samedi 20 août 2016

L’Humeur du Centriste. Monsieur Macron, ne pas être socialiste ne vous oblige pas à rencontrer de Villiers…

E. Macron & P. de Villiers
Emmanuel Macron vient de faire une incroyable révélation selon les médias: il n’est pas socialiste.
Bien, mais combien de Français pensaient qu’il l’était?
Ceux qui ne suivent jamais les informations?
Oui, peut-être, encore faut-il savoir comment ils pourraient le connaitre…
Emmanuel Macron a toujours dit qu’il avait une sensibilité de gauche avant d’affirmer qu’il n’était «ni de gauche, ni de droite».
Une déclaration qui a fait les gros titres des médias.
Et à part pour quelques crypto-trotsko-stalino-maoïstes, être socialiste c’est se situer à gauche.
Sans oublier qu’il se définit comme un libéral avec une sensibilité «social-libérale».
D’ailleurs, pour lui «le grand clivage n’est plus entre la Droite et la Gauche mais entre ouverture et fermeture, entre progressistes et conservateurs».
Ce qui devrait faire de lui un centriste ou, ad minima, un compagnon de route du Centre.
Bon, voilà pour la clarification qui n’en est pas une et, donc, une information qui n’est en pas une.
Voire.
Car Emmanuel Macron a fait ce faux coming out sur son non-socialisme, à une réponse d’un journaliste, alors qu’il était allé rencontrer Philippe de Villiers au parc d’attractions du Puy du Fou dont ce dernier est le créateur pour saluer ce qu’il a appelé une «formidable réussite».
Or, de Villiers n’est pas socialiste, ni même de gauche, encore moins «ni à droite, ni à gauche», pas plus du Centre mais un trublion de la politique qui se situe aux franges de l’extrême-droite, qui plus est un anti-européen notoire.
Et les propos tenus par Macron pour expliquer sa rencontre avec ce personnage controversé ne sont guère convaincants:
«Notre pays est paralysé parfois par une espèce de sectarisme, par des oppositions stériles qu'on voudrait créer. Il y a des divergences, elles sont réelles, c'est normal, c'est la vie politique. Philippe de Villiers a ses convictions que je respecte, j'ai les miennes, sur l'Europe, sans doute sur la société française».
Et d’ajouter: «Nous appartenons à un même pays».
Avec cette remarque, toutes les rencontres sont donc possibles pour Macron.
Voilà sans aucun doute qui pose problème plus que le non-socialisme du ministre de l’Economie.
Car, dans la classification même de Macron, qui se pose en progressiste ouvert, De Villiers est un conservateur, adepte de la fermeture en matière de mœurs et contre l’ouverture par l’Europe et par la mondialisation.
Et parmi les pires.
Depuis quelques temps, il fricote même avec deux sombres bonhommes, Patrick Buisson et Eric Zemmour, l’un d’extrême-droite, l’autre de droite radicale.
Selon l’Express, «Leur défi: faire vivre la ‘droite hors les murs’, selon l'expression de Patrick Buisson, une droite identitaire, souverainiste, conservatrice, réactionnaire et assumée comme telle (…).»
Quel «sens» – puisque, selon lui les Français en ont besoin –, porte donc cette rencontre pour son entreprise politique En marche?
Est-ce une faute politique?
Rappelons d’abord que dans les baromètres de popularité et malgré une baisse ces derniers temps, Macron est plus populaire chez les électeurs de droite que chez ceux de gauche.
Mais cela ne justifie pas cette rencontre, qui plus est, largement médiatisée par ses soins.
On a l’impression qu’Emmanuel Macron se sent, à la fois, dans la toute puissance de sa popularité sondagière et de la réussite médiatique de la création de son mouvement En marche mais également déstabilisé par les critiques virulentes à son encontre venues d’un peu partout mais aussi par des questionnements de plus en plus nombreux sur sa stratégie et, surtout, sur le but réel de son entreprise politique.
Alors, il cherche désespérément à se mettre en scène au risque de brouiller de plus en plus son image.
En allant voir Philippe de Villiers, il peut se targuer de son ouverture d’esprit.
Néanmoins, cela ne lui fera pas gagner un seul soutien à gauche ainsi qu’au Centre et à droite.
Cette initiative sera vue plutôt comme une provocation dans une volonté de faire parler de lui coûte que coûte et d’un dérapage du à une ambition débridée.
Ceux qui espèrent encore dans l’homme, espèrent également qu’il saura se reprendre.

Centristement votre.

Le Centriste