mercredi 31 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. L’élection dans une semaine… si tout va bien


Mardi 6 novembre se déroulera l’élection présidentielle américaine… si tout va bien.
La tempête Sandy qui a déferlé avec une rare violence sur la côte Est du pays, peut-elle remettre en cause le scrutin dans les Etats touchés, notamment le New Jersey, le plus sinistré?
Ce serait une première tant le respect des dates a été une constante dans l’organisation des élections aux Etats-Unis.
Même pendant les périodes de guerre – que ce soit pendant la Guerre de sécession ou la Deuxième guerre mondiale – tous les rendez-vous électoraux se sont déroulés en temps et en heure.
Pour autant, s’il n’est pas possible de faire voter les Américains qui résident dans des endroits où les routes, les transports et l’électricité ne seront pas rétablis, certains Etats pourraient allonger le délai de l’élection, voire le reporter de quelques jours.
On n’en est pas encore là même si dans certaines zones on ne peut plus voter par anticipation sans que l’on sache très bien qui cela va désavantager puisque les deux camps, républicain et démocrate, affirment qu’ils sont chacun les premiers bénéficiaires de cette possibilité…
Pour l’instant, les commentateurs se demandent si Sandy va changer la donne politique de la présidentielle. Ses conséquences politiques pourraient venir de la gestion de la crise par Obama et des réactions de Romney.
Jusqu’à présent, aucun des deux candidats n’a fait de faux pas mais il est évident que Barack Obama est plus présent dans les médias, notamment à la télévision, en  tant que président des Etats-Unis, donc plus exposé pour le meilleur ou le pire.
Reste que les élus républicains des Etats sinistrés ne peuvent vraiement critiquer son action sans apparaître partisans, ce qui serait mal vu par les populations locales.
Cris Christie, le gouverneur républicain du New Jersey, a d’ailleurs félicité Obama pour sa gestion de la crise, ce qui a étonné de nombreux journalistes alors qu’il expliquait que cela semblait normal de ne pas faire de la politique politicienne quand les vies de vos administrés sont en danger.
De son côté, Mitt Romney, qui avait interrompu sa campagne, l’a reprise ce mercredi en Floride, un Etat disputé par les deux camps. Reste à savoir si les électeurs estimeront que c’était trop tôt ou non pour refaire de la politique «as usual» alors que Barack Obama se déplacera dans le New Jersey (Etat qui votera majoritairement démocrate et donc sans enjeu électoral) pour se rendre compte de l’étendue des dégâts de Sandy en compagnie de Cris Christie...
Alexandre Vatimbella

mardi 30 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Les «likely voters» détiennent-ils la clé de la présidentielle?


Les sondages de la présidentielle américaine de cette année présentent systématiquement deux versions de leurs enquêtes.
D’abord, les préférences des «register voters», les électeurs inscrits (ceux qui peuvent voter): Barack Obama y est toujours en tête.
Ensuite, les préférences des «likely voters», ces électeurs inscrits qui iront effectivement voter (ceux qui veulent voter): Barack Obama et Mitt Romney s’y disputent la première place avec, souvent, un petit avantage au républicain.
C’est la première fois que cette distinction, mise en œuvre pour la première fois dans les années 1950, est autant mise en avant par les instituts de sondage et reprise par les médias.
Est-ce une distinction pertinente?
D’abord, il faut savoir que les instituts de sondage estiment la proportion de «likely voters» et que, comme le rappelle l’institut Gallup, chacun à sa manière de faire…
Le célèbre institut de sondage affirme que l’intention d’aller voter est toujours surestimée par les sondés. Beaucoup de ceux qui déclarent qu’ils voteront ne le font pas. L’institut a donc mis en place sept questions pour déterminer la réalité ou non de ces affirmations.
Scott Keeter, le directeur des études du Pew research center, estime lui, qu’«identifier les ‘likely voters’ est un des aspects les plus difficiles quand on a en charge les sondages électoraux. Plus de sondés que ceux qui mettront un bulletin de vote dans l’urne répondent qu’ils ont l’intention de voter. En conséquence de quoi, la plupart des sondeurs ne se basent pas seulement sur l’intention d’aller voter pour déterminer s’il s’agit d’un ‘likely voters’ ou non. La plupart des sondeurs utilisent une combinaison de questions qui mesurent l’intention d’aller voter, l’intérêt pour la campagne électorale et le comportement passé d’électeur. Les différents sondeurs n’utilisent pas les mêmes questions pour identifier les ‘likely voters’».
Mais, ce qui est intéressant, c’est que Scott Keeter estime que l’utilisation des «likely voters» aux mois de septembre et d’octobre n’est pas forcément pertinente: «au cours des trois dernières élections présidentielles, les études menées par le Pew research center en septembre et en octobre on trouvé peu de différences entre les électeurs inscrits et ceux qui avaient l’intention d’aller voter. A la veille de l’élection, les études ont trouvé une beaucoup plus grande différence. Cette constatation suggère que savoir qui va aller ou non voter devient plus facile au fur et à mesure que le jour de l’élection approche».
Une opinion partagée par l’institut IPSOS qui estime que les électeurs sont mauvais à prédire s’ils voteront ou non et qu’utiliser la catégorie des «likely voters» ne devient pertinent qu’à partir du mois d’octobre et après avoir bien étudié d’autres paramètres comme l’enthousiasme pour l’élection.
Comme l’explique Nate Silver dans le New York Times, les sondages sur les «likely voters» avantagent généralement les candidats républicains, dont Mitt Romney.
Mais si l’utilisation de la distinction entre «register» et «likely» peut être justifiée dans des élections locales ou législatives, elles semblent moins évidentes pour des présidentielles selon lui: «pourquoi les républicains ont cet avantage? Parce que, depuis de nombreuses années, les groupes qui tendent à voter républicain sont aussi ceux qui tendent à avoir les caractéristiques – par exemple, être plus âgé, être blanc et être plus riche – corrélées à une plus grande propension à voter. En même temps, ce n’est probablement pas réaliste de s’attendre à une grande différence dans les pourcentages lors des années d’élections présidentielles. Dans ces années, 83% des Américains qui disent qu’ils sont inscrits affirment qu’ils ont vraiment voté. Ces pourcentages peuvent être un peu trop importants car les électeurs peuvent exagérer leur propension à voter, de même que leur propension à être inscrits. Mais leur nombre réel est probablement autour de 80%. Avec ses taux de participation relativement élevés, les instituts de sondage ne devraient pas supprimer autant d’électeurs inscrits de leurs panels lorsqu’ils confectionnent leurs échantillons de ‘likely voters’, ce qui fait que l’avantage partisan pour l’un ou l’autre des candidats ne sera pas vraiment différent».
Mais si les instituts donnent souvent des estimations assez proches de la réalité des «likely voters», ce n’est pas le cas de ceux qui ont affirmé qu’ils n’iraient pas voter.
Ainsi, les professeurs Rogers et Aida ont fait une étude sur les électeurs déclarant qu’ils n’iraient pas voter. Les deux universitaires ont ainsi mis en lumière que ceux-ci mentaient et, en plus, avec un pourcentage plus élevé que les électeurs déclarant qu’ils iraient voter! Selon leurs résultats, 55% de ceux qui avaient affirmé qu’ils ne se déplaceraient pas pour mettre un bulletin dans l’urne le jour de l’élection sont ainsi allés dans un bureau de vote.
Pour finir, il faut savoir que les équipes de sondeurs des candidats ont leurs propres grilles pour estimer les «likely voters» qui sont beaucoup plus pertinentes que celles des instituts de sondage, car basées sur des données collectées sur le terrain au fil des élections. Et leurs chiffres ne correspondent pas à celles des instituts de sondage grand public…
Alexandre Vatimbella

dimanche 28 octobre 2012

Une Semaine en Centrisme. Centristes: l’UDI en désespoir de cause?


Morcelés, fragmentés et éparpillés en de multiples chapelles depuis cinq ans, les centristes sont toujours désunis malgré les déclarations triomphalistes des dirigeants de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) et les dires des médias.
Cependant, dorénavant, ils ne sont plus dispersés que dans deux églises et deux schismes.
Une partie d’entre eux, qui se présentent comme de centre-droit (Nouveau centre, Force européenne démocrate, Alliance centriste), a décidé de s’unir avec une partie de la droite modérée (Parti radical, Territoires en mouvement, Centre national des indépendants et paysans) dans l’UDI.
Une autre partie, dont la plupart de ses membres se présentent comme au centre du Centre, demeure fidèle au Mouvement démocrate et, surtout, à son chef, François Bayrou.
On trouve toujours des centristes de centre-gauche ralliés pour ne pas disparaître au Parti socialiste (les Radicaux de gauche) et des centristes de centre-droit membres de l’UMP pour éviter d’être marginalisés.
Ce panorama montre que, pour l’instant, on ne peut parler d’un Centre uni.
Peut-être que l’UDI sera capable de faire ce que même l’UDF n’était pas parvenue à réaliser en son temps mais ceci est pour l’instant uniquement hypothétique.
Une UDI qui s’est présentée aux centristes au sortir d’une bérézina électorale, leur existence même semblait alors engagée, et après plusieurs échecs de refondation.
Du coup, n’est-elle pas la moins mauvaise solution comme le pensent beaucoup d’entre eux?
Il est certain que le fait d’être réuni dans une même structure va permettre à ces centristes de peser et de mieux faire entendre leur voix.
A l’opposé des centristes de centre-droit de l’UMP, ceux de l’UDI auront certainement un plus grand pouvoir.
Mais à quel prix? Il est pour le moment difficile de l’apprécier avec clarté.
Une chose est sûre, néanmoins, les centristes de l’UDI ne la dirigent pas et ils n’ont pas été capables, d’eux-mêmes, de se réunir, ce qui ne les rend pas indépendants malgré le nom de la structure dans laquelle ils se trouvent.
Ce n’est pas une nouveauté, les centristes furent dans la même situation dans l’UDF originelle (même si Jean Lecanuet la présidait).
Dès lors peut se poser une autre question: les centristes ne sont-ils pas condamnés à ne faire que de la figuration comme le prétendent leurs adversaires et leurs contempteurs?
La (més)aventure du MoDem et la création de l’UDI semblent répondre d’elles-mêmes par l’affirmative à cette interrogation.
Mais une autre explication est possible.
Le Centre et le Centrisme n’ont peut-être pas eu ces trente dernières années les représentants à la hauteur de la vision humaniste qu’ils proposent.
En les attendant, l’UDI de 2012 sera ce que l’UDF fut en 1978: un lieu d’accueil pour les centristes en désespoir de cause et, peut-être, un moyen de se reconstruire.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

samedi 27 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Lors d’un choix de société, on choisit autant que l’on élimine


On a beaucoup dit que le choix de Mitt Romney par les républicains était surtout une volonté de se débarrasser de Barack Obama et de tout ce qu’il représente, sachant que l’ex-gouverneur du Massachussetts était le candidat conservateur plus à même de réunir une majorité d’Américains sur son nom lors de l’élection du 6 novembre, plus que les hérauts de la droite extrême ou du Tea Party comme Rick Santorum ou Newt Gingrich, par exemple.
Si cette équation est un peu moins vrai pour Barack Obama, il est évident que nombre d’électeurs de gauche vont voter pour lui - alors qu’ils le considèrent avant tout comme un centriste voire un homme de centre-droit - afin de surtout éviter le retour au pouvoir des républicains.
D’où l’affirmation de certains qu’il s’agit d’un choix par élimination, voire de second choix, ce qui ne serait guère enthousiasmant pour la démocratie (on a dit la même chose pour François Hollande face à Nicolas Sarkozy en France).
Mais, quand il s’agit de choisir entre deux candidats représentant chacun un projet de société spécifique, on choisit autant que l’on élimine.
Et ceci n’est pas infâmant pour la démocratie.
Car même si beaucoup de républicains savent déjà qu’ils seront déçus par un président Romney, de même, nombre de démocrates le sont déjà par la perspective d’une nouvelle présidence Obama.
Sans parler des «independents» de droite et de gauche qui sont souvent très critiques pour les candidats de leurs camps respectifs, sans parler, évidemment, des centristes.
Pour autant, leur décision de se rendre aux urnes et de se déterminer pour l’un ou l’autre des candidats démontrent leur intérêt pour cette élection et pour l’avenir de leur pays.
On a dit, avec raison, qu’en 2008 l’élection d’un démocrate à la Maison blanche était une quasi certitude, non pas parce que leur programme était extraordinaire mais parce que les Américains n’en pouvaient plus de la présidence de George W Bush.
La victoire de Ronald Reagan en 1980 fut, d’abord, un rejet de Jimmy Carter qui, lui-même, arriva au pouvoir en 1976 sur fond d’affaire Watergate et de démission de Richard Nixon en 1974 qui avaient discrédité les républicains aux yeux de l’opinion.
Celui qui l’emportera le 6 novembre prochain ne sera donc pas un président par défaut.
En revanche, il ne lui faudra pas oublier qu’il a été élu dans des Etats-Unis polarisés et avec une marge très réduite.
S’il veut être le président de tous, il devra, quel qu’il soit, agir avec prudence et modération pour ne pas élargir le fossé entre l’Amérique rouge (républicaine) et l’Amérique bleue (démocrate), dans un pays encore fragile et doutant sur ce que sera son avenir.
Il s’agira certainement d’un challenge encore plus difficile que d’avoir gagné l’élection et démontrera sa capacité à être ou non un grand président.
Alexandre Vatimbella

mercredi 24 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Quatre petits candidats condamnés à l’obscurité


Malgré ce que l’on croit - même aux Etats-Unis -, il n’y a jamais eu, lors des élections présidentielles que deux candidats.
On ramène cette élection à l’affrontement entre les représentants des deux grands partis (aujourd’hui le Parti démocrate et le Parti républicain).
Parfois, il y a un troisième larron qui est capable de troubler le jeu (comme en 1912, Theodore Roosevelt qui, ancien président républicain, se représentait sous l’étiquette «progressiste» ou en 1992, Ross Perot, milliardaire et indépendant de droite).
Mais, à chaque élection, on trouve également plusieurs petits candidats (et une liste encore plus longue de ceux qui auraient voulu l’être).
Cette année, on en trouve quatre, une représentante de Green (écologiste), Jill Stein, un représentant du parti libertarien, Gary Johnson, un représentant du Parti de la Justice (gauche), Rocky Anderson, et un représentant du parti de la Constitution (droite), Virgil Goode.
Tous les autres candidats n’ont pas pu être présents dans suffisamment d’Etats afin d’avoir la possibilité d’être élus et n’ont donc pas été autorisés à concourir.
Hier, dans une salle de San Francisco pas entièrement remplie, les quatre précités ont eu droit à leur débat animé par une star de la télévision, l’ancienne vedette du talk show de CNN, Larry King.
Un débat a été beaucoup plus policé et courtois que ceux ayant opposé Barack Obama à Mitt Romney.
Pourtant, de nombreuses questions importantes y ont été traitées comme les lois qui permettent d’emprisonner toute personne qui serait susceptible de porter atteinte à la sécurité nationale et cela sans procès et sans passer devant un juge ou comme la bataille contre les trafiquants de drogue et la légalisation de la marijuana.
Ces petits candidats ne sont pas seulement des originaux ou des rigolos. Ils portent souvent un vrai message politique.
Et s’ils ne recueillent que quelques voix, ils ont pourtant une capacité de nuisance face aux ténors. Ainsi, lors de la présidentielle de 2000, le refus de se retirer de la course du candidat écologiste et figure de la défense des consommateurs, Ralph Nader, avait coûté la victoire au démocrate Al Gore face à George W Bush avec toutes les conséquences que l’on connait.
Alexandre Vatimbella

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. La politique-spectacle, un challenge pour le Centre


Nous sommes dans l’ère de la politique-spectacle (si tant est que la politique ait pu un jour se passer du spectacle…). Ainsi, ce que l’on dit est souvent secondaire par rapport à comment on le dit, où on le dit, de quelle manière on le dit et avec quelle scénario et quelle mise en scène on le dit.
Dernier exemple en date, le premier débat ayant opposé Barack Obama à Mitt Romney. Tous les commentateurs ont été d’accord pour dire que le fond de l’intervention du président américain a été meilleur que celui du candidat républicain mais que, sur la forme, ce dernier l’avait largement emporté et que donc il était le vainqueur de cette joute…
Cette manière de faire de la politique à tous les niveaux (sphères politique, médiatique et même celle des «experts») avantage ceux qui ont un don d’acteur, un physique accrocheur et qui prennent des positions souvent clivées afin de faire plus facilement le buzz, de la télévision aux réseaux sociaux en passant par la presse écrite.
Ces constats en appellent un autre: la difficulté pour un message centriste d’être repris par les médias parce que, loin d’être spectaculaire, il se veut, d’abord, consensuel, modéré, pragmatique, responsable et réaliste.
Toutes les dernières élections l’ont prouvé… même celles qui ont fait la part belle aux candidats centristes comme en 2007 en France ou en 2008 aux Etats-Unis.
Pour éviter que leurs propos soient qualifiés d’insipides ou d’inconsistants parce que n’étant pas spectaculaires (au sens de faire le spectacle), beaucoup de centristes les enrobent dans des formules qui souvent les dévoient.
Ainsi en a-t-il été le cas lors de l’élection de Barack Obama il y a quatre ans.
Sur un discours essentiellement centriste du candidat démocrate, s’est greffée toute une série d’enrobages pour lui donner de l’appétence électorale.
A l’inverse, les candidats de droite et de gauche commencent par des déclarations spectaculaires pour poser leur candidature et la faire exister avant de faire les concessions centristes nécessaires à leur élection au fur et à mesure que se rapproche le scrutin afin de ratisser large sans pour autant avoir perdu leur image médiatique façonnée à coups de petites phrases et d’annonces-chocs.
Le problème est que les médias sont complices de ce double-jeu des extrêmes. Ainsi, ils expliquent doctement que tout candidat de droite ou de gauche, après avoir exprimé des positions très partisanes, recentre logiquement son discours pour ratisser large sans y voir aucunement de la duplicité et du mensonge, comme si cela faisait partie du fonctionnement normal du monde politique.
Comment, dans ces conditions, un message centriste peut faire le poids, coincé entre des messages qui promettent tout et n’importe quoi tout en étant mélangé à d’autres, venus des mêmes qui contredisent leurs premières déclarations en le copiant sans vergogne.
Tout cela s’appelle de la démagogie, une démarche que l’on pensait être vouée à la disparition dans les systèmes démocratiques évolués.
Malheureusement, les peuples veulent toujours croire aux promesses intenables savamment mises en scène et annonçant que l’on rasera gratis dès le lendemain d’une élection.
Comment expliquer, sinon, que Mitt Romney peut être considéré comme un modéré aujourd’hui par beaucoup de ses compatriotes alors qu’il a fait siennes pendant des mois les positions de la droite extrême du Parti républicain!
Comment expliquer que ce même Mitt Romney puisse promettre aux Américains de supprimer le déficit abyssal des comptes publics des Etats-Unis en baissant les impôts (en particulier des plus riches) tout en dépensant plus (notamment pour la Défense) et qu’il ait de grandes chances d’être élu le 6 novembre prochain!
Et le Père Noël n’a rien à voir dans cette histoire car, lui, au moins, il apporte de vrais cadeaux…

mardi 23 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Barack Obama: bon président, mauvais candidat?


Personne ne nie les grandes qualités de Barack Obama et même ses compétences qui en font un bon président. Mais, malgré sa victoire dans deux des trois débats télévisés (la dernière, hier soir, lors de celui consacré à la politique étrangère), est-il un bon candidat?
La question avait déjà été posée en 2008 lorsqu’il fut à un moment donné à égalité dans les sondages avec John McCain alors qu’il aurait du être dix à vingt points devant, bénéficiant du ressentiment et parfois de la haine d’une grande majorité d’Américains à l’encontre de George W Bush et à la campagne peu engageante de son rival républicain.
Elle peut l’être à nouveau en 2012 alors qu’il est également au coude à coude avec Mitt Romney qui est considéré comme un médiocre candidat et dont les gaffes, les revirements et les mensonges ont été légions.
Et s’il est réélu le 6 novembre prochain, il le devra à ses prestations de président et non à celles de candidat.
Les qualités de Barack Obama ne sont pas celles d’un candidat qui doit se vendre à coups de promesses démagogiques, d’attaques virulentes contre ses adversaires et apparaître proche des gens et elles ne l’ont jamais été.
Il doit principalement sa victoire de 2008 à ses slogans accrocheurs, comme «Yes we can» ou «Change we believe in», ainsi qu’à l’organisation de sa campagne.
Rappelons, en outre, que selon nombre de politologues, il a été mal élu. Remportant 53% des voix, il était très en-dessous des projections qui donnaient gagnant n’importe quel candidat démocrate avec un pourcentage de 58%-60%.
Bien sûr, une partie du manque à gagner provenait du fait qu’il était afro-américain mais ceci n’explique pas tout.
Sas capacités sont avant tout celles de porter des messages, des idées et des propositions, ainsi que de les exprimer clairement et pédagogiquement dans des discours souvent remarquables.
Et s’il peut se battre pour ses idées et ses propositions, il n’est pas le candidat populiste qui fait du rentre-dedans.
Ainsi, les coups bas à l’encontre d’Hillary Clinton lors de la primaire démocrate en 2007-2008 venaient plus de son équipe de campagne dirigée par les deux David, Plouffe et Axelrod, que de Barack Obama lui-même. D’ailleurs, il en avait condamné plusieurs, ce qu’il a fait.
De même, sa «défaite cuisante» lors du premier débat face à Mitt Romney venait de ce qu’il a privilégié le fond sur la forme, permettant à la prestation du républicain, principalement basée sur la forme, d’apparaître comme brillante.
Du coup, les deux hommes sont à égalité dans la plupart des derniers sondages alors qu’Obama, malgré la crise économique, devrait logiquement être en tête.
Ce qu’il a été à l’issu de la Convention démocrate qui l’a désigné comme son candidat. Surtout grâce à la prestation hors pair de Bill Clinton!
Alexandre Vatimbella

dimanche 21 octobre 2012

L’Humeur du Centriste. UDI: un congrès fondateur souvent surréaliste


Simone Veil en invitée d’honneur (muette) et sorte de parraine de la formation (n’oublions pas qu’elle déteste François Bayrou), une salle de la Mutualité bondée, des médias présents en nombre, un message vidéo de bonne chance de Valéry Giscard d’Estaing (qui déteste aussi François Bayrou) et tous les leaders centristes présents (sauf, évidemment François Bayrou!), le congrès fondateur de l’UDI est, de ce point de vue, une totale réussite.
Mais si l’on doutait que ce rassemblement est encore fait de bric et de broc et qu’il doit beaucoup travailler avant de devenir une entité unie, il suffisait d’écouter les orateurs qui se sont succédé à la tribune et d’observer leurs comportements.
Ainsi, pas une fois, lors de son discours, Jean-Louis Borloo n’a utilisé les mots «Centre», «Centrisme» et «centriste» (tout juste a-t-il mentionné une fois la «vieille famille centriste» parmi d’autres à la fin de son intervention et expliqué que le centre-gauche était plus proche de l’UDI que de l’extrême-gauche) alors qu’Hervé Morin, son adversaire dans la nouvelle formation, avait truffé le sien de ceux-ci.
Il faut dire que le président de l’UDI avait répété, quelques minutes auparavant, devant les caméras de la chaîne parlementaire son propos du Figaro magazine selon lequel «on n’a parlé du Centre que lorsque l’ex-UDF est devenue cette espèce de machin qui ne savait plus où il habitait. Le Centre, cela ne veut rien dire».
De même, Borloo n’a pas dit un mot sur la structure confédérale de l’UDI alors que Morin a bien appuyé sur cet aspect là.
Quant au discours d’Hervé Morin, il fut un tout petit peu plus long que ce qui était prévu ce qui permit à Jean-Christophe Lagarde (son ex-second et actuel ennemi mortel) qui lui a succédé de demander immédiatement aux participants de sa table-ronde d’être concis à cause du retard pris, bonjour l’ambiance!
De même, les bonnes vieilles différences n’ont pas disparu, celle, notamment, qui veut que les centristes parlent en premier de démocratie alors que les dextristes parlent, eux, d’abord de république, même si les deux ne sont évidemment pas incompatibles.
Enfin l’autocongratulation était à l’honneur sur tous les sujets possibles et imaginables ce qui était, parfois, aussi, quelque peu surréaliste. Ainsi, se vanter d’avoir 60 parlementaires sur un total de 925 (577 députés et 348 sénateurs), voilà qui ne manquait pas de piquant!
Centristement vôtre.

Le Centriste

Actualités du Centre. Etats-Unis: Bloomberg va aider les candidats centristes au Congrès


Le maire de New York, Michael Bloomberg, a décidé de dégager une somme de dix millions de dollars afin d’aider les candidats au Sénat et à la Chambre des représentants qui sont des modérés, qui ont indiqué qu’ils voulaient travailler de manière partisane et qui défendent des causes qui tiennent à cœur au milliardaire et créateur de la société du même nom, comme, entre autres, un contrôle beaucoup plus strict, voir une interdiction des armes à feu, le mariage homosexuel, la liberté d’avortement, etc.
L’argent sera distribué de manière anonyme pour ne pas pénaliser ces candidats centristes qui sont, cette année, dans la tourmente face aux attaques très dures des républicains à leur encontre mais également à la grande suspicion des démocrates qui voient souvent en eux des alliés objectifs de thèses républicaines réactionnaires au nom d’un équilibre qui n’en est plus un tellement le Parti républicain a dévié vers la droite extrême.
Michael Bloomberg s’est toujours considéré comme un centriste défendant un libéralisme culturel, l’économie de marché et une vision modérée de la politique.
Un temps, il fut question de sa candidature pour l’élection présidentielle.

samedi 20 octobre 2012

Une Semaine en Centrisme. UDI: les trois scénarios de son avenir


Alors que va se tenir le congrès fondateur de l’UDI (Union des démocrates et indépendants), ce dimanche 21 octobre à la Mutualité à Paris, quel peut être l’avenir de ce parti réunissant des centristes, des modérés de droite et d’autres membres se revendiquant uniquement de droite.
Trois scénarios – réussite, satellite et faillite – sont envisageables.
- Réussite: l’UDI parvient, non seulement, à demeurer unie mais à réunir l’ensemble de la droite modérée (dont le centre-droit) et aux franges de celle-ci (dont une partie du centre-centre), ratissant large ce qui lui permet de remplacer l’UMP comme parti dominant à droite et laissant à cette dernière l’espace politique allant de la droite de la droite à la droite extrême proche des thèses du Front national. Dans ce scénario, un avenir radieux est possible notamment pour la présidentielle de 2017.
- Satellite: l’UDI ne peut pas dépasser le cadre d’un rassemblement d’une partie des modérés de droite sans parvenir à attirer plus que son noyau dur actuel et demeure une formation secondaire dans la paysage de la droite qui ne peut rien espérer d’autre que d’être un satellite de l’UMP, incapable de s’émanciper du parti dominant.
- Faillite: l’UDI vole en éclats parce que, ne parvenant pas à attirer suffisamment de monde, ses composantes qui sont autant rivales quelles sont proches idéologiquement, se déchirent sur fond de faiblesse inhérente de cette réunion hétéroclite; in fine chaque parti reprend sa liberté.
Bien entendu, l’avenir de l’UDI n’est pas totalement entre ses mains. Il dépend du degré de solidité de l’UMP. De même que de la crédibilité que lui accorderont les électeurs ainsi qu’à son «leader naturel», comme se définit Jean-Louis Borloo. Un homme politique dont le parcours et les idées ressemblent souvent à un embrouillamini de professions de foi et d’actes contradictoires, d’assauts flamboyants et de retraites pitoyables.
L’UDI, heureusement pour elle, a le temps de s’établir dans le paysage politique français avant de se confronter à son premier test, les élections municipales de 2014.
Cela va lui permettre de se structurer dans le calme et d’empêcher les ambitions et les inimitiés personnelles de miner ses fondements encore fragiles.
Pour autant, les déclarations à l’emporte-pièce de son président risquent de semer quelques troubles notamment chez les centristes qui l’ont rejointe. La dernière, «On n’a parlé du Centre que lorsque l’ex-UDF est devenue cette espèce de machin qui ne savait plus où il habitait. Le Centre, cela ne veut rien dire. Jean Lecanuet, Simone Veil ou Valéry Giscard d’Estaing ne se sont jamais définis comme appartenant au Centre», n’est certainement pas faite pour les rassurer...
Alexandre Vatimbella

vendredi 19 octobre 2012

Actualités du Centre. Borloo: «Le Centre, cela ne veut rien dire»


Le propos est clair: Jean-Louis Borloo n’est surtout pas du Centre. Dans un portrait publié par le Figaro magazine avant le congrès fondateur de l’UDI, samedi 21 octobre, la journaliste Anne Fulda rapporte ces propos sans ambiguïtés de l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy: «On n’a parlé du Centre que lorsque l’ex-UDF est devenue cette espèce de machin qui ne savait plus où il habitait. Le Centre, cela ne veut rien dire. Jean Lecanuet, Simone Veil ou Valéry Giscard d’Estaing ne se sont jamais définis comme appartenant au Centre».
Au-delà de l’attaque sans nuance et insultante pour les centristes, Jean-Louis Borloo prend encore une fois, quelques libertés avec l’histoire, oubliant par exemple que Jean Lecanuet fonda en 1966 le Centre démocrate qui devint en 1976 le Centre des démocrates sociaux.
Quant à Simone Veil, elle fut la tête de la liste «le Centre pour l’Europe» lors des élections au Parlement européen de 1989 (avec Jean-Louis Borloo en seconde position…).
Mais l’important est, au moment où nombre de ceux qui ont formé l’UDI avec lui affirment leur positionnement au centre et se disent du Centre, que ces déclarations font désordre même si Jean-Louis Borloo a toujours affirmé qu’il n’était pas un centriste.

mercredi 17 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Deuxième débat: Obama donné gagnant mais le fond demeure au second plan


Barack Obama a remporté le second débat qui l’’a opposé à Mitt Romney dans la ville de Hempstead (Etat de New York), en tout cas pour ce qui est de la grande majorité des commentateurs ainsi que pour les sondés (deux sondages réalisés dès la fin du débat pour CNN et CBS donne le président sortant vainqueur avec sept points d’avance sur son adversaire républicain).
Pour le site Politico, «Barack Obama a été bon dans le deuxième débat assez pour qu’il soit assuré d’une chose: s’il perd la course pour un deuxième mandat, ce ne sera pas parce qu’il est mauvais dans les débats. Si Mitt Romney perd la présidence, d’un autre côté, ce ne sera pas parce que dans les dernières semaines de la campagne il a révélé de nouvelles dimensions excitantes de sa personnalité et de son parcours qui étaient inconnues ces deux dernières années».
Le président sortant a une stratégie, disqualifier son adversaire en montrant qu’il n’a pas la stature d’un président, qu’il ment au peuple américain sur son programme et qu’il est le candidat des riches alors que celle du républicain est de pointer les échecs de l’hôte de la Maison blanche et d’indiquer qu’il fera beaucoup mieux sans entrer dans les détails qui seraient pénalisants pour lui (ou qu’il ne possède tout simplement pas!).
Voici donc les deux hommes à égalité, un partout… Mais est-ce vraiment l’essentiel que de remporter un débat sur la forme et en attaquant constamment l’autre?
Car, lors d’une telle élection, celle du président de la première puissance mondiale, c’est bien le fond qui devrait primer et c’est son projet de société qui devrait donner l’avantage à l’un ou l’autre.
Ici, force est de constater que l’on demeure sur sa faim.
Est-ce parce que les deux candidats n’ont pas grand-chose à proposer et que, dès lors, toute leur stratégie est de critiquer l’autre qui ne serait pas digne d’occuper le fauteuil de président pour les quatre prochaines années?
En réalité, on s’aperçoit que Barack Obama tente bien de déplacer la discussion sur les différences politiques en parlant de choc entre deux projets de société complètement différents pendant que Mitt Romney, lui, doit jouer sur deux registres, être un opposant résolu à tout ce qu’Obama représente (pour contenter la droite extrême du Parti républicain) et rassurer sur le fait qu’il ne changera pas grand-chose (pour rassurer les électeurs modérés dont il a besoin pour gagner).
Cela a donné, lors du premier débat, des échanges assez surréalistes où Romney semblait d’accord avec nombre de propositions d’Obama, désarçonnant ce dernier qui déclara ensuite qu’il avait eu affaire face à lui à une personne qui disait s’appelait Mitt Romney…
Le deuxième débat a été plus vigoureux sur les positions politiques mais est demeuré, malgré tout, focalisé sur des attaques personnelles (on pourrait, malgré tout, dire que chacun personnalise un programme politique).
Heureusement pour la démocratie américaine, ces débats télévisuels ne sont qu’une partie de la campagne électorale.
Et même si celle-ci est composée en partie de publicités audiovisuelles négatives et parfois à la limite de la décence, les questions essentielles ont bien été posées.
C’est pourquoi il fut espérer que les trois débats ne seront pas les seules références sur lesquelles s’appuieront les électeurs…
Alexandre Vatimbella

lundi 15 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Rêve américain: l’opposition entre démocrates et républicains


L’élection présidentielle de cette année aux Etats-Unis est aussi une opposition entre deux visions du rêve américain (voir à ce sujet, mon article «Le choc des deux rêves américains» dans le dernier numéro de la nouvelle revue Géopolitique*).
Le premier débat entre Barack Obama et Mitt Romney, en a été une preuve même si les médias se sont plus focalisés sur la forme que sur le fond, ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de le dire ici.
Comme l’a très bien expliqué Peter Baker du New York Times, un des rares journalistes à avoir vraiment écouté les propos de chacun des candidats, il s’agit bien d’un «choix philosophique fondamental à propos du futur de l’Amérique».
Le rêve américain, a contrario de ce que pensent beaucoup, est un terme inventé récemment. Il vient d’un livre publié en 1931, en pleine Grande dépression, «The Epic of America» de l’historien James William Truslow dans lequel ce dernier évoque ce rêve américain qui est, selon lui, «ce rêve d’une terre dans laquelle l’existence serait meilleure, plus riche et remplie pour tout le monde, avec l’opportunité pour chacun d’y parvenir grâce à ses capacités ou ce qu’il a accompli. (…) Il ne s’agit pas simplement d’un rêve d’automobiles ou de hauts salaires, mais c’est un rêve d’un ordre social qui permettra à chaque homme et à chaque femme de parvenir à ce qu’ils sont capables d’atteindre naturellement et à être reconnus par les autres pour ce qu’ils sont, indépendamment des circonstances fortuites de leur naissance ou de leur statut».
Depuis, il a été invoqué à tout va et est devenu depuis le début du XXI° siècle, un enjeu idéologique récurrent entre les deux grands partis.
Pour les démocrates, le Rêve américain est celui qui permet à chacun de vivre une vie décente, de pouvoir faire vivre sa famille sans l’angoisse du lendemain et d’espérer que ses enfants, grâce à son travail et à l’éducation qu’ils reçoivent, pourront s’élever socialement et avoir un meilleur avenir que celui de leurs parents et que les enfants de leurs enfants aient, à leur tour également la même opportunité. Dans ce cadre, le gouvernement a un rôle actif à jouer pour offrir cette opportunité à tous.
Pour les républicains, le Rêve américain est celui qui offre l’opportunité, à celui qui en a les capacités et l’envie, de s’élever socialement sans entrave, sans rien devoir à personne, surtout pas au gouvernement qui ne doit pas intervenir en la matière, et qui a le droit, une fois fortune faite, de jouir de tout ce qu’il a récolté grâce à son travail.
Ces deux versions peuvent très bien cohabiter en période d’abondance et de forte croissance comme ce fut le cas, par exemple, de la fin de la Deuxième guerre mondiale jusqu’au début dans années 1970. Le prix Nobel d’économie, Paul Krugman, ardent défenseur du keynésianisme et éditorialiste à succès au New York Times, s’en rappelle avec nostalgie dans son ouvrage, paru en 2007, l’«Amérique que nous voulons» («The Conscience of a Liberal»).
En revanche, lorsque le pays se trouve dans une situation économique plus délicate, comme aujourd’hui, les deux rêves ne sont plus complémentaires, ils se confrontent. C’est, soit l’un, soit l’autre. Ou, en tout cas, c’est ce que prétendent les démocrates et les républicains.
L’antagonisme sur le Rêve américain entre les deux grands partis est une des expressions les plus vives de leurs oppositions idéologiques de plus en plus exacerbées.
Chacun des deux dénoncent dans le rêve de l’autre une perversion du «vrai» rêve qui est, bien évidemment, celui qu’il promeut.
Le Rêve américain ne serait donc plus cette vision collective qui guiderait la nation mais un enjeu idéologique et politique.
Barack Obama, dans son dernier discours sur l’état de l’Union, le 24 janvier dernier, a bien résumé la vision démocrate: «Nous pouvons, soit nous contenter d’un pays où un nombre de plus en plus faible de gens s’en sortent bien, pendant qu’une part croissante des Américains s’en sortent tout juste ou bien nous pouvons restaurer une économie où tout le monde a une chance, où tout le monde fait sa part, et tout le monde joue selon les mêmes règles».
Ce à quoi les républicains lui répondent que c’est grâce aux riches que l’économie repartira et que donc permettre à des gens de devenir riches et de garder leur argent pour le dépenser est le meilleur moyen d’aider les autres.
Ainsi, le gouverneur du New Jersey et étoile montante du Parti républicain, Cris Christie, peut critiquer le fait d’«insister que nous devons taxer et prendre et diaboliser ceux qui ont déjà réussi leur Rêve américain. Cela peut être une bonne stratégie pour Obama en vue de sa réélection mais c’est un message démoralisant pour l’Amérique».
Plus fondamentalement, les républicains croient en la réussite personnelle et que celle-ci ne doit jamais être entravée par quiconque. Comme le dit Mitt Romney, «nous croyons en l’initiative individuelle, la responsabilité personnelle, l’opportunité, la liberté, un gouvernement limité, la Constitution».
Pour Newt Gingrich, l’ancien Speaker (président) républicain de la Chambre des représentants sous l’ère Clinton et qui fut un adversaire malheureux de Romney lors des primaires républicaines, le «Rêve américain est d’abord de reconnaître que nous vivons grâce à notre Créateur avec des droits inaliénables» et qu’«aucun président, juge ou bureaucrate ne peut nous ôter nos droits».
Une fondation conservatrice, «Americans for prosperity» a d’ailleurs créé un rendez-vous annuel «Defending the American Dream Summit» au cours duquel les pointures du Parti républicain interviennent pour promouvoir un «marché libre» et «les principes d’un gouvernement limité».
Quant au milliardaire Steve Forbes, il estime que «notre gouvernement fédéral a trop grossi et a trop de pouvoirs, la vraie perte a été celle de la liberté des gens à gouverner leurs propres vies et à participer pleinement au Rêve américain».
Avec la polarisation entre démocrates et républicains, en est-on arrivé à ce fameux débat entre l’égalité des conditions et l’égalité des chances? Certes pas, les deux camps privilégient toujours la méritocratie et une égalité des chances.
Pour autant, c’est la vision même de la fonction de la communauté américaine qui est en jeu. Pour les démocrates, ceux qui ont doivent aider ceux qui n’ont pas. Pour les républicains, ceux qui ont n’ont aucune obligation en la matière autre que morale et, en ce qui concerne ceux qui n’ont pas, ils les voient plutôt, ainsi que Romney l’a déclaré, comme «ceux qui n’ont pas encore»…
Du coup, ce n’est pas en leur donnant des aides, ces fameux «entitlements» («droit à») qu’ils s’en sortiront mais en leur donnant la même chance d’y parvenir («equality of opportunity») que les autres, rien de plus.
Le 6 novembre, une des deux visions l’emportera. Bien entendu, le candidat qui sera élu mettra de l’eau dans son vin, comme d’habitude. Il n’en reste pas moins vrai qu’une direction sera donnée qui devrait modeler la politique américaine pour les prochaines années, voire les prochaines décennies.
Alexandre Vatimbella

dimanche 14 octobre 2012

L'Humeur du Centriste. Si le Centre est à droite alors la Gauche est au centre!


Tous ceux qui viennent nous apprendre qu’en fait le Centre est à droite ont peut-être raison.
Rappelons qu’ils sont nombreux dans ce cas.
Il y a d’abord les gens de gauche qui dénient l’existence du Centre. C’est aussi le cas des gens de droite qui s‘annexent le Centre. Sans oublier des gens de droite – pas toujours modérée - déguisés en centristes.
Admettons leur point de vue.
Mais alors, nous sommes dans une véritable révolution copernicienne ou encore dans la preuve ultime des univers parallèles.
Ainsi, si le Centre est à droite, la Droite est à l’extrême-droite et l’extrême-droite à l’extrême-gauche qui elle-même est à gauche alors que la Gauche est au centre.
Ce déplacement des repères risque d’embrouiller un peu plus les électeurs (ils en ont l’habitude…) mais ravir certains.
On pense évidemment à l’extrême-gauche qui se retrouve à gauche ce qui lui permet de démontrer, une bonne fois pour toute, que les socialistes ne sont que des traitres et de vils suppôts centristes du capitalisme.
Quant aux faux centristes, voilà que s’ouvre pour eux une nouvelle ère de quête décomplexée du pouvoir.
Bien sûr, l’extrême-droite devrait être mécontente sauf que l’on sait que les extrêmes se rejoignent et que, donc, elle ne sera pas obligée de changer autant que ça de corpus idéologique.
Attention, tout de même, cette nouvelle géométrie ne doit être utilisée que dans l’univers plat de la politique politicienne afin d’éviter des bêtises encore plus grandes que l’énoncé de la proposition première.
Centristement vôtre.

Le Centriste

vendredi 12 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Joe Biden recadre le débat sur un choix politique


Joe Biden a sans doute «remporté» le débat des vice-présidents de Danville (Kentucky) qui l’opposait à son adversaire républicain, Paul Ryan comme l’indique la plupart des commentaires journalistiques.
Sans doute, également, cela aura moins d’impact que la «victoire» attribuée à Mitt Romney lors de son face-à-face avec Barack Obama par les médias américains.
Reste que l’intérêt de cet affrontement télévisuel a été loin d’être nul, au contraire.
Il a résidé dans ce recadrage hautement nécessaire sur le choix politique important du 6 novembre prochain et non sur la capacité d’un candidat (Romney) à ne pas sombrer face à un autre (Obama), voire à être le meilleur.
Car nous étions bien, hier soir, dans cet affrontement entre deux visions, non pas de l’Amérique car ce serait trop emphatique de le prétendre, mais du gouvernement des Etats-Unis dans les prochaines années à la lumière de ce qui se passe actuellement, notamment entre un président démocrate consensuel et une Chambre des représentants républicaine radicalisée.
Ainsi, l’alternative est bien, dans ses grandes lignes, entre s’appuyer sur les riches pour faire repartir l’économie (vision républicaine) ou sur la classe moyenne (vision démocrate).
De même, entre le rôle de l’Etat, le moins interventionniste possible en matière sociale (vision républicaine) et d’une puissance publique soutient des plus faibles (vision démocrate).
Sans oublier l’opposition entre un libéralisme économique dur (vision républicaine) et un libéralisme culturel affirmé (vision démocrate).
Dans cette opposition, le problème est que Barack Obama dit largement ce qu’il est et ce qu’il va faire alors que Mitt Romney avance largement masqué.
C’est ce qu’a voulu dire Joe Biden et que Paul Ryan a eu du mal à réfuter à chaque fois que la modératrice du débat, la journaliste Martha Raddatz, lui demandait de préciser ses positions par des exemples sur la manière dont elles seraient effectivement appliquées concrètement.
C’est là que le bas blesse vis-à-vis du ticket républicain. Son projet politique demeure dans le flou le plus artistique possible afin de ratisser large.
De même, Paul Ryan, que l’on ne peut définir comme un modéré – ce que ce proche du Tea Party prendrait lui-même comme une insulte! – s’est évertué à apparaître comme une sorte de centriste, tout comme son leader, Mitt Romney, s’est présenté comme tel lors du débat de Denver.
La question étant de savoir ce que serait exactement leur politique s’ils étaient élus, tant ils ont dit tout et son contraire.
Espérons que les deux prochains débats entre Barack Obama et Mitt Romney permettront d’éclairer les électeurs américains et leur permettre de savoir pour qui et pour quoi ils vont voter.
C’est le moins que la plus grande démocratie du monde peut faire…
Alexandre Vatimbella

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Nobel de la paix mérité de l’Union européenne


Les humains ont vraiment la mémoire courte et peu de recul sur leur condition. Ce n’est guère nouveau mais les «sarcasmes» et autres «incrédulités» face à l’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union européenne viennent nous le rappeler tristement.
Car si ces contempteurs de l’Union européenne s’étonnent qu’elle ait reçu ce prix (on parle ici de paix pas de développement économique ou social), qu’ils regardent un peu dans le rétroviseur de l’Histoire les tragédies malheureusement pas si lointaines.
Pendant les quarante-cinq premières années du XX° siècle, les guerres initiées par les peuples de l’UE ont fait, au bas mot, soixante-dix millions de morts.
Les innombrables cimetières militaires et monuments aux morts sont autant de lieux de mémoire face aux tentations de l’oubli, ce dernier étant le meilleur ami des prochaines boucheries.
Et je ne parle même pas de ces conflits infinis qui ont ensanglanté l’Europe au cours des millénaires.
Depuis que celle-ci a décidé de s’unir, plus aucune guerre n’a opposé les grands pays du continent.
Mieux, l’intégration rapide des pays de l’Est après la chute du rideau de fer a empêché des guerres sanglantes que redoutaient tous les spécialistes.
Comme aucun conflit n’a alors éclaté, cela n’a pas fait les gros titres de la presse et donc les peuples ne sont guère inquiétés mais la réalité, elle, était bien là.
Bien sûr, il y a eu le couac de l’ex-Yougoslavie, tout en sachant que cette dernière n’était pas dans l’Union européenne.
En tout cas, quelles que soient les critiques de gens qui ne savent même plus dans quel monde ils vivent (à moins qu’une «bonne guerre» les tente!), les centristes peuvent être fiers de ce prix Nobel de la paix, eux qui ont été les pionniers, à l’image d’Aristide Briand ou de Robert Schuman, d’une intégration européenne et qui, sans relâche, promeuvent son approfondissement et un fédéralisme qui, seul, permettra à la paix sur le continent et ailleurs, d’être plus solide.
Evidemment, ce prix Nobel doit également nous interpeler, nous les Européens, pour que nous prenions conscience que nous avons un outil à notre disposition pour faire rayonner cette paix mais aussi pour prendre les décisions urgentes afin que cette union européenne continue à aller de l’avant et devienne enfin ce véritable phare humaniste qui était l’ambition de ses fondateurs.

mercredi 10 octobre 2012

Une Semaine en Centrisme. UDI: ratisser large ou réunir les centristes?


La présence de membres du CNIP (Centre national des indépendants et paysans) dans l’UDI (Union des démocrates et indépendants) pose la question du positionnement politique de cette dernière structure créée par Jean-Louis Borloo et sensée représenter la mouvance du centre-droit.
Se rappelant sans doute du modèle de l’UDF, le président du Parti radical a voulu une confédération ouverte à tous ceux qui veulent en faire partie, d’où la présence du CNIP dont les positions sont souvent plus proches de l’extrême-droite que du Centre.
N’oublions pas que l’UDF, dès sa création, a malheureusement abrité dans ses rangs des personnalités bien plus à droite que celles que l’on trouvait à l’époque dans le RPR comme Philippe de Villiers, Christine Boutin ou Roger Chinaud et des hommes qui n’ont pas hésité à s’allier avec le Front national comme, en Lozère, Jacques Blanc ou, en Rhône-Alpes, Charles Million.
La dernière intervention de François Lebel, maire du VIII° arrondissement de Paris et adhérent du CNIP sur le mariage gay (dont il a le droit d’y être opposé) qui serait une porte ouverte, selon lui, à la polygamie, à l’inceste et à la pédophilie, a des relents nauséabonds dont on trouve des similitudes dans des thèses dont certaines ont abouti à la stigmatisation et la chasse aux homosexuels dans le III° Reich…
Le fait que l’UDI n’ait que condamné ces propos sans demander au président du CNIP, Gilles Bourdouleix, qui est pourtant signataire du pacte fondateur de l’UDI, de prendre des mesures disciplinaires à l’encontre de ce militant de son parti (il s’est seulement désolidarisé de François Lebel) est de ce point de vue inquiétant.
Car, comme l’a déclaré Borloo, le Centre, même celui qui penche à droite, n’a rien à voir avec les positions de l’extrême-droite.
C’est bien de le dire, c’est mieux d’agir en conséquence.
Plus largement, cela pose la question fondamentale du positionnement de l’UDI.
Une clarification semble nécessaire: est-ce un parti attrape-tout sur le modèle UMP (d’autant plus que tout ralliement augmente son poids politique) ou un parti de centre-droit fier de ses valeurs et de ses principes humanistes.
Il est à espérer que cette clarification se fera dans les semaines à venir et, pourquoi pas, le 21 octobre prochain lors du Congrès fondateur de la formation à la Mutualité dans un V° arrondissement de Paris où aucun maire n’aurait tenu des propos entendus de l’autre côté de la Seine…
D’autant qu’il est étonnant d’avoir vu les responsables de l’UDI monter au créneau sans relâche pour dénoncer les propos de Jean-François Copé sur le «racisme anti-blanc» (on aurait, évidemment, préféré que le secrétaire général de l’UMP parle de tous les racismes dont celui-ci) alors que ceux-ci méritent un réel débat sur la capacité de la société française actuelle à établir un vrai respect dans le vivre ensemble, partout et de la part de chacun, plutôt que ces réactions d’indignations qui ont pour but un refus de s’engager dans une discussion, certes périlleuse mais pourtant hautement nécessaire, avant qu’un communautarisme pur et dur ne s’installe dans notre pays, séparant artificiellement des individus dont le Centre humaniste a toujours prôné leur valeur en tant que personnes libres et égales.
Un homosexuel est un membre à part entière de la société française, tout comme n’importe quel autre citoyen, quel que soit sa couleur et ses origines. Les insultes et les violences, qu’elles soient racistes, homophobes ou autres ne sont pas acceptables, d’où qu’elles viennent.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC

mardi 9 octobre 2012

USA élection 2012 vue du Centre. La dernière ligne droite au centre


Il reste un peu moins d‘un mois avant l’élection présidentielle américaine qui se déroulera le mardi 6 novembre et les dernières grandes manœuvres pour la victoire finale se mettent en place.
Et, ce que l’on savait depuis longtemps, c’est, qu’une nouvelle fois, ce sont les voix des électeurs modérés et centristes qui feront la différence.
Les deux candidats le savent bien.
Du coup, l’on assiste depuis peu à la multiplication des engagements centristes de Barack Obama et, surtout, au recentrage fulgurant de Mitt Romney qui tente un retournement à 360 degrés sur nombre de ses positions et de ses déclarations.
Le fait que les observateurs politiques l’ait déclaré vainqueur du premier débat qui l’a opposé au président sortant, a boosté sa campagne qui était en véritable déliquescence il y a encore une dizaine de jours.
Peu importe qu’il ait menti tout au long du débat (Obama a aussi dit quelques mensonges…), peu importe qu’il est retourné une nouvelle fois sa veste et que l’on ne sache toujours pas, dans le détail, ce qu’il fera une fois à la Maison blanche, sa stratégie a l’air de donner des résultats.
Les sondages récents sont là pour le démontrer. Le voilà au coude à coude avec Obama, parfois même devant.
L’effet «débat» est réel alors que celui de la convention républicaine n’avait pas eu lieu. Durera-t-il? C’est toute la question et pas un politologue ne se risque désormais à donner une réponse définitive.
Pour autant, même si l’on croit la nouvelle conversion centriste de Romney (ou, pour certains, si son retour au centre de l’échiquier politique, son positionnement d’origine, est réel), le problème est que, s’il est élu, il se retrouvera face à un Parti républicain très à droite qui l’empêchera, sans doute, d’agir comme un modéré, si tenté qu’il en ait l’envie.
Du côté de Barack Obama, l’incompréhension et le doute sont de mise.
Pour ce qui est de l’incompréhension, elle est double.
Comment les médias ont-ils pu faire l’éloge de la performance de Mitt Romney lors du débat alors qu’il a menti sur bien des questions et qu’il a retourné sa veste sur d’autres? Mais, comment se fait-il aussi, que Barack Obama l’ait laissé faire sans réagir et sans reprendre la main, ce qui paraissait, sinon facile, tout au moins faisable?
Le doute est qu’il y ait, désormais, un «momentum» Romney, c’est-à-dire une dynamique que personne ne pourra arrêter.
Bien évidemment, il reste deux débats présidentiels (plus un débat entre les deux candidats à la vice-présidence). Le match reste donc ouvert.
Et il va se dérouler essentiellement au centre pour deux raisons.
Le première est que Mitt Romney tout comme Barack Obama se sont assurés du soutien des franges plus clivées, à droite pour le candidat républicain et à gauche pour le démocrate, de leur électorat.
Peu importe que Mitt Romney soit considéré comme un faux ultraconservateur par les républicains de la droite-extrême, notamment ceux du Tea Party, l’essentiel pour eux est de battre celui qui représente le diable (et pas seulement au figuré!), Barack Obama.
Même chose pour ce dernier avec les électeurs de gauche qui sont terrifiés à l’idée de voir revenir les républicains devenus encore plus à droite et belliqueux depuis l’ère George W Bush et qui ne critiquent plus les «dérives droitières» de l’hôte de la Maison blanche.
La deuxième est que l’électorat qui est encore capable de changer d’avis pour un côté ou l’autre est celui composé des modérés et des centristes.
La pêche aux voix ne peut donc se faire qu’en le ciblant, d’où le recentrage de Romney, d’où la focalisation d’Obama pour ses attentes.
On ne devrait donc plus entendre – à moins de quelques gaffes toujours possibles – de discours ultras, diviseurs et idéologiques jusqu’au 6 novembre.
En revanche, les spots politiques attaquant durement l’autre camp ne sont pas prêts d’être rangés au placard.
Alexandre Vatimbella

jeudi 4 octobre 2012

Une Semaine en Centrisme. Débat Obama-Romney ou la difficulté d’être Centriste


Le premier débat de la présidentielle américaine a, parait-il, été remporté par Mitt Romney, le candidat d’un parti républicain très à droite.
Pour ceux qui aiment le fond et qui n’ont pas peur de regarder cet exercice de style peu appétant (et nous recommandons à tous ceux qui ont écrit à chaud dessus de le regarder à nouveau), ils constateront que la performance de Mitt Romney est bien moins brillante et que la prestation de Barack Obama bien meilleure que ce qu’ils ont écrit ou dit.
Pourquoi? Parce que le fond est bien plus profond dans les propos d’Obama et la forme est bien plus brillante dans ceux de Romney.
Or, c’est bien le fond qui compte, in fine, en politique même si la forme est souvent louée et particulièrement mise en avant par les médias, notamment audiovisuels (d’autant plus, dans ce cas précis, qu’il leur faut «vendre» à tout prix la présidentielle comme n’importe quel divertissement à suspens afin de faire un maximum de taux d’audience et donc, en l’occurrence, de saluer plus que de mesure la bonne prestation du challenger qui était distancé dans les sondages permettant de relancer le plus possible l’incertitude du résultat).
Plus profondément, nous avons assisté à une des difficultés que nous avons souvent pointées: la position centriste est toujours beaucoup plus ardue à expliquer et à défendre dans ce genre d’exercice où les opinions tranchées sont plus «percutantes» et où on se trouve attaqué par la Droite et la Gauche.
Si l’on regarde les réactions à la prestation d’Obama, tout y est.
Il a été trop professoral, disent les «pundits» (experts médiatiques) parce qu’il a essayé d’aller au fond des problèmes.
Il a eu l’air de s’embêter, disent les commentateurs, parce qu’il a essayé de ne pas sacrifier le fond pour la forme.
Il n’a pas assez fait de «rentre dedans» vis-à-vis de Romney disent les conseillers en communication (et les démocrates de gauche), parce qu’il n’a pas joué au radical, lui qui a toujours privilégié la discussion, la persuasion et le consensus.
Il n’a pas simplifié ses positions en petites phrases qui sont souvent aussi brillantes que creuses, disent-ils tous, parce qu’il a toujours cru que les Américains comprennent quand on leur parle sérieusement et en adultes responsables.
Sans oublier deux autres caractéristiques, l’une particulière à ce débat, l’autre à tous les exercices du même style.
D’abord, Mitt Romney a recentré ses positions et s’est une nouvelle fois contredit par rapport à ses discours de droite radicaux, ce qui a été malheureusement «oublié» par la plupart des analystes (on verra si c’est le cas des plus à droite des républicains!).
Du coup, Barack Obama avait devant lui, d’un certain côté, un débatteur qui disait le contraire de ce qu’affirme le candidat, un exercice de style toujours difficile car si on se focalise sur cette supercherie, on devient vite celui qui agresse, ce qui est toujours mauvais en terme d’image.
Ensuite, Mitt Romney, en tant que challenger n’avait pas à défendre un bilan ce qui est toujours plus facile car, sur quatre ans de gouvernance, on peut attaquer bien des points qui font controverse ou qui semblent être des faiblesses de son adversaire qui, lui, a été constamment au charbon.
Nous verrons si Barack Obama change de tactique pour les prochains débats et ce qu’il dira de celui qui vient de se dérouler lors de ses prochaines réunions électorales.
Quoiqu’il en soit, il faut bien comprendre qui est le vrai Barack Obama, celui qui se raconte dans ses livres, celui qui explique ce qu’il veut faire dans ses discours depuis dix ans, celui qui agit depuis quatre ans à la tête des Etats-Unis.
On peut le critiquer pour ce qu’il est ou pour ce qu’il fait mais pas pour ses convictions.
Il est profondément centriste et n’a jamais varié de ce positionnement qui est, pour lui, fondamental, afin de gouverner et réaliser son objectif, permettre à son pays de demeurer puissant et fort au cours du XXI° siècle grâce à un gouvernement bipartisan, c’est-à-dire dont les majorités sont fluctuantes au gré des questions abordées en non polarisées uniquement par l’appartenance à un parti ou à un autre au mépris des intérêts nationaux.
Pour terminer, on ne peut que se féliciter du recentrage de Mitt Romney… s’il est réel.
On évaluera son degré de sincérité dans les prochains jours et les prochaines semaines lorsqu’il va devoir s’en expliquer devant la base républicaine fortement teintée par les positions de droite extrême du Tea party, elle qui ne l’aime pas et se méfie de lui.
Peut-être que nous aurons là une nouvelle preuve de la difficulté d’être centriste!
Alexandre Vatimbella

USA élection 2012 vue du Centre. Romney se recentre à nouveau lors du premier débat avec Obama

Pour nombre de commentateurs, Mitt Romney a remporté le premier débat qui l’a opposé à Barack Obama.
Pour autant, s’il a été bon sur la forme, il a été, comme d’habitude, faible sur le fond, détournant la conversation à chaque fois que le président sortant ou le modérateur, le journaliste Jim Lehrer, lui demandaient de préciser ses plans et ses mesures.
Sans doute que le brio de Romney est d’autant plus loué qu’Obama a été peu offensif, adoptant une position de pédagogue sur ses quatre ans de présidence et les réformes qu’il a mis en place tout en expliquant qu’il se battrait de la même manière s’il était réélu, notamment en faveur des classes moyennes.
Du coup, comme cela était prévisible et se produit souvent dans ce type de débat, le challenger qui n’a rien à perdre adopte une position plus offensive et sa «nouveauté» parait plus rafraîchissante aux yeux du public que la défense d’un bilan.
En outre, Mitt Romney a tenté cet exercice difficile où il s’est cassé maintes fois les dents au cours des derniers mois, d’apparaître comme un modéré tout en gardant nombre de ses positions très clivantes.
Il a ainsi redit qu’il annulerait la loi sur l’assurance-santé de Barack Obama dès son arrivée à la Maison blanche, tout en précisant immédiatement qu’il en garderait certaines mesures et en louant sa propre réforme dans le Massachussetts (détestée par la droite républicaine) qui est quasiment identique à celle mise en place par Obama…
De même, alors qu’il continue dans ses meetings à promettre des allégements fiscaux pour les plus riches, il s’est fait le chante de la baisse des impôts pour la classe moyenne tout en reconnaissant que les plus riches devraient payer plus…
Reste à savoir si, au-delà d’une victoire dans un débat, aussi important fut-il, va déplacer du camp démocrate au camp républicain, le nombre d’électeurs dont il a besoin pour inverser la tendance actuelle qui le donne perdant face à Barack Obama.
Rappelons que deux nouveaux débats vont avoir lieu au cours de ce mois entre les deux hommes (plus un débat entre les deux candidats à la vice-présidence, Joe Biden, le démocrate, et Paul Ryan, le républicain).
Dans les jours qui viennent les sondages montreront si les électeurs ont été sensibles à la prestation modérée de Mitt Romney ou s’ils pensent toujours qu’il n’est pas proche d’eux et préfèrent toujours Barack Obama.
A noter, mais ce n’est pas une surprise, que le débat a été l’événement politique ayant suscité le plus de tweets (twitter, créé en 2006, n’avait pas encore l’importance qu’il a acquise il y a quatre ans lors de la dernière campagne présidentielle).
Alexandre Vatimbella