samedi 25 avril 2020

Propos centristes. France – Spécial guerre contre le coronavirus: Union européenne; décrochage scolaire; confinement; tourisme, restauration & hôtellerie; Renault & Air France; masques…

Voici une sélection, ce 25 avril 2020, des derniers propos tenus par des centristes dans les médias ou sur les réseaux sociaux en France à propos de l’épidémie de coronavirus et de ses conséquences.

● Emmanuel Macron (Président de la République)
- Ce virus est un choc exceptionnel pour nos sociétés, pour nos pays, il implique donc une réponse exceptionnelle.
- L'Europe est à un moment de vérité. Souveraineté et solidarité sont les deux axes nécessaires de notre réponse commune. Nous devons encore avancer pour un budget européen à la hauteur de cette crise inédite. (…) Il nous faut une réponse solidaire, organisée et forte.
- Le marché unique profite à certains États ou régions qui sont les plus productifs parce qu'elles produisent des biens qu'elles peuvent vendre à d'autres régions. Si on abandonne ces régions, si on laisse tomber une partie de l'Europe, c'est toute l'Europe qui tombera.
- Un consensus est en train de se forger pour renforcer l'autonomie stratégie européenne c'est à dire notre capacité à réduire notre dépendance à l'égard du reste du monde.
- Il y a un consensus sur la nécessité d’une réponse rapide et forte. C’est une avancée, personne ne conteste qu’on a un besoin de réponse entre 5 et 10 points de notre PIB. Il y a des désaccords qui demeurent sur les mécanismes. Il nous faudra une capacité commune d’endettement pour financer cette réponse.
- Des plans d'urgence ont été mis en œuvre dès le début avec la mobilisation de sommes massives. C'est vrai de la plupart des pays européens. Néanmoins ces réponses sont asymétriques. Cette asymétrie va continuer à s'aggraver, si nous ne la corrigerons pas, et pourrait mettre à l'épreuve la cohésion de la zone euro et l'unité du marché unique. Il nous faut donc être très vigilant à la solidité, l'unité de l'UE.
- Les pays qui bloquent, ce sont toujours ceux qu'on connaît, les frugaux: l'Allemagne, les Pays-Bas dont la psychologie profonde et les contraintes politiques justifient des positions très dures. Est ce qu'ils accepteront? Nous sommes dans la discussion.
- Restaurateurs, hôteliers, acteurs du tourisme et des loisirs, vous faites partie de notre quotidien, de la vie de la Nation, de cet art d’être Français. Nous mettons tout en œuvre pour vous soutenir en cette période difficile. Nous ne vous lâcherons pas.

● Gouvernement
[Nota: dans ce gouvernement, certains membres ne sont pas centristes; nous retranscrivons cependant leurs propos en rapport avec leur fonction parce qu’ils font partie selon nos critères d’une équipe qui suit une politique globalement centriste]

Edouard Philippe (Premier ministre)
Après les régions, discussion productive avec les départements. Insertion, handicap, grand âge, protection de l’enfance : les départements sont en première ligne dans ces domaines. Nous avons échangé sur la situation sanitaire et la préparation du déconfinement.

Christophe Castaner (ministre de l’Intérieur)
Les règles du confinement doivent être respectées partout et par tous : nos forces de l’ordre y veillent sur l’ensemble du territoire avec la même rigueur et le même professionnalisme. Rien ne saurait obérer leur action et leur engagement.

Bruno Le Maire (ministre de l’Economie et des Finances)
- Nous travaillons sur un prêt garanti par l’État d’environ 5 milliards € pour Renault. Ce qui est en jeu, c’est notre industrie automobile et le million d’emplois dans nos territoires. Renault est un fleuron industriel qui appartient à notre culture, à notre histoire.
- Nous allons apporter un soutien historique à Air France : 7 milliards € de prêts pour sauver notre compagnie nationale et les 350 000 emplois directs et indirects qui vont avec.
- Les prêts à Air France ne sont pas un chèque en blanc, nous avons fixé des conditions: le groupe devra à nouveau être compétitif et surtout devenir la compagnie aérienne la plus respectueuse de l’environnement de la planète.
- Ils assurent nos besoins alimentaires, nous dépannent, nous rendent service, nous font plaisir, nous émerveillent. Plus que jamais en cette période de crise, j’invite les Français à soutenir nos artisans.
- Afin de tenir compte de la situation spécifique des professionnels des hôtels, cafés et restaurants, du tourisme et du loisir, les mesures de soutien du plan d’urgence économique vont être renforcées pour ces secteurs à la demande du Président de la République.
- Sur le plan fiscal, le paiement de la cotisation foncière des entreprises (CFE) au titre de l’année 2020 fera l’objet d’un report. Le gouvernement autorisera les collectivités territoriales à exonérer la taxe de séjour pour sa partie forfaitaire.
- Les loyers et les redevances d’occupation du domaine public dus aux bailleurs nationaux pour les TPE et PME des secteurs du tourisme, des hôtels, cafés et restaurants, de l’événementiel, de la culture et du sport seront annulés pour la période de fermeture administrative.
- Les prêts garantis par l’État fonctionnent et bénéficient d’abord aux très petites entreprises de moins de 10 salariés. 90 % des bénéficiaires sont des TPE, le plus souvent des commerces, des restaurants et des hôtels.

Elisabeth Borne (ministre de la Transition écologique et solidaire)
- Que faire de vos déchets encombrants dans la période de confinement? Si la déchetterie à proximité est ouverte, informez-vous sur les conditions d’accès (rdv) et allez-y muni d’une attestation de déplacement. Si elle est fermée, stockez vos encombrants jusqu’à réouverture.
- Cher-e-s député-e-s, Nous sommes très vigilants sur les conditions de vie des animaux dans les cirques pendant la période de #confinement: 19 millions € pour les soins et l’alimentation, vigilance sur les situations qui mériteraient un placement. Concernant l’éléphante Baby, un contrôle inopiné a été réalisé lundi pour vérifier ses conditions d’accueil. Les services vétérinaires du ministère ont constaté que ces conditions respectaient les besoins de Baby. J’ai demandé qu’une vigilance renforcée soit maintenue.

Jean-Michel Blanquer (ministre de l’Education)
- Nous avons besoin d’un réaccrochage à l’école, c’est indiscutable. Il se joue sous nos yeux une catastrophe éducative mondiale, qui est le décrochage de millions d’élèves de l’école à l’échelle du monde, [et] dont les conséquences peuvent être graves à court, moyen et long terme .
- Dialoguer pour décider. En visioconférence avec les maires des grandes villes de France sur les enjeux du déconfinement scolaire: protocole sanitaire, accueil des élèves, cadre pédagogique et éducatif. Confiance dans notre capacité collective au service de l’intérêt général.
- C'est la première fois dans notre histoire qu'on doit régler un problème de ce type: le retour des élèves à l'école en contexte de virus (...) Nous y arriverons.
- L’instruction est obligatoire, c’est comme cela que l’on a aujourd’hui de l’instruction à domicile pour certains élèves, par exemple lorsqu’ils sont malades et qu’ils suivent leur scolarité via le CNED. Ce qu’a dit le président est parfaitement compatible avec la scolarité obligatoire. Notre but c’est que 100 % des élèves soient reliés à leurs écoles, leurs collèges et leurs lycées. Certains seront présents physiquement, d’autres le seront à distance.

Olivier Véran (ministre de la Solidarité et de la Santé)
- Le respect du confinement a permis de sauver des dizaines de milliers de vies. Et d’éviter la contamination de dizaines de milliers de Français.
- Tous les internes, en médecine comme en chirurgie, ont participé, en ville comme à l'hôpital, à la lutte contre l'épidémie et à la protection des Français. Il a toujours été et il reste évident que tous les internes percevront la prime soignants.

Didier Guillaume (ministre de l’Agriculture)
Le 1er Mai, à l'occasion de la Fête du Travail, on offre traditionnellement du muguet à ses proches comme « porte-bonheur ». Malgré le confinement, il sera possible de perpétuer cette tradition, mais dans des conditions strictes.

Gérald Darmanin (ministre de l'Action et des Comptes publics)
- Les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et plus généralement du tourisme sont les plus durement touchés par la crise actuelle. Conformément au souhait du Président de la République, nous adaptons les mesures de soutien du plan d’urgence économique à leurs spécificités .
- Toutes les petites et moyennes entreprises des secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme seront exonérées de cotisations sociales de mars à juin. C’est une mesure sans précédent décidée par Emmanuel Macron pour aider les entreprises qui en ont le plus besoin. Nous tenons également compte de la situation spécifique des grandes entreprises de ces secteurs ne bénéficiant pas de l’exonération. Ils pourront obtenir des étalements longs des charges reportées et solliciter, au cas par cas, des annulations.

Muriel Pénicaud (ministre du Travail)
- Quatorzième réunion avec les partenaires sociaux depuis le début de la crise. La reprise d'activité ne pourra se faire qu'à la condition d'un dialogue social nourri et exigeant. Je salue l'engagement de tous au bénéfice des salariés et de leur protection.
- À la réunion du G20 Travail-Emploi, j’ai appelé au nom de la France à une réponse concrète & coordonnée des ministres Travail, Finances & Santé pour mettre en place une protection sociale pour tous, et assurer les droits sociaux dans les chaînes de valeur mondiales.

Julien Denormandie (ministre de la Ville et du Logement)
- Ma priorité du moment, c'est la gestion du présent, à commencer par le fait de faire vivre les logements et les bâtiments. Je salue à ce titre tous les acteurs qui se mobilisent sur ce front. Nous avons énormément d'échanges avec de nombreuses fédérations professionnelles (ascensoristes, propreté, eau et électricité, entreprises de construction…) pour assurer la maintenance des bâtiments. Nous faisons hebdomadairement le point avec le mouvement HLM à ce sujet. Je salue également l'ensemble des professionnels, entreprises, notaires, agences immobilières, qui se mobilisent pour permettre la reprise d'un certain nombre de chantiers avec comme premier mot d'ordre la sécurité de l'ensemble des personnes y travaillant. Un travail a été mené avec mes collègues Élisabeth Borne, Muriel Pénicaud et Bruno le Maire pour mettre en place un guide avec les préconisations sanitaires validées par le ministère de la santé et effectuer des ajustements juridiques permettant, dans la mesure du possible, une reprise des chantiers dans un cadre sanitaire adéquat. Pour autant, nous sommes déjà en train de travailler au contenu d'un plan de relance. Beaucoup d'échanges ont lieu avec l'ensemble des acteurs, une équipe est dédiée à ce sujet autour de moi. Nous nous y préparons avec beaucoup de précision et de volonté, sur les sujets de construction, mais aussi de rénovation et de réhabilitation. Cela fait trois ans que je tache d'être autant un ministre de la construction neuve que de la rénovation. La période de confinement a fait d'autant plus ressortir ce sujet : ce n'est pas la même expérience d'être confiné dans un logement adéquat que dans un logement insalubre…
- Tout d'abord, le confinement met en avant un certain nombre de transitions déjà amorcées. La période montre que nous avons bien fait d'édifier un ministère qui s'occupe autant de rénovation que de neuf, et cela nous engage à aller dans ce sens avec encore plus de force. En matière écologique d'abord avec le lancement de MaPrimeRenov. En ce qui concerne la rénovation énergétique, je rappelle que l'Anah a effectué deux fois plus de rénovations en 2019 que l'année précédente : c'est colossal. En matière de lutte contre l'habitat indigne, les marchands de sommeil et l'accompagnement des personnes qui subissent ces situations, nous avons effectué un travail remarquable avec l'Anil, un organisme qui est toujours prêt à relever les défis, même difficiles. Au-delà de ces transitions, nous aurons des interrogations à titre individuel sur l'usage de notre logement. Un grand nombre de nos concitoyens ont très certainement découvert la possibilité du télétravail. Le lieu du cadre familial peut devenir, un temps, le lieu du cadre professionnel. Cela entraînera forcément des réflexions sur les usages de notre logement, auxquels nous n'aurions pas forcément pensé. Cela nous interroge aussi sur nos modes de vie : si je peux télétravailler, je peux faire évoluer mon mode de vie, me tourner vers d'autres endroits géographiques. Cette crise pose enfin une question d'aménagement du territoire. Cela renforce certaines de mes convictions, comme la lutte contre la vacance des logements, sujet sur lequel nous avons lancé un plan quelques semaines avant le confinement. Je pense également à la question de la revitalisation des centres-villes, et à ce titre j'invite les acteurs à se saisir du dispositif Denormandie dans l'ancien, dont les derniers décrets de simplification ont été récemment publiés. Car, si vous avez un centre-ville avec des logements vacants, pas de réhabilitation de l'ancien, et seulement des constructions neuves à l'alentour de la ville, difficile de revitaliser le cœur de ville. Or, c'est une priorité aujourd'hui. Pensons à ceux qui vivent le confinement dans un centre-ville dégradé, d'où les commerces ont disparu.

Roxana Maracineanu (ministre des Sports)
Nous réunissons les représentants économiques de tous les secteurs du sport pour accompagner les clubs, associations, entreprises, fédérations, éducateurs, ligues et entreprises du sport durement impactés par la crise.

Amélie de Montchalin (secrétaire d’Etat aux Affaires européennes)
- Nous avons réussi à convaincre nos partenaires [européens] que la souveraineté n’était pas une lubie française, dans un monde où la Chine et les États-Unis ne se privent pas d’imposer leurs normes.
- Nos économies [européennes] sont extrêmement interdépendantes, personne ne peut se relever seul.

Cédric O (secrétaire d’Etat chargé du numérique)
L’application StopCovid, dont l’usage est basé sur le volontariat et l’anonymat, serait un outil indispensable contre la diffusion du virus, affirme un collectif de scientifiques et professionnels de santé.

Jean-Baptiste Lemoyne (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)
Le Président de la République a érigé le tourisme en priorité nationale : Renforcer l’accompagnement du secteur c’est protéger l’art de vivre à la française! D’ici le CIT du 14 mai, nous allons travailler avec les professionnels et les territoires à un plan de relance.

Agnès Pannier-Runacher (secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances)
- Nous mettons en place une filière industrielle du masque pour permettre d'équiper les Français. Plusieurs modes de distribution ont été identifiés. De premières expérimentations seront faites à partir du 4 mai.
- Grâce à la mobilisation de nos industriels et pour répondre aux besoins, la production de gels et solutions hydro-alcooliques est passée de moins de 50.000 litres par jour avant crise à plus de 550.000 litres par jour en avril.
- Réouverture des commerces de tissus et de matériels de couture : il est important, en vue du déconfinement, de donner les moyens à chaque Français qui le souhaite de confectionner des masques, en complément des masques grand public produits par notre industrie textile.
- Quelques chiffres clés à date : plus de 10 millions de masques en tissu produits la semaine dernière; l’approvisionnement, par la production française et les importations, va s’accroître rapidement pour dépasser 25 millions de masques lavables par semaine dès la fin avril.

Laurent Nunez (secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur)
Il y aura un cadrage national pour le déconfinement et, comme l'a rappelé Emmanuel Macron, nous ferons confiance à l'intelligence des territoires en nous adaptant aux spécificités locales, et en nous appuyant sur le couple préfet-élus locaux, notamment les maires.

● LaREM
[Nota: dans ce parti, les propos de ses membres qui ne sont pas centristes et se considèrent de droite ou de gauche ne sont pas retranscrits]

Stanislas Guerini (délégué général)
- Adapter le déconfinement aux territoires, cela veut dire faire confiance aux élus locaux. L’État fixera la doctrine, mais elle devra être adaptée en fonction des réalités locales.
- Il faut penser aux personnes qui ont été fragilisées par le confinement : les enfants éloignés de l’école, les familles qui ont des difficultés pour se nourrir, nos ainés que l’isolement tue... C’est aussi pour eux qu’il est nécessaire d’enclencher le déconfinement.

Aurore Bergé (porte-parole)
Aucun artiste, aucun technicien du spectacle qui bénéficie du régime d'intermittence ne perdra ses droits du fait de la crise. Tout est sur la table.

●MoDem
François Bayrou (président)
- [Organisation des municipales] Je le confirme, c'est-à-dire que le Président de la République très seul à partir du jeudi matin, et jusqu'à une heure avancée dans l'après-midi et presque dans la soirée de jeudi, avait la certitude, la conviction que, étant donné le développement de l'épidémie, il n'y avait qu'une solution, c'était de repousser le premier tour des élections. (…) Le Président de la République avait l'idée qu'une décision aussi lourde que renvoyer le premier tour d'une élection essentielle, comme celle des conseils municipaux, cela ne pouvait se faire qu'avec un accord large quasi unanime des grands courants politiques du pays. Comme je plaidais avec lui pour que l'on repousse cette élection, il a défendu au contraire la position qu'une décision de cet ordre exigeait un consensus, c'était son mot, des forces démocratiques du pays. Il se trouve que la plupart de ces forces, et l'opposition en particulier, a non seulement plaidé, mais utilisé les mots les plus importants - je ne fais pas de polémique ici, je vous en dirai un mot après - en parlant même de coup d'État, cela a été mentionné dans votre reportage, avec l'affirmation d'un responsable des plus importants qu'il saisirait l'opinion publique en expliquant que c'était antidémocratique, que l'on faisait un « coup » pour empêcher que la volonté des Français ne s'exprime. Et le Président de la République m'a dit: «Le consensus nécessaire n'est pas là.» C'est la première raison et, la deuxième raison, c'est qu'il a posé la question au Comité scientifique et que ce dernier a dit à peu près exactement ce qui a été répété dans le reportage, c'est-à-dire qu'un simple vote ne constituait pas un risque, que si les précautions étaient prises, alors, on pouvait tenir le scrutin. Pour moi, c'était une mauvaise décision, mais cela a été pris en ce sens et les responsables de l'opposition, je comprends qu'ils s'expriment, en tout cas tous les courants, sont allés sur les plateaux pour dire que, si c'était repoussé, ce serait anormal et choquant.
- Ce que je crois, c'est que la France est en train de changer de modèle. L'administration, la centralisation française, c'est la carte d'identité de la France que tout remonte au pouvoir central et que les décisions les plus importantes ne sont pas prises sur le terrain, mais retombent depuis le pouvoir central. C'est le fonctionnement de l'administration, c'est le fonctionnement du monde politique et je pense que c'est une des raisons des difficultés que la France rencontre. Quand on comparera en face de cette épidémie la situation qui a été créée en Allemagne et la situation française, mais aussi d'autres situations, je pense par exemple à la Grèce, je me dis qu'il y a une réflexion à conduire sur ce sujet et, comme on a un parlement et que le parlement aime les commissions d'enquête, je trouve qu’il serait intéressant que le parlement, toutes tendances confondues, se saisisse de cette différence de résultat obtenu face à une épidémie et qu'il se demande pourquoi. Toutes les décisions, vous évoquez l'ouverture des écoles, je suis absolument persuadé que les bonnes décisions pour l'ouverture des écoles doivent être différentes selon le lieu, le terrain où l'on se trouve.
- On ne peut pas avoir les mêmes réponses dans des régions qui ont été très fortement touchées par cette épidémie, je pense au Grand-Est, je pense à l'Île-de-France ou à certains départements de l'Île-de-France et dans des régions qui ont été à l'abri. On ne peut pas avoir, vous le disiez, les mêmes réactions exactement entre la grande ville et les grandes écoles de la grande ville et une école de campagne où il y a deux classes. Quand vous avez deux classes ou une seule classe, vous ne pouvez pas entrer par niveau et ceci ne peut se décider que sur le terrain entre les maires et les directeurs d'école, l'administration bien sûr, mais les directeurs d'école. Ce sont eux qui sont au contact des enfants, au contact des parents d'élèves. Là, on peut avoir des décisions qui seront adaptées. C'est ce qui va se passer concrètement. Hier, une jeune femme m'a appelé et m'a dit : « Écoutez, j'ai un enfant qui est en grande section et un enfant qui est en petite section de maternelle or je travaille lundi, comment je vais faire ? » Je suis persuadé qu'en parlant avec les directeurs d'école, ils diront : « Il se trouve que, peut-être, il y a des enfants qui ne viendront pas le premier jour, on peut, Madame, prendre le plus petit » et, ainsi, on trouve des décisions qui sont des décisions de bon sens de la vie de tous les jours et qui n'ont pas besoin de répondre aux circuits administratifs et centralisés. Il faut laisser de la liberté aux acteurs de terrain, laisser de la liberté à ceux qui assument les tâches que la République leur demande de faire, laisser de la liberté simplement pour que les décisions soient enracinées au lieu d'être toujours tombées du ciel.


L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Sans Europe, point de salut, mais quelle Europe?

Avant la crise de covid19, nous savions déjà que les pays de l’Union européenne ne pouvaient envisager un avenir prometteur qu’ensemble dans un monde où ses concurrents et ses ennemis de l’extérieur comme de l’intérieur sont constamment à l’affût pour la détruire.
C’est encore plus vrai alors qu’à la crise d’identité et de volonté que nous vivions au niveau européen, s’est surajoutée une crise sanitaire, économique, sociale et sociétale qui menace les fondements même de nos acquis, de notre progrès et, in fine, de notre modèle démocratique et même de notre civilisation.

Bien entendu, le continent européen ne va pas disparaître et nous n’allons pas basculer demain dans le chaos total.

Cependant, il se pourrait bien qu’une forte instabilité sociale gagne rapidement l’UE ainsi que le chacun pour soi encore plus prégnant parce que le terreau était déjà présent avant l’épidémie et que celle-ci n’a fait qu’empirer la situation.

Et que l’on ne s’y trompe pas: une absence d’Europe en ce moment crucial sera une absence d’Europe, demain et dans le futur.

D’où une évidence qui ne l’est malheureusement pas pour tout le monde, sans une Europe forte, point de salut.

Mais de quelle Europe avons-nous besoin et est-elle dans l’ordre du possible?

Nous avons d’abord besoin d’une UE qui fonctionne… selon les traités signés et les règles posées!

Parce qu’aujourd’hui, ce n’est plus le cas avec des pays qui refusent la solidarité européenne, qui remettent en cause les politiques communes, voire qui, comme la Hongrie, ne respecte plus la démocratie dont on rappelle au passage qu’elle est l’élément fondamental de la possibilité d’adhérer puis de rester dans l’Union européenne.

Donc, d’abord, remettons l’Europe à sa place, c'est-à-dire à la principale, celle qui permet à tous ses membres d’avoir bénéficié de ses bienfaits depuis sa fondation en faisant croire le contraire à leurs populations respectives...

Mais cela n’est pas et plus suffisant.

Nous savions déjà que la mondialisation débridée et la montée de l’instabilité due au terrorisme, aux régimes autoritaires et totalitaires, au populisme et à l’extrémisme, menaçaient les Européens et qu’une union plus approfondie était nécessaire pour relever ses défis énormes qui se présentent en ce début de troisième millénaire.

Cette crise sanitaire montre que seule cette union renforcée permettra de faire face.

Le problème est que nous y allons à reculons quand ce n’est seulement que du faux-semblant!

On voit bien les pays membres qui s’en sortent mieux dans cette crise qui rechignent à jouer le jeu de l’union quand ceux qui sont les plus menacés demandent une solidarité qu’ils ne jouent pas forcément lorsqu’ils sont en position de force.

Dès lors, il ne peut y voir approfondissement sans un nouveau traité plus intégrateur avec ceux des pays membres qui veulent vraiment construire une vraie Union européenne et non un cartel d’intérêts divergents qui ne trouvent que des compromis bancals quand ils en trouvent.

Et nous devons nous atteler à cette tâche immédiatement, pendant que nous gérons la crise épidémique puis les crises d’après dans les domaines économiques et sociaux.

Une chose est sûre, plus que jamais et sans nul doute, l’Union européenne est à la croisée du chemin.

Ou elle est capable de démontrer sa nécessité et elle peut sortir renforcer puis permettre de nouvelles avancées dans l’intégration, ou elle faillit et elle continuera à se déliter jusqu’à son extinction qui semblera encore plus inévitable qu’auparavant.

Mais une autre chose est sûre, c’est que plus que jamais et sans nul doute les Européens ont un besoin absolu d’union et que leur renoncement sera également un élément primordial de leur déclin qui sera aussi inévitable que le délitement de l’UE.