jeudi 28 juin 2012

Actualités du Centre. Aucune référence au Centre dans la déclaration politique de l’UDI

Publiée au journal officiel, la déclaration politique de l’Union des démocrates et indépendants (UDI), sensée regrouper les députés centristes (sauf les deux du Mouvement démocrate dont un, Thierry Robert, a rejoint le groupe du centre-gauche) et quelques des modérés ne fait pourtant aucune mention des mots «centre», «centrisme» ou «centriste».
Un groupe clairement dans l’opposition et réunissant, selon ses dires, «des députés libres, engagés, indépendants, passionnément attachés à la République, à leur territoire et à leur identité».
Par ailleurs, voici la liste des vingt-neuf députés qui ont finalement rejoint le groupe Union des démocrates et indépendants (UDI):
Thierry Benoit, Jean-Louis Borloo, Gilles Bourdouleix, Charles de Courson, Stéphane Demilly, Yannick Favennec, Philippe Folliot, Edouard Fritch, Jean-Christophe Fromantin, Philippe Gomes, Francis Hillmeyer; Yves Jégo, Sonia Lagarde, Jean-Christophe Lagarde, Maurice Leroy, Hervé Morin, Bertrand Pancher, Henri Plagnol, Franck Reynier, Arnaud Richard, François Rochebloine, Rudy Salles, André Santini, François Sauvadet, Jonas Tahuaitu, Jean-Paul Tuaiva, Francis Vercamer, Philippe Vigier, François-Xavier Villain.

mercredi 27 juin 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. De l’intérêt de l’indépendance du Centre

La proximité de certaines de ses positions avec celles de la Droite et d’autres avec celles de la Gauche, fait que le Centre peut s’adosser avec, voire se fondre dans des partis de droite et de gauche.
Ainsi, le centre-gauche avec les Radicaux de gauche s’est depuis longtemps adossé au Parti socialiste alors que le centre-droit avec le Nouveau centre a fait de même avec l’UMP, cette dernière étant déjà une formation regroupant des gens venus de la Droite et du centre-droit.
Dès lors, y a-t-il un intérêt à ce que le Centre soit représenté par un ou des partis indépendants comme, par exemple, le Mouvement démocrate ou, si l’on se projette dans le futur, par une grande formation ou une confédération regroupant toutes les sensibilités centristes comme le fut un peu l’UDF (qui comptait aussi des partis de droite dans ses rangs)?
D’autant que le morcellement du Centre peut avoir un avantage.
Dispersée à droite et à gauche, la sensibilité centriste peut infléchir des politiques trop partisanes et les ramener vers l’équilibre.
A l’opposé, cette dispersion fait des formations centristes adossées et des centristes ralliés des forces d’appoint, souvent en réaction, rarement en action et, surtout, elle empêche la mise en place d’une vraie politique centriste ou beaucoup plus largement inspirée par l’humanisme du Centre.
Une autre question se pose, malgré tout.
Si le centre-gauche s’allie toujours avec la Gauche et si le centre-droit s’allie toujours avec la Droite, quel intérêt y a-t-il à maintenir une fiction d’indépendance?
Amputé d’une grande partie de ses forces, le centre du Centre serait incapable de jouer un rôle politique significatif.
Tel est le cas, actuellement du Mouvement démocrate.
Néanmoins, cette situation d’alliances renouvelées sans réellement de vraies négociations programmatiques est-elle une donnée intangible ou vient-elle du mode de scrutin pour les législatives, majoritaire à deux tours?
Pour les tenants d’un Centre indépendant, l’absence de proportionnelle serait une des grandes raisons, sinon la principale, qui l’empêche d’être un courant politique majeur.
Pourtant cela n’empêche pas la Droite et la Gauche de l’être! Pourquoi?
La première réponse est une évidence: il y a plus de gens qui se disent de droite ou de gauche que du Centre. Mais cela ne suffit pas car 15% à 20% de l’électorat se dit proche du Centre. Et si l’on compte les modérés de droite et de gauche, les partis centristes peuvent séduire à peu près la moitié de la population.
Dès lors, le problème vient, en premier lieu, des centristes eux-mêmes.
Est-ce un déficit d’image ou de connaissance des idées du Centre?
Est-ce parce que les centristes ne sont pas capables de vendre leur projet ou même d’en avoir un?
Est-ce parce que leurs guéguerres internes rebutent les électeurs?
Un peu tout cela à la fois.
Ainsi, que ce soit le Nouveau centre ou les Radicaux de gauche, par exemple, les électeurs ne voient pas une grande différence avec, d’un côté l’UMP et, de l’autre, le PS.
Quant au Mouvement démocrate, son énorme handicap est de n’avoir été, jusqu’à aujourd’hui, qu’un outil au service de l’ambition d’un homme qui se voyait président de la république, François Bayrou. Tant qu’il se cantonnera dans ce rôle, il ne peut prétendre qu’à des revers électoraux.
Une fois que l’on a dit cela, l’indépendance du Centre peut se justifier.
Mais, si formation indépendante il doit y avoir, elle doit avoir un vrai projet pour la société française.
En outre, elle doit être absolument présente à toutes les élections, présenter des candidats partout lors des législatives, des sénatoriales, des municipales, etc. Ce n’est qu’au second tour que ses candidats arrivés derrière ceux du ou des partis avec qui elle a fait alliance doivent se retirer en leur faveur.
Il en va de la (re)connaissance du Centre et des partis centristes et de leur crédibilité.
Ce n’est que dans une indépendance assumée et des alliances claires qu’un parti centriste uni à une légitimité.
Ce n’est pas le cas actuellement.

mardi 26 juin 2012

Actualités du Centre. L’UDI revendique 28 membres et une opposition constructive

Le groupe Parlementaire Union des démocrates et indépendants (UDI), présidé par Jean-Louis Borloo (Parti radical), revendique 28 membres lors de la rentrée parlementaire d’aujourd’hui.
Mais ce chiffre, selon les responsables du groupe, pourrait être plus élevé, une trentaine en septembre, puisque des députés de droite seraient encore dans l’expectative pour le rejoindre.
Située dans l’opposition (au centre-droit) et alliée à l’UMP, dixit Jean-Louis Borloo, l’UDI pourrait néanmoins voter certains textes et mesures de la majorité socialiste si elle estime qu’ils vont dans le bon sens a estimé son porte-parole, Jean-Christophe Lagarde (Nouveau centre) qui a affirmé que «notre ligne politique sera celle d'une opposition vérité».
Rappelons que les leaders de l’Union des démocrates et indépendants ont le souhait de faire de ce rassemblement parlementaire, un nouveau parti.

lundi 25 juin 2012

USA élection 2012 vue du Centre. Deux modérés, candidats de deux partis extrémistes?

Il fut un temps où les politologues affirmaient que le Parti démocrate et le Parti républicain, c’était blanc bonnet et bonnet blanc.
Cette situation désorientait beaucoup les Européens qui avaient l’habitude de connaître, chez eux, des partis idéologiquement homogènes alors que les Américains y voyaient là le secret de leur démocratie consensuelle.
Il y avait des centristes dans les deux partis et des extrémistes de droite dans les deux partis ainsi que des «liberals» (centre-gauche, voire gauche) dans les deux partis.
Bien sûr, le Parti républicain penchait plus à droite et le Parti démocrate penchait plus à gauche (sauf dans le Sud avec les «Dixie Democrats» d’extrême-droite et racistes, héritage de la Guerre de sécession, les sudistes ne voulant pas adhérer au Parti républicain de Lincoln, celui qui avait conduit les hostilités contre la confédération et aboli l’esclavage).
Cette vision fut à la mode et très proche de la réalité des années d’après-guerre, jusqu’à la prise de pouvoir par Ronald Reagan en 1980.
Le mouvement qui allait petit à petit radicaliser les deux partis venaient, lui, des années 1930 et de la volonté de donner une coloration idéologique plus marquée au Parti démocrate et au Parti républicain afin que les électeurs ne soient plus déboussolés par des formations politiques qui pouvaient défendre des programmes différents selon les Etats…
L’aboutissement de ce processus, depuis la fin des années 1990 jusqu’à aujourd’hui, a transformé le système politique de consensuel et bipartisan en un système bloqué et de plus en plus divisé idéologiquement, incapable de trouver des terrains d’entente, même pour des questions vitales pour le pays.
Si l’on doit à Franklin Roosevelt les premières volontés de clarifier les positions politiques des deux grands partis, c’est bien à partir des années 1960 et 1970 que les républicains ont patiemment construit un parti très marqué idéologiquement et de plus en plus à droite avec cette fameuse «reconquête du Sud» entreprise, notamment, par Richard Nixon.
Au contraire, les démocrates qui, dans un premier temps, s’étaient aussi lancé dans une telle entreprise mais à gauche, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, l’ont abandonné en constatant qu’elle les menait dans le mur et les éloignait pour longtemps du pouvoir après la défaite cuisante de George McGovern face à Richard Nixon en 1972.
L’élection de Jimmy Carter en 1976 était déjà un recentrage, ce dernier devenant réellement effectif avec l’élection de Bill Clinton en 1992 et se trouvant confirmée avec celle de Barack Obama en 2008.
A chaque fois, se furent les électeurs «independents» modérés qui permirent la victoire de ces trois démocrates.
A l’opposé, le Parti républicain a continué à se droitiser, poussé à le faire par une part de sa base militante très religieuse, très conservatrice, voire raciste et d’extrême-droite pour sa frange la plus dure.
D’abord en paroles avec Richard Nixon et Ronald Reagan ou même George H.W. Bush.
Mais peu de choses changèrent dans la pratique gouvernementale des républicains où la société mise en place par le New Deal ne fut pas réellement remise en cause d’autant qu’elle bénéficiait d’un large consensus dans la population.
Ce ne fut pas le cas lorsque Bill Clinton fut élu et qu’il dut, au bout de deux ans de présidence, gouverner avec un Congrès très hostile et très à droite mené par le leader des républicains à la Chambre des représentants, Newt Gingrich.
Pour autant, Clinton réussit à réformer un système américain qui s’ankylosait, à le rééquilibrer par une politique centriste qui permit, non seulement, une croissance et une baisse du chômage mais également un budget en excédent!
Tout changea réellement avec la victoire de George W. Bush en 2000.
Celle-ci permit à la frange la plus à droite du Parti républicain de continuer à progresser, notamment après la tragédie du 11 septembre 2001 (les républicains ont toujours été vus comme meilleurs pour défendre le pays par les Américains).
Depuis, la droite radicale a, non seulement, imposé ses termes du débat à l’intérieur du parti mais parvient à faire élire nombre de ses candidats pour les élections et à obliger tous ceux qui se positionnent comme modérés, soit à quitter le parti, soit à lui donner des gages de soumission.
On peut ainsi dire que le Parti démocrate est largement au centre-gauche alors que le Parti républicain est largement à droite.
Cela s’est traduit, du côté démocrate par la présentation de quatre candidats à la présidentielle situés au centre (Clinton, Gore, Kerry et Obama) dont deux furent élus.
Du côté républicain, les choses sont plus compliquées, voire paradoxales.
Bien sûr, la présidence de George W. Bush se situa nettement à droite mais lors de sa candidature en 2000, celui-ci fit campagne au centre-droit, comme un «conservateur compassionnel», tout comme l’avait fait son père lorsqu’il avait été battu par Clinton lors de sa tentative de réélection en 1992.
De même, John McCain, l’adversaire malheureux de Barack Obama, a toujours été considéré comme un républicain centriste.
Et c’est le cas de Mitt Romney qui va défier le même Obama en novembre prochain.
On se trouve donc face à des candidats a priori modérés dans un parti largement plus radical.
Une des explications vient de ce qu’une majorité de militants et sympathisants républicains qui votent lors des primaires savent que s’ils sélectionnent un candidat trop extrémiste, ce dernier n’aura aucune chance d’accéder à la Maison blanche.
Dans le cas du choix de Mitt Romney, la haine de Barack Obama par les ultras leur a fait choisir, in fine, un candidat qui pouvait gagner et non un qui allait tenir une ligne dure sans aucune chance d’accéder à la Maison blanche, comme ce fut le cas de Barry Goldwater en 1964.
Mais, en retour, tous ces candidats modérés ont du, comme Romney, lors des primaires, largement droitiser leurs discours et leurs promesses électorales.
Et le seul qui a accédé au pouvoir, George W. Bush a bien mené, ensuite, une politique très clivée à droite même si, aujourd’hui, il serait accusé d’être un modéré par nombre de militants républicains!
Du coup, personne ne sait vraiment très bien comment se comporterait Mitt Romney s’il était élu président des Etats-Unis.
Ce que l’on sait, c’est qu’il serait, de toute façon, l’objet de fortes pressions de la part de l’aile droite du Parti républicain.
Pourrait-il résister (s’il en avait envie)? La question demeure ouverte.
De son côté, Barack Obama a, lui, réussi à résister sans trop de difficultés aux pressions de l’aile gauche du Parti démocrate.
Il est demeuré un homme du Centre, du consensus et de la recherche de solutions bipartisanes.
Mais, et c’est une des nouveautés de ces dernières années, il a du se battre pour empêcher les républicains de déplacer aux yeux de beaucoup d’Américains, le centre de la vie politique américaine.
Par leurs attaques répétées sur son extrémisme supposé (alors qu’il s’agissait avant tout d’une volonté d’agir et de réformer la société américaine) et sur leur refus systématique de collaborer avec lui, ils ont réussi à ce que le centrisme de Barack Obama soit discuté voire remis en cause par certains médias ou commentateurs.
En retour, le Parti démocrate a réagi en adoptant une posture plus à gauche, même si l’on ne peut pas vraiment parler de radicalisation.
Reste, au final, deux candidats qui ont une vision centriste de la société défendant les couleurs de deux partis qui s’opposent idéologiquement de plus en plus.
Il est difficile de prévoir ce que donnera la victoire de l’un ou de l’autre car tout dépendra, aussi, de la couleur du Congrès (actuellement la Chambre des représentants est républicaine et le Sénat est démocrate).
Il se peut très bien que le pouvoir demeure «divisé» (en France, on parle de «cohabitation»), ce qui le bloquerait peut-être encore pour au moins deux ans, si ce n’est quatre.
C’est un risque et il est énorme, les Etats-Unis devant se réformer et prendre de très importantes décisions pour leur avenir.

Alexandre Vatimbella

dimanche 24 juin 2012

L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Le Centre doit vite se reconstruire

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. 2,77% des députés nouvellement élus sont encartés dans des partis qui se réclament du Centrisme (16 sur 577). Avec quelques autres députés modérés, ils doivent être entre cinquante et soixante situés au centre de l’échiquier politique, soit 10% de l’Assemblée nationale.
Les candidats des partis centristes ont obtenu, au premier tour des législatives, moins de 4% des voix et le candidat centriste à l’élection présidentielle un tout petit peu plus que 9% des suffrages.
Et si l’on voulait faire le vrai décompte des militants de toutes les formations centristes, le chiffre obtenu serait très bas.
Voilà la situation du Centre en France au sortir des élections de 2012.
Voilà sa situation au moment où Jean-Louis Borloo tente une OPA sur ce qui reste des centristes à l’Assemblée nationale où ne se trouve même plus François Bayrou, battu dans sa circonscription béarnaise.
La reconstruction du Centre apparaît donc comme une évidence pour ceux qui croient comme moi de sa nécessité absolue dans le système démocratique de n’importe quel pays et notamment le notre.
Le chantier est donc ouvert.
L’idée serait de former une seule structure, que ce soit un parti ou une confédération de partis.
Non pas pour créer une unité de façade mais parce que la Gauche de gouvernement est aujourd’hui unie, de même que la Droite de gouvernement et que cela leur donne un poids politique nettement plus conséquent.
La confédération semble la meilleure solution dans un premier temps pour ne pas poser dès le départ la question du leadership qui est un motif de division puissant.
Il sera toujours temps, à l’approche de 2017, de se choisir un candidat à l’élection présidentielle et de le faire par le biais d’une primaire, ce qui n’a pas trop mal réussi au Parti socialiste…
Cette confédération doit être mise en place au cours d’assises de la refondation du Centre afin d’en préciser les modalités et le programme.
Chaque parti de celle-ci demeurant indépendant, il faudra, au départ, une direction collégiale avec l’idée de passer, par la suite, à l’élection d’un président.
Située au Centre et affirmant son indépendance, cette confédération devra travailler à se rendre crédible auprès des Français. Mais elle sera aussi obligée de nouer des alliances électorales.
Celles-ci devront se faire dans la clarté en choisissant les alliés dont les idées sont les plus proches de celles du Centre (ou les moins éloignées…).
La première étape doit être vite franchie. Il s’agit de l’organisation de rencontres entre tous les partis centristes ou proches du Centre pour discuter et décider de l’avenir du Centre en France.
La défaite rend-elle ce scénario plus crédible? En tout cas, elle le rend plus indispensable.