jeudi 22 avril 2010

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Pourquoi le Centre n’est pas la Droite


Pourquoi le Centre n’est pas la Droite? Voilà une question qui, de prime abord, semble assez incongrue. Et la réponse semble simple. C’est parce que le Centre est au centre et que la Droite est à droite. Oui, mais pourquoi alors le Centre s’allie-t-il plus souvent avec la Droite depuis le début de la V° République? Oui, mais pourquoi alors l’UMP a-t-il été fondé par des gens de droite et des centristes? On pourrait rétorquer que s’il y a des centristes de centre-droit, il y a aussi des centristes de centre-gauche et que les Radicaux de gauche ou que la mouvance représentée actuellement par le parti la Gauche moderne sont là pour le prouver sans oublier le virage à gauche du Mouvement démocrate. Mais ce ne serait pas intellectuellement honnête. Car si le centre-droit penche à droite et si le centre-gauche penche à gauche, sauf rares exceptions, il reste ce Centre qui n’est ni de gauche, ni de droite, ce Centre-centre si l’on veut. Et celui-ci, encore une fois, choisit le plus souvent de s’allier avec la Droite lors des échéances électorales puis dans des coalitions gouvernementales (même si des centristes ont rejoint François Mitterrand après sa réélection en 1988 dans le gouvernement de Michel Rocard).

La réponse est qu’il ne s’agit pas d’une relation d’amour mais d’une relation de raison et de «moins lointaine proximité». Actuellement, force est de constater que les fondamentaux de la Droite sont plus proches de ceux du Centre que les fondamentaux de la Gauche. Rappelons, pour bien faire comprendre notre propos, que le Centre est un libéralisme social. Ce qui signifie qu’il place l’accomplissement de l’individu dans le statut de personne qui est constitué d’abord de sa liberté (d’être, d’agir, de créer) puis de sa reconnaissance sociale qui lui permet de bénéficier des bienfaits de la communauté dans un lien social constitué du respect, de la tolérance et de la solidarité.

Le Centrisme est un libéralisme social, à la fois, parce qu’il met la personne humaine au-dessus de tout dans une vision humaniste intégrale, mais aussi parce qu’en tant que pensée pragmatique et fonctionnant dans la réalité, il sait que la liberté, en particulier la liberté d’entreprise, est ce qui permet de créer de la richesse et que l’on peut ne la partagée qu’une fois qu’on l’a produite et non l’inverse comme tente de le faire croire la Gauche.

Dans ce cadre, le Centre partage avec la Droite cette mise en avant de la liberté, de cette priorité à la liberté (mais il lui ajoute, lui, la responsabilité) comme étant l’absolue nécessité et l’indispensable antériorité. Mais cette proximité n’est en aucun cas une similitude. Car la Droite a une vision autoritaire et conservatrice de la société alors que le Centre met en avant la responsabilité et le réformisme progressiste. Pour la Droite, la liberté n’est avant tout qu’un moyen d’assurer aux plus capables de se distinguer des autres et de récolter les fruits de leurs talents particuliers. Mais elle n’hésité pas à prendre des mesures liberticides dès qu’elle estime que l’ordre social pourrait être menacé. Pour le Centre, la liberté dans la responsabilité est avant tout la première qualité de la condition humaine et, ensuite, le moyen de créer de la richesse en permettant aux plus capables de se distinguer des autres et de récolter les fruits de leurs talents particuliers. Et le Centre estime que les mesures liberticides sont le dernier moyen, une fois tous les autres utilisés, afin de garantir la sécurité de la population.

Dès lors, on comprend facilement l’énorme différence qui existe entre le Centre et la Droite. Mais on comprend aussi qu’il y a une plus grande différence entre le Centre et la Gauche qui souhaite brider l’initiative individuelle au nom d’une vision prégnante de la solidarité. Mais ce plus grand éloignement de la Gauche n’est pas une donnée définitive. Ainsi, si, par exemple, la Droite pactisait avec l’extrême-droite, le Centre se trouverait plus proche d’une Gauche qui serait sans lien avec l’extrême-gauche. Ce fut parfois le cas sous la III° et la IV° République en France. C’est le cas actuellement aux Etats-Unis où les centristes se trouvent plus nombreux au Parti démocrate, qui s’est recentré ses dernières années, qu’au Parti républicain, qui a fait dans le même temps alliance de plus en plus avec l’extrême-droite.

Mais avant de parler de proximité du Centre avec la Droite ou la Gauche, l’important n’est-il pas de noter que le Centre demeure le Centre, cette localisation politique de l’équilibre, du consensus et du libéralisme social et que ce sont plutôt la Droite et la Gauche qui fluctuent en se déplaçant de l’extrême au centre au gré de leurs visions clientélistes. Voilà pourquoi le Centre n’est pas la Droite…