jeudi 27 août 2020

Regards Centristes. 22 – Pourquoi et comment le Centrisme est devenu la pensée de la démocratie républicaine libérale du XXI° siècle

Regards Centristes est une série d’études du CREC qui se penchent sur une question politique, économique, sociale ou sociétale sous le prisme d’une vision centriste. Vingt-deuxième numéro consacré au Centrisme qui, au XXI° siècle, est devenu la pensée centrale de la démocratie républicaine libérale face aux idéologies de gauche et de droite qui, après s’être ouvertes et ralliées à celle-ci, sont en train de se recroqueviller sur leurs fondamentaux du XIX° siècle avec la renaissance d’une critique frontale des valeurs démocratiques et libérales, voire, pour certains républicaines et face aux extrémismes et aux populismes de tous bords et de toutes sortes.

Il est certain que la volonté d‘unir et de réunir, de trouver des consensus, des compromis, des terrains d’entente et de convergence, de trouver un juste milieu, une médiété, un juste équilibre ainsi que de permettre à l’individu d’être le plus libre possible dans une société où il doit agir avec responsabilité et respect, volonté contenue depuis plus de deux cents ans dans l’ADN de ceux qui se trouvent au centre et se revendiquent du Centre et centristes va tout à fait dans le sens de ce que sont les fondamentaux de la démocratie républicaine libérale, le système politique en cours (ou, tout au moins, revendiqué) dans nombre de pays que l’on appelle communément des démocraties en ce XXI° siècle.

Néanmoins, l’évolution du Centrisme, sa modernisation au cours de dernières décennies basées sur ses valeurs humanistes et sur le principe du juste équilibre alors même que, depuis le début de ce nouveau millénaire, Droite et Gauche ont été peu à peu rattrapée et se retrouvent dorénavant phagocytées plus ou moins fortement par leurs extrêmes – qui se sont teintés, en plus de leur intolérance, de couleurs populistes et démagogiques – mais aussi se trouvent toujours et encore enfermés dans leurs vieux réflexes clientélistes et d’intolérances idéologiques, font que le Centre est désormais le lieu principal où se retrouvent le noyau dur des défenseurs de cette démocratie républicaine libérale autour d’un axe central plus ou moins uni et qui attire vers ce cœur démocratique et républicain tous ceux qui, à gauche et à droite, partagent la défense et la promotion de la démocratie républicaine.

Il suffit de regarder ce qui s’est passé en France en 2017 où l’élection d’Emmanuel Macron a consacré l’existence de cet axe central qui, réunit autour du Centre en tant que noyau central, va des libéraux de droite aux sociaux-libéraux et réformistes de gauche.

A contrario, l’élection du populiste démagogue Donald Trump aux Etats-Unis a montré, à l’instar d’autres élections dans des pays démocratiques (Grèce, Hongrie, Pologne, Italie, Japon, etc.) que la remise en cause de la démocratie républicaine libérale était le plus souvent à la base même des projets politiques de la Droite et de la Gauche.

La défense de cette démocratie républicaine libérale par le Centre, le Centrisme et donc les centristes vient en ligne directe des bases de la pensée centriste et des courants idéologiques qui ont constitué sont corpus en France, en l’occurrence le libéralisme, la démocratie chrétienne, le radicalisme.

Toutes ces philosophies politiques ont en commun de s’être ralliées au projet démocratique et de le soutenir avec leurs spécificités propres mais sans aucune faiblesse.

 

Si, aujourd’hui, les idéologies de droite et de gauche sont essentiellement des clientélismes et s’il est vrai qu’elles l’ont toujours été (elles ont toujours promu un ordre qui défend les intérêts de leurs assises électorales et non l’intérêt de tous les citoyens), il est vrai également que le phénomène a pris un tour plus critique ces dernières années où une politique consumériste a pris le pas sur une politique civique.

Désormais, on ne défend plus, à travers ses opinions, des valeurs et des intérêts personnels et collectifs (dans cet ordre) mais des intérêts et des revendications essentiellement, voire exclusivement, personnels où le «moi d’abord» est le slogan principal.

Dès lors, les partis de droite et de gauche ne représentent plus que des coalitions consuméristes où la volonté d’un consensus entre l’ensemble du corps social est pratiquement absente.

Seuls chez les centristes existe dorénavant cette volonté de réunir les intérêts individuels dans un vaste rassemblement où chacun peut y trouver son compte par le biais du juste équilibre qui est le fondement même d’un régime démocratique et républicain.

 

 

La chasse aux centristes va de pair avec celle de la démocratie

(Une Semaine en Centrisme publiée le 26 juillet 2018)

Il suffit de lire un journal, de regarder la télévision ou de consulter internet pour s’apercevoir que, partout, dans le monde, on fait, à la fois, la chasse à la démocratie libérale et aux centristes. Ce n’est pas un hasard, ni une coïncidence. A l’époque du populisme démagogique de plus en plus triomphant et du retour des vieilles idéologies clientélistes et intolérantes de gauche et de droite avec, lancées en avant-garde, leurs extrémismes, la critique, voire la répugnance, vis-à-vis de la démocratie libérale va de pair avec l’hostilité, voire la haine, des centristes. Car ceux-ci sont devenus, de fait, les principaux et derniers défenseurs de cette démocratie républicaine issue des doctrines libérales qui ont façonné l’univers politique des pays occidentaux, notamment, depuis l’indépendance des Etats-Unis et la Révolution française, depuis Jefferson et Sieyès.

C’est autour de ces mêmes centristes que se sont constitués dans certains pays, comme la France, un axe central plus ou moins structuré, plus ou moins coalisé (allant des libéraux de droite aux réformistes de gauche en passant par les libéraux sociaux du Centre) qui est le dernier rempart contre les régimes autocratiques, autoritaires voire dictatoriaux et l’installation au pouvoir des populistes dans les démocraties alors même qu’ils l’occupent déjà des Etats-Unis à la Grèce, de la Pologne à la Hongrie, de l’Italie aux Philippines.

Alors que les échéances électorales approchent aux Etats-Unis, il y a un déferlement de libelles et de déclarations contre le Centre et les centristes avec cette idée, du côté de la droite avec Donald Trump, que ce sont de dangereux activistes qui prônent des valeurs humanistes qu’ils vomissent et, du côté de la gauche avec Bernie Sanders et Elizabeth Warren, que le moment est venu pour réveiller les guerres idéologiques afin d’imposer le socialisme version étasunienne et de se débarrasser définitivement des Clinton (Bill et Hillary) et du legs d’Obama. En France, l’«affaire Benalla» a, de nouveau, rappelé que les clientélismes de gauche et de droite ainsi que la presse d’opinion, sans oublier nos intellectuels médiatiques, n’ont toujours pas accepté la victoire du Centre en 2017 et qu’ils souhaitent ardemment qu’elle ne soit qu’une parenthèse à refermer au plus tôt en s’emparant de tout ce qui pourrait permettre de se débarrasser d’Emmanuel Macron, de son gouvernement et de sa majorité, des ragots les plus puants aux faits divers les plus anodins. Et l’on voit fleurir dans certains quotidiens des articles sur la destitution d’un président de la république pendant que nombre de politiciens jouent de l’emphase au risque d’emporter la démocratie avec leurs bons (mauvais) mots.

Tout ceci rejoint la chasse acharnée contre l’Américain George Soros faite par le pouvoir hongrois et son chef, Viktor Orban, tout simplement parce que celui-ci, à travers le financement d’organisations et d’universités, défend, en tant que centriste, les valeurs libérales et humanistes de la démocratie républicaine dans son pays natal. En Russie, le pouvoir de Poutine laisse en paix le Parti communiste mais s’attaque systématiquement, parfois jusqu’à l’assassinat, à des personnalités politiques centristes qui défendent au prix de leur vie la démocratie libérale. En Italie, cette «concordance des luttes» des extrêmes contre les centristes est allée jusqu’au bout avec l’ubuesque alliance gouvernementale entre les populistes d’extrême-droite (la Ligue), ceux de droite (avec Silvio Berlusconi) et ceux de gauche (avec le Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo), celle-ci n’ayant qu’un seul point commun, la détestation du Centre et de ses valeurs. En Grande Bretagne, l’alliance objective à propos du Brexit, entre l’extrême-gauche du Parti travailliste (et son leader, Jeremy Corbin) avec l’extrême-droite du Parti conservateur (avec Boris Johnson) ainsi qu’avec ce qu’il reste l’Ukip (et de son triste sire, Nigel Farage), s’est faite contre les centristes et une de leurs plus grandes réalisations, l’Union européenne.

 

 

L’ennemi, c’est le Centre!

(Editorial d’Alexandre Vatimbella du 12 mars 2019)

Le Centre est très souvent victime d’attaques récurrentes et de caricatures de sa pensée.

Il l’est d’autant plus, rappelons-le encore et encore, qu’il a des contempteurs et des ennemis, à la fois, à sa droite et à sa gauche, et que ceux-ci, dans une drôle d’alliance improbable, se rejoignent plus souvent qu’on ne le croit, dans des attaques identiques.

Mais les offensives à son encontre ont particulièrement fortes ces derniers mois (plus largement depuis la victoire d’Emmanuel Macron à l’Elysée), pas seulement en France mais un peu partout en Europe et dans le monde (en particulier aux Etats-Unis où dès la campagne présidentielle de 2016, un duo composé du socialiste Bernie Sanders et du populiste de droite radicale Donald Trump avait attaqué sans relâche la centriste Hillary Clinton).

Cerise sur le gâteau, cette tribune publiée voici quelques mois dans le New York Times (une faute inexplicable du quotidien «de référence») dans laquelle un idéologue proche de la gauche radicale affirmait avec des statistiques tronquées et des analyses sans aucune preuve sérieuse (dénoncées par nombre de vrais politistes) que les centristes étaient plus opposés à la démocratie que les extrêmes de droite et de gauche!

Un texte qui fut repris en France par tous les adversaires du Centre qui le transformèrent en «étude scientifique»…

Si, dans la discussion politique, les arguments partisans et idéologiques sont tout à fait recevables pour susciter des débats et des controverses que les élections trancheront, de même qu’est tout à fait légitime la critique de l’action politique (gouvernementale, nationale, locale, etc.), cette hargne qui se déchaîne et les procès d’intention ne sont guère digne d’une conversation démocratique et républicaine.

Les hostilités, en France, ont été ouvertes par les extrêmes (France insoumise et Front national devenu Rassemblement national) ainsi que nombre de populistes.

Les médias ont également pris leur part dans celles-ci, rejoints très vite par les clientélismes de gauche et de droite ainsi que par une cohorte d’intellectuels médiatiques à la haine centriste qui n’a d’équivalente que leur totale inculture et méconnaissance du Centre et du Centrisme.

Avec leur systématisme dans l’attaque et la caricature, elles n’ont eu, très vite également, plus rien à voir avec un débat démocratique que l’on est en droit d’attendre et de revendiquer dans une démocratie républicaine.

Le mouvement de foule des gilets jaunes a, de même, libéré la parole au-delà de toute décence vis-à-vis des forces politique centrales où l’on a entendu des propos d’une violence et d’une vulgarité honteuses à l’égard de personnalités centristes.

Surtout cela s’est greffé la parole de pseudo-spécialistes du Centre et du Centrisme dont les fadaises en sont restées aux dénigrements primaires d’un Maurice Duverger (professeur de droit public et de sciences politiques idéologiquement très marqués à gauche, très à la mode dans la deuxième partie du XX° siècle et qui déniait au Centre une réelle existence) et d’un François Mitterrand.

De plus, dans une sorte de paresse intellectuelle, ces «experts» ne vont pas chercher plus loin que le bout de leur nez, c'est-à-dire la parole de certains politiciens qui se prétendent centristes sans en avoir même le début du début d’une idée ou d’un positionnement qui en serait la preuve mais aussi des schémas d’un autre temps qu’ils dégurgitent de manière mécanique.

C’est le cas, par exemple, de tous les employés des instituts de sondage qui ont désormais remplacé la plupart des politistes et des politologues sur les plateaux de télévision, les studios de radio et les colonnes de la presse écrite pour nous expliquer la politique alors que leur expertise s’arrête à nous délivrer les enquêtes d’opinion le plus clairement possible…

Dans une sorte d’emballement peu compréhensible, ils sortent tous les poncifs et les idées reçues sur un Centre qui n’aurait comme caractéristique que d’être peuplé d’opportunistes aux desseins les plus minables quand ils en ont!

Tout cela est autant risible que pathétique même s’il est réjouissant de les voir parler d’un Centre et d’un Centrisme à qui ils déniaient voici peu toute réelle existence.

On peut également se réjouir de cette course à l’échalote où le premier prix sera décerné à celui qui aura été le plus critique envers les centristes, en se disant que l’on attaque avec cette virulence et cette caricature que ce qui met à mal toutes les certitudes idéologiques de ces clientélismes qui montrent, tous les jours, leur incapacité à produire une pensée progressiste dont le monde a besoin et que seul le Centrisme semble capable d’incarner.

 

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

 

Dans la même collection:

- De l’axe central, de son présent et son avenir
- Présidentielle: où sont les Obama et Trump français?

- Le libéralisme n’est pas monolithique mais son point d’équilibre est au centre

- Le Centre dans le monde: mêmes mots pour des réalités différentes

- Centrisme, civilisation, terrorisme et guerre

- Centrisme et écologie: l’humanisme centriste au défi de la protection de l’environnement

- «Extrême-centre» et «centrisme révolutionnaire», fâcheux oxymores

- Le Centrisme, l’égalité et la justice

- La mondialisation humaniste du Centrisme

- A la recherche de la proportionnelle juste et efficace

- Pour le Centrisme, personnalisme et individualisme sont complémentaires

- Centrisme, macronisme, progrès et progressisme

- Le «macronisme» est un centrisme

- Pour le Centrisme, l’humanisme intégral doit régir les règles de bioéthique

- Centrisme et immigration: pragmatisme entre principes humanistes et principe de réalité

- Centrisme, peuple, populace, populisme

- Pour le Centrisme, c’est la démocratie et la république

-
Pour le Centrisme, la sécurité est au cœur d’une société libre

- Pour le Centrisme, la seule légitimité de l’intelligence artificielle est le bien-être des individus

- Centrisme, respect et droits de l’enfant