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mardi 2 décembre 2014

Refondation du Centre. Mais que font encore des centristes à l’UMP?

La lente mais sûre dérive à droite de l’UMP qu’un sondage Louis Harris Interactive pour le magazine Marianne vient de confirmer pose évidemment la question de la présence de centristes à l’intérieur du parti présidé à nouveau par Nicolas Sarkozy, d’autant plus que l’on connaît le peu de respect de ce dernier pour le Centre à part pour les voix qu’il peut rapporter...
Si, après le choc de 2002 avec la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle, l’UMP avait été créée pour rassembler les familles centristes et droitistes dans un grand parti de centre-droit et de droite modérée pour s’opposer à l’extrémisme populiste et démagogique du Front national et le contrer dans les urnes, on ne perçoit plus dorénavant que cette union soit une évidence du fait de la radicalisation de plus en plus importante d’une majorité de l’électorat de droite.
En regardant les résultats du sondage précité, on voit bien que, souvent, ce sont les sympathisants de l’UMP qui se sentent plus proches des thèses du FN que les sympathisants de ce dernier vis-à-vis de celles de l’UMP.
On peut même en conclure que, non seulement, la fameuse «dédiabolisation» mis en œuvre par Marine Le Pen a réussi auprès de l’électorat de l’UMP, tout en ratissant tous les mécontents du «peuple de gauche», mais que la stratégie de Nicolas Sarkozy, se placer sur le terrain de l’extrême-droite pour siphonner ses idées et ses voix, n’a en fait permis, au bout du compte, que de rendre encore plus acceptable le Front national pour le «peuple de droite».
Dès lors, devant l’échec de la Gauche et de la Droite à contrer la montée des extrêmes ces dernières années – on le voit également avec le Front de gauche même s’il ne réussit pas électoralement parlant de la même manière que le Front national – il ne reste donc plus que le Centre pour mener le combat.
Dans cette optique, il serait bien que les quelques vrais centristes de l’UMP – et non les centristes défroqués qui ont peu à peu épousés la plupart des thèses droitistes, parfois les plus dures –, tirant le bilan assez médiocre de leur présence aux côtés de la Droite pendant douze ans, ouvrent des discussions avec l’UDI pour rejoindre la confédération ou créer une coalition avec eux.
De même, un rapprochement UDI-Mouvement démocrate serait un signal fort pour la constitution d’un axe central où les partis centristes seraient le noyau dur, le pôle d’attraction auxquels les modérés de la Droite et de la Gauche pourraient s’allier en vue d’une nouvelle majorité tournant le dos aux thèses dangereuses que véhiculent le Front national et le Front de gauche.
On ne semble malheureusement pas en prendre le chemin avec l’alliance François Bayrou-Alain Juppé qui passe au-dessus de l’UDI mais aussi avec la discrétion, voire l’inaudibilité, des centristes de l’UMP, incapables de peser à l’intérieur ou de s’émanciper.
Aujourd’hui, les centristes de l’UMP ne sont plus qu’un maigre alibi, une caution dérisoire afin de faire croire que Droite et Centre c’est la même chose.
Il est temps de faire un sort à cette idée reçue avant que des centristes ne se retrouvent dans des alliances déshonorantes faute d’avoir eu le courage au bon moment d’être fidèles aux valeurs qu’ils prétendent défendre et qu’ils participent à la création d’un Centre capable d’attirer la Droite et non le contraire pour détourner cette dernière de son tropisme actuel radical si dangereux pour la démocratie républicaine.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC


mercredi 19 novembre 2014

Refondation du Centre. Où en est-on en cette fin 2014?

On avait prédit que 2014 serait une année test pour cette fameuse refondation du Centre qui est loin d’être terminée encore aujourd’hui.
Après la création en deux temps de l’UDI en 2012, celle de l’Alternative en 2013, 2014 était une année d’élections (municipales, européennes, sénatoriales) qui allait voir les partis centristes se confronter aux électeurs pour la première fois après leurs terribles résultats de l’année 2012 et leur permettre de jauger leur solidité et leur potentiel dans la perspective de 2017.
On n’avait évidemment pas prévu que cette année 2014 serait aussi celle du passage de témoin entre Jean-Louis Borloo et son successeur, après que le président fondateur de l’UDI ait décidé de jeter l’éponge suite à un grave problème de santé mais aussi par une grande lassitude de ne pouvoir structurer la confédération de centre-droit en un parti unifié dédié à son projet politique et à ses ambitions personnelles.
Quel bilan tirer à propos du Centre alors que viennent de se terminer les élections à la présidence de l’UDI qui ont vu la victoire de Jean-Christophe Lagarde sur Hervé Morin et que l’avenir de la formation n’est pas encore totalement assurée même si Morin a accepté le résultat tout en pointant des irrégularités et en se déclarant le vainqueur moral?
- Refondation de l’espace centriste
En ce qui concerne l’espace centriste, le constat est mitigé.
L’UDI, qui a passé le cap des deux ans d’existence, a assez bien tenu le choc des élections externes et surtout internes mais demeure encore un parti en structuration avec des forces qui ne sont loin d’être soudées et des leaders qui sont plus en mode confrontation qu’en celui de collaboration.
Tout le travail du nouveau président, Jean-Christophe Lagarde, sera d’insuffler une dynamique permettant, dans les mois qui viennent, de surmonter ce manque de cohésion autour de l’écriture d’un projet et d’une identité politiques afin de transcender les ambitions personnelles en une aventure collective.
Néanmoins, la tâche s’annonce rude et le succès n’est pas assuré, loin de là.
Le Mouvement démocrate, lui, a continué à devenir une petite formation totalement dédiée à son chef, François Bayrou.
Il a pu se refaire une petite santé lors des municipales (avec l’élection de Bayrou à la mairie de Pau) et a limité les dégâts lors des européennes grâce à sa nouvelle alliance avec l’UDI et l’UMP, tournant ainsi le dos au fameux «ni, ni» de son président qui avait eu comme conséquence sa quasi-disparition de l’Assemblée nationale en 2012 (un siège de député).
Si, à l’inverse de l’UDI, le leader du Mouvement démocrate est connu et se trouve parmi les personnalités les plus appréciées des Français, cela ne se traduit pas pour le parti par des succès électoraux et une place dans les grandes formations politiques.
Ce serait d’ailleurs plutôt le contraire avec un paradoxe qui s’explique peut-être par l’extrême identification du MoDem à son seul chef, n’en faisant qu’un outil à ses ambitions et non un parti traditionnel aux yeux des électeurs.
En outre, une partie de la gauche du MoDem a claqué la porte après le rapprochement de François Bayrou avec l’UMP et avec Alain Juppé et s’en est allée créer un nouveau parti, le Front démocrate, qui peine à exister.
Quant à l’Alternative, cette «organisation coopérative» entre l’UDI et le MoDem, créée par François Bayrou et Jean-Louis Borloo, elle n’a été, jusqu’à présent – et définitivement? – qu’un cartel électoral qui, s’il a été très peu utilisé lors des municipales, a été l’étiquette sous laquelle se sont présentées les deux formations centristes aux européennes au grand profit du Mouvement démocrate et au grand dam de l’UDI.
Mais aucune avancée n’a été faite sur un quelconque projet commun (ni même sur un projet de chacun d’entre eux), les partis centristes se contentant de montrer une opposition peu constructive face à François Hollande et au gouvernement de Manuel Valls, pariant sur la victoire assez évidente de la Droite en 2017 et, donc, dans le cadre d’une alliance «naturelle» avec celle-ci, à leur retour au pouvoir.
- Puissance politique et électorale du Centre
En matière politique et électorale, le Centre a enregistré des avancées timides.
Le Centre demeure une force politique de second plan et ne parvient pas à se hisser au niveau du PS et de l’UMP, ce que le FN est parvenu à faire de son côté.
Si l’UDI et le Mouvement démocrate clament qu’en nombre d’élus les partis centristes sont la troisième force du pays, les sondages en font la quatrième force derrière l’UMP, le PS et le FN, et plus proche des scores des écologistes et du Front de gauche que des trois premiers.
Les élections municipales et sénatoriales, si elles ont vu effectivement des gains, ceux-ci n’ont pas été conséquents et, dans la plupart des cas, obtenus au sein d’une coalition avec l’UMP et non pas sur le simple nom de l’UDI ou du MoDem.
Surtout, les élections européennes, les seules où le Centre est allé au combat uniquement sous sa propre bannière, ont été un échec cuisant avec moins de 10% (9,93%) des voix alors que, dans le même temps, le Front national devenait le premier parti de France avec près de 25% (24,85%) des voix sur un programme totalement anti-européen.
Pourtant, l’espace centriste demeure malgré tout un lieu convoité par la Gauche et la Droite en prévision des élections présidentielles et législatives de 2017 qui ne se gagneront pas sans les électeurs centristes pour l’un ou l’autre camp.
Ainsi, tant à gauche avec Manuel Valls qu’à droite avec Alain Juppé, les centristes sont très courtisés et un axe central est en train d’émerger sans que l’on sache, pour l’instant, s’il sera une solide alternative à la Gauche et à la Droite ainsi qu’à l’extrême-droite dans les années qui viennent.
La bonne nouvelle pour la refondation du Centre est donc que les partis centristes n’ont pas disparu et ont été capables de gains lors des élections municipales et sénatoriales.
Mais on est loin encore d’une robustesse qui permet de regarder l’avenir avec sérénité.
C’est même plutôt le contraire avec un risque non-négligeable d’implosion de l’espace centriste qui ne signifierait pas la mort du Centre mais son incapacité à être une force politique crédible pour les Français.
Pour autant, les potentialités existent.
Reste aux centristes de ne pas les gâcher.
Alexandre Vatimbella

Directeur du CREC

dimanche 27 avril 2014

Refondation du Centre. L’avenir en suspens de l’Alternative en cas de mauvais résultat aux européennes

On peut penser que si les élections européennes sont un succès pour les listes de l’Alternative (UDI+MoDem), cette dernière deviendra incontournable pour les partis centristes et ce, même si de nombreux points resteront à éclaircir et à régler pour qu’elle avance vers programme commun en vue de la présidentielle et des législatives.
En revanche, on peut se demander quel pourra être son avenir en cas de mauvais résultat.
Une question qui n’est pas seulement académique puisque les sondages montrent que seulement 9% des électeurs déclarent qu’ils vont voter pour les listes centristes.
Si c’est le cas, l’Alternative aura failli dans sa première mission de donner un coup de fouet aux partis centristes lors d’une élection qu’ils considèrent eux-mêmes comme très favorable à leur camp.
Il se pourrait qu’il y ait un réflexe de survie qui aboutisse à un approfondissement de cette refondation, les partis centristes comprenant que leur espace politique est vraiment sinistré et qu’il faut un effort d’union d’une toute autre ampleur pour retrouver la crédibilité auprès des Français.
Malheureusement, le cas de figure le plus probable devrait être une remise en question de l’existence de l’Alternative  -- comme certains dirigeants centristes l’ont déjà évoqué – même si celle-ci n’aboutit pas forcément à une séparation des deux partenaires.
Car depuis la création de cette «organisation coopérative», l’UDI et le Mouvement démocrate ont montré à maintes reprises qu’ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde, loin s’en faut.
Un échec aux européennes aurait donc comme conséquence de mettre sur la table les oppositions entre les démarches des deux partis, tant au niveau de la stratégie politique que celui du contenu même des projets politiques, sans parler de celui des chocs des ambitions personnelles.
Déjà, les craquelures se sont manifestées avec des dirigeants en conflit et des avenirs fragilisés tant à l’UDI (départ de Borloo) que du Mouvement démocrate (qui se transforme petit à petit en coquille vide).
De plus les militants des deux bords ne se font guère confiance et ne lorgnent pas du même côté (UDI plutôt vers le droite, MoDem plutôt vers la gauche).
Ce qui est d’ailleurs confirmé par les positionnements des sympathisants qui semblent peu compatibles comme l’a montré un dernier sondage où 58% de ceux du Mouvement démocrate estiment que le Centre doit s’inscrire dans une coopération avec le gouvernement de Manuel Valls tandis que 73% de ceux de l’UDI estiment que le Centre doit clairement s’inscrire dans l’opposition.
On ne peut pas faire plus opposé…
Reste que les choses pourraient tourner autrement.
Deux autres possibilités existent ainsi du fait que l’UDI doit se choisir dans les mois qui viennent un successeur à Jean-Louis Borloo.
A cette occasion les risquent d’implosion de ce qui demeure une confédération où les partis qui la constituent ont gardé tous leurs attributs de légitimité, sont importants du fait de personnalités qui ne s’apprécient guère et n’ont pas l’intention de se faire des cadeaux, ni même de travailler ensemble.
Du coup, l’Alternative pourrait imploser de même ou être, à l’opposé, un réceptacle pour tous les partis centristes à nouveau indépendants les uns des autres.
Quoi qu’il arrive, son avenir est en suspens.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

mercredi 9 avril 2014

Refondation du Centre. L’instant critique de l’après-Borloo

Il y a quelque chose de particulièrement indécent – pardon, de «politique»  – à voir ceux qui le combattaient durement hier, dresser aujourd’hui des couronnes de lauriers à Jean-Louis Borloo pour mieux l’enterrer en vue de demain.
Que n’a-t-on entendu dans les coulisses de l’UDI, ses «amis» le railler sur ses addictions voire sur ses incapacités congénitales à se décider et à diriger ainsi qu’à aller au combat.
Sans parler des noms d’oiseaux et des synonymes de traître qui se baladaient un peu partout sur les lèvres des responsables de feue l’UDF puis du Mouvement démocrate, lui qui avait rejoint Jacques Chirac en 2002 puis Nicolas Sarkozy en 2007 en laissant tomber François Bayrou.
Mais, comme le pointe les médias avec leur énième enterrement programmé du Centre, son retrait de la vie politique a créé un vide et un instant critique pour l’avenir, non seulement de l’UDI et de l’Alternative, mais pour celui de la refondation actuelle des partis centristes.
Car, disons-le, même si Jean-Louis Borloo n’était pas un centriste (tout comme Valéry Giscard d’Estaing, par exemple), il avait réussi à réunir l’espace centriste et fait en sorte que les rivaux d’hier soient obligés de cohabiter ensemble.
Or, lui parti, les vieilles inimitiés et querelles vont pouvoir reprendre, peut-être de plus belle, sachant que les leçons en politique ne sont que très peu apprises…
Bien sûr, un président par intérim vient d’être nommé, Yves Jégo, en attendant le congrès extraordinaire chargé d’élire le nouveau chef de l’UDI.
Bien sûr, également, les zones d’ombre du rapprochement UDI-Mouvement démocrate seront oblitérées jusqu’aux résultats des élections européennes.
Bien sûr, les leaders centristes ont des propos mesurés les uns sur les autres.
Pour autant, personne ne peut penser une seule seconde qu’Yves Jégo possède ne serait-ce que le début d’une stature et d’un entregent pour être le prochain président de l’UDI.
Le problème est qu’il n’y a aucune personnalité qui fasse consensus pour prendre les rênes de la confédération de centre-droit.
Hervé Morin en tant que président du Nouveau centre, principale composante de l’UDI, n’est pas celui-là, lui qui a fait fuir une grande partie de ses anciens amis (les premiers à rejoindre Borloo), qui a fait un flop retentissant aux présidentielles (incapable de réunir 500 signatures pour se présenter et ne dépassant pas 1% des intentions de vote dans les sondages) et qui a été obligé d’adhérer au nouveau parti de Borloo contraint et forcé par ses derniers lieutenants qui menaçaient tous de le quitter en cas de refus de sa part.
Et nombre d’anciens du Nouveau centre qui ne l’aiment pas – et c’est un euphémisme – seront là pour s’assurer qu’il ne mette pas la main sur l’UDI, comme François Sauvadet, Maurice Leroy ou encore Jean-Christophe Lagarde.
Ce dernier, qui a créé juste avant de rejoindre l’UDI, un nouveau parti, la FED (Force européenne démocrate) sera sans doute candidat comme son ennemi intime Morin (leur brouille date de l’époque où Morin devait lui céder sa place de président du Nouveau centre, deux ans après son élection, ce qu’il refusa in fine de faire alors qu’il lui avait donné sa parole afin de se faire élire à ce poste avec l’appui de Lagarde).
Mais Jean-Christophe Lagarde est un éternel espoir de la politique et ses interventions publiques sont souvent décevantes comme celle qu’il a faite pour s’opposer sur tout ce que venait de dire Manuel Valls lors de son discours de politique générale avec des arguments d’une grande faiblesse, apparaissant plus jusqu’au-boutiste que les dirigeants de l’UMP…
Son manque d’épaisseur sera sans doute un handicap mais les bons résultats dans sa ville de Drancy et ses réélections faciles dans un département de Seine-Saint-Denis penchant toujours fortement à gauche, montrent une réelle capacité politique.
A côté des deux centristes, on devrait retrouver le radical Laurent Hénart, second de Borloo et nouveau maire de Nancy mais qui est encore peu médiatisé et demeure un second-couteau qui aura du mal à donner le dynamisme dont a besoin l’UDI pour franchir un nouveau cap et se positionner comme la future troisième force politique du pays.
De même, des personnalités comme François Sauvadet (qui devrait récupérer la présidence du groupe UDI à l’Assemblée nationale, de quoi sans doute le contenter), Rama Yade ou Chantal Jouanno, pourraient être tentées de poser leur candidature sans grandes chances de succès, tant elles manquent de soutien à l’intérieur de la formation de centre-droit.
Si l’on élargi la recherche, quelques noms apparaissent pour cette élection comme celui de l’ancien journaliste Jean-Marie Cavada (peut-être un peu trop âgé), du maire d’Issy-les-Moulineaux André Santini (trop de casseroles notamment judiciaires), de l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, Valérie Létard (un peu trop transparente), du maire de Neuilly-sur-Seine Jean-Christophe Fromantin (un peu trop individualiste et trop critique sur l’Alternative, opposant intransigeant à François Bayrou),du député de la Marne Charles de Courson (trop focalisé sur son dada les dépenses publiques et sans réelle stature nationale), du nouveau maire de Laval et président du groupe UDI au Sénat, François Zocchetto (lui aussi quasiment inconnu au niveau national).
Certains pourront y rajouter l’ancien socialiste et ministre de Nicolas Sarkozy Jean-Marie Bockel (sans aucune troupe pour le soutenir) ou Jean Arthuis, président de l’Alliance centriste (mais trop velléitaire), qui font plutôt «has been» que prétendants sérieux.
Si l’on reprend tous les noms que l’on vient de citer, on s’aperçoit que l’UDI a vraiment un problème de leadership qui pourrait être un handicap énorme pour son avenir.
D’autant qu’il y a un leader centriste qui possède la stature nationale, la reconnaissance médiatique et l’expérience de chef, c’est bien évidemment François Bayrou!
Bien sûr, le président du MoDem et nouveau maire de Pau ne se présentera pas à la présidence de l’UDI mais il pourrait être le grand bénéficiaire des moments difficiles qui se préparent dans cette formation.
Pour autant, il sera aussi confronté au manque total de cohésion et à l’absence de projet et de programme cohérents de l’Alternative, cette organisation coopérative qui regroupe l’UDI et le Mouvement démocrate.
Si le score de celle-ci est élevé lors des européennes, elle montrera son utilisé mais pas encore sa légitimité qui devra être construire après ces élections.
On peut penser que la retraite de Jean-Louis Borloo va amener François Bayrou à être très consensuel et à faire nombre de compromis pour s’attirer les bonnes grâces des leaders de l’UDI afin d’asseoir un futur leadership sur l’espace centriste en vue des présidentielles de 2017 pour lesquelles il a assuré qu’il ne serait pas candidat (ce genre de promesse n’engageant que ceux qui la croit) ou pour négocier un «ticket» avec Alain Juppé (son soutien au maire de Bordeaux contre le poste de premier ministre).
Un scénario fort possible d’autant plus crédible s’il a en face de lui un président de l’UDI faible et inconsistant.
Reste que François Bayrou est à la tête d’un parti exsangue, tiraillé entre plusieurs tendances, avec peu de militants, peu de moyens financiers et peu d’élus (un peu plus néanmoins depuis les municipales), ce qui ne le place pas en position de force lors de négociations avec l’UDI, c’est le moins que l’on puisse dire.
Dès lors l’implosion de l’espace centriste est une hypothèse vraisemblable.
La politique ayant, comme la nature, horreur du vide, cela ne signifie évidemment pas la disparition des centristes et d’un ou plusieurs partis centriste mais la refondation centriste en prendrait un bon coup sur la tête.
Quoi qu’il en soit, au risque de décevoir tous les fossoyeurs du Centre, et ils sont très nombreux, l’implosion et le morcellement, voire même la disparition fortement hypothétique d’une force politique centriste, ne signerait pas la disparition du Centrisme en tant que pensée politique et du Centre en tant que lieu politique.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

samedi 15 mars 2014

Refondation du Centre. La nécessaire clarification centriste après les municipales et les européennes

L’Alternative est bancale. Cela, nous le savions dès sa mise en place. C’était même sa marque de fabrique et il ne pouvait en être autrement puisque la refondation du Centre dont elle se veut le facilitateur est en fait, à l’origine, un simple outil de prise du pouvoir par l’un (UDI) ou l’autre (Mouvement démocrate) bord de l’espace centriste.
Ce qui est le plus gênant dans cette initiative, c’est qu’elle demeure une sorte d’union ad minima et sans lendemain au même titre que celle que deux partis passent uniquement pour une séquence électorale où ils se sentent en danger.
Mais même cette interprétation de l’accord Bayrou-Borloo semble «optimiste».
Car, comme le notait France Info récemment, l’Alternative n’existe pas dans 19 des 25 plus grandes villes françaises.
Ce qui signifie dans ces cas (et beaucoup d’autres) pas d’union entre les deux formations centristes mais, pire, qu’elles sont des adversaires.
Une hérésie si l’on considère que la charte qu’elles ont signé stipulait, «Nous nous présenterons ensemble à toutes les élections, nationales, régionales et européennes».
Ensemble, dans le langage bayrou-borlooiste ne semble pas vouloir dire la même chose que dans le dictionnaire de la langue française: «l’un avec l’autre» et non «l’un contre l’autre»…
La constitution des listes pour les européennes a été également une lutte de tous les instants et l’impression désagréable demeure que cette union, dans ce cas précis, est d’éviter une débâcle et de faire réélire les sortants.
Dès lors, on est bien dans une situation qui appelle obligatoirement une explication entre les deux «partenaires» une fois que les élections seront passées où l’on espère dans les états-majors des deux partis centristes que les électeurs seront assez indulgents pour ne pas sanctionner cet artifice assez grossier pour ne pas dire cette combine assez irrespectueuse très éloignée des valeurs du Centre.
Le porte-parole de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde estime fort justement qu’«à la sortie de cette séquence (électorale), il faudra faire le bilan. A ce moment-là, soit le MoDem clarifiera sa règle et on poursuivra l'aventure, soit on arrêtera là».
Le problème, c’est que l’on ne comprend pas pourquoi l’UDI n’a pas demandé au Mouvement démocrate de la clarifier avant les élections!
Toujours est-il que l’on est bien circonspect. Voilà deux partis qui ont beaucoup en commun, notamment une vision politique assez proche et qui devrait ainsi pouvoir nouer une alliance dans la clarté et la confiance.
Au lieu de cela, chacun avance masqué avec la volonté de prendre sans donner et de pouvoir, avant tout, contenter certaines ambitions politiques comme on l’a vu dans le duel Sarnez-Yade à Paris.
C’est vraiment dommage pour ne pas utiliser un gros mot.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

dimanche 2 mars 2014

Refondation du Centre. L’Alternative, un outil commun au service de Bayrou?

Rappelons cette évidence: l’Alternative n’a pas été créée pour sauver le soldat Bayrou mais pour sortir du marasme les partis centristes qui ne parvenaient pas à susciter une quelconque appétence auprès des électeurs.
Ce rappel est utile, à la fois, pour dire aux membres de l’UDI que l’accueil d’un Bayrou en voie de marginalisation n’était pas de leur part un geste humanitaire mais une démarche éminemment politique (voire politicienne pour certains critiques de la création de cette Alternative) et pour ne pas oublier que l’objectif réel était un deal gagnant-gagnant entre un Borloo englué dans une UDI sans dynamisme et un Bayrou à la recherche d’un nouveau souffle.
Nous avons dit ici que cette «organisation coopérative» était un «objet politique non-identifié», à la fois, d’alliance et de compétition où chacun pouvait y mettre ce qu’il voulait et s’en servir comme il en avait envie.
A ce jeu, c’est François Bayrou qui vire en tête mais les membres de l’UDI ne peuvent s’en vouloir qu’à eux-mêmes si le président de Mouvement démocrate a su utiliser cet outil mieux qu’eux pour se redonner, si ce n’est encore un avenir politique, en tout cas une visibilité médiatico-politique évidente.
Les récriminations des leaders de l’UDI (en l’absence de leur chef) sont de ce point de vue, au mieux, hypocrites, au pire, pitoyables.
Car ils savaient, dès novembre dernier, qu’ils faisaient entrer le loup dans leur bergerie déjà bancale.
Que François Bayrou soit plus malin qu’eux, mais n’était-il pas leur chef voilà peu?!
Qu’il ait réussi à imposer – pour l’instant puisque l’accord n’est pas définitivement scellé –quatre têtes de liste MoDem sur sept et la moitié des candidats éligibles pour les européennes pour le ticket commun avec l’UDI, est incontestablement une victoire pour lui.
Tout comme est une victoire l’acceptation par l’UDI de sa théorie des alliances à la carte aux municipales qui permet au Mouvement démocrate d’être l’allié ici de l’UMP, là du Parti communiste, ailleurs du Parti socialiste ou de… l’UDI!
Si cette dernière se sent flouée, elle n’a qu’à battre sa coulpe et réfléchir à son fonctionnement de confédération (ou à son faible leadership) face à un Mouvement démocrate entièrement dévoué à François Bayrou (moins les quelques dissidents qui ont rejoint les rangs socialistes).
Le risque, in fine, est que l’Alternative se disloque, ce que certains à l’UDI espèrent secrètement dorénavant.
Néanmoins, si cela survient, ni le Mouvement démocrate, ni l’UDI n’en sortiront gagnants et indemnes.
Encore moins l’espace politique centriste.
Pour autant, si les relations entre les deux bords continuent à être du même acabit, le spectacle qu’offriront les deux formations aux Français risque de les couler pour de bon.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

vendredi 7 février 2014

Refondation du Centre. L’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein

On peut voir le rassemblement de l’espace centriste en cours comme un succès ou un échec. De même, on peut la considérer comme une vraie démarche politique ou comme un spectacle politicien indigne où des adversaires de la seconde d’avant sont devenus des amis à la vie à la mort de la seconde d’après afin de récupérer quelques pourcentages et quelques sièges lors des prochaines élections.
C’est la sempiternelle histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein.
Analyse rapide en ce mois de février alors que les élections municipales puis les européennes se profilent à l’horizon.
- Succès ou échec?
Après un succès d’estime dans les médias (mais pas dans les sondages), l’Alternative (UDI + MoDem) n’a pas réenchanté la politique ni bouleversé le paysage politique français.
Pire, il semble bien que l’«organisation coopérative» soit tombée dans les chicaneries politiciennes et les querelles de personnes.
Les propos de François Bayrou sur Rama Yade et la réponse de celle-ci (voir L’Humeur du Centriste) ne sont qu’une illustration parmi d’autres d’un climat, sinon délétère, du moins loin d’être amical.
Etait-ce prévisible?
A voir François Bayrou et ses fidèles lieutenants chanter les louanges du rassemblement des partis centristes comme les nouveaux convertis on avait ressenti un certain malaise en novembre dernier. Ceux-là même qui espéraient un strapontin dans un gouvernement socialiste tel Robert Rochefort étaient désormais les plus critiques de François Hollande, encore plus rentre dedans que les membres de l’UDI.
Mais de l’eau a passé sous les ponts et le Mouvement démocrate, comme l’ont bien noté quelques observateurs aiguisés, a montré sa vraie nature, celui d’un rassemblement de militants venus d’horizons divers, unis uniquement derrière un projet personnel, celui de François Bayrou de devenir président de la république.
Les alliances à géométrie variable (de l’UMP au Parti communiste!) du MoDem aux municipales en sont un exemple emblématique.
Du coup, il y a autant de positionnements politiques au Mouvement démocrate qu’il y a de militants (dont le nombre, de l’aveu même des dirigeants du parti, est en chute libre).
In fine, on ne sait pas très bien quelle part du Mouvement démocrate s’est alliée avec l’UDI: 20%, 50%, 60%?!
De son côté, l’UDI qui devait être le grand vainqueur du rassemblement centriste, a très mal géré la création de l’Alternative.
Car c’est bien du ralliement de François Bayrou dont il était question au départ alors qu’il semble bien, aujourd’hui, de savoir si Jean-Louis Borloo va pouvoir résister à la nouvelle OPA de Bayrou sur l’espace centriste.
Car l’UDI n’a, pour l’instant, strictement rien gagné dans l’affaire et les latitudes laissées au Mouvement démocrate font de ce dernier, étonnamment, le «gagnant» du rassemblement centriste.
En fait, cela démontre surtout que cette refondation du Centre s’est bâtie sur un double-échec – échec du Mouvement démocrate dans sa tentative de porter Bayrou à l’Elysée, échec de l’UDI a bâtir une formation centriste forte – plutôt que sur une double dynamique du succès.
Du coup, pouvait-on espérer mieux à court terme?
Cela ne veut pas dire qu’un double-échec ne peut pas se transformer en succès dans les années à venir, surtout en politique.
- Vraie retrouvailles ou rabibochage de façade?
Les militants de l’UDI et ceux du Mouvement démocrate ont de réelles convergences de vues et ils partagent souvent des valeurs identiques.
Mais ils ont également d’aussi réelles divergences.
De plus, ceux de l’UDI sont souvent d’anciens UDF déçus par Bayrou alors que ceux du Mouvement démocrate sont souvent des inconditionnels de ce même Bayrou.
En outre, les leaders de l’UDI sont pratiquement tous d’anciens lieutenants de Bayrou qui l’ont quitté à cause de divergences sur la ligne politique mais aussi à cause de sa personnalité et de son entourage.
Lors des retrouvailles de novembre 2013, on s’est congratulé et on est tombé dans les bras les uns des autres.
Mais cela n’a eu qu’un temps.
Depuis, les critiques et les distances ont réapparu, ce qui est normal puisque rien n’avait été purgé.
Pour autant, l’UDI et le Mouvement démocrate, pour avoir une chance de peser dans le débat politique, doivent faire vivre l’Alternative et y vivre.
Donc, derrière le rabibochage de façade, il y a de vrais enjeux politiques pour les deux formations qui seront peut-être un ciment plus puissant qu’une convergence de pensée et d’action.
Encore une fois, le juge de paix sera le double rendez-vous électoral de cette année, les municipales et les européennes.
Si les résultats sont mauvais, l’Alternative aura sans doute des lendemains d’élections plus que difficiles.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

dimanche 12 janvier 2014

Refondation du Centre. L’Alternative débute 2104 comme elle avait fini 2013, dans le flou

Le début d’année 2014 n’a pas, pour l’instant, clarifié les relations entre le Mouvement démocrate et l’UDI à l’intérieur de l’Alternative comme nous le montre quotidiennement des articles dans les journaux.
On a l’impression que les deux «partenaires» sont en train de se jauger et de jouer au poker menteur afin, d’une part, de savoir ce que l’autre a dans le ventre (et réellement en tête) et, d’autre part, afin d’avancer ses pions et se mettre en position de force tout en jouant la partition de la coopération.
Que ce soit au niveau des listes pour les municipales ou bien celles pour les européennes, Jean-Louis Borloo et François Bayrou ont du mal à se mettre d’accord.
Pire, ils donnent l’impression d’être dépassés par les situations locales et leurs enjeux.
Dans certaines villes et régions, l’UDI et le MoDem sont capables de s’entendre, dans d’autres cela s’avère très difficile et parfois même impossible puisque les deux partis sont même des rivaux et non des alliés comme ils devraient l’être.
Deux raisons principales à cela.
Tout d’abord, une méfiance de l’autre qui a atteint son paroxysme à Paris puisque l’on soupçonne l’autre de ne se servir de l’Alternative que pour son propre intérêt et non dans le cadre d’une union égale et pour l’intérêt du Centre.
Ensuite, les revendications personnelles des élus et des militants de chaque camp qui ne veulent pas laisser leur place à leurs «partenaires».
Cela se double d’une méfiance et des revendications personnelles qui agitent l’intérieur de l’UDI, dont il faut rappeler qu’elle est une confédération et non un parti centralisé, au grand dam de Jean-Louis Borloo.
Bien évidemment, lors de la préparation d’élections avec l’établissement d’une liste des candidats et sont lot de recalés, les tensions sont extrêmes dans les partis et les coalitions en général.
Le cas de l’Alternative, de ce point de vue, ne semble guère différent.
Pour autant, ces divergences peuvent aboutir à une situation extrême par la constitution d’alliances avec des camps opposés ainsi que des oppositions frontales entre des listes UDI et MoDem.
Plus, les responsables de l’Alternative avaient un peu vite affirmé que le temps des élections de 2014 serait, à la fois, le véritable lancement de la nouvelle «organisation coopérative», son envol dans l’opinion publique et la vraie preuve que les centristes peuvent s’unir.
Or, force est de constater, pour l’instant, que ce temps est plus celui des divisions, d’autant qu’aucune plateforme programmatique ne vient cimenter les divergences et les méfiances entre les personnes.
Rien n’est évidemment perdu mais il ne faudrait pas trop tarder à se mettre d’accord. Surtout, il ne faudrait pas que les difficultés actuelles ne prennent de l’importance, ne soient le début d’un déballage plus fort, menaçant alors un édifice encore trop fragile.
Jean-Louis Borloo et François Bayrou ayant sans doute trop à perdre dans un fiasco de l’Alternative, on devrait s’acheminer, cahin-caha, à la formalisation d’un modus vivendi sinon d’une réelle entente.
Attention toutefois que celui-ci n’est pas l’air trop bancal, devenant la cause de l’échec de cette refondation centriste.
Une refondation qui attend ses vraies fondations en 2014.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

mardi 31 décembre 2013

L’année du Centrisme en France. 2013, une refondation du Centre tant attendue en chantier

A l’orée de 2013, nous disions que celle-ci serait une année décisive pour le Centre et les partis centristes dans la reconstruction d’un espace centriste après la déculottée des élections présidentielles et législatives de 2012.
Une année sans élections nationales qui devaient permettre l’amorce de tentatives de rapprochement des centristes comme de celles de positionnements politiques spécifiques sans autre pression que de se préparer à 2014 et aux scrutins municipal et européen.
Tout cela a eu lieu comme prévu avec une réunion entre l’UDI de Jean-Louis Borloo et le Mouvement démocrate de François Bayrou même si les interrogations demeurent sur sa pertinence et sa durée.

- L’Alternative ou plutôt «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative» qui est la vraie dénomination de cette «organisation coopérative» a donc vue le jour le 5 novembre dernier devant un parterre de journalistes qui ont assisté à un show d’un François Bayrou très à l’aise et à une intervention bien pâle d’un Jean-Louis Borloo emprunté, se succédant à la tribune pour annoncer leur union.
Celle-ci a été pour le moins rapide à se conclure, trop rapide pour certains centristes, que ce soit du côté de l’UDI ou du Mouvement démocrate, qui craignent une alliance superficielle et sans consistance, surtout uniquement électoraliste.
Si l’on peut effectivement se demander qu’elle est la véritable assise politique et programmatique de l’Alternative, tant les discussions ont été nébuleuses et tant les discours demeurent éloignés sur certaines questions, il est évident que l’alliance des deux partis du centre de l’échiquier politique français est électoraliste, plus une question d’existence même, si ne ‘est encore existentielle, tellement les résultats des sondages concernant l’UDI et le Mouvement démocrate demeurent désespérément médiocres.
D’ailleurs, une première réponse sur les capacités de l’Alternative d’en être vraiment une face au PS et à l’UMP (l’allié «naturel») a été donné dans l’incapacité dans de très nombreuses villes de voir l’UDI et le MoDem s’alliés dans une liste commune uniquement centriste pour les prochaines municipales et devant faire alliance dès le premier tour avec l’UMP.
Paris est évidemment le cas emblématique de ces difficultés de peser politiquement et électoralement tout en étant une épine dans le pied de l’UMP qui craint que les listes de l’Alternative, que ce soit aux municipales ou aux européennes, permettent au Front national de devancer la formation de droite.
L’Alternative serait donc, pour l’instant, plus forte par son pouvoir de nuisance que par son pouvoir d’attraction.
Cette analyse sera évidemment au cœur des commentaires sur les résultats des deux échéances électorales de 2014.
Encore un mot sur cette «organisation coopérative» qui a permis à l’UDI et au Mouvement démocrate de s’unir. Jusqu’à maintenant, elle n’a pas réussi à débaucher plus que quelques personnalités éparses chez les centriste de l’UMP (comme Pierre Méhaignerie) et aucune du côté du centre-gauche.
De ce point de vue, son pouvoir d’attraction à l’intérieur même de la mouvance centriste est demeuré très limité en 2013.

- François Bayrou n’y arrive plus, Jean-Louis Borloo n’y arrive pas encore
On avait laissé, fin 2012, un François Bayrou battu et en plein doute mais pas encore résigné à abandonner son «indépendance», d’un côté, et de l’autre, un Jean-Louis Borloo plein d’espoirs, affirmant avoir conquis son «indépendance» mais toujours aussi velléitaire.
Le premier avait perdu les présidentielles et les législatives, ne parvenant pas à être le partenaire qu’il rêvait d’être de François Hollande et de la Gauche tout en continuant à perdre des troupes au centre.
Le second avait bien mis en place l’UDI en récupérant des partis centristes en plein désarroi et déliquescence mais tardait à s’imposer comme chef d’autant que son positionnement politique demeurait flou (de droite, de centre-droit, de droite modérée, du centre, radical, républicain?).
Un an après, François Bayrou a perdu le match de la prééminence au centre de l’échiquier politique et tente de gagner celui du leadership dans le nouvel ensemble de l’Alternative.
Jean-Louis Borloo a bien gagné le match de la prééminence au centre mais il a été incapable de s’imposer comme le leader «naturel» des centristes.
La bataille du leadership au centre a, néanmoins, été lancée en 2013 avec la création de l’Alternative.
Le gagnant sera, évidemment dans notre système constitutionnel de la V° République, celui qui représentera cette Alternative (si elle existe encore…) à la présidentielle de 2017.
Au vu de ce qui s’est passé en 2013 et notamment les deux derniers mois de l’année, François Bayrou a pris une petite avance médiatique sur Jean-Louis Borloo. Pas sûr, en revanche, qu’il soit encore capable de mobiliser des troupes dans quatre ans pour être un outsider crédible à la présidentielle après, rappelons-le, trois tentatives ratées où il n’a jamais pu se qualifier pour le deuxième tour malgré son bon score de 2007.

- Hervé Morin cherche une porte d’entrée, Jean-Christophe Fromantin une porte de sortie
Chez les seconds couteaux centristes qui se retrouvent dans l’Alternative, deux sont en porte-à-faux pour des raisons diamétralement différentes.
Il y a d’abord Hervé Morin, le président du Nouveau centre et vice-président de l’UDI qui ne parvient pas à exister face à Bayrou et Borloo et ce, malgré des déclarations à l’emporte-pièce et parfois surréalistes, afin d’attirer l’attention des médias.
Incapable d’exister de manière autonome lorsqu’il était à l’UDF de Bayrou, ministre de la Défense sans grands pouvoirs de Nicolas Sarkozy, chef très contesté d’un Nouveau centre incapable de se structurer en grand parti, second rôle à l’UDI face à un homme qu’il déteste, Jean-Louis Borloo, son avenir semble assez bouché.
Sans oublier ses déboires lors de la présidentielle de 2012 (1% d’intentions de vote ou moins, incapacité de réunir les 500 signatures nécessaires pour se présenter alors que Jacques Cheminade y parvint).
On le comprend, 2014 sera une année cruciale pour Morin s’il ne veut pas disparaître des écrans radars de la politique spectacle et se cantonner à être un «simple» député du département de l’Eure.
Pour Jean-Christophe Fromantin, 2014 est également l’année de tous les dangers où il va devoir s’affirmer comme un homme politique de premier plan, capable de se faire (re)connaître au-delà de sa ville de Neuilly-sur-Seine et de voler de ses propres ailes tellement sa présence à l’UDI semble incongrue.
Les prochaines municipales vont être son premier test. On se rappelle qu’il avait réussi contre toute attenter à enlever la mairie aux proches de Sarkozy, le «parrain» politique de la ville et alors fraîchement élu président de la république, lors des municipales de 2008 avec une liste indépendante de droite.
Fromantin est devenu ensuite député en 2012 tout en rejoignant l’UDI et devenant le responsable du projet politique.
Tout semblait lui sourire. Mais l’homme est un loup solitaire avec des idées bien arrêtées qui sont souvent fortement éloignées de celles de Jean-Louis Borloo, son président, et même de celles du Centre.
Il y a donc de l’eau dans le gaz, d’autant qu’il a combattu et qu’il combat toujours avec une grande énergie la mise en place de l’Alternative et le rapprochement avec Bayrou, homme pour lequel il n’a aucune sympathie, ce qui est un euphémisme.
De l’autre côté, l’UMP veut lui faire payer sa transgression de 2008.
Du coup, il pourrait être un des grands perdants de l’année qui vient.
Mais s’il gagne ses challenges alors il prendra sans doute une nouvelle dimension politique, pas forcément au centre de l’échiquier politique malgré tout.
Reste, pour autant, à ce qu’il développe un discours politique plus consistant.

- Jean-Christophe Lagarde, éternel espoir?
Le député-maire de Drancy avait réussi une année 2012 particulièrement prometteuse en créant une formation politique (FED) et en étant un des artisans principaux de la création de l’UDI aux côté de Jean-Louis Borloo.
Celui qui est vu comme un espoir du Centre depuis plusieurs années a, malgré tout, eu du mal à sortir du lot en 2013.
Evidemment, la faiblesse des partis centristes ne permet pas une exposition médiatique forte mais Jean-Christophe Lagarde est demeuré dans l’ombre de Jean-Louis Borloo même s’il a critiqué plusieurs fois le manque de consistance politique de ce dernier.
Et la création de l’Alternative, le voit maintenant derrière, non seulement, Borloo mais aussi Bayrou.
Dès lors, l’année qui vient de passer n’aura pas été celle de son éclosion sur la scène politique. Pire, elle pourrait annoncer son déclin s’il ne trouve pas l’énergie nécessaire pour exister face à ses deux rivaux.

- Quid des centristes de l’UMP
Devant le rapprochement de l’UDI et le Mouvement démocrate, plusieurs centristes de l’UMP ont marqué leur intérêt mais pas plus. Peu d’entre eux ont rejoint la nouvelle entité qui ne deviendra attrayante que si elle obtient des résultats électoraux.
Mais si Jean-Pierre Raffarin ou quelques autres se sont montrés affables avec l’Alternative, d’autres comme Jean-Philippe Daubresse, ont musclé leurs discours qui a plus à voir désormais avec celui de la droite dure que du centre-droit, rappelant que les opportunistes au centre de l’échiquier politique sont toujours d’actualités...
Pour autant, en 2013, l’UMP n’a globalement pas perdu ses centristes ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour l’Alternative qui doit absolument en convaincre un certain nombre en 2014 pour passer un cap politique indispensable.

- Où sont les nouvelles têtes?
Soyons clairs et succincts, il n’y a eu aucune nouvelle tête centriste qui a émergé en 2013.
Ce sont plutôt les vieux de la vieille qui ont tenu le haut du pavé, de Borloo à Bayrou en passant par Raffarin.
Dans ce registre (même si on ne voit poindre aucune tête particulière), vivement 2014!

Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

mardi 24 décembre 2013

Une Semaine en Centrisme. La refondation du Centre connait son premier tournant

Personne ne pensait que la réunion de l’UDI et du Mouvement démocrate dans l’Alternative en novembre dernier serait un long fleuve tranquille une fois que leurs deux ténors se seraient serrés la main.
Les premières tensions étaient d’ailleurs apparues dès l’accord entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou avec nombre d’élus et de dirigeants, à la fois du côté de l’UDI et du MoDem, qui demeuraient dubitatifs sur un rapprochement qui se faisait sans discussions approfondies à tous les niveaux.
Mais nécessité faisant loi, l’approche des municipales et des européennes, l’Alternative devait se cimenter dans l’action disait-on dans les états-majors.
Force est de reconnaître que la constitution des listes pour les municipales montre les limites de cette stratégie.
Bien sûr, il y a Paris où l’on assiste à un psychodrame avec un Jean-Louis Borloo «ulcéré» selon Le Figaro, «en fureur» selon Le Monde, menaçant même une absence de listes communes aux municipales et aux européennes (remettant donc en cause le contrat signé avec François Bayrou) et accusant les chefs du Mouvement démocrate, notamment Marielle de Sarnez, de ne pas la jouer collectif.
Et c’est vrai que l’on voit des craquements un peu partout qui légitime ce discours un rien comminatoire dans le sens où Borloo ne pouvait pas ne pas imaginer que les choses sérieuses et difficiles commenceraient une fois l’accord signé et non avant.
Néanmoins, dans nombre de villes, les deux partis centristes travaillent dans une bonne ambiance et il ne faudrait donc pas exagérer la crise que connait actuellement l’Alternative.
Sauf que les problèmes se situent dans des endroits très emblématiques comme Paris mais aussi Marseille, Toulouse, Lille, Lyon, etc.
Et ce n’est pas parce qu’on fera liste commune (et souvent avec l’UMP dès le premier tour) dans quelques petites bourgades que cela atténuera le sentiment de malaise qui émane des mauvais rapports dans les grandes villes.
Quoi que l’on pense de l’Alternative, il serait catastrophique pour les partis centristes et l’avenir proche du Centre en France que celle-ci implose dès ses premières difficultés.
Mais si cela se produit, ne serait-ce pas la conséquence naturelle d’un contrat rédigé et signé à la va-vite?
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC

jeudi 5 décembre 2013

Refondation du Centre. Premiers pas de l’Alternative, entre espoir et statisme

Depuis que l’UDI et le Mouvement démocrate se sont alliés dans l’Alternative, la consolidation de cette dernière est à l’ordre du jour en vue des municipales et des européennes.
Comme on pouvait le supposer, la réunion des centristes est plus facile à décréter dans les états-majors parisiens qu’à faire sur le terrain.
De même, il reste beaucoup à faire afin de convaincre les électeurs même si une majorité de Français approuvent la création de cette «organisation coopérative» selon les termes même du contrat établi entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou.
L’établissement des listes communes pour les municipales ainsi que les alliances dès le premier tour occupent largement les leaders de l’Alternative.
Au-delà de la candidature de François Bayrou à Pau, où il est probable malgré la ferme opposition de l’UMP locale ainsi que de Jean-François Copé, que le président du MoDem soit investi in fine par la Droite et le Centre (il a reçu le soutien d’Alain Juppé et de François Fillon, notamment), les cas difficiles sont nombreux.
Il y a bien sûr les grandes villes comme Paris (où le Mouvement démocrate avec Marielle de Sarnez a tenté de court-circuiter l’UDI en pleine bagarre interne en s’alliant directement avec l’UMP Nathalie Koscuisko-Morizet pour de meilleures places), Marseille (où l’UDI soutien le maire sortant, Jean-Claude Gaudin, alors que le Mouvement démocrate s’y refuse) et Lyon mais aussi toutes ces villes où les alliances de l’UDI ne sont pas les mêmes que celles du Mouvement démocrate comme à Dijon, à Chartres ou à Auxerre, entre autres.
Bien sûr, avant le dépôt des listes, il y aura des négociations et des accords mais il semble assuré que les exceptions seront encore nombreuses.
Il restera ensuite à constituer les listes communes aux européennes en servant tout le monde sans faire trop de déçus aigris…
Mais les discussions entre UDI et Mouvement démocrate pour les municipales ne sont que le premier niveau d’un plus vaste marchandage avec l’UMP.
Là aussi, l’Alternative va devoir affirmer son existence alors que les discussions concernent plus en ce moment l’UDI et l’UMP avec, d’ailleurs, de nombreuses pierres d’achoppement comme à Strasbourg, à Nîmes ou à Rouen, etc.
Outre les municipales et les européennes, l’Alternative doit exister médiatiquement.
C’est dans ce sens qu’il faut décrypter l’annonce qu’une proposition de loi sera faite chaque mois dans un domaine différent.
Sans oublier la sortie de la naphtaline du fameux contre-gouvernement mis sur pied par Jean-Louis Borloo voici plusieurs mois sur le modèle du «shadow cabinet» britannique et de l’initiative prise voici quelques années par… François Bayrou et qui avait fait un flop.
Ce contre-gouvernement a ouvert ses portes et ses places au Mouvement démocrate en tenant une réunion sur la fiscalité fin novembre où l’on a plaidé pour un «Grenelle de la dépense publique»…
Il en faudra sans doute plus pour faire exister cet organisme, d’autant que celui-ci, dans l’optique d’une alternance et de l’alliance «naturelle» UDI-UMP, devrait avoir des membres de cette dernière formation politique pour être vraiment crédible.
Reste que les partis centristes veulent affirmer leur spécificité, ce qui est une bonne chose, bien entendu, ce qui ne serait plus le cas dans le cadre d’un shadow cabinet dominé «naturellement» par l’UMP.
Car la grande difficulté de l’Alternative et qui était déjà celle de l’UDI va être d’affirmer sa personnalité et son existence même ainsi que de ne pas apparaître que comme un supplétif de l’UMP, alors même qu’elle s’est déjà rangée aux côtés de cette dernière électoralement parlant et qu’elle n’est pas la formation dominante.
C'est sûrement dans le mouvement qu'elle trouvera sa raison d'exister, mouvement qui pourrait, paradoxalement ouvrir des brèches dans cette entente pour l'instant a minima.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

mercredi 6 novembre 2013

Vues du Centre – Jean-François Borrou. UDI: le désespérant cas Borloo

 Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes et qui collaborera épisodiquement à cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Pour tous ceux qui étaient à la Maison qui n’a de Chimie que le nom pour la conférence de presse Borloo-Bayrou qui a lancé officiellement l’Alternative (que nous préfèrerons à «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative»!), il a été patent que l’alchimie «borloéenne» n’a, une nouvelle fois, pas prise.
Non seulement celui-ci a été hésitant et verbeux mais, plus grave, si l’on devait parler de dominant-dominé dans le nouveau couple politicien, Bayrou a été le premier nommé et Borloo le deuxième.
Qu’est-ce qui fait que Jean-Louis Borloo lorsqu’il semble sur le point de remporter un triomphe incontestable est incapable de garder la main et apparaît presque comme un looser contesté ce qui fait la joie des manieurs de bons mots dans les rédactions parisiennes?
Car ce n’est pas la première fois qu’il est dépassé par les événements qui pourtant lui sont favorables.
Rappelons-nous comment il s’est lamentablement fracassé alors que le poste de premier ministre de Nicolas Sarkozy lui tendait les bras, lui qui avait patiemment tissé sa toile pour l’obtenir, incapable de faire face aux attaques perfides de ses adversaires.
Rappelons-nous encore la création même de l’UDI où il a réussi à fédérer la plupart des petites chapelles centristes qui venaient de se prendre deux terribles vestes à la présidentielle puis aux législatives et qui n’avaient d’autre choix que de se mettre en rang derrière Borloo.
Et pourtant, un an après ce succès, il a été incapable de créer un vrai parti centralisé comme il le souhaitait et les chapelles demeurent toujours aussi vivantes et vivaces, fragilisant constamment son leadership.
Même ses menaces de démissionner ou ses lettres comminatoires à ses «alliés» s’il n’était pas reconnu à sa juste valeur n’ont donné aucun résultat tangible.
Et puis, quand la crise a éclaté à l’UMP entre Copé et Fillon, il a été incapable d’en tirer partie et de renforcer l’UDI ce qui semblait pourtant une évidence à tous les observateurs.
Sans oublier la litanie des petits échecs dont nous ne rappellerons que les récents avec la création d’un «contre-gouvernement» qui a été un flop, ses propositions pour sortir la France des difficultés, nouveau flop, ses appels à un nouveau gouvernement voire à de nouvelles élections, encore et toujours un flop alors même qu’un espace politico-médiatique lui était grand ouvert avec les échecs du gouvernement et les errements de l’UMP.
Ceux qui pensent qui n’a pas la stature – et qui sont plus nombreux dans son camp que parmi ses opposants politiques, n’est-ce pas monsieur Morin! – ont du être ravi de cette conférence de presse où Bayrou a accaparé la parole pour se vendre et justifier à son avantage son ralliement à Borloo alors que l’on s’attendait à l’inverse.
A une question d’un confrère, il n’a même pas été capable d’affirmer sans hésitation que l’Alternative était au centre-droit, ce qui pourtant était une condition sine qua non pour une union avec Bayrou (qui lui a affirmé que ce n’était pas la réalité, agressant même verbalement un journaliste de France 2, et qui buvait du petit lait!) et alors même que tous les autres leaders de l’UDI ont répété en litanie ces derniers jours que c’était le cas, saluant même le retour du président du MoDem dans le giron de cette nébuleuse politique!
Quand François Bayrou parlait, il acquiesçait de la tête comme celui qui est d’accord avec le chef.
On a eu alors en tête toute la campagne de communication de Bayrou ces dernières semaines pour accélérer le mouvement de réunion des partis centristes et en apparaître, non pas comme le grand perdant, mais comment le vrai gagnant.
Et on s’est aussi souvenu de Borloo appuyant avec force sur la pédale de frein pour éviter de se faire «manger» médiatiquement par son nouveau compagnon.
Notons, tout de même, que cette impression négative a été légèrement estompée lors du 20 heures de TF1 où les deux hommes étaient invités pour parler de leur union.
On sentait Borloo plus agressif, plus mordant qui a du se rendre compte de ce qui s’était passé quelques heures auparavant à la Maison de la Chimie.
Un peu tard?

Jean-François Borrou

mardi 5 novembre 2013

Refondation du Centre. «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative» se veut une «organisation coopérative»

Or donc les bans ont été publiés et voici le contrat de mariage entre Jean-Louis Borloo et François Bayrou, un document de trois pages qui fixe les règles entre les deux formations centristes, l’UDI et le Mouvement démocrate.
Rien de très révolutionnaire par rapport à ce qui était prévu si ce n’est que le texte est plus long et que l’on a essayé de synthétiser les différences pour les transformer en convergences.
Exercice pour le moins difficile qui n’est pas vraiment atteint ce qui donne un verbiage parfois indigeste, parfois totalement illisible.
Rien que la forme et la dénomination de cette «organisation coopérative» (sic!), «UDI-MoDem: le Centre, l’Alternative» (resic!) ne sont pas d’une clarté et d’une simplicité évidente.
Cependant, l’important est plutôt à rechercher dans les affirmations sèches telles que «Nous condamnons la politique suivie par la majorité actuelle et le gouvernement», «L’alliance avec le PS est impossible», «La droite républicaine, en ce qu’elle est fidèle aux valeurs humanistes, est notre partenaire naturel».
Ici, c’est clairement Jean-Louis Borloo qui a dicté la nouvelle règle centriste à François Bayrou.
Quant à la forme de cette union, cette fameuse «organisation coopérative» qui doit être «une forme politique nouvelle à inventer qui respecte et fédère des sensibilités politiques différentes», elle contentera François Bayrou, laissant à chacun une latitude dont on verra à l’usage si elle ne porte pas en germes une séparation finale dès que les difficultés surgiront à propos de lignes politiques fondamentales même si les signataires de la charte précisent que «nos idées nous unissent, nos valeurs n’ont jamais cessé d’être les mêmes, nos convictions aussi» et que seule la «bipolarisation» est responsable de leurs divisions passées.
Enfin, notons que cette union centriste se fait en rapport avec la situation de la France selon les termes de la charte, ce qui laisse penser qu’elle se situe plus dans la réaction que dans l’action et que le rapprochement a été rendu possible parce qu’il est «contre» (le gouvernement et le président de la république actuels) plutôt que «pour» (un projet et un programme politiques).
Il reste donc du chemin à faire pour qu’elle devienne le terreau d’un espoir politique à vocation humaniste.
Bien entendu, ce ne sont que des mots et l’essentiel sera, dans les semaines et les mois qui viennent, les actes (notamment en termes de projet) pour savoir s’il s’agit d’un événement seulement médiatique ou à vraie portée politique.

Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC

Une Semaine en Centrisme. Refondation du Centre: les centristes n’auront plus d’excuses

Ainsi donc les centristes (la quasi-majorité d’entre eux) se sont réunis.
Certes, il en reste encore quelques uns dispersés, à l’UMP, dans quelques micro-formations, aux Radicaux de gauche et au même au PS mais le gros des troupes se trouvent désormais dans la nouvelle alliance entre le Mouvement démocrate et l’UDI, elle-même confédération de plusieurs partis.
Cette alliance a décidé de se positionner au centre-droit et comptera deux chefs de file au moins, Jean-Louis Borloo et François Bayrou mais Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde, voire Jean-Christophe Fromantin s’il ne claque pas la porte et quelques autres, restent à l’affût et ne laisseront certainement pas les deux premiers la préempter sans se positionner pour les combats électoraux futurs.
Reste que désormais réunis les centristes vont pouvoir enfin se compter et ne plus pouvoir mettre sur le dos de la désunion et de l’éparpillement leurs insuccès ou leurs échecs.
Autant dire que les partis centristes jouent gros.
Mais la tâche n’est pas simple.
S’ils doivent, bien entendu, convaincre les électeurs de leur capacité à représenter une force politique et électorale capable de nouer des alliances et de gouverner sans compromissions de leurs idées et de leurs valeurs, il leur faudra également convaincre tous les récalcitrants qui, au Mouvement démocrate et à l’UDI, estiment que cette alliance n’est pas souhaitable.
Cela passe, évidemment, par un projet politique et des programmes électoraux et pas seulement par un positionnement dans l’opposition au président de la république actuellement en place et à son gouvernement.
Cela passe également par des leaders, sinon charismatiques, au moins politiquement reconnus et non pas seulement appréciés pour leur personnalité.
Ainsi, le hiatus dans les sondages à propos de Jean-Louis Borloo et François Bayrou est assez inquiétant.
L’appréciation des hommes, qui est haute, est contrebalancée par une appréciation sur leur capacités politiques qui, elle, est plus que mitigée.
Présenter un Centre et des centristes crédibles est donc le premier challenge de cette nouvelle alliance qui doit, dans le même temps, colmater les fissures qui sont apparues en interne avant qu’elles ne deviennent des fractures.
La nouvelle union a six mois pour cela et plus d’excuses pour se cacher derrière en cas d’échec de son entreprise.
Car les résultats des municipales et des européennes en 2014 démontreront, au-delà des simples chiffres qui seront malgré tout importants, s’il existe une dynamique en vue de 2017.
C’est elle qui sera l’élément essentiel. Son absence pourrait tout remettre en cause plus vite qu’on ne le pense.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery

Directeur des études du CREC