mardi 2 juillet 2019

Actualités du Centre. Grèce – Législatives: Les libéraux de droite en tête des sondages, les centristes en perdition

Syriza va-t-elle devoir passer la main le 7 juillet prochain lors des élections législatives grecques?
Selon les sondages, il semble que oui d’autant que la formation d’extrême-gauche du premier ministre sortant, Alexis Tsipras a été largement battu lors des dernières élections européennes de mai mais aussi lors des élections municipales et régionales qui se sont déroulées le même jour.
Oscillant entre 38% et 40% des intentions de vote, c’est le parti de droite libérale et démocrate-chrétien, la Nouvelle démocratie qui est largement en tête (avec entre 155 et 164 députés sur les 300 de la Vouli Ton Ellinon (Parlement monocaméral), la chambre des députés, soit la majorité absolue) devant Syriza qui se situe entre 27 et 29,5% des intentions de vote et n’obtiendrait qu’entre 78 et 87 sièges.
Le cas des centristes est tout différent car ils ne joueront pas les premiers rôles au cours de cette élection, c’est le moins que l’on puisse dire.
Dans les derniers sondages l’Union des centristes se trouve dans une fourchette très basse de 1 à 2,5% des intentions de vote et risque de n’avoir aucune représentation au Parlement alors qu’elle a 9 députés sortants.
L’autre formation du Centre, To Potami (La rivière) – qui a 11 députés sortants – semble dans une situation très délicate.
Alors qu’elle avait réussi au moment de sa formation en 2015 à obtenir 17 députés (6 l’ont quittée en cours de législature), elle semble reléguée à n’être qu’une force politique de peu de poids dans une alliance de centre-gauche avec ce qui reste de l’ancien Pasok (Parti socialiste au pouvoir pendant des années) et qui s’est scindé en plusieurs petites formations.
A noter qu’elle a déjà perdu ses députés européens lors des européennes de mai.
Situation d’autant plus délicat car si, dans un premier temps, elle avait noué une alliance de centre-gauche Kinal (Mouvement pour le changement) avec les socialistes du Pasok, les sociaux-démocrates de Dimar (Gauche démocratique) et de Kidiso (Mouvement des sociaux-démocrates), elle en était sortie en juillet 2018 pour des désaccords politique, notamment sur l’existence et le nom de la République de Macédoine du Nord (nom désormais officiel de cette ancienne république de Yougoslavie) avant d’en refaire partie depuis son échec retentissant aux européennes....
Kinal est créditée de 18 à 24 sièges dans les sondages sans que l’on sache combien reviendront à To Potami.
Reste que sur bien des questions, Nouvelle démocratie est proche d’un positionnement centriste.

Présidentielle USA 2020. Primaires démocrates: est-ce le «momentum» de Kamala Harris?

Kamala Harris
Depuis toujours, il y a de notables différences selon les instituts de sondage américains quant aux résultats de leurs enquêtes d’opinion.
Une de ces raisons est que certaines sociétés ou organisations qui les réalisent sont très proches de certains candidats ou partis.
Ainsi, il y a des sondeurs républicains qui ont tendance à gonfler le score des candidats du même parti (on rappelle que tous les résultats sont «corrigés» et comportent des «marges d’erreur» qui permettent l’appréciation subjective du sondeur).
Idem pour le Parti démocrate mais aussi, à l’intérieur même de chaque camp, il y a des sondeurs qui sont plus proches des radicaux et d’autres des modérés.
En ce qui concerne les primaires démocrates actuelles, certains instituts et organisations sont plus proches de la gauche du parti, d’autres de son aile centriste.
D’où des résultats qu’il faut prendre avec circonspections sauf pour certains sondeurs qui ne sont pas idéologiquement engagés à moins que, comme pour certains qui, comme partout dans le monde, veulent faire le buzz en «corrigeant» un petit peu trop leurs résultats!
Deux exemples parmi les plus frappants de ces dernières années nous viennent des élections de 2012 et de 2016.
En 2012, c’est le biais idéologique qui a permis à certains instituts et certains médias (comme la très réactionnaire chaine d’infos, Fox news qui a longtemps refuser d’annoncer les résutats officiels…) de prédire puis d’annoncer le soir des élections la victoire du républicain Mitt Romney alors même qu’il avait été battu à plate couture par Barack Obama!
En 2016, il s’agissait plutôt de faire le buzz (même si les arrière-pensées idéologiques n’étaient pas absentes) en prédisant la victoire de Donald Trump en nombre de voix.
Car si ce dernier l’a bien emporté, il l’a fait en ayant près de 3 millions de voix de moins qu’Hillary Clinton, bénéficiant d’un système électoral biaisé.
Or, à l’encontre de tout ce que les médias ont pu écrire, ceux qui se sont trompés en 2016 n’étaient pas la quasi-totalité des sondages au niveau national mais les quelques uns qui ont osé mettre Trump en tête!
En revanche, il y a bien eu des erreurs des sondeurs à cette occasion concernant les enquêtes réalisées dans chaque Etat où les imprévisibilités sont parfois nombreuses et importantes ce qui fait que les sondages ont du mal à donner un résultat fiable.
Ainsi, nombre d’instituts et d’organisations n’ont pas vu la victoire de Trump en Pennsylvanie, au Michigan ou dans le Wisconsin.
A leur décharge, celle-ci a eu lieu avec un nombre de voix très peu importantes qui entre dans les marges d’erreur…
Toute cette longue introduction pour dire que la montée dans les sondages de la sénatrice de Californie (mais aussi ancienne procureure de l’Etat), la centriste Kamala Harris, depuis le premier débat entre candidats à la primaire démocrate, doit être appréciée dans ce cadre d’incertitude générale.
Ainsi, les trois sondages réalisés après la primaire donnent à Kamala Harris 11% d’’intentions de vote (Harris X), 12% (Morning consult) et 17% (CNN), des différences très importantes quant on sait que l’enquête d’Harris X et de CNN se sont déroulées en même temps et ont un différentiel énorme de six points!
Ce qui est plus intéressant au-delà de ces chiffres bruts c’est que, dans les trois cas, Harris se positionne désormais en troisième position (pour Morning consult et Harris X) et même en seconde position (CNN) dans la course à l’investiture (le centriste Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, demeurant en tête dans les trois sondages).
Pour Morning consult, elle partage cette troisième place avec la sénatrice du Massachussetts, Elizabeth Warren mais la devance pour Harris X, alors même que les «experts» avaient affirmé que Warren la «liberal» très à gauche l’avait emporté au cours de ce premier débat…
Pour CNN, elle devance même le sénateur du Vermont et socialiste, Bernie Sanders de deux points.
On peut donc estimer, avec toutes les réserves d’usage, que Kamala Harris vit son premier «momentum», terme américain signifiant une séquence sondagière particulièrement favorable qui rythment les élections de tous les pays démocratiques et peut concerner différents candidats qui peuvent en vivre plusieurs au cours d’une campagne électorale (le mieux étant d’en vivre une à la fin d’une campagne évidemment!).
Peut-on analyser ce momentum rationnellement?
Pour beaucoup d’observateurs, son attaque calculée et agressive (elle l’a lancée en dehors même d’une discussion sur le sujet entre candidats) contre les soi-disant ambiguïtés de Joe Biden sur les Afro-Américains (elle est elle-même d’origine en partie indienne et afro-américaine) lui a permis de faire le buzz et de montrer ses qualités de solidité et de fermeté, tout en jouant sur la corde sensible de son enfance ségrégationnée.
Mais il serait injuste de dire que ce seul événement médiatique lui permet cette montée soudaine dans les sondages.
Son discours est, à la fois, très offensif à l’encontre de Donald Trump (dont elle réclame la destitution) et ses propositions en matière économique, sociale et sociétale sont robustes avec une taxation des plus riches et des grosses entreprises, une attention plus grande aux classes moyennes et une aide aux plus pauvres, la défense des minorités attaquées de toute part depuis l’élection de Trump, son combat contre les armes à feu les plus dangereuses ainsi que ses prises de position humanitaires en faveur des migrants.
Tout cela donne une certaine consistance à son programme même si, selon plusieurs analystes, elle doit encore clarifier ce dernier en donnant un sens plus explicite au pourquoi de sa candidature.
Quoi qu’il en soit, Harris doit maintenant capitaliser sur ce momentum et être capable de garder cette dynamique ce qui, par exemple, n’a pas été du tout le cas de Beto O’Rourke.
L’ancien représentant du Texas qui a fait une campagne sénatoriale tonitruante face à un des extrémistes de droite les plus réactionnaires du pays, Ted Cruz, ce qui lui avait permis de se faire connaître du grand public et de lui donner beaucoup de crédit (malgré sa défaite finale), a, lui, complètement dilapidé les gains de son «momentum» à l’occasion de l’annonce de sa candidature.
Désormais, il se morfond dans les sondages autour de 2 à 4% d’intentions de vote…
Un des éléments qui semblent néanmoins montrer que Kamala Harris a changé de statut dans cette primaire sont les attaques nauséabondes dont elle a été victime sur les réseaux sociaux après le débat et ses attaques contre Biden.
A noter que ce dernier lui a adressé, à cette occasion, tout son soutien.