lundi 29 juin 2015

Actualités du Centre. Etats-Unis – Sondage présidentielle: Clinton bat ses rivaux de droite et de gauche

Dans un sondage que vient de publier la chaîne NBC et le quotidien Wall Street Journal, Hillary Clinton est largement en tête des intentions de vote pour la primaire du Parti démocrate qui doit désigner le candidat qui affrontera celui du Parti républicain lors de la présidentielle de 2016.
La centriste l’emporte avec 75% des votes devant le socialiste et sénateur du Vermont, Bernie Sanders, qui ne recueille que 15% des voix, les autres candidats n’obtenant même pas 5% des suffrages.
Pour la présidentielle, elle est en tête dans tous les duels l’opposant aux candidats du Parti républicain.
Celui qui fait le meilleur score face à l’ancienne première dame et secrétaire d’Etat de Barack Obama est Jeb Bush, fils et frère des anciens présidents, qui obtient 40% des intentions de vote, soit huit points de moins qu’Hillary Clinton (à 48%).
Ce sondage confirme qu’à un an et demi de l’élection présidentielle, la centriste Clinton demeure la grande favorite.
Mais, évidemment, la campagne n’a pas encore débuté et nombre d’événements et de péripéties peuvent remettre en cause les positions actuelles.


vendredi 26 juin 2015

Une Semaine en Centrisme. Régionales: le vrai-faux bon accord pour les centristes

Beaucoup de commentateurs sont perplexes. Qui est le gagnant des négociations qui viennent de s’achever entre LR (Les républicains) et l’UDI et qui ont acté la mise en place de listes communes aux régionales?
Certains croient savoir que c’est un accord gagnant-gagnant qui a été signé entre les présidents respectifs des deux partis, Nicolas Sarkozy et Jean-Christophe Lagarde.
D’autres, en revanche, estiment que l’UDI a obtenu bien plus qu’elle n’aurait du avoir en regard de sa puissance électorale qui est encore très faible.
Mais, d’autres encore, pensent que l’UDI s’est faite rouler dans la farine car elle a du, pour obtenir «beaucoup», lâcher encore plus.
Ils ajoutent que c’est le Centre dans son ensemble qui est une nouvelle fois le grand perdant.
En effet, dans une élection au scrutin proportionnel et dont les résultats quels qu’ils soient ne présentaient aucun danger pour la démocratie, les centristes avaient la possibilité, au premier tour, de se présenter unis afin de montrer leur originalité, leur indépendance et leur capacité politiques (d’autant que les deux partis étaient crédités, dans les sondages, d’environ 12% des intentions de vote).
C’est donc un nouveau rendez-vous manqué pour un Centre indépendant, ce qui est le plus grave pour nombre de militants de l’UDI dont certains viennent de lancer une pétition contre cet accord (voir la pétition ici).
1) Cet Accord pointe une nouvelle fois la désunion des centristes que ce soit entre MoDem et UDI ou à l’intérieur même de l’UDI
Dès les grandes lignes de l’accord connu, François Bayrou ne s’est pas privé sur la chaîne Public Sénat de critiquer ses «alliés» de l’UDI pour leur inféodation à LR qui s’est encore manifestée, selon lui, par une union où le Centre est à nouveau l’obligé de la Droite.
Et de rappeler que, dans son optique, le Centre doit être «indépendant», en s’attribuant, comme s’est devenu une habitude, le rôle de seul vrai défenseur de cette indépendance.
Il a évidemment «oublié» que dans nombre de régions, son parti, le Mouvement démocrate fera alliance avec l’UDI et LR sur des listes communes.
Sans oublier son alliance avec l’UMP lors des municipales pour être élu maire de Pau.
Pire, Marielle de Sarnez, la fidèle adjointe de Bayrou, avait refusé de faire liste commune en Ile-de-France avec Chantal Jouanno (UDI), torpillant pratiquement cette dernière qui va renter dans le rang et faire liste commune avec Valérie Pécresse (LR) et, sans doute, de Sarnez…
Quant à l’UDI, elle a montré son extrême friabilité et sa désunion quasi-constitutive puisqu’au moment où Lagarde négociait avec Sarkozy, Hervé Morin, Philippe Vigier et François Sauvadet, tous dirigeants de la formation centriste, sont allés discuter directement avec le président de LR, sans oublier les nombreuses déclarations de ce trio et d’autres responsables de l’UDI critiquant le positionnement de leur président.
Mais ce qui est certainement le plus consternant c’est que Jean-Christophe Lagarde et François Bayrou ne sont pas rencontrés une seule fois pour négocier des listes communes entre l’UDI et le MoDem, voire même pour l’envisager.
La conclusion de tout cela est bien une faiblesse désolante et inquiétante des centristes qui oublient que ce n’est pas eux que Nicolas Sarkozy courtisait mais leur électorat et qui en paieront peut-être le prix fort.
Ils viennent encore une fois de démontrer leur incapacité à être une force politique qui compte dans le paysage français, seulement une agglomération de politiques qui ont la possibilité de négocier de par leur capacité de nuisance et non par leur projet et leur programme.
2) Les renoncements de l’UDI plus importants que les concessions LR
Les dirigeants de l’UDI clament haut et fort qu’ils viennent de remporter un grand succès en obligeant LR et son chef, Nicolas Sarkozy, à faire d’énormes concessions qui prouvent que la Droite a absolument besoin du Centre et que ce dernier peut donc en tirer de très larges bénéfices.
Et d’introniser Jean-Christophe Lagarde comme grand négociateur qui aurait obtenu ses galons de leader politique national qui compte.
Voyons cela de plus près.
- Lagarde ne voulait pas de Laurent Wauquiez comme tête de liste dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, beaucoup trop à droite selon lui, il l’aura en ayant abandonné ses principes.
- Lagarde voulait une liste indépendante en Ile-de-France avec Chantal Jouanno ) sa tête, il ne l’aura pas en ayant abandonné sa dignité.
- Lagarde voulait un candidat à la présidentielle, il ne l’aura plus abandonnant son indépendance.
- Lagarde voulait se débarrasser de ses ennemis à l’intérieur de l’UDI (Morin, Sauvadet, Leroy, etc.), ce sont eux les grands gagnants des négociations grâce à leur court-circuitage des négociations.
- Lagarde voulait une UDI indépendante, elle n’est qu’un appendice de LR comme l’ont montré les départementales et le prouveront une nouvelle fois les régionales.
Pire, comme cet accord électoral n’est en rien basé sur un programme, on n’a assisté à aucune discussion sur le fond, donc sur les différences et les ressemblances qui existeraient entre LR et l’UDI.
En retour, Nicolas Sarkozy n’a «perdu» que trois régions et quelques sièges de conseiller régionaux.
Si cela lui fait gagner la présidentielle, le rapport gain-perte sera très nettement positif pour LR!
3) Cet accord engage l’UDI au-delà des régionales
C’est sans doute là que l’UDI et les centristes ont perdu le plus gros.
Certains chez LR, comme Copé et Raffarin, se sont offusqués de l’accord passé par Sarkozy et Lagarde au motif que l’ancien président de la république a trop cédé aux centristes.
En fait, Sarkozy n’a jamais été intéressé par les régionales mais évidemment par la présidentielle, élection, on en conviendra, nettement plus importante pour un parti politique.
D’ailleurs, qui est vraiment intéressé par les régionales?
Donner des présidences de régions et des sièges dans les assemblées régionales n’est pas une concession de grande ampleur, loin de là.
Autrement plus dur sera les négociations pour les présidentielles et les législatives de 2017.
Mais, surtout, Jean-Christophe Lagarde a d’ores er déjà, dès la fin des négociations, modifié son discours sur la présence d’un candidat de l’UDI à la présidentielle (lire ici), préparant ses troupes à un soutien à la primaire de LR et au candidat qui en sera issu.
Dès lors, le gain de trois présidences de région (évidemment si les listes LR-UDI en question remportent le scrutin) et de quelques dizaines de conseillers régionaux ressemble plus à une aumône qu’à autre chose.
D’où, sans doute, la grogne compréhensible de nombre de militants centristes.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC



mercredi 24 juin 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Entre trop et pas assez, le juste équilibre centriste

Les experts du FMI, après ceux de l’OCDE et quelques autres viennent de découvrir une chose stupéfiante: quand on donne trop aux riches, il n’y en a pas assez pour les autres!
Plus sérieusement, ils ont démonté, après d’autres, cette fiction fumeuse connue sous le nom de la théorie du «ruissellement» («trickle down») selon laquelle laisser les riches s’enrichir au-delà de toute mesure faisait d’eux des moteurs de la croissance car leur surplus d’argent se diffusait dans toute la société en créant soi-disant, pour tout le monde, de la richesse supplémentaire ainsi que des emplois.
Cette théorie, on s’en doute, vient tout droit des conservateurs les plus obscurantistes, en l’occurrence les néoconservateurs américains devenus particulièrement puissants sous l’ère Reagan, même si rien n’est jamais venu la valider depuis toutes ces années, au contraire puisque dans tous les pays les riches sont devenus plus riches, les pauvres ont fait du surplace et la classe moyenne a perdu du pouvoir d’achat sur fond de chômage de masse.
En réalité, elle tente de justifier a posteriori toutes les mesures prises par le Parti républicain permettant aux plus riches de le devenir encore plus au nom d’une vision du Rêve américain très réductive et détournée de celle qui concernait le plus grand nombre, c’est-à-dire, ici, l’unique droit de faire fortune et de garder pour soi la très grande partie de son argent qui, parfois, n’est même plus le fruit d’un dur labeur ou d’une idée géniale, que l’on prenne par exemple les profits insolents de certains financiers qui peuvent multiplier leurs gains sans quasiment bouger le petit doigt, par effet mécanique.
Mais l’escroquerie du «ruissellement» ne signifie nullement, a contrario, que celle de l’égalitarisme forcené et à tout crin en matière de revenus à la mode communiste et prônée à nouveau dans la vieille Europe par le Front de gauche en France, Syriza en Grèce ou Podemos en Espagne, permette de créer une société juste et le bien être de tous.
L’échec cinglant de l’Union soviétique et de tous ses satellites l’a prouvé abondamment pendant soixante-dix ans et l’on ne voit pas comment elle marcherait au XXI° siècle.
Plus, la Chine «communiste» a prouvé le contraire et n’a pu réellement se développer qu’en tournant le dos à cet égalitarisme ravageur et en adoptant toutes les règles du capitalisme le plus débridé et le plus irrespectueux pour ses travailleurs (et en jetant aux orties, dans le même temps, le libéralisme politique).
En bridant l’initiative individuelle et la liberté d’entreprendre, dont une des motivations, que l’on s’en réjouisse ou non mais qui est une donnée, est de permette à ceux qui réussissent un enrichissement personnel, on casse le moteur de la croissance et de l’innovation.
Ni jungle où les plus forts se servent (ou sont copieusement servis), ni nivellement social qui se fait toujours par le bas, l’économie ne peut être au service de la société que si elle récompense ceux qui entreprennent mais aussi si elle donne à tous ceux qui lui permettent de fonctionner correctement, le juste fruit de leur apport à la collectivité.
Le tout avec un acteur public qui intervient pour garantir les bonnes règles du jeu dont une est une distribution (voire une certaine redistribution) des fruits du labeur de tous.
L’idée est bien qu’il n’y en est pas trop ou pas assez pour chacun.
Cela s’appelle une méritocratie solidaire et ce qui permet d’y parvenir est le principe du juste équilibre qui est à la base de toutes les politiques humanistes que le Centrisme propose.
Tout le reste n’est que clientélisme qui a comme conséquence de casser la machine économique mais aussi de provoquer des coups de balanciers ravageurs dans un climat social souvent détestable où s’affrontent ceux qui devraient coopérer ensemble puisqu’ayant tout à gagner à trouver une juste entente et un juste compromis.
Evidemment, cela se vérifie dans tous les domaines de la vie en société où nous devons prendre en compte tout le monde en tentant de contenter le plus possible chacun en n’oubliant pas, évidemment, les règles de vie collectives du vivre bien ensemble.
Ce qui demeure inquiétant et, parfois, décourageant, c’est que ce juste équilibre se vérifie constamment comme le seul principe capable d’organiser une communauté dans le respect de l’ensemble de ses membres mais que les électeurs préfèrent les sirènes de la démagogie et du populisme, tout en sachant que ce qu’ils choisissent à de fortes chances de ne pas marcher.
Mais il serait trop facile de dédouaner ceux qui prônent ce juste équilibre dans le cadre d’une politique humaniste, c’est-à-dire les centristes, qui par leur discours et, surtout, leur comportement ne donnent pas l’image aux yeux de leurs concitoyens de politiques responsables et crédibles.
Tant que ce sera le cas, les théories fumeuses dont on vient de parler ont encore de beaux jours devant elles même si personne n’y croit vraiment…





mardi 23 juin 2015

Actualités du Centre. Présidentielle 2017: Lagarde change d’avis sur une candidature UDI

Jusqu’à présent, Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, souhaitait que son parti soit présent au premier tour de la présidentielle de 2017 avec un candidat portant les couleurs de son parti.
Le voilà qui explique dorénavant qu’«à titre personnel», il n’a pas fait «sa religion sur la question» et qu’il faudra, «le moment venu, un grand débat pour trancher notre position commune».
Pour justifier son retournement à 180 degrés, Jean-Christophe Lagarde pense «que ce débat est prématuré. La situation politique de 2016, personne ne la connaît aujourd'hui. C'est pour cela que je ne donne pas mon sentiment et que je n'exclus pas que mon sentiment puisse varier dans le temps.»
Et de poursuivre: «Il y a des gens à l'UDI qui sont favorables à la primaire, d'autres qui y sont hostiles, d'autres encore qui songent à la présidentielle… Moi, je n'ai aucun problème avec cette question» tout en précisant: «nous arrêterons une décision en début d'année prochaine».
Pour apprécier l’importance de ce changement d’opinion de Lagarde sur le sujet, voici ce qu’il déclarait en octobre 2014 lors d’une interview à Le Centrisme, juste avant le deuxième tour qui devait le mener à la présidence de l’UDI:
«Je souhaite évidemment qu’il y ait un candidat centriste à l’élection présidentielle de 2017 même si je reconnais que les conditions peuvent apparaître difficiles. Mais j’observe que les Français sont à la recherche d’autre chose et n’ont pas de nostalgie du pouvoir précédent. Cet autre chose ne doit pas être les extrêmes. C’est bien pour cela que l’on a construit l’UDI avec Jean-Louis Borloo. C’est pour que les Français ne soient pas coincés entre d’une part deux mouvements qui ont échoué, alternativement et successivement, et d’autre part les démagogues, les populistes et les extrémistes.»
«Si je suis élu Président de l’UDI, nous choisirons tous ensemble, en 2016, qui devra porter nos valeurs et nos couleurs et selon quel processus. D’ici là, nous devons nous réapproprier les valeurs qui sont les nôtres, les montrer et traduire ce que cela veut dire dans notre projet politique.»


lundi 22 juin 2015

L’Humeur du Centriste. Encore un effort, monsieur Fromantin!

Jean-Christophe Fromantin, député-maire UDI de Neuilly-sur-Seine, est un homme libre.
Voilà qui est assez rafraîchissant dans l’univers politique français.
Il se définit comme un homme de centre-droit mais il refuse d’être dogmatique sur nombre de sujets, préférant l’analyse, le pragmatisme et le compromis plutôt que la posture idéologique.
C’est la raison pour laquelle, par exemple, il soutient la loi Macron au motif qu’elle contient de bonnes mesures même si elle ne va pas assez loin dans la libéralisation de l’économie à ses yeux.
Une position que tout centriste se devrait de défendre.
En outre, il est plus intéressé par l’élaboration d’un projet centriste à présenter aux Français pendant que ses amis de l’UDI ne pensent qu’à des accords électoraux avec Les républicains (LR) et à récupérer des sièges.
Il estime également qu’un accord national pour les régionales avec LR ne s’imposait pas mais qu’il y aurait dû y avoir des accords locaux pour bien montrer que les centristes étaient attachés, comme ils l’affirment sans cesse, au principe de décentralisation.
Il a même évolué dans sa position vis-à-vis du Mouvement démocrate, estimant dorénavant qu’une alliance est possible avec la formation dirigée par François Bayrou si elle envoie des signes clairs en ce sens.
Tout cela et d’autres choses encore montrent que Jean Christophe Fromantin est bien au centre politiquement et économiquement parlant.
Reste que le député-maire des Hauts-de-Seine, comme au moment de l’élection du président de l’UDI, ne peut être encore le centriste de la situation.
Sa vision sociétale, en effet, est beaucoup plus à droite qu’au centre de l’échiquier politique.
Non pas que ses convictions religieuses fortes le délégitiment en tant que centriste, sauf à décider que la démocratie chrétienne ne serait plus un des courants principaux du Centre.
Personne ne lui demande de laisser ses valeurs et ses croyances au vestiaire de la politique.
C’est plutôt son refus d’accepter le libéralisme qu’il défend en matière économique, sociale et politique à l’organisation de la société qui pose problème.
En effet, on ne peut vouloir «libérer» la société de ses carcans en oubliant tout en pan de ce projet qui est global.
Non pas pour obliger les gens à faire quelque chose mais pour leur permettre de le faire s’ils le veulent tant que cela ne remet pas en cause les valeurs humanistes sur lesquelles se base le Centrisme.
Préoccupante est ainsi son alliance objective avec tous les mouvements de l’extrême-droite, du FN aux catholiques intégristes, pour défendre un ordre social réactionnaire.
Et de s’afficher avec les leaders et les militants de ces mouvements lors de manifestations ou de meetings.
Bien entendu, monsieur Fromantin fera comme sa morale le lui dictera.
Mais s’il n’évolue pas sur ces questions au niveau politique et non de conscience personnelle, il risque bien d’avoir beaucoup de mal à accéder à un rôle national.
Ce qui serait dommage pour le débat politique et pour les centristes.

Centristement votre.

Le Centriste



jeudi 18 juin 2015

Actualités du Centre. Une majorité de Français estime que le Mouvement démocrate doit demeurer autonome

63 % des Français estiment que François Bayrou doit « rester autonome » contre 14 % qui estiment qu’il doit se rapprocher du PS et 15 % qui estiment qu’il doit se rapprocher de la majorité présidentielle selon un sondage CSA pour France Inter, France Info, France 3 et Le Parisien Aujourd’hui en France réalisé dimanche 17 juin auprès d’un échantillon représentatif de 1002 personnes selon la méthode des quotas.

Une Semaine en Centrisme. Pourquoi Sarkozy veut casser le Centre

Nicolas Sarkozy veut donc s’attacher les centristes, tous les centristes, de ceux qui demeurent encore aux Républicains (et dont beaucoup ne sont plus que centristes de nom), à ceux de l’UDI (dont beaucoup sont prêts à rallier le parti de droite, voire à s’y encarter) en passant par ceux du Mouvement démocrate (à l’exception notable de leur président).
Tous sauf, donc, un, François Bayrou…
Mais ce n’est pas par amour du Centre ou des idées centristes qu’il le souhaite mais bien pour une stratégie politique précise.
Avant d’en venir aux raisons pour lesquelles l’ancien hôte de l’Elysée fait du racolage de centristes, examinons le piège qu’il a mis en place pour ses visées en la matière.
Celui-ci se déroule en trois phases qui peuvent être concomitantes:
- 1° phase: détruire le lien – ténu mais réel – entre le MoDem et l’UDI
Depuis qu’il est revenu en politique – à moins qu’il ne l’ait jamais quittée… – Nicolas Sarkozy s’est appliqué à décerner des certificats de bons et de mauvais centristes.
Bien entendu, on se demande encore quelle légitimité lui donne le droit de juger les centristes qu’il n’aime pas mais il fallait bien, avant toute chose, éviter que le Centre ne se réunisse et devienne une force politique plus structurée et donc moins malléable.
Pour cela, il fallait empêcher à tout prix que l’UDI et le Mouvement démocrate n’aille plus loin que cette fameuse «organisation coopérative» qu’est l’Alternative qu’avait scellée en leur temps François Bayrou et Jean-Louis Borloo.
Dès lors, le pilonnage sur le président du MoDem qui avait voté pour François Hollande au deuxième tour de la présidentielle de 2012 était autant un règlement de compte personnel qu’une attaque frontale contre l’édifice brinquebalant d’une union des partis centristes.
C’était d’autant plus facile que, depuis le retrait de la vie politique de Borloo, il n’y a plus guère qu’Hervé Morin à l’UDI qui soit véritablement pour une alliance en bonne et due forme avec François Bayrou, mais surtout pour mettre des bâtons dans les roues de Jean-Christophe Lagarde.
Bien sûr, cette première phase comportait aussi un discours qui était de diaboliser uniquement Bayrou (et qui doit se poursuivre au cours des autres phases, tant que celui-ci représentera un danger pour la présidentielle) mais pas les autres dirigeants du Mouvement démocrate ainsi que les militants et les sympathisants qui, eux, sont les bienvenus dans la sphère d’influence sarkozyste.
On a bien vu que peu de membres de l’UDI ont défendu François Bayrou face aux attaques et à la mise en quarantaine de Nicolas Sarkozy.
Mieux, beaucoup en ont profité pour rappeler que le leader du MoDem s’était trompé de route et que son retour à droite était une première pénitence mais qu’il fallait attendre pour le réintégrer définitivement dans la famille.
- 2° phase: détruire l’unité de l’UDI
Il n’a échappé à personne et surtout pas à Nicolas Sarkozy que l’UDI est une confédération de partis faite de bric et de broc où les ambitions et les inimitiés personnelles dominent le débat public avec, à tout moment, un risque de scission ou de paralysie.
De fait, détruire l’unité de l’UDI ne semble guère très difficile même si le président des Républicains doit agir avec doigté pour éviter une ingérence trop importante qui pourrait produire l’effet contraire recherché et souder les centristes face à une menace extérieure.
Ainsi, il a bien vu que Jean-Christophe Lagarde était prêt à lâcher du lest dans les négociations électorales afin d’acquérir cette stature de chef que lui déni ses opposants en interne, au premier range desquels on trouve évidemment Hervé Morin.
En outre, il a aussi compris que plus on ferait les yeux doux à Lagarde, plus celui-ci serait gourmand et qu’il se permettrait de lancer des «ultimatums».
Dès lors, il n’y avait qu’à se baisser pour rameuter et réunir tous les opposants au président de l’UDI pour organiser la fronde interne qui ne demandait qu’à éclater en faisant, en plus, des promesses de sièges et de postes aux «frondeurs» de la formation centriste.
C’est la raison pour laquelle il traite directement des accords électoraux avec le Nouveau centre dirigé par Morin et membre de l’UDI ou qu’il reçoit les centristes en mal de gratifications (Hervé Morin, Philippe Vigier, François Sauvadet, Maurice Leroy et quelques autres) et surtout qui veulent la peau de Lagarde.
Cette deuxième phase est en train de donner des résultats et pourrait bien, à moyen terme ou même à court terme faire imploser l’UDI ou l’affaiblir durablement.
- 3° phase: récupérer le maximum de centristes en déshérence et en attente de sièges et de postes
La dernière phase du projet sarkozyste est, bien évidemment, de récupérer le maximum de centristes qui se trouveront en déshérence.
Non pas forcément à l’intérieur des Républicains (il a un intérêt à avoir une UDI paralysée qui soit totalement inféodée aux Républicains et à leur président) mais dans tout l’espace centriste, démontrant de ce fait qu’il est bien un rassembleur.
Si cette manipulation marche, Nicolas Sarkozy aura cassé le Centre en faisant semblant de réunir l’opposition pour ses vues uniquement personnelles!
Sachant qu’effectivement Nicolas Sarkozy n’aime pas et n’a jamais aimé les centristes, il faut se demander pourquoi il souhaite en embrigader le maximum tout en cassant le Centre pour les prochaines années.
Trois raison à cela:
- 1° raison: Pour éviter une candidature centriste unifiée
Même si les partis centristes ne représentent aujourd’hui qu’entre 12% et 15% de l’électorat, on comprend bien qu’une candidature unifiée du Centre à la présidentielle de 2017 peut être une grande menace pour le candidat de la Droite que veut être Nicolas Sarkozy.
Il faut donc éviter absolument que les partis centristes puissent s’entendre sur une primaire du Centre puis sur un candidat unique qui pourrait barrer la route au candidat de droite pour le second tour et même qui pourrait s’y retrouver et peut-être créer la surprise, comme le croit François Bayrou.
- 2° raison: Pour éviter un soutien global des centristes pour Juppé
En cassant l’unité du Centre, Nicolas Sarkozy espère ainsi qu’aucun front unifié des centristes ne pourra se ranger derrière la candidature d’Alain Juppé à la primaire des Républicains si jamais l’UDI décidait de ne pas avoir de candidat au premier tour et si François Bayrou ne se présentait pas.
Car le président de la formation de droite sait bien qu’aujourd’hui les dirigeants centristes mais aussi leurs électeurs préfèrent nettement le maire de Bordeaux et qu’ils pourraient ainsi lui faire gagner la primaire.
Mais, en introduisant la zizanie dans l’espace centriste, il espère ainsi empêcher que des personnalités qui se détestent, voire plus, ne puissent se retrouver sur le même ticket présidentiel.
D’autant qu’en ayant négocié des accords très favorables à quelques uns d’entre eux pour les régionales, ils deviendront, de fait, ses obligés et auront du mal à ne pas le soutenir lors de la primaire, surtout si leurs adversaires se prononcent pour Juppé.
In fine, cela lui permettra de récupérer certaines voix centristes mais, avant tout, d’en priver son principal concurrent de la primaire.
- 3° raison: Pour marginaliser définitivement Bayrou et sa probable candidature
Crédité aujourd’hui de 12% des intentions de vote dans un dernier sondage, François Bayrou rêve de se présenter, surtout s’il a en face de lui Nicolas Sarkozy.
Bien entendu, à ce niveau sondagier, le président du MoDem ne peut prétendre être au second tour mais il peut empêcher Nicolas Sarkozy d’y être.
En outre, si la primaire des Républicains est remportée par ce dernier mais dans une atmosphère détestable, nombre de soutiens à Juppé pourraient se tourner vers Bayrou.
Dès lors, il faut continuer à pilonner Bayrou, à faire les yeux doux à Lagarde tout en le menaçant et à caresser dans le sens du poil tous les ennemis de celui-ci à l’UDI, le tout avec un discours d’union.
Bien entendu, cette stratégie comporte de multiples risques.
Cependant, elle est tout à fait réalisable.

Alexandre Vatimbella



mardi 16 juin 2015

Actualités du Centre. Jean-Christophe Fromantin (UDI) à nouveau en faveur de la loi Macron

Jean-Christophe Fromantin, le député-maire UDI de Neuilly-sur-Seine s’était fait l’avocat au centre de la loi Macron lors de sa première discussion à l’Assemblée nationale.
Il avait appelé, malgré les nombreuses lacunes du texte qu’il déplorait, à le voter comme quelques autres députés de son parti.
La procédure du 49-3 utilisé par Manuel Valls ne lui permit pas de le faire mais il avait refusé de voter la motion de censure présentée par l’opposition, voulant demeurer fidèle à sa ligne politique en la matière.
C’est la raison pour laquelle, il a appelé l’ensemble des parlementaires de l’opposition à voter pour cette loi de retour à l’Assemblée après un détour par le Sénat.
Mais, comme pour le premier débat, celui-ci se terminera encore une fois par l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution et, dans la foulée, le dépôt d’une motion de censure par Les Républicains.
Dès lors, aucun député ne votera ni pour, ni contre.
Dans un entretien au quotidien Les Echos, le député-maire de Neuilly-sur-Seine rappelle pourquoi il aurait voté la loi.
Selon lui, cette loi «multiplie les avancées en direction des entreprises» et ce, en dehors d’une «lecture politicienne».
Et d’ajouter: «C'est une bonne loi. Son titre est certes trompeur, car ce n'est pas grâce à elle que la France renouera avec une croissance solide. Mais elle multiplie les avancées en direction des entreprises en simplifiant toute une série de procédures». 


lundi 15 juin 2015

Actualités du Centre. Sondage – Les électeurs de Bayrou et Sarkozy leur demandent de s’entendre

Voilà un sondage qui va quelque peu ébranler François Bayrou et Nicolas Sarkozy, eux qui se disputent médiatiquement l’entière journée, ainsi que leurs militants respectifs.
Selon le baromètre OpinionWay LCI-Metronews sur le comportement que devrait adopter Les Républicains face aux électeurs du Mouvement démocrate et du Front national, 64% des électeurs ayant voté François Bayrou au premier tour de la présidentielle en 2012 et 65% de ceux ayant fait de même pour Nicolas Sarkozy, veulent que les dirigeants des Républicains, dont l’ancien président de la république, s’adressent aux électeurs de François Bayrou et seulement 34% d’entre eux (pour les deux panels d’électeurs) qu’ils s’adressent aux électeurs de Marine Le Pen.
A noter que l’ensemble des Français est moins nombreux a souhaité cette configuration (55% contre 39%) mais seuls les électeurs de Marine Le Pen veulent que les Républicains leur parlent d’abord.
OpinionWay a également sondé la satisfaction des Français pour leur personnel politique.
En ce qui concerne l’opposition, seul Alain Juppé obtient plus de satisfaits (52%) que de mécontents (44%).
A noter, tout de même, qu’arrivent juste derrière le président du MoDem, François Bayrou (46% de satisfaits contre 48% de mécontents) et, en quatrième position, Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI (38% de satisfaits contre 50% de mécontents).
François Bayrou fait un bon de sept points en un mois au cours duquel la polémique l’opposant à Nicolas Sarkozy a battu son plein avec des attaques très dures de ce dernier dont la presse a rapporté les propos souvent très grossiers.
Jean-Christophe Lagarde, lui, a fait un bon de huit points en un mois au cours duquel il a souvent fait l’actualité pour ses négociations avec Nicolas Sarkozy pour les prochaines élections régionales pour lesquelles les médias ont souligné la capacité de résistance du président de l’UDI face aux pressions de celui des Républicains ainsi que de cet ultimatum que le premier nommé a adressé au second pour conclure des accords.
(Sondage OpinonWay réalisé du 8 et 10 juin 2015 par téléphone auprès d’un échantillon de 1.002 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Actualités du Centre. Sondage – L’UDI et le MoDem très éloignés des Français

Alors que les dirigeants des partis centristes se félicitaient d’être à la tête de formations politiques qui étaient vues de manière moins négative que les autres mais aussi qui étaient celles qui comprenaient le moins mal les préoccupations de leurs concitoyens, voilà un sondage qui va être une douche froide pour eux.
Ainsi, selon une enquête Odoxa pour Le Parisien et Aujourd’hui en France, seuls, respectivement, 6% et 5% des sondés estiment qu’ils sont proches (ou «moins éloignés») du Mouvement démocrate et de l’UDI, ce qui met le premier cité à hauteur des écologistes et la seconde du Parti de gauche, très loin des Républicains (14%) ainsi que du PS (15%) et du FN (15%) qui arrivent en tête ex-aequo.
Des scores évidemment très décevant démontrent l’incapacité des partis centriste à se rendre crédibles et reconnus des Français.
Ces derniers avouent ainsi d’une part, qu’ils ne savent pas ce que défendent les centristes (dont on cherche en vain, c’est vrai, leur projet, leur programme ou leurs propositions) et, d’autre part, l’incapacité des formations de réclamant du Centre à construire une image de partis de gouvernement.
Le Mouvement démocrate s’en sort mieux quand on demande aux sondés s’il est honnête (16% et la première place avec les écologistes) mais seuls 12% estiment qu’il est capable de proposer des solutions efficaces, surtout il est considéré comme peu proche des préoccupations des Français (11%), derrière le PS, les Républicains mais surtout le FN et le Front de gauche qui enlèvent les deux premières place.
En revanche, c’est la bérézina pour l’UDI qui finit bonne dernière à toutes ces propositions avec respectivement 8%, 7% et 8%.
A noter que, plus globalement, le sondage réitère ce que l’on savait déjà par d’autres enquêtes à savoir qu’une majorité écrasante de Français (89%) ont une mauvaise opinion des partis politiques, seuls 10% les voyant positivement (avec 1% qui en ont une «très bonne opinion»!).

(Sondage Odoxa réalisé les 11 et 12 juin 2015 par internet auprès d’un échantillon de 1.011 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

dimanche 14 juin 2015

Actualités du Centre. Etats-Unis – Dans son premier discours de campagne, Hillary Clinton plaide pour rétablir les équilibres

Hillary Clinton a vraiment lancé sa campagne présidentielle ce samedi sur l’île Franklin Roosevelt dans la ville de New York devant ses fans.
Lors de son discours, elle s’est inscrite dans la lignée de trois présidents Franklin Roosevelt, Bill Clinton, son mari, et Barack Obama dont elle a expliqué pourquoi elle avait décide de le servir en tant que secrétaire d’Etat après avoir été son adversaire lors de la primaire démocrate de 2008, parce que tous deux, avant tout, aimaient l’Amérique.
Elle a plaidé pour que le gouvernement rétablisse les équilibres datant que la présidence de son mari où la croissance de l’économie permit un budget fédéral en excédent et un partage équitable de la richesse produite, où les 20% les plus pauvres connurent une progression de leurs revenus égale à celle des 5% les plus riches.
Elle a accusé les républicains d’avoir détruit ces équilibres en baissant les impôts de façon drastique pour les plus riches au motif que cela permettrait une hausse du niveau de vie de tous par les investissements de ceux-ci dans l’économie, ce qui ne s’est pas produit avec, à la clé, une augmentation conséquente des inégalités.
Pour Hillary Clinton, il est temps désormais que les classes moyennes et les plus pauvres reçoivent leur juste part de la prospérité et plus seulement les plus riches.
Elle a également attaqué les républicains pour leur conservatisme, voire leur comportement réactionnaire, en matière de mœurs et de diffusion de la démocratie à tous, eux qui votent des lois dans les Etats pour rendre plus difficile l’exercice du droit de vote aux minorités, se demandant au passage quelle pouvait être leur vision de la démocratie en agissant ainsi.
Pour caractériser sa propre vision politique, elle a expliqué que le succès d’une politique ne se calculait pas au nombre de milliardaires qu’elle suscitait mais de celui des enfants qu’elle parvenait à sortir de la pauvreté.
Enfin, elle a plaisanté sur son âge en disant qu’elle savait bien qu’elle n’était pas la plus jeune des candidates mais qu’elle serait la plus jeune des présidentes des Etats-Unis (si elle est élue, elle sera la première…).
De même, pour montrer sa détermination à aller jusqu’au bout et à travailler sans relâche à réaliser ses promesses une fois à la Maison blanche, elle a rappelé qu’elle avait été traitée de tous les noms par certains mais jamais de dégonflée.


vendredi 12 juin 2015

L’Humeur du Centriste. Le chantage de Sarkozy à Lagarde

ça y est, nous y sommes!
Les discussions de marchand de tapis (que le site Le Centrisme évoquait récemment) entre LR (Les Républicains) et l’UDI sont entrées dans une nouvelle phase, celle de l’intimidation à la mode Sarkozy.
Si l’on en croit les indiscrétions venues des membres des instances du parti de droite, son président veut dorénavant lier les demandes de Jean-Christophe Lagarde, c’est-à-dire trois présidences de région, à des exigences de soumission et à une allégeance totale, non seulement, lors des régionales mais, bien évidemment lors de la présidentielle.
On reconnait bien là la patte particulière de Nicolas Sarkozy.
Ainsi, il donnera gain de cause à Lagarde si les trois candidats UDI à la présidence d’une région (Hervé Morin, François Sauvadet, Philippe Vigier) s’engagent à soutenir la primaire des Républicains et si les listes d’union dans les régions où ils seront tête de liste sont très majoritairement composées de candidats de droite et très minoritairement de ceux du Centre.
L’«intransigeance» dont monsieur Lagarde se targuait ainsi que sa capacité à résister aux pressions de Nicolas Sarkozy risquent bientôt de ressembler au sketch de l’arroseur arrosé…
D’une part, parce que Sarkozy n’est pas stupide et il sait que les trois candidats sont prêts à tout pour devenir têtes de liste.
De plus, ce sont loin d’être des proches de Jean-Christophe Lagarde, c’est même un euphémisme, et ils ont déjà appelé à un ralliement de l’UDI aux Républicains pour la présidentielle de 2017.
On peut donc supposer qu’ils seront d’accord pour accepter sans broncher les désidératas sarkozystes et qu’ils sauront mettre la pression qu’il faut sur le président de l’UDI pour qu’il plie.
D’autre part, parce que Jean-Christophe Lagarde devant de telles conditions se retrouvera au pied du mur où, face à l’acceptation de ses demandes, il devra montrer, qu’en retour, il est prêt à un compromis avec LR ou à prendre désormais l’énorme pari d’aller seul aux régionales avec pratiquement aucune chance de remporter une présidence de région et de s’aliéner encore plus une partie de sa propre formation.
Mais aussi parce qu’en acceptant que ses candidats aux régionales s’engagent dans le processus de la primaire, Jean-Christophe Lagarde introduira lui-même le loup LR dans la bergerie UDI pour 2017, ce qui ravira à n’en pas douter ses opposants en interne, au premier chef Hervé Morin et François Sauvadet!
A trop avoir voulu jouer au Machiavel de la négociation, le président de l’UDI s’est de lui-même engagé dans un chemin où le rebrousser apparaîtrait comme une défaite cinglante.
Et tout cela, rappelons-le, sans qu’aucune discussion politique sur un programme ou un projet n’ait eu lieu et donc qu’on ne sache absolument pas sur quoi sont d’accord les deux formations et sur quoi porte leurs désaccords en la matière.
Voilà qui pourrait bien de se terminer comme la fable:
Une Grenouille vit un Bœuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un œuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
Pour égaler l'animal en grosseur,
Disant : «Regardez bien, ma sœur;
Est-ce assez? dites-moi; n'y suis-je point encore?
- Nenni. - M'y voici donc? - Point du tout. - M'y voilà?
- Vous n'en approchez point.» La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.
A monsieur Lagarde de faire mentir monsieur de La Fontaine…

Centristement votre.

Le Centriste



jeudi 11 juin 2015

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Hillary Clinton, la centriste à poigne à abattre

Elle n’obtient peut-être pas la meilleure note en matière d’honnêteté auprès des Américains selon un récent sondage mais elle est celle qui est considérée comme une femme à poigne ayant des «qualités fortes de leadership» pour 60% de ses compatriotes, loin devant tous les autres candidats à la présidentielle, notamment les républicains.
Elle prouve ainsi et sans équivoque, que, oui, on peut être centriste et avoir une stature de femme d’Etat ainsi qu’une image de leader fortes.
Néanmoins, avant de démontrer ses capacités en la matière en tant que première présidente des Etats-Unis, il lui faudra l’être face aux républicains qui ont commencé leur campagne de haine et de sape sur le modèle de celle qu’ils utilisèrent contre Obama en 2008 et surtout en 2012 ainsi que face aux médias dont on comprend de moins en moins le compte qu’ils ont à régler avec Hillary Clinton.
OK, les journalistes ne l’aiment guère, c’est leur droit en tant que personnes mais cela ne doit pas transpirer dans leur mission d’information.
Or ce n’est absolument pas le cas et l’on est sans cesse étonné devant tant de manquement à la déontologie journalistique lorsqu’il s’agit de parler d’elle.
On ne parle pas simplement des médias conservateurs voire ultraconservateurs comme Fox news, de triste réputation, ou encore Politico, le média qui se veut celui de la politique sérieuse (et qui vient de lancer une édition européenne) et dont la couverture sur Hillary Clinton s’apparente à de l’acharnement.
Dans ses colonnes, tous les jours un papier à charge contre Clinton pas toujours très compréhensibles dans leur logique profonde à part «casser» de l’Hillary.
Ainsi, les journalistes de Politico peuvent l’attaquer en disant qu’elle inquiète les milieux de gauche et que ceux-ci ne voteront pas pour elle parce qu’elle est trop à droite et, le lendemain, affirmer qu’elle inquiète les milieux d’affaires et que ceux-ci ne lui donneront pas d’argent et ne voteront pas pour elle parce qu’elle est trop à gauche!
In fine, en lisant Politico, on se demande s’il y aura un seul électeur pour voter pour Hillary Clinton en novembre 2016…
Même le «sérieux» New York Times semble avoir choisi son camp en distillant toutes les semaines des informations à charge contre Hillary Clinton.
Catalogué faussement «démocrate», le quotidien est en fait séparé en deux. Une rédaction soi-disant «apolitique» et un bureau des éditorialistes qui, généralement, est plutôt à gauche et démocrate tout en accueillant nombre de contributeurs de droite et/ou républicains.
Surtout, le quotidien newyorkais s’était fait remarqué lors des dernières campagnes présidentielles en soutenant au-delà de toute mesure Barack Obama en 2008 (un peu moins en 2012) en tapant, notamment, sur Hillary Clinton, souvent de manière peu digne, lors de la primaire démocrate de 2007-2008.
Bien entendu, l’ancienne première dame des Etats-Unis puis sénatrice de New York et enfin secrétaire d’Etat de 2009 à 2014, n’a pas que des qualités et possède ses zones d’ombre.
Cependant, on aimerait que les médias agissent envers elle comme ils le font pour les autres candidats et non toujours ou presque toujours à charge.
Est-ce le fait qu’elle soit centriste, femme, personnalité à poigne et qui a réussi dans son parcours jusqu’à présent, un mélange qui semble déranger le petit monde politico-médiatique américain?
On est en droit de se poser la question alors même que les milieux bien-pensants d’outre-Atlantique réclament pourtant une politique plus consensuelle, plus ouverte sur les minorités et moins sexiste, faisant une meilleure part à la méritocratie (dont elle un pur produit) tout en se plaignant d’une vision trop laxiste du monde de Barack Obama, ce qui devrait, théoriquement les amener à développer une certaine sympathie envers Hillary Clinton, ce qui n’est pas le cas.
L’outrance de l’opposition à sa personne de ces «élites» sera peut-être, justement, une de ses atouts principaux pour se faire élire à la Maison blanche.
Car, pilonnée comme elle l’est depuis tellement longtemps et toujours favorite dans les sondages est déjà un tour de force qu’il faut saluer.
Reste que l’on connait le pouvoir de l’argent dans les campagnes américaines, non pas pour proposer des programmes cohérents ou expliquer son projet pour le pays mais pour attaquer ses opposants, souvent en ayant passé largement les limites de la décence.
Et l’on sait que certains candidats de grande valeur qui auraient du être élus ont été balayés par des contrevérités ravageuses.
Espérons que ce ne sera pas le cas pour Hillary Clinton mais on ne peut l’exclure.
Voilà qui serait dommage pour les Etats-Unis, ainsi que pour la communauté internationale car une centriste à poigne est sans doute ce qui manque actuellement pour faire face avec responsabilité et dans le consensus aux périls multiples qui menacent notre planète.



mardi 9 juin 2015

Actualités du Centre. Sondage – Les partis centristes «comprennent» moins mal que les autres les «problèmes» de la France

Selon un sondage BVA pour Orange et iTélé, les Français considèrent majoritairement qu’aucun parti politique ne comprend bien les problèmes qui se posent à la France.
Néanmoins, les partis centristes sont jugés les moins mauvais dans cet exercice.
Ainsi, si selon 49% sondés, l’UDI ne comprend pas ces problèmes, 46% disent le contraire.
De même, si selon 57% des sondés, le MoDem, non plus, 38% disent le contraire.
A noter que l’UDI est le seul parti à ne pas dépasser la barre des 50% de mauvaise opinion en la matière.
Par comparaison, 59% des sondés (contre 36%) pensent que les Républicains ne comprennent pas bien les problèmes de la France.
Ils sont 64% (contre 33%) à penser de même du Front national et 71% vis-à-vis du PS (contre 26%) et du Front de gauche (74% d’Ecologie-les Verts et 76% vis-à-vis du PC).
Reste que ce sondage ne dit pas quels problèmes sont compris par les partis et ceux qui ne le sont pas, quelles sont les différences entre les partis sur des problèmes précis, etc. d’où une impossibilité d’en tirer de grands enseignements.

(Sondage BVA réalisé les 4 et 5 juin 2015 par internet auprès d’un échantillon de 983 personnes de plus de 18 ans représentatif de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)

lundi 8 juin 2015

Une Semaine en Centrisme. Lagarde, présidentiable ou marchand de tapis?

L’UDI est-elle en train de justifier toutes les moqueries et les injures que déversent les adversaires du Centre depuis le Révolution française, à savoir que les centristes ne sont que des opportunistes sans grandes convictions, à la recherche du meilleur accord électoral, c’est-à-dire celui qui leur donne le plus d’élus et le plus de sièges dans le gouvernement, peu importe avec qui et sur quoi?
Au vu de ce que l’on voit et de ce que l’on entend ces dernières semaines, beaucoup de sympathisants mais aussi de militants centristes sont en droit d’avoir quelques craintes.
Ces derniers avaient déjà assisté, étonnés, du côté du Mouvement démocrate, au retour à droite de François Bayrou, au moins le temps de se faire élire maire de Pau.
Non pas que les négociations que mènent Jean-Christophe Lagarde pour une alliance avec les Républicains soient critiquables en soi, bien au contraire.
Les partis centristes, MoDem et UDI, sont évidemment bien loin d’être majoritaires et même hégémoniques, ils doivent donc s’allier à d’autres formations politiques et, malheureusement, avoir plutôt la portion congrue au profit de plus fort qu’eux.
Et il semble que dans ce domaine, Lagarde ne soit pas un mauvais négociateur et qu’il sache, en outre, manier le bâton et la carotte, comme le montre son «ultimatum» aux Républicains, menaçant Nicolas Sarkozy – son maître en la matière – de ne pas faire d’accord pour les régionales et d’y aller seul avec ses listes UDI.
Que ce soit du bluff ou non, de l’apparence ou non et même un ballet bien réglé pour noyer un poisson qui sera un nouvel accord d’un parti de complément avec un grand parti, voire une stratégie suicidaire, l’avenir nous le dira et peu importe pour notre propos ici.
Ni même de se demander si sa volonté d’avoir un candidat UDI à la présidentielle n’est pas qu’un simple moyen de négociation supplémentaire.
Car, le fond de l’affaire est de savoir si la politique se résume à des négociations et des alliances?
Pendant toutes les négociations avec Nicolas Sarkozy, quand est-ce que Jean-Christophe Lagarde a mis en avant les idées et les valeurs centristes, quand est-ce que l’on a discuté d’un programme, que ce soit au niveau national ou au niveau régional?
Pire, il semble bien que les lignes rouges que Jean-Christophe Lagarde ne voulait pas franchir (en s’alliant avec le droitiste radical Laurent Wauquiez ou en faisant liste commune en Ile-de-France, par exemple) au nom, justement, de la différence politique entre le Centre et la Droite, le seront allègrement si le président de l’UDI obtient les trois têtes de listes qu’il demande au président des Républicains qui lui imposera en retour un accord national.
Il suffit de lire, pour cela, sa dernière interview dans le JDD.
In fine, la question est de savoir si le président de l’UDI n’est-il pas un bon négociateur mais un mauvais leader?
On voit bien que ce n’est pas au nom des idées qu’il demande des élus mais simplement de celui d’un rapport de force qui lui permet de jouer sur les failles de la stratégie des Républicains et de sa bataille essentielle pour la prééminence à droite face au Front national.
Parce que depuis son élection à la présidence de l’UDI, à part dans quelques interventions au début de son mandat, on cherche en vain ses discours et ses interviews où il développe largement un projet ou un programme centristes.
A contrario, on l’a même vu jeter aux orties les idées et les valeurs de son camp – à l’opposé de nombre de ses amis de l’UDI – juste pour s’opposer au gouvernement de gauche et faire des appels du pied à ses partenaires de droite.
Ceci n’étonne guère ceux qui connaissent Jean-Christophe Lagarde dont la spécialité est bien la conquête du pouvoir par tous les moyens.
Le Parti communiste l’a appris à ses dépends en Seine-Saint-Denis et ses adversaires de l’UDI (Hervé Morin, Jean-Christophe Fromantin, Maurice Leroy, Yves Jégo et Chantal Jouanno pendant un temps), également.
Ce n’est sans doute pas pour rien que l’UMP (avant de devenir Les Républicains) de Seine-Saint-Denis l’avait baptisé le Sarkozy du 9-3…
Mais tout cela ne bâtit pas un parti responsable qui se bat, avant tout, pour ses convictions.
Surtout pas un candidat à l’élection présidentielle, rêve que caresse toujours Jean-Christophe Lagarde.
Alors oui, il pourra sans doute obtenir du rab aux élections puis au gouvernement mais cela ne fera pas progresser d’un iota les idées et les valeurs centristes.
Certains applaudiront le tour de force, d’autres ont le droit de penser que la politique, c’est autre chose.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC



dimanche 7 juin 2015

Actualités du Centre. Grèce – Le leader du parti centriste demande plus de réformes et de privatisations

Dans une interview au quotidien Le Monde, le président du parti centriste grec To Potami, Stavros Theodorakis, se montre très critique avec la politique suivie par le gouvernement du premier ministre d’extrême-gauche, Alexis Tsipras (Syriza).
Il rappelle que son parti a refusé d’entrer dans un gouvernement d’union nationale du fait de l’absence dans le programme de Syriza de réformes nécessaires comme celle des privatisations ainsi que par la présence de trop nombreux éléments d’extrême-gauche.
Extraits.
Quel bilan faites-vous des premiers mois du gouvernement d’Alexis Tsipras?
Je voudrais être optimiste, mais je ne peux pas. Je ne crois pas que le gouvernement grec soit prêt à faire des réformes. Ils sont pro-européens en Europe, mais populistes en Grèce. Syriza appartient à cet ancien système politique où les partis croient qu’ils peuvent s’en sortir avec des promesses. Alexis Tsipras s’inscrit dans cette tradition qui est un drame pour notre pays.
Que reprochez-vous au gouvernement?
(…) Nous lui avons demandé, en vain, de donner la priorité à un projet de loi pour mettre fin aux rapports triangulaires entre les partis, les banques et les chaînes de télévision. Cela n’avance pas car les politiques gardent un moyen de pression sur les médias en les menaçant d’une intervention des banques pour qu’elles cessent de leur prêter de l’argent. (…) De même, nous avions demandé à ce que la loi prévoie un plafonnement qui permette aux personnes et aux entreprises d’échelonner le paiement de leurs arriérés d’impôts. Ils ne l’ont pas fait.
Vous ne regrettez donc pas de ne pas participer à ce gouvernement?
Alexis Tsipras nous avait demandé de participer à un gouvernement qui aurait rassemblé de l’extrême droite à l’extrême gauche. Je lui ai répondu que le pays avait besoin d’un gouvernement progressiste, plus large et plus ouvert, qui rassemble au-delà des partis. La plupart des ministres sont des cadres de Syriza qui ne font rien et qui passent leur temps à la télévision à expliquer ce que devraient faire les ministres français ou allemands.
A quelles conditions y participeriez-vous?

S’il forme un gouvernement plus ouvert, nous sommes prêts à l’aider et à lui suggérer des noms de personnalités pro-européennes et réformistes. (…) Mais il faut que ce soit une petite équipe efficace. Pour nous, les trois grandes réformes sont la justice, l’éducation et les privatisations. (…)


samedi 6 juin 2015

Actualités du Centre. Présidentielle 2017: 54% des Français contre une candidature Bayrou

Après François Hollande où 77% des Français ne veulent pas qu’il se représente en 2017, après Nicolas Sarkozy dont le pourcentage est de 72%, François Bayrou réuni, lui aussi, une majorité de Français (54%) qui ne veulent pas le voir comme candidat lors de la prochaine présidentielle (tous ces sondages ayant été réalisés par Odoxa pour les quotidiens Le Parisien et Aujourdhui en France).
Bien sûr, le président du Mouvement démocrate obtient de meilleurs scores que Hollande (72% contre, 21% pour) et Sarkozy (72% conte 26% pour) avec 43% des Français qui souhaitent sa candidature mais l’analyse des résultats montrent que les sympathisants de gauche sont majoritairement pour sa candidature (52%) – tout comme, bien sûr, les sympathisants du Centre à 61% (mais seuls 41% des sympathisants de l’UDI le sont) – alors que les sympathisants de droite largement contre (78%).
On comprend l’intérêt pour les sympathisants de gauche de voir Bayrou défier le candidat de la Droite (Juppé, Le Maire ou Sarkozy, voire Fillon) et la crainte pour ceux de droite de faire un score qui élimine ce même candidat dès le premier tour.
Pour autant, cela montre, encore une fois, la difficulté du positionnement politique de François Bayrou – et de la perception qu’en ont les Français –  qui affirme qu’il est dans l’opposition de droite et du Centre tout en continuant à avoir de bons sondages du côté de la Gauche et des scores mauvais de la part des sympathisants de droite.
On notera également que François Bayrou ne fait pas l’unanimité dans l’espace centriste puisque 39% des sympathisants du Centre interrogés ne souhaitent pas sa candidature en 2017.
En outre, ces trois sondages semblent bien montrer que les Français ne sont pas très chauds pour un remake quasi-identique de l’élection de 2012 où, rappelons-le, les personnalités précitées étaient déjà candidates avec une quatrième qui le sera sans doute également dans deux ans, Marine Le Pen.


vendredi 5 juin 2015

Actualités du Centre. Lagarde et Bayrou plaident pour la proportionnelle

Lors de récents interviews, les leaders centristes, Jean-Christophe Lagarde pour l’UDI et François Bayrou pour le Mouvement démocrate, se sont prononcés à nouveau pour l’établissement d’un scrutin proportionnel «aménagé» afin que les élections reflètent mieux la diversité politique du pays et ce même si cela profiterait également au Front national.
Jean-Christophe Lagarde souhaite généraliser ce mode de scrutin et ne veut pas que ce ne soit uniquement l’instillation d’une petite «dose» de proportionnelle.
En outre, le président de l’UDI a déclaré: «Nous avons toujours été favorables au scrutin proportionnel, y compris avec une prime majoritaire. (…) A l'Assemblée nationale, nous avons besoin du même système: des élections à la proportionnelle sur les 13 régions avec une prime majoritaire, ce qui arrêtera d'écarter de l'assemblée pratiquement 40 à 50% des Français».
François Bayrou, lui, souhaite «un principe proportionnel».
Car, selon le président du MoDem, rien ne peut «justifier» le scrutin majoritaire à deux tours qui a comme conséquence «qu’un grand courant comportant plusieurs millions de Français soit interdit de représentation. A l’élection présidentielle de 2007, j’ai fait près de 20%. A celle de 2012, Marine Le Pen a fait à peu près le même score. A la sortie, pour les deux, deux députés sur près de 600. Est-ce raisonnable? Est-ce compréhensible? Non. La proportionnelle a deux avantages majeurs: elle permet des majorités d’idées et elle sert de garde-fou contre les dérives extrémistes».
Jean-Christophe Lagarde estime même que l’absence de proportionnelle qui empêche le Front national d’être présent à l’Assemblée nationale est un «cadeau à l’extrême-droite» car cela lui permet d’«éructer sur des plateaux de télévision des positions démagogiques» sans «se prononcer par des votes point par point sur les difficultés de la société».
La dernière fois que la proportionnelle a été utilisée pour les élections législatives remonte à 1986 où François Mitterrand l’avait fait adopter afin d’éviter une trop lourde défaite face à la Droite, ce qui avait provoqué l’élection de 35 députés du FN.


jeudi 4 juin 2015

Une Semaine en Centrisme. Bayrou: de l’utilité d’être détesté par Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy n’aime pas François Bayrou qui le lui rend bien.
Que les propos de l’ancien président de la république rapportés par des tiers et publiés dans la presse (Bayrou et la maladie de Jean-Louis Borloo puis Bayrou et le sida dans le Parisien, Bayrou, «le bègue» qu’il faut «crever» dans le Canard Enchaîné, entre autres) soient vrais ou faux, importe peu.
Leur inimitié est réelle et, d’ailleurs, aucun d’entre eux ne la conteste.
Certains la datent de l’élection présidentielle de 2012 où, au deuxième tour, François Bayrou a voté pour l’adversaire de Nicolas Sarkozy, François Hollande.
Il est sûr que cet épisode ne les a guère rapprochés mais leurs mauvaises relations sont nettement plus anciennes et étaient sur la place publique durant tout le mandat de président de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2012.
N’oublions pas qu’en 2007, François Bayrou n’avait pas appelé, déjà, à voter pour Nicolas Sarkozy.
Quoi qu’il en soit, on ne voit pas aujourd’hui comment les deux hommes pourraient se réconcilier.
D’ailleurs, ils ne semblent pas en avoir envie.
Surtout, ils n’en ont pas intérêt!
En marquant son hostilité à François Bayrou, Nicolas Sarkozy joue aussi un jeu politique qui lui permet de bien s’ancrer à droite tout en «acceptant» les centristes de l’UDI qui eux-mêmes se définissent comme de centre-droit, donc «acceptables» dans la stratégie sarkozyste.
De son coté, François Bayrou, qu’il l’ait souhaitée ou non, bénéficie de cette hostilité pour raffermir sa stature d’homme politique national et, peut-être, de concurrent de Nicolas Sarkozy lors de la présidentielle de 2017.
- Elle lui donne une plus-value politique centrale car la détestation (comme je l’ai écrit) permet d’exister, de montrer que l’on a une personnalité mais aussi de rassembler son camp autour de soi.
- Elle lui permet d’affirmer qu’il est dans l’opposition avec la droite tout en marquant sa différence, c’est-à-dire d’être aussi ailleurs, au centre du Centre et de ne pas se couper d’une partie de son électorat qui n’a pas toujours bien compris son positionnement ces trois dernières années ainsi que de pouvoir, s’il le faut, séduire les électeurs de la gauche modérée en 2017.
- Elle lui permet de jouer la victime d’une haine qui justifie a posteriori ses attaques contre Nicolas Sarkozy qu’il a multipliées dans les médias mais aussi dans ses livres.
- Elle lui permet aussi de s’en amuser, de trouver qu’être «l’obsession» de Sarkozy est «rigolo», donc de ramener ce dernier à celui qui est le responsable de cet état de fait de par son caractère, de par ses travers, surtout de sa personnalité profonde, donc de ridiculiser l’agresseur tout en prenant de la hauteur.
- Elle lui permet enfin de se montrer droit dans ses bottes en dramatisant les propos de Nicolas Sarkozy quand cela l’arrange en déclarant, par exemple, suite à l’article du Canard Enchaîné, «Je n’ai jamais eu peur de Nicolas Sarkozy».
Dès lors, si François Bayrou est le grand bénéficiaire de ces rapports conflictuels, en tout cas s’il en tire plus d’avantages que Nicolas Sarkozy, pourquoi ce dernier ne joue pas plutôt la carte du mépris face à celui qu’il considère comme un traître?
On a évoqué son intérêt politique ainsi que sa personnalité.
Il ne faut pas oublier de rajouter, toujours en matière politique, que François Bayrou sera un soutien d’Alain Juppé pour la primaire des Républicains et, éventuellement, pour une candidature «indépendante» du maire de Bordeaux.
Taper sur Bayrou, c’est donc également taper sur Juppé sans entrer – pour l’instant – dans une polémique dure avec ce dernier qui pourrait être beaucoup plus préjudiciable pour son image que de s’en prendre à un centriste.
Du coup, Bayrou devrait continuer à être le punching-ball favori de Sarkozy et… en retirer du profit.
Mais que se passera-t-il si Nicolas Sarkozy est le candidat des Républicains et François Bayrou, celui du MoDem en 2017 et que le premier nommé a besoin des voix du second pour le deuxième tour?
Sans doute que Bayrou aura du mal à appeler à voter Sarkozy, sauf s’il y a Marine Le Pen en face.
Mais ce que Sarkozy sait, c’est qu’il lui sera pratiquement impossible d’appeler à voter pour le candidat de gauche, d’autant plus s’il s’agit de François Hollande.
Donc, in fine, l’essentiel sera que la grosse majorité des voix qui se sera portée sur le président du Mouvement démocrate ira au président des Républicains, mécaniquement, puisque Bayrou est dans l’opposition au pouvoir socialiste.
Voilà pourquoi les hostilités entre les deux hommes ne sont pas prêtes de se terminer et pourquoi cela ne les gêne pas le moins du monde, bien au contraire.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC