mercredi 12 octobre 2016

Présidentielle 2017. Pour Lagarde, Hénart et 600 élus UDI, ce sera donc Juppé

Jean-Christophe Lagarde
La tribune publiée dans Le Monde d’aujourd’hui par l’UDI et signée Jean-Christophe Lagarde, son président, Laurent Hénart, le président de son conseil national, Philippe Vigier, le président de son groupe à l’Assemblée nationale, et Aurélien Setbon, le président de sa section jeune, déclarant un soutien à Alain Juppé n’est pas une surprise.
Signée par 600 élus de la confédération centriste, elle fait le constat que le candidat de LR le plus centro-compatible est Alain Juppé, ce que tous savaient depuis des mois.
Bien entendu, cette tribune ne vaut pas ralliement de l’UDI à Juppé puisqu’un certain nombre de membres de la confédération centriste ont déjà déclaré leur soutien pour d’autres candidats à la primaire de LR, notamment pour Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy.
Ce qui est le plus intéressant dans cette tribune, ce sont certains mots employés, les absents de cette liste ainsi que le moment de cette publication.
Son contenu est, en réalité, un tract qui synthétise le programme que l’UDI aurait pu porter à la présidentielle avec un candidat propre et dont on ne sait si Juppé en soutien toutes les mesures ou si c’est une adresse à celui-ci pour qu’il le fasse.
On est également étonné d’apprendre que ces membres de l’UDI parlent de «la primaire de la Droite et du Centre» car on avait cru comprendre dans les multiples déclarations de Jean-Christophe Lagarde mais aussi de Laurent Hénart et de bien d’autres signataires de la tribune, qu’il s’agissait de la primaire uniquement de LR.
Ce changement de sémantique n’est évidemment pas neutre.
Pour soutenir un candidat dans une primaire, il faut avoir une légitimité et, dans ce cas précis, elle ne peut venir que si ce scrutin est aussi celui des centristes, même s’ils n’ont pas de candidat.
En outre, on est également surpris d’apprendre que les signataires défendent un candidat alors qu’ils pourfendent «le culte du parti unique» dont celui-ci fut pourtant l’initiateur.
Quant à l’investissement de ces élus UDI, il ne vaut que pour Alain Juppé.
Ainsi, il ne s’agit pas de rallier le processus de la primaire pour en accepter le résultat quel qu’il sera mais uniquement de soutenir Alain Juppé.
Si ce n’est pas lui, les signataires reprendront leur liberté et leur indépendance.
Evidemment, on peut penser qu’à ce moment-là, leur unité implosera.
On notera que les signataires ont également voulu se placer sous le parrainage de Jean-Louis Borloo qu’ils citent de manière quelque peu anachronique.
On sait que le créateur et ancien président de l’UDI a déclaré qu’il parlerait bientôt de la présidentielle et d’un éventuel soutien.
On remarquera qu’il n’a pas signé cette tribune et que ceux qui l’ont fait ne savent pas encore qui il soutiendra.
Enfin, il faut les croire sur parole quand ils indiquent que c’est après avoir confronté les programmes des différents candidats à la primaire qu’ils ont pris leur décision…
Dans les six cents signatures, on retrouve tout le clan Lagarde-Hénart mais aussi des proches d’Hervé Morin comme Philippe Vigier, alors que le président du Nouveau centre a décidé de soutenir Bruno Le Maire avec une centaine d’élus UDI de la région Normandie.
Petite bizarrerie, alors que dans Le Monde, dans les quatre principaux signataires, on trouve Philippe Vigier, sur le site de l’UDI, il est remplacé par Hervé Marseille, le président de la FED, le parti créé par Jean-Christophe Lagarde et membre de la confédération centriste…
Concernant les élus UDI, sur 27 députés, seuls 18 ont signé cette tribune, sur les 33 sénateurs, 27 sénateurs sont présents dans la liste et sur les 4 députés européens, un seul l’a rejointe.
Avec surprise, on y trouve André Santini, le député-maire d’Issy-les-Moulineaux, pourtant proche de Nicolas Sarkozy.
Manque, en revanche, à l’appel, le président du groupe UC-UDI du Sénat, François Zocchetto, qui avait indiqué qu’il ne soutiendrait personne par soucis de neutralité alors que son alter ego de l’Assemblée nationale, lui, n’a pas hésité à se déclarer pour Alain Juppé.
Côté sénateur, on note également l’absence de Michel Mercier ancien président du groupe UDF de la Haute assemblée mais également ex-ministre de Nicolas Sarkozy.
Il n’y a pas non plus Jean Arthuis, le député européen qui a décidé de soutenir Emmnanuel Macron.
Quant au moment choisi pour la publication de cette tribune, elle intervient deux jours avant le premier débat entre les sept prétendants à l’investiture de LR pour 2017.
De plus, elle vient au moment où Alain Juppé, à nouveau, a creusé un écart significatif avec Nicolas Sarkozy et s’affirme comme l’ultra-favori de ce scrutin.



Alexandre Vatimbella



A lire aussi:



Présidentielle 2017. Arthuis, premier leader centriste à soutenir Macron

Jean Arthuis
En lui demandant de se mettre en marche (du nom de son mouvement) pour la présidentielle et en ajoutant «vite!», Jean Arthuis est le premier leader centriste de poids à rejoindre et soutenir Emmanuel Macron.
Lors d’une longue intervention vidéo lors du meeting de Macron au Mans hier soir, Arthuis a expliqué qu’il l’avait rencontré «à plusieurs reprises» et que «nos visions et notre ambition sont convergentes».
Ainsi, le député européen UDI et ancien sénateur-maire, ancien ministre de l’Economie d’Alain Juppé, ancien président de la commission des Finances du Sénat et ancien président de l’Alliance centriste qu’il a créée, de même qu’ancien vice-président de l’UDI avant d’avoir eu des fonctions à la direction de l’UDF puis du Mouvement démocrate, voulait affirmer «les motifs d’espoir que m’inspire la démarche d’Emmanuel (qui) entend rompre avec le clivage rituel entre la Gauche et la Droite».
Pour Jean Arthuis, «son engagement transcende les querelles partisanes» et peut permettre à «la gouvernance nationale de sortir de ses archaïsmes».
En outre, Macron pourra permettre un nouvel élan en matière de construction européenne puisque le «dilemme n’est plus entre la Gauche et la Droite» selon Arthuis mais entre ceux qui se referment sur le «nationalisme et le repli sur soi» face à ceux qui veulent construire un monde ouvert.
Depuis plusieurs semaines, Jean Arthuis disait tout le bien qu’il pensait d’Emmanuel Macron mais son soutien à une éventuelle candidature du leader d’En marche à la présidentielle est plutôt une surprise.
D’autant que l’on se souvient qu’Arthuis avait préparé avec son parti l’Alliance centriste, un projet politique et qu’il souhaitait lui-même se présenter à la primaire de LR.
Il y renonça, autant par discipline envers l’UDI qui a refusé de participer à ce scrutin que par le score insignifiant qu’il risquait d’obtenir.
Il faudra vérifier dans les semaines et les mois qui viennent la solidité de ce soutien.
En effet, Jean Arthuis nous a habitués à jongler avec celui-ci.
Ainsi, en 2007, il soutint François Bayrou au premier tour de la présidentielle avant de soutenir Nicolas Sarkozy au second.
Surtout, en 2012, après avoir un temps pensé y aller lui-même, il avait soutenu la candidature d’Hervé Morin avant de soutenir celle de François Bayrou puis de lâcher ce dernier pour appeler à voter Nicolas Sarkozy au second tour.
Néanmoins, la proximité politique entre Jean Arthuis et Emmanuel Macron, deux anciens ministres de l’Economie et qui se revendiquant libéraux, est évidente que ce soit pour transcender les clivages, pour construire une Europe fédérale et pour mettre en place des mensures afin de libéraliser l’économie française.
Par ailleurs, il faudra observer si ce ralliement d'Arthuis en entraîne d'autres, notamment à l'Alliance centriste mais aussi à l'UDI.

Alexandre Vatimbella



A lire aussi:



Une Semaine en Centrisme. Juppé, seul dénominateur commun des centristes

Déjeuner entre Alain Juppé et les centristes
On se croirait de retour en 1995 lorsque les centristes accordèrent très majoritairement leur soutien à Edouard Balladur face à Jacques Chirac pour l’élection présidentielle avec le succès que l’on sait...
Ainsi, pour 2017, le gros des troupes centristes, que ce soit ceux du Mouvement démocrate, de l’UDI ou de LR ont choisi de soutenir Alain Juppé pour la primaire de cette dernière formation.
Et même si ce soutien connait quelques dispersions pour les divers candidats en lice pour le premier tour de ce scrutin, il semble évident qu’au second tour puis pour la présidentielle, évidemment, l’énorme majorité des centristes se rangera derrière le maire de Bordeaux s’il gagne, ce que tous les sondages affirment.
Ironie de l’histoire, Alain Juppé était en 1995 le fidèle d’entre les fidèles de Jacques Chirac, celui qui fut alors abandonné par le gros des troupes centristes.
Sans oublier qu’en 2002, Juppé fut aussi celui qui créa l’UMP pour phagocyter les mêmes troupes dans un parti unique de la Droite et du Centre.
Il faut espérer, en la matière et pour les centristes, que l’histoire ne soit pas un éternel recommencement…
Encore que celle-ci balbutie déjà.
Comme pour Edouard Balladur, gaulliste peu porté vers le Centrisme, les centristes se sont jetés dans les bras d’un homme, Alain Juppé, qui ne fait pas partie de leur famille et qui, bien qu’homme de droite «modéré» et «central», selon ses propres dires, n’est pas du Centre, loin de là, malgré les accusations venues du camp de Nicolas Sarkozy et sensées le discréditer, démontrant une nouvelle fois le peu de respect que l’ancien président de la république accorde aux centristes…
Ce renoncement à porter leurs propres couleurs est évidemment un nouvel échec pour les centristes après trois tentatives infructueuses de François Bayrou et en dit long sur la faiblesse des partis centristes alors même que beaucoup de Français inclinent vers le Centre et ses valeurs sans qu’ils sachent les séduire.
De même, on voit bien qu’actuellement entre les différentes chapelles centristes, le seul dénominateur commun s’appelle… Alain Juppé.
Si les troupes clairsemées du Mouvement démocrate n’ont pas eu trop de mal à s’unir derrière le soutien de leur président derrière son ancien premier ministre, la cacophonie entre le MoDem et l’UDI et, surtout, à l’intérieur de ce dernier parti – où même les soutiens à un même candidat se sont faits dans la division – démontre par l’absurde que l’union des centristes pour la présidentielle se fera uniquement sur le nom d’un homme de droite!
Et si Alain Juppé n’était pas désigné comme le candidat de LR, on assisterait sans nul doute à un chacun pour soi centriste avec François Bayrou qui se présenterait, Jean-Christophe Lagarde, Laurent Hénart et Chantal Jouanno qui se rapprocheraient d’Emmanuel Macron pendant qu’Hervé Morin et ses amis soutiendraient le candidat officiel de LR même s’il s’appelle Nicolas Sarkozy en rejoignant alors Maurice Leroy, tandis que les derniers centristes de LR joueraient la loyauté au parti quel que soit son représentant pour 2017.
Juppé, dénominateur commun: CQFD.
Cette situation est à la fois consternante et pathétique – risible et ridicule pour les adversaires du Centre –, même si Alain Juppé est un homme compétent, intelligent, surtout, désormais largement centro-compatible.
Consternante parce qu’elle démontre que les partis centristes ne représentent presque rien aujourd’hui et que leur seul moyen d’exister politiquement et médiatiquement c’est dans leurs soutiens à une primaire d’un parti de droite.
Là, ils parviennent à faire les (petits) gros titres et à être invités sur les plateaux de télévision et les studios de radio.
Pathétique parce que cela montre aux yeux de tous les Français que les centristes n’ont aucun projet et programme à leur proposer qui nécessiteraient un des leurs pour le porter devant les électeurs.
Sans oublier, évidemment, ce manque de courage politique où aucun centriste n’a osé se déclarer candidat potentiel simplement parce que les sondages étaient plus ou moins catastrophiques.
C’est la triste démonstration que, pour eux, les petites situations acquises sont plus importantes que le combat des idées qui nécessitent de monter au front pour les défendre et les promouvoir même pour si ensuite, en cas d’échec, on se rapproche de celui ou de ceux qui ont les visions les plus proches du projet centriste.
Et là, c’est une faute politique qui enfonce un peu plus le Centre et le Centrisme.
Mais ont-ils encore quelque chose à voir dans cette histoire?

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC