vendredi 10 février 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Barack Obama en tête dans les sondages, se met au financement PAC de sa campagne alors que Clint Eastwood est accusé de traîtrise par les républicains…

Il y a cinq ans aujourd’hui, à Springfield, devant l’ancien Congrès de l’Illinois, là où Abraham Lincoln avait fait de même, un homme annonçait sa candidature à la présidence des Etats-Unis. Son nom: Barack Obama. Il était un quasi-inconnu du grand public (sénateur malgré tout), noir dans un Parti démocrate où il ne devait y avoir aucune surprise quant au nom de la future candidate du parti à la Maison blanche, Hillary Clinton.
Cinq ans après cette déclaration, Barack Obama a fêté, récemment, ses trois ans en tant que président des Etats-Unis. C’est évidemment une saga historique qui a déjà été racontée un nombre incalculable de fois et qui le sera, un jour, par les historiens une fois qu’elle sera réellement terminée.
Mais, pour l’instant, Obama est en course pour la prochaine présidentielle. Il est actuellement le favori pour la remporter et s’installer de nouveau quatre ans à la Maison blanche.

Car le voici à nouveau en train de creuser l’écart dans les sondages face aux prétendants républicains, même face à Mitt Romney (51% contre 45%), celui qui semble être le favori pour être son adversaire le 8 novembre prochain.
Il faut dire que la situation économique (et, surtout, l’emploi) est en train de s’améliorer alors que les républicains se battent comme des chiffonniers et n’ont, pour l’instant aucun programme alors qu’Obama a un bilan.
Ce dernier apparaît beaucoup plus présentable que ne pensent le grand public, c’est-à-dire qu’il a encore de la marge pour démontrer que son action a eu un impact important sur le cours de l’histoire américaine.
Du sauvetage de l’industrie automobile qui est redevenue la numéro un dans le monde à l’élimination de l’ennemi public numéro de l’Occident, Oussama Ben Laden, en passant par le sauvetage des banques indispensable pour éviter que l’économie ne s’effondre (même si la population en veut beaucoup aux banquiers et avec raison), le départ des troupes US d’Irak comme promis, le vote d’une assurance santé pour la grande majorité des Américains et quelques autres mesures notables.
Bien sûr, rien n’est joué mais Barack Obama a repris la main, ce qui était essentiel s’il voulait pouvoir avoir une chance de contrer la guérilla des républicains avec succès, ceux-ci n’ayant qu’une obsession, faire perdre le président actuel.
Si l’économie connait une nouvelle crise, par exemple, la position d’Obama redeviendra extrêmement délicate, notamment si un candidat républicain crédible est face de lui.

Celui-ci aura à sa disposition des dizaines de millions de dollars pour réussir à déloger Obama de Washington. Merci à la décision très controversée de la Cour suprême dans l’affaire US citizens d’avoir autorisé des individus et des groupes (notamment des entreprises) à défendre leurs intérêts dans la campagne électorale en supportant «indirectement» un candidat dans une structure où ils peuvent dépenser sans aucun plafond et sans devoir donner leurs noms.
Cette structure, baptisée «super PAC» («super political action comittee» c’est-à-dire super comité d’action politique), montre actuellement toute sa redoutable capacité de donner une publicité immense aux candidats dans la primaire républicaine.
Du coup, Barack Obama qui avait critiqué vertement cette décision vient de décider de laisser un «super PAC» l’aider dans sa campagne et d’autres aider les sénateurs et les représentants démocrates dans les leurs. Une volte-face qui n’a pas fait que des heureux dans les rangs démocrates et dans les médias mais qui est une décision pragmatique et de nécessité tant qu’une nouvelle législation n’aura pas été adoptée.
On verra donc, cette année, une campagne électorale certainement à plus d’un milliard de dollars. Une inflation totalement indécente quand on se rappelle les difficultés dans lesquelles se trouvent de nombreux Américains.

Clint Eastwood est-il devenu un affreux agent de propagande pour les démocrates et plus particulièrement pour Barack Obama? C’est la question très sérieuse que se sont posés les dirigeants républicains après la diffusion d’une longue publicité pour Chrysler à la mi-temps du Superbowl réalisée par l’acteur-réalisateur et dans laquelle il joue, vantant le sauvetage de l’industrie automobile américaine dont Barack Obama est le responsable et, surtout, disant qu’on n’était qu’à la moitié du chemin et qu’il restait encore du travail à faire.
Tout cela semblait faire la promotion de Barack Obama et demander qu’il soit réélu en novembre prochain. Or Clint Eastwood n’a jamais voté démocrate de sa vie, même pas pour Obama en 2008 puisqu’il avait glissé un bulletin John McCain dans l’urne. C’est un républicain pur et dur.
Il a d’ailleurs déclaré sur la chaîne ultraconservatrice Fox News qu'il n'était pas ami avec le président et qu'il ne le soutenait pas, ajoutant qu’il «n'y a pas d’intention cachée. Là-dessus, j'en suis certain»

Alexandre Vatimbella

2012 -Carnet de campagne centriste – De Bayrou le rouge anti-Sarkozy à Bayrou le bleu anti-Hollande / Hervé Morin devrait jeter l’éponge

Les sondages ne sont toujours pas bons pour François Bayrou… mais pour Nicolas Sarkozy non plus (en attendant l’annonce officielle de sa candidature la semaine prochaine et peut-être un rebond dans l’opinion). Du coup, comme nous l’avons déjà dit ici, François Bayrou a choisi de se positionner comme le meilleur adversaire de François Hollande qui continue, lui, de caracoler en tête de ces mêmes sondages. Pour cela, il a un besoin urgent des voix des déçus du sarkozisme, de ces électeurs de droite et du centre-droit.
C’est une opération délicate qui doit jouer sur un très fort rejet du président de la république car François Bayrou n’apparaît pas, pour les électeurs de droite, comme l’alternative naturelle à leur champion. Ne s’est-il pas ingénié, pendant cinq ans, à critiquer extrêmement durement Nicolas Sarkozy? N’a-t-il pas fait les yeux doux au Parti socialiste avec qui il voulait même créer un parlement de l’opposition?
De plus, pour rendre cette opération de transvasement possible, ce serait bien que des transfuges de la Droite rejoignent ses rangs ou que des personnalités de tous bords appellent à voter pour lui.
Pour l’instant, très concrètement, il ne les a pas. Tous ceux qui ont quitté le président de la république sont des seconds, voire des troisièmes ou quatrièmes, couteaux qui ne peuvent provoquer un mouvement dans l’opinion. Et les ralliements espérés de Jean-Christophe Lagarde, voire de Jean-Louis Borloo, n’ont pas eu lieu.
Reste qu’il s’agit de la seule stratégie qui peut renverser le cours des choses. Tout simplement parce que Nicolas Sarkozy possède encore dix points d’avance dans les enquêtes d’opinion, ce qui est beaucoup, et que les propositions de François Bayrou, que ce soit en matière de gouvernance, en matière économique ou en matière d’éducation n’ont pas remporté le succès qu’il espérait.
Ainsi, dans les sondages, il est très loin en termes de crédibilité pour gouverner. Et si les retournements d’opinion sont toujours possible, il serait étonnant qu’il puisse inverser cette image-là.
Il fait donc des appels du pied à cet électorat et à des personnalités de la droite modérée, au premier rang desquels les centristes de l’UMP (ceux du Nouveau centre ayant décliné l’offre tout en l’appelant à les rejoindre pour les législatives!).
Une de ses dernières déclarations dans ce sens a été faite après la publication de l’information selon laquelle Nicolas Sarkozy proposerait un référendum sur les indemnisations des chômeurs et sur leur obligation de prendre le premier travail qu’on leur propose. «Ce qui apparaît aujourd’hui, a-t-il dit très durement, c’est que la droite républicaine et modérée ne peut plus soutenir plus longtemps une telle démarche politique qui ferait courir les plus grands risques de division au pays. Ce que propose Nicolas Sarkozy est indigne de ce que devrait être un homme d’Etat. Il contredit, en tout cas, tout ce que le gaullisme et la droite sociale ont été!».
Ces propos, cités par Le Figaro viennent après les déclarations sur le rapport de la Cour des comptes qu’il a jugé «accablant pour la France» (oubliant toutefois que le rôle de l’institution n’est pas de faire la politique économique du pays mais de pointer des dépenses qui, après coup, n’ont pas donné les résultats escomptés ou la mauvaise gestion des deniers publics, voire des détournements de fonds). Il ne s’agit donc pas de la part des sages de la rue Cambon d’un appel à l’austérité et à la rigueur économique mais la dénonciation de comptes publics délabrés qui n’excluent pas qu’il faille des mesures de relance pour remettre le pays sur les bons rails et non une cure drastique avec forte augmentation des impôts qui est le programme du candidat du MoDem.
Dans sa critique des nouvelles propositions de Nicolas Sarkozy, il a été rejoint par Philippe Douste-Blazy qui, continuant son retournement de veste à vitesse V, se demande maintenant «comment un centriste peut voter Sarkozy» après de telles déclarations.
Enfin, et ce n’est peut-être pas le moindre des problèmes qu’il va devoir affronter, en se positionnant à la droite, certes modérée, de l’échiquier politique, il ne va pas que faire des heureux au Mouvement démocrate qui compte de nombreux militants de gauche et de centre-gauche, ce qui pose, en outre, la question des futures alliances politiques et électorales du parti.
Mais, comme on le dit souvent, François Bayrou n’est intéressé que par l’élection présidentielle. C’est une obsession et elle lui a fait perdre, en 2007, ses trente députés et tout pouvoir de peser sur la politique française pendant cinq ans. Bis repetita?!

A noter, par ailleurs, qu’Hervé Morin devrait se retirer de la course à la présidentielle dans quelques jours. C’est, en tout cas, ce que l’on entend un peu partout. Il y a des évidences à ce que cela se passe ainsi. Le président du Nouveau centre ne parvient même plus à avoir des intentions de vote quantifiables par les instituts de sondage. Il ne propose rien qui permette de faire le buzz dans les médias. Il est définitivement vu – par ceux qui savent qu’il se présente et ils ne sont pas nombreux – comme un petit candidat n’ayant aucune légitimité ou pertinence à se trouver là.
Reste à savoir si cela sonne le glas de sa carrière politique ou s’il sera repêché par sa famille politique sachant que les haines se sont accumulées au Nouveau centre et qu’il n’a guère d’autres points de chute ayant écrit un livre d’une critique extrême envers Nicolas Sarkozy et étant toujours fâché avec François Bayrou. Mais la politique a ses mystères que les honnêtes citoyens ne comprennent pas toujours…
Peut-être sera-t-il capable de faire valoir son courage auprès de l’opinion publique. C’est ce qui lui reste pour l’instant mais ce n’est pas rien en politique…

Alexandre Vatimbella