévoir les besoins. On ignore si une famille sera mise en cause, si elle est composée dun ou de quatre enfants, sils sont nourrissons ou adolescents  la réponse publique doit être à chaque fois différente. Cela nécessite une grande constance dans les moyens alloués et dans les politiques mises en œuvre, mais aussi une capacité d’adaptation, dont le service public ne sait pas toujours faire preuve.
Un quart des enfants protégés sont en situation de handicap et une part importante des hospitalisations longues en pédopsychiatrie concerne des enfants relevant de l’ASE, alors que nous manquons cruellement de pédopsychiatres –⁠ encore un constat, qui date dil y a longtemps. Le système actuel ne répond pas aux besoins spécifiques, multiples et souvent cumulatifs de ces jeunes. Nous sommes face à une crise structurelle et il faut une refondation complète de la politique de protection de l’enfance.
La loi Taquet de 2022 va dans le bon sens, puisqu’elle vise à mieux encadrer les placements, à garantir un accompagnement jusqu’à l’âge de 21 ans, à interdire les placements à l’hôtel, etc. Cependant, nous sommes en 2025 et beaucoup de décrets d’application n’ont toujours pas été pris –⁠ ne pas appliquer une loi, cela contribue à décrédibiliser la parole publique, à avouer une forme dimpuissance publique. Vous n’y êtes pour rien, madame la ministre, puisque vous n’étiez pas au gouvernement quand la loi a été promulguée. Pouvez-vous cependant nous donner les raisons, peut-être justifiées –⁠ nous en discuterons – pour lesquelles ladministration met autant de temps à publier ces décrets ?
Jen profite pour saluer les travaux de nos collègues Laure Miller et Isabelle Santiago, ainsi que ceux menés par Perrine Goulet sous la précédente législature. Les deux commissions denquête ont débouché sur de nombreuses propositions. Il faut à présent passer à l’action.
Je le dis solennellement : ce n’est pas possible que, dans un État aussi puissant que le nôtre, la protection de l’enfance ne soit pas une priorité absolue ! Certes, on a beaucoup de priorités, mais on ne peut pas faire des économies, réduire les moyens publics et abaisser la réponse judiciaire dans un domaine aussi fondamental. On parle d’enfants fragiles, en difficulté, qui ne sont pas soutenus par leur famille ; leur accompagnement doit être l’une des premières actions de l’État, lequel doit avoir une obligation de résultat, et pas seulement de moyens. Il faut que l’on puisse remonter le niveau de la réponse publique.
Nous faisons face à une crise de gouvernance de cet énorme système, fragmenté, avec des acteurs multiples. Ce n’est plus tenable.
On accuse toujours l’État, mais en réalité, ce n’est pas l’État qui est responsable de l’ASE, ce sont les conseils départementaux –⁠ l’État a lobligation de faire respecter lordre public sur lensemble du territoire. Les départements renvoient la balle à l’État en l’accusant de ne pas leur avoir donné assez de moyens, l’État les renvoie à leur responsabilité en la matière, en indiquant que ce doit être leur premier budget, leur priorité absolue parmi l’ensemble de leurs tâches.
Cela aboutit à ce que la protection de l’enfance avance à plusieurs vitesses. La réponse à un problème donné ne sera pas la même selon le département, son traitement sera plus ou moins prioritaire. Tout est fragmenté entre l’agence régionale de santé (ARS), le rectorat, les associations, les juridictions, la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), la protection maternelle et infantile (PMI), l’ASE, si bien que l’on ne trouve personne pour répondre aux questions qui se posent. D’ailleurs, peu d’élus viennent endosser leur responsabilité devant les caméras de télévision lorsqu’un drame a lieu dans leur circonscription –⁠ on voit plutôt des membres de ladministration réagir. Il faut les responsabiliser sur ce sujet plus que sur tout autre, car il s’agit de nos enfants.
La politique de protection de l’enfance repose sur une articulation trop complexe. L’État, lui-même, n’est doté de rien : il n’y a pas de ministère de l’enfance, ni même de consolidation des chiffres –⁠ on ignore combien denfants sont placés aujourdhui !
Lidée simpose aussi quun enfant, une fois pris en charge par la protection sociale de lenfance, ne peut plus en sortir. Entré à lASE à l’âge de 5 ans, un enfant nen sortira qu’à 18 ans. Ce nest pas acceptable. On tend également à penser qu’une fois majeur, l’enfant n’est plus suivi et jeté hors du système.
Ce cas de conscience doit devenir une prise de conscience. Soit l’État décide de recentraliser l’aide sociale à l’enfance –⁠ une réforme à laquelle je ne suis pas favorable car elle poserait dautres difficultés – soit on en fait une priorité politique et on clarifie la répartition des financements.

 

● MoDem 
Erwan Balanant (député)
> [Débat sur les politiques publiques de protection de l’enfance / Intervention à l’Assemblée] « Le monde dans lequel nous entrons en naissant n’est pas prêt à nous accueillir. Il doit être renouvelé par chaque nouvelle génération. » Ces mots de la philosophe Hannah Arendt, publiés en 1961 dans La Crise de la culture, soulignent que le profond mal-être que ressentent les jeunes est le résultat d’un monde en crise, à son époque comme à la nôtre. Ce monde ne permet pas à nos jeunes d’envisager leur avenir, de se projeter à l’âge adulte. Comment expliquer, sinon, cette ère de violence qui s’est emparée d’une partie d’entre eux ? Comment expliquer, sinon, que certains aient envie, aient besoin, de venir à l’école avec des armes blanches ? Comment expliquer, sinon, que d’autres défient l’autorité, notamment l’école, premier lieu d’apprentissage et de construction de leur esprit critique ?
L’actualité de ces dernières années est criante de vérité. Nous ne comptons plus les faits divers où la jeunesse est mise à mal, ni ceux où elle est à l’origine de violences, par exemple vis-à-vis du corps enseignant. La liste en est malheureusement trop longue. Je m’écarte un peu de la question de la protection de l’enfance.
Ce n’est pas hors sujet que de parler de l’enfance dans sa généralité ; au contraire, cela me semble constituer une première base de réflexion pour aborder la protection de l’enfance !
Notre pays, héritier de l’universalisme des Lumières, ne peut rester de marbre, sans se remettre en question, face à cette souffrance de tous nos enfants. Notre jeunesse ressent un vide, elle est en quête de sens. Son mal-être n’est pas matériel mais sociétal ; sans réponse sociétale, nous n’aiderons jamais la jeunesse –⁠ y compris celle prise en charge par la protection de l’enfance – à retrouver confiance en l’avenir, nous ne défendrons pas le commun face à l’individualisme.
Ne nous y trompons pas, la justice pénale des mineurs mise en place au lendemain de la seconde guerre mondiale est le meilleur exemple à suivre. Elle s’est fondée sur une idée simple : la primauté de l’éducatif sur le répressif. Notre politique publique de protection de l’enfance doit d’abord et avant tout repenser la manière d’aborder notre jeunesse, de la promouvoir et de lui donner un sens, une existence, une vision –⁠ en un mot, un avenir. Antonin Artaud nous dirait que notre jeunesse est malade non dun excès, mais dun vide. Face à ce malaise dû à un manque de repères et de perspective, offrons à nos jeunes des espaces dexpression où ils puissent partager leurs inquiétudes et leurs espoirs, investissons dans la prévention, dans laccompagnement psychologique et dans l’éducation à la citoyenneté.
Sur la protection de lenfance, les travaux de la délégation aux droits des enfants présidée par Perrine Goulet sont fondamentaux. Il est urgent que les ministères concernés se saisissent de ses nombreuses propositions, en particulier des deux mesures qu’elle recommande pour améliorer la prise en charge des jeunes majeurs ayant eu un parcours en protection de l’enfance : tout d’abord, faciliter les démarches administratives et l’accès au logement des majeurs sortant de l’ASE, améliorer leur aide financière et leur accompagnement éducatif ; ensuite, rendre obligatoire, pour les départements, le financement des associations d’anciens enfants accueillis pour leur permettre de soutenir les jeunes ne disposant de contrat jeune majeur ou qui ne peuvent plus en bénéficier étant donné leur âge. Ces mesures permettront sans nul doute à ces jeunes de s’ancrer dans la société et de commencer leur vie d’adulte plus sereinement.
Madame la ministre, quelle politique publique entendez-vous promouvoir pour redonner à notre jeunesse confiance dans son avenir ? Comment vous saisirez-vous des propositions formulées par la délégation aux droits des enfants ? Dans un monde en crise, nos enfants ont besoin de nous. Ne les abandonnons pas.

 

● Parti radical 
> La santé mentale de notre jeunesse est, plus que jamais, une grande cause nationale
Le drame survenu au collège « Françoise Dolto » de Nogent devrait appeler, une fois de plus, les uns et les autres, à la prudence et à la modestie.
Les propositions de renforcement des mesures sécuritaires qui ont fusé quelques minutes après le drame sont mises à mal par le déroulé des faits tel que présenté par le procureur de Chaumont :
- Les faits se sont déroulés sur la voie publique, aux abords immédiats de l’établissement ;
- L’auteur présumé n’a pas acheté son arme mais l’a récupérée au domicile familial ;
- Apparemment, il fréquentait peu les réseaux sociaux.
En revanche, les faits et le compte rendu de la garde à vue font clairement penser à un profil psychologique problématique qui doit encore être évalué par les experts.
Dès janvier 2024, Nathalie Delattre, alors sénatrice de Gironde et actuellement ministre déléguée chargée du tourisme et présidente du Parti radical, avait proposé une résolution que le Sénat avait adoptée à l’unanimité visant à faire de la santé mentale des jeunes une grande cause nationale.
Cette grande cause est actée, mais difficile à mettre en œuvre tant le secteur de la santé mentale est en crise, notamment au sein de l’éducation nationale. Bien sûr, on pourra toujours regretter qu’il n’y ait pas assez de postes de psychologues et de médecins ou d’infirmières scolaires mais l’honnêteté oblige à reconnaître que de nombreux supports budgétaires sont vacants par manque de professionnels de santé volontaires pour les occuper. Il faudrait aussi améliorer l’accès et la prise en charge de ces soins, actuellement insuffisamment rémunérateurs, avec des délais déraisonnables au regard des besoins qui se font jour. La plupart du temps, la souffrance psychologique est silencieuse même si parfois, elle tue.
« Au-delà de cette crise des vocations, le drame de Nogent pose aussi la question de notre capacité citoyenne, à détecter les signaux faibles, dans la famille, à l’école, dans les temps de loisirs. C’est bien cette mobilisation générale qui aidera les professionnels à mieux prévenir les passages à l’acte en leur permettant de mettre en perspective l’ensemble des petits faits, apparemment anodins, qui auraient dû alerter les adultes », précise Pierre Anselmo, vice-président de l’Atelier, laboratoire d’idées du Parti radical, président départemental de la fédération de Haute-Marne.
Un lien n’est jamais plus solide que son maillon le plus faible. Or, la santé mentale de notre jeunesse est sans doute le maillon le plus fragile de notre lien collectif. En ce sens et plus que jamais, la santé mentale de notre jeunesse est une grande cause nationale pour laquelle chaque citoyen, à sa mesure, devrait s’engager.

> L’œnotourisme, une chance pour nos territoires
Alors que la viticulture française est aujourd’hui confrontée à une des plus grandes crises de son histoire à cause du dérèglement climatique, des distorsions de concurrence avec certains pays producteurs, sans oublier le relèvement des barrières douanières des Etats-Unis et de la Chine, le développement de l’œnotourisme fait partie des mesures de soutien à la filière sur lesquelles le gouvernement s’est engagé. La feuille de route a été présentée ce jour par la Ministre du Tourisme, et s’appuie sur le rapport du Conseil supérieur de l’œnotourisme. Elle « vise à mettre en place des mesures opérationnelles et pour certaines directement applicables afin de permettre à notre pays d’être le leader européen de l’œnotourisme d’ici 2030 », souligne Nathalie Delattre, ministre déléguée chargée du Tourisme, présidente du Parti radical.
Leader du tourisme mondial, la France l’est aussi dans le domaine des vins. Une position que souhaite renforcer Nathalie Delattre en encourageant le développement de l’œnotourisme dans chaque région viticole. L’année dernière, ce ne sont pas moins de 12 millions de touristes qui ont découvert la richesse et la diversité de nos vignobles, une fréquentation qui augmente d’année en année. Outre les rencontres avec les vignerons qui leur font découvrir leurs exploitations et leurs vins, les touristes sont de plus en plus séduits par l’accueil en chambres d’hôtes et la visite des villages viticoles. Sans oublier tous les évènements qui célèbrent la vigne et le vin tout au long de l’année.
Pour la ministre et présidente du Parti radical, l’œnotourisme représente un levier de développement important pour toute la filière viti-vinicole avec plusieurs enjeux majeurs : la valorisation de notre patrimoine matériel et immatériel et de nos paysages, la dynamisation de nos territoires ruraux, une différenciation sur le marché, une réponse à la forte demande pour les produits locaux en circuit court. « L’œnotourisme permet enfin aux vignerons de diversifier leurs revenus et d’accroître la fidélisation de leur clientèle en renforçant leur visibilité et leurs ventes à l’international », précise Nathalie Delattre.
De plus en plus de vignerons souhaitent intégrer la dimension « œnotourisme » dans leurs pratiques professionnelles. Pour les accompagner dans leur démarche, Nathalie Delattre propose d’encourager les programmes de formation et de labellisation, de libérer les énergies par des possibilités plus élargies d’ouverture des domaines viticoles labellisés, de simplifier les normes relatives aux emplois familiaux et à l’urbanisme. L’aide de l’État sera aussi financière avec l’intégration de l’œnotourisme dans la PAC.

 

► Autres 
Commission européenne
Stéphane Séjourné (Vice-président exécutif à la Prospérité et à la Stratégie industrielle)
> Chaque pays européen a ses propres ressources, mais nous sommes tous interdépendants pour remplacer l’énergie fossile par l’électricité & les énergies propres. La Finlande démontre la puissance de l’industrie forestière dans nos efforts de décarbonation.

 

● Organisations centristes 
♦ Renew Europe
(Députés français du groupe centriste au Parlement européen) 
Valérie Hayer (députée, présidente)
> Notre rôle essentiel en tant qu’élus ? Protéger nos enfants de toute forme de menace. Les écrans en font partie. Nous voulons instaurer une majorité numérique à 15 ans pour les réseaux sociaux. Nous agissons au niveau européen.

> [Extrait de la Tribune: « Pour protéger les plus jeunes sur les réseaux, établissons en Europe l’âge de la majorité numérique à 15 ans »]
Quatre heures par jour : c’est le temps qu’un adolescent passe, en moyenne, sur Internet et les réseaux sociaux tels que TikTok ou Instagram. L’usage des réseaux sociaux, et plus largement du numérique, est désormais intégré au plus profond de notre société. Sources d’information illimitées, fenêtres sur le monde, ces plateformes peuvent aussi offrir de puissants outils permettant aux adolescents de briser des tabous et d’encourager une meilleure estime de soi.
Mais les risques sont là, nombreux et insidieux, aux conséquences destructrices pour une jeunesse qui se construit, qui s’émancipe. Nous – responsables politiques, acteurs numériques mais aussi parents – avons la responsabilité collective d’offrir aux plus jeunes un développement exempt d’interférences néfastes pour leur santé et leur esprit critique. Et nous, députés européens du camp présidentiel, avons l’intime conviction que l’Europe peut et doit protéger efficacement nos enfants des dérives orchestrées par les plateformes et leurs algorithmes.
Anxiété. Troubles du sommeil. Troubles du comportement alimentaire. Mutilations. Troubles de la concentration. Addiction aux écrans. Haine de l’autre. Désinformation. Cyberharcèlement. Exposition à des contenus pornographiques. Pédocriminalité. La liste des risques et des effets pernicieux et destructeurs des réseaux sociaux sur les plus jeunes est aussi longue qu’alarmante. Leurs conséquences sont dramatiques et peuvent mener au pire, comme au suicide. Cela doit nous interroger, toutes et tous : quelle société voulons-nous pour nos enfants et les adultes qu’ils deviendront ?
Certainement pas une société où la maigreur absolue et maladive est prônée à coups de « trend » sur TikTok. Certainement pas une société où des contenus masculinistes prolifèrent et s’attaquent à la liberté et à la sécurité des filles et des femmes. Certainement pas une société où le cyberharcèlement prospère et multiplie le nombre de victimes. Certainement pas une société où la haine de l’autre et la violence deviennent la règle, et la tolérance, l’exception. Certainement pas une société où la pédocriminalité détruit la vie de nos enfants. Certainement pas une société où les faits sont défaits par la désinformation massive et les ingérences étrangères. Certainement pas une société où la santé mentale et physique des plus jeunes est aspirée pas à pas, sournoisement, par les écrans.

> Cher Nicusor Dan, merci pour votre accueil chaleureux à Bucarest. Tous mes vœux de succès vous accompagnent. À l’heure des grands défis politiques, votre engagement pro-européen est essentiel à la Roumanie et à l’UE. Vous savez que la famille Renew Europe est à vos côtés !

 

Bernard Guetta (député)
> Vous, peuples israéliens et palestiniens, et nous peuples européens, avons une responsabilité commune d'établir la paix sur les rives de notre mer commune.

 

Pascal Canfin (député)
> Nous sommes mobilisés au Parlement européen avec Stéphanie Yon-Courtin et notre délégation l'Europe ensemble, pour protéger les plus jeunes et empêcher l’accès aux réseaux sociaux aux moins de 15 ans, conformément à notre engagement de campagne européenne.
Quatre heures par jour : c’est le temps qu’un adolescent passe en moyenne sur Internet et les réseaux sociaux tels que TikTok ou Instagram.
75 % des jeunes de 11-12 ans utilisent régulièrement les réseaux sociaux et la première inscription sur de telles plateformes intervient à 8 ans en moyenne.
Anxiété. Troubles du sommeil. Troubles du comportement alimentaire. Mutilations. Troubles de la concentration. Addiction aux écrans. Haine de l’autre. Désinformation. Cyberharcèlement. Exposition à des contenus pornographiques. Pédocriminalité. La liste des risques et des effets pernicieux et destructeurs des réseaux sociaux sur les plus jeunes est aussi longue qu’alarmante.
La majorité numérique à 15 ans est l’une des solutions pour accroître considérablement la protection des plus jeunes sur le Web. Les plateformes sont d’ailleurs nombreuses à fixer un âge minimum de 13 ans pour pouvoir créer un compte. Or, dans les faits, ces limites d’âge sont aisément contournées du fait de l’absence d’un véritable système de vérification.

> Retour sur une journée de rencontres passionnantes à Viva Tech 2025.
Ce que je retiens de ces nombreux échanges :
- Le besoin de passer à l'échelle pour le financement des Startups. On crée en Europe autant de startup qu'aux États-Unis, mais une grande partie d'entre elles partent outre-Atlantique pour se financer et se développer. Que ce soit à travers le rôle des investisseurs institutionnels privés, de la BEI ou de l'EIC, l'Europe doit se renforcer pour leur donner davantage d'opportunités de croissance sur notre continent, notamment avec l'Union des marchés de capitaux.
- Les Start-ups doivent pouvoir croître plus facilement en Europe, c'est ce que nous sommes en train de faire avec le 28e régime, en simplifiant les démarches pour créer de véritables champions continentaux.
- Les clean techs sont la force de l'Europe. Nous avons les solutions en main pour gagner la bataille du climat, pour cela nous devons continuer à soutenir cette filière.

 

● Personnalités centristes
Sarah El Hairy (haut-commissaire à l’Enfance)
> [Tribune à l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants] Nous rêvons tous d’un avenir radieux pour nos enfants. Une enfance douce et protégée, emplie de jeux, d’apprentissages, pleine de découvertes et d’espoir. Une enfance où l’école prime sur le travail, où le jeu précède les responsabilités. Pourtant, à l’autre bout du monde, parfois bien plus près qu’on ne l’imagine, des millions d’enfants vivent une tout autre réalité. Chaque jour, 160 millions d’entre eux travaillent, souvent au péril de leur santé, au détriment de leur sécurité et de leur avenir. Certains cousent les vêtements que nous portons. D’autres récoltent le cacao de nos goûters, trient à mains nues les composants électroniques de nos téléphones.
Le textile, l’agriculture, l’électronique, l’exploitation minière… Ces secteurs familiers nourrissent nos besoins et nos envies. Mais ce que nous savons moins, c’est que le bas coût affiché ici se paie parfois très cher là-bas, sur le dos des enfants. Car derrière chaque chaîne d’approvisionnement, il y a des visages d’enfants. Cela peut sembler lointain, abstrait, presque hors de notre portée. Et pourtant, chacun de nos gestes de consommation, chacun de nos achats, porte en lui un impact. Chaque produit que nous mettons dans notre chariot peut soit combattre, soit perpétuer une forme de travail infantile.
Il ne s’agit pas de culpabiliser, mais de prendre conscience. Nous sommes tous pris dans des routines, des contraintes, un quotidien parfois accablant. Mais il est temps de lever les yeux et de questionner ce que nous achetons. D’imaginer une autre manière de consommer. Et si, dès aujourd’hui, nous faisions de nos choix un acte de protection et de solidarité, un levier pour protéger nos enfants ? Et si, à chaque achat, nous nous posions une simple question : « Un enfant a-t-il dû payer, quelque part, le vrai prix de ce produit?»
Certains acteurs se lèvent déjà. Certaines marques s’engagent. Des labels existent. Des entreprises choisissent la transparence. En France, la loi sur le devoir de vigilance, adoptée en 2017, impose aux grandes entreprises de prévenir les atteintes aux droits humains et à l’environnement tout au long de leur chaîne d’approvisionnement. La directive européenne en cours vise à renforcer ces obligations, ouvrant une voie nouvelle vers une économie plus responsable.
Mais cette dynamique ne prendra sens que si nous, consommateurs, devenons attentifs, vigilants et exigeants. Acteurs d’un changement durable. En tant que parents, notre pouvoir est immense. Nous portons la mission sacrée d’éduquer, d’alerter, d’agir. De transmettre non seulement des valeurs, mais aussi une cohérence entre nos paroles et nos actes, entre ce que nous disons et ce que nous achetons.
Alors, en cette Journée mondiale contre le travail des enfants, imaginons un monde où aucun enfant ne travaille pour que le nôtre puisse jouer, apprendre, grandir. Un monde où la consommation devient un engagement, un levier pour une justice plus humaine et digne. Aujourd’hui plus que jamais, nous devons construire ensemble cette ambition : une consommation plus juste, plus humaine, plus digne pour le présent et l’avenir des enfants du monde. Le haut-commissariat à l’enfance, que je représente, prend les rênes de ce combat avec une détermination sans faille, pour un monde où chaque enfant grandit dans la dignité et la liberté.

> Faire participer les enfants, c’est bâtir l’avenir. J’ai réaffirmé cette conviction : leur regard est précieux, chacune de leur voix doit être entendue, maintenant. Régulation des écrans, ville de demain...ces combats se mèneront avec eux.

> L'IA peut être un levier d'émancipation si son usage est compris et régulé. Au Festival des Mini-Entreprises IA, j’ai vu des jeunes oser, créer, innover. Former, accompagner, transmettre : c’est comme cela qu’on prépare une jeunesse confiante.