jeudi 26 avril 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Une opposition entre deux centristes?

L’élection présidentielle américaine du 6 novembre prochain opposera-t-elle deux centristes? L’un, Mitt Romney, le républicain, serait un centriste conservateur adepte d’une société méritocratique et d’opportunités. L’autre, Barack Obama, le démocrate et président sortant, serait un centriste progressiste adepte d’une société méritocratique et de promotion sociale.
Est-ce bien le cas?
Oui et non.
Oui, si l’on considère que les parcours politiques des deux hommes. Ils ont été des modérés à la recherche du consensus.
Dans l’Etat très libéral du Massachussetts, Mitt Romney en fut un gouverneur tout aussi libéral, tant pour ce qui est de la contraception ou que pour la mise en place d’une assurance santé qui, d’ailleurs, fut le modèle de celle que Barack Obama fit voter au Congrès en 2009.
Depuis son entrée en politique, Barack Obama s’est toujours positionné au centre de l’échiquier politique, recherchant constamment des solutions bipartisanes ou postpartisanes.
Non, si l’on considère les dernières prises de position de Mitt Romney, celles qu’il a prises pendant la campagne des primaires républicaines.
A cette occasion et devant un parterre de militants exaltés et extrémistes, il a rivalisé de déclarations dures et clivantes avec ses rivaux les plus à droite comme Rick Santorum, Newt Gingrich, Herman Cain, Ron Paul ou Rick Perry.
Quant à Barack Obama, plusieurs commentateurs ont estimé qu’il avait radicalisé son discours cette dernière année pour plaire à la frange la plus à gauche du Parti démocrate en vue des élections qui se profilent.
C’est vrai que l’on peut trouver des déclarations du président américain un peu plus à gauche que d’habitude. Mais, sur le fond, il est demeuré bien campé au centre au grand dam de certains de ses partisans...
Reste que nous avons affaire à deux hommes aux vraies sensibilités centristes.
D’où d’ailleurs la difficulté qu’ils vont avoir à se critiquer l’un, l’autre quand leurs visions sur ce qu’il faut faire se rejoindront largement sur de nombreux problèmes qui se posent aujourd’hui à l’Amérique comme le chômage, les déficits publics et l’éducation.
D’autant que la campagne, elle, se déroulera bien au centre.
On voit mal comment, en effet, les démocrates de gauche et les républicains de droite pourraient faire défection au candidat de leur parti même s’ils ne partagent pas, loin de là, toutes leurs positions. Ils pourront évidemment tenter d’infléchir le discours de leurs hérauts mais leurs chances de les radicaliser est minime (plus important néanmoins du côté républicain).
En ces temps d’importants clivages idéologiques entre les deux grandes formations, on peut penser que la mobilisation de chaque camp sera forte, au-delà des ressentiments même idéologiques.
Ce sont donc les 15% d’électeurs du Centre qui n’ont pas encore fait leur choix définitifs et qui se considèrent comme des «independents» (mais ne représentent qu’une frange de ceux-ci) qui seront les faiseurs de roi.
D’où une pêche aux voix au centre d’Obama et de Romney.
On sait que l’économie sera au cœur de la campagne. Si elle va bien ou de mieux en mieux, le président sortant en reprendra pour quatre ans à la Maison blanche. Dans le cas contraire, Mitt Romney pourrait lui chiper la place.
Malgré tout, d’autres considérations pourraient être importantes. Comme, par exemple, le manque de sympathie des Américains pour Romney et son manque d’empathie pour ces mêmes Américains.
Ainsi, le candidat républicain ne semble intéressé que par une personne et une seule chose: lui et son destin présidentiel…
Bien sûr, pour être candidat à l’élection présidentielle américaine, il faut avoir une certaine dose d’égocentrisme. Mais pour Romney, cela se voit comme le nez au milieu de la figure! Ce qui gène nombre de ses compatriotes.
Parmi les autres paramètres qui pourraient jouer un rôle dans cette élection, il aura la présence ou non d’un troisième candidat.
On sait que des organisations comme Americans Elect 2012 essayent de mettre en place une candidature «centriste» qui pourrait siphonner les voix démocrates et républicaines.
Pour l’instant, rien n’est encore fait de ce côté-là.
En outre, on oublie trop souvent que l’élection présidentielle américaine, ce ne sont pas que deux candidats, ou même trois parfois, mais plusieurs. Bien sûr, à part les deux principaux (et éventuellement le troisième larron), ils n’ont aucune chance d’accéder à la magistrature suprême.
En revanche, ils peuvent empêcher un des candidats principaux de gagner. Comme ce fut le cas, par exemple, de Ralph Nader, en 2000, qui prit assez de voix à Al Gore pour que George W Bush soit élu.
Alexandre Vatimbella

L’Editorial du CREC. Non, messieurs de la Droite, les valeurs du Centre ne sont pas solubles dans celles de l’extrême-droite!

Voilà qu’un certain nombre de responsables de l’UMP (mais aussi du Nouveau centre!) viennent nous expliquer qu’il y a un arc de valeurs communes entre le Centre et l’extrême-droite.
C’est un mensonge.
Non, messieurs de la Droite, les valeurs du Centre ne sont pas solubles dans celles de l’extrême-droite.
Alors que le Centre se base sur l’humanisme et cherche le consensus, l’extrême-droite se base sur la haine de l’autre, le clivage et l’exclusion.
Alors que le Centre prône une intégration européenne, l’extrême-droite prône un nationalisme étroit et une sortie de l’Europe.
Alors que le Centre est un juste équilibre, l’extrême-droite est un radicalisme sans nuance.
Alors que le Centre demande la responsabilité individuelle, l’extrême-droite parle de communautés en les opposant les unes aux autres.
Alors que le Centre est tolérant, l’extrême-droite a fait de l’intolérance son fonds de commerce.
Alors que le Centre se bat pour une société solidaire, l’extrême-droite refuse la solidarité sauf pour les «bons» Français.
Alors que le Centre se réclame de l’héritage démocrate chrétien, l’extrême-droite instrumentalise les valeurs chrétiennes.
Alors que le Centre veut une économie libérale et sociale, l’extrême-droite veut une économie autarcique et corporatiste.
Alors que le Centre place le respect de l’autre, de tous les autres, au cœur de sa vision politique, l’extrême-droite sélectionne qui a doit ou non à son respect.
Non, vraiment, messieurs de la Droite, les valeurs du Centre ne sont pas solubles dans celles de l’extrême-droite.
Et elles ne le seront jamais.
Et on ne peut considérer qu’être contre le chômage, contre l’insécurité ou contre l’abandon de tous ceux qui ont besoin d’être aidés sont des valeurs de droite, de gauche ou du Centre. Ce sont les valeurs de la démocratie.
Que les centristes qui ont osé faire des parallèles entre les valeurs du Centre et de l’extrême-droite – ils devraient avoir honte - se reprennent rapidement. Ou qu’ils prennent leur carte au FN.
La clarté politique, en démocratie, c’est aussi un respect de l’électeur.

L’Equipe du CREC

L’Humeur du Centriste. La lettre de François Bayrou aux deux finalistes a-t-elle une utilité?!

Quand on lit la lettre que François Bayrou a adressé à Nicolas Sarkozy et à François Hollande, on lit un résumé de son programme.
On voit mal, donc, Nicolas Sarkozy ou François Hollande s’aligner sur des propositions qui ne sont pas les leurs et dont le candidat qui les portait a été massivement rejeté par les Français.
Du coup, on se demande à quoi elle sert exactement…
D’autant que François Bayrou se retrouve dans une situation impossible.
Pour espérer pouvoir devenir le leader d’un Centre recomposé, il doit appeler à voter Sarkozy (tous les autres leaders des partis centristes et des mouvances centristes l’ont fait, d’Hervé Morin à Jean-Louis Borloo en passant par Pierre Méhaignerie, Jean-Marie Bockel ou Jean Arthuis).
Mais, au vu de ce qu’il dit de la proximité de Nicolas Sarkozy avec les thèses du Front national et de l’inimitié entre les deux hommes, cela semble très difficile.
Dès lors, il pourrait appeler à voter Hollande comme le presse de le faire un certain nombre de ses amis du Mouvement démocrate qui ont déjà franchi ce pas, ce qui n’est guère étonnant puisque ce parti s’est bâti en 2007 en accueillant nombre de militants plutôt à gauche et écolos.
Mais, au vu de ce qu’il a dit du programme de François Hollande et de son irresponsabilité en matière économique et de finances publiques, cela semble très difficile.
Reste le vote blanc dont François Bayrou a rappelé fort à propos avant le premier tour qu’il considérait qu’il était un acte politique (souhaitant qu’il soit reconnu comme tel et non mis dans une catégorie à part avec les votes nuls).
Mais cela serait en contradiction totale avec toutes ses déclarations selon lesquelles il prendrait partie pour un des deux finalistes de la présidentielle.
La lettre sera peut-être le moyen de s’en sortir en déclarant qu’il aurait bien aimé choisir mais que personne ne veut de son programme.
La ficelle sera un peu grosse d’autant qu’avec 9% des voix au premier tour, il ne peut la jouer gros bras.
Et puis, l’appel de François Bayrou aura-t-il un quelconque intérêt?
Beaucoup de ses lieutenants ont déjà pris partie pour François Hollande quand beaucoup de ses soutiens du premier tour ont choisi Nicolas Sarkozy (et quelques autres le vote blanc ou l’abstention).
Quand on écoute et quand on lit ce qu’en disent les militants du Mouvement démocrate, on voit également que la plupart n’attendent pas la voix du chef pour se décider.
Il suffit de se connecter sur le site du candidat du MoDem pour voir ce qu’ils en disent.
Sans doute, le message qui résume le mieux leur état d’esprit est celui envoyé par Yves des Yvelines: «Merci à FB et aux cadres du Modem d'éviter de donner des consignes de vote. Ils ne sont pas propriétaires de nos voix et chacun, en fonction de son système de valeurs, sait fort bien décider tout seul».
C’est ça aussi le Mouvement démocrate, un agrégat de militants aux visions politiques fort différentes et parfois fort opposées.
Et François Bayrou est en train de récolter ce qu’il a semé…

Le Centriste