samedi 14 septembre 2013

Refondation du Centre. Les centristes encore divisés sur la réunion annoncée

Au moment où Jean-Louis Borloo réclame au plus vite une «charte avec les lignes essentielles d’un projet commun, un système de fonctionnement unifié et démocratique et des alliances claires» à François Bayrou afin d’acter et de formaliser sans attendre (les élections municipales et européennes se profilent à grand pas) leur volonté de s’unir, cette réunion centriste ne fait pas, on s’en doute, que des heureux tant à l’intérieur des partis centristes que dans les autres partis, UMP en tête, l’allié «naturel» de l’UDI.
Si la majorité des élus et dirigeants de l’UDI semblent d’accord pour accueillir François Bayrou et ses troupes (à noter qu’ils ne conçoivent cette réunion que par l’allégeance du MoDem à leurs thèses et leur positionnement au cente-droit) avec quelques exceptions comme celle de François Sauvadet et quelques réticences comme celle de Jean-Christophe Lagarde, beaucoup de responsables du Mouvement démocrate, à l’image de Jean-Luc Bennahmias trainent les pieds (eux qui voient dans ce rapprochement, une trahison de la ligne politique du parti et qui espéraient encore, il y a peu, un accord politique avec le PS et leur participation au gouvernement).
Quant aux militants des deux partis, ils sont encore largement déboussolés ou circonspects, ne comprenant pas comment les noms d’oiseau d’hier ont pu devenir en si peu de temps les compliments d’aujourd’hui sans aucune discussion sur le fond autre qu’une déclaration de Bayrou sur la nécessité de réunir les centristes et sur le sentiment de Borloo que le MoDem semblait dans l’opposition, et se demandant si ces nouveaux mamours ne sont, encore une fois, que voués à l’échec à plus ou moins brève échéance.
Les articles et les reportages se multiplient dans les médias – montrant ainsi un intérêt à un Centre unifié – et, par voie de conséquence, les déclarations qui montrent que le processus n’est peut-être qu’à son début.
On en ainsi lu et entendu beaucoup de monde ces derniers jours.
Parmi les prises de parole les plus significatives, outre celles des personnes citées plus haut, il y a celle d’Hervé Morin, président du Nouveau centre, principale composante centriste de l’UDI, qui, a donné son accord à cette réunion du Centre, lui qui était un des principaux contempteurs du MoDem il y a peu.
Car celui qui annonce qu’en la matière «rien ne se fera sans moi» ne serait pas chagriné de voir le pouvoir se diluer dans un futur espace centriste unifié avec Bayrou dans les pattes de Borloo, ce qui lui permettrait de ne plus être marginalisé par ce dernier, son meilleur ennemi, et récupérer un peu de pouvoir en passant.
Quant aux «spécialistes» autoproclamés du Centre, ils font parler, soit leur fantasme, soit leur a priori négatif au détriment d’une analyse sérieuse.
Et les uns de prédire un avenir radieux à une réunion, ce qu’aucun sondage ne vient corroborer, alors que d’autres voient le tout se fracasser sur les réalités électorales et les inimitiés personnelles, oubliant que la politique n’est pas une arène amoureuse mais d’intérêt.
Il faudra voir, dans les jours et les semaines qui viennent, comment évolue le discours des uns et des autres et, surtout, si des actes concrets sont entrepris pour donner corps à ce rapprochement dont on ne sait pas pour l’instant quelle forme il va prendre.
Mais, quel qu’il soit, il va falloir que les responsables centristes s’activent car les échéances électorales qui en sont à l’origine se profilent à l’horizon.
Enfin, à n’en pas douter, nous allons avoir une salve de sondages qui va nous indiquer si l’alliance UDI-Mouvement démocrate a un sens électoral…

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC